BIE SANTE ANIMALE OI - Deuxième semestre 2017

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Bulletin d’Informations Épidémiologiques Santé animale - Océan Indien

BIE N°20 / JUILLET À DÉCEMBRE 2017

SOMMAIRE ÉDITO ...................................................................................................................................p. 1 SURVEILLANCE RÉGIONALE ................................................................................p.2 à 8 Archipel des Comores ...............................................................................................p. 2 à 3 Madagascar ..................................................................................................................p. 3 à 5 Maurice & Rodrigues ................................................................................................p. 6 à 7 Réunion .........................................................................................................................p. 7 à 8 SURVEILLANCE INTERNATIONALE ...................................................................p. 8 à 9 Afrique .................................................................................................................................p. 8 Asie .......................................................................................................................................p. 8 Océanie ...............................................................................................................................p. 9 ZOOM SUR... LA PESTE .........................................................................................p. 9 à 10 Généralités ........................................................................................................................p. 9 La peste à Madagascar .................................................................................................p. 10

ÉDITO

L

Voilà le deuxième semestre 2017 qui vient de s’écouler, un semestre particulièrement marqué par l’épidémie de peste à Madagascar qui a concentré beaucoup d’efforts de la part de nos confrères de la santé humaine. Fort heureusement, la maladie s’est rapidement avérée sous contrôle et l’épidémie a été déclarée terminée le 26 novembre. Le dossier de ce BIE est d’ailleurs entièrement consacré à ce sujet. Nous remercions à cet effet les collègues de l’Institut Pasteur de Madagascar pour leur concours. Encore une fois, et c’est une des leçons de ce nouvel épisode sanitaire, nous avons pu constater que seule une approche multisectorielle et transdisciplinaire est à même d’identifier les mesures préventives adéquates à mettre en œuvre. En santé animale, les efforts se poursuivent également à Maurice et Rodrigues par une surveillance sérologique de la fièvre aphteuse et une élimination régulière des animaux encore séropositifs ; il est possible de concevoir un retour au statut indemne en fin d’année 2018. Le réseau SEGA marque lui une petite pause avant d’attaquer sa troisième phase qui prévoit une extension de ses activités sur laquelle nous reviendrons. La fin de ce semestre a aussi permis à la majorité des gestionnaires de la santé de la zone et des chercheurs de notre réseau de se retrouver et d’échanger lors des 4èmes Journées Scientifiques du dispositif en partenariat One Health Océan Indien. Ce rassemblement, désormais annuel, a non seulement consisté à établir un bilan des activités passées et en cours, mais aussi à décider de celles à entreprendre. Les différents groupes de travail du collectif sont ainsi repartis chargés de défis pour les années à venir. Nous tenons à remercier une nouvelle fois tous les participants pour leurs implications actives et constructives dans ces projets, permettant de consolider une « Task force » sans précédent dans la zone et de présager de nouvelles collaborations scientifiques des plus intéressants pour l’avenir. Éric. C & Haréna. R

Directeur de la publication : Eric Cardinale Responsable éditorial : Renaud Levantidis Comité de rédaction : Harena Rasamoelina, Cécile Squarzoni, Renaud Levantidis, Laurence Baril Secretariat de rédaction : Harena Rasamoelina, Cécile Squarzoni, Renaud Levantidis Contacts & abonnement : secretariat.ohoi@cirad.fr Soutiens :

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BULLETIN D’INFORMATIONS ÉPIDÉMIOLOGIQUES - SANTÉ ANIMALE - OCÉAN INDIEN

DEUXIÈME SEMESTRE 2017

SURVEILLANCE RÉGIONALE Archipel des comores Ngazidja Durant ce 2ème semestre 2017, l’équipe du RENESMAC à Ngazidja est intervenue dans 86 élevages de ruminants sur des maladies prioritaires. La figure 1 présente la répartition des 174 animaux malades notifiés et les mortalités qui leurs sont associées. Parmi les différentes maladies prioritaires chez les ruminants, la théilériose reste la maladie prépondérante sur la préiode (figure 1). Avec 70 animaux atteints, elle représente 40% du total des cas de maladies prioritaires notifiées, toutes causes confondues. C’est aussi, de loin, la maladie la plus mortelle avec un taux de létalité de 46%. On note une recrudescence des cas au mois de novembre, c’est-à-dire au début de la saison des pluies (figure 2). Le pic correspond à un foyer à Domba, dans le sud-est de l’Île, touchant 7 élevages et une vingtaine d’animaux. Tous les postes de surveillance ont enregistré des cas de théilériose durant ce semestre. Toutefois, le nord-ouest (M’Boudé et Mitsamiouli ouest), le sud-ouest (Bambao et Hamboué) et le sudest (Domba, Dimani,Bas Washili) ont cumulé plus de la moitié des cas (figure 3). Les maladies cutanées occupent la 2ème et 3ème place après la théilériose. La gale et la dermatophilose ont principalement touché les caprins (figure 4). Pour la première, la majorité des cas est localisée dans le sud de l’île. Pour la seconde, la majorité des cas correspond à un foyer touchant une quarantaine de caprins à Mitsamihouli au mois de décembre (figure 3). Pour les maladies transmises par les tiques autre que la théilériose, ce sont principalement des cas d’anaplasmose/babésiose qui ont été enregistrés, avec 18 cas au total, répartis entre le nord (Mitsamihouli), le sud (Mbadjini) et l’ouest de l’île (Itsandra). Ils ne sont pas différenciés ici en raison de la difficulté de les distinguer lors d’une suspicion clinique. Il s’agissait de cas sur des bovins et sur des caprins (figure 4). Un seul cas de cowdriose bovine a été notifié. Concernant la surveillance de la fièvre de la vallée du Rift et de la fièvre Q, 4 cas d’avortement ont été enregistrés dans le nord de l’île dont 3 sur des chèvres et un sur une vache. Un cas de syndrome hémorragique a été notifié à Hambou, au centreouest. Vers la fin de l’année, au mois de novembre et de décembre, 3 cas de charbon symptomatique ont été enregistrés dans la zone de BambaoHamboué (centre-ouest). Habituellement, Ngazidja n’est pas une zone à forte prévalence de charbon symptomatique, comparée à Anjouan. Un seul cas de suspicion de PPR et un seul cas de suspicion de fièvre des 3 jours ont été notifiés durant cette période. Un seul foyer de maladie de volaille a été enregistré sur le semestre. Il s’agit d’une suspicion de maladie de Newcastle dans un élevage de Moroni.

Figure 3 – Répartition géographique des cas de maladies prioritaires chez les ruminants à Ngazidja durant le deuxième semestre 2017 (Source : RENESMAC)

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DEUXIÈME SEMESTRE 2017

Anjouan Le tableau 1 montre les différentes maladies prioritaires enregistrées à Anjouan durant la période considérée. Les cas de charbon symptomatique ont surtout eu lieu à Domoni (nord-est) au mois de septembre et de novembre. Les 7 cas notifiés correspondent tous à des constats de mortalité. Les cas de gale caprine ont été principalement enregistrés à Ouani (nord-ouest). Les cas de kératoconjonctivite chez les caprins étaient concentrés surtout à Sima (sud-ouest). Une suspicion de fièvre de 3 jours, ayant eu lieu en décembre 2017, a aussi été notifiée à Ouani.

Mohéli Tableau 1- Maladies prioritaires notifiées chez les ruminants à Anjouan durant le 2ème semestre 2017 (n=21 malades et 7 morts) (Source : RENESMAC)

Maladies

Nombre de malades

Nombre de morts

Charbon symptomatique (bovins)

7

7

Gale Caprine

7

0

Kérato-conjonctivite (caprins)

6

0

Fièvre des 3 jours (bovins)

1

0

21

7

Total 5

Les données provenant de Moheli n’étaient pas disponibles pour le deuxième semestre 2017. Toutefois, les rapports verbaux du responsable local soulignaient une poursuite des avortements chez les ruminants.

Mayotte À Mayotte, moitié moins d’avortements qu’au semestre précédent ont été signalés sur les bovins, tandis que le nombre de malades atteints de dermatophilose a triplé. Le nombre de notifications concernant les bavites, la démodécie et la gale sont restés stables (Figure 5).

Madagascar Généralités Durant le 2ème semestre 2017, le réseau MADSUR a enregistré 749 notifications de maladies prioritaires provenant de 34 des 35 vétérinaires sentinelles. On note ainsi une baisse des notifications comparativement au premier semestre 2017 (1216 notifications). La figure 6 montre la répartition de ces notifications pour les animaux de rente. Cette répartition est indicative par rapport à la répartition réelle des maladies prioritaires par espèce. Toutefois, le nombre de notifications de chaque vétérinaire est lié à leurs complétudes. Cependant, cette répartition reste conforme à la répartition même des espèces à Madagascar, avec les porcs sur les hauts plateaux centraux, les bovins majoritairement dans le moyen

ouest, les petits ruminants dans le sud, le nordouest et le nord, et les volailles présentes un peu partout. Pour ce qui est des animaux de rente, les maladies des bovins constituent la grande majorité des notifications soit 63%, suivies des maladies des volailles (17%), et des porcs (16%). Les maladies des petits ruminants ne représentent que 3% des notifications.

Concernant les bovins Comme lors du semestre précédent, les notifications sur les bovins à Madagascar concernent

L’ensemble des maladies prioritaires notifiées sont des maladies courantes dont la circulation à Madagascar est connue depuis longtemps. Leur prise en charge se fait via le mandat sanitaire des vétérinaires incluant en fonction des maladies, les traitements des animaux, les vaccinations obligatoires (pour les maladies charbonneuses) et les vaccinations volontaires (maladies aviaires et porcines). Les vétérinaires mandataires, avec les services de l’état appliquent aussi les différentes modalités de police sanitaire, le cas échéant. Aucun cas de maladie sous épidémiovigilance n’a été détecté durant la deuxième semestre 2017.

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DEUXIÈME SEMESTRE 2017

majoritairement les maladies cutanées que sont la dermatose nodulaire contagieuse et la dermatophilose (556 cas, soit 51% du total des bovins malades notifiés) (Figure 7). Comparativement au premier semestre de l’année, on note une diminution du nombre de cas (556 vs 2305) du fait de la saison sèche qui s’étend de juin à octobre. Ces maladies cutanées (qui sont directement prises en charge par les vétérinaires de terrain) sont associées à une faible létalité (3% pour ce 2ème semestre). Le plus fort taux de létalité est associé à la rage bovine avec pratiquement 100%. Pour ce qui est de la tuberculose, le nombre de morts affiché dans la figure 7 correspond à des cas détectés lors de l’inspection des viandes à l’abattage. Il ne s’agit donc pas de létalité. La maladie qui a entraîné le plus de mortalités est le charbon symptomatique. Il a été responsable de 35% des mortalités bovines notifiées pour cette période.

Concernant les petits ruminants Le réseau MADSUR a enregistré 364 malades dont 41 mortalités au 2ème trimestre 2017.

Figure 6 – Notifications de maladies prioritaires à Madagascar, par espèce et par district, chez les animaux de rente, pendant le deuxième semestre 2017 (Source : DSV de Madagascar et COI)

La maladie dominante est l’ecthyma contagieux (94% des cas et 80% des mortalités). Les notifications pour echtyma contagieux proviennent de toutes les régions où cette espèce est présente. Mais on peut noter des foyers importants à Vohémar (dans le nord), avec 90 malades dont 32 morts en juillet ; et à Amboasary Atsimo (dans le sud), avec 225 malades en décembre. Par ailleurs, le réseau MADSUR a reçu une première notification de suspicion clinique de fièvre de catarrhale ovine (ou bluetongue) sur deux ovins en août. La circulation du virus de la bluetongue est connue et a déjà été démontrée dans l’île auparavant.

Concernant les porcins Les pestes porcines ont été notifiées dans 16 districts avec un total de 45 foyers (un foyer étant défini à l’échelle de la commune, conformément à ce qui a été validé entre les services vétérinaires de Madagascar et l’OIE). Parmi les élevages dans lesquels les vétérinaires sentinelles sont intervenus, il y a eu 694 porcs malades dont 605 mortalités. Les 2/3 de ces foyers étaient concentrés dans 6 districts avec chacun au moins 4 communes affectées : Maevatanana, Ambatolampy, Tsiroanomandidy et Ambohidratrimo, situés dans la région centrale et du moyen-ouest de l’Île, et Mandritsara et d’Andapa, situés beaucoup plus au nord. La figure 8 montre l’évolution dans le temps de ces foyers. On note que l’occurrence des foyers survient durant toute la période mais qu’elle est beaucoup plus importante aux mois de juillet et août, période habituelle de recrudescence de cette maladie. Quatre foyers de suspicion de maladie de Teschen ont été notifiés dont 2 dans le district d’Ambohidratrimo, au pourtour de la capitale, et 2 autres dans l’ouest (Antsalova et Maevantanana). Ces 4 foyers ont enregistré 26 porcs malades dont 17 mortalités.

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DEUXIÈME SEMESTRE 2017

Concernant les volailles La maladie de Newcastle et le choléra aviaire restent les maladies prioritaires dominantes. Sur les 34 districts sous surveillance, 24 ont déclaré au moins l’une de ces deux maladies. En tout, 72 foyers ont été enregistrés (figure 9). Selon les suspicions, il y a eu 41 foyers de choléra aviaire et 31 foyers de maladie de Newcastle. Cependant, ces deux maladies sont difficiles à distinguer cliniquement. Dans ces foyers, les vétérinaires et leurs agents ont pu détecter un total de 1265 cas de maladie de Newcastle avec une létalité de 79%, et 1236 cas de choléra aviaire avec une létalité de 63%. La troisième maladie en termes de fréquence est la variole aviaire. Six foyers de cette maladie ont été notifiés dont 5 dans le nord de l’île (Antsiranana rural et Ambilobe) et un dans l’est (Toamasina). Ces foyers ont totalisé 291 cas avec une létalité de 34%. Les autres cas de maladies aviaires sont très localisés avec la bronchite aviaire, principalement notifiée à Mananjary, et des suspicions de maladie de Marek notifiées à Mitsinjo.

Concernant les maladies zoonotiques

Figure 9 – Répartition des foyers de maladie de Newcastle et de choléra aviaire à Madagascar durant le deuxième semestre 2017 (n=72 foyers) (Source : DSV de Madagascar et COI)

Le réseau MADSUR a enregistré 95 cas suspects de rage animale, 20 cas de charbon bactéridien et 37 cas de tuberculose animale durant ce deuxième semestre 2017. Par rapport à la rage, sur les 95 cas suspects, la rage canine représente 71% des cas notifiés, la rage bovine 22%, la rage porcine 4%, la rage féline 3%. En raison des perdus de vue, notamment pour les chiens, l’issue finale n’est pas connue pour 28% des cas suspects (uniquement signes cliniques et comportementaux), ce qui ramène à 72% des cas probables (c’est-à-dire avec une issue fatale). La figure 10 montre la répartition géographique par espèce des cas de rage animale durant le semestre. Le district de Mandritsara à lui seul a concentré 37% des cas suspects (1/3 des cas chez les chiens, 2/3 des cas chez les bovins et 3/4 des cas chez les porcs). Concernant le charbon bactéridien, 6 foyers provenant de 3 districts ont été notifiés dont deux dans le sud (Amboasary-sud), deux dans l’ouest (district de Miandrivazo) et deux dans le nord (district d’Antsiranana II). En tout, sur les 20 animaux malades déclarés, il y a eu 13 bovins et 7 caprins. En ce qui concerne la tuberculose animale, parmi les 37 cas notifiés, 86% étaient des bovins détectés lors de l’inspection vétérinaire à l’abattage. À part les bovins, il y a eu 3 cas de tuberculose porcine, un cas chez le chien et un cas de tuberculose aviaire. En termes de répartition géographique, ces cas de tuberculose sont répartis dans 10 districts parmi les 34 actifs pour la période. Le district de Miandrivazo, dans l’ouest de l’île concentrait un tiers des cas, suivi par Moramanga dans l’est (7 cas) et Mandritsara dans le nord (5 cas). Les autres districts avaient un ou deux cas.

Figure 10 – Cas suspects de rage animale détectés par le réseau MADSUR durant le deuxième semestre 2017 (n=95) (Source : DSV de Madagascar et COI)

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Maurice & Rodrigues Maurice

Figure11

La figure 11 montre la répartition par district des interventions cliniques des vétérinaires de terrain. À noter que la surveillance à Maurice est basée sur toutes les interventions cliniques faisant appel aux vétérinaires de terrain. On note que le district de Flacq à lui seul concentre environ un tiers des interventions. On note aussi que la majorité des interventions concernent les petits ruminants, puis les bovins. Les figures 12, 13 et 14 montrent respectivement la classification, par ordre de fréquence, des différents syndromes chez les bovins, les petits ruminants et les porcs. Dans tous les cas, les syndromes digestifs constituent les syndromes les plus fréquents. Le tableau 2 montre les types de maladies et affections digestives pour chaque espèce. Pour toutes les espèces, les parasites internes et les diarrhées représentent plus de 70% des syndromes digestifs. Pour les bovins, le syndrome reproducteur est en deuxième position. La figure 15 montre les différentes affections associées à ce syndrome reproducteur chez les bovins. Les mammites et les problèmes d’infertilité sont les plus fréquentes avec respectivement 1/3 et 1/4 des cas de syndrome reproducteur chez les bovins pendant ce deuxième semestre 2017.

Rodrigues L’équipe des services vétérinaires de Rodrigues a effectué 81 interventions cliniques durant la période. Cela représentent en tout 195 cas d’animaux malades dont 26 mortalités. Les petits ruminants représentent 47% de ces interventions, suivis par les porcs (30%), puis les bovins (18%). Le reste des interventions concernent les volailles. Chez les bovins, les syndromes les plus fréquents sont les troubles généraux (anorexie, léthargie, …) représentant 59% des affections, suivis par les troubles de la reproduction (dystocie, mammite) avec 11%. Chez les petits ruminants, tout comme à l’île Maurice, les syndromes digestifs, avec notamment les parasites internes et les diarrhées, représentent 64% des affections, suivis par les troubles cutanés (blessure, abcès) avec 12%. Chez les volailles, il s’agit principalement de variole aviaire avec 4 foyers enregistrés (Eau Claire, Eau Vannée, Montagne Goyave et Palissade).

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Rodrigues L’équipe des services vétérinaires de Rodrigues a effectué 81 interventions cliniques durant la période. Cela représentent en tout 195 cas d’animaux malades dont 26 mortalités. Les petits ruminants représentent 47% de ces interventions, suivis par les porcs (30%), puis les bovins (18%). Le reste des interventions concernent les volailles. Chez les bovins, les syndromes les plus fréquents sont les troubles généraux (anorexie, léthargie, …) représentant 59% des affections, suivis par les troubles de la reproduction (dystocie, mammite) avec 11%. Chez les petits ruminants, tout comme à l’île Maurice, les syndromes digestifs, avec notamment les parasites internes et les diarrhées, représentent 64% des affections, suivis par les troubles cutanés (blessure, abcès) avec 12%. Chez les volailles, il s’agit principalement de variole aviaire avec 4 foyers enregistrés (Eau Claire, Eau Vannée, Montagne Goyave et Palissade).

Tableau 2 - Proportion de chaque type d’affection digestive chez les ruminants et les porcs à l’Île Maurice pendant le deuxième semestre 2017 (Source : RENESMAC)

Typeds d’affections digestives

Bovins

Petits ruminants

Porcs

Parasites internes

46

59

33

Diarrhée

36

20

38

Non précisée

11

13

27

Troubles du transit (météorisation, constipation)

6

6

1

Intoxication

0

1

0

Affections de la bouche et de la cavité buccale

2

1

0

100% (n=606)

100% (n=2351)

100% (n =1214)

Total

Réunion Avortements Sur les bovins, 77 notifications officielles d’avortements dans 43 élevages différents sont raportées sur l’année. 18 élevages sont en séries d’avortement dont 5 dans lesquels les avortements en série se poursuivent. Peu de PCR réalisée, aucun diagnostic de certitude. Réalisation d’un pack avortement dans certains cas d’avortements en série. Le pack avortement est un dépistage

sérologique de l’IBR, la BVD, la néosporose, la Fièvre Q et la Chlamydiose réalisé au LVD 974. 75% des vaches ayant avorté sont positives en néosporose, 20.8% en fièvre Q, 0% en chlamydiose, 16.7 % en BVD, 20.8% en IBR (toutes les vaches positives en IBR ont un historique de vaccination ou sont déjà connues positive). Les avortements sont largement sous déclarés : aucune déclaration

d’avortement précoce (retour en chaleur après 42 jours post insémination artificielle). Une campagne d’information auprès des éleveurs sera lancée en 2018 dans le but d’augmenter le taux de déclarations. Les intervenants en élevage seront informés de la possibilité de prendre en charge la recherche de pathogène en appliquant le protocole français OSCAR.

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Sur les petits ruminants, la sous-déclaration s’avère encore plus importante qu’en élevage bovin. Caprins : 7 notifications d’avortements dont 2 séries d’avortement dans 2 élevages (Première série aux Avirons avec 3 animaux positifs en toxoplasmoses, deuxième série à Saint Louis avec plusieurs animaux positifs en toxoplasmose et fièvre Q). Ovins : 5 notifications d’avortement dont 3 dans le même élevage à Saint André.

IBR (Rhinotrachéite Infectieuse Bovine) Sur les bovins, 64 élevages laitiers et 185 élevages viandes engagés dans l’assainissement (dépistage, vaccination, réforme des bovins positifs.) Les notifications montrent une circulation virale dans

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4 élevages chez les bovins laitiers (6 nouveaux positifs), 18 élevageschez les bovins viande (58 nouveaux positifs).

Paratuberculose

dans 21 élevages.

Autres évènements marquants

55 élevages fournisseurs de reproducteurs en bovins viande engagés dans la lutte. Sur les élevages allaitants, 56 sont engagés en dépistage annuel (incidence intra-cheptel moyenne de 2.7%).

Épisode listériose : fortement suspectée en élevage de brebis dans l’est de l’île (mortalités mères). La bactérie a été identifiée dans l’utérus et dans le cerveau des animaux après autopsie. Origine suspectée : mauvaise conservation de l’alimentation.

BVD (Diarrhée virale bovine)

Plusieurs épisodes d’entérotoxémie sur les caprins (erreurs de conduite alimentaire).

Dépistage systématique dans 117 élevages de bovins viandes avec suspicion de circulation virale

Plusieurs épisodes de salmonellose en élevage volaille.

SURVEILLANCE INTERNATIONALE Source : OIE - WAHIS Afrique • L’influenza aviaire hautement pathogène et la fièvre aphteuse sont les deux maladies qui ont été le plus notifiées. Pour la première (2 déclarations de nouveaux foyers, 116 rapports de suivi), des foyers ont été notifiés en Afrique du nord (Egypte - H5N8), en Afrique de l’ouest et centrale (Cameroun - H5N1/8, Côte d’Ivoire - H5N1, Niger - H5N1/8, Nigeria - H5N1/8, Congo - NC, Togo - H5N1) et en Afrique autrale (Zimbabwe - H5N8, Afrique du sud - H5N8). Pour la fièvre aphteuse (7 déclarations de nouveaux foyers, 23 rapports de suivi), des foyers ont été notifiés en Afrique centrale (Congo - NC) et en Afrique Australe (Botswana - SAT2, Malawi - NC, Mozambique - SAT2, Afrique du Sud - SAT1/2, Namibie - SAT2, Zimbabwe - SAT2) ; • Ont aussi été notifiés des foyers de : →→ Clavelée et variole caprine en Egypte ; →→ Dermatose nodulaire contagieuse en Namibie ; →→ Fièvre catarrhale ovine au Botswana ; →→ Fièvre charbonneuse an Mozambique, en Namibie, au Niger et en Tanzanie ; →→ Fièvre de la vallée du Rift au Mali ; →→ Fièvre porcine africaine en Afrique du Sud ; →→ Influenza aviaire faiblement pathogène en Libye ; →→ Maladie de Newcastle en Namibie et au Botswana ; →→ Peste des petits ruminants au Libéria ; →→ Peste équine au Swaziland ; →→ Peste porcine africaine en Afrique du Sud , en Zambie et en Côte d’Ivoire ; →→ Rage en Egypte ; →→ Syndrome ulcéreux épizootique au Zimbabwe ; →→ Variole du singe au Cameroun.

Carte des foyers de fièvre aphteuse dans le monde, toutes espèces confondues, du 1er juillet au 31 décembre 2017 (Source : OIE)

Asie • L’influenza aviaire hautement pathogène et la fièvre aphteuse sont les deux maladies qui ont été le plus notifiées. Pour la première (15 déclarations de nouveaux foyers, 49 rapports de suivi), des foyers ont été notifiés en Arabie Saoudite (H5N8), au Bangladesh (H5N1), au Cambodge (H5N1/6), à Hong Kong (H5N6), en Inde (H5N8), au Japon (H5N6), au Laos (H5N1), en Malaisie (H5N1), au Myanmar (H5N1), aux Philippines (H5N6), en Corée du Sud (H5N6/8), en Chine (H5N1/6), à Taïwan (H5N2/6) et au Vietnam (H5N1/6). Pour la fièvre aphteuse (4 déclarations de nonuveaux foyers, 13 rapports de suivi), des foyers ont été notifiés en au Bhoutan (A), en Israël (NC), en Mongolie (O), au Népal (A), en Chine (O/A) et en Palestine (O). • Ont aussi été notifiés des foyers de : →→ Clavelée et variole caprine en Israël et en Mongolie ; →→ Fièvre charbonneuse au Kirghizistan ; →→ Grippe équine en Israël ; →→ Hépatite syncytiale du Tilapia en Israël ; →→ Influenza aviaire faiblement pathogène au Laos et à Taïwan ; →→ Maladie de Newcastle en Israël ; →→ MERS-Cov en Arabie Saoudite ; →→ Peste des petits ruminants en Mongolie ; →→ Rage en Malaisie et au Kazakhstan ; →→ Septicémie hémorragique virale au Kazakhstan ; →→ Virus de lac du Tilapia à Taïwan, en Thaïlande, en Malaisie et aux Philippines.

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Carte des foyers d’influenza aviaire hautement pathogène dans le monde, toutes espèces confondues, du 1er juillet au 31 décembre 2017 (Source : OIE)


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Océanie • Des foyers de varroase des abeilles sont sous surveillance en Australie ;

ZOOM SUR... La peste Généralités La peste est une zoonose due à la bactérie Yersinia pestis, qui se transmet le plus souvent des rongeurs à l’homme par les puces, mais également entre hommes par voie respiratoire. Sans traitement antibiotique approprié et rapide, son évolution est fatale dans 30 % à 60 % des cas. ÉPIDÉMIOLOIGIE. Une des caractéristiques des épidémies de peste est leur capacité à s’éteindre pendant plusieurs années avant de réapparaître brutalement sous forme épidémique. Près de 50 000 cas humains de peste ont été déclarés à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) entre 1990 et 2015 par 26 pays d’Afrique, Asie et Amérique. L’Afrique subsaharienne est actuellement la partie du monde la plus touchée, avec la République Démocratique du Congo, l’Ouganda et Madagascar qui est le pays qui recense le plus de cas humains de peste au monde (entre 250 et 500 cas par an). En Asie, les foyers les plus actifs sont en Chine. Sur le continent américain, le principal foyer se trouve au Pérou mais les Etats-Unis ne sont pas épargnés : des cas autochtones de peste humaine sont rapportés chaque année sur la côte ouest dans ce pays. Aucun cas de peste n’a été si-

cheopis en zone tropicale). La puce de l’homme (Pulex irritans) peut aussi être un vecteur d’homme à homme. TRANSMISSION. Bien que l’homme soit habituellement contaminé par la piqûre de puces qui se sont infectées principalement sur des rats, l’infection peut aussi se transmettre par voie aérienne. Ceci se fait lors de l’inhalation de la bactérie par l’intermédiaire de gouttelettes respiratoires. Le contact non protégé avec des liquides corporels infectieux est aussi source d’infection, de même que la manipulation des corps de personnes décédées de la maladie. SIGNES & SYMPTÔMES. La peste présente plusieurs formes cliniques dont trois sont largement prédominantes chez l’homme : • La peste bubonique est la forme clinique la plus courante, due à la piqûre d’une puce infectée. Le bacille pénètre dans l’organisme lors de la piqûre, passe dans le système lymphatique et atteint le ganglion le plus proche où il se réplique. Après quelques jours d’incubation, un syndrome infectieux très sévère apparaît (forte fièvre, frissons, vertiges, atteinte profonde de l’état général), accompagné d’une adénopathie (hypertrophie du ganglion lymphatique) satellite du territoire de drainage de la piqûre. Palpable quelques heures après l’infection, c’est ce qu’on appelle le bubon. Dans 20 à 40% des cas, le bubon suppure et le malade guérit après un temps de convalescence assez long. Sinon, la maladie évolue vers une septicémie, très rapidement mortelle. Dans certains cas, le bacille atteint les poumons. Les sujets au contact du malade risquent alors de développer une peste pulmonair ;

Bacilles de Yersinia pestis au microscope électronique à balayage - © Institut Pasteur

gnalé récemment en Océanie ou en Europe. BACTÉRIOLOGIE. L’agent de la peste est un coccobacille à Gram négatif, non motile, et aéro-anaérobie facultatif répondant au nom de Yersinia pestis. Il appartient à la famille des Enterobacteriaceae. Résistant dans le milieu extérieur dans certaines conditions (basse température, humidité, absence de lumière), ce germe reste virulent plusieurs jours dans un organisme en putréfaction. RÉSERVOIRS & VECTEURS. En zone tropicale, le rat noir (Rattus rattus) est le premier réservoir à proximité immédiate de l’homme. Plus de 200 espèces de rongeurs sauvages ont été recensées comme le réservoir naturel de la maladie à travers le monde. Le vecteur entre l’animal et l’homme est la puce du rat (Xenopsylla

• La peste septicémique constitue 10 à 20% des pestes. Elle est la plupart du temps une complication de la peste bubonique, due à une multiplication très importante des bacilles dans la circulation sanguine. Un état septique sévère se déclare (aggravation omportante de l’état général et très forte fièvre) ; • La peste pulmonaire est la forme la plus rare et la plus contagieuse. Elle survient lorsque le bacille pénètre directement dans l’organisme par les poumons (peste pulmonaire primaire), ou par complication pulmonaire d’une peste septicémique (peste pulmonaire secondaire). Après une période d’incubation de quelques heures à deux jours, s’installe une pneumopathie aiguë sévère avec état septique. Cette forme de peste est souvent mortelle en quelques jours par œdème pulmonaire aigu et défaillance respiratoire si elle n’est pas détectée et traitée dans les 24 heures suivant l’apparition des symptômes.

Xenopsylla cheopis, puce du rat, insecte hématophage vecteur de la peste et du typhus murin. © Institut Pasteur/Paul Grenier

DIAGNOSTIC. Le diagnostic clinique de la peste se fait en présence des symptômes. S’y ajoute la notion de voyage en zone d’endémie ou de contact avec un malade de la peste. Il est suivi par un diagnostic biologique en laboratoire qui confirme la présence de la bactérie dans les échantillons biologiques (sang, expectorations, prélèvements issus d’un bubon). TRAITEMENT. Le traitement par antibiotiques est le seul véritablement efficace (guérison en quelques jours). Y. pestis est naturellement résistant aux bêta-lactamines mais reste sensible à la streptomycine, aux tétracyclines et aux fluoroquinolones. Ce sont des antibiotiques parfaitement efficaces s’ils sont administrés à temps. PRÉVENTION. Les mesures de prévention consistent à informer le grand public de la présence de la peste dans l’environnement, de lui conseiller de prendre les précautions nécessaires contre les piqûres de puces et de ne pas manipuler des carcasses d’animaux. Il faut conseiller à la population d’éviter tout contact direct avec des liquides corporels et des tissus infectés. Il faut appliquer des précautions standard en cas de contact avec des patients potentiellement infectés et lors du recueil d’échantillons. La chimioprophylaxie au moyen de tétracyclines ou de sulfamides ou fluoroquinolones, administrée précocement, est en général d’une très bonne efficacité pour l’entourage immédiat des sujets atteints de peste. L’OMS ne recommande pas la vaccination, sauf pour les groupes à haut risque (c’est à dire les personnels des laboratoires exposés en permanence au risque de contamination et les agents de santé). Bien que ce vaccin ne protège pas contre la peste pulmonaire et ne soit pas disponible auprès du grand public, plusieurs vaccins sont actuellement à l’étude et doivent encore être validés chez l’homme. Sources : Institut Pasteur, OMS.

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BULLETIN D’INFORMATIONS ÉPIDÉMIOLOGIQUES - SANTÉ ANIMALE - OCÉAN INDIEN

DEUXIÈME SEMESTRE 2017

La peste à Madagascar Bilan des cas de peste pulmonaire et bubonique lors de l’épidémie du 1er Aout au 26 Novembre 2017. Le recueil des données épidémiologiques et biologiques a été fait en utilisant les fiches de notification officielle des cas cliniquement suspects répondant aux critères épidémiologiques et des échantillons biologiques qui arrivaient au Laboratoire Central de la Peste (LCP) du Ministère de la Santé Publique (MSP) hébergé au sein de l’Unité Peste de l’Institut Pasteur de Madagascar (IPM). La peste est une maladie à déclaration obligatoire avec un circuit de transmission des données cliniques et biologiques impliquant directement le LCP depuis de nombreuses années. Le LCP est le seul Centre Collaborateur sur la Peste de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) basé en Afrique. Dans le cadre de la surveillance de la peste, l’Unité Peste de l’IPM produit et distribue les tests de diagnostic rapide (TDR), basés sur l’antigène F1 de Yersinia pestis, dans les zones endémiques des Hauts Plateaux Centraux. Le LCP participe aux formations des personnels de santé avant le début de la recrudescence saisonnière (Septembre à Avril). Chaque cas suspect cliniquement de peste doit être déclaré, une fiche de notification est complétée et les prélèvements pour confirmation ont été acheminés au LCP. Les données concernant la recherche des cas contacts ne sont pas disponibles au niveau de la base de données de l’IPM. A l’arrivée des échantillons biologiques, les capacités de diagnostic du LCP mises en œuvre pendant l’épidé-

mie ont été les suivantes : • Les TDR faits (ou refaits) systématiquement ; • La mise en culture pour l’identification des souches de Yersinia pestis et les tests de sensibilité aux principaux antibiotiques ; • Les tests de biologie moléculaire par PCR quantitative (qPCR) (voir figure 16 pour logigramme utilisé) ont été mis en place avec l’appui technique de la Cellule d’Investigation Biologique d’Urgence (CIBU) et l’Unité des Yersinia de l’Institut Pasteur à Paris ; • À noter que les sérologies (recherche d’anticorps IgG et IgM contre F1) n’ont pas été pratiquées durant la période épidémique. La classification des cas en tenant compte des résultats des analyses biologiques a été la suivante : • Cas confirmé de peste : souche de Yersinia pestis isolée par culture ou TDR fait à l’IPM et qPCR positifs ; • Cas probable de peste : TDR fait dans une structure sanitaire périphérique positif et pas d’analyses biologiques faites à l’IPM ou TDR fait à l’IPM positif mais qPCR et culture non faites ou négatives ou qPCR faite à l’IPM positive mais TDR et culture non faites ou négatives ; • Cas suspect de peste : aucun test biologique réalisé, ou TDR fait dans une structure sanitaire périphérique positif ou négatif mais résultats biolo-

Figure 16 : Logigramme basé sur les tests moléculaires utilisé pendant l’épidémie de peste en 2017 à Madagascar comme un des outils du diagnostic en complément des TDR et de la culture. Source : Laboratoire Central de la Peste – Unité Peste – Institut Pasteur de Madagascar

giques faits à l’IPM négatifs ; • A noter que les recommandations de l’OMS (WER, 2006) ne prévoient pas de classification en « non cas » si les cas notifiés sont finalement classés avec une autre étiologie ou n’ont aucune caractéristique clinique de peste. Dans le cadre du Règlement Sanitaire International (RSI, 2005), le MSP a donné l’alerte le 13 Septembre 2017 à la suite de décès groupés de cas cliniquement suspects de peste pulmonaire en zones urbaines situées en dehors des zones endémiques. L’investigation menée par la DVSSE a permis d’identifier le sujet index qui avait voyagé en transport collectif depuis Ankazobe (en zone endémique) vers Toamasina (principal port commercial). Ce sujet était décédé dans un tableau de détresse respiratoire près de Moramanga après avoir passé par la capitale (Antananarivo). La survenue précoce de ces cas et le caractère urbain avec des formes cliniques de peste pulmonaire ont mobilisé une réponse nationale et internationale. Du 1er Aout au 26 Novembre (date de déclaration de fin d’épidémie) : 2414 cas cliniquement suspects de peste ont été notifiés au LCP. Parmi eux, 1878 (78%) étaient des cas de peste pulmonaire, 395 (16%) des cas de peste bubonique, un cas de peste septicémique et 140 (6%) sans formes cliniques reportées sur les fiches de notification. Parmi les cas de peste pulmonaire, 32 (2%) ont été classés confirmés et 386 (21%) probables, ; le taux de létalité était de 25% pour les cas confirmés, 8% pour les cas probables et 5 % pour les cas suspects. Parmi les cas de peste bubonique, 66 (17%) ont été classés confirmés et 73 (18%) probables ; le taux de létalité était de 24% pour les cas confirmés, 6% pour les cas probables et 2 % pour les cas suspects. Avant le pic de l’épidémie le nombre de cas confirmés et probables a doublé tous les 5 jours (figure 17). Les deux villes les plus touchées par les cas de peste pulmonaire ont été Antananarivo et Toamasina. Cinquante souches ont été isolées avec une sensibilité normale aux antibiotiques testés (Streptomycine, Trimethoprime-Sulfamethoxazole, Tetracycline, Ciprofloxacine, et Chloramphenicol). La Streptomycine à haute dose est l’antibiotique recommandé par le MSP pour le traitement des cas suspects cliniquement de peste. Cette épidémie est unique par sa dimension spatiale et numérique avec une prédominance des formes pulmonaires. La surveillance en place et effective a permis de données l’alerte de façon précoce. Néanmoins, le caractère urbain de l’épidémie en dehors des zones habituelles de recrudescence saisonnière ont compliqué la mise en place de la réponse. En termes de prévention, il semble important de maintenir la préparation des périodes de recrudescence saisonnière par des formations à tous les niveaux de la structure de prise en charge des patients et de continuer d’utiliser différents outils de diagnostiques biologiques (TDR, culture, qPCR et sérologie). Introduite depuis plus de 100 ans, la ré-émergence de la peste dans certaines zones à Madagascar reste un défi pour les autorités de santé publique et pour les chercheurs. Une approche multisectorielle et transdisciplinaire est indispensable pour prévenir non seulement les épidémies mais aussi baisser le nombre de cas de peste en période de recrudescence saisonnière. Source : Institut Pasteur de Madagascar

Figure 17 : Courbe épidémique – Période du 1er Aout au 26 Novembre 2017. Source : Unité Peste- Laboratoire Central Peste- Unité d’Épidémiologie et de Recherche Clinique – Institut Pasteur de Madagascar

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