Laurent Blanc Billet <
Paris-Saint-Germain
PARIS SOUS BLANC SAINT
La touillette au coin des lèvres, Laurent Blanc reste droit, au bord de sa ligne de touche. Droit dans ses bottes, droit dans ses idées, droit pour ne pas paraître gauche. Qu’il est loin le Laurent Blanc critiqué, épié, condamné. Au fil des rencontres, le coach parisien impose sa touche pour donner à cette équipe de stars une réelle identité de jeu… Texte: Arnaud Sebin, Photo: Vlad1988/Shutterstock.com
Six -mois… C’est à quelques semaines près le temps qu’on lui donnait au PSG. Deuxième, voire sixième choix dans la tête des dirigeants qataris, le Cévenol arrive sur la pointe des pieds et doit faire ses preuves. Lui, le champion du monde, est obligé de transformer son accent du sud en discours parisien. Chahuté dans ses choix, il insiste, s’entête, pour ne pas perdre le Nord. On lui reproche un manque de poigne auprès des stars, un mauvais coaching, une tactique parfois trop timide. À l’arrivée, le PSG bat tous les records sur le plan national et pointe sérieusement le bout de son nez en Europe. 50 ans, toutes ses dents, mais quelques cheveux blancs, l’ancien joueur de Manchester United marche sur les traces d’Alex Ferguson, son ancien mentor en Angleterre. Pourtant, qui l’eut cru… Si moi… On m’avait dit un jour que j’entrainerais le PSG, je ne l’aurais jamais cru. Cette phrase, Laurent Blanc, ancien Marseillais, a dû se la dire une centaine de fois. Si ce n’est plus. Quand on a porté le maillot de l’OM, qu’on a pendant des années revendiqué ses origines sudistes, qu’on a pour assistant un pur produit « made in Montpellier », difficile d’arriver à Paris en terrain conquis. Prouver ne suffit pas, il faut être plus blanc que Blanc. Sans faire de vague, le coach parisien apprend à gérer la pression qatarie. Il faut des résultats, accepter certains transferts « d‘intérêt » et jouer avec les médias. L’homme se prend au jeu, après s’être parfois pris les pieds dans le tapis. Le PSG est aujourd’hui une grosse cylindrée, chaque faux pas peut s’avérer dangereux. Et ça, Blanc le sait… Scie-moi… La branche sur laquelle je suis assis. Laurent Blanc sait mieux que personne qu’à la moindre faute, qu’à la moindre contreperformance, son trône deviendra siège éjectable. Ils sont nombreux dans l’ombre à vouloir appuyer sur le bouton. Sa réussite dérange autant qu’elle fascine. Le coach parisien, roi de la langue de bois, assure bien vivre cette situation. Il joue avec la presse, botte en touche quand les questions deviennent gênantes et abuse de son sourire pour se sortir de situations parfois mal embarquées. Le PSG sera champion de France cette année. Il le sera encore l’année prochaine et certainement pour un long moment. Laurent Blanc, lui, profite de l’instant présent, conscient que le futur sera toujours plus incertain. Jusqu’ici, tout va bien…
MARIAGE BLANC Le supporter parisien n’est pas toujours fin. C’est d’ailleurs une qualité qu’il partage avec son ennemi marseillais. Quand Laurent Blanc arrive au PSG, un chant de contestation monte dans les allées du Parc. Aujourd’hui, l’ancien protégé de Loulou Nicollin fait l’unanimité au sein des kops parisiens. Enfin presque. Certains rêvent toujours de Pep Guardiola ou José Mourinho, mais sont bien conscients que l’option Cévenole reste la meilleure solution. Un mariage de raison, presque un mariage Blanc. On se serre dans les bras, on joue le jeu et peu importe si l’amour n’est pas vraiment sincère.
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