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Raphaël Dinelli, un booster d’énergie


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Photos © Rigueur Raphaël Dinelli a installé son « toit solaire » sur son voilier lors du dernier Vendée Globe.

Raphaël Dinelli Boosteur d’énergie

Le navigateur sablais aux quatre Vendée Globe est aujourd’hui à la tête de la Fondation Océan Vital. Son objectif : faire avancer voitures, trains et avions avec l’énergie du soleil et du vent.


Huit ombrières équipées du fameux « toit solaire » vont fleurir en France d’ici 2013.

Au départ, il y a l’océan. Celui qui borde sa Gironde natale et où il a commencé à 10 ans à apprivoiser les vagues avec des planches à voile qu’il fabriquait luimême. Puis, le même qui pénètre le port des Sables d’Olonne, où il s’arrêté un jour pour une escale, où il a posé son nid familial et d’où il ne repart que pour affronter le monde comme concurrent du « Vendée Globe ». Dans cette course à la voile en solitaire, il y a l’Atlantique en grand, le Pacifique et l’Océan Indien qu’il a traversés quatre fois en surfant sur les courants et en jouant avec les vents, comme l’ont toujours fait les aventuriers de l’océan. Sauf qu’aujourd’hui, rien n’est plus comme avant. C’est ce qui a alarmé Raphaël Dinelli. « J’ai traversé tous les océans. J’y ai vu des îles de déchets, j’ai eu des alizés qui arrivaient deux jours plus tôt que prévu car les courants étaient perturbés, j’ai failli laisser ma peau en croisant des icebergs à des endroits où ils n’étaient pas prévus. Pour les navigateurs, le réchauffement climatique est une réalité que l’on vit de manière hyper violente à chaque fois que l’on fait une course. ».

Raphaël Dinelli et son équipe sont à l’origine des garde-boue avec panneaux solaires flexibles de la moto du pilote André Lenoble lors de la course Africa Race 2012. Ce sont eux qui lui ont fourni l’énergie nécessaire pour signaler sa position après son accident, et ainsi revenir sain et sauf.

Photos © Rigueur
Après vingt ans en mer, le compétiteur a donc décidé de lutter à son échelle contre la pollution qui envahit sa seconde patrie. Mettant à profit son métier de co-concepteur de bateaux haute-technologie et sa spécialisation en matériaux composites, il crée en 2007 Océan Vital, une fondation de recherche et développement dans le solaire et l’éolien. Dans ce cadre, il met au point une solution totalement novatrice : un panneau solaire en matériaux composites. Concrètement, il encapsule les cellules photovoltaïques dans un mélange de fibre de verre et de résines. Le but : rendre ultra légère, fine, flexible et résistante cette solution solaire « verte » pour l’adapter à toutes sortes de véhicules.
Le fameux panneau solaire flexible en matériaux composites.

Photos © Rigueur

Raphaël Dinelli soulevant sans effort un morceau d’aile du futur avion solaire en carbone Eraole.
UNE MINI ÉOLIENNE ET UN AVION SOLAIRE
Depuis que ce procédé a été certifié par le Pôle de compétitivité EMC2 des Pays de Loire, Raphaël Dinelli a installé ce « toit solaire » sur des voitures, sur un train, sur des ombrières destinées à recharger les voitures électriques et même sur le camion du futur (1) .
« Le but, c’est de proposer des solutions fiables, faciles, efficaces et à bas coût pour que, une fois transférés aux industriels, ces véhicules « propres » soient accessibles au plus grand nombre. C’est seulement comme cela que l’on arrivera à long terme à limiter les émissions de gaz à effet de serre. »
Ce grand « techno mordu » comme il se définit lui-même, vient aussi de réaliser le prototype d’une éolienne d’1,80 m à axe vertical pour que tout un chacun puisse en avoir une dans son jardin.
Dans sa volonté d’associer les énergies du vent et du soleil, il a également fait labelliser le prototype d’un avion solaire biplace ultra léger à ailes décalées recouvertes de ces fameux panneaux photovoltaïques. Résultat : cet ULM en carbone, premier au monde dans son genre, peut voler jusqu’à 4 heures en totale autonomie. « Si je peux montrer que mon panneau est efficace sur un avion, soumis à des conditions bien plus extrêmes qu’une voiture sur une route, je prouve que ma solution est fiable pour absolument tous les transports. »
Toutes ces prouesses techniques, Raphaël Dinelli les réalise avec sa petite équipe de sept ingénieurs et techniciens, une team à l’américaine, polyvalente, réactive, bourrée d’énergie, et surtout, à l’image du navigateur : tenace. Ses recherches, il les mène en secret à Olonne-surMer dans son laboratoire, un grand caisson ultra isolé et tempéré qui a été pendant des années le four dans lequel il a fait cuire à 140° ses bateaux de course en carbone. Recyclage maison.
Photos © Rigueur Cet ULM solaire électrique en carbone est une première mondiale.

http://www.fondationoceanvital.com

Pendant qu’il met au point ces solutions propres de demain, Raphaël Dinelli nourrit deux rêves.
Avoir suffisamment d’apports financiers de l’État et des mécènes pour développer pleinement ses projets et mettre en place un système de solidarité destiné à aider les personnes âgées qui ne peuvent plus payer leurs factures d’électricité.
Et deuxièmement : récupérer les cellules photovoltaïques hyper puissantes détenues par la Nasa et la Défense pour pouvoir construire des avions propres encore plus grands.
Photos © Rigueur
A ce sujet, une chose énerve profondément le navigateur :
« Aujourd’hui, on est capable d’aller dans l’espace mais pas d’explorer les grandes profondeurs sous-marines. Pourtant, on y trouverait des algues qui absorbent le dioxyde de carbone et rejettent de l’oxygène, avec lesquelles on pourrait fabriquer du carburant propre. L’océan, c’est là que se trouve l’avenir du monde. »
Si Raphaël Dinelli avance aujourd’hui professionnellement grâce au soleil et au vent, au final, il y aura toujours l’océan.
PALMARÈS CRÉATIF 2007
- bureau bioclimatique du siège social de la fondation, quai
Alain-Gerbaud aux Sables
2009
- projet éolien (financé par la Région) - toit solaire de la Peugeot BB1 - toit solaire du Renault Trafic
2010
- le TER solaire « Rayon vert » qui a circulé dans la région
Pays de Loire pendant un an (équipé d’un panneau photovoltaïque autonettoyant permettant l’autonomie totale pour l’éclairage, les LED de sécurité et les girouettes d’information) - toit solaire d’un car scolaire
- début des études pour concevoir l’avion solaire électrique Eraole
2011
- toit solaire du camion du futur (un camion à la forme aérodynamique) pour Volvo
Trucks
2012
- projet collaboratif
Renault pour panneaux photovoltaïques design pour ombrières : la première sera livrée fin 2012
- finalisation de l’avant-projet d’un bateau océanographique ultra propre qui sera propulsé par pile à combustible, hydrogène, panneaux solaires et une aile de kite. Il sera utilisé pour le transport de marchandises et pour des missions océanographiques - Recherche d’un sponsor impliqué dans l’énergie renouvelable pour participer au Vendée Globe 2012 avec un voilier réunissant toutes ses technologies propres.
Avec cinq Vendée Globe,
Raphaël Dinelli décrocherait un record !