République tchèque
La croissance du PIB ralentira, passant de 2.4 % en 2022 à -0.1 % en 2023, avant de remonter à 2.4 % en 2024. La hausse des prix de l’énergie et des matières premières et les perturbations des importations de pétrole et de gaz en provenance de la Russie ont déclenché une envolée du coût de la vie et créé un risque de pénuries d’énergie. Le ralentissement de la croissance mondiale, les problèmes persistants dans les chaînes d’approvisionnement mondiales et les conditions de financement restrictives freineront l’activité en 2023. L’inflation commencera à reculer en 2023 mais restera nettement supérieure à l’objectif, fixé à 2 %. Le taux de chômage restera faible, à moins de 3 %.
La politique macroéconomique doit demeurer restrictive et bien coordonnée en attendant que les anticipations d’inflation soient fermement maîtrisées. Il faudrait commencer à assainir régulièrement les finances publiques, ce qui permettra également de reconstituer des marges de manœuvre budgétaires. Les mesures visant à lutter contre la cherté de l’énergie devraient être bien ciblées et temporaires, et préserver en même temps les incitations aux économies d’énergie. Développer l’offre de main-d’œuvre et accélérer la transition écologique stimuleraient la croissance, qui serait ainsi plus durable.
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PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE L'OCDE, VOLUME 2022, NUMÉRO 2 © OCDE 2022
République tchèque : Demande, production et prix
République tchèque
PIB aux prix du marché
2019 2020 2021 2022 2023 2024
Prix courants milliards de CZK
Pourcentage de variation, en volume (prix de 2015)
5 793.9 -5.5 3.5 2.4 -0.1 2.4
Consommation privée 2 712.0 -7.2 4.0 0.5 -0.5 2.4
Consommation publique 1 134.5 4.2 1.5 0.2 1.0 1.4
Formation brute de capital fixe 1 568.2 -6.0 0.6 4.9 -0.9 2.8
Demande intérieure finale 5 414.7 -4.5 2.5 1.7 -0.3 2.3
Variation des stocks¹ 29.8 -0.9 4.8 1.5 0.0 0.0
Demande intérieure totale 5 444.5 -5.4 7.6 3.1 -0.2 2.2
Exportations de biens et services 4 284.6 -8.1 6.8 3.1 1.6 3.9 Importations de biens et services 3 935.2 -8.2 13.2 4.1 1.4 3.6
Exportations nettes¹ 349.4 -0.4 -3.6 -0.6 0.1 0.2
Pour mémoire
Déflateur du PIB _ 4.3 3.3 8.7 8.8 4.2
Indice des prix à la consommation _ 3.2 3.8 15.2 9.9 4.1 IPC sous-jacent² _ 3.6 5.0 12.4 10.0 4.1 Taux de chômage (% de la population active) _ 2.5 2.8 2.3 2.6 2.8 _ 16.8 15.6 8.6 7.6 8.5
Taux d'épargne nette des ménages (% du revenu disponible)
Solde financier des administrations publiques (% du PIB) -5.8 -5.1 -4.5 -4.1 -2.4
Dette brute des administrations publiques (% du PIB) _ 47.0 48.5 51.7 54.5 55.7 _ 37.6 42.0 45.2 48.0 49.3
Dette brute des administrations publiques, définition Maastricht³ (% du PIB)
Balance des opérations courantes (% du PIB)
_ 2.0 -0.8 -4.0 -2.9 -3.1
1 Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne
2 Indice des prix à la consommation hors produits alimentaires et énergie
3. Selon la définition de Maastricht, la dette des administrations publiques comprend uniquement les crédits, les titres de créance et les numéraires et dépôts, la dette étant exprimée en valeur nominale et non à sa valeur de marché
Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 112
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L'économie a fortement ralenti Selon les premières estimations, le PIB a baissé de 0.4 % au troisième trimestre de 2022. La guerre d'agression menée par la Russie contre l’Ukraine a aggravé les problèmes dans les chaînes d’approvisionnement mondiales et accentué les pressions sur les prix de l’énergie et des matières premières. Les perturbations des approvisionnements en matières premières et composants importants freinent les exportations et l’activité, notamment dans l’industrie manufacturière et la construction. La croissance ralentit fortement dans les pays partenaires commerciaux. L’inflation a atteint des niveaux très élevés (15.1 % en octobre 2022) et s'est généralisée, amputant les revenus réels des ménages. La grande incertitude et la crise énergétique qui se profile se sont traduites par un net recul de la confiance des consommateurs et des entreprises, ce qui réduit la demande intérieure. Le marché du travail demeure tendu et le taux de chômage faible, à 2.2 % au troisième trimestre de 2022. Cependant, les salaires réels ont diminué sensiblement.
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Avant la guerre, l’économie tchèque était fortement tributaire des importations d’énergie en provenance de Russie, important pratiquement tout son gaz de ce pays. Les efforts se sont poursuivis pour atteindre un niveau suffisant de stockage de gaz et trouver d’autres sources d’approvisionnement. Dans des conditions de températures hivernales habituelles, l’approvisionnement actuel devrait suffire pour l’hiver 2022-23, et les projections n’anticipent aucun gros problème d’offre durant l’hiver 2023-24. Les autorités ont pris des mesures pour atténuer les effets de la cherté de l’énergie, notamment des aides au revenu pour les ménages et les PME, un plafonnement des prix de l’énergie et des baisses temporaires des droits d’accise sur les carburants, en partie financées par une nouvelle taxe sur les superbénéfices des producteurs et sociétés de négoce d’énergie ainsi que des banques. La République tchèque a connu un afflux important de réfugiés ukrainiens. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, à la fin octobre, environ 455 000 réfugiés étaient recensés dans le pays, soit l'équivalent de 4.3 % de sa population, la proportion la plus élevée de tous les pays d’accueil. L’offre de services de base et les transferts monétaires en leur faveur ajoutent aux coûts budgétaires. Parallèlement, environ un tiers des réfugiés en âge de travailler occupaient un emploi fin août 2022, ce qui a un peu apaisé les tensions sur le marché du travail et réduit la dépendance à l’égard des aides publiques.
Une politique macroéconomique restrictive se justifie
La Banque nationale tchèque (CNB) a resserré fortement sa politique monétaire pour faire face à la hausse rapide de l’inflation sous-jacente et à la montée des anticipations d’inflation. Entre juin 2021 et juin 2022, elle a relevé son taux directeur, qui est passé de 0.25 % à 7 %, avant de faire une pause dans son cycle de durcissement. Elle est aussi intervenue plus activement sur le marché des changes afin de réduire la volatilité du taux de change et de neutraliser les pressions à la baisse exercées sur la couronne. Les projections reposent sur l’hypothèse selon laquelle le taux directeur sera encore relevé, à 7.75 %, au quatrième trimestre de 2022. Un cycle d’assouplissement progressif devrait débuter au quatrième trimestre de 2023 selon les projections. Ces dernières années, la politique budgétaire a permis de dynamiser l'économie pour la soutenir pendant la pandémie. Cependant, trop de mesures étaient non ciblées et ont eu un impact durable sur le solde budgétaire structurel des administrations publiques. La situation budgétaire s’est dégradée, les règles budgétaires ont été assouplies et il reste à présenter un plan d’assainissement budgétaire crédible. Les mesures adoptées récemment pour atténuer les effets des prix élevés de l’énergie sont supposées rester à l’ordre du jour durant la période de prévision, en fonction de l’évolution des prix du marché. Le déficit des administrations publiques se s'établira à 4.1 % du PIB en 2023 et retombera à 2.4 % du PIB en 2024, tandis que la dette publique continuera de s’accroître.
Une grande incertitude continuera de peser sur la croissance
En 2023, l'activité pâtira de la cherté de l'énergie et de la poursuite d'incertitudes élevées. La consommation privée restera atone sous l’effet de la hausse des prix et de l’épuisement de l’épargne des ménages. Le climat d’incertitude et le resserrement des conditions de financement pèseront sur l’investissement privé. En revanche, le financement de l’UE dynamisera l’investissement public. À la faveur de l'atténuation des perturbations des approvisionnements à l’échelle mondiale, la croissance se redressera en 2024 à mesure que la croissance du commerce international se raffermira. L’inflation commencera à diminuer par rapport aux niveaux actuels très élevés, sachant que le durcissement des conditions de financement freine la demande intérieure. Le chômage augmentera légèrement, mais le marché du travail restera tendu pendant la période de prévision. Parmi les risques, on peut citer de nouvelles hausses des prix des matières premières et de l’énergie, une forte dépréciation de la couronne et un désancrage des anticipations d’inflation, qui, tous, pourraient raviver et rendre plus durables les tensions inflationnistes. Une dégradation de la confiance parmi les partenaires sociaux pourrait déclencher
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une spirale salaires-prix aux effets déstabilisateurs. À l’inverse, une récession plus profonde et une érosion de la confiance réduiraient l’inflation plus rapidement.
Développer l’offre de main-d’œuvre et accélérer la transition écologique stimuleraient la croissance
La CNB a, à juste titre, resserré la politique monétaire, et les taux d’intérêt devront rester élevés jusqu'à ce que les pressions inflationnistes soient bien maîtrisées. La politique budgétaire devrait s’abstenir de stimuler la demande agrégée afin de ne pas saper la politique monétaire. Les mesures de soutien budgétaire visant à atténuer la hausse des prix de l’énergie devraient être mieux ciblées et préserver les incitations aux économies d’énergie. Un accroissement de l’offre de main-d’œuvre intérieure (grâce à une augmentation du taux d’emploi des mères de famille et des personnes âgées), une meilleure adéquation entre l’offre et les besoins de compétences et un recours plus efficace à la politique d’immigration contribueraient à attirer et à retenir une main-d’œuvre qualifiée. Investir dans les énergies renouvelables et la mobilité électrique réduirait la dépendance à l’égard des marchés du pétrole et du gaz et favoriserait la reprise. Les incitations à améliorer l’efficacité énergétique, ycompris pour le chauffage et l’isolation dans le secteur du logement, devraient être renforcées afin de réduire la dépendance à l’égard du charbon.