Luxembourg
La croissance du PIB devrait ralentir, passant de 1.6 % en 2022 à 0.8 % en 2023, avant de se redresser pour atteindre 2 % en 2024. L’activité mesurée dans les services financiers et les assurances, qui constituent un secteur clé, est en train de fléchir, et le durcissement des conditions financières freine l’investissement privé. La consommation intérieure soutiendra l’activité en 2023 et 2024, et un redressement partiel des exportations nettes et de l’investissement stimulera la croissance en 2024. Les risques vont plutôt dans le sens d’une révision à la baisse des projections, car la correction qui s’annonce sur le marché du logement pourrait avoir un impact plus important que prévu sur la consommation privée. L’activité mesurée est très sensible aux prix et aux évolutions sur les marchés financiers.
Une légère expansion budgétaire pourrait se justifier pour soutenir la consommation à court terme, mais les aides liées à l’énergie devraient toutefois être supprimées progressivement et l’orientation budgétaire durcie à mesure que l’économie se redresse. À l’avenir, réformer le système de retraite pour garantir la viabilité budgétaire à long terme devrait être une priorité. Une réforme du système d’indexation des salaires se limitant à prendre en compte la hausse des prix hors énergie devrait aussi être envisagée. Les politiques familiales visant à aligner davantage le temps de travail des femmes sur celui des hommes devraient être renforcées. Luxembourg
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Pourcentage de variation, en volume (prix de 2015)
Dette brute des administrations publiques, définition Maastricht³ (% du PIB)
1 Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne
2 Indice des prix à la consommation harmonisé, hors produits alimentaires, énergie, alcool et tabac
3. Selon la définition de Maastricht, la dette des administrations publiques comprend uniquement les crédits, les titres de créance et les numéraires et dépôts, la dette étant exprimée en valeur nominale et non à sa valeur de marché
Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 113
L’année 2022 s’est achevée sur une forte contraction
Le PIB a reculé de plus de 3 % au quatrième trimestre de 2022. Le ralentissement a été généralisé. Cependant, certains indicateurs fondamentaux à haute fréquence, comme les ventes au détail et la production industrielle, laissent entrevoir un possible rebond des activités intérieures au début de cette année. L’inflation globale mesurée par les prix à la consommation a diminué de façon marquée au cours des premiers mois de 2023, s’établissant en dessous de 3 % en avril 2023, soit le plus faible taux observé dans l’Union européenne. Après avoir augmenté de plus de 90 % depuis 2015, les prix de l’immobilier résidentiel ont commencé à refluer à la fin de 2022. Le marché du travail s’est montré à ce jour résilient, le taux de chômage étant resté en deçà de 5 % ces derniers mois.
La faiblesse des marchés financiers mondiaux en 2022 a affecté le secteur des fonds de placement du Luxembourg, contribuant à un ralentissement plus marqué dans les services financiers et les assurances au cours du quatrième trimestre de l’année dernière. Les turbulences du secteur bancaire observées dans certains pays de l’OCDE en 2023 ne semblent pas pour l’instant s’être étendues au Luxembourg. Les prix mondiaux de l’énergie se sont envolés en 2022, mais leur retour récent aux valeurs historiques moyennes a favorisé la désinflation.
Les généreuses mesures de soutien budgétaire sont prolongées
Les conditions financières devraient continuer à se durcir en raison de la politique monétaire menée dans la zone euro, et elles contribuent à la correction sur le marché du logement. En accord avec les partenaires sociaux, le gouvernement a fait adopter l’an dernier un plan de soutien budgétaire représentant quelque 3 % du PIB sur la période 2022-23. Ce plan doit aider l’économie à faire face au choc des prix de l’énergie et permet de contenir les tensions inflationnistes de façon à limiter l’ampleur de l’indexation automatique des salaires sur l’inflation. Il prévoit un plafonnement des prix du gaz et de l’électricité pour tous les ménages, l’octroi de subventions aux ménages défavorisés et aux entreprises à forte intensité énergétique, ainsi qu’une baisse, pendant un an, du taux de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Selon un nouvel accord conclu en mars 2023, la plupart de ces mesures seront prolongées jusqu’en 2024. Par ailleurs, le gouvernement a annoncé l’indexation des tranches d’imposition du revenu des personnes physiques (IRPP) sur l’inflation pour l’exercice 2024, ainsi qu’un crédit d’impôt généreux d’un an au titre de l’IRPP pour 2023. Ces mesures entraîneront un assouplissement sensible de l’orientation budgétaire et le solde budgétaire devrait se détériorer et passer de 0.2 % du PIB en 2022 à près de -2 ½ pour cent du PIB en 2023.
La croissance ralentira sensiblement en 2023 avant de se redresser en 2024
La croissance du PIB réel devrait tomber à 0.8 % en 2023. Le durcissement des conditions financières dans la zone euro et au niveau mondial aura pour effet de réduire le volume des activités financières transfrontières et de faire augmenter les coûts d’emprunt, pesant sur les exportations nettes et l’investissement privé. L’activité sera portée par la vigueur de la consommation intérieure, qui bénéficiera de la hausse des revenus réels disponibles induite par trois vagues d’indexation des salaires et une politique budgétaire expansionniste. La croissance se hissera à 2 % en 2024, sur fond de reprise modeste des exportations et de l’investissement privé et de poursuite d’une hausse vigoureuse de la consommation intérieure. Le taux de chômage augmentera pour atteindre environ 5 ½ pour cent au premier semestre de 2024. L’inflation globale diminuera en 2023, grâce au recul des prix de l’énergie et à la baisse de TVA, et remontera légèrement en 2024 du fait de la fin de cette mesure et des tensions salariales. L’inflation sous-jacente augmentera en 2023, en raison de l’indexation des salaires, avant de refluer en 2024. Une correction plus importante que prévu sur le marché du logement constitue un risque important de divergence à la baisse.
Les autorités devraient s’attacher en priorité à promouvoir la résilience
Le gouvernement devrait réduire la voilure des mesures budgétaires de soutien liées à l’énergie pendant que les prix de l’énergie sont conformes à leurs moyennes historiques et s’efforcer de consolider le solde budgétaire. Si les prix de l’énergie et des produits alimentaires s’envolent à nouveau, des aides devraient être accordées uniquement aux ménages vulnérables insuffisamment couverts par le système général de protection sociale. Dans les temps à venir, il sera primordial de s’attaquer aux tensions budgétaires à long terme générées par le régime des retraites du fait du vieillissement démographique. Une réforme du système d’indexation des salaires qui se limiterait à prendre en compte la hausse des prix hors énergie permettrait aussi de mieux gérer les chocs de prix extérieurs. Si le Luxembourg a réussi à combler l’écart salarial entre les genres, des politiques familiales consistant par exemple à harmoniser les congés de paternité et de maternité devraient être mises en place pour attirer davantage de femmes sur le marché du travail et rapprocher leur temps de travail moyen de celui des hommes.