Israël
Après avoir enregistré une croissance vigoureuse de 6.3 % en 2022, le PIB devrait augmenter de 2.8 % en 2023 puis de 3.4 % en 2024. Le ralentissement mondial devrait affaiblir la demande émanant des partenaires commerciaux d’Israël. La forte inflation ralentira la progression du revenu disponible et de la consommation privée. La hausse des taux d’intérêt et la diminution de certaines capitalisations boursières pèseront sur l’investissement. Le taux de croissance devrait remonter vers son niveau potentiel en 2024, tandis que l’inflation refluera. Les risques sont orientés de manière prédominante à la baisse, et liés en particulier à l’éventualité d’une prolongation de la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine. Il faudrait continuer de resserrer progressivement l’orientation de la politique monétaire de manière à ramener l’inflation dans la fourchette retenue comme objectif. Les autorités budgétaires devraient éviter d’accentuer les tensions inflationnistes, tout en soutenant temporairement et de façon ciblée les ménages et les entreprises les plus durement touchés par l’augmentation des coûts. Les réformes récemment engagées pour réduire les obstacles tarifaires et non tarifaires aux importations sont bienvenues et devraient se poursuivre. Il faudrait favoriser le développement des énergies renouvelables en supprimant des obstacles administratifs et en investissant dans les capacités de stockage et de transport.
Israël
1. La zone ombrée correspond à la fourchette retenue comme objectif d’inflation par la Banque d’Israël (1 % à 3 %).
2. Le taux d’emplois vacants mesure les offres d’emploi non satisfaites en pourcentage de l’emploi total, et correspond au ratio entre le nombre d’emplois vacants et la somme du nombre de postes occupés et du nombre d’emplois vacants.
Source : Base de données de l’OCDE sur les prix à la consommation ; et Bureau central des statistiques (BCS) d’Israël.
StatLink2 https://stat.link/03vobz
Israël
PIB aux prix du marché
2019
Pourcentage de variation, en volume (prix de 2015)
1 434.6 -1.8 8.5 6.3 2.8 3.4
Consommation privée 751.1 -7.9 11.1 6.9 2.8 4.0
Consommation publique 316.5 2.8 4.3 0.8 1.7 1.2
Formation brute de capital fixe 325.0 -3.8 11.5 8.9 4.1 5.1
Demande intérieure finale 1 392.7 -4.5 9.5 6.0 2.9 3.7
Variation des stocks¹ 9.7 1.2 0.5 1.0 -0.1 0.0
Demande intérieure totale 1 402.3 -3.3 9.9 6.8 2.7 3.6
Exportations de biens et services 420.3 -2.7 14.5 8.6 3.5 2.7
Importations de biens et services 388.0 -8.1 20.7 13.0 3.1 3.0
Exportations nettes¹ 32.3 1.4 -0.8 -0.8 0.2 0.0
Pour mémoire
Déflateur du PIB _ 1.0 2.2 4.4 2.4 1.8
Indice des prix à la consommation _ -0.6 1.5 4.3 3.3 2.2 IPC sous-jacent² _ -0.1 1.2 3.8 3.5 2.2
Taux de chômage (% de la population active) _ 4.3 4.9 3.6 3.8 4.0
Solde financier des administrations publiques (% du PIB) _ -10.7 -3.8 -0.2 -0.7 -1.0
Dette brute des administrations publiques (% du PIB) _ 70.6 67.8 61.8 59.7 57.9
Balance des opérations courantes (% du PIB) _ 5.4 4.3 3.4 3.3 3.1
1 Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne
2 Indice des prix à la consommation hors produits alimentaires et énergie
Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 112
L’activité économique est vigoureuse
StatLink2 https://stat.link/i4loqz
La croissance du PIB a reflué à 2.1 % (en rythme trimestriel annualisé) au troisième trimestre de 2022. La consommation privée s’est légèrement contractée, mais l’investissement a fortement augmenté. La confiance dans le secteur des entreprises reste positive. Le marché du travail est tendu et l’emploi se situe au-dessus de son niveau d’avant la crise. Ces derniers mois, le taux d’emplois vacants s’est stabilisé à un niveau historiquement élevé. L’inflation mesurée par les prix à la consommation s’est établie à 5.1 % en octobre, soit un niveau inférieur à celui relevé dans la plupart des autres pays de l’OCDE, mais supérieur à la fourchette de 1 à 3 % retenue comme objectif par la banque centrale. L’inflation est de plus en plus généralisée, et près des trois quarts des composantes de l’indice des prix à la consommation augmentent à un rythme supérieur à l’objectif de la banque centrale. Les anticipations d’inflation à un an s’établissent aux alentours de 3 %. Les salaires réels ont baissé quelque peu ces derniers mois, en dépit d’une croissance vigoureuse des salaires nominaux.
La guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine continue d’exercer des tensions sur les prix de l’énergie et des produits alimentaires à l’échelle mondiale, même si les répercussions de la hausse des prix de l’énergie sont plus limitées en Israël, du fait de son autosuffisance en gaz naturel. À court terme, le conflit pèse sur la demande de ses partenaires commerciaux. À moyen terme, Israël pourrait tirer profit de l’augmentation de ses exportations de défense et de gaz naturel vers l’Europe. L’immigration en provenance d’Ukraine et de Russie a sensiblement augmenté et représentait environ 0.3 % de la population en juillet. Le déclin marqué des valeurs technologiques sur les marchés boursiers depuis le début de l’année pèse sur les conditions de financement du secteur des hautes technologies.
PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES
DE L'OCDE, VOLUME 2022, NUMÉRO 2 © OCDE 2022
L’orientation des politiques macroéconomiques se durcit
La banque centrale a relevé son taux directeur à cinq reprises en 2022, le portant de 0.1 % à 2.75 %. Fin 2021, elle a mis un terme à ses mesures d’assouplissement quantitatif, notamment aux achats d’obligations d’État. La banque centrale a fait savoir que le rythme des prochaines hausses de taux d’intérêt dépendrait de l’évolution de l’inflation et de l’activité. Les projections de l’OCDE reposent sur l’hypothèse que le taux directeur atteindra 4.25 % au deuxième trimestre de 2023 et qu’il restera à ce niveau jusqu’à la fin de la période considérée. Le déficit budgétaire a continué de se contracter considérablement en 2022, grâce à l’élimination progressive des mesures de soutien liées à la pandémie et à une forte croissance des recettes. Celle-ci devrait ralentir du fait d’un tassement de la reprise et de la dissipation de certains facteurs transitoires, liés à la valorisation élevée des biens immobiliers et à l’envolée des bénéfices des entreprises. On estime que les mesures prises pour atténuer la hausse du coût de la vie, comme l’élargissement du crédit d’impôt sur les revenus d’activité et des déductions fiscales pour enfant à charge, ainsi que les réductions temporaires de droits d’accise sur le charbon et les carburants, coûteront environ 0.7 % du PIB en 2022. Un budget pour 2023 n’a pas encore été présenté en raison de la situation politique. Les projections reposent sur l’hypothèse que certaines mesures de soutien seront prolongées en 2023, avant d’être supprimées dans une large mesure en 2024, et que l’orientation de la politique budgétaire sera globalement neutre au cours de ces deux années.
La croissance devrait se modérer
Le ralentissement mondial va faire diminuer la demande des partenaires commerciaux d’Israël. L’inflation élevée pèse sur la croissance du revenu disponible et de la consommation privée. La hausse des taux d’intérêt réels et la forte incertitude devraient freiner l’investissement. Le marché du travail se détendra légèrement, tandis que la croissance marquera le pas. L’inflation devrait refluer progressivement vers le point médian de la fourchette retenue comme objectif par la banque centrale, ce qui étayera un redressement de la demande intérieure en 2024. S’il devait se prolonger, le conflit en Ukraine pourrait avoir des répercussions négatives sur l’économie en accentuant la persistance de l’inflation et en réduisant la demande extérieure. Une multiplication des incidents de sécurité pourrait accroître l’incertitude, ce qui pèserait sur la consommation et l’investissement.
Les mesures d’aide publique devraient être temporaires et ciblées
Compte tenu de la hausse des prix à la consommation supérieure à la fourchette retenue comme objectif d’inflation par la banque centrale et de la vigueur de la demande intérieure, une poursuite du resserrement progressif de la politique monétaire est de mise. La politique budgétaire devrait conserver une orientation restrictive, afin de ne pas accentuer les tensions inflationnistes et de ne pas imposer un durcissement supplémentaire de la politique monétaire. Si elles s’avèrent nécessaires, des aides budgétaires supplémentaires visant à atténuer la hausse des prix de l’énergie et du coût de la vie de manière plus générale, devraient être temporaires et bien ciblées sur les ménages et les entreprises les plus vulnérables, être en phase avec les objectifs environnementaux et préserver les incitations aux économies d’énergie. Il est nécessaire de renforcer les énergies renouvelables pour accélérer la transition écologique, mais cela suppose d’investir dans les infrastructures de transport et de stockage, ainsi que de lever des obstacles administratifs. Les réformes récemment engagées pour réduire les obstacles tarifaires et non tarifaires aux importations, notamment de produits alimentaires, sont bienvenues, étant donné qu’elles peuvent à la fois faire diminuer le coût de la vie et stimuler la concurrence et la productivité.