Grece, note pays, Perspectives Économique de l'OCDE, novembre 2022

Page 1

Grèce

La croissance de la Grèce devrait se modérer, passant de 6.7 % en 2022 à 1.6 % en 2023 et en 2024. Malgré le rebond du tourisme et le maintien des aides budgétaires, la consommation devrait ralentir en 2023 sous l’effet de la contraction des revenus réels et de la persistance d’une incertitude considérable. Le recul des prix de l’énergie devrait faire refluer l’inflation et favoriser la consommation en 2024. Les décaissements au titre du plan grec pour la reprise et la résilience devraient soutenir la modeste croissance de l’investissement dans un contexte de hausse des coûts. L’inflation se généralise tandis que les pénuries grandissantes de main-d’œuvre attisent les tensions salariales.

Les mesures de soutien prévues étayent la demande tandis que les contraintes de capacité s’accentuent. Réorienter les mesures budgétaires vers les transferts de revenu aux groupes vulnérables et le renforcement des aides à l’amélioration de l’efficacité énergétique permettrait de favoriser les économies d’énergie, d’étayer les finances publiques et d’atténuer les tensions inflationnistes actuelles. De tels résultats aideraient la Grèce à obtenir un reclassement de sa dette souveraine dans la catégorie « investissement » par les agences de notation. En outre, ils faciliteraient la réalisation d’objectifs à long terme, en particulier la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la diminution d’un niveau élevé de précarité énergétique.

Grèce

1. La mesure de la confiance des entreprises est une moyenne simple des indicateurs de confiance relatifs à l’industrie, à la construction, au commerce de détail et aux services.

2. Le taux d’activité est mesuré en pourcentage de la population âgée de 15 à 74 ans.

Source : Eurostat ; et base de données des Perspectives économiques de l’OCDE, n° 112.

StatLink2 https://stat.link/jfveoc

160 
PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE L'OCDE, VOLUME 2022, NUMÉRO 2 © OCDE 2022

Grèce

2019 2020 2021 2022 2023 2024

Prix courants milliards de EUR

Pourcentage de variation, en volume (prix de 2015)

PIB aux prix du marché 183.3 -9.0 8.3 6.7 1.6 1.6

Consommation privée 126.6 -7.9 7.8 8.6 0.8 1.0

Consommation publique 36.7 2.6 3.7 1.9 1.6 0.1

Formation brute de capital fixe 19.4 -0.3 19.6 7.3 2.7 5.6

Demande intérieure finale 182.7 -5.0 8.2 7.1 1.2 1.4

Variation des stocks¹,² 3.7 1.4 -0.9 0.5 -0.3 0.0

Demande intérieure totale 186.4 -3.3 7.3 7.5 0.9 1.3

Exportations de biens et services 73.5 -21.5 21.9 9.7 2.8 3.3

Importations de biens et services 76.7 -7.6 16.1 9.3 2.4 2.5

Exportations nettes¹ - 3.2 -5.5 0.7 -0.6 0.0 0.2

Pour mémoire

Déflateur du PIB _ -0.8 2.1 7.9 3.4 2.6

Indice des prix à la consommation harmonisé _ -1.3 0.6 9.7 4.3 2.3

IPCH sous-jacent³ _ -1.2 -1.1 4.6 4.8 2.6

Taux de chômage (% de la population active) _ 16.3 14.7 12.6 11.8 11.3

Solde financier des administrations publiques⁴ (% du PIB) _ -9.9 -7.4 -4.3 -2.5 -1.5

Dette brute des administrations publiques (% du PIB) _ 242.3 225.7 207.8 203.0 198.5

Dette brute des administrations publiques, définition Maastricht⁵ (% du PIB)

_ 206.4 193.3 175.4 170.7 166.2

Balance des opérations courantes⁶ (% du PIB) _ -6.6 -6.7 -5.5 -5.8 -5.6

1 Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne

2. Y compris la divergence statistique.

3 Indice des prix à la consommation harmonisé, hors produits alimentaires, énergie, alcool et tabac

4. Sur la base des comptes nationaux. Les données comprennent également les profits des banques de l'Eurosystème réalisés sur les obligations du gouvernement grec lesquels ont été remis à la Grèce, et le soutien estimé du gouvernement aux institutions financières et les recettes des privatisations

5. Selon la définition de Maastricht, la dette des administrations publiques comprend uniquement les crédits, les titres de créance et les numéraires et dépôts, la dette étant exprimée en valeur nominale et non à sa valeur de marché

6 Sur la base des règlements

Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 112

StatLink2 https://stat.link/8w43bn

La forte croissance économique a été tirée par le rebond du tourisme et les aides budgétaires

L’économie grecque a enregistré une croissance vigoureuse au premier semestre de 2022 grâce au redressement des exportations, porté par les services, à l’augmentation de l’investissement et à l’ampleur des aides budgétaires. Les recettes touristiques engrangées sur la période de juin à août 2022 sont revenues à leur niveau record de 2019, tandis qu’au deuxième trimestre de 2022, les recettes du transport maritime ont dépassé de 57 % celles enregistrées au cours de la même période de 2019. La confiance des entreprises a légèrement reculé depuis le déclenchement de la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine, mais demeure proche des sommets observés avant la pandémie. En septembre 2022, l’emploi a grimpé à son plus haut niveau depuis 2010. La Grèce connaît aujourd’hui une des plus vives augmentations des pénuries de main-d’œuvre observées dans l’ensemble des pays de l’Union européenne (UE), en particulier dans les secteurs qui se redressent vigoureusement, comme la construction. L’inflation mesurée par les prix à la consommation a atteint 12.1 %, en glissement annuel en septembre 2022, avant de refluer en octobre, parallèlement au fléchissement des prix de l’énergie. Les anticipations d’inflation restent à des niveaux historiquement élevés, surtout dans les secteurs de la construction, des services et du commerce de détail.

PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE L'OCDE, VOLUME 2022, NUMÉRO 2 © OCDE 2022

 161

Les perturbations des approvisionnements alimentaires et énergétiques et la montée des prix, amplifiées par la guerre en Ukraine, réduisent les revenus réels, les prix à la consommation de l’énergie ayant augmenté de 53 % en glissement annuel en septembre 2022. Les mesures adoptées par la Grèce pour soutenir les ménages et les entreprises face à la cherté de l’énergie représentent au total 5.5 % du PIB en 2022, dont 3.6 % du PIB sont financés par le Fonds pour la transition écologique, la principale source de financement étant le prélèvement instauré par le gouvernement grec sur les recettes exceptionnelles engrangées sur le marché de gros de l’électricité. La Grèce augmente progressivement ses importations de gaz naturel liquéfié (GNL), mais elle ne dispose que de capacités de stockage limitées et négocie des accords avec des pays voisins en vue d’y remédier. Ainsi, l’Italie a déjà accepté de stocker l’équivalent de 5 % de la consommation grecque de gaz au premier semestre de 2022. Le gouvernement estime que le pays ne subira pas de rupture d’approvisionnement énergétique et n’a annoncé aucun plan de rationnement des approvisionnements en énergie en cas de pénurie de gaz. Le durcissement de la politique monétaire et l’accentuation de l’incertitude à l’échelle internationale ont fait grimper les rendements des obligations d’État. En novembre, les écarts de rendement des obligations souveraines par rapport à l’Allemagne ont davantage augmenté en glissement annuel pour la Grèce que pour n’importe quel autre pays de la zone euro. En revanche, les coûts moyens d’emprunt des entreprises ont augmenté plus lentement, en partie parce que les banques ont amélioré l’accès des entreprises aux capitaux empruntables.

Les mesures budgétaires devraient continuer de soutenir l’économie

Le gouvernement prévoit de revenir en 2023 à un solde budgétaire primaire légèrement excédentaire, à hauteur de 0.7 % du PIB. Pour cela, il devra durcir sa politique budgétaire et mener l’un des plus amples assainissements des finances publiques des pays de l’UE. En 2022, les aides énergétiques ont principalement consisté à réduire les coûts de l’énergie pour les ménages et les entreprises par le biais d’un subventionnement des prix assorti de généreux critères d’admissibilité. Ces mesures viennent s’ajouter à celles prises pendant la pandémie, telles que les baisses des cotisations d’assurance sociale et des taux d’imposition, dont le montant est estimé à 2 % du PIB en 2022. Le projet de loi de finances pour 2023 ne prolonge pas les mesures existantes, mais prévoit une réserve de 0.5 % du PIB de 2023 pour les aides énergétiques. La persistance de perturbations dans le domaine de l’énergie, entraînant une prorogation des aides énergétiques actuelles jusqu’à la mi-2023, devrait représenter un coût budgétaire de l’ordre de 1 % du PIB en 2023. Parmi les autres mesures budgétaires importantes figure la pérennisation des baisses de cotisations d’assurance sociale et de taux d’imposition adoptées pendant la pandémie, ainsi que les bonifications d’intérêts sur les prêts au logement accordées aux jeunes, dont le coût budgétaire devrait s’élever à 1.6 % du PIB en 2023.

La forte incertitude et la montée des prix devraient freiner la croissance

La hausse des prix et des coûts d’investissement ainsi que la réduction progressive des aides budgétaires devraient freiner la croissance économique. La consommation devrait fléchir, la forte inflation entamant les revenus réels des ménages. Les mesures de soutien budgétaire visant à protéger les ménages contre l’augmentation du coût de la vie devraient arriver à expiration à partir de 2023. L’envolée des coûts des projets d’investissement, à laquelle s’ajoute une incertitude considérable, devrait peser sur l’investissement, alors même que le pays met en œuvre les projets prévus dans le plan « Grèce 2.0 », dont le montant annuel est estimé à près de 2.4 % du PIB. Bien qu’elle ralentisse, la demande progresse plus vite que les capacités des entreprises, ce qui renforce les contraintes de capacité et les tensions sous-jacentes sur les prix. L’inflation globale devrait refluer, à mesure que les prix de l’énergie se stabiliseront au cours de la période considérée et que le resserrement de la politique monétaire dans la zone euro fera sentir ses effets, même si l’arrêt du subventionnement des prix de l’énergie, attendu au

PERSPECTIVES

ÉCONOMIQUES DE L'OCDE, VOLUME 2022, NUMÉRO 2 © OCDE 2022

162 

second semestre de 2023, accentuera temporairement l’inflation. Si les perturbations des approvisionnements énergétiques ou les prix élevés de l’énergie perduraient après la mi-2023, ou si ces phénomènes étaient plus marqués qu’on ne s’y attend, la consommation et la production fléchiraient et les tensions sur les finances publiques s’accentueraient. Par ailleurs, un assainissement budgétaire plus lent que prévu risquerait de retarder la révision à la hausse de la notation de la dette souveraine grecque et son basculement dans la catégorie « investissement », ce qui restreindrait son accès aux financements de marché et alourdirait leur coût. Un durcissement des sanctions concernant les exportations de pétrole russe entraînerait une diminution des recettes du transport maritime imputables à la Russie, qui représentaient 1.6 % de l’ensemble des recettes de ce secteur en 2021. Enfin, en cas de manque de coordination des hausses de salaire sur fond de resserrement du marché du travail, l’inflation pourrait s’enraciner davantage.

Des mesures judicieusement conçues peuvent permettre de relever les défis énergétiques tant à court terme qu’à long terme

Cantonner les mesures budgétaires prises face à la cherté de l’énergie à des aides temporaires judicieusement ciblées sur les ménages vulnérables permettrait au gouvernement de reconstituer une certaine marge de manœuvre budgétaire et de modérer les tensions inflationnistes, tandis que la croissance se heurte à des contraintes de capacité. Remplacer le principal mécanisme d’ajustement des salaires, qui repose sur des revalorisations administratives du salaire minimum, par un processus de négociations collectives de vaste portée mené en temps voulu, qui tiendrait compte de la situation sectorielle et de la productivité des travailleurs, aurait un effet positif sur les revenus réels et la compétitivité, lierait plus étroitement taux de rémunération et productivité, et atténuerait les tensions inflationnistes. L’expérience d’autres pays laisse à penser que les nouvelles bonifications d’intérêts sur les prêts au logement sont susceptibles de faire augmenter les prix de l’immobilier d’habitation lorsque des contraintes limitent l’offre de logements neufs, avec pour conséquence de restreindre l’accès à la propriété. Réaffecter ces ressources pour étoffer des programmes visant à favoriser l’accès à des logements de meilleure qualité, comme les dispositifs de rénovation énergétique, permettrait de réduire le coût de l’énergie pour les ménages, ainsi que de remédier au niveau élevé de la précarité énergétique, et aiderait la Grèce à ramener à zéro ses émissions nettes de gaz à effet de serre.

PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE L'OCDE, VOLUME 2022, NUMÉRO 2 © OCDE 2022

 163

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.