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Comment favoriser le développement des filières agricoles et agroindustrielles ?
Les défis du financement agricole Alors que le financement d’État prend fin, l’Agricultural Development Bank, au Ghana, se réorganise pour mieux répondre aux attentes du secteur agricole. La stratégie de spécialisation est renforcée, de nouveaux produits sont créés, le réseau d’agences renforcé. Pour développer son action, la banque doit impérativement trouver des financements complémentaires. Henry Alhassan Shirazu et Thomas de Gubernatis Coordinateur de la mise en œuvre des politiques, ADB Chargé de mission, Agence française de développement
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a vocation de l'Agricultural Development Bank (ADB) à sa création était de fournir des services d’intermédiation financière à moyen et long terme et des services connexes au secteur agricole et agro-alimentaire afin de renforcer l’attrait de l’agriculture en modernisant son fonctionnement, de créer des emplois, surtout en milieu rural, d’approvisionner les industries locales en matières premières, de fournir des devises et d’améliorer le niveau de vie des personnes travaillant dans le secteur. Dans un premier temps, le financement a été en grande partie assuré par l’État et des bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux. Les fonds étaient rétrocédés à des agriculteurs afin de réaliser des projets de production et transformation dans les secteurs,
HENRY ALHASSAN SHIRAZU
THOMAS DE GUBERNATIS
Dr Alhassan est Coordinateur de la mise en œuvre des politiques et de la stratégie de l’Agricultural Development Bank au Ghana, responsable des prêts au secteur agricole et agro-alimentaire. Chargé de cours à l’université d’East Anglia, à l’université de Londres et au London College of Management Studies, il est également consultant privé auprès de l’Organisation des Nations Unies, de la Banque mondiale et de l’Union européenne dans le cadre de projets environnementaux et agricoles. Il est titulaire d’un doctorat en études du développement et gestion d’entreprises, d’un master en sciences de l’éducation et d’un diplôme de journalisme.
Thomas de Gubernatis est responsable du portefeuille secteur privé et développement rural à l’Agence française de développement (AFD) au Ghana. Après une spécialisation en gestion financière internationale à l’Institut d’administration des entreprises (IAE), Aix en Provence, il a travaillé en tant que responsable des études économiques et monétaires pour les institutions d'émission d'outre-mer, établissements publics exerçant les fonctions de banque centrale dans les départements et collectivités d'outre-mer.
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avicole, hévéicole, oléicole (huile de palme) et la pêche, et plus particulièrement de financer la préparation des terres, l’importation de matériels et le fonds de roulement. Ces investissements ont permis de commercialiser des produits et sous-produits agricoles et de transformer plusieurs petites entreprises en entreprises de taille moyenne, jetant les bases de la croissance industrielle et socioéconomique du Ghana. Avec l’abolition des financements d’État, la banque a dû développer son réseau d’agences, mobiliser de nouveaux dépôts et obtenir des fonds auprès de bailleurs de fonds multilatéraux, principalement le Fonds africain de développement (FAD), la Banque africaine de développement (BAD) et la Banque mondiale. Pertes de change (dues à des réformes du secteur financier), défaillances d’emprunteurs, suppression des subventions aux intrants agricoles et pertes liées aux faibles niveaux de production ont entraîné une dégradation rapide du portefeuille de prêts de la banque, qui a nécessité sa recapitalisation en 1990. Dans ce contexte et suite à la levée de l’obligation faite aux banques d’affecter au moins un quart de leur portefeuille de prêts au secteur agricole, l’ADB dont la mission était de financer l’agriculture s’est trouvée davantage sollicitée pour financer des investissements agricoles à court, moyen et long terme. Tendance actuelle Face à son manque de compétitivité opérationnelle dans un environnement financier national et international dynamique, l’ADB a entrepris de restructurer son modèle économique en 2009. Pour ce faire, elle a élaboré un plan stratégique à trois ans visant à aligner ses opérations sur les pratiques modernes de banque universelle afin de satisfaire aux exigences d'investisseurs, clients et actionnaires de mieux en mieux informés.