Secteur Privé & Développement LA REVUE DE PROPARCO
N° 13 / Février 2012 Moderniser l’agriculture africaine
Afrique subsaharienne
Jean-Luc François et Stéphanie Lanfranchi
Agence française de développement Proparco
2 Forces et faiblesses des filières agro-alimentaires en Afrique Nicolas Bricas
Cirad
6 Volatilité des prix et développement agricole Pierre Jacquet
Agence française de développement
10 Pas d'agro-industrie durable sans plantations villageoises Bertrand Vignes
SIFCA
13 Chiffres clés L'agro-industrie en chiffres
16 Les défis du financement agricole Henry Alhassan Shirazu et Thomas de Gubernatis
Agricultural Development Bank Agence française de développement
18 L’Afrique au cœur de la croissance Frédéric Marret
Louis Dreyfus Commodities
21 Adapter la réglementation commerciale aux besoins des filières agricoles Arlène Alpha et Cécile Broutin
Gret
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Comment favoriser le développement des filières agricoles et agro-industrielles ? L’évolution démographique et les crises alimentaires imposent une réforme de l’agriculture et de l’agro-industrie africaines. Des solutions existent ; elles reposent en grande partie sur le secteur privé. ÉDITORIAL PAR ÉTIENNE VIARD DIRECTEUR GÉNÉRAL DE PROPARCO
L’Afrique subsaharienne va connaître une révolution démographique sans précédent : sa population va tripler en 40 ans. Aujourd’hui et plus encore demain, la stabilité du continent repose sur le développement du secteur agricole et agro-industriel. Ce secteur (15 % du PIB), principal pourvoyeur d’emplois et de revenus, doit se préparer à faire face à cet enjeu colossal : comment nourrir deux milliards d’habitants en 2050, dont plus de la moitié vivra en zone urbaine ? Pour y répondre, il faut relever plusieurs défis agricoles : amélioration des rendements, mise en valeur des terres agricoles et respect de la biodiversité. Il faut aussi créer plus de valeur ajoutée dans les filières agro-alimentaire et agro-industrielles. Des investissements dans les opérations de post-récoltes, dans les infrastructures de stockage, la logistique, la transformation et la distribution sont incontournables. Par ailleurs, la flambée des prix en 2008, la volatilité accrue et durable des produits de base agricoles sur les marchés internationaux, les crises alimentaires climatiques en Afrique rendent la sécurité alimentaire indispensable, inscrivent de fait l’agriculture et les agro-industries dans les agendas économiques et politiques du continent et de la communauté internationale. Les engagements de l’Union africaine et du G20 en témoignent. Traduire ces engagements dans les faits suppose de répondre aux questions suivantes : quelles stratégies de développement des filières, alimentaires et non alimentaires ? Comment drainer les investissements et financements privés ? Quelles politiques publiques pour faciliter ces investissements ? Pour répondre à ces enjeux, ce sont près de 1000 milliards de dollars qui devront être investis d’ici 2050 – dont les deux tiers en aval de la production pour la construction de marchés, d’entrepôts, de chaines de froid ou d’industries de transformation. Ces investissements devront être pris en charge par le secteur privé et des PME (pour la transformation). Si les filières exportatrices structurées arrivent à trouver des financements adaptés, la disponibilité de financements efficaces et innovants concernant les petits exploitants et les PME reste un défi à relever par le secteur bancaire local. —