Janvier 2018 / N
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Macroéconomie & Développement
Introduction Les risques de nature sociopolitique constituent une dimension clé du risque-pays. L’expérience historique révèle en effet que les crises sociopolitiques peuvent durablement enrayer les processus de développement et conduire à une dégradation marquée des composantes économiques et financières du risque-pays. À titre d’illustration, un conflit civil coûte en moyenne à un pays en développement (PED) 30 années de croissance du produit intérieur brut (PIB) (cf. rapport sur le développement dans le monde de la Banque mondiale, 2011). De surcroît, le taux de pauvreté des pays qui sont le théâtre de crises prolongées peut être supérieur de plus de 20 points à celui des pays non victimes de crises. Enfin, les violences qui éclatent dans une zone ont tendance à se propager, compromettant les perspectives économiques de régions tout entières. En dépit de leur importance, l’intégration des risques sociopolitiques dans les analyses risque-pays est restée longtemps très marginale. Les crises récentes (le « Printemps arabe » et la crise sahélienne notamment) ont mis en exergue l’importance de l’appréciation de cette dimension du risque-pays et mis en lumière la fragilité des méthodes d’analyse. Les méthodes d’évaluation des risques sociopolitiques demeurent en effet souvent inadaptées, car la notion même de risque sociopolitique est fréquemment mal définie. En premier lieu, les risques sociopolitiques sont très souvent assimilés à la notion de gouvernance, laquelle est appréhendée par des indicateurs composites synthétiques dont il est finalement difficile de savoir ce qu’ils mesurent effectivement. La pertinence de ces derniers
Comment analyser le risque sociopolitique ? Une composante clé du risque-pays Clémence Vergne Économiste au département Méditerranée et Moyen-Orient à l’Agence Française de Développement (AFD) vergnec @ afd.fr
Camille Laville Assistante de recherche sur la paix, la sécurité et le développement à la Fondation pour les études et recherches sur le développement international (Ferdi) camille.laville @ ferdi.fr
a été particulièrement mise à mal lors des printemps arabes dans la mesure où ils n’ont absolument pas évolué à l’approche des soulèvements ayant touché les pays concernés. En second lieu, l’accent est encore trop souvent mis sur la stabilité politique. Or, la longévité d’un régime politique n’est en rien synonyme d’absence de risque comme l’a montré le renversement de régimes autoritaires.