MacroDev n°14 - Le modèle de croissance marocain

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Juin 2014 / N

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Macroéconomie & développement

Introduction Depuis la crise financière internationale de 2008, les pays de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (Middle East and North Africa, MENA) ont été affectés par des chocs à répétition. Sur le plan macroéconomique, la contraction de l’économie mondiale, la hausse des cours mondiaux des matières premières et la crise des dettes souveraines en zone euro ont successivement impacté les performances économiques de ces pays. Sur le plan politique, les soulèvements populaires qui se sont produits dans plusieurs pays du monde arabe ont généré une nette détérioration de la situation macroéconomique, en particulier dans les pays en phase de transition politique. Au sein de la région MENA, le Maroc se distingue à plusieurs égards. D’une part, le pays se singularise par une relative stabilité. D’autre part, l’économie marocaine a fait preuve d’une certaine résilience. La croissance économique est en effet demeurée plus élevée que dans les autres pays importateurs de pétrole de la région sur l’ensemble de la période. Cette croissance relativement robuste tient notamment au renforcement de la politique de soutien actif aux facteurs internes de la demande qui caractérise le modèle de croissance marocain depuis le début des années 2000. Le régime de subvention aux produits de base (produits alimentaires et énergie) et la hausse des salaires dans le secteur public ont contribué à soutenir le pouvoir d’achat des ménages, tandis que l’investissement public s’est accru.

Le modèle de croissance marocain : opportunités et vulnérabilités Clémence Vergne Division Analyse macroéconomique et risque pays Département de la Recherche vergnec @ afd.fr

Pour autant, le modèle de croissance marocain montre plusieurs signes d’essoufflement, notamment une aggravation des déséquilibres macroéconomiques et une difficulté à générer des emplois et à réduire le chômage en particulier chez les couches les plus jeunes de la population. La politique de soutien au pouvoir d’achat des ménages a engendré une dégradation des finances publiques. De plus, la baisse de la demande extérieure adressée au Maroc a fragilisé les exportations marocaines, tandis que la forte hausse des prix des matières premières a contribué au renchérissement des importations. Dès lors, le solde de la balance des paiements courants s’est détérioré depuis 2008 pour atteindre un déficit de 10 % du produit intérieur brut (PIB) en 2012. Enfin, au vu de la situation socioéconomique, notamment des déséquilibres qui caractérisent le marché du travail, le modèle de croissance marocain demeure insuffisamment inclusif.


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