DIALOGUES DE POLITIQUES PUBLIQUES La jeunesse du Niger : la scolarisation et la formation comme outils d’insertion Juin 2021 - N° 52 | Programme Savoirs Sahel
MESSAGE L'éducation et la formation constituent des moyens de sortie de la pauvreté. La politique éducative doit donc comprendre chacun des obstacles empêchant d'atteindre cet objectif et travailler à les supprimer. CONTEXTE & MOTIVATION Au cours des dernières décennies, le Niger se trouvait dans un contexte de hausse des coûts d’accès à l’éducation et à la santé. Depuis 2010, les dépenses présentent une tendance relative à la stagnation, voire à la diminution dans le secteur social. Toutefois, plusieurs réformes politiques éducatives relatives à l'enseignement, au financement, à la gestion des frais de scolarité et à la protection des étudiants vulnérables ont été considérées comme prioritaires. La réussite éducative est impactée par les importantes inégalités entre les populations urbaines et rurales et entre les genres. L'article associé1 se penche sur les défis auxquels les programmes d'éducation et de formation font face dans leur objectif de consolidation de l'insertion des jeunes sur le marché du travail. MÉTHODES$ Une approche pluridisciplinaire et une méthodologie mixte2 ont per-
mis d’examiner, à partir d’un important corpus de données qualitatives et des statistiques nationales comment les jeunes nigérien.ne.s dans les régions de Zinder et Tahoua, vivent la pauvreté chronique, échappent à la pauvreté ou se (ré) appauvrissent. La présente note se base en particulier sur les données relatives aux facteurs de sortie ou de déclassement qui affectent l’inclusion des jeunes dans le marché du travail par le biais de l’éducation. RÉSULTATS Malgré l'insatisfaction, mentionnée par certains groupes des régions de Tahoua et de Zinder, concernant la gestion des établissements d'enseignement au cours des dernières décennies et malgré les obstacles d'accès à la scolarisation et à la poursuite des cycles d'apprentissage auxquels font face les jeunes souffrant de pauvreté chronique, les prismes de l'éducation et de la formation/l'apprentissage constituent des moyens d'insertion sur le marché du travail. En majorité, les élèves scolarisés, notamment les élèves de niveau primaire, fréquentent un établissement scolaire public du pays. Toutefois, les enfants vulnérables, et particulièrement les enfants les plus démunis, abandonnent souvent leur
Auteurs Andrew Shepherd, Abdoutan Harouna, Cecilia Poggi,
scolarité en raison des coûts directs et indirects de l’éducation (fournitures, uniformes, frais des comités de gestion, etc.). Lorsque les parents adhèrent à des groupes d'épargne et de crédit, l'impact du coût de la scolarisation est, dans une certaine mesure, atténué car l'épargne peut contribuer au règlement de ces frais. La faible qualité des conditions d'enseignement, par exemple l'application d'approches pédagogiques obsolètes et l'état de délabrement des établissements scolaires, constitue également un problème. Les plus démunis pointent aussi l'éloignement physique de l'école, la faim que ressentent les élèves ainsi que les humiliations qu'ils subissent en cas d'incapacité à régler les frais de scolarité. L'opportunité d'accès à l'éducation formelle constitue un facteur de sortie durable de la pauvreté uniquement si des opportunités de subsistance convenables existent. L'achèvement du cycle secondaire dans un établissement public est associé à une sortie de la pauvreté. Cette tendance est cependant plus fréquente dans les foyers les plus aisés. Les élèves qui terminent le cycle secondaire présentent plus de chances de trouver un emploi stable, même si cette recherche reste un défi pour eux.
Mots-clés Éducation, formation, emploi, genre
Vidya Diwakar, Aïssa Diarra, Lucia Da Corta Géographie Niger
Thèmes Éducation, emploi, jeunesse, pauvreté
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