La jeunesse du Niger : l’entrepreneuriat entre lutte et renégociation des normes

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DIALOGUES DE POLITIQUES PUBLIQUES La jeunesse du Niger : l’entrepreneuriat entre lutte et renégociation des normes Juin 2021 - N° 51 | Programme Savoirs Sahel Depuis dix ans, le Niger met l’accent sur l’entrepreneuriat des jeunes mais sans grands résultats. Cet aspect doit être mieux financé, coordonné et complété par une politique industrielle plus globale et un renforcement significatif dans l’éducation. Au cours de cette décennie, le gouvernement a mis l’accent sur l’entrepreneuriat des jeunes. L’article associé1 se penche sur son efficacité, dans un contexte de hausse des coûts d’accès à l’éducation et à la santé, et d’une baisse du recrutement des jeunes dans les emplois salariés du secteur public. Le financement est une contrainte majeure à l’élaboration des politiques : Le Niger stagne en bas de l’échelle du ratio recettes fiscales/PIB et bénéficie d’une aide par personne pauvre relativement basse. Est-il possible, dans ces conditions, d’échapper à la pauvreté ?MÉTHODES Une approche pluridisciplinaire et une méthodologie mixte2 ont permis d’examiner, à partir d’un important corpus de données qualitatives et des statistiques nationales comment les jeunes nigérien.n.e.s dans les régions de Zinder et Tahoua, vivent la pauvreté chronique, échappent à la pauvreté ou se (ré) appauvrissent. La présente note se base en particulier sur les données relatives aux facteurs de sortie ou de déclassement qui affectent l’inclusion des jeunes dans le marché du travail par le biais de l’entrepreneuriat.

La sortie de la pauvreté des jeunes adultes dépend principalement de l’accumulation de capital et de compétences tôt dans leur jeunesse, par l’héritage (capital ou compétences), les réseaux sociaux, l’éducation scolaire ou professionnelle, la formation informelle, la migration3, ou une combinaison de ces canaux. Les principaux obstacles à la sortie de la pauvreté sont l’absence d’épargne et l’impossibilité de se procurer des ressources productives. Les faibles dotations éducatives sont combinées à la diminution de la taille des exploitations et de l’héritage, attribuée aux tendances démographiques et à la fertilité des sols, et exacerbée par le changement climatique et l’augmentation du coût de la vie. Ainsi, les rendements productifs de l’agriculture et la capacité d’élever du bétail en tant que ressources productives sont tous les deux limités. Néanmoins, les jeunes femmes et hommes font des efforts considérables pour améliorer leur bien-être, en participant souvent à des formations4 par le biais de programmes d’éducation, et en marge d’activités pour leur propre compte ou de contrats salariés temporaires. Pour la plupart des jeunes hommes, la sortie de la pauvreté débute par l’accumulation d’un capital permettant de financer la migration grâce au soutien de leurs familles et de leurs propres revenus. Les reve-

nus de la migration sont ensuite utilisés pour investir dans une entreprise lors du retour au pays. Les jeunes hommes réussissent surtout dans le secteur des transports, de l’import-export et de la réparation technologique. Les jeunes femmes accroissent leur participation au marché du travail (par rapport à la génération de leurs aînées) afin de prendre en charge les besoins de base, les frais de santé, l’éducation primaire de leurs enfants et pour faire face à la migration des hommes. Les femmes échappent plus fréquemment à la pauvreté soit lorsqu’elles négocient ou remettent en cause les normes sociales pour exercer leur droit de travailler ou de recevoir une formation, soit lorsque les jeunes femmes divorcées acquièrent des ressources (meubles, capital économique). Par rapport aux adultes, les jeunes femmes font du commerce à une plus grande échelle et avec une plus grande variété de biens et de services (transformation des céréales et des aliments, travail et vente à domicile). Les plus chanceuses voient leur petit commerce devenir une petite entreprise, en mettant l’accent sur la diversification. Leur participation au commerce et la possibilité d’investir dans des biens avant le mariage ou après le divorce renforcent leur autonomie au sein du ménage.

Auteurs Andrew Shepherd, Abdoutan Harouna, Cecilia Poggi, Vidya Diwakar, Aïssa Diarra, Lucia Da Corta

Mots-clés Inclusion professionnelle, genre, sorties de la pauvreté

Géographie Niger

Thèmes Emploi, Jeunesse, Pauvreté

En savoir plus sur ce projet : afd.fr/fr/carte-des-projets/linclusion-de-la-jeunesse-dans-le-marche-du-travail-au-nigertemoignages-de-tahoua-et-zinder


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