AU CœUR
Le cantinier
V
DU CARNAVAL
Vincent Hars, le seul cantinier parmi les cantinières ! I
l ne fallait pas la mettre au défi ! Le Fort-Mardyckois Vincent Hars pensait que Marie-Claude Benoît, alias Claude II, allait oublier. Raté ! Sept ans après avoir lancé: «Ce serait bien d’avoir un cantinier en jupe !,» la seule femme tambour-major du carnaval dunkerquois a intronisé officiellement Vincent Hars dans sa nouvelle fonction le 12 janvier, jour de la bande de Fort-Mardyck. «J’ai moins rigolé là...» sourit l’intéressé. Il faut dire que le jeune père de famille de 32 ans connaît Claude II depuis qu’il a l’âge de 6 ans. «J’ai du mal à l’appeler Claude II d’ailleurs...» Il s’y fait depuis sa nouvelle place de cantinier.
La potion magique d’Astérix Appartenant aux Corsaires fort-mardyckois depuis 2003, il a toujours été attiré par la musique. Il était appelé en renfort
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Edition 2013
lors des bals. «Je n’ai jamais fait partie de la clique. Je jouais du fifre, mais déguisé en carnavaleux, pour aller de temps en temps dans des chapelles.» C’est d’abord à l’école de musique de FortMardyck qu’il apprend l’instrument, vers 15 ans. Puis sur le tas. On demandait : «C’est quoi ton truc là ? plutôt que de parler d’une note,» se souvient-il. Des années d’apprentissage au coeur du carnaval. «Je me moquais tout le temps, gentiment bien sûr, de Marie, seule femme tambour-major, parce qu’elle n’avait pas de cantinier. Je pensais qu’on était tous les deux dans la blague.» Jusqu’à ce qu’elle le choisisse. Son rôle ? «L’accompagner un maximum dans ses apparitions.» Son costume, tout neuf, a été pensé par Cô Schlock II, ancien tambour-major de Dunkerque. Un honneur. «Il a eu l’idée de reprendre l’uniforme du joueur de fifre de
Napoléon.» Le bleu, le blanc et le rouge font évidemment partie des couleurs. Des broderies spécifiques, semblables à celles de Claude II, ornent la queue de pie. «J’ai aussi récupéré les épaulettes de Claude.» Le jour de la bande, il avait, comme chaque année, préparé la mixture alcoolisée* de la gourde. «Pour mettre en forme les musiciens, un peu comme la potion d’Astérix.» Un mélange personnel, secret, qui change chaque année. Il veille aussi à la sécurité de Claude II, à sa manière. «Lorsqu’elle se retourne pour faire face aux musiciens, je ne la suis pas. Je surveille la route pour elle, et surtout les plaques d’égoût, pour qu’elle ne tombe pas.» Et malgré la boutade d’il y a sept ans, Vincent Hars prend son rôle de cantinier à coeur, seul homme parmi une petite vingtaine de femmes. * Attention à l’abus d’alcool, à consommer avec modération.