L’univers des écrivains aux écrits vains Où sont passés les écrivains d’autrefois ? Ces vieillards un peu bedonnants, mâchant leurs branches de lunettes à chaque réflexion philosophique et hautement théologiques ? Ces êtres différents et supérieurs au commun des mortels. Un milieu réservé à la haute bourgeoisie et aux grands diplômés à la science infuse. Un peu à l’image d’un Verlaine aussi richissime que son art. Ou à l’inverse accaparé par un milieu plus modeste, mais avide de savoir tel Rimbaud fils d’un humble capitaine et d’une paysanne, mais d’une créativité et d’un imaginaire hors du commun. La littérature et ses auteurs étaient un art à part entière. Les rares élus triés sur le volet, de par leurs talents, leurs personnalités hors normes, leurs histoires personnelles étonnantes n’étaient pas légion. Ils ne devenaient pas écrivains, mais étaient des écrivains jusque dans l’oxygène qu’ils respiraient. Puis au fil des ans, la littérature s’est popularisée. Le livre n’était plus un objet de valeur, mais faisait partie de notre quotidien. Emplissait nos bibliothèques, notre savoir et notre imaginaire. Des écrivains différents sont nés de cette « popularisation », des Stephen King, des Koontz et bien d’autres encore. Des voisins un peu communs. À la différence, qu’ils avaient un trésor inestimable. Un imaginaire surdéveloppé. Mais aussi un vécu riche, difficile ou différent. Une vie qui emplissait leur encre et chaque mot. Ils n’ont pas de diplômes ou si peu, ne sont pas plus intelligents que nous, mais ont ce don que peu parviennent à avoir. Un don puisé à chaque minute de leur vie et chaque évènement heureux ou malheureux. Des heures sur leurs machines à écrire à croire et espérer être lu. Pour ce don précieux, ils ont été lus par quelques-uns, puis d’autres. Puis, ont osé écrire des livres quelques années plus tard. Des livres nés de leur grand imaginaire, mais surtout à force de ténacité dans un milieu que ne leur laissait pas de place. Chaque acharnement a fait d’eux un élu, parmi quelques autres. La majorité d’entre eux vivent en ermite, loin du tumulte et des flashs. Leurs livres parlent pour eux, leur talent est leur meilleure publicité. Le bouche à oreille, la meilleure promotion. La ferveur des lecteurs la meilleure récompense. Mais aujourd’hui, tout a changé. L’écrivain ne fait plus rêver. Il n’est plus dans un monde à part. Le livre est un kleneex de plus dans le monde sans pitié du marketing. Le mot écrivain devient le vide absolu. Il n’a plus de sens, ni de valeur. Il se retrouve noyé dans l’arène des prix littéraires et de la promotion à outrance qui viole son âme.