Senegal njaay mag mars 2016

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Editorial…

N

os grilles sont de nouveau levées! L’équipe de votre magazine, doigts tachetés d’encre, vous fait encore une fois, découvrir perspectives et passions du sunugaal Njaay à travers ce numéro. Comme toujours, la primeur est réservée aux acteurs culturels, aux personnes pour lesquelles la culture est la clef de voûte de tout développement. Mais si nous parlions un peu du don ? Dans le Prophète, Khalil Gibran en parle ainsi : « il est bien de donner quand on vous demande, encore mieux de précéder la requête, à force de compréhension; Au généreux, chercher l’être qui veuille bien recevoir est joie plus grande que celle du don. Et y a-t-il une seule chose que tu voudrais retenir ? Tout ce que tu as sera tôt ou tard donné; Donne à cette heure, que la saison du don t’appartienne plutôt qu’à tes héritiers. Tu dis souvent : « j’aimerai donner, mais seulement à qui mérite. » Ce n’est le langage que tiennent les arbres de ton berger, ni les troupeaux de tes prés. Ils donnent pour vivre, car retenir c’est périr… » NJAAY, croyant en la vie et à son abondance, entame sa caravane d’actions en faveur des enfants le 16 Avril 2016. Nous avons peu et le donnons tout entier mais notre coffre n’est jamais vide. Car le cœur de NJAAY est un arbre chargé de fruits qu’il puisse cueillir pour donner. Je vous souhaite un mois de Mars absolument, intensément, magnifiquement sénégalais et une agréable lecture ! Babacar KORJO Senegal Njaay N° 10 - Mars 2016 - www.senegal-njaay.com


A la une

Sommaire…

P•18

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Nack Kane «j’ai eu la chance d’avoir été marquée par de vrais modèles»

NDAYANE LE VILLAGE OÙ LE CONTE SE JETTE P•14 DANS LA RÉALITÉ.

RITES ET RYTHMES Quand la mémoire va ramasser son identité

Science

Découverte

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P•21

La femme

SOCIABILITE ET SOLIDARITE Les secrets du mariage et de la cola

P•23

un être fascinant P•27 Approche du développement de l’enfant selon Sigmund Freud


•••• Rubrique ••••••

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•••••• Entrevue ••••

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NDACK KANE

«j’ai eu la chance d’avoir été marquée par de vrais modèles» Très amicale, Ndack Kane ou celle qui a quitté son milieu culturel à 18 ans pour aller étudier en Amérique du Nord, nous offre de son temps. La Sénégalaise est doctorante en économie internationale et non moins auteure de la trilogie Partis trop tôt, trop loin. Propos recueillis par Babacar KORJO Senegal Njaay N° 10 - Mars 2016 - www.senegal-njaay.com


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•••••• Entrevue ••••

Salut Ndack! Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Bonjour à tous ! Je suis née au Sénégal et je suis arrivée à Montréal en janvier 1997 pour y effectuer mes études universitaires. J’ai eu mon doctorat en économie il y a deux ans environ. Je travaille actuellement comme chargée d’enseignement à l’Université du Québec À Montréal (UQAM) tout en gérant une start-up dans l’industrie de l’édition.

A quel âge avez-vous quitté le Sénégal ? À dix-sept ans et demi. J’avais donc à peine dix-huit ans. C’est dire que je suis devenue adulte à Montréal.

Vous avez plongé très tôt dans la littérature ? J’ai toujours aimé lire et écrire. À l’adolescence, je tenais un journal où je notais mes pensées et que j’ai encore avec moi ! J’ai eu un cursus scientifique au lycée mais j’appréciais énormément mes cours de français,

d’histoire et de géographie, de philosophie… J’aurai fait une série littéraire sans problème mais au Sénégal nous grandissons avec l’idée que lorsqu’on a de bonnes notes en mathématiques il nous faut faire une série scientifique quand même et s’ouvrir aux autres domaines seulement plus tard. Cela nous vient surement du retard technologique accusé par l’Afrique après la colonisation.

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•••••• Entrevue ••••

Pouvez-vous nous parler de votre trilogie Partis trop tôt, trop loin? Il s’agit d’un récit en trois volumes – L’Exil, L’Envol et La Quête – qui décrit le parcours d’étudiants africains vivant à l’étranger. L’idée est de mettre l’accent sur le fait que ces jeunes que l’on envoie pour acquérir du savoir en Occident n’arrivent pas à s’arrêter de vivre une fois sur place. C’est une forme d’exil qui ne dit pas son nom et l’on en sort transformé pour la vie.

Avez-vous été surprise du succès retentissant de l’Exil? Comment l’expliquez-vous ? Je ne peux pas dire que j’ai été surprise car j’écris toujours en ayant en tête mon interlocuteur qui est ici l’étudiant étranger. J’écris en essayant de mettre en mot ce que je ressens et ce que peut ressentir d’autres jeunes autour de moi qui vivent dans le même contexte. Je savais que cela ferait écho chez certains Senegal Njaay N° 10 - Mars 2016 - www.senegal-njaay.com


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car je tente simplement de mettre des mots sur des réalités, avec leurs joies et leurs peines.

Si vous pouviez le réécrire, changeriez-vous certaines choses? Non. L’évolution d’un être est dynamique et la jeune étudiante que j’étais souhaitait transcrire sa pensée de cette façon. Je n’y changerais donc rien. S’il y a d’autres choses à écrire c’est aujourd’hui qu’il faut l’écrire.

Pouvez-vous nous parler de L’Envol, deuxième roman de votre trilogie? L’Envol est né lorsqu’après avoir lu un premier jet de mon manuscrit l’Exil ma mère me dit : « Tu ne développes pas suffisamment le sujet. Tu m’as déjà dit des choses plus profondes dans tes emails. » Et pour me le prouver, elle m’a envoyé des fichiers Word qui contenaient, tenez-vous bien, tous les emails qui décrivent un peu ma vie ici depuis le

début des années 2000 ! En fait, mes emails étaient très longs et comme elle n’avait pas le temps au travail de les lire, elle faisait un copier-coller dans un document Word, puis le vendredi elle imprimait le tout pour les lire le weekend. Les messages de L’Envol sont inspirés de ces fichiers.

Avez-vous eu envie de toucher un lectorat particulier ? Des jeunes femmes, des hommes ? Non, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes peuvent se retrouver dans certaines expériences décrites.

Le fait d’habiter Paris ou Montréal vous permet-il de porter un regard différent sur le Sénégal et sa littérature ? Cela vous influence-t-il en tant qu’écrivaine ? Je me rends compte présentement que j’ai officiellement passé plus d’années de ma

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•••••• Entrevue •••• vie au Canada qu’au Sénégal. Mon regard sur le Sénégal et sa littérature et donc forcément différent. Puis, je ne suis pas sure d’être écrivaine. J’offre surtout des témoignages. Mon regard sur la littérature au Sénégal se forge surtout dans mon rôle de directrice éditoriale dans la start-up (United Press) au sein de laquelle je travaille.

Quel regard portez-vous sur l’immigration ?

Question vaste. L’immigration aujourd’hui n’est plus seulement africaine. La mondialisation économique force les peuples au vivre ensemble et à l’interconnexion. L’autarcie n’est plus possible et les rééquilibrages – comme l’émergence d’anciens pays pauvres pendant que les pays riches sont en crise – nous obligent à réinventer les racines qui ne peuvent plus être uniquement liées à la terre. Nos racines se confondent de plus en plus avec des valeurs et la famille devient de plus en plus toute personne avec qui l’on partage les mêmes valeurs.

Qu’aimez-vous lire?

Les textes qui permettent de mieux connaître l’Humain, son génie, ses faiblesses. Cela peut être un essai, un roman, un conte, un poème… qu’importe la forme que le texte prend.

Quelle est la citation préférée de Ndack ?

« Il faut tout dire pour tout guérir » - Émile Zola

Comment voyez-vous votre avenir dans 20 ans?

Je n’ai pas d’avenir dans 20 ans. L’avenir est à nos enfants.

Avez-vous une muse ou icône dont vous vous inspirez?

J’en ai une multitude. J’ai beaucoup voyagé dans ma vie et dans mes lectures. Et au cours de ces rencontres, j’ai eu la chance d’avoir été marquée par de vrais modèles quand il s’agit d’avoir le sens des valeurs.

Votre dernier mot?

Demain c’est déjà aujourd’hui.

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•••••• Découverte - Ndayane ••••

IL ÉTAIT UNE FOIS, LE VILLAGE OÙ LE CONTE SE JETTE DANS LA RÉALITÉ.

NDAYANE

L’évocation de Ndayane renvoie à « La cuiller sale » de Birago Diop. Son conte populaire a permis d’immortaliser ce village de Lébous dont l’existence ne doit rien à la légende. L’étranger qui s’y rend et s’attend à voir le fantôme de Binta l’orpheline, récurant sa cuiller dans la mer de Ndayane, risque d’y passer une éternité. Hormis les vagues qui viennent se fracasser sur les rochers, le grand bleu n’offre aucun spectacle, si ce n’est le passage des pirogues, voguant vers de lointains ports. Ndayane vit au rythme de la pêche, qui a pris le dessus sur tous les autres secteurs économiques, et sa population, profondément ancrée dans ses racines, conserve encore ses traditions et valeurs ancestrales comme le « ndawrabine », le « goumbé », les régates, la lutte... même si le temps

les a quelque peu modernisés.

Il était une fois... Ndayane

Dans l’imaginaire de beaucoup de Sénégalais, Ndayane est une ville légendaire. Mais ce village lébou est bien réel. Il est immortalisé par Birago Diop dans « La cuiller sale », l’un des 13 contes tiré du recueil « les Nouveaux contes d’Amadou Koumba » qui fait suite aux Contes d’Amadou Koumba ». Ce conte merveilleux et riche en enseignements raconte l’histoire de Binta, une orpheline qui vivait avec sa marâtre, laquelle la maltraitait à longueur de journée. Le décor est campé. Binta était très malheureuse, alors que sa demi-sœur, Penda, se faisait belle et jouait tout le

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•••• Découverte - Ndayane •••••• temps. Un jour, Binta avait oublié de laver une toute petite cuiller en bois (« kôk » en wolof) et quand la femme de son père s’en aperçut, elle entra dans une sainte colère. Après l’avoir maltraité, elle lui dit : « Tu iras laver cette cuiller à la mer de Ndayane.» La mer de Ndayane se trouvait à mille lieues de chez elle et sa marâtre lui avait donné trois jours et trois nuits pour revenir avec une cuiller tout étincelante. Espérant que Binta ne survivrait jamais à ce châtiment qu’elle lui avait infligé, l’orpheline va revenir saine et sauve et comblée de richesses immenses... La suite, tout le monde la connait. Ndayane existe depuis, mais ce village lébou a été immortalisé par Birago Diop. Cependant, l’auteur n’a pas été le seul à avoir construit sa renommée. Ndayane a aussi inspiré Omar Pène, le lead vocal du « Super Diamono », qui lui a consacré une chanson populaire. Cette dernière figurant dans son répertoire depuis plus de 30 ans a été réactualisée au fil des temps. « Khalé ba démone guédjou Ndayane, khol ba n’gué é é é »... (L’enfant qui était parti à la mer de Ndayane, son

cœur est- là)... Ce refrain a fait pleurer du beau monde, tant la chanson était triste. Ndayane n’est pas une ville mythique, parce qu’ayant existé réellement jadis, et n’ayant pas disparu. Ndayane n’est pas un village né de l’imaginaire du conteur. Loin d’être une légende, Ndayane est... une légende vivante. C’est un village lébou situé dans le département de Mbour et coincé entre Toubab Dialao et Popenguine. Avec Popenguine et Popenguine Sérère, Ndayane a été érigé en commune juillet 2008 sous l’appellation de commune de Popenguine- Ndayane.

SENGHOR, BIRAGO ET PENE...

Selon Aliou Ciss, délégué de quartier de Keuri Kaw, le village fut d’abord habité par les Socés, ensuite les Sérères suivis des Lébous. A l’en croire, des vestiges du passé comme des débris de canaris et de vases sont des révélateurs de cette histoire. Cependant, il faut noter qu’une partie des habitants de Ndayane ont des origines sérères. « Le village a connu une

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•••••• Découverte - Ndayane •••• extension ces dernières années. On y recensait 29 concessions après les indépendances. Aujourd’hui, Ndayane est devenu une grande ville. C’est en 1971 que le président Senghor a donné l’autorisation de niveler une partie du village pour faciliter l’habitat aux populations. Le premier lotissement est intervenu en 1976, suivi du second en 1980 », a fait savoir Ablaye Sène, frère du dernier chef de village aujourd’hui décédé.

LE CULTE DU TRAVAIL

« Grâce à Birago Diop, le monde entier connait Ndayane, mais on croyait que c’était une légende. La légende existe bel et bien, mais il faut reconnaitre que Ndayane existe par la légende conçue par Birago Diop et aussi par la réalité », estime Alioune Badara Sène, un natif de Ndayane. D’après cet écrivain et poète, les fils de ce village sont allés à l’aventure dans presque toutes les côtes du monde, mais n’ont pas réussi à propager le nom de Ndayane comme l’a réussi Birago Diop avec son conte. M. Sène se demandant si Birago Diop connaissait réellement Ndayane pour le prendre en exemple. En tout cas, tout porte à

le croire, avance- t-il. « Birago était très proche de Léopold Sédar Senghor. Avant les indépendances, le Sénégal était une colonie française et, à un moment, le gouverneur qu’on envoyait en Afrique de l’Ouest était logé à Popenguine, dans le palais devenu un patrimoine du Sénégal. Senghor, étant député et maire de Thiès, résidait également dans ce même palais. Popenguine étant contigu à Ndayane, il est probable que Senghor qui a préfacé les « Nouveaux Contes d’Amadou Koumba » ait parlé de Ndayane à Birago Diop », explique le poète. Pour ce fils de Ndayane, Omar Pène mérite également des hommages pour avoir chanté leur village et contribué à faire sa popularité. À Ndayane, le travail est un véritable sacerdoce. Les populations ont très tôt compris le message du Prophète Mohamed (Psl) qui a dit : « Vous êtes tous des bergers, et tout berger est responsable de son troupeau ». La volonté et le courage en bandoulière, les Lébous de Ndayane se lèvent tôt et travaillent dur pour se nourrir et nourrir leurs familles. « Le Ndayanois ne connaissent que le travail ; ils

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•••• Découverte - Ndayane •••••• n’attendent jamais les autres. C’est une qualité héritée de leurs grands-parents », fait savoir Alioune Badara Sène. Pendant longtemps, l’économie de ce village était basée sur l’agriculture. Cette activité était le poumon de l’organisation socio-économique de ce village lébou dont les populations s’adonnaient à la culture du mil, du sorgho et de l’arachide qui était commercialisée. La sécheresse va malheureusement briser l’élan de ces vaillants paysans, qui n’avaient d’autres alternatives que de se tourner vers la pêche. Avec la modernisation aidant, cette activité va finir par supplanter l’agriculture, favorisant ainsi une dépaysannisation presque générale. « Nos grands-parents étaient de grands paysans, mais des facteurs comme la sécheresse ont fait que l’agriculture a perdu du terrain au profit de la pêche, qui est devenue le moteur de l’orga-

nisation socio-économique », soutient Aliou Ciss. « Quand vous parcourez le village, vous verrez beaucoup de vieux qui ont été matelots dans leur jeunesse et qui sont aujourd’hui à la retraite. Ils ont fait presque toutes les côtes du monde pour s’adonner à leur activité : la pêche. Cela leur a permis d’entretenir leur famille et de construire des maisons », ajoute M. Sène. Aujourd’hui, le village de Ndayane s’est vidé. L’essor du secteur, par les revenus qu’elle rapporte, a poussé tous les jeunes à migrer vers Guéréo, Joal, Djifère, Kafountine, des zones où la pêche nourrit bien son homme. La flotte des fils de Ndayane est estimée à plus de 400 dans ces centres de pêche. Le hic est que beaucoup d’entre eux se sont sédentarisés et ne rentrent à Ndayane que pendant la fête de Tabaski et autres cérémonies très importantes.

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•••••• Découverte - Ndayane ••••

RITES ET RYTHMES

Quand la mémoire va ramasser son identité

«Q

uand la mémoire va ramasser du bois mort, elle ramène le bois qui lui plaît », avait dit Birago Diop. A Ndayane, la mémoire ramène le trait culturel fondamental ! Reste à convaincre

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•••••• Découverte - Ndayane •••• les autorités. Les traditions se vivent différemment selon les générations, mais elles sont toujours suivies. Que ce soit pour les fêtes traditionnelles, les mariages ou les naissances, dans la vie quotidienne, la culture est présente. Malgré le temps, le « ndawrabine » et le « goumbé », ces danses traditionnelles léboues, les régates et autres séances de lutte qui ont longtemps rythmé la vie de Ndayane, ont réussi à survivre. Et les femmes ont fini de convaincre qu’elles étaient encore les dépositaires des valeurs traditionnelles. Selon Adja Aïssatou Sène, chaque fête est une occasion, pour Ndayane, d’exhiber ses richesses culturelles, de faire découvrir aux autres ses us et coutumes, de montrer sa fierté et son attachement à son passé. « Chaque lendemain de Tabaski est une occasion pour exhumer et faire revivre le patrimoine culturel lébou, à travers l’organisation de séances de « ndawrabine », de « goumbé », de régates », indique-t- elle. Pour ces grands moments, explique Ndèye Yacine Diouf, les femmes s’habillent en tenue

traditionnelle, composée de grands boubous et de pagnes. Elles portent des babouches et de jolis colliers en perles au cou. La tête bien ornée, le visage bien maquillé et un cure-dent à la bouche, elles se laissent aller à de belles chorégraphies. « Ndayane a une richesse culturelle par ses origines sérères et son devenu lébou. Le Lébou chante et danse. Le « ndawrabine » et le « goumbé » font partie de notre patrimoine. La danse léboue est gracieuse, et nous en sommes très fiers », relève Alioune Badara Sène. Comme dans tout village fortement ancré dans ses traditions, il existe plusieurs événements à Ndayane qui ont un caractère rituel ou populaire célébrant le bonheur, le malheur, les funérailles, la bonne récolte, la danse des masques, la bonne pluviométrie, etc. « Les cérémonies et rites sont accompagnés par des chants, même si certaines pratiques sont aujourd’hui révolues », indique Mme Diouf. Aussi, le tatouage de la gencive ou des lèvres était très important dans les temps. C’était un moment pour tester le courage des filles ; même si, aujourd’hui, c’est révolu.

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•••• Découverte - Ndayane ••••••

SOCIABILITE ET SOLIDARITE

Les secrets

du mariage et de la cola

L

a notion de solidarité a toujours été au cœur du système social traditionnel des Lebou de Ndayane. Qu’il s’agisse d’un évènement heureux ou malheureux. « La solidarité est toujours pratiquée chez nous, à Ndayane. Nous sommes tous d’une seule et même famille. On a donc besoin les uns des autres pour partager les bons et mauvais moments de la vie », soutient Yacine Diouf. A son avis, la solidarité n’a pas de frontière et s’exerce en priorité entre voisins. « Quand un décès survenait, la famille attristée recevait des hôtes venus de partout et les nourrissait pendant quarante jours. Mais, dans ces moments difficiles, ils n’étaient jamais seuls. Chaque habitant apportait un présent : sucre, café, lait, pain, riz, chacun selon ses moyens », indique Ndèye Yacine Diouf. Aujourd’hui, beaucoup de pratiques qui ont rythmé la vie des Ndayanois ont disparu. C’est le cas du « Ngomar » qui consistait, selon Ndèye Yacine Diouf, à festoyer pendant un mois pour préparer le mariage d’une fille du village. « Avant, la bonté et la générosité d’une jeune fille mariée se mesuraient par le nombre de pagnes que l’on nouait de maison en maison jusqu’à son domicile. Dans chaque maison, on sortait un pagne que l’on rattachait d’un bout à l’autre, Senegal Njaay N° 10 - Mars 2016 - www.senegal-njaay.com

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•••••• Découverte - Ndayane •••• même si la distance devait faire dix kilomètres. Quand la fille était d’un mauvais caractère, elle ne bénéficiait pas de cet honneur. C’était un symbole de reconnaissance », racontet-elle. En revanche, le partage de la noix de cola entre les personnes âgées est toujours de rigueur. « Jusqu’à présent, cette pratique s’exerce à Ndayane. Il arrive qu’une personne aille d’un bout du village à l’autre pour amener un quartier de cola à un oncle, une tante ou un grand-père. Cela permet de raffermir les liens », fait savoir Ndèye Yacine Diouf. À Ndayane, le mariage est plus que sacré. À l’heure où la

transmission des valeurs entre mères et filles est devenue de plus en plus difficile, les femmes de ce village ne plaisantent guère avec les règles de bienséance qui régissent la vie en société. «Les parents ont le devoir d’enseigner les bonnes manières à leurs enfants, notamment les règles de la politesse, de l’honnêteté, le respect d’autrui, le sens de la famille, le goût du travail, le courage, la tolérance, le respect, la générosité, la foi en Dieu, la loyauté», rappelle Ndèye Yacine Diouf. Selon elle, la femme est l’âme de la maison, celle qui crée l’atmosphère.

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•••• Science ••••••

e

La

m fem

un être fascinant

L

’appareil sexuel féminin se compose des organes sexuels externes et internes. L’organe sexuel externe est également appelé «vulve». Il comprend les grandes lèvres, les petites lèvres et le clitoris. Les grandes lèvres sont des replis cutanés potelés et recouverts de poils. Elles entourent les petites lèvres qui recouvrent les orifices du vagin et de l’urètre (méat urinaire). Les petites lèvres se rejoignent à l’avant au niveau du clitoris. Celui-ci joue un rôle important dans l’excitation sexuelle et l’orgasme de la

femme. Entre les petites lèvres se trouve l’entrée du vagin. Les organes génitaux internes se composent du vagin, de l’utérus (appelé aussi matrice), des trompes de Fallope et des ovaires. Le vagin mesure environ dix centimètres. Il est constitué de tissu musculaire très élastique et sa surface intérieure est revêtue d’une muqueuse humide et plissée. Lors de l’excitation sexuelle, la circulation sanguine augmente dans le vagin et les parois vaginales deviennent humides. Pendant l’orgasme, les muscles

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•••••• Science •••• du vagin et du plancher pelvien se contractent conjointement. L’utérus a une taille et une forme similaires à celles d’une poire. La paroi de l’utérus est constituée d’une couche musculaire résistante et sa surface interne est revêtue d’une muqueuse appelée endomètre. La partie supérieure plus épaisse constitue le corps de l’utérus; de chaque côté s’abouchent l’une des deux trompes de Fallope. La partie inférieure, plus étroite, est appelée col de l’utérus ou cervix. Elle s’insère dans le vagin comme un bouchon. Les glandes du col de l’utérus produisent une sécrétion claire, transparente et la plupart du temps épaisse: la glaire cervicale. Celle-ci se modifie au cours du cycle menstruel. Au moment de l’ovulation, la sécrétion est fluide. Ceci permet aux spermatozoïdes du partenaire de pénétrer librement dans l’utérus par le col – lorsqu’il n’y a pas de barrière contraceptive. Avant et après l’ovulation, la glaire cervicale est épaisse et ainsi presque infranchissable pour les spermatozoïdes. Le nombre d’ovocytes dans les ovaires diminue sans cesse de la naissance à la puberté. Ainsi, il ne reste au moment de la puberté qu’environ 400’000 ovocytes. La puberté amorce la sécrétion cyclique des hormones sexuelles qui commandent la maturation de follicules ovariens. Les ovocytes sont alors «en attente», disponibles chaque mois. Ils ne sont toutefois qu’environ 400 à atteindre leur pleine maturité durant la vie d’une femme. Chaque ovocyte (ovule) est alors entouré d’une couronne de cellules, à l’intérieur d’un «follicule» rempli de liquide. Senegal Njaay N° 10 - Mars 2016 - www.senegal-njaay.com


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•••••• Science ••••

Approche du développement de l’enfant selon Sigmund Freud Senegal Njaay N° 10 - Mars 2016 - www.senegal-njaay.com


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ans sa conception psychanalytique de l’esprit humain, Freud reconnaît très tôt l’existence de périodes charnières dans le développement de l’enfant, et de stades de développement quasi-invariants au cours desquelles des processus spécifiques ont lieu, des mécanismes psychiques particuliers se mettent en place. Il évoque à ce titre, l’existence de stades libidinaux. Selon lui, à la naissance, le système nerveux du bébé n’est pas arrivé à maturation, et l’on retrouve cette absence de maturation au niveau de l’appareil psychique : celui-ci est constitué en totalité du ça, le nourrisson évolue sur un mode relativement peu conscient de l’environnement, bien que, dès la naissance, des interactions entre eux s’opèrent. Le Moi se crée progressivement et s’organise, la personnalité se constitue au fur et à mesure des contacts. Freud déduit par ailleurs de son expérience avec les adultes que les conflits proviennent majoritairement de l’enfance. Il parle alors de pré-génitalité : des pulsions sexuelles non satisfaites étant enfant, se manifestent à l’âge adulte, notamment sous forme symptomatique. C’est d’ailleurs très tôt dans l’enfance que des mécanismes de défense comme le refoulement se mettent en place.

risent par la modification de la source des pulsions principales : par exemple, au stade oral, l’enfant a des pulsions buccales liées à la fonction vitale de nutrition. La succion est alors le premier acte sexuel. Les différents stades ne se succèdent pas directement, mais se chevauchent. Un stade possède un objet, une source (zone érogène), et un but dont les moyens pour l’atteindre changent. Si un stade particulier a été le théâtre de nombreux ou intenses conflits, le stade précédent, qui apportait réconfort et sécurité, a certainement fait l’objet d’une fixation. Les fixations peuvent alors se retrouver dans la suite du développement, lorsque l’adulte face à une situation qui le dépasse, lors d’un excès de frustration, entre en régression vers un stade (préférentiellement, un stade auparavant fixé). La théorie freudienne considère 4 grandes étapes de développement lors de la petite enfance, de 0 à environ 6 ans.

Les différents stades de développement se caracté-

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Stade oral

De 0 à 12 mois, l’objet de la pulsion est le sein maternel : du besoin, l’enfant passe au plaisir de téter. Abraham distingue deux sous-stades : Le stade oral primitif, durant lequel l’enfant ne fait pas de différence entre lui


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et le monde extérieur, de 0 à 6 mois. Le stade sadique oral, de 6 à 12 mois, il prend plaisir à mordre, a des fantasmes d’incorporation.

Stade anal

De 1 à 3 ans, c’est le début de l’acquisition de la propreté, du contrôle sphinctérien. L’objet de la pulsion est la matière fécale : l’enfant apprend qu’il peut faire plaisir à sa mère. Encore une fois, Abraham distingue : Le stade sadique anal : l’enfant prend du plaisir à l’expulsion des matières fécales. Le stade anal de rétention : c’est le premier refus, la première opposition au désir de la mère. L’enfant se retient parfois volontairement, c’est à cette période que l’enfant apprend et abuse du pouvoir de dire «non» en toute conscience des implications.

Stade phallique

Le stade phallique apparaît entre 2 et 4 ans : la zone érogène s’oriente vers les organes génitaux, l’objet de la pulsion est le pénis du garçon. Les conduites masturbatoires de l’enfant entraîne la satisfaction, la curiosité sexuelle conduit à la découverte de la différence des sexes. Ici apparaît souvent le déni de la castration, le fantasme de la scène primitive. Le pénis est considéré comme un objet de puissance. Se créé alors chez l’enfant, aussi bien la fille que le garçon, une angoisse de la castration en lien avec le complexe d’Œdipe.

Complexe d’Œdipe et période de latence

Le complexe d’Œdipe se crée de 5 à 6 ans, il n y a pas de réels changements dans le stade phallique, si ce n’est que l’objet de la pulsion n’est plus le pénis, mais le parent de sexe opposé, même si le premier objet d’amour est souvent la mère. Son déclin signe l’apparition du SurMoi et l’intériorisation des interdits. Suit alors une période de latence, durant laquelle les pulsions se manifestent de moins en moins, elles sont souvent détournées ou sublimées, et les pulsions trouvent donc de nombreux nouveaux buts. L’enfant veut ressembler à d’autres, d’où un élargissement des identifications. Il s’intéresse à des choses plus concrètes. Le Moi et le SurMoi se renforcent.

Adolescence

En période de préadolescence, toutes les pulsions sexuelles réapparaissent avec la puberté. L’adolescent produit des crises narcissiques, il a des problèmes d’identité. Il cherche un nouvel objet d’amour, extérieur cette fois-ci au cercle familial. C’est une période d’oscillation constante entre un rejet de la famille mais une volonté de leur amour, qui rend l’adolescence chaotique. Les pulsions peuvent être détournées ou refoulées : l’adolescent, par exemple, se refuse à tout plaisir physique parfois (ascétisme), il a besoin de spiritualité.

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