Vie en montagne – hiver/printemps 2023-24

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VIE EN MONTAGNE PAR MOUNTAIN LIFE

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TABLE des MATIÈRES

À L’AVANT-PLAN p.15

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Édito : Réinventer l'aventure

p.16

Le poids de la légèreté

p.21

Parc des Hautes-Gorges : la crème de la glace

p.23

Skier sans neige

p.26

Givrée

p.29

Chasser le vent


RUBRIQUES

EN POINT DE MIRE

p.47

Artiste : Kel Tech, des sacs faits maison

p.33 Projet Uapishka : rencontre en territoire innu

p.49

Lecture : 234 jours

p.54 Nous avons tous besoin les uns des autres

p.66

Pensée : Se réinventer par l'aventure

p.68

Galerie photos

SUR CETTE PAGE Littoral de Rimouski en début d’hiver, avec vue sur les montagnes du Bic. JEAN-CHRISTOPHE LEMAY EN PAGE COUVERTURE Journée glaciale et venteuse à la chute Montmorency, à Québec, où la grimpeuse Nathalie Fortin s'attaque à la voie Pilier de Crystal WI4+. OLIVIER DUMAS

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LE SAVEZ-VOUS?

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VIE EN MONTAGNE ÉDITEURS ET VENTES Ludovic Légaré Glen Harris Jon Burak Todd Lawson

ludovic@mountainlifemedia.ca glen@mountainlifemedia.ca jon@mountainlifemedia.ca todd@mountainlifemedia.ca

RÉDACTRICE EN CHEF Frédérique Sauvée

frederique@mountainlifemedia.ca

DIRECTRICE DE CRÉATION ET DE PRODUCTION, DESIGNER Amélie Légaré-Laganière amelie@mountainlifemedia.ca

DIRECTEUR DE LA PHOTOGRAPHIE Alain Denis

alain@mountainlifemedia.ca

TRADUCTRICE VERS LE FRANÇAIS ET RÉVISEURE Diane Langlois

dianel@mountainlifemedia.ca

DIRECTRICE DU MARKETING & DIGITAL Sarah Bulford

sarah@mountainlifemedia.ca

ÉDITEUR WEB Ned Morgan

ned@mountainlifemedia.ca

CONTRÔLEUR FINANCIER Krista Currie

krista@mountainlifemedia.ca

DIRECTEUR DE LA DISTRIBUTION Marc Allard

COLLABORATEURS Expédition AKOR, Maxime Bilodeau, Alain Blanchette, Anne Marie Brassard, Kelsey Deer, Alain Denis, Étienne Dionne, Olivier Dumas, Sophie Lachance, Marie France L'Ecuyer, Maxime Légaré-Vezina, JC Lemay, Isabelle Michaud, Sean Mollitt, Marie Moose, Yanick Nolet, Peter Oliver, Caroline Ouellet, Louise Philipovitch, Nelson Rioux, David Savoie, Kristin Schnelten, Jennifer Smith, Nicholas Spooner-Rodie, Dianne Whelan. Publié par Mountain Life Publishing Inc, Copyright ©2024. Tous droits réservés. Toute reproduction sans autorisation est interdite. Numéro de convention de la Poste-publications 40026703. Retourner les adresses canadiennes non livrables à : Mountain Life Magazine, CP 586, Thornbury, ON, N0H 2P0 Toute reproduction en tout ou en partie est strictement interdite. Les opinions exprimées ici sont celles de l'auteur exclusivement. Pour en savoir plus sur Mountain Life, visitez mountainlifemedia.ca. Pour distribuer Vie en montagne dans votre magasin, veuillez composer le 819-216-5312.

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NOTRE ENGAGEMENT ENVERS L’ENVIRONNEMENT Vie en montagne est imprimé sur du papier composé de matériaux issus de forêts bien gérées certifiées FSC® et d’autres sources contrôlées. Vie en montagne souscrit aussi au programme PrintReleaf qui mesure la consommation de papier et la convertit en nombre d’arbres utilisés. Ainsi, 90 arbres seront plantés, soit l'équivalent de ceux consommés pour l'impression de ce magazine.

ÉCRITURE INCLUSIVE Par souci de facilité et de fluidité de lecture des articles, l'équipe éditoriale de Vie en montagne a choisi de ne pas utiliser le style d'écriture inclusive dans cette édition du magazine. La neutralité des genres a toutefois été privilégiée autant que possible. Une partie des recettes est versée à

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ÉDITORIAL

RÉINVENTER L’AVENTURE mots :: Frédérique Sauvée Ce n’est pas toujours en gravissant des sommets ou en explorant des contrées lointaines qu’on se définit en tant qu’aventurier. On peut redéfinir les contours de l’aventure à deux pas de la maison, dans sa cour arrière, en explorant son territoire à travers des modes de déplacement alternatifs. Pourquoi ne pas sillonner son propre pays, un pas à la fois, comme Dianne Whelan l’a fait pendant six années sur le Sentier transcanadien (page 54) ? Ou repousser ses limites physiques et mentales comme Louise Philipovitch, malgré des conditions hivernales extrêmes (page 26) ? Et si on essayait un jour le snowkite (page 29) ou l’escalade de glace (page 20) ? Moi-même, je ne pensais pas qu’après une trentaine d’années à jouer dehors quotidiennement et plus de dix ans à exercer un métier qui demande de tester un tas de sports différents, je pourrais finalement expérimenter l’aventure sous une nouvelle facette, dans un spectre encore plus large. Ce spectre, c’est celui du ski de randonnée nordique. Certains me diront que cette discipline existe depuis des lustres au Québec, mais je n’avais encore jamais eu l’occasion de l’essayer. L’hiver dernier, c’est donc avec curiosité que j’ai chaussé ces skis hybrides,

Mont Ernest-Laforce dans le parc national de la Gaspésie.

ISABELLE MICHAUD

entre des skis de fond et des skis de poudreuse, dotés d’une peau d’ascension intégrée. Je me suis dirigée vers un sentier étroit et sinueux du parc national de la Gaspésie et j’ai créé la première trace dans une poudreuse épaisse laissée par une impressionnante tempête de janvier. Le but était de rallier un refuge le soir même, puis un deuxième refuge le lendemain, et ainsi de suite pendant une petite semaine dans le fin fond des bois. Oui, on peut emprunter des itinéraires comparables en raquettes. Oui, on peut avoir une plus grande poussée d’adrénaline en skiant sur les pentes des Chic-Chocs voisines, mais pour moi, ça m’a apporté une nouvelle vision de l’exploration. De nouvelles sensations de glisse trippantes, malgré le manque de maîtrise, de nouveaux défis d’équilibre, d’orientation et d’endurance, un nouveau rythme, à mi-chemin entre la randonnée et les sports de glisse, et une nouvelle perspective sur ce territoire qui s’est laissé découvrir en profondeur. Bref, j’ai réinventé ma propre définition de l’aventure et je n’ai qu’une hâte, à l’aube de la saison hivernale, c’est de l’inscrire officiellement dans mon dictionnaire d’expériences de vie. Et vous, quelle est votre définition de l’aventure ? –Frédérique Sauvée, rédactrice en chef 15


À L’AVANT-PLAN

Le poids de la

légèreté

Sacha Bertrand-Roy dans les Chic-Chocs, Gaspésie.

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JEAN-CHRISTOPHE LEMAY


Lorsque Roald Amundsen s’est attaqué au pôle Sud au début du XXe siècle, il a fait preuve d’innovation pour garantir la rapidité et l’efficacité de son périple. Le poids et l’encombrement, a-t-il déterminé, seraient ses ennemis, ralentissant inévitablement la progression et mettant en danger son équipe. Il a alors cherché tous les moyens possibles pour réduire le poids total de l’expédition de tous les kilos superflus. Il a renoncé, par exemple, aux vêtements en laine, au profit de manteaux plus légers et plus fins, en peaux d’animaux. Il a choisi un réchaud de 1,1 kg plutôt que le modèle plus lourd généralement utilisé lors des expéditions polaires à l’époque. Il est impossible de déterminer dans quelle mesure le minimalisme d’Amundsen a contribué à son succès en tant que premier homme à atteindre le pôle Sud en 1911, mais il est clair qu’il a contribué à populariser un principe fondateur qui continue de révolutionner l’aventure et les sports modernes : plus c’est léger, mieux c’est. Amundsen aurait difficilement pu imaginer où la recherche de la légèreté mènerait plus d’un siècle plus tard : les skieurs de fond peuvent désormais utiliser des bâtons pesant moins de 300 g la paire. Quand on pense au nombre de coups de bâtons donnés lors d’une sortie de 10 km, par exemple, la réduction de poids s’additionne, littéralement. Des randonneurs portant des sacs à dos de moins d’un kilo et des tentes de moins d’un demi-kilo sont désormais capables de parcourir en moyenne 40 km par jour sur les 3 500 km du sentier des Appalaches, dans l’est des États-Unis. Tout cela a été rendu possible par l’apparition, au fil des ans, de matériaux plus légers et plus résistants – nylon, titane, aluminium, Kevlar, fibre de carbone, etc. – qui ont rendu obsolètes des matériaux tels que la laine, le bois, le cuir, l’acier et même les peaux d’animaux. Les équipements sont devenus si légers que le terme « léger » n’est même plus suffisant pour les décrire. Les termes « ultraléger » et « hyperléger » sont désormais courants dans le langage des équipements de sport. Lorsque des matériaux plus légers sont entrés en jeu, le scepticisme s’est souvent installé, suivi d’une lente acceptation. Une hypothèse courante – et fausse – est que la légèreté se paie par une perte de solidité et de fiabilité. Ce n’est pas le cas : les skieurs alpinistes utilisent généralement des chaussures, souvent en fibre de carbone, qui pèsent moins de 1,5 kg la paire, soit environ la moitié du poids des chaussures de ski alpin normales. Ces chaussures plus légères permettent d’accélérer la vitesse en montée, tout en restant suffisamment solides et rigides pour assurer la stabilité et le contrôle en descente. La vie des grimpeurs de roche et de glace dépend des cordes qu’ils utilisent. Il est donc compréhensible qu’ils se méfient des cordes fabriquées dans des matériaux légers et apparemment peu résistants. Pourtant, les cordes incorporant la fibre synthétique Kevlar, dont le rapport poids-résistance à la traction est cinq fois supérieur à celui de l’acier, sont non seulement plus légères, mais aussi plus résistantes, ce qui améliore la vitesse et l’agilité des grimpeurs. Les matériaux légers ont permis de réaliser des exploits sportifs et aventureux autrefois considérés comme inconcevables. Un exemple : avec des coques en fibre de carbone et des ailes en Kevlar pour les voiles, les bateaux de la Coupe de l’America sont littéralement plus rapides que le vent, s’élevant sur des ailes portantes (hydrofoil) au-dessus de la surface de l’eau à des vitesses avoisinant les 100 km/h. Le monde de l’aventure est devenu plus léger, et c’est tant mieux. – Peter Oliver 17


DANS LES COULISSES

Entre deux saisons mots et photo :: Alain Denis Lieu :: Parc du Mont Loup-Garou, Laurentides Cycliste :: Addison Zawade @Trees Mountain Apparel Les belles couleurs d'automne ont disparu, soufflées par le vent qui a dénudé la forêt. Déjà, les premiers flocons de neige prennent le relais des dernières feuilles pour recouvrir les sentiers. Tandis que certains ressentent la nostalgie de l'été passé, beaucoup d'entre nous s'enthousiasment plutôt lorsque la nature déroule le tapis blanc. La saison du fatbike arrive à grands pas, mais il est encore temps, lorsque les conditions sont réunies, pour réaliser une dernière sortie en vélo de montagne. En novembre dernier, quelques jours seulement avant d'envoyer ce magazine sous presse, notre directeur photo de talent, Alain Denis, est allé capturer ce régal d'entre-saison au parc du Mont Loup-Garou, dans les Laurentides. On voit ici le cycliste professionnel Addison Zawade dans le sentier Gyromitre lors d'une dernière sortie en vélo de montagne avant de changer sa monture pour une aux pneus surdimensionnés.

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À L’AVANT-PLAN

Parc des Hautes-Gorges : la crème de la glace Jamais le parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie n‘a été aussi populaire parmi les adeptes d’escalade de glace. Surtout depuis que l’accès à ses parois est beaucoup plus facile. Un changement qui vient avec des avantages, mais aussi des inconvénients.

mots :: David Savoie Guide et grimpeur de glace, Stas Baskin a piqué ses piolets dans de nombreux coins froids de la planète. Le parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie lui semble un terrain de jeu particulièrement intéressant, parce que « les murs sont grands, la saison est longue et l’approche est courte », explique le guide. « Les gens ne réalisent pas ce qu’ils ont dans leur cour arrière ! » Ce parc de la région de Charlevoix n’a rien à envier aux sites de l’Ouest canadien. Les adjectifs « majestueux » et « unique » reviennent souvent pour décrire l’endroit. Cascades et chemins de gel abondent dans le parc, et tout le potentiel d’escalade de glace est loin d’être exploité. Le tout presque sans risques d’avalanche, contrairement aux Rocheuses. « C’est peut-être le secret le mieux gardé au Canada », croit Stas Baskin. Le site charlevoisien était déjà bien connu des glaciéristes, avec des voies ultra classiques comme La Pomme d’or et La Loutre. Mais il y a encore quelques années, pour accéder aux piliers de glace, il fallait une sacrée volonté et une bonne endurance, puisqu’il fallait parcourir une trentaine de kilomètres en skis ou en raquettes afin de se rendre au pied des parois. Louis-Philippe Ménard s’en souvient. Celui qui grimpe sur la glace au Québec depuis près de 30 ans a réalisé plusieurs fois cette approche épique pour se rendre aux voies classiques. « Quand tu allais faire La Pomme d’or, il s’agissait d’une fin de semaine d’expédition », se souvient-il. Et cela nécessitait entre autres de faire du camping d’hiver. Aujourd’hui, un accès plus rapide est venu changer la dynamique pour les grimpeurs sur glace. Le chemin est déneigé depuis 2019, une information qui s’est diffusée lentement mais sûrement parmi la communauté de grimpeurs aux piolets affûtés. « On dirait que c’est arrivé un peu à retardement », note Louis-Philippe Ménard. Le site a connu une popularité fulgurante qui s’est manifestée durant la dernière saison, si bien que plusieurs cordées voulaient faire la même voie la même journée. Cette nouvelle affluence pourrait d’ailleurs forcer les grimpeurs à instaurer un meilleur système de communication. Plusieurs glaciéristes, comme Stas Baskin, voudraient voir davantage de développement dans la vallée. Si l’escalade de glace est une discipline endossée par la Sépaq, qui gère le parc, l’engouement pour ses parois hivernales se heurte cependant à des difficultés. L’administration du parc n’est pas fermée au développement de la pratique. Mais « ce n’est pas nous qui allons faire des efforts pour augmenter l’offre d’escalade de glace dans le parc », prévient André Rouleau, directeur des parcs nationaux des Hautes-Gorges et des Grands-Jardins. Historiquement, au Québec, les parcs nationaux ne sont pas impliqués dans le développement de l’escalade, que ce soit sur roche ou sur glace. « Je ne suis pas fermé à cette idée, mais il faudra qu’il y ait un projet solide qui nous soit présenté », explique le directeur du parc. Et il y a toute la question de la sécurité, très délicate en ce qui concerne cette activité. Ainsi, une évacuation de grimpeurs sur des terrains accidentés et reculés, par temps froid, serait complexe, estime André Rouleau, et plusieurs organisations, comme la MRC, devraient être mises à contribution. Pour Stas Baskin, il est clair que des grimpeurs de partout dans le monde afflueraient s’ils savaient tout ce que recèle le parc des Hautes-Gorges. Une histoire à suivre, donc.

Le grimpeur Yan Mongrain sur la voie de la Pomme d’Or W15+, 330 mètres, 5ème longueur, dans le parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie.

NELSON RIOUX

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À L’AVANT-PLAN

Skier sans neige mots :: Maxime Bilodeau Les pentes de ski artificielles font tranquillement leur apparition au Québec. Un phénomène qui n’est pas étranger aux changements climatiques. L’effet est bluffant : on croit skier sur une piste fraîchement damée. Nous dévalons pourtant une pente composée de milliers de petits poils de plastique arrosés par Francis-Olivier Jutras, ou F.-O. pour les intimes. Le propriétaire du centre multisports Adrénaline Urbaine, à Trois-Rivières, nous explique que ces jets d’eau sont nécessaires pour assurer la lubrification de la surface synthétique. « C’est ce qui permet d’obtenir une sensation similaire à celle de glisser sur de la vraie neige », explique-t-il avec son boyau d’arrosage à la main. Le mois d’août commence à peine. L’été bat encore son plein. Ce parc de descente acrobatique (snowpark) a été aménagé en 2022 sur le toit d’Adrénaline Urbaine, situé à un jet de pierre du pont Laviolette. En outre de la pente inclinée à 11,5 degrés, on y trouve une remontée mécanique électrique ainsi que plusieurs modules, comme des sauts et des rampes. Le but : rendre possible la pratique

de sports de glisse 365 jours par année. « On s’entend que seuls les véritables passionnés font de la planche à neige à 30 °C, précise F.-O. Nous visons surtout les skieurs et planchistes qui veulent allonger leur saison sur les pentes. » À l’autre bout de la 40, une autre entreprise mise aussi sur le ski en toutes saisons. Le centre de ski intérieur Préski, qui a ouvert ses portes en juin dernier dans le centre commercial Fleur de Lys, dispose de deux immenses tapis roulants humides et inclinés sur lesquels ancrer les carres à l’infini. « On se voit comme un complément à la montagne plutôt qu’un remplacement, précise d’emblée Loïc GuyotMessier, copropriétaire de Préski. Les gens viennent nous visiter pour se préparer à la saison à venir, de manière à en profiter au maximum une fois sur les planches. » À l’heure du dérèglement climatique, de telles initiatives sont appelées à se multiplier. Au Québec, les saisons de ski fondront comme neige au soleil d’ici 2050, lit-on dans une analyse économique réalisée par le consortium de recherche sur la climatologie Ouranos en 2019. Retard du début de la saison de 7 à 10 jours, réduction de 10 à 20 jours d’exploitation et diminution du

MAXIME BILODEAU

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« On se voit comme un complément à la montagne plutôt qu'un remplacement. » – Loïc Guyot-Messier

ADRÉNALINE URBAINE

domaine skiable de 20 à 30 % sont quelques-uns des scénarios plus que plausibles. Les stations du sud de la province pourront cependant continuer leurs activités pendant plus de 100 jours par hiver. Les Ski Bromont, Mont Sutton et autres Mont Orford de ce monde devront composer avec cette nouvelle réalité. L’une des stratégies consiste justement à « répartir les risques climatiques sur les quatre saisons », notent les auteurs, qui ne font toutefois pas mention des pistes de ski sèches dans leur rapport. Quand on se compare, on se console : une étude scientifique parue l’été dernier dans la revue savante Nature Climate Change conclut que la crise climatique confronte la quasi-totalité des stations de ski en Europe à un risque très élevé de pénuries de neige. « Le ski alpin fait partie de l’identité québécoise, au même titre que le hockey. Préski s’inscrit dans le registre des solutions pour sauvegarder cette tradition », croit fermement Loïc Guyot-Messier. Et

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ne lui dites surtout pas que son projet constitue une forme de fuite en avant. Au contraire, il participe à diminuer l’empreinte carbone des skieurs et des planchistes. « Nous nous substituons aux séjours de début de saison dans l’hémisphère Sud. Les athlètes peuvent désormais participer à des camps d’entraînement au Québec, sans prendre l’avion », fait-il valoir. Et puis, il y a les néophytes. Skier sans neige pourrait représenter une porte d’entrée vers le sport – et susciter des passions. L’accès libre au snowpark d’Adrénaline Urbaine coûte en effet la modique somme de 25 $. La facture est à peine plus salée pour un cours semi-privé ou privé. « Les débutants ont tout à gagner à venir nous visiter, ne serait-ce que pour voir s’ils aiment l’activité », nous lance F.-O., entre deux descentes. Un pari peu risqué : la passion de la glisse demeure contagieuse, sur de l’or blanc comme sur un tapis synthétique.


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À L’AVANT-PLAN

GIVRÉE

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mots et illustration :: Louise Philipovitch

couches de vêtements, mais le vent s’infiltre partout et j’ai froid. Le tracé quitte les plaines agricoles pour s’enfoncer dans la La Wendigo Fatbike Ultra est une épreuve de fatbike dans la vallée forêt profonde et silencieuse. Mes lumières me permettent tout de l’Outaouais. Mais pas n’importe quelle épreuve ; il s’agit de juste d’éclairer les quelques mètres devant moi, et je distingue les parcourir 200 km le plus rapidement possible. Pourquoi ai-je voulu y silhouettes des sapins m’entourant se découper dans l’obscurité. participer en février dernier ? Pour me mesurer à d’autres crinqués J’entre dans un état de transe, hypnotisée par le faisceau de ma d’ultradistance, mais surtout, pour me mesurer à moi-même dans lampe qui se réverbère sur le sol blanc. Je me parle à voix haute pour une expérience où les températures sont glaciales. C’est bien l’une lutter contre le sommeil. des meilleures manières de vivre le froid hivernal si typique de notre Soudain, j’aperçois des ouvriers au loin sur le bord de la piste, côte Est canadienne, vous ne trouvez pas ? ma frontale éclairant leurs gilets réfléchissants. Miracle ! Enfin des personnes à qui je vais pouvoir parler pour me sortir de ma Wendigo. Ce nom est tiré d’une légende anishinabe. Désignant une somnolence. Je pédale plus vite, dans ma hâte d’arriver à leur créature anthropophage, il évoque aussi le froid, l’hiver et la solitude. hauteur. Mais plus je m’approche et plus je réalise que quelque Un vocable qui donne rapidement une idée de ce qui m’attend lors chose cloche. Je les vois pelleter et, pourtant, tout est parfaitement de cette course ! Ce sont ces conditions parfois extrêmes qui m’ont silencieux. Puis je comprends. Ce ne sont pas des ouvriers en incitée à m’inscrire, afin de vivre véritablement l’hiver. mouvement que je vois, mais de simples panneaux de signalisation Au petit matin du 25 février, par -26 °C, me voici sur la ligne de parfaitement statiques… J’ai vécu ce que beaucoup de personnes départ. Nous sommes seulement vivent dans un ultradistance à cinq participants inscrits à vélo : des hallucinations. l’épreuve de 200 km, et je suis la « J’entre dans un état de transe, hypnotisée Déçue, mais amusée par la seule femme. situation, je continue mon par le faisceau de ma lampe qui se Dès les premiers coups de chemin. réverbère sur le sol blanc. Je me parle à pédale, l’appréhension fait place Afin de ne pas m’endormir, je à une délicieuse fébrilité. Nous profite du décalage horaire pour voix haute pour lutter contre le sommeil. » suivons des pistes de motoneige, appeler mes parents en France. ces grandes lignes droites qui Cela donnera lieu à un appel découpent les plaines agricoles et les forêts. Le soleil rougeoyant se assez mémorable. Eux, ils sont bien au chaud, un dimanche matin, diffuse à travers la brume et se reflète sur les nuages épars, irradiant en train de préparer le café tout en mangeant des tartines, et moi, le ciel de mille feux. je suis seule et épuisée au milieu d’une forêt ontarienne avec des J’avance à un bon rythme et ne rencontre aucune difficulté kilomètres de pistes rectilignes à parcourir dans un froid terrible. durant les 100 premiers kilomètres. J’aimerais pouvoir dire que mes Le décor change à l’approche d’une zone urbaine. À pensées sont élevées et poétiques dans un moment pareil, mais l’intersection d’une grande route, je distingue une voiture stationnée je pense surtout à la prochaine collation. Les heures s’égrènent au en travers de la piste, feux allumés, une silhouette est immobile rythme des barres énergétiques à moitié gelées. devant l’auto. Il est 3 h du matin et je n’arrive pas à trouver une J’ai parcouru environ 120 km lorsque le soleil commence à bonne raison qui expliquerait la présence de cette personne à ce décliner. Il teinte les collines d’une lumière orangée qui vient sublimer moment. Je commence à me faire plusieurs scénarios peu rassurants les paysages. Les pistes de motoneige croisent plusieurs routes. C’est et je m’arrête le temps d’analyser la situation. J’essaie de trouver à l’une de ces intersections que mon conjoint me surprend : il a pu un autre chemin par lequel passer, mais je suis coincée. J’avance me localiser grâce à ma balise GPS et il arrive juste à temps pour me donc, prête à toute éventualité. Alors que j’approche, je reconnais donner un baiser. Je repars souriante et pleine de motivation. Je ne finalement mon ami Henri Do. Quelques heures plus tôt, il a terminé savais pas alors que la partie la plus difficile commençait pour moi. le premier cette course et voulait me retrouver pour me remonter le Toutes les motoneiges passées dans la journée ont ramolli la moral. De son côté, il ne comprenait pas ce que je faisais, immobile piste. Mes pneus s’enfoncent, l’effort devient plus intense alors que à une centaine de mètres de lui. Nous rions tous les deux de la mon rythme ralentit. La nuit s’installe, les températures chutent et situation, et après une accolade réconfortante, je repars. un vent glacial se lève. Je m’arrête brièvement pour enfiler toutes les Heureusement pour moi, le reste du parcours a été damé. Je couches supplémentaires qu’il me reste. suis surprise de sentir que j’ai encore de la force dans les jambes pour Moment salvateur aux trois quarts du parcours : j’arrive dans accélérer, maintenant que la neige est plus dure. Je me hâte d’arriver un village, dernier lieu où je peux trouver un dépanneur ouvert. Je à Cobden, où l’organisateur, Cameron Dube, et mon conjoint, Justin, suis transie de froid, la peau du visage brûlée, mais déterminée à m’attendent. Il m’aura fallu 23 heures, beaucoup de volonté et ce que mon arrêt soit court et efficace. Assise à même le sol dans énormément de barres énergétiques pour venir à bout de ces 200 km la petite épicerie, je mets de nouvelles semelles chauffantes dans dans des conditions de neige difficiles. mes chaussures tout en dévorant un burger. Je remarque quelques Cette expérience qui peut sembler extrême requiert regards intrigués. Vu mon apparence, je peux comprendre ! indéniablement de la préparation, mais s’est finalement révélée Le vrai combat mental commence au moment où je repars. tellement gratifiante. Je pense qu’il faut oser ce type d’aventure Il fait complètement nuit. J’ai beau pousser fort sur les pédales, hivernale afin de s’exposer au froid, comprendre l’effet qu’il a sur je n’arrive plus à maintenir mon allure. Je porte déjà toutes mes notre corps et finir par l’apprivoiser. 27


QUANNAH QUANNAH CHASINGHORSE FAIT PARTIE DE LA QUATRIÈME GÉNÉRATION DE PROTECTEURS DES TERRES DU REFUGE FAUNIQUE NATIONAL DE L’ARCTIQUE, UNE MISSION DANS LAQUELLE NOUS SOMMES PROFONDÉMENT INVESTIS DEPUIS 1972.

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À L’AVANT-PLAN

Sean Mollitt et Thierry Leblanc au centre Snowkite SADP, Sainte-Anne-des-Plaines.

SEAN MOLLITT/FOTAU.COM

Chasser le vent Le vent fouette votre visage. Il vous propulse à toute allure sur vos skis ou votre planche à neige. Vous glissez sur une gigantesque surface plane enneigée alors que vous vous dirigez à l’aide d’un énorme cerf-volant faisant entre 6 et 18 mètres. Bienvenue dans le monde des chasseurs de vent !

mots :: Sophie Lachance Version hivernale du kitesurf, le kite sur neige (snowkite ou skikite) gagne en popularité au Québec depuis son apparition de notre côté de l’Atlantique il y a une vingtaine d’années. Est-ce en raison de l’adrénaline, du sentiment de liberté ou de la communion avec la nature qu’il procure ? Toutes ces réponses, selon Sébastien Gilbert-Corlay, directeur de la Fédération québécoise de kite (FQK). De la Gaspésie au Saguenay en passant par l’Estrie, plusieurs petits paradis sont à portée de main. L’important, c’est le vent, mais encore faut-il l’apprivoiser. Il faut savoir piloter le cerf-volant à traction, aussi appelé voile, aile ou kite, évaluer la force et la direction du vent. Autrement, « on peut se faire projeter dans les airs comme une pierre dans un slingshot », illustre le propriétaire de l’école Kiteforce, Arthur de la Mauvinière. Le terrain d’exercice doit être libre d’obstacles avec lesquels on pourrait entrer en collision et qui seraient susceptibles de créer des variations du vent. Les terrains de jeu de prédilection ? Les champs agricoles où la pratique est autorisée ou les lacs glacés. Pour avoir une idée de la force et de l’orientation des vents, on consulte des applications de prévisions, comme Windy. La FQK travaille parallèlement auprès de clubs régionaux sur l’installation d’anémomètres, un outil de mesure de la force du vent en temps réel. À terme, l’information sera disponible sur le site de la FQK – un pas de plus pour rendre le kite accessible, l’une des orientations de la fédération.

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UN SPORT SUR LA CORDE RAIDE Seule ombre au tableau : des hivers plus doux et moins enneigés. « C’est de pis en pis », a remarqué Arthur. Celui qui a ouvert son école de kite en 2007 pouvait à ses débuts donner une centaine d’heures de cours dans la région de Montréal, incluant sur le lac Saint-Louis et le lac des Deux Montagnes. Ce n’est plus qu’une dizaine ou une vingtaine d’heures qu’il peut offrir, soit parce que la glace n’est pas assez solide ou par manque de neige. Même son de cloche du côté de la FQK. « La “fenêtre d’opportunité” pour la pratique se rétrécit. C’est une tendance qui semble suivre celle des stations de ski dans le sud du Québec », observe Sébastien. Les prévisions du consortium sur la climatologie régionale Ouranos laissent entendre que d’ici 2050, la saison de gel pourrait raccourcir de 20 à 34 jours dans le sud de la province et que la quantité de neige au sol devrait être moins importante. Quel avenir pour le kite sur neige ? Les sites sur surface gelée dans le sud du Québec, comme le lac Memphrémagog et le lac Champlain, pourraient faire place à de nouveaux lieux de pratique sur la terre ferme, là où le réchauffement se fait moins sentir. Les projets de la FQK permettant d’accéder à des sites de pratique seront certainement déterminants pour l’avenir du kite sur neige. Ça, et arriver à tirer plaisir de la rareté.

Éric Lapointe au centre de snowkite SADP, Sainte-Anne-des-Plaines.

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Projet Uapishka RENCONTRE EN TERRITOIRE INNU

mots & photographie :: Marie-France L’Ecuyer

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En avril dernier, un groupe mixte de jeunes adultes, composé d’Innus et d’allochtones ont participé au projet Uapishka, une expérience interculturelle sous la forme d’une expédition de cinq jours en raquettes en autonomie complète dans les monts Uapishka (anciennement appelés monts Groulx). Un défi à la fois humain et sportif dans l’esprit du nomadisme au cœur du Nitassinan de Pessamit, sur la Côte-Nord. L’hiver est encore là. Il a feint de s’endormir pour mieux revenir. L’équinoxe de mars a officiellement inauguré le printemps quelques semaines plus tôt, mais dans les Uapishka, au nord du 51e parallèle, l’hiver est une bête qui ne dort jamais longtemps. Pas étonnant que les Innus aient nommé ce massif « sommets rocheux toujours enneigés ». Il a neigé abondamment toute la nuit et, au matin du départ, la poudreuse balaie les ombres. Le vent décoiffe les courbes du paysage, projetant dans les airs de longues traînées de cristaux volatiles. « Piputeshtin ! » [Il y a des rafales et de la poudrerie] lance Geneviève Ashini, une des membres de l’expédition, qui saisit chaque occasion pour nous enseigner de nouveaux mots en innu-aimun. Il existe plus d’une quinzaine de mots pour décrire la neige qui tombe sur le Nitassinan, territoire ancestral des Innus, là où l’hiver est vraisemblablement un pays.

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"Piputeshtin"

I L Y A D E S R A FA L E S E T D E L A P O U D R E R I E

Nous découvrons avec curiosité une langue taillée dans le territoire, faite pour la poésie, remplie d’humour et de sagesse. Une langue qui a dû quelquefois bifurquer vers la nôtre pour nommer la modernité, mais qui raconte la terre, la nature et les saisons avec une grande précision. Une langue gardienne des savoirs ancestraux et de l’innu-aitun, fondement de l’identité, de la culture, des valeurs sociales et spirituelles de la nation innue. Une langue si riche, parlée depuis des millénaires, aujourd’hui étrangère à la majorité et tristement menacée de disparaître. Apprendre ne serait-ce que quelques mots d’innu-aimun marque un premier pas vers l’autre. Surtout, cela nous permet de comprendre que c’est d’abord à travers la territorialité que les Innus expriment leur conception du monde. Une fenêtre vient de s’ouvrir sur le cœur et l’âme du Nitassinan. Le jour est tout de blanc vêtu. Les grandes épinettes noires arborent joliment un lourd manteau neigeux, le houppier quelque peu affaissé sous le poids de la dernière bordée. L’horizon a complètement disparu, voilé par la tempête, dans une blancheur qui n’est pas synonyme de quiétude. Un vent furieux ordonne le repli, soulevant une poudrerie abrasive, mais nous devons nous mettre en route sans trop perdre de temps. Aussi féerique soit-elle, l’accumulation de neige nous réserve son épreuve. Franchir l’étendue forestière et venir à bout des 700 m de dénivellation se fera au prix de longues heures de marche harassante. Déjà, le Nutshimit, cet espace vital à l’intérieur des terres, et tous les esprits des lieux nous invitent à ralentir le pas pour mieux faire corps avec les éléments.

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"Nutshimit"

E S PA C E V I TA L À L ' I N T É R I E U R D E S T E R R E S

La veille, la blancheur spectrale du mont Provencher avait coupé le ciel d’une ligne franche et épurée. Le bleu s’imposait, à peine contrarié par quelques modestes cumulus venus errer timidement au-dessus du Manicouagan. Le souffle tiède des Uapishka annonçait le retour imminent de la crue printanière. C’est à se demander si l’accès au versant nord du massif via le ruisseau Jauffret est encore envisageable dans ces conditions, vu la clémence d’avril. J’ai soupiré intérieurement, nous imaginant contraints d’emprunter le sentier d’été pour échapper à la dense forêt boréale et atteindre les plateaux alpins. L’idée de devoir hisser les traîneaux lourdement chargés sur près de huit kilomètres dans un sous-bois escarpé, parsemé de rochers et d’épinettes, se révèle une option peu réjouissante. Mais considérant l’ardeur des troupes et l’ampleur du chemin parcouru pour en arriver là, rien ne pourrait freiner notre élan. Nous sommes investis d’une mission plus grande que nous. Ce projet d’expédition est né deux ans plus tôt, dans le cœur immensément sauvage de ces montagnes blanches, alors que mon ami David Béland et moi entreprenions de traverser les Uapishka dans la froideur rigoureuse de février. Nous désirions rassembler des jeunes de la communauté innue de Pessamit et de la région de Baie-Comeau autour d’une expédition interculturelle, dans l’intention de contribuer humblement à la création de ponts entre deux cultures qui cohabitent sans se rencontrer véritablement, ou si peu. Le projet Uapishka s’inscrivait d’abord dans une initiative de rapprochement entre autochtones et allochtones, une action citoyenne portée par la volonté de mieux vivre ensemble. Au terme de plusieurs mois de préparation, nous avons réuni une équipe de 17 personnes, composée d’autochtones et d’allochtones, qui tentera d’effectuer la traversée hivernale de ce massif montagneux sur une distance d’environ 55 km en raquettes, en autonomie complète, dans l’esprit du nomadisme.

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« Nous ne sommes pas seuls ici », nous avertit Rose Bacon-Coutu, une des jeunes Pessamiulnuat du groupe. « Nos ancêtres accompagnent chacun de nos pas. Ils marchent avec nous. » Dans les crissements feutrés de la neige qui s’affaisse sous nos raquettes, ces paroles fendent l’air comme les battements d’ailes d’un lagopède. Nos pas sont décuplés par la présence millénaire des Innus qui ont parcouru le Nitassinan, ces grands marcheurs pour qui le mouvement était nécessaire à la survie. Pour les jeunes de Pessamit, marcher dans les traces de leurs ancêtres devient visiblement une manière d’honorer le passé, mais surtout de se réapproprier une part de leur identité territoriale et culturelle. Au fil des kilomètres, portés par un devoir de mémoire, nous reconnaissons la valeur inestimable de tous ces pas qui ont marqué le territoire. Les ancêtres veillent sur nous. Les Uapishka sont vastes, le chemin de la réconciliation est encore long, mais en contemplant ensemble les étoiles et en foulant la même terre, nous comptons bien y L A N G U E G A R D I E N N E D E S S AV O I R S A N C E S T R A U X , laisser notre trace, ne serait-ce que le D E L ’ I D E N T I T É , D E L A C U LT U R E , D E S VA L E U R S temps d’une neige qui tombe. Au troisième matin de S O C I A L E S E T S P I R I T U E L L E S D E L A N AT I O N I N N U E . l’expédition, après avoir réalisé une succession de montées et de descentes à travers les vallées lacustres et les plateaux alpins, voilà que le ciel nous engouffre à nouveau dans un blanc hypnotisant. Le paysage bouché nous emmure à la lisière d’une forêt d’épinettes éparses et rabougries. Le temps laisse présager l’épreuve que nous nous apprêtons à vivre collectivement. Accablée par une douleur lancinante au dos, Rose se trouve dans l’incapacité de marcher, ou du moins de progresser à un rythme qui nous permettrait d’atteindre le prochain campement avant l’obscurité. Partis avec l’objectif initial de faire la traversée des Uapishka du nord au sud, en reliant les sommets des monts Jauffret et Provencher, nous sommes soudainement confrontés à la nécessité de revoir notre itinéraire.

"Innu-aitun"

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Dans le grand dôme circulaire sous lequel tous les membres de l’expédition sont rassemblés, le silence plane. Un silence qui invite à la pleine présence et qui donne l’impression de se rencontrer intimement, de se voir les uns les autres comme si c’était la première fois. Sur les visages fatigués, on peut lire la déception, le questionnement, l’appréhension. Des larmes coulent le long des joues rougies, gercées par le froid. Alors que nous sommes en contact avec notre vulnérabilité, l’aventure prend un virage hautement significatif. C’est dans l’observation de ce moment d’adversité que la circularité, qui caractérise la pensée innue, se déploie. « J’attendais le bon moment », dit Geneviève en sortant un sac de leueikan, de la viande de caribou séchée, préparée par son père quelques semaines plus tôt. VIANDE DE CARIBOU SÉCHÉE Depuis des générations, on la consomme durant les longs voyages dans le Nutshimit. « J’avais envie d’une source de force et de réconfort, comme au temps de mes ancêtres », explique-t-elle. Geneviève devient la gardienne du cercle. Elle rompt notre vision linéaire de l’expédition et assure la transmission de la mémoire, de la tradition orale, d’une pensée naturellement propice à la solidarité. Une pensée qui enseigne un rapport harmonieux à l’environnement, avec la conscience de partager les lieux avec d’autres espèces, d’être intimement liés au vivant, connectés les uns aux autres. S’ouvrir à cette culture enracinée dans le territoire nous permet d’accéder à une tout autre vision du monde.

"Leueikan"

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Photo : ©Théo Ledru

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Notre parcours n’a plus rien du trajet linéaire initialement imaginé. Nous avons retrouvé le sentier Jauffret après de longs détours exploratoires en zone alpine, dans l’immensité de la toundra. Façonnée par les événements survenus en cours d’expédition, notre traversée est devenue une boucle à l’image parfaite de la circularité. L’infime trace de notre passage, comme une histoire écrite à même les montagnes, ne tardera pas à disparaître sous la force du vent, mais le Nitassinan se chargera de garder chacun de nos pas. Grâce à tous ces cœurs ouverts, à ces mains tendues, à ces regards tournés vers l’autre, l’aventure se révèle un lieu de rencontre, de partage et de réconciliation. Une invitation à faire partie du cercle, ensemble, mamu.

UAPISHKA : LE DOCUMENTAIRE ET L’EXPOSITION Le projet Uapishka a fait l’objet d’un court-métrage documentaire et d’une exposition multimédia, réalisés par Marie-France L’Ecuyer, qui sont présentés au public à partir de l’automne 2023. projetuapishka.com

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Avez-vous déjà rêvé de survoler des montagnes à couper le souffle et de faire vos propres traces dans une poudreuse intacte? Si un voyage en héliski ou en cat ski fait partie de vos rêves, c’est le moment de le réaliser. Qu’il s’agisse d’excursions d’une journée ou de plus longs séjours dans de chaleureuses auberges, les entreprises d’héliski et de cat ski de la Colombie-Britannique ont tout le nécessaire pour répondre à vos moindres besoins et vous permettre de réaliser vos rêves de ski les plus fous. Par ici l’aventure!



ARTISTE

Kelsey Deer dans son atelier de création, à Kahnawà:ke.

COURTOISIE KELSEY DEER

Kel Tech : des sacs faits maison mots :: David Savoie Les sacs ne sont pas tous conçus de la même façon. Il y a ceux qui proviennent de grandes usines lointaines et ceux qui sont des pièces uniques fabriquées ici même au Canada. Et dans le petit monde des fabricants de sacs artisanaux, Kelsey Deer fait figure de pionnière. Rencontre avec une entrepreneure autochtone passionnée. L’entreprise Kel Tech peut se targuer de donner un double sens à l’expression « fait maison ». À la fois parce que chaque morceau passe entre les mains de la fondatrice, Kelsey Deer, et parce que la petite compagnie de Kahnawà:ke est installée dans un salon converti en pièce multifonction. Il y a des poids, des haltères et un tapis de yoga dans un coin. Dans le reste de la pièce, des machines à coudre, une variété de tissus, des ciseaux, des retailles et, bien sûr, des sacs. Celle qui a toujours voulu être sa propre patronne aime travailler de chez elle. « Il y a cinq ans, faire des sacs me paraissait impossible. Encore aujourd’hui, ça me paraît impossible », dit-elle en riant. Après des études en design de vêtements techniques au Collège LaSalle en 2018, Kelsey voulait d’abord faire des vêtements, mais elle n’a pas apprécié son passage de deux ans dans l’industrie. Lorsque la

covid-19 arrive en 2020, la designer se retrouve sans emploi pendant quelques mois. Elle commence alors à fabriquer des sacs de façon plus régulière. D’abord, des sacs de craie pour les grimpeurs, avant de s’aventurer à confectionner d’autres genres de sacs. Avant la fin de l’année, Kelsey vend ses premiers sacs. « Les choses se sont bousculées. À Noël, j’avais déjà une liste d’attente ! » Peu après, Kel Tech naît officiellement, et la jeune femme devient travailleuse autonome. D’origine mohawk, Kelsey Deer aurait pu confectionner des habits autochtones traditionnels. « Moi, je veux faire des sacs. Les habits traditionnels, c’est du coton et des rubans. Ça ne m’intéressait pas, je voulais travailler avec des matériaux plus résistants et imperméables. J’ai essayé de travailler avec des rubans, mais c’était trop délicat », explique-t-elle en pouffant de rire. Elle nous montre sa plus récente production : un sac à dos, conçu après une formation en Californie. « Ça fait un moment que les gens l’attendent », précise-t-elle. Tous les sacs qu’elle a créés ont d’abord été pensés pour ses propres besoins : un sac de craie pour faire de l’escalade, un sac pour transporter les croquettes de son chien, un sac pour accrocher à son vélo...

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Parce qu’elle ne peut compter sur des centaines de personnes pour tester ses produits, elle les utilise elle-même au quotidien, ce qui lui permet d’améliorer des détails ici et là. Beaucoup se sont vendus grâce au bouche-à-oreille dans sa communauté de Kahnawà:ke. Ses sacs pour la craie sont aussi vendus au centre d’escalade Bloc Shop. Sinon, c’est sur Instagram qu’elle réalise ses ventes. Elle est aujourd’hui une multi-instrumentiste, en quelque sorte : elle confectionne ses sacs, les vend, s’assure d’être présente sur les réseaux sociaux et tente de faire de la recherche et développement. Un gros programme. La jeune entrepreneure fait face aux mêmes défis que toutes les PME et se demande notamment si elle devrait investir dans de nouveaux équipements, embaucher quelqu’un pour l’aider avec les réseaux sociaux… Mais pour le moment, son principal objectif est d’utiliser un nouveau matériau imperméable et recyclé, plus écologique. Bien sûr, un sac reste un sac – difficile de réinventer la roue. « C’est un rectangle ou un cylindre, mais on y met sa propre touche », soutient la créatrice. Ce qui la distingue d’autres compagnies ? Elle est une femme autochtone, peut-être d’ailleurs la seule au Canada qui crée et fabrique des sacs. « Quand les gens achètent mes produits, ils contribuent aussi à l’économie locale de Kahnawà:ke. » COURTOISIE KELSEY DEER

La créatrice en cours de production d'un nouveau modèle de sac à dos.

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COURTOISIE KELSEY DEER



LECTURE

234 jours

EXPÉDITION AKOR

L’expédition de tous les (im)possibles, c’est ainsi qu’on avait intitulé notre article (édition Été 2021) au sujet de l’expédition AKOR au moment où Nicolas Roulx et Guillaume Moreau prenaient le chemin de l’île d’Ellesmere, au Nunavut, avec comme objectif de traverser le Canada du nord au sud. Si beaucoup doutaient de leur succès à compléter les 7 600 kilomètres qui les attendaient à ski, en canot et à vélo (soit 19% de la circonférence de la Terre, on le rappelle), ils ont relevé le défi haut la main, non sans quelques rencontres épeurantes avec des ours polaires et des boeufs musqués. Tous ces souvenirs d’expédition sont à découvrir dans le livre 234 jours, aux éditions Cardinal, un récit d’aventures des temps modernes illustré par de superbes clichés qui nous plongent, depuis notre canapé, dans le froid glacial du Grand Nord canadien. En plus d’avoir été nommée « Expédition de l’Année » en 2021 par la Société géographique royale du Canada et classée 3e expédition ayant le plus marqué le monde la même année par le magazine Explorers Web, l’Expédition AKOR fait l’objet du documentaire Canada Vertical qui a été sélectionné au prestigieux Festival du film de montagne de Banff. Encore un peu de patience pour savoir s’il sera présenté lors de la tournée québécoise à partir de janvier 2024…

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Bettmeralp, Suisse MARS, 2023

Nous partageons votre passion pour des journées de ski parfaites. Quand le ski rencontre les amis et la famille, c’est toujours des bons moments.

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Récit de voyage et leçons de vie d’une randonneuse qui a parcouru le Sentier transcanadien durant six ans. mots :: Kristin Schnelten

COURTOISIE DE DIANNE WHELAN

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MAXIME LÉGARÉ-VÉZINA

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u cœur d’une forêt dense au nord de l’Ontario, c’est la fin de l’automne. La cinéaste et aventurière Dianne Whelan, qui arpente déjà depuis trois ans le Sentier transcanadien, se réveille en soupirant dans sa tente couverte de givre. Courbaturée et exténuée, elle se prépare mentalement à ce qui l’attend : une autre journée de pagaie en eau froide et une autre série de portages ardus. À l’extérieur, cependant, le diagnostic est bien pire : ce qui était hier un lac agité est maintenant une solide couche de glace ; dans la forêt, c’est 60 cm de neige mouillée, semblable à du ciment en train de figer, qui recouvre tout. Dépassée par la situation, Dianne s’exaspère : « Bon sang ! Qu’allons-nous faire ? » Pour cette étape du voyage – 1 200 km à la pagaie avec 168 km de portage, de Thunder Bay, en Ontario, jusqu’au Manitoba –, Dianne avait demandé l’aide d’un ami. Ce genre d’ami, unique en son genre, qui peut facilement mettre sa propre vie de côté pendant quelques

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semaines et effectuer avec enthousiasme un portage de 4 km en transportant des sacs de 20 kg. Un ami qui, par le plus grand des hasards, avait également emporté une hache. Cette hache est si petite qu’elle semble plutôt symbolique, ne servant qu’à fendre du bois d’allumage, mais elle s’est révélée une bénédiction. L’ami l’a attachée au bout d’un bâton de ski et s’est installé à l’avant de leur canot pour briser la glace, tandis que Dianne pagayait à l’arrière. À chaque seconde, ils risquaient de chavirer dans l’eau glacée. Comme si cela ne suffisait pas, la tempête avait rendu les portages presque impossibles. Le poids de la neige sur les branches des arbres faisait plier et casser nombre d’entre elles, les figeant sur place comme une gigantesque toile glacée. Il a fallu sept jours d’élagage pour être en mesure d’avancer… 8 km. Un coup de hache, un portage, un mètre de progression pénible à la fois.



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rois ans plus tard, lorsque Dianne Whelan a finalement débarqué son canot au kilomètre zéro à Victoria, en Colombie-Britannique, elle est devenue la première personne à avoir entièrement parcouru le Sentier transcanadien, le plus long réseau de sentiers du monde, sur terre comme sur l’eau. Son arrivée historique, en 2021, a marqué la fin d’une odyssée de six ans à travers le pays, au cours de laquelle la cinquantenaire a pédalé, pagayé, skié, marché avec et sans raquettes, de l’Atlantique au Pacifique en passant par l’océan Arctique. Étonnamment, le voyage de Dianne et le film qu’elle en a tiré n’ont bénéficié d’aucun soutien financier de la part d’entreprises ni d’aucun commanditaire. Son vieux vélo comptait plusieurs années et ses canots et kayaks étaient empruntés. Lorsque sa tente s’envolait (elle en a perdu beaucoup), elle demandait l’aide de ses amis et de sa famille ou en recevait une de la part d’inconnus croisés sur son chemin (comme ce conducteur de VTT qui l’a aperçue sur le sentier,

la tête entre ses mains, découragée d’avoir perdu sa tente, et qui lui a offert la sienne sur-le-champ). « Ce n’est pas un récit d’aventure typique, dit-elle. Ça a été un voyage spirituel. Pas d’un point de vue religieux, mais d’un point de vue émotionnel. Un vieil adage dit : “Quand on commercialise le sacré, il perd tout son sens.” » Le résultat ? L’expédition et le film qui en a découlé ont été financés grâce à la pure bonté humaine. Par exemple, c’est la générosité de la mère de Dianne qui a donné naissance au projet. « Ma mère a toujours voulu parcourir le Sentier transcanadien. En 1995, elle a fait un don à l’organisation qui le gère au nom de chaque membre de ma famille, se souvient-elle. En 2014, je me suis retrouvée à un moment de ma vie où j’avais l’occasion de le parcourir. Je terminais un long projet de film, j’avais divorcé et mon chien venait de mourir. Tous les éléments qui auraient pu me retenir avaient disparu. Et je me suis toujours tournée vers

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COURTOISIE DE DIANNE WHELAN


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la nature pour me ressaisir lorsque j’ai eu l’impression que ma vie perdait son sens ou bien qu’elle avait pris un mauvais virage. » En juillet 2015, elle pensait traverser le Canada d’un bout à l’autre, de St. John’s (Terre-Neuve) à Victoria, en deux ans. En réalité, ce périple en a pris six. Dianne avait commencé son expédition en roulant, mais avait finalement dû pousser son vélo lourdement chargé sur une voie ferrée abandonnée, mettant dix jours à parcourir ce qu’elle espérait faire en deux. « J’ai réalisé que l’esprit ne vieillit pas. Il pense toujours que vous avez 20 ou 25 ans et se souvient des derniers grands exploits que vous avez réalisés. Mais le corps, lui, se heurte à la réalité. » Surprise elle-même d’être obnubilée par le temps qui filait et le nombre de kilomètres parcourus, elle s’est rendu compte qu’elle devait tout reconsidérer. « Je me suis dit : “Mais qu’est-ce que tu fais, voyons ? Tu as planifié depuis des mois ton voyage et maintenant, au lieu de t’abandonner à l’instant présent, tu te concentres sur ton retard!” Il me fallait changer mon état d’esprit et mettre de côté mes objectifs de vitesse. » Dianne a ainsi « enlevé [son] costume de lapin et mis [sa] carapace de tortue », trouvant ainsi un véritable sens à son expédition dans d’innombrables rencontres avec des étrangers, des visites prolongées dans des communautés autochtones et de longues heures passées simplement à s’asseoir dans la nature. « Au cours de ces six années, j’ai remarqué que ce qui a le plus changé en moi, ce sont mes vibrations, note Dianne. Les animaux se

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sont rapprochés de plus en plus de moi, et le temps que je passais à les observer, dans le calme, durait de plus en plus longtemps. La faune que j’ai rencontrée – que des papillons et des écureuils au début – s’est transformée en orignaux et en ours, jusqu’à ce que je tombe sur une mère grizzli et ses petits, dégustant tranquillement des baies à côté du sentier. » C’est à sa légère déficience auditive que Dianne attribue ces rencontres privilégiées, et aussi d’être en sécurité pendant la nuit. « Les animaux n’ont pas ressenti de peur provenant de ma tente, parce que je ne les entendais tout simplement pas. » « La rapidité et l’impatience sont l’énergie des prédateurs, et les animaux perçoivent nos vibrations, ajoute-t-elle. Je pense que nos ancêtres possédaient cette “résonance” ; ils vivaient en harmonie avec la nature. C’est ce qui vous arrive lorsque vous passez un long moment loin des villes, plongé dans la nature. Tout finit par s’apaiser, et votre vie se réduit aux éléments les plus élémentaires : l’eau, le sommeil, la nourriture et la recherche constante d’un abri. »

« Je me suis toujours tournée vers la nature pour me ressaisir lorsque j'ai eu l'impression que ma vie perdait son sens ou bien qu'elle avait pris un mauvais virage. »



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lors que sa maison en Colombie-Britannique était louée, Dianne a passé la plupart de ces six années sur le sentier ou à faire des pauses près de celui-ci. À un moment donné, elle a réalisé que prendre soin d’elle était sa plus grande mission. « Si j’étais fatiguée, je n’avais aucun problème à rester dans ma tente pendant quelques jours, à faire un peu de cuisine, à tenir mon journal, puis à continuer. Si le temps était vraiment mauvais, j’attendais que la nature se calme. Pourquoi me lancer dans une bataille que j’allais perdre ? » Durant les deux premiers hivers, elle a pataugé dans la neige, mais une rencontre fortuite l’a amenée ensuite à trouver refuge pendant la plus grande partie de décembre et de janvier. « J’ai rencontré une femme crie qui m’a dit : “Vous dites que vous essayez de faire les choses comme autrefois, mais nous ne voyagions pas par ce temps à l’époque. Pendant les mois d’hiver, nous prenions exemple sur l’ours qui hiberne. C’est une période de rajeunissement, une période de yin, une période de reconstruction, de couture des boutons. C’est le moment de réparer votre sac, c’est le moment d’étudier vos cartes, de vous préparer.” » Dianne croit que des conseils similaires lui ont sauvé la vie à plusieurs reprises. Des amis ont insisté pour qu’elle achète un

téléphone satellite de fortune et l’ont aussi aidée à trouver des combinaisons étanches d’occasion pour être en mesure de traverser l’hiver. Et elle a dû accepter, bien qu’à contrecœur, d’acquérir un fusil avant de pénétrer au pays des grizzlis. Un matin, sur une petite île au nord du cercle polaire, Dianne est justement réveillée par un ours agressif qui s’est introduit dans son campement. Dianne tire un coup de fusil pour l’effrayer. Le grizzli continue tout de même d’avancer. Un autre coup de semonce a fait asseoir l’ours momentanément, lui donnant le temps de lever le camp. Elle a su par la suite qu’un canoteur avait fait une rencontre semblable précédemment sur la même île, et qu’il avait été contraint lui aussi de choisir l’option du repli, en abandonnant ses vivres. Cette décision avait apparemment enseigné à l’ours une leçon mémorable : effraye-les et tu te régaleras. Dianne Whelan admet avoir commis des erreurs. « Oh, je suis l’idiote classique, c’est sûr. Mais cela ne me dérange pas le moins du monde... Si je peux réaliser un tel périple, tout le monde peut le faire. Je ne suis pas une superathlète, ni une super quoi que ce soit d’autre. Mes tentes s’envolent et je les perds. Mes chaussures se désagrègent.

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C’est grâce à la bonté humaine et à la persévérance que j’ai pu aller jusqu’au bout. » Et pourtant, la randonneuse peut se targuer d’avoir passé six ans dans la nature sans se blesser, sans être éprouvée par la maladie, sans faire un seul appel aux services de recherche et de sauvetage. Quelle que soit la gravité de la situation. Elle était déterminée à ne pas avoir à le faire, d’autant qu’elle est une femme. « Comme femme, lorsque vous faites quelque chose, vous devez parfois le faire encore mieux que vous ne l’auriez fait [autrement], simplement parce que vous ne voulez pas entendre : “Oh, tu n’aurais pas dû faire ça comme ça.” J’essaie de briser les plafonds de verre, pas de les faire tomber sur nous”. » Travaillant dans le monde du cinéma, Dianne Whelan connaît mieux que personne ces plafonds de verre. C’est ce qui l’a amenée à confier les principaux postes créatifs de ce projet à des femmes, qu’il s’agisse de la production, du montage ou du mixage audio. « Beaucoup d’hommes extrêmement talentueux ont travaillé sur ce film. Je les adore et je leur suis reconnaissante pour le travail qu’ils ont accompli. Mais en tant que femme réalisatrice et créatrice de ce film, j’avais la rare chance de pouvoir prendre ce genre de décision. »

Au printemps prochain, lorsqu’elle sortira 500 Days In The Wild (un titre qui a été choisi au début de son expédition, mais aujourd’hui rendu caduc étant donné qu’elle a plutôt passé six ans sur le sentier), Dianne Whelan mettra un terme à une décennie de sa vie consacrée à un seul projet.

À un moment donné, elle a réalisé que prendre soin d’elle était sa plus grande mission. « C’est un film dans lequel une personne accablée par le monde d’aujourd’hui retrouve l’espoir et un sens à sa vie, principalement grâce à des rencontres et à la prise de conscience que l’individualisme est en fait une maladie dans notre société, expliquet-elle. Finalement, nous avons tous besoin les uns des autres. »

MAXIME LÉGARÉ-VÉZINA

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Pour une prise sans compromis avec la nouvelle construction Dynaflex, plus chaud, Isolant confortable et performant.

Le “fit” va vous renverser

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PENSÉE

SE RÉINVENTER PAR L’AVENTURE mots :: Anne Marie Brassard illustration :: Marie Moose Camper en solo pour la première fois, traverser un continent à vélo sur un coup de tête, visiter tous les pays qui commencent par la lettre P, parce que why not ? Qu’elle soit petite, micro, macro ou impossible, pour certains d’entre nous, l’aventure est immense, puissante et nécessaire. Souvent, elle nous façonne comme l’eau qui sculpte un canyon, avec sa force tranquille. Parfois, elle shake nos fondations comme un tremblement de terre, sans avertir. L’aventure s’imprime en nous comme les anneaux de croissance d’un arbre, elle est l’essence même de notre identité. Nous en avons besoin. Alors pourquoi ce besoin irrépressible de la justifier, de la réinventer, de la mettre en scène ? Pour que l’aventure soit valide aux yeux des autres, on a le réflexe de l’enrober d’une belle cause, de la rendre plus noble. On la badigeonne d’un record potentiel ou deux,

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parce que ça donne de beaux titres aux nouvelles et que ça plaît aux commanditaires. Ça gonfle un peu notre ego aussi, quand même. On la justifie de mille et une manières alors qu’au fond, il n’y a qu’une seule bonne raison de partir à l’aventure : on en avait envie. On en avait besoin. Et on l’a fait. J’aime croire que l’aventure est une forme de revendication au droit d’exister, de sortir du rang, d’aller voir ce qui se cache dans les marges. D’aller « s’explorer l’en dedans » à grand coup de dehors. Qu’elle soit un doigt d’honneur aux conventions, un hommage ou un cri du cœur, l’aventure est nécessaire. Au-delà des pourquoi, des comment et des oui mais du monde entier, il y a surtout des parce que. Parce que s’ouvrir sur le monde est plus puissant que d’ouvrir la télé. Parce que la vie est courte, belle et importante. Arrêtons de réinventer l’aventure et laissons l’aventure nous réinventer.


MASSIF

MSA

STONEHAM

RELAIS

MAELSTROM

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GALERIE

Alain Denis au parc du Mont Loup-Garou, à Sainte-Adèle, dans les Laurentides.

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JENNIFER SMITH


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Maxime Francoeur, guide de randonnée alpine dans un grand couloir de la vallée de Mont-Saint-Pierre, dans les Chic-Chocs, Gaspésie.

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YANICK NOLET


Christopher Karn, Station Touristique Stoneham.

ÉTIENNE DIONNE

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Le skieur Frédéric Jacques dans les sous-bois de la station du Massif de Charlevoix.

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ALAIN BLANCHETTE


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Lever de soleil sur les Chic Chocs, Mont Vallières-de-Saint-Réal, Gaspésie.

NICHOLAS SPOONER-RODIE

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1. Le MANTEAU NUUK LITE DE FJÄLLRÄVEN pour femme est une version légère et mi-cuisse de la parka Nuuk, conçue pour des conditions plus clémentes. Imperméable, coupe-vent et respirante, elle protège du vent et de la pluie lors des journées les plus venteuses. www.fjallraven.com // 2. Régalez-vous avec le tout nouveau SKI SENDER FREE 110 DE ROSSIGNOL, un ski big mountain parfaitement polyvalent alliant la technologie Air Tip, du titanal sous le pied, un profil innovant ainsi que la technologie brevetée de Rossignol Damp Tech, pour des performances exception-nelles sur les terrains les plus variés. www.rossignol.com // 3. Les LUNETTES LILAC POWDER SLINGSHOTS DE KNOCKAROUND sont là pour vous accompagner lors des plus belles journées de poudreuse. Grâce à une lentille cylindrique classique de couleur lilas (et une lentille jaune pratique à remplacement rapide), elles offrent une combinaison idéale d’antibuée, d’antiéblouissement et de protection UV400. www.knockaround.ca // 4. La prise en main est plus facile et efficace avec les gants GANTS SX-30 X-CALIBUR DE SWANY. Dotés d’une construction Dyna-Flex et d’un système d’isolation Triplex alpha, ces gants imperméables et respirants se moulent à votre main pour un ajustement le plus naturel possible, tout en offrant 30 à 50 % de chaleur de plus qu’un gant isolé standard. www.swanycanada.com // 5. Laissez tomber les vieux bacs en plastique ou les sacs d’épicerie, le SAC DUFFEL TRANSPORTER 65 DE OSPREY constitue une solution de rangement plus efficace et moins encombrante. Fabriqué en tissu robuste et résistant aux intempéries, il transportera tout ce qu’il vous faut pour vos week-ends et plus longs séjours. www.osprey.com // 6. La BOTTE IMPERMÉABLE SIREN 4 THERMO MID ZIP DE MERRELL est spécialement conçue pour épouser les contours distincts des pieds féminins, offrant confort, soutien et stabilité même lors des randonnées les plus longues. Grâce à l’isolation Solarcore, un matériau léger conçu à l’origine pour la NASA, vous n’aurez plus à vous soucier de la chaleur. www.merrell.com // 7. Avec un accès à l’intérieur du sac par le dos, un compartiment pour le matériel d’avalanche et un système d’attache pour le casque, la version 34 litres du SAC À DOS SNOMAD DE THE NORTH FACE est le préféré des athlètes et un premier choix pour les skieurs et les planchistes hors-piste. www.thenorthface.com

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8. Les SKIS ALPINS PRIMETIME 44+ D’ELAN sont conçus avec une plateforme plus large pour un meilleur soutien et équilibre. Ils intègrent la technologie PowerMatch qui adapte la structure du ski à l’énergie transmise par le skieur et améliore la répartition des forces sur les carres. Conçus pour ceux qui recherchent des skis de piste performants et polyvalents. elanskis.com // 9. Construit avec une membrane 100 % recyclée, le MANTEAU ALPSPITZE TOUR 3L DE JACK WOLFSKIN offre une protection complète contre les intempéries ainsi qu’une grande mobilité. Les poches longues sont accessibles même avec un sac à dos et la capuche ajustable protège des éléments lorsque vous en avez besoin. Disponible chez SAIL. www.jack-wolfskin.com // 10. Les innovations en matière de sécurité du CASQUE METHOD DE SMITH, notamment le MIPS et le Koroyd zonal, offrent une meilleure absorption de l’énergie en cas de collision. Le système d’ajustement automatique s’adapte à la forme de votre tête pour un confort maximal. Les LUNETTES 4D MAG DE SMITH offrent quant à elles un champ de vision large et une optique des plus précises pour vous permettre la meilleure lecture possible du terrain. La rapidité et la facilité de changement des lentilles MAG en feront les seules lunettes dont vous aurez besoin pour skier dans n’importe quelles conditions. www.smithoptics.com // 11. Rapide comme un léopard des neiges et forte comme un tigre, la BOTTE TIGARD 130 DE DYNAFIT dispose de toutes les qualités nécessaires, tant pour le ski alpin que la randonnée alpine. Il s’agit d’une botte haut de gamme agressive et technique, parmi les plus légères de sa catégorie. www. dynafit.com // 12. Que vous escaladiez une montagne à pied ou que vous la dévaliez à ski, le GANT KHROMA TOUR INFINIUM DE RAB vous offre toute la dextérité, la protection, la respirabilité et la précision dont vous avez besoin au moment d’ajuster les fixations, les couches de vêtements ou les câbles. rab.equipment/ca-fr // 13. Glissez-vous dans le futur du confort avec les BOTTILLONS CHELSEA D’INTUITION! Ultra légers, ils sont dotés d’une tige en mousse brevetée Intuition et d’une semelle moulée en 3D à forte adhérence et deviendront bientôt vos chaussons de prédilection pour l’après-ski et le snowboard cet hiver. www.intuitionliners.com

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14. Que vous vous envoliez vers les plus beaux sommets du pays en hydravion ou plutôt vers un congrès d’affaires en Boeing 747, le SAC DE VOYAGE CROSSROADS DE YETI deviendra votre meilleur allié. Avec des roues et une poignée à toute épreuve, de nombreuses poches ingénieuses et une contenance idéale, il fera bien des jaloux sur le tarmac. Testé et approuvé par notre rédactrice en chef. www.yeti.ca // 15. Emblématique et intemporelle, la CHEMISE ISOLÉE DE HOOKÉ est chaude, réconfortante et durable. Avec son style à carreaux bien de chez nous, elle est fabriquée à partir d’un mélange de laine recyclée et de polyester et dotée d’une isolation de 60 g composée à 100 % de matériaux recyclés. www.elements2002.ca // 16. Fabriquée en polyester 100 % recyclé avec une finition déperlante, le MANTEAU JACKSON GLACIER DE PATAGONIA pour femme est chaud et coupe-vent avec un design sophistiqué et élégant. Sa coquille à deux couches est garnie d’un isolant en duvet 700 entièrement recyclé. Fabriqué dans une usine certifiée commerce équitable. www.patagoniaelements.ca // 17. Coupe-vent, hydrofuge, résistant à l'abrasion et doté d'une doublure en laine mérinos extra douce, le PANTALON PLAY DE PARMI LIFEWEAR pour femme au look décontracté a vraiment tout pour vous suivre dans l'ensemble de vos activités hivernales. parmilifewear.com // 18. Conçus en collaboration avec le skieur pro Cody Townsend, les SKIS DE RANDONNÉE QST ECHO 106 DE SALOMON offrent une largeur au patin polyvalente et éprouvée. Avec leur noyau léger, ils garantissent un haut niveau d’absorption des vibrations grâce à un amortisseur en liège et des renforts en basalte pour une glisse en toute confiance. www.salomon.com // 19. Le SAC À DOS GNARWHAL 25L DE MOUNTAIN HARDWEAR est idéal pour toutes les aventures sur les pentes, que ce soit une journée de ski de randonnée ou de descente en station. Compressible à souhait pour plus de confort sur les remontées mécaniques, ce modèle ultra polyvalent est parfait pour skier en toute légèreté, sur les pistes comme dans l’arrière-pays. www.mountainhardwear.ca

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Oui, c'est un endroit réel (sans blagues)


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20. La VESTE MACKINAW WOOL CRUISER DE FILSON excelle dans toutes les conditions météo, même les plus froides et humides. Elle est fabriquée avec de la laine durable, un tissu de choix pour la protection extérieure depuis des siècles, dans un tissage serré qui repousse le vent tout en restant très respirant. www.elements2002.ca // 21. Amateurs de sports de glisse en montagne, le MANTEAU DENVER D'AVALANCHE vous apportera confort, chaleur et performance sur les plus pistes comme dans les remontées mécaniques pour des heures de plaisir cet hiver. Parmi ses atouts, on compte 200 g d'isolation Thinsulate au corps et 120g aux manches, des coutures entièrement scellées ainsi qu'un traitement d'hydro fugacité. www.avalancheskiwear.com // 22. Mesdames, si le style a autant d’importance pour vous que la chaleur et le confort, vous serez probablement séduite par le CHANDAIL HELVETIA DE COLUMBIA. Confectionné dans un tissu polaire sherpa doux, il vous réchauffera après vos aventures les plus givrées. www. columbiasportswear.ca // 23. Saviez-vous que 40 à 45 % de la chaleur corporelle se perd par la tête et le cou ? Offrez-vous un CACHE-COU DE PUFF chaud et bouffant en duvet de canard blanc d’origine éthique et restez dehors plus longtemps. Une partie des recettes est versée à l’organisme Protect Our Winters Canada. www.puff.design // 24. L'emblématique PLANCHE À NEIGE POW STICK DE PRIOR a été revue et améliorée afin de maximiser la tenue de carre sans sacrifier la flottaison dans la poudreuse. Un tout nouveau nez arrondi permet de gagner en poids, et un overhang légèrement plus court rend la planche plus agile et polyvalente dans les sous-bois. www.priorsnow.com

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LE FIN MOT

“Le monde, c'est tout l'espace et tous les temps. Parcourir le monde, c'est réinventer l'histoire.”

– Antonine Maillet

Le photographe en égoportrait sur la route Transtaïga, Eeyou Istchee, Baie James.

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JEAN-CHRISTOPHE LEMAY


MORDEZ

DANS LE DÉNIVELÉ

Photo : Dynafit

Le spécialiste des montagnes d’ici


NOUS N’EN FAISONS QU’À NOTRE TÊTE DEPUIS 1960.

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Nous disons souvent non. Aux tendances, aux raccourcis. Aux experts qui savent tout. « Utilisez ces matériaux plus abordables, plus à la mode, à la fine pointe. » Non, non et non. On nous a dit que notre entreprise n’allait pas réussir si on ne s’adaptait pas. Et nous sommes toujours là. À confectionner encore des articles de plein air pratiques, durables et résistants que vous pourrez utiliser des années durant. Alors oui, nous allons continuer d’en faire qu’à notre tête. Une Seconde Nature

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