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Merci | Faire advenir Royaume de Dieu

Avec Missio, faire advenir le Royaume de Dieu

Je suis retraité mais je continue à vivre mon engagement missionnaire avec la même détermination.

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© Luc Gordts Après avoir servi l’Église à travers le monde notamment comme directeur de Missio-Belgique et au Vatican, comme ancien secrétaire général de l’Œuvre de Saint-Pierre Apôtre (Ospa), Mgr Jan Dumon a accepté de répondre aux questions de Suara, pour éclairer nos lecteurs tant sur la destination et la spiritualité de leurs dons, que sur la spécificité et à l’avenir de Missio. Nous l’en remercions vivement

PROPOS RECUEILLIS PAR EMMANUEL BABISSAGANA

Comment continuez-vous le bon combat de la foi, au cœur d’une retraite bien méritée ?

Être chrétien c’est une manière d’être et de vivre qui n’est pas nécessairement liée ou limitée à des fonctions qu’on occupe. Je continue donc à vivre mon engagement missionnaire avec la même détermination, mais sous le mode d’un retraité de 78 ans qui peut désormais consacrer plus de temps à la lecture, aux proches et à la prière notamment.

Quels souvenirs gardez-vous de Suara dont vous êtes l’initiateur ?

Quand je suis arrivé à Missio il existait un bulletin de contact avec les donateurs. Il était certes bien fait, mais nous avons pensé à l’époque que le moment était venu de basculer vers une approche plus journalistique et davantage centrée sur le contenu de ce que Missio est et propose. Le contexte de chrétienté évidente, avec comme piliers la mission et le souci de l’Église universelle, était révolu ou résiduel ; il fallait donc revisiter les racines bibliques de notre engagement missionnaire et le réorienter, de manière plus ouverte et moins traditionnelle. Cette approche était nourrie par la conviction que la spécificité de Missio ne réside pas dans

Avec Missio, faire advenir le Royaume de Dieu

le soutien à des projets particuliers (ce que j’appelle la « projectologie »), mais dans sa capacité à approfondir et diffuser le contenu des « trésors bibliques » dans la société. Missio a pour finalité de contribuer à faire advenir le règne de Dieu dans le monde. Comme missionnaires, nous devons donc travailler à ce que la foi s’incarne dans la société au point d’en devenir la culture dominante. C’est la mission que nous avions assignée à Suara.

De manière concrète, comment Suara peut-il contribuer à redynamiser la solidarité des Belges avec l’Église universelle ?

Il est important de se concentrer sur le contenu, les projets et les pays-phares devant servir d’illustrations, sans plus. Missio s’est malheureusement laissée entraîner dans la logique des ONG qui s’appuie sur les projets qu’elles soutiennent. Il faut sortir de cette « projectologie ». Le problème de la pauvreté est global et systémique, il appelle donc une réponse de même nature, et non un soutien à des projets particuliers. C’est cette conviction qui est à la base du Fonds de solidarité universel de l’Église lancé par Missio (les Œuvres Pontificales Missionnaires). À travers ses publications, Missio doit expliquer suffisamment aux donateurs le sens de cette solidarité universelle en repartant une fois de plus des sources bibliques. L’expérience des premières communautés chrétiennes, qui mettaient tout en commun afin que chacun ait selon ses besoins, nous indique le modèle de la solidarité chrétienne. Tous les fidèles venaient déposer leurs dons aux pieds des apôtres (Actes 4,35), et la redistribution n’était plus leur affaire. C’est ce que veut Jésus, que notre don passe par cette phase d’anonymat où la main gauche ne sait ni à qui, ni ce que donne la main droite. C’est une spiritualité tout autre que celle qui cherche à contrôler la gestion de son don.

Missio a pour finalité de contribuer à faire advenir le règne de Dieu dans le monde.

Y a-t-il des projets particuliers pour lesquels vous souhaitez remercier les chrétien(ne)s belges ?

Encore une fois, l’essentiel pour mon équipe et moi n’était pas le projet, mais la sensibilisation des chrétien(ne)s aux défis missionnaires de l’Église, et à la nécessité de contribuer à son Fonds universel de solidarité pour les relever. Je saisis la tribune que vous m’offrez pour remercier du fond du cœur les chrétien(nes) belges dont la générosité, de mon temps, a fait de Missio Belgique le cinquième contributeur mondial à ce Fonds de solidarité, notamment pour l’Ospa.

Comment voyez-vous l’avenir de Missio-Belgique ?

Le contexte de chrétienté évidente étant révolu, il importe pour Missio de revenir aux sources afin de mieux cerner et retrouver sa place de choix dans la vie de l’Église belge. Ce retour aux sources passe par un ensemble de ruptures, de repositionnements et de clarifications essentielles :

Rompre avec la « projectologie » qui éclipse la spécificité de Missio, et revenir aux sources bibliques de la solidarité : Paul et les autres apôtres n’ont jamais fait de « projectologie », ils ont développé une spiritualité du partage fraternel qui est l’ADN du chrétien, naturellement accompagnée d’une gestion rigoureuse et exemplaire des dons reçus. Assumer clairement son identité d’organisation dédiée à la solidarité intraecclésiale, et ne pas tenter de la masquer à travers des projets humanitaires. Cette rupture et ce repositionnement clairs pourront à mon avis redynamiser la flamme missionnaire des chrétien(ne)s belges ainsi que leur élan de solidarité avec l’Église universelle.

Quel est à vos yeux l’avenir de la mission dans le monde ?

JD : Plus on est effectivement missionnaire, moins on a besoin de thématiser ce qu’est la mission, et inversement. L’avenir de la mission, plus encore dans des sociétés fortement sécularisées, passe donc par son incarnation, sa traduction en manières d’être et de faire contagieuses, qui irradient culturellement et spirituellement nos sociétés. Tel est le défi missionnaire de l’Église hier, aujourd’hui et demain!

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