Vivai 2016 3 fr

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VOYAGER

L ‚ALLEMAGNE DU NORD

Battu par les vents, baigné par les flots

Ce n’est pas par hasard que la célèbre série télévisée Contre vents et marées a été tournée à Sankt Peter-Ording. Car ce dont cette petite ville balnéaire de la mer du Nord ne manque pas, c’est bien de bise. Une bise soutenue qui rafraîchit l’atmos­ phère tout au long de l’année. Le vent ne gâche toutefois pas le plaisir de la baignade. Les vacanciers qui optent pour cette station thermale du parc national de la Mer des Wadden de Schleswig­Holstein savent en principe ce qui les attend: douze kilomètres de plage jusqu’à deux kilomètres de large – et rarement un coup de soleil! Parcourir la distance entre la promenade du bord de mer et le rivage léché par les vagues est déjà un bon exercice. Si après, c’est tou­ jours la grande forme, on peut encore pousser jusqu’à la Magdalenenspitze, ou Maleens Knoll, et gravir la dune de sable de 16 mètres de haut pour admirer la vue. C’est le promontoire naturel le plus élevé de toute la région. Vu que le vent souffle pratiquement en permanence, on peut aussi attraper une planche pour aller chevaucher les vagues. Les conditions sont idéales. Par contre, les hôtels, restaurants et lieux de divertis­ sement ont un peu perdu de leur superbe au fil des ans. Sankt Peter-Ording, une station balnéaire jadis réputée pour son ambiance très cool, semble toutefois ne pas avoir dit son dernier mot. Des hôtels du front de mer, comme le Beach Motel ou le Strandgut, accueillent les moins de 60 ans. Quant au restaurant Arche Noah, filiale du fameux Sansibar de Sylt, il mise sur une clientèle de jeunes aux bonnets multicolores et à la barbe soignée. Même le sympathique cinéma Nordlicht a rou­ vert ses portes et propose un programme pour tous publics. Sankt Peter-Ording serait-elle en train de redevenir hype?

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Voilà une ques­ tion que la petite station thermale de Wangerooge, une île de la Frise orientale, n’a pas pour habitude de se poser. De par sa nature, le Frison de l’Est éprouve une grande méfiance envers des termes du genre «trendy» ou «hype». Il raserait plutôt sa barbe blanche que de se laisser accaparer par de telles considérations. Ce qu’il aime en revanche, ce sont les vagues et le vent. L’île est l’un des meilleurs spots de surf en Europe, et ce ne sont pas uni­ quement les autochtones qui l’affirment. Au nord, une plage de sable fin ourle la mer houleuse, et au sud, la mer des Wad­ den, peu profonde, offre des conditions optimales pour s’initier au surf. Sinon, Wangerooge est plutôt du genre paisible. Il y règne presque une atmosphère de recueillement. Dès que l’on pose le pied sur le débarcadère, on peut lire l’inscrip­ tion suivante: «Gott schuf die Zeit, von Eile hat er nichts gesagt» (Dieu créa le temps, mais n’a jamais dit de se presser). Le fait qu’aucune – vraiment aucune – voiture ne circule sur l’île ajoute encore à son charme. Rien ne trouble la sérénité des lieux. Enfin, plus maintenant. Jusqu’en 2015, le chœur De Wangerooger tirait parfois l’île de sa torpeur avec ses chan­ sons de marin, en entonnant notamment Ein Wind, le plus beau titre de son réper­ toire. Cette formation s’est dissoute après 45 ans d’existence, mais le vent, lui, continue de souffler sur Wangerooge. On a vite fait le tour de Norder­ ney, et l’ambiance sur Wangerooge a quelque chose de plutôt intime. Que dire de Spiekeroog? Cette langue de terre d’à peine 10 kilo­ mètres de long et 2,5 de large, station bal­ néaire depuis 1846, apparaît encore plus solitaire, plus paisible. Osons dire plus décontractée que les autres îles de la Frise

orientale. D’abord, il n’y a pas d’aéroport. Pour rallier le continent, les visiteurs dépendent des allées et venues du ferry qui adapte ses horaires en fonction des marées. Et qui est donc difficilement prévisible. Qui plus est, les voitures sont interdites sur l’île. Quant aux cyclistes, ils y sont tout juste tolérés. Certes, les vélos ne sont pas interdits, mais on ne vous en louera aucun sur Spiekeroog. (Selon l’an­ nonce officielle de l’office du tourisme local, faire un tour à vélo sur l’île ne rime de toute façon à rien…) En revanche, Spiekeroog propose un service qui donne définitivement à cette île, qui ne compte que quelque 750 habitants, l’air d’un musée nostalgique à ciel ouvert: on peut y emprunter des chariots pour tirer ses enfants. Mieux encore, l’île possède une voie hippomobile historique. Sur Spieke­ roog circule en effet le seul et unique train d’Allemagne encore tracté par des che­ vaux. Les visiteurs désireux d’effectuer le trajet jusqu’à la pointe occidentale de l’île

Spécificités linguistiques de l’Allemagne du Nord Lorsque l’on s’aventure en Alle­ magne du Nord, que l’on parle ou non la langue de Goethe, il vaut mieux avoir quelques connais­ sances du vocabulaire local. Dans la région, on ne dit pas Guten Tag (bonjour) mais Moin Moin. Cette formule de salutation issue du bas­allemand s’emploie tout au long de la journée. Autres expres­ sions méritant traduction pour le reste du monde: Bagalut (voyou), bannig (très, beaucoup), Bangbüx (froussard), Buddel (bouteille), Butter bei die Fische (expression uti­ lisée pour exhorter quelqu’un à en venir au fait), butschern (vadrouiller), Deern (fille), dödeln (traînailler), Dölmer (imbécile), Dösbaddel (idiot, lourdaud), Fiesematenten (difficultés), plietsch (futé, rusé).


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