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Edito Troisième numéro de la revue Mauvaise Graine, ça passe vite, mais pas assez, et je m’aperçois que j’aurais pu proposer une revue plus épaisse ou bimensuelle. Mais pour ça, il me faudrait plus d’auteurs, plus d’abonnés aussi. On n’a rien sans rien. Je sais qu’il faut être patient et donner le temps à la revue de se faire mieux connaître des auteurs et des revuistes dont j’attends aussi beaucoup : les ouvrages à critiquer en particulier. Je sais aussi que rien ne me tombera tout cuit dans le bec : j’ai appris à me battre pour obtenir ce que je voulais, à plier aussi, pour mieux me redresser. Alors je lance un appel à tous, HELP ! J’ai besoin de textes et d’ouvrages, et d’abonnés évidement... Merci à tous ceux qui m’ont déjà beaucoup aidé, merci d’être là.

Passage en revue Thierry Piet J’en ai déjà parlé dans le premier numéro de la revue, mais ce n’était rien à côté de la « consécration » que je lui réserve ici, et je sais qu’il saura la prendre comme un simple mais grand message d’amitié. Thierry c’est un homme qui sait écouter et comprendre. Ces facultés, perdues chez beaucoup, se reflètent dans sa poésie : Thierry honore son prochain par le biais de ses mots qu’il façonne comme des notes de musique, en une symphonie d’amour, de beauté et d’humanité. La grandeur de l’homme équivaut à celle de ses écrits et je sais que nul ne me contredira. Et si notre divergence s’affirme sur le terrain de la foi religieuse et de l’appréhension du christianisme, j’ai comme un sentiment, un peu cavalier, que sur d’autres aires, nous sommes frères ; celui de la poésie en est une, et je suis sûre qu’il y en a d’autres. Alors merci pour tout ce que tu apportes à tous Thierry et continue autant que tu le pourras à nous transmettre ton univers mystique et musical au travers de tes œuvres.

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Du désir au plaisir il n’y a qu’un éclair et la montée de la bête défie la chute de l’ange. Dans la double face de ma chair apeurée l’amour s’est trouvé un ermitage ensoleillé

Masculin singulier masque sur les pleins les déliés quand l’écorce du torse cache la fleur du cœur et la peau du poème les entrailles qui travaillent. Thierry Piet extrait de Soleil bleu, résurrection

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Je reconnais la couleur de tes yeux. Je l’ai déjà vue. Ailleurs. Je reconnais ton sexe. Tu me l’as donné, je reconnais sa couleur, sa forme, et cette douce sueur qui le fait satiné. Je cherche mais aucune autre idée même vient à l’esprit... Tu m’as donné ton nom. Et ma mère aussi. Toutes ces choses matérielles qui m’entourent, Ces habits que je porte. M’aurais-tu donné aussi un peu de ta franchise, De générosité et de droiture ? On m’a dit que tu avais ces qualités là. Reconnais-tu ce qui a plu à ma mère quand elle t’a rencontré ? ce qu’elle a trouvé de beau en toi ? Regarde encore, tu vas reconnaître aussi tes cuisses, tes poils, la couleur de ces poils et celles des yeux, le circuit rouge des yeux, ta morve aussi, le sable des yeux, ton sexe souple, qui ressemble au mien quand il change, quand il perd sa souplesse, où il ressemble à celui de tous les hommes. Reconnais-tu ces choses que je porte et que tu portais avant moi ? Plus belles et plus grandes de jeunesse , plus fortes ? Reconnais-tu cet esprit immodéré que tu as et la lâcheté avec laquelle tu l’entretiens ? Reconnais-tu cette faiblesse facile de tous les hommes ? Cette tristesse et cette aigreur dont je me passerai bien. Cette indifférence de tout et de rien en particulier. Ta souffrance . La reconnais-tu ? Celle de tous les hommes, dont je ne connais presque rien, la vois-tu poindre ? Après, j’aurai encore tes cernes, ton ventre. Le réseau rouge de tes yeux, j’aurai l’odeur de ta bouche. Tes désillusions ravalées, les poils piquants et le souffle coupé. De ne plus pouvoir courir après les papillons. Julien Burri

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Ombre de soi Je ne suis qu’une ombre de moi, le roseau d’un soir. Une idée d’ivoire et de lueurs tamisées derrière les ridules d’une peau séchée et tirée. La schizophrénie d’engendrer son propre sang ! de renverser ses doigts en dedans de son cœur ! L’amour bien fruste comme une herbe qui tranche la langue : coulée de sang rouge et amer. Goutte d’alcool que l’on avale bien ; haine de soi. Bruno Labatut-Couairon Une nuit gueugnonnaise Je pénètre ces portes de courant d’air Un simple instant à rouler des mécaniques Par l’entremise de grooms épistolaires Qui charrient leurs dieux dans les neurones statistiques Je me rumine primaire dans l’aboiement des cohues Humainement ces décors transpirent le X hard-core Au milieu de ces corps je me retrouve timide et nu. Cette mémoire enfant comme une soupe bienfaisante Donne le change au romantisme adolescent L’on veut mourir à vingt ans par déjà trop de dégoût De mes quarante je ne me sens pas plus différent Il n’est pas d’âge au dépoussiérage du quotidien. La vie n’a pas de fin Voilà de quoi flatter l’ego On laisse traîner là pour les amis Des fantaisies Des imaginaires à donner des boutons Aux cons des années d’urticaire Une bouteille de derrière les fagots Des feuilles sur la table Griffonnées d’amour en quelques mots Et de la douleur du monde être responsable. Bruno Tomera.

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Tour de terre Paris-New-York-Buenos Ayres Pour finir sur la corde à tout Sur le lit comme des putains Poètes sans armistices Cheveux crépus Peaux à puces Ulcères tamponnés avec des chiffons de papier A prix ridicule pour vous faire croire choyés par les Galeries Assez ! Assez de silence ! Assez de faux bruits ! Assez d’enterrements avant l’heure ! De monuments à gogo ! Pleurez vos ombres disparues trop disparues... Gérard Lemaire

Il était nain, elle était naine... Lui pas vilain, elle pas vilaine... Ayant le diable au corps et point du tout la Foi, amants plein de mordant , ils croquèrent le fruit défendu une fois...deux fois... trois fois... Un enfant naquit, inattendu... et haut comme trois pommes... Marjan

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AVIS SUR LES PARUTIONS Je luth pour vous... Régis Gathier autoédition, 1996. J’ai découvert un garçon de chair et d’âme nous transportant dans l’univers quotidien du commun des mortels, mais de celui qui souffre. C’est grand et humain. Une œuvre à lire si vous ne l’avez pas déjà fait. Le géant heureux. Pascal Pratz. Éditions Sol’Air, 1995. Encore une fois, le mot humanité est à utiliser. Tendresse aussi. Des nouvelles qui ont une forme assez peu commune, très brèves, mais qui ont le temps de nous faire sourire avec ce brin de réflexion sérieuse au coin de l’œil. Pascal Pratz a du talent, et c’est à lire et à garder. Soleil bleu, résurrection. Thierry piet. Editions Press-stances, 1996. Oui, encore une fois, j’adore. Peut-être plus mystique qu’à l’accoutumé, mais sachant rester à hauteur d’homme. Thierry nous comble et signe encore une œuvre dont peu pourrait se vanter de dépasser en ampleur de pureté. Revue Estampes n°6, Germain Labatut. 515, rue Georges Clémenceau, 65300 Lannemezan. France. J’ai reçu là une bonne revue avec des textes de tout genre, très intéressants. Attention aux illustrations un peu bancales et aux fautes de frappe. Et « ESTHETE CONNECTION » me fait également part du concours de poésie moderne organisé par l’asso. Du 1er septembre 1996 au 15 janvier 1997. Demande de règlement contre une enveloppe timbrée à l’adresse de EC - voir ci-dessus. Revue Poétic 7 n°115 Georges Piou. 194, rue M. Jouaud, 44400 Rezé. France Numéro consacré à la poésie féminine belge et ménopausée...hem ! Rolande Cielny, Ana Fernandez et Christaine Ortibus. Les textes, certains aimeront... pour le reste, c’est toujours intéressant et à bon caractère, merci Georges. notes... notes...notes... notes...notes... notes...notes... Idées pour tous. Denis Eusset de St Eudes. 178, route de Bagard 30140 Boisset et Gaujac. IPT a répondu à mon appel, ils m’ont envoyé de la doc. Alors j’ai répondu avec un peu de mal pour comprendre la façon dont il fallait s’y prendre, j’attends la réponse et vous en reparlerai. Le bouc des deux sèvres Marjan. 166, rue de la Burgonce, 79000 Niort. France. J’ai reçu un sympathique message d’encouragement de la part de Marjan, à qui je souhaite tout le bonheur et bon rétablissement car j’ai ouï-dire qu’il était mal en point. Personnage à respecter sans qu’il ne le demande et que j’admire, bravo ! Rêves de l’ici... Walter Ruhlmann. Autoédition, 1996. C’est à paraître le mois prochain - on l’espère ! - et toute information est à demander à l’adresse de Mauvaise Graine. 7


À PARAÎTRE EN NOVEMBRE 1996. ÉCRIT ET RÉALISÉ PAR : WALTER RUHLMANN. ILLUSTRÉ PAR : CRAIG JOHN MCCAFFERTY

RÊVES DE L’ICI... WALTER RUHLMANN

BON DE COMMANDE ET RÈGLEMENT À ENVOYER À L’ADRESSE DE MG. 20FF FRAIS DE PORT COMPRIS.

Mauvaise graine n°3 . Revue mensuelle de poésie . Prix au numéro : 12FF. Abonnement pour un an (12n°) 100FF. Directeur de la publication : Walter Ruhlmann. Imprimerie spéciale. ISSN : 1365-5418. Dépôt légal : octobre 1996. Adresses : mgversion2datura.blogspot.fr | mgversion2datura@gmail.com Illustrations et graphismes : Craig McCafferty. Traductions et compositions : Walter Ruhlmann. © Mauvaise graine et les auteurs, octobre 1996 .

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