Centraal station

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Interview: Lore Gillekens Foto/Photo: Kaat De Clerq

Pour ce qui est de la culture, Bruxelles est un rêve MarieAnge habite au centre de Bruxelles et entend bien ne plus jamais quitter cet endroit. En tant qu’artiste, elle trouve son inspiration dans la métropole. Voici notre conversation à propos du quartier où elle habite, son point de vue sur la ville et les œuvres d’art qu’elle a créées. L’appartement de MarieAnge est rempli d’armoires ouvertes pleines de pots de peintures, de pinceaux et de crayons. Quelques œuvres d’art ornent les murs. Le parquet et les grandes tables à dessin ne laissent aucun doute: je me trouve bien dans un atelier. MarieAnge habite à Bruxelles depuis vingt ans déjà. Son atelier se situe rue du Fossé-aux-Loups, au cœur de Bruxelles. Il y a trois mois, elle a élu domicile dans son atelier. Pour MarieAnge, habiter dans le centre

est un choix très logique : elle se rapproche ainsi des transports publics. Elle n’a pas de voiture, mais elle choisit le métro ou son vélo pliant. «La combinaison métro-vélo est idéale à Bruxelles.» MarieAnge aime la capitale. Le mélange de personnes différentes, les transports publics, les magasins, la culture. «La bibliothèque de la place de la Monnaie rouvre ses portes, la rue Léopold a été reconstruite, je peux aller à pied au musée du Cinéma. C’est fantastique, non? Pour ce qui est de la culture, Bruxelles est un rêve.» Et les gens du commun? Ces dernières années, MarieAnge a vu son quartier changer énormément. «Il y a vingt ans, Bruxelles était morte, mais la ville est revenue à la vie.» D’une part, MarieAnge approuve que la ville réinvestisse dans le centre. Les taudis sont démolis, certaines rues sont devenues piétonnières, l’infrastructure s’améliore. D’autre

part, elle est confrontée au revers de la médaille. Dans son quartier, on ne construit plus que des habitations luxueuses ou de grands immeubles de bureaux et les hôtels de luxe poussent comme des champignons. «Apparemment, il n’y a plus de place pour les gens du commun. Et ça, c’est dommage, parce que nous devons vivre ensemble, toutes couches confondues. C’est justement ce mélange qui est intéressant.» Ce sont surtout des Eurocrates qui sont attirés par ces nouvelles habitations luxueuses, les simples Bruxellois quittent la rue du Fossé-aux-Loups et le reste du centre-ville. Pour MarieAnge, il n’y a pas de doute: il doit y avoir plus de logements sociaux. Le contraste entre le luxe du centre et la situation dans le métro de Bruxelles est frappant. En journée, MarieAnge travaille dans son atelier à Bruxelles, mais le soir, elle donne cours à Gand. Si bien qu’elle passe souvent par la Gare Centrale. La vue des gens qui recherchent la chaleur

de la gare parce qu’ils n’ont pas de domicile fixe la touche énormément.

6 portraits, 3 hommes et 3 femmes, qu’elle a travaillé à sa manière.

Emile Verhaeren, son inspiration MarieAnge n’a pas hésité une seconde lorsqu’elle a été invitée par le musée provincial Emile Verhaeren. Au 19e siècle, Verhaeren écrivait des poèmes sur l’inégalité sociale, l’urbanisation et les conséquences désastreuses de la révolution industrielle. MarieAnge dit que ces poèmes sont encore et toujours d’actualité. «En fait, la situation n’a pas changé. Verhaeren était en avance sur son époque.»

Les portraits sont extraits de leur contexte, effilochés en couches et estompés. Avec une machine à coudre, MarieAnge travaille les images. Ce processus débouche sur des œuvres d’art intrigantes et obscures qui dégagent une ambiance mystique. Une ambiance qui correspond au sujet des œuvres d’art de MarieAnge. Elle cherche les personnes qui sont cachées dans la société. Par le passé, elle a déjà travaillé avec des patients psychiatriques et son prochain projet sera consacré aux prisonniers. Ses œuvres d’art ne peuvent pas vraiment être qualifiées de joyeuses, elles sont plutôt crues et obscures. «Je sais que c’est étouffant. Je montre un aspect de notre société qui est toujours caché. Je considère de mon devoir de continuer à le faire.»

MarieAnge a décidé de photographier les personnes qui n’ont que le métro comme domicile. «J’essayais de les placer devant un fond blanc, ensuite j’ai commencé à faire leur portrait. Ces gens ont une mauvaise image d’eux-mêmes parce qu’ils vivent dans la rue. J’ai eu des discussions avec des personnes qui ne voulaient pas être photographiées. Et c’est normal.» Parmi ces photos, elle a sélectionné


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