Rencontres
Wooden Shjips 07.12 Les Trinitaires Metz
Par Anthony Gaborit — Photo : Hadrien Wissler
Si Wooden Shjips est un groupe de rock psychédélique majeur de la scène californienne, il est bon de préciser que ses membres ne valident pas le cliché des rockeurs sous acide en pantalons patte d’eph. Ripley Johnson, leader charismatique de peu de mots, se pose en contrepied de tout un mouvement emporté par le marketing : « J’ai écrit Summer of Love 07 lors du quarantième anniversaire du Summer Of Love. C’est devenu une chose très commerciale comme Woodstock. L’idée qu’on nous en donne s’est avérée immédiatement fausse pour les gens qui l’ont vécu. C’était en 1967, des gamins étaient sans abris, affamés,… bien avant que les médias ne se montrent. C’était très déprimant ». Rythmiques entêtantes, répétitions, puissance brute et surtout la sensation d’un long road trip halluciné sous un soleil de plomb à 110dB dans les oreilles. C’est à peu près ce que nous a fait vivre le groupe en décembre dernier, de passage à Metz pour leur tournée européenne. « On a commencé aux Pays-Bas, puis Copenhague, et lorsque nous allions à Berlin, une tempête a commencé et nous nous sommes retrouvés vraiment juste en dessous, c’était un moment assez unique» raconte le leader à la barbe fournie. Back to Land, dernier album du groupe, s’est vu être le premier suite au déménagement de San Francisco pour Portland, Oregon, de Erik, auteur et compositeur des morceaux du groupe. « C’est une
ville très calme, très douce, dotée d’un environnement incroyable. Je n’ai pas eu de vraie maison pendant quelques années jusqu’à l’hiver dernier. Ca a été d’un grand effet sur mon mental, rien que cette simple sensation d’être chez soi quand il fait froid dehors… ». La forêt ou la côte rocheuse aux abords de la ville verte, dont la petite taille permet plus facilement de s’en évader, sembleraient avoir eu une influence sur le dernier opus, plus doux que les précédents. Une dualité entre l’électricité de la musique et le côté naturel ressort des compositions, et Erik confie même, sourire aux lèvres, avoir fait beaucoup de randonnées et d’observation ornithologique. « Avant de partir, je ne savais même pas que l’absence de nature à San Francisco avait un effet sur moi. Ma femme et moi [Ils forment le groupe Moon Duo, ndlr] avons même vécu un court moment dans les montagnes du Colorado. Plus tu montes et plus tu deviens discret. Le silence qui y règne est si spécial… Il te fait devenir bien plus calme, plus silencieux » ajoute-t-il. Et quand je lui demande si cela aura également une influence sur scène, il voit le passage au live comme quelque de chose de fort, plus vivant et doté d’une grande énergie. « On essaye de jouer fort puis doux puis fort. Au bout de deux dates, on y va à la hache. Parce qu’on joue souvent dans des clubs, des bars et les gens se saoulent et nous aussi, un peu, et on a juste envie de jouer du rock ».
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