par Julien Pleis
par Betty Biedermann
LES VENTS DES FORÊTS, exposition du 13 juillet à fin septembre à Fresnes-au-Mont. www.leventdesforets.com
CÉRAMIQUE 40’ 50’ 60’, exposition du 26 juin au 3 novembre au Musée de la Faïence de Sarreguemines. www.sarreguemines-museum.com
focus
La forêt enchantée
Délicats ensembles
Dans les forêts de la Meuse, il ne pousse pas que des champignons, des fougères et des arbres centenaires ! Au détour des pistes boisées, on peut depuis 1997, également découvrir d’énigmatiques œuvres d’arts qui ont éclot au milieu de cet écrin de verdure.
Les collections du Musée de la Faïence sont constituées principalement de pièces issues de l’industrie. La démarche complémentaire de cette nouvelle exposition, qui présente des petites séries et des œuvres uniques, est bienvenue !
À l’initiative de six villages de la région, Le Vent des Forêts invente un projet humain et culturel audacieux, où chaque année, de nouveaux artistes viennent renouveler les œuvres d’art de cette forêt qui prend des atours mystiques et féeriques. Cet espace d’art contemporain à ciel ouvert, situé dans l’arrondissement de Commercy engendre une alchimie rare entre la population, les 70 bénévoles de l’association et les artistes. Le projet dessine une nouvelle façon de vivre la ruralité et de présenter les créations contemporaines, pour un public curieux qui peut fureter à loisir à travers les sept sentiers balisés (45 km en tout), proposant jusqu’à 5 heures de marche. De juillet à fin septembre, ce sont plus de 90 installations et sculptures qui sont visibles à ce jour, conçues avec des artistes à l’écoute du contexte forestier. Les 13 et 14 juillet seront inaugurées les sept nouvelles œuvres qui viennent enrichir la collection existante, une occasion exceptionnelle pour les exposants et les promeneurs de se confronter de plain-pied aux questions du développement durable et de la défense de la nature. à cette structure pérenne, se greffent des animations ponctuelles comme les concerts des 12, 13 et 14 juillet dans les églises des villages de Ville-devant-Belrain, Nicey-sur-Aire et Dompcevrin. Familles, club de randonneurs, écoles, amateurs d’art, visiteurs frontaliers ou vététistes... : le contexte du Vent des Forêts permet de rassembler une moyenne de 25000 visiteurs par an et crée une dynamique liée au tourisme vert. D
Ingrid Luche, Le belvédère, 2011. Courtesy Air de Paris.
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Les collectionneurs Jean-Jacques et Bénédicte Wattel prêtent au Musée plus d’une centaine de pièces remarquables des années 40 à 60, issues de choix intransigeants. En résulte une exposition rafraîchissante, loin des clichés colorés des années d’après-guerre. Une seule pièce à l’esprit pop est à découvrir, le reste de l’exposition présente des objets plus discrets relevés parfois de rouge intense (le pot de Klaus Schultze) ou de compositions étonnantes (les Cancanières de Vassil Ivanoff). La force et le contraste du corpus présenté tiennent dans la traditionnelle dichotomie dessin/couleur : plusieurs œuvres arborent un décor très graphique alors que d’autres sont principalement des études de couleurs et de revêtements. Ainsi, vous pourrez admirer une bouteille aux dessins délicats de Jacques Innocenti, et quelques pas plus loin, des vases de l’atelier Madoura à l’émail bleu ciel qui happe le regard par ses nuances. La primauté du décor laisse peu de place aux personnages, mais le SaintGeorges terrassant le dragon de Jean Derval est remarquable, ainsi que le chevalier de Perrot. Dans la salle, les œuvres sont disposées de façon à se répondre selon des critères esthétiques. On regrettera le manque de classement chronologique, scientifique ou stylistique clair, mais l’ensemble reste dynamique et harmonieux. Cette exposition saura réjouir par l’exceptionnelle qualité des œuvres présentées auxquelles un souffle de liberté créatrice d’après-guerre aura profité. D