Biennale mulhouse 012

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Alexis DEBEUF ESA et MéDIAS cAeN-cheRbouRg

“Alexis Debeuf détourne des objets, des signes et des usages marquant un décalage avec le réel. Ses productions se nourrissent des dysfonctionnements d’une société qui place l’homme dans des situations d’impuissance ou de désir de contestation. Face à l’idéologie du « Plus vaut plus », face aux phénomènes de marchandisation et à la crise du politique, Alexis Debeuf élabore un monde peuplé de signes ambigus, comme dans l’action lors de laquelle il insère des drapeaux en couvertures de survie dans une manifestation du 1er mai. Jusqu’à l’absurde, visible dans diverses actions et sculptures : une montagne précaire d’emballages alimentaires portée par l’artiste le fait chanceler sur les escaliers monumentaux d’un supermarché, deux mégaphones sont collés l’un à l’autre dans un face à face qui les prive de tout potentiel communicationnel et revendicatif. Équipé de chaussures auxquelles ont été greffées une pelle et une balayette, Alexis Debeuf nettoie le sol d’une école d’architecture logée dans un ancien silo à grain, dont les rebuts forment une récolte dérisoire. Une critique des représentations sociales s’affirme avec Recherches passives, où l’artiste projette

Né le 15.11.84 à Tours 06 30 30 31 97 alexisdebeuf@wanadoo.fr CMJN, 2011 Installation : bélier, encres sérigraphiques, Dimensions variables Michèle Gottstein

un lâcher de ballons auxquels seront accrochés des CV de chômeurs. Un geste qui a valeur de métaphore d’une société devenue inhumaine, indifférente et cynique. Dans CMJN, le bélier que les CRS utilisent pour pénétrer de force dans un logement se transforme, augmenté d’une tête en silicone, en tampon à encre. Il permet à Alexis Debeuf de réaliser une composition sur des murs qui reprend les couleurs de l’imprimerie industrielle (jaune, rouge, bleu et noir) et dont l’achèvement est conditionné par l’endurance physique. La fresque obtenue, une trame faite de grands ronds, conserve un aspect esthétique délicat qui contraste avec la violence propre à la fonction de l’objet. Comme si l’ordre symbolique des choses, des objets, du monde même, pouvait à tous moments être renversé ?” Alice Laguarda

Pour CMJN, j’ai transformé un bélier en tampon encreur. À l’aide de cet objet peu maniable, je tamponne directement sur les murs et créer un paysage aux couleurs de l’imprimerie industrielle.

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Justin DELAREUX ESbA touRs-ANgeRs-le MANS

“Le «poétique» ici ne désigne aucun contenu résumable, ne désigne pas non plus l’horizon utopique ou le système de valeurs qui soustend, soutient ou oriente les luttes politiques en cours ou le projet politique en général, mais ce qui, du réel, suscite l’écriture, insiste dans l’écriture, résiste à l’écriture; interrogé et travaillé comme tel, comme ce à quoi, icimaintenant, à tel moment de notre histoire individuelle et collective, on se heurte. Il ne s’agit pour nous ni d’évoquer le passé (comme le fait encore la poésie sur le mode élégiaque), ni de chanter l’avenir, et encore moins l’Avenir (comme le fait la poésie parfois sur le mode engagé-chanté), mais de travailler ce qu’on pourrait appeler un présent-antérieur (mémoriel) avec, simultanément, un présent « à venir». Quelque chose comme un présent stratifié, un présent «en actes», dans l’inquiétude et la préparation de «ce qui vient».” Jean-Marie Gleize, Opacité critique.

Né le 24.10.87 à Le mans 06 15 64 93 22 justin.delareux@gmail.com Fulgurance, 2011-2012 Photographies, techniques mixtes, installation

“Il s’agirait de concevoir un langage plastique dans un monde délabré. Travailler dans la césure du temps c’est entre-voir et donner corps à l’impossible. C’est contester et situer. Se situer. L’écriture est plate et impersonnelle, elle git dans les retranchements de l’être et chemine dans le négatif critique de l’image, plus généralement, de l’œuvre plastique. J’entretiens volontiers les ébats entre ces deux machines célibataires. L’art ne peut désormais résider que dans le rapport ténu qu’il entretient avec la vérité. Une démarche faite de déplacements critiques. Nous pourrions très humblement refuser de jouer encore. Nous sommes les témoins du silence déraisonnable du monde.” Justin Delareux, mars 2012

”Je me demande comment conjuguer l’incertitude complète, littéralement opaque de demain avec un présent toujours fragile, éblouissant, imprenable. Ce qui n’a pas été, celui qui est allé. Fulgurances évoquerait cette position aveuglante et toujours déjà dépassée, de l’œuvre et de son cheminement, la radicalité d’un geste poétique et politique.” Justin Delareux, mars 2012


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