Journal des Donateurs No 131 - Médecins du Monde

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MÉDECINS E D N O M U De magazine des donateurs L

En images /

Irak, le long chemin de la reconstruction Focus / Birmanie, soigner sans stigmatiser En bref / Gaza, face à l'urgence

SOIGNE AUSSI L'INJUSTICE

N° 131 ÉTÉ 2018 TRIMESTRIEL 0,60 € — 1FS


RENCONTRE

HAUTS-DE-FRANCE

Brice

Coordinateur général, mission Nord-Littoral L’action humanitaire, Brice Benazzouz s’y destinait depuis le lycée. Il n’imaginait pas qu’elle le ramènerait près de chez lui, dans les Hauts-de-France, où les exilés continuent de vivre dans des conditions inhumaines, des mois après le démantèlement du camp de Calais. POURQUOI J’Y SUIS ? « Après des études dans le domaine humanitaire, j’ai couvert plusieurs programmes à l’international. Puis, en 2015, j’ai répondu à un appel à la mobilisation et je me suis retrouvé bénévole dans la grande jungle de Calais. J’étais habitué aux normes humanitaires internationales dans les camps de réfugiés d’Afrique centrale. Ce que j’ai vu à quelques kilomètres de chez moi m’a bouleversé. Les droits les plus fondamentaux comme l’accès à l’eau et aux soins n’étaient pas respectés. L’idée de revenir travailler en France, dans ma région, s’est installée. Et j’ai rejoint la mission Nord-Littoral de Médecins du Monde. » CE QUE JE FAIS « Je coordonne l’ensemble des activités à Calais et à Grande-Synthe. Un des enjeux les plus importants est le plaidoyer. Améliorer l’accès aux soins et aux droits pour les exilés du littoral nécessite un bras de fer permanent avec les autorités. Pour pouvoir organiser les cliniques mobiles, les maraudes ou le programme de santé mentale, j’ai la chance de travailler avec un important réseau de bénévoles. Qu’ils soient infirmiers, ambulanciers, médiateurs, médecins, psychologues, traducteurs ou pharmaciens, ils font vivre la mission et leur engagement militant dans ce contexte particulièrement difficile est un moteur au quotidien. »

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www.medecinsdumonde.org

« Les bénévoles font vivre la mission et leur engagement militant dans ce contexte particulièrement difficile est un moteur au quotidien. » Brice, coordinateur général

© Nicolas Moulard

CE QUE JE RESSENS « La situation de Calais est assez simple, presque caricaturale. Des centaines d’exilés ont un projet de vie : aller en Angleterre. Après un périple de plusieurs milliers de kilomètres, ils se retrouvent bloqués à Calais, à moins de 50 kilomètres de l’objectif, face à une frontière totalement étanche, hostile. Les conditions de vie sur le littoral sont inhumaines et indignes. Les forces de l’ordre mènent une stratégie de l’épuisement, une chasse incessante insupportable. Face aux exilés, les autorités ont tout tenté : les cacher, les renvoyer, leur taper dessus, les criminaliser, les déplacer. Une seule chose n’a jamais été essayée : l’accueil. »


OPINIONS

ÉTÉ 2018

, Editorial

Sidérés

Parce que la typologie des conflits armés a changé,

parce qu’ils restent souvent circonscrits aux frontières d’un pays, impliquent des groupes non étatiques, génèrent des combats urbains et des crises durables – comme en Syrie, en Irak, en République démocratique du Congo ou au Yémen. Parce qu’ils s’accompagnent d’un ciblage quasi systématique des civils par des parties prenantes qui ne respectent pas les obligations du droit international, nous devons adapter nos interventions afin d’accéder aux populations affectées. Alors que les morts, les blessés, les déplacés internes et les réfugiés se comptent par millions, Médecins du Monde répond à des besoins vitaux et à des pathologies chroniques, aux ravages physiques et psychologiques. Notamment ceux des enfants et des femmes qui, en Centrafrique, au Kurdistan irakien ou en Birmanie, sont soumis à une véritable stratégie militaire de soumission par la terreur, un déchaînement de violences qui fragilise les communautés. Avec vous, nous luttons pour continuer à soulager les souffrances et à protéger les victimes des conflits d’aujourd’hui.

La trêve hivernale, on n’y pense pas quand on a un toit sur la tête. Mais en assistant à la manifestation organisée par Médecins du Monde à Nantes le 29 mars, je me suis rendu compte qu’au 31 mars, des milliers de familles peuvent vraiment être jetées à la rue. C’est affligeant. Sophie, infirmière

Désemparés

J’habite le xixe arrondissement de Paris depuis plus de 30 ans. Je n’ai jamais vu des personnes vivre dans des conditions aussi déplorables que les migrants du campement du Millénaire. Comment peut-on laisser des personnes dans un tel état de dénuement ? Jean-Michel, peintre

Ravis

J'ai rencontré Médecins du Monde lors d’un pique-nique citoyen à Menton en avril. Tout ce que vous faites pour aider les réfugiés dans le monde est admirable. Et je suis ravie de pouvoir vous apporter ma contribution. Andrée, retraitée

Dr Françoise Sivignon Présidente de Médecins du Monde

Au sommaire du N° 131 / éete 2018

Vous aussi, réagissez ! magazine@medecinsdumonde.net

Qui fait le journal ? Médecins du Monde — Journal trimestriel publié par Médecins du Monde France — 62, rue Marcadet, 75018 Paris – Tél. : 01 44 92 15 15 – Fax : 01 44 92 99 99 – www.medecinsdumonde.org – Service donateurs : 0800 014 014 (N° gratuit) – Directeur de la publication France : Dr Françoise Sivignon – Rédacteur en chef : Thomas Flamerion – Maquettiste : Clémence Hivert – Comité éditorial : Jean-Baptiste Matray, Amélie Churlet, Vincent Brotons-Dias, Marina Benedik, Violaine Gagnet, Elise Joisel – Rédaction : : Stéphanie Derozier, Thomas Flamerion, Jean-Baptiste Matray, Justine Roche – Ont collaboré à ce numéro : le comité des donateurs, les desks urgence, Afrique, Amérique latine, Asie, Europe de l'Est, Moyen-Orient, la direction des opérations France – Secrétariat de rédaction : Pauline De Smet – Crédit photo de couverture : Olivier Papegnies – Création maquette : Citizen-Press – www.citizen-press.fr – Tél. : 01 77 45 86 86 – Copyright : toute reproduction doit faire l'objet d'une demande écrite préalable. Ce numéro est tiré à 288 080 exemplaires et envoyé aux donateurs de Médecins du Monde, GC (Grande Cause) – ISSN 2429-2370 – Commission paritaire N° 1018H84740 — Fabrication : Koryo – 43, rue Pierre Valette, 92240 Malakoff

Birmanie P. 6

Irak P. 8

France P. 10

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PANORAMA

L’image

EN BREF

France / Parce qu’il protège et détermine les conditions de vie des personnes, parce qu’il est un espace intime indispensable au bien-être, le logement est un facteur clé de la santé. Or la France compte 4 millions de mal-logés. Le 29 mars dernier, afin de sensibiliser le public et de pousser les décideurs à réagir, Médecins du Monde a organisé une mobilisation simultanée sur les marches de Montmartre à Paris ainsi qu’à Angoulême, Bordeaux, Grenoble, Lyon, Marseille, Montpellier, Nantes et Toulouse. Avec un mot d’ordre : les belles paroles ne suffisent pas à sauver les personnes de la rue.

Tanzanie / Un modèle de prise en charge

© William Daniels

Haut lieu du transit d’héroïne en provenance d’Asie centrale, la Tanzanie compte quelque 300 000 usagers de drogues. La moitié d’entre eux à Dar es-Salaam. Les pratiques à risques, comme l’échange de seringues, y favorisent la transmission du sida et des hépatites. C’est pourquoi, depuis 2010, Médecins du Monde mène dans l’ancienne capitale tanzanienne un programme de réduction des risques liés aux injections de drogue. En six ans, un centre d’accueil géré par Médecins du Monde et quatre autres pilotés par l’ONG tanzanienne partenaire Mukikute ont été mis en place. Ces drop-in centers ouverts six jours sur sept proposent des dépistages, des seringues neuves et des activités psychosociales. Par ailleurs, des équipes mobiles ont été organisées pour aller au-devant des personnes les plus isolées et un réseau d’usagers, Tanpud, a été créé afin de leur permettre de s’organiser pour défendre leurs droits. L’intégration en 2017 de la réduction des risques comme arme de la lutte contre le VIH par le ministère de la Santé a marqué une étape clé dans le combat de Médecins du Monde. De même que l’attribution à la Tanzanie de ressources spécifiques, suite à notre plaidoyer auprès du Fonds mondial. Le programme de l’association est alors entré dans une phase de transition. L’objectif est de transmettre de façon pérennes les activités menées à Dar es-Salaam et d’œuvrer à les déployer dans d’autres régions de Tanzanie.

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www.medecinsdumonde.org


La guerre civile qui fait rage au Soudan du Sud depuis plus de quatre ans a poussé des centaines de milliers de personnes à fuir, notamment vers l’Ouganda. C’est ainsi que s’est constitué au nord-ouest du pays l’un des plus grands sites de réfugiés au monde, Bidi Bidi. Si aujourd’hui le nombre de Sud-Soudanais traversant la frontière tend à décroître, les 280 000 personnes qui sont installées à Bidi Bidi ont toujours besoin d’assistance humanitaire. Médecins du Monde y coordonne les consultations externes du centre de santé Bolomoni, créé par l’ONG Médecins Sans Frontières. Près de 50 000 réfugiés et 15 000 Ougandais peuvent y bénéficier de soins de santé primaires et de soins de santé mentale, d’un suivi anté- et postnatal, d’activités de planning familial ou de la prise en charge des violences liées au genre. 2 000 à 2 500 consultations y sont données chaque mois. Une attention particulière est portée aux maladies endémiques comme la malaria, ainsi qu’aux risques d’épidémies liées à l’eau dans un contexte où l’approvisionnement du site par camions citernes demeure difficile. Les équipes du centre s’appuient également sur un réseau de bénévoles communautaires pour identifier et orienter les personnes ayant besoin de soins. Notamment les victimes d’agressions, de viols collectifs et les familles traumatisées par le meurtre ou la torture de leurs proches.

Le saviez-vous ?

55 % des réfugiés dans le monde viennent de trois pays : la Syrie (5,5 millions de personnes), l’Afghanistan (2,5 millions) et le Sud-Soudan (1,4 millions). Source : G lobal Appeal 2018, Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

Gaza / Face à l’urgence Lancée le 30 mars, la mobilisation des Palestiniens de Gaza le long de la bordure de séparation avec Israël est réprimée dans le sang. Les morts se comptent par dizaines, les blessés par milliers. Fort de son programme de préparation aux urgences mené depuis quatre ans dans la bande de Gaza, Médecins du Monde a pu intervenir rapidement afin d’améliorer la prise en charge médicale des victimes. Car le blocus de Gaza limite fortement l’accès aux soins des habitants. Et face à l’afflux de blessés provoqué par les violences, les hôpitaux sont vite débordés. Des médicaments et consommables médicaux ont été fournis aux structures de soins et nos équipes ont organisé le triage des patients. Les cas les plus graves étant transportés au bloc opératoire, d’autres étant installés provisoirement sous une tente ou orientés vers les centres de santé équipés par Médecins de Monde de services d’urgences. L’association soutient également des organisations communautaires de la bande de Gaza afin de dispenser des soins de premiers secours.

© Olivier Papegnies

© Vincent Nageotte

Ouganda / Soigner les réfugiés

Côte d’Ivoire / La sexualité des jeunes Depuis un an, Médecins du Monde mène dans la zone de Soubré, au sud-ouest de la Côte-d’Ivoire, un programme de prévention et de prise en charge des grossesses non désirées chez les jeunes. C’est à la suite d’une étude sur le facteurs sociaux et culturels de ces grossesses précoces qu’il a été décidé d’améliorer l’offre de services de santé sexuelle et reproductive à destination des adolescents et de mieux les en informer. Une démarche essentielle quand on sait que l’âge moyen du premier rapport sexuel est de 16 ans et qu’à peine une jeune fille sur cinq utilise une méthode contraceptive moderne.

Afin de limiter les risques liés aux grossesses non désirées et aux avortements clandestins, Médecins du Monde anime des séances d’information en milieu scolaire et des consultations dans le cadre d’événements publics. Des formations aux droits sexuels et reproductifs sont par ailleurs organisées pour les prestataires de santé, les professeurs, les travailleurs sociaux et les décideurs. Grâce au plaidoyer national sur l’accès aux services de planification familiale porté notamment par l’association, le gouvernement ivoirien s’est engagé à accroître les financements alloués aux contraceptifs de 10 % par an. Médecins du Monde N° 131 — 5


FOCUS

BIRMANIE

LA SITUATION KACHIN

BIRMANIE

Médecins du Monde intervient dans l’État du Kachin auprès des usagers de drogues, une population stigmatisée, particulièrement affectée par le VIH et l’hépatite C. Avec le soutien de ses partenaires, l'association mène des actions de réduction des risques en lien avec les communautés concernées.

L’ENJEU Permettre aux usagers de drogues de bénéficier de programmes de réduction des risques. Favoriser leur intégration dans la société. Appuyer la mise en œuvre de politique nationale.

NOS ACTIONS

• • • •

P rise en charge des usagers de drogue au sein des trois cliniques et quatre centres de distribution de méthadone M ise en place de cliniques mobiles pour aller au plus près des populations D éveloppement et accompagnement de la mobilisation des communautés d’usagers P révention auprès des usagers de drogues avec l’appui de travailleurs pairs

NOS MOYENS L’équipe de Médecins du Monde est composée de plus de 150 personnes (médecins, infirmiers, conseillers, logisticiens, coordinateurs, travailleurs communautaires) birmanes et de deux 6 expatriés. — www.medecinsdumonde.org

BIRMANIE /

Soigner sans stigmatiser C’est de l’État du Kachin que provient une grande partie de la drogue cultivée en Birmanie, le deuxième producteur d’opium au monde. Cet État du nord du pays, où vit une importante communauté chrétienne, compte un grand nombre d’usagers de drogues. Particulièrement touchés par le VIH et l’hépatite C, ils sont rejetés par la population locale, menacés par la police et les milices religieuses évangélistes, les Pat Jasan.

L

eurs histoires ne sont pas les mêmes, mais leurs parcours se ressemblent. Neen Lo, Mingwenn et Lolai ont tous trois commencé à utiliser de la drogue jeunes, poussés par leurs amis ou encouragés par leurs propres patrons, afin d’être plus efficaces dans leur travail. Dans l’une des trois cliniques que Médecins du Monde gère dans le Kachin, ils reçoivent un traitement de substitution à base de méthadone et sont traités pour leur séropositivité.

Si tous les trois sont déjà pris en charge par les équipes de Médecins du Monde, l’enjeu de l’association est de toucher le plus grand nombre possible de ces usagers de drogues qui restent fortement stigmatisés. « Nous sommes considérées par nos communautés comme des personnes faibles et sans volonté », souligne Neen Lo. Bien plus, les usagers de drogues vivent le plus souvent cachés et craignent de se dévoiler par leur venue dans les cliniques de Médecins de Monde. « Nous sommes obligés de nous cacher de la police et surtout des milices locales qui, si elles nous attrapent, nous frappent et nous enferment dans des conditions très difficiles », ajoute Ningwenn. « Nous vivons dans la peur », conclut Lolai.

© Sébastien Duijndam

L’essentiel

Il compte en effet un grand nombre d’usagers de drogues par injection et est situé à près d’une heure de la clinique de Médecins du Monde la plus proche.

Très vite, l’équipe installe une toile de tente et des sièges devant le mini bus pour accueillir la population. La visite a été annoncée en amont par un travail de communication et de sensibilisation réalisé par des travailleurs pairs de Médecins de Monde. Issus de la communauté d’usagers de drogues, ils sont particulièrement précieux pour réaliser le premier travail d’approche, mettre en confiance et inciter les populations à rentrer dans le cycle de traitement. Bientôt une trentaine de villageois sont rassemblés pour écouter les preAU PLUS PRÈS DES POPULATIONS miers conseils en matière de bonnes pratiques. Ils se voient proposer un test de séropositivité. Tous Pour aller au plus près de ces populations à risque, recevront seringues et préservatifs ainsi qu’un Médecins du Monde a mis en place, depuis janvier carnet reprenant toutes les informations sur les 2018, un système innovant de cliniques mobiles. pratiques à risque et les moyens de les prévenir. Le soleil est déjà haut dans le ciel quand le bus clinique se gare dans le village de Samo. Avec ses Une quinzaine d’entre eux décideront de tester 4 000 habitants, principalement agriculteurs, Samo leur séropositivité. Parmi le groupe présent ce a été « sélectionné » avec sept autres villages au matin-là, trois jeunes hommes en tee-shirt bleus terme d’une évaluation systématique de la zone. appartiennent à un groupe d’usagers de drogues,


Te, moignage

Thuya Naing Oo, Responsable d’un groupe d’usagers de drogues « SE SENTIR MOINS SEULS ET PLUS SOLIDAIRES »

« J’ai créé mon groupe d’usagers, Shining Star, après avoir rencontré les équipes de Médecins du Monde et commencé un traitement de méthadone. Chaque mois, nous nous cotisons pour aider financièrement des usagers de drogues qui veulent commencer un traitement de substitution ou pour soutenir des personnes malades. Mais le plus important est que nous nous réunissons chaque mois pour discuter de nos problèmes et de la façon de les traiter. Grâce à ce groupe, nous sommes plus forts et plus solidaires que lorsque nous étions isolés. Médecins du Monde nous aide, notamment à travers la formation en matière de réduction des risques, afin que nous puissions jouer pleinement notre rôle et faire grandir notre groupe. » fortement impliqué pour jouer le rôle de relais auprès des villageois. « Ces groupes sont aujourd’hui la clé pour démultiplier nos actions et toucher le plus largement possible les personnes concernées », souligne Gitam, le responsable technique de la mission qui vient apporter son expertise, après une expérience similaire en Tanzanie. MOBILISER LES COMMUNAUTÉS Pour être au plus près des populations, Médecins du Monde s’appuie donc également sur les communautés d’usagers de drogues. Pour cela, l’association a fait un gros travail pour mieux approcher et mieux comprendre les besoins de ces personnes et amorcer un processus de mobilisation. En effet, si la plupart des usagers se connaissent, le développement de groupes formels depuis quelques années est une victoire importante compte tenu de la forte discrimination dont leurs membres font l’objet.

drogues. Leurs missions sont très variées mais toutes sont concentrées sur les enjeux de réduction de risques et de plaidoyer pour faire valoir leurs droits. Elles vont de la diffusion de conseils en matière de bonnes pratiques de consommation à la distribution de seringues et de préservatifs en passant par l’intervention en cas d’overdose, le ramassage des seringues usagées dans les zones de consommation, l’appui financier en cas d’hospitalisation ou d’enterrements et enfin le plaidoyer.

Au-delà, les équipes de Médecins du Monde ont réinvesti des plates-formes de discussion comme les Comités locaux de réduction des risques. Ils réunissent toutes les parties prenantes – autorités, polices, associations, groupes d’usagers, leaders religieux – autour d’une table pour échanger sur les solutions à apporter, s’attaquer aux racines du problème et lutter efficacement pour l’accès aux soins et aux droits de tous. Un travail de fond pour que Neen Lo, Le travail de cartographie réalisé par les équipes Mingwenn, Lolai et d’autres puissent agir sur de Médecins de Monde a permis d’identifier et de leur santé sans craindre les jugements et la réqualifier le profil d’une douzaine de groupes réu- pression. nissant au total environ 500 consommateurs de Jean-Baptiste Matray

« Nous sommes obligés de nous cacher de la police et surtout des milices locales qui, si elles nous attrapent, nous frappent et nous enferment dans des conditions très difficiles. »

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FOCUS

EN IMAGES

t sur Médecins du Monde intervien le camp 9 sites au nord de l’Irak, dont rat erno gouv de Chamisku dans le de Dohuk.

ion Depuis janvier 2018, l’associatien recentre son action sur le soutElle aux établissements de santé. met l'accent sur la formation duce personnel de santé et l’assistan technique.

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Médecins du Monde mène desà la campagnes de sensibilisation où gestion des déchets à Kirkouk la l'accumulation d’ordures menace santé publique.

is Daesh. La vie « L’atmosphère a changé depu le retour à la liberté. quotidienne est difficile malgré t plus d’argent, plus de Les gens qui sont rentrés n’on de revenir. C’est travail. Mais nous nous devions notre terre d’origine. » at de Ninive ernor Riyan, 60 ans, retournée du gouv


Irak Le long chemin de la reconstruction

Au premier semestre 2018, plus de 25 000 consultations médicales ont été réalisées avec l’aide de Médecins du Monde.

Les déplacements massifs de population à travers l'Irak ont mis le pays dans une situation d'urgence humanitaire. Bien que les opérations de combat contre l'État islamique aient officiellement pris fin en décembre 2017, des groupes d'insurgés sont toujours actifs dans certaines régions. Et les tensions accrues entre la région du Kurdistan irakien et le gouvernement central ont entraîné une nouvelle vague de déplacements des zones contestées vers le Kurdistan. Le pays compte toujours plus de deux millions de déplacés internes. Les violences, l’insécurité entravent l’accès aux établissements de soins. Les centres de soins de santé primaires sont surpeuplés, manquent de personnel et de fournitures médicales. Une situation dramatique pour les populations déplacées et celles qui retournent dans leur région d'origine, comme pour les communautés locales. En parallèle de ses activités auprès des déplacés dans la province de Dohuk, au Kurdistan irakien, Médecins du Monde intervient dans les gouvernorats de Kirkouk et Ninive où reviennent de nombreuses personnes qui ont fui les violences. L’accès à des services de santé de qualité représente un enjeu crucial pour la réinstallation de familles lourdement éprouvées par le conflit. Pour accompagner ces personnes vulnérables, nos équipes travaillent à améliorer l’offre de soins de santé primaires, de santé sexuelle et reproductive et de santé mentale.  Reportage photographique d’Olivier Papegnies

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DE VOUS À NOUS

, A lire !

Les Migrants en bas de chez soi Été 2015. Un lycée désaffecté du xixe arrondissement de Paris est occupé par 1 400 migrants. L’auteure, sociologue au CNRS et parent d’élève du collège voisin, retrace cet événement, la déstabilisation du quartier, la colère des riverains livrés à eux-mêmes, les tensions mais aussi la mobilisation solidaire. D’Isabelle Coutant Éditions du Seuil

Ave Maria Dans ce roman, l’écrivain irakien poursuit son exploration de la violence qui s’est emparée de son pays, dressant ses composantes confessionnelles les unes contre les autres. Il restitue ce moment où l’Irak se vide de sa communauté chrétienne, pourtant enracinée depuis deux millénaires.

EN BREF

Opérations France / Cette loi qui fragilise Engagé de longue date pour l’accès aux soins et la protection des personnes se prostituant, Médecins du Monde s’est largement mobilisé contre la loi du 13 avril 2016 visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel.

QUE PENSENT LES TRAVAILLEUR.SE.S DU SEXE DE LA LOI PROSTITUTION ?

En avril, les résultats d’une enquête menée auprès de Enquête sur l’impact de la loi du 13 avril 2016 583 personnes dans plusieurs villes de France par un contre le « système prostitutionnel » collectif d’associations a permis de confirmer l’impact de cette loi sur les conditions de vie et de travail des travailleurs du sexe. Malgré l’intention de protection affichée par la loi, la majorité des personnes interrogées considèrent que la pénalisation des clients s’avère plus préjudiciable pour elles que l’ancienne mesure de pénalisation du racolage public. Elles considèrent que leurs revenus en ont été fortement pâti et qu’elles maîtrisent moins bien leurs conditions de travail. Cette situation les pousse à prendre plus de risques au travail, notamment en matière de protection, et les conséquences sur leur santé sont préoccupants. D’autant qu’elles sont exposées à de nombreuses formes de violence : insultes, violences physiques, violences sexuelles, vols, braquages. Quant au volet social de la loi, censé protéger les personnes et leur proposer des conditions optimales pour cesser l’activité de prostitution, il n’est pas opérationnel et ne peut concerner qu’un nombre infime de personnes. Il risque également de renforcer la stigmatisation de celles et ceux qui ne pourront pas ou ne souhaiteront pas changer d’activité.

De Sinan Antoon Éditions Actes Sud

A voir !

Bouchra Khalili Blackboard À travers films, installations vidéo, photographies et sérigraphies, l’artiste franco-marocaine invite des membres de minorités à mettre en scène leurs stratégies de résistances face à l’arbitraire du pouvoir. Elle interroge ainsi les relations entre subjectivité et prises de position civique pour penser une communauté à venir. Jeu de Paume

© DR

1 place de la Concorde 75008 Paris

10 — www.medecinsdumonde.org


Vos questions Denise, donatrice

Je viens de vendre un studio

© Olivier Papegnies

dont la gestion locative me tracassait. J’hésite à vous donner une partie du fruit de la vente, mais je pourrais en avoir besoin un jour : que faire ?

Partenariats / Le Fonds Aubrac soutient nos actions au Liban Depuis trois ans, le Fonds Aubrac géré par la Fondation Roi Baudouin soutient nos actions auprès des populations syriennes et libanaises vulnérables au Liban. En 2017, ce partenariat a contribué à 110 000 consultations dans sept centres de santé de la région de Beyrouth et de la vallée de la Bekaa. Ces centres de santé soutenus par Médecins du Monde proposent des soins de

santé primaires avec une attention particulière pour les femmes – accès au planning familial et suivi des grossesses – et aux enfants. Deux centres de santé mentale communautaires sont également soutenus et proposent une prise en charge psychosociale sans discrimination à toute personne en ayant besoin.

Comité des donateurs / Auprès des mineurs non accompagnés Le Comité Indépendant de l’association, le Comité des donateurs mène une réflexion critique et constructive sur la gestion, la collecte de fonds, la communication et les grandes orientations de Médecins du Monde. Il témoigne auprès des donateurs de la qualité des missions qu’il visite et il s’exprime au conseil d’administration et à l’assemblée générale de l’association. En savoir plus sur : journeedonateursmdm.org

Depuis 2015, Médecins du Monde développe des actions auprès de mineurs isolés, le plus souvent migrants. Le comité a voulu rencontrer les responsables de ce programme dont le but est d'appréhender les problématiques de ces jeunes mineurs, en grande vulnérabilité, et de leur ménager un accueil et une prise en charge de qualité. Au centre Médecins du Monde de Picpus, à Paris, nous avons rencontré Sophie, la coordinatrice du programme, et de nombreux bénévoles (accueillants, assistante sociale, généralistes, psychiatres, pédopsychiatres). Leur travail repose sur la coordination avec d’autres partenaires pour assurer la prise en charge médicopsycho-sociale des mineurs. Dans ce cadre, nous avons pu assister à des ateliers collectifs « Parole et prévention » dans le cadre duquel les mineurs, après des parcours d’errance – sources de multiples traumatismes physiques et psychiques – peuvent enfin exprimer leur souffrance. Le but des médecins : leur redonner confiance en eux et espoir. Ces ateliers permettent à l’équipe d’élaborer des protocoles d’accueil dans la dignité, qu’elle veut voir relayés par les institutions. Ce travail s’inscrit dans le droit fil des principes de l’association : soigner, accompagner, témoigner, plaider.

Vous pouvez placer tout ou partie du prix de vente sur un contrat d’assurance-vie dont le bénéficiaire sera Médecins du Monde. Ainsi cette somme reste dans votre patrimoine et vous pourrez vous en servir à tout moment en cas de besoin. Ce n’est qu’à votre décès que le capital sera versé à Médecins du Monde, sans aucun droit de succession. Bien entendu, rien ne s’oppose à ce que vous mettiez fin au contrat d’assurance-vie pour nous faire don du capital de votre vivant. Les sommes investies en assurance-vie ne font pas partie de la succession. Ainsi, bien que bénéficiaire d’un contrat d’assurance-vie, Médecins du Monde ne participe pas à votre succession dans laquelle n’interviendront que vos héritiers et ceux que vous aurez pu désigner par testament. En souscrivant un contrat d’assurance-vie vous ne faîtes que différer dans le temps le versement de votre don. Catherine Bienvenu,

Responsable du service legs

Posez votre question, Catherine Bienvenu vous répondra ! legs@medecinsdumonde.net – 01 44 92 14 42 Médecins du Monde – Service legs 62, rue Marcadet 75018 PARIS

Médecins du Monde N° 131 — 11


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© Olivier Papegnies

FAIRE UN LEGS À MÉDECINS DU MONDE, C’EST PROLONGER SON ENGAGEMENT.

Médecins du Monde - Service Legs - 62, rue Marcadet - 75882 Paris Cedex 18

DEMANDE DE DOCUMENTATION - LEGS Notre documentation vous sera envoyée gratuitement sous pli confidentiel, sans aucun engagement.

q OUI, je souhaite recevoir votre documentation sur les legs, donations et assurances-vie.

Pour toute information : Catherine Bienvenu : 01 44 92 14 42 Responsable du service legs, donations et assurances-vie. www.medecinsdumonde.org Courriel : legs@medecinsdumonde.net

À retourner sous enveloppe sans l’affranchir à Médecins du Monde - Libre réponse No 30601 75884 Paris Cedex 18

Merci de compléter ci-dessous : M.

Mme.

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Conformément à la loi Informatique et Libertés du 6 janvier 1978, vous pouvez accéder aux informations vous concernant ou les modifier en écrivant à Médecins du Monde.

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