Rapport d'étude_Licence Architecture

Analyser le territoire pour servir les usagers L’architecture au service de l’homme.

Mais aussi l’architecture mise en valeur par l’homme, par ses connaissances, son savoir-faire.

Encadrante: Sophie Paviol 2018 2019 Malorie Maquin École Nationale supérieure d’Architecture de Grenoble 1

Ce croquis a été réalisé durant mon stage de seconde année en Chine auprès de Magali Paris. Il représente à la fois les usages et modes de vie des habitants mais aussi l’aménagement urbain type d’une ville moyenne chinoise.

Avant- propos Originaire d’une bastide Aveyronnaise, les métiers de la construction et de l’architecture m’ont toujours attiré dans ce territoire riche d’histoire et de patrimoines. Mon parcours scolaire en est la preuve. À la suite de l’obtention du Baccalauréat Technologique des Sciences et Arts Appliqués, j’ai poursuivis dans un Brevet Technicien Supérieur Design d’Espace. Les stages qui découlaient de ces études m’ont permis de travailler dans la restauration de bâtiments, et dans des agences d’architecture spécialisées dans le patrimoine.

Grandir dans l’Aveyron m’a donné le goût du respect du territoire avec une attention particulière aux paysages ainsi qu’aux habitants qui y vivent.

Je suis toujours rester attentive aux édifications comme les burons qui me fascine car ce sont des architectures qui ont du sens, elles nous racontent une histoire. Et je pense qu’avoir grandit dans un territoire si riche de ressources et de patrimoine m’a énormément marquée et donnée l’envie de travailler en tant qu’architecte. C’est important pour moi de raconter d‘où je viens car c’est une région qui m’a vraiment construite dans mon imaginaire et éducation architecturale. Je suis marquée au fer rouge d’un doux et agréable enjeux de respecter ces notions dans ma future profession.

Lors de mon année du baccalauréat d’Arts, j’ai pu suivre le chantier du musée Soulages par RCR Arquitectes à Rodez qui se situait juste à côté de mon lycée. Cela m’a énormément attirée et j’ai évoluée tout au long de mon parcours à partir de cette expérience. Ce trio d’architectes est une réelle référence pour moi car je partage leurs visions architecturales. Et tout comme mes origines, ils sont restés ancrés en moi en tant que repères pour mes projets durant mon cursus de licence. Cependant à l’école j’ai découvert une quantité d’architectes auxquels je me suis attachée pour leur travail. L’école d’architecture de Grenoble a cet avantage de faire intervenir des architectes qui font un travail de qualité et qui donne l’envie de poursuivre comme eux, que ce soit par le biais des enseignants, des conférences ou bien des références apprises en cours magistraux.

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Introduction À la suite des trois années d’études au sein de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, la construction d’une pensée architecturale s’est mise en place. Je me suis rendue compte de l’importance du lieu et du contexte social en particulier.

Je me suis aperçue lors de mes projets de troisième année que l’analyse est un élément auquel je m’intéresse particulièrement car il permet d’avoir cette approche très étroite avec le contexte et les spécificités du lieu, avec une mise en lumière sur le domaine social. Avant cette dernière année de cursus de licence, je ne ressentais pas autant le besoin de faire des analyses de qualité pour penser ensuite à la conception. C’est cette troisième année qui m’a fais prendre conscience de certaines notions architecturales que je ne captais pas correctement avant, que ce soit pour l’analyse ou l’intégration dans un territoire. Dans les deux premières années je sentais un manque profond de mise en situation sur le site. J’avais l’impression de faire du projet pour faire un joli bâtiment avec des formes et des matériaux esthétiques. Je ne comprenais pas le sens de mes travaux. À présent mon ressenti à complètement changé et je me sens pleinement investie dans mes projets avec une envie intense de les réaliser.

J’ai aussi eu la chance de voyager depuis toute petite, les différentes cultures et modes de vies m’ont toujours intrigués. Et bien que je sois très attachée à la terre de mon enfance, ces voyages me permettent de découvrir de nouveaux rapports à l’architecture et de comprendre que les contextes sociaux, historiques et environnementaux sont vraiment propres à un lieu et que chaque architecture doit être unique en ce sens.

Aujourd’hui je me positionne sur une architecture non standardisée et en adéquation avec le site et les usagers. L’aspect esthétique de certaines constructions contemporaines sont identiques à l’échelle du monde. Et ce phénomène de standardisation, d’uniformisation de l’architecture n’a pas de sens pour moi. C’est pour cela aussi que je veux apporter les matériaux et savoirs-faire locaux pour contrer la mauvaise industrialisation de production de matériaux qui ne sont plus propres à un lieu donné. Ce phénomène provoque une baisse de l’utilisation des ressources locales dans la construction et donc une perte de l’identité architecturale locale.

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Il faut tout de même travailler les matériaux qui furent une véritable innovation comme le fer et le béton, mais à bon escient et pour une raison particulière. Les matériaux que je nomme de « matériaux locaux » sont pour moi les matériaux présents sur le site ou du moins sur le territoire régional et issus des ressources naturelles ou travaillés artisanalement. Ils peuvent venir de divers sites comme des carrières, des forêts, des terres agricoles.

Bien-sûr cela pose la question économique des filières locales avec comme exemple la région du Jura avec son industrie sylvicole et plus précisément dans les résineux. Mais on peut se demander à quel prix doit-on se concentrer sur les filières locales quand nous voyons la réouverture d’une carrière avec Peter Zumthor. Cela pose le problème de savoir si l’architecture est-elle réservée à une élite ?

Dans ma future pratique professionnelle de l’architecture, je souhaiterai participer à l’amélioration des modes de vies et relations humaines à travers des conceptions uniques en adéquation avec le lieu spécifique. Je suis convaincue que cette amélioration se fait par le biais d’une connaissance du territoire avec ses spécificités dont les savoir-faire et l’artisanat traditionnel. Le travail des gens doit être mis en valeur pour permettre d’enrichir le lieu. Mais comment faire pour améliorer les modes de vies des habitants dans cette société en constante évolution ?

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01 PRÉSENTATION 02 PRATIQUE DE PROJET ARCHITECTURAL 2. Établir une transition de l’analyse à la 03 EXPRESSION PLASTIQUE conception 04 EXPÉRIENCES PROFESSIONELLES L’e s q u i s s e c oAUX m m eCONCOURS élément de 05 a)PARTICIPATION conception BIBLIOGRAPHIQUES 06 RÉFÉRENCES

b) Réponses aux modes de vie et histoires du lieu c) Le territoire comme générateur de richesse 3. La transition d’une architecture pérenne a) Utiliser les matériaux et savoirs-faire locaux b) Faire valoir l’identité du site

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SOMMAIRE

1. Comprendre le local avec une analyse approfondie a) Analyser le site environnant et son histoire pour une meilleure conception b) Analyser et comprendre les usages sur le territoire c) Mettre en avant les expériences et pratiques sociales

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Comprendre le local avec une analyse approfondie Pour moi il est important de commencer mon rapport d’étude par cette envie de compréhension du local car c’est une notion qui a toujours été importante pour moi, même avant les études d’architecture à l’école de Grenoble. J’ai pris l’habitude depuis mon enfance de toujours analyser le local car c’est quelque chose qui m’intrigue. Quand je parle de local cela représente le site, l’histoire du lieu ainsi que les usages. Dans ma ville natale qui est Villefranche-de-rouergue dans le département de l’Aveyron, la richesse de son histoire racontée par ma famille et mes professeurs m’éblouissait et j’adorais comprendre comment la ville a été formée en tant que bastide commerciale, mais aussi pourquoi existaient ses burons dans les villages alentours et comment les habitants vivaient ici. Ses burons sont représentatifs du territoire occitan par sa construction en pierres, en lauze et en ardoise, mais aussi pour son usage qui permet aux éleveurs des vallées à abriter la fabrication du fromage et de reposer à l’intérieur. En tant qu’étudiante en architecture, cette analyse du local enrichie mon projet car je comprends les usagers et leurs besoins. Le projet est alors adapté à ce territoire en particulier.

Victor Hugo a écris dans son livre Notre-Dame de Paris « Chaque flot du temps superpose son allusion, chaque race dépose sa couche sur le monument, chaque individu apporte sa pierre. Ainsi font les castors, ainsi font abeilles, ainsi font les hommes. Le grand symbole de l'architecture Babel, est une ruche.»

Selon moi, cette citation représente l’architecture dans sa forme la plus pure, comme une référence au palimpseste qui permet d’écrire, de réécrire. Mais surtout de voir les différentes couches du travail des hommes dans le temps. L’architecture laisse une trace de son passage, et sait se réinventer quand il le faut. C’est en ce sens que l’exemple des burons s’appliquent à la pensée de Victor Hugo. Cette trace d’un usage ancien permet de comprendre le territoire et de définir l’histoire de ces petites constructions. Cette noble résistance de l’architecture dans le temps permet aux hommes d’évoluer sur le territoire.

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L’école d’architecture de Grenoble nous amène à penser dans se sens que les territoires, les sites, les bâtiments ont tous des histoires à raconter comme un palimpseste sur lequel nous pouvons retracer une nouvelle histoire. Comprendre le local c’est avant tout penser à cette superposition d’élément dans un même territoire. L’analyse permet de découvrir petit à petit ses superpositions comme des trésors enfouis. Je pense que cette étape est la plus importante car on peut voir le résultat lors de la conception d’un projet architectural. Retrouver une cohésion entre le site et le bâtiment permet d’avoir une réponse architecturale sur le territoire. Dans ma première année à l’école, je ne portais pas attention à cette compréhension du local mais au fur et à mesure je me suis rendu compte de son importance avec des références d’architectes.

Pour moi penser que le métier d’architecte se limite à concevoir un joli bâtiment qui fait parler de lui est contradictoire avec ce que l’on nous enseigne, et ce à quoi j’aspire dans ma future profession.

Analyser le site environnant et son histoire pour une meilleure conception Le travail de l’architecte se doit, selon moi, de valoriser le territoire à travers une architecture unique et spécifique au lieu. Dans ce processus de valorisation, je pense qu’il faut respecter l’importance de l’analyse du site et ses qualités mais aussi l’histoire du lieu. Avec une nouvelle conception, l’architecte doit se greffer à cette histoire. Au cours de ma licence à l’école, j’ai compris qu’il y avait plusieurs histoires. En effet il existe l’histoire du site avec des preuves connues mais aussi l’histoire de la mémoire collective des habitants. Cet équilibre entre réalité et mythe doit être compris dans chaque conception.

Les cours de Catherine Maumi sur l’histoire des villes m’ont permis de comprendre pourquoi l’analyse de l’histoire du lieu était indispensable pour un projet architectural. Il y a eu un cours en particulier sur les bastides occitanes qui m’a beaucoup intriguée de par mes origines. Entendre et comprendre l’histoire de ma ville et ses alentours a été une chance pour me projeter visuellement sur l’impact des nouvelles constructions. Ce cours a aussi fait le lien avec mon stage sur la restauration du coeur de bastide.

J’ai compris que cette histoire locale à une plus grande échelle que ce que je pensais. Elle répond à une véritable identité du lieu qui peut être aussi la logique d’un autre site. Cette histoire change d’échelle perpétuellement, passant du récit d’une villefranche au moyen-âge à la référence des bastides françaises.

Plan du livre Bastides : Villes neuves médiévales, M. Coste et A. De Roux, avril 2007, éditions Rempart.

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Le cours de Catherine Maumi intitulé « Ville « rétrécie », ou « réduite », et villes nouvelles, au Moyen Age » met l’accent sur l’histoire des bastides avec leurs définitions spatiales. Dans la seconde moitié du Moyen-Âge, principalement dans les pays d’Oc du Sud-Ouest, se construit de nouvelles villes appelées « bastides ». Elles sont organisées selon un plan d’urbanisme moderne, réfléchi et fonctionnel qui permet d’acheminer les transports commerciaux en faisant rencontrer les artisans ainsi que les commerçants. L’organisation spatiale est primordiale pour définir les rôles de la place de marché fermée, de l’église ainsi que les circulations entre les îlots réguliers. Au cours du XVIIIe siècle, le savoir-faire concernant la construction des bastides se perd. Mais pour Villefranche-de-rouergue, je constate que son évolution permet de mettre en avant son identité de bastide et de ville franche c’est à dire de ville commerçante.

La typologie de ma ville natale me permet de comprendre les usages d’autrefois mais me plonge dans cette analyse pour mes projets. Mes premiers croquis de la ville montraient la beauté de l’architecture mais à présent mes croquis prennent une nouvelle dimension pour définir le lieu pour montrer plus de caractéristiques que la beauté des bâtiments. Je comprends désormais l’importance de définir la typologie du site pour mieux le comprendre.

Lorsque j’ai dessiné ce croquis, je m’intéressait surtout aux jeux de lumières sur les arches et les toits mais à présent, je le regarde d’une autre façon. Je comprends la typologie des bâtiments avec leurs fonctions qui comprend des commerces au rez-de-chaussée et des logements aux étages. Les bâtiments sont tournés vers la place qui est mise en avant par le biais du contraste avec les bâtiments. Les circulations de la place aux magasins sont guidées par les arches représentatives de la bastide.

Et c’est à ce moment là que mon croquis prend beaucoup plus de sens car on comprend les actions des habitants sur ce lieu.

C r o q u i s réalisé en 2014 sous les arches de la place de la collégiale, Villefranche de Rouergue.

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Analyser et comprendre les usages sur le territoire

Photographie prise en Chine en août 2018 dans la ville de Sanjia.

Il n’est pas toujours facile de comprendre les usages présents sur un site, pourtant c’est une base primordiale pour la conception d’une architecture.

Pour le stage de seconde année en école d’architecture, j’ai fais mon stage auprès de Magali Paris, paysagiste et enseignante à l’école d’architecture de Grenoble. Ce stage s’est déroulé en Chine et il a été très important pour mon cursus d’études en architecture car il a fait évolué mes réflexions en architecture. Ce qui est remarquable dans ces pays asiatiques, c’est la manière dont les habitants vivent. Pour comprendre leurs manières de vivre, j’ai longuement observée, dessinée et photographiée les gens dans leur quotidien. Le décalage culturel a permis de rendre mon analyse des usages d’autant plus forte qu’elle m’était inconnue. En suivant les méthodes d’analyse vues en cours avec Anne Monique Bardagot, je me suis attardée sur les espaces de transports, les espaces de repas, de jeux et de repos.

Ces espaces de vies décrivent les usages au quotidien. Dans le sud de la Chine, les enfants n’étaient pas tous scolarisés, faute de moyens économiques pour les amener dans les villes voisines dans les écoles.

Pourtant j’étais étonnée de voir les enfants attendre leurs parents dans les quatre coins de la campagne. Ils étaient proches de la nature environnante et passaient des heures à guetter le paysage dans le silence. Ce lien entre le territoire et les habitants varie de celui que l’on a en Europe où les enfants ne s’attardent que très peu sur le paysage.

Nous étions dans une campagne pauvre, qui se contentait de vivre au travers de cultures locales et de matériaux récupérés. À travers cette photographie, on comprend l’usage du pneu de voiture qui sert pour un autre usage pour les habitants de Sanjia. En comprenant cette différence d’usage selon les régions du monde, on comprend l’importance de l’analyse pour correspondre au site et surtout aux attentes et modes de vie de ses habitants.

L’objectif de ce stage était de concevoir et construire un pavillon de jeux pour ses enfants avec des matériaux locaux. Le pavillon que nous avons construit pourrait paraître pauvre pour les enfants européens qui ont l’habitude de jouer dans des aires de jeux colorés remplies de toboggans, de balançoires et châteaux forts solides. Mais pour ses enfants du sud de la Chine, cela a transformé leurs vies dans le village, cela a transformé leurs journées car ils ont désormais un lieu spécifique à la rencontre et propice à l’amusement sur un site sécurisé qui leur appartient.

Ce pavillon n’est que le résultat d’une analyse sur le territoire qui nous montrait à quel point le village était dépourvu d’espaces pour les enfants qui erraient dans les rues, comme abandonnés la journée.

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Chaque architecte a sa méthode pour analyser le territoire, la ville, le site.

Mais il y a un type d’analyse que j’affectionne particulièrement pour son originalité mais surtout pour son sens. Cette analyse réalisée par Enric Miralles, architecte espagnol, se visualise de par sa ressemblance à un collage photographique. J’ai connu cet architecte lors du voyage scolaire à Barcelone en seconde année. Lorsque je suis tombée sur le marché Santa Caterina, j’ai été ébahie par ce lieu.

C’est un marché qui fonctionne parfaitement pour moi, car il vit. Les gens viennent acheter des produits, mangent sur place, se rencontrent entre habitants. C’est un lieu vivant qui répond avec brio aux usagers.

Je me suis intéressée de plus près à l’architecte et ses travaux. J’ai vu sa manière d’analyser les lieux du projet pour répondre aux usagers et cela m’a énormément plu. L’architecte met un accent particulier sur le contexte, l’histoire et la culture de chaque projet et vise à améliorer ces aspects grâce à son processus de conception unique.Il fabrique des analyses particulières qui me plaisent beaucoup car avec le simple procédé de collage, il décrit et transforme toute une ville. L’architecte utilise le collage comme le moyen de fixer une pensée dans un lieu qui peut se déformer, évoluer. Fixer cette réalité lui permet de travailler avec elle. « Un projet est toujours fait de ces moments, de ces moments divers, de différents fragments parfois contradictoires. Ces collages, à la manière d'un puzzle, forment la représentation d'un espace dans une action qui, en tout cas, répète le travail même de projection. Ils sont comme une surprise qui ouvre continuellement une nouvelle définition des limites et des contours. » Enric Miralles & Benedetta Tagliabue 1996, El Croquis 101 Pages 58-63

Ce collage est une façon d’enregistrer les souvenirs, de rassembler les formes et matériaux qui constituent le paysage urbain. On y voit aussi la multiplicité qu’offre cette représentation déformée. Ce collage appelé « Photocomposition » montre le projet de l’embarcadère dans la ville de Thessalonique en Grèce avec une composition qui tournoie sur elle-même.

Enric Miralles superpose les traits et les photos pour proposer des figures afin de raconter l’histoire de la culture locale. La ligne d’horizon qui tend vers le ciel se courbe en demi-cercle pour jouer avec notre perception de proximité et de distance.

Dans cette photocomposition on observe le réseau de relations dans le port de la ville. C’est à ce moment que Miralles capture un moment pour définir le territoire. La photocomposition est étroitement liée avec le projet dans la poétique de ses formes et son respect à l’environnement. On comprend bien comment l’architecte a amené sa conception à partir de son analyse afin de répondre au mieux aux caractéristiques du lieu. La géométrie répond aux flux des traits du photomontage et la forme des bâtis est en lien direct avec la forme globale du montage photographique en demi-sphère. Les traits que nous voyons dans l’analyse sont convertis en espaces de circulation pour les usagers.

Photocompositi on et esquisse de son projet à Thessalonique, Grèce, Enric Miralles

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Cette étude de va-et-viens dans le travail de Miralles m’a permis de comprendre pourquoi je devais m’approprier l’analyse afin de faire ressortir les éléments principaux pour mes projets.

Mettre en avant les expériences et pratiques sociales

Plan annoté d’un logement à la Cité Manifeste de Mulhouse par Monique Eleb, 2015

Au fur et à mesure que j’avance dans les études, je me rends compte que la pratique sociale est très importante pour moi. Elle ajoute des valeurs que l’analyse des caractéristiques physiques n’est pas en mesure d’offrir. Les expériences sociales en lien avec les usagers directement peut enrichir le projet. Les pensées théoriques se modifient quelques fois pour laisser place à des récits d’habitants vécus.

Les expériences et pratiques sociales vu en cours avec Anne-Monique Bardagot ou bien avec Clémence Dupuis lors de l’écriture de l’article ont révélés mon envie de comprendre les habitants d’un lieu en communiquant directement avec eux.

Dans l’article rédigé le semestre dernier, traite de « l’inadéquation entre modes de vies et habitats contemporains » j’ai remarqué que l’analyse des modes de vies et besoins des habitants peut parfois être difficile. En France, les familles se restructurent et les pratiques évoluent. De nouveaux dispositifs de l’habitat arrivent quand la société change. La sociologue Monique Eleb a réalisé un travail de terrain, elle va visiter le logement et questionne beaucoup les habitants pour arriver à ses solutions. Mais avant cela, elle exécute des enquêtes sociales pour comprendre les usagers.

C’est une étape essentielle avant de commencer une quelconque conception de projet afin de réaliser des habitats qui correspondent aux différents ménages qui les composent. La rencontre avec les habitants permet d’avoir des précisions majeures sur le ressentis qu’ils peuvent avoir dans leurs logements afin de trouver ces petites choses qui font beaucoup et permettent de mieux habiter au quotidien. Désormais, Monique Eleb met en avant une méthode qui revient de plus en plus: le plan meublé. Car cela permet de vérifier l’habitabilité. Ce plan fonctionnaliste annoté montre que l’on peut bouger les meubles selon les désirs des habitants après avoir discutés des espaces « trop figés » dans les appartements. Ces enquêtes sociologiques sont intéressantes et je pense qu’il pourrait y avoir des enquêtes sociales menées à l’école durant nos projets pour nous habituer à aller au delà d’une simple analyse physique d’un site, d’un habitat.

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Photographie montrant Lacaton & Vassal visiter un logement de la Cité Manifeste à Mulhouse pour apporter des modifications à la suite d’une discussion avec l’habitant.

Lors de la rédaction de l’article, je me suis particulièrement intéressée à la Cité Manifeste à Mulhouse car la méthodologie et l’approche du projet s’est faite en trois parties pour toutes les équipes d’architectes. Tout d’abord avec une enquête socio-architecturale auprès des habitants selon trois échelles, la ville, les espaces intermédiaires du quartier et le logement.

Puis par une déclinaison de projet et la répartition des logements par groupe. Pour finir avec un travail d’enquête sur l’expérience d’habiter avec plusieurs types de ménage. C’est une expérience collective. Chaque groupe d’architectes à établit un rapport détaillé avant de commencer la conception. Les architectes ont beaucoup été impliqués tout au long du processus de conception et de réalisation mais aussi du post-projet pour rectifier des éléments avec les protagonistes qui sont les habitants. Cette approche sociologique qui est effectuée par des architectes comme Lacaton & Vassal permet d’être plus proche de la réalité sociologique du lieu et de mieux analyser les modes de vies. Cette méthode peut faire sens en la liant avec des relevés schématiques pour montrer comment les gens s’approprient un lieu et vivent dedans. Cette démarche fait sens pour moi, elle prouve l’implication de l’architecte dans son travail et la vérification de la qualité du projet. Je pense que l’architecte doit être en perpétuelle recherche d’amélioration pour de nouveaux projets et ceci est une bonne manière de procédé pour évoluer dans les nouvelles conceptions. À la manière des architectes de la Cité Manifeste à Mulhouse, j’ai rencontré les habitants du village de Sauzet que nous étudions avec le studio de Gilles Marty pour avoir leurs ressentis personnel. Cela m’a apporté beaucoup de notions que je n’avais pas remarqué sur le site. J’ai discuté avec Michel qui avait énormément de choses à raconter. Je me suis aperçus que c’était complexe de faire intervenir les habitants car tout de suite ils donnent leurs envies et s’éparpillent parfois. L’implication est plus forte mais peut être trop parfois car ils veulent dirigés des étapes de conception ou de construction malgré leurs faibles compétences dans le domaine. Lorsque je serai architecte, je souhaiterai impliquer les habitants mais en gardant des réserves pour adapter l’enquête sociologique.

Les pratiques sociales peuvent s’aborder par d’autres manières que pour servir l’analyse. Par cela je veux dire que ces expériences sociales peuvent aussi venir lors de la dernière phase de la création d’un bâtiment c’est à dire la construction. Lors d’un cours magistral avec Manon Scotto en troisième année de licence, j’ai découvert l’architecte Fabien Vienne, qui est un architecte des années 60-70 et qui a travaillé avec Le Corbusier. Cet architecte met en place une stratégie avec une maison non terminée faite de modules préfabriqués pour permettre aux habitants de finir de construire leurs maisons.

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Cette stratégie a été mise en place sur l’île de la Réunion avec des habitations non complètes mais avec des éléments à rajouter par des habitants qui soient « manuportable » et « manutentionnable ». Ces expériences ont créer des liens entre artisans et habitants en leur apprenant le savoir-faire du chantier. Fabien Vienne a redonné une place sociale à l’usager, à l’habitant en le faisant participer lui-même à la construction de son habitat mais aussi en lui faisant économiser de l’argent sur l’achat de machines et le paiement des artisans pour toute la construction du chantier.

Établir une transition de l’analyse à la conception Dans mon rapport d’étude je ne pouvais pas écrire sans évoquer la transition entre l’analyse et la conception car c’est l’étape la plus importante pour moi. Par ailleurs je commence à trouver ma voie dans une façon d’analyser qui est par le dessin. Ce dessin arrive petit à petit dans un projet et cela m’étonne toujours de revoir des croquis d’analyse dans les dessins de conception finale. Je pense que si l’analyse du territoire, des usages et usagers a été assez approfondie, la transition jusqu’à la conception devient une évidence et le projet final n’en est que plus fort.

L’esquisse est devenue pour moi l’outil le plus important dans mes analyses car son impact touche à la fois les personnes extérieures, mais elle est surtout un plaisir et une aide pour comprendre le site, le bâtiment, les ressources. Lorsque nous allions dans la Drôme avec le studio de Gilles Marty, les élus des villages ainsi que les habitants ont été intrigués par les croquis que nous faisions et ce sont ses croquis qui ont fait naître un lien entre les habitants et les étudiants en cassant la barrière de la timidité. Cela m’a fait prendre conscience que le dessin est un liant entre les gens car c’est un langage universel. Tout le monde a déjà dessiné dans sa vie, que ce soit des dessins lorsque nous sommes enfants ou bien par le travail.

C’est un élément qui capte l’attention de tous et qui est vite compréhensible. Toute une pensée peut se réduire à un dessin, qu’il soit complexe ou pas. Cette signature personnelle met en valeur nos intentions dans nos projets architecturaux. Gilles Marty nous a enseigné que « l’esprit du lieu c’est l’intelligence de l’observation, ce sont vos images. » Je rejoins sa pensée pour affirmer que l’analyse a permis d’extraire les valeurs du site afin de la retranscrire dans un projet.

Cette extraction s’est faite par le biais d’une multitude de petits croquis qui ne sont pas faits pour être « beaux » mais qui sont représentatifs.

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L’esquisse comme élément de conception

Esquisse faite sur le site et comparaison avec le plan masse du rendu fi n a l d a n s l e studio PNG.

Esquisse à l’encre et comparaison avec la coupe finale rendu lors du concours pour le musée Soulages, RCR arquitectes

Lorsque nous dessinons, nous choisissons déjà des partis pris. Nous faisons le choix des éléments que nous voulons retranscrire à travers l’encre sur le papier. Dans ma seconde année de licence, dans le studio PNG nous avons dû faire des premières esquisses à partir d’une visite de site et je me suis aperçue que cette esquisse se retrouvait dans le design final du projet. Ce studio m’a appris les intérêts des esquisses car cela répond directement au site. Que ce soit le tracé régulateur, la forme du bâtiment, les dimensions des espaces ou bien le point de vue, tout découle des croquis de site. Tout comme Enric Miralles avec son analyse de photocomposition, les croquis deviennent les prémices du projet.

Mais pas seulement car avec les cours de dessin de Rémi Huneau, j’ai appris à comprendre les espaces. En effet, nous devions dessiner l’école pour apprendre les proportions et les justesses en dessin. Mais ce qui m’a le plus frappé lors de ce travail c’est la compréhension de l’espace qui se fait systématiquement entre la main qui dessine, l’oeil qui observe et le cerveau qui analyse. Depuis ce cours, je reviens à cette méthode pour comprendre les espaces mais aussi les sites et ses ressources. Pour un architecte cela peut paraître être une pratique banale mais je pense que c’est nécessaire d’avoir ce déclic pendant les études d’architectures. Je prends encore plus de plaisir à dessiner maintenant que je comprends comment voir les espaces.

Je m’intéresse de très près à un trio d’architectes nommé RCR arquitectes non seulement parce que j’ai pu suivre le chantier du musée Soulages lors de mes études d’Arts Appliqués à Rodez mais également parce que je suis fascinée par leurs dessins d’analyse et de conception. Les dessins sont parfois « grossiers » et réalisés souvent à l’encre de chine mais la magie opère car on comprend très bien ce qu’ils représentent.

Comme on peut le voir sur le montage liant le croquis à l’encre analytique réalisé sur place superposé avec un rendu réaliste du musée Soulages, le dessin réalisé sur la visite de site est réellement un prémisse du projet final.

Il montre l’intention des architectes sur la forme des bâtiments, leurs positions, leurs relations au site, la lumière, …

Pour ces architectes catalans, le dessin est un art local qui doit perduré pour garder sa force pour les projets à venir. Après avoir reçu le prix Pritzker, ils défendent encore l’importance de cet art dans la conception d’un projet.

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22 Studio OaP-G/PNG

// MAQUIN Malorie

Plan masse du projet

1:1000




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« De plus en plus de gens craignent qu’en raison de [l’]influence internationale (…) nous perdions nos valeurs locales, notre art local et nos coutumes locales (…), a déclaré le jury dans sa citation. Rafael Aranda, Carme Pigem et Ramon Vilalta nous disent qu’il peut être possible d’avoir les deux. » Musée Soulages à Rodez, Dominique Amouroux, 2014, page 13

Le lien entre le croquis à l’encre ainsi que le musée Soulages est frappant de ressemblance à la fois pour les volumes des bâtiments en suspension dans le vide de la colline mais aussi pour la végétation qu’ils ont apportés.

L’encre révèle la lumière sur le matériau de l’acier Corten qui devient une évidence lorsque nous regardons cette photographie.

Réponses aux modes de vie et histoires du lieu

Coupe fours à chaux, studio de Gilles Marty, Semestre 6

Quand on parle d’histoire, on parle aussi de mémoire. C’est en ce sens que le projet peut répondre à travers l’analyse établie. La mémoire des lieux.

Ce fut très compliqué pour moi de comprendre les usages dans un habitat.

Il y en a une multitude dans cette société en constante évolution où les modes de vies suivent le mouvement. Pourtant il me semble nécessaire de comprendre ces choses avant même de dessiner le projet.

Les cours sur « le logement et l’habiter en questions » de Anne Monique Bardagot ont servi dans mes projets pour apprendre les usages de chaque pièce d’une maison et savoir comment vivent les habitants selon leurs âges, leurs situations économiques ou historiques. Nous avons vu que cela peut énormément changer selon les pays et cultures. Ces cours m’ont fait réfléchir sur les enjeux sociaux d’une conception des logements avec pour objectif central les pratiques quotidiennes et concrètes des habitants avec leurs représentations et les valeurs et évolution de la société. Nous avons pu voir les grands courants de pensée et des représentations de l’individu avec l’évolution des modes de vie et la transformation du logement social.

Nous avons fait une rétrospective historique du logement social et des manières d’habiter, de 1850 à aujourd’hui en prenant des résultats de recherches menées en sciences humaines. J’ai compris la définition d’une qualité d’usage en analysant les choix d’architectes au niveau de l’organisation spatiale, du traitement des ambiances et des incidences que cela peut apporter sur la vie quotidienne des habitants et leurs plaisirs d’habiter.

Les réponses aux modes de vie sont le fruit d’analyse ethnographique et sociale que je voudrais mettre en place dans chacun de mes projets.

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L’architecte et théoricien italien Aldo Rossi est un représentant de la mémoire du lieu en architecture. J’apprécie beaucoup sa théorie de « La Tendenza » puisqu’elle exprime un nouveau regard porté envers l’architecture du passé prenant en compte les différentes typologies d’édifices. Pour lui la ville est une architecture qui est le résultat d’une longue histoire sans cesse reconstruite. Aldo Rossi explique dans son livre L'Architettura della città que « Parler en soi d’urbanisme rationnel est pur tautologie, puisque c’est la condition de l’urbanisme de rationaliser précisément les choix spatiaux».

Croquis montrant les usagers dans la bâtiment pour le projet de halle de marché, Studio de Frank Lebail, semestre 5.

Ce récit masque le caractère critique envers ses collègues architectes qui emploient sans retenu et sans sens, la notion de rationalité sans voir la redondance.

Cependant, contrairement à ses idées, je n’apprécie pas ses réalisations et choix architecturaux que je trouve trop formels et trop classiques.

Lors de mes études à l’école d’architecture de Grenoble, il y a eu deux studios de projet qui m’ont fait évolué dans ce principe de répondre aux modes de vie mais aussi aux histoires du lieu. Tout d’abord le studio de Frank Lebail qui m’a ouvert les yeux sur l’évolution des modes de vie au sein d’un quartier lorsque celui est redynamisé soit par une architecture ou bien une nouvelle fonction attribué à une architecture déjà présente.

Lorsque nous devions concevoir une halle de marché Slow Food au coeur d’un quartier laissé à l’abandon dans le centre de Turin, nous ne devions pas seulement pensé au bâtiment de la halle mais surtout à ce que les gens vont en faire, comment ils vont l’habiter et se l’approprier. La halle s’étendait sur un projet d’urbanisme afin d’offrir aux usagers non seulement un lieu sécurisé pour faire le marché mais aussi un endroit pour eux, où les fonctions peuvent changer au fil de l’année. Le projet proposé indiquait les cycles de vies de cette halle lorsqu’il n’y avait pas le marché. En effet des espaces étaient conçus pour d’autres fonctions comme la restauration, des salles de conférence sur la nutrition et le slow food mais aussi des espaces modulables pour accueillir des événements ponctuels comme des spectacles ou des réunions associatives.

Le territoire comme générateur de richesse Croquis réalisés sur le site pour montrer le patrimoine minéral, végétal et les points de vues.

La question du territoire a toujours tenu une place importante pour moi mais elle s’est valorisée pendant cette troisième année de licence à l’école d’architecture. Principalement avec mes deux studio de projets encadrés par Frank Lebail puis celui de Gilles Marty et Maud Laronze. Nous avons placés nos projets dans de vrais sites et cadres de vie. Nous avons dû penser au fonctionnement de ce territoire à ce qu’il apporte. J’ai alors fais appel à une conférence de Anne Monique Bardagot que j’avais beaucoup appréciée et qui traitait de « politique de la ville ».

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Maquette de projet pour la halle Slowfood à Turin, studio de Frank Lebail, semestre 5.

Cette conférence m’a fait prendre conscience de la réalité du « vivre ensemble » dans la ville mais aussi des représentations et des constructions sociales construites afin de répondre aux modes de penser de la ville et faire en sorte qu’elle soit attractive. J’ai essayé de mettre à exécution les conseils de Anne Monique Bardagot dans la halle de marché conçu pour la ville de Turin lors du studio Frank Lebail en particulier. Cette halle s’implante sur un parking délabré, dans un quartier oublié de la ville.

L’objectif était de permettre de redynamiser le quartier et offrir aux habitants une place pour se rencontrer, s’amuser, comme un lieux de vie collective. De l’échelle du bâtiment nous passons à l’échelle du quartier et même celle de la ville. Car cette halle pourrait devenir bien plus qu’un bâtiment pour accueillir le marché mais un véritable centre de partage pour les habitants en offrant une richesse sociale, un lieu de vie, de rencontre, de bien-être. Cette notion apprend à penser l’architecture au delà de son bâtiment sans lien avec son environnement. « Le territoire » est un mot vague qui définit bien des choses comme le site, sa localisation géographique ainsi que le peuple qui y vit. C’est un mot que nous utilisons beaucoup sans comprendre ce qu’il définit exactement.

Pourtant le territoire est une notion qui s’applique de la plus petite à la plus grande échelle, avec des caractéristiques très variées. Lors du stage en Chine avec Magali Paris, j’ai compris que le territoire est porteur de richesse patrimoniale avec des ressources propres à la culture locale. Mais cela s’applique aussi bien en Asie, qu’en Europe alors pour transmettre cette fonctionnalité dans la ville de Turin pour le projet de licence 3 semestre1, j’ai pris un temps de réflexion pour concevoir la place publique autour de la halle avec du mobilier pour que les usagers puissent s’assoir, et des tables pour manger. Mais aussi de la végétation pour créer un microcosme protégé de la circulation de la route tout autour et des nuisances. Je voulais créer un lieu paisible qui se détache de l’ambiance citadine dans ce quartier appauvrit et mal entretenu. Afin que le territoire turinois soit un générateur de richesse, j’ai utilisais les matériaux locaux qui sont les pierres turinoises mais aussi l’intention de récupérer les matériaux des bâtiments en démolition près de la place. Pour finir, la halle de marché disposés de toits terrasses qui récupérés l’eau de pluie afin de fournir le bâtiment en eau pour le nettoyage ou bien pour les habitants du quartier.

C’est en écrivant ce rapport d’étude que je me suis rendue compte de l’importance que je donnais aux apports du territoire, que ce soit par le biais des ressources des matériaux locaux ou bien par la culture architecturale et le mode de vie des habitants. Dans le studio encadré par Gilles Marty et Maud Laronze, ces éléments de territoire comme créateur de richesses se sont vraiment développés. Nous sommes aller sur nos sites de projet dans la Drôme, dans trois petits villages. Sur le terrain nous avons recherchés qu’elles étaient les ressources que disposaient le territoire puis nous avons répartis les 24 étudiants du studio en trois groupes afin de comprendre le territoire dans sa globalité.

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J’ai trouvais cette méthode très intéressante pour voir toutes les notions que comporte ce territoire et pouvoir approfondir les connaissances afin de concevoir par la suite. Les trois groupes constituaient la richesse du patrimoine architectural, le patrimoine de la faune et de la flore puis le patrimoine minéral. Enfin en groupe de studio complet, nous avons compris la force sociale dans ces trois villages avec les habitants qui aiment et qui sont dévoués. De grandes lignes directrices de projets sont arrivées petit à petit avec des principes de mobilité, de paysage et climat, de patrimoine et enfin de lien social entre les habitants. Dans ce travail de binôme, je me suis positionnée dans d’anciens fours à chaux à l’entrée d’un village pour y concevoir un « visitor center » liant la carrière de pierre et le bâtiment des fours à chaux. Toutes les ressources observées sur le territoire m’ont permis de prendre des choix architecturaux dans l’aménagement de ses espaces. Les choix se sont portés sur les matériaux, les fonctions et circulations pour les usagers, mais aussi les ambiances et l’apport que je fais à ce bâtiment déjà existant.

La transition d’une architecture pérenne C’est pour moi une évidence de terminer ce rapport d’étude avec cette notion de pérennité et de transmission. J’ai choisi de prendre partis pris pour défendre l’importance de l’analyse du territoire pour servir les usagers mais pour moi ce n’est pas la seule réponse au service de ses usagers.

L’architecture pérenne est le moyens le plus fort de faire perdurer ce service pour les habitants. La pérennité est une chose que je souhaites défendre dans l’architecture par deux principes qui sont la mise en valeur des matériaux et savoirs-faire locaux mais aussi la mise en valeur du site tout simplement. Je pense que c’est en défendant ses valeurs que l’architecture pourra offrir aux générations futures de bonnes habitations qui sont bien conçues et bien réalisées.

Cette notion de pérennité dans l’architecture m’a fortement marqué lors de mon stage en Chine. Que ce soit dans les petits villages du sud du pays ou bien les grandes villes comme Wuhan et Shanghai, j’ai été étonnée de voir la quantité de bâtiments qui n’ont pas été pensés pour durer dans le temps ou de transmettre un savoir ou une identité. Certains bâtis ont été conçus pour être être temporaire, servir une fonctionnalité et être détruite. Et ce qui est étonnant c’est le contraste avec les anciens temples qui, malgré les séquelles du temps, racontent l’histoire et la culture de ce territoire ancien qui a beaucoup évolué.

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L’utilisation des matériaux et savoirs-faire locaux De par mon éducation personnelle et professionnelle, je défends le travail des artisans. Aujourd’hui nous voulons revenir à des architectures de qualité avec des matériaux de qualités. J’ai découvert pendant mon cursus de licence qu’il y avait une excellente raison à cela. Pendant une époque, nous avons construit avec des matériaux de faible qualité dans des espaces standardisés et inadaptés aux usagers. En revanche ces construisons se sont créées rapidement et à bon marché. Mais je vois tous les jours lorsque je prend le tramway pour me rendre à l’école, que ces architectures sont indésirables de nos jours.

Les cours de Jean Christophe Grosso m’ont beaucoup appris sur les matériaux et les savoirs-faire locaux dans des pays sous-développés en démontrant que la qualité de l’architecture vient de ces notions. Ce sont des architectures qui sont uniques et s’adaptent au territoire. Cela les rend plus pérennes car elles sont constamment utilisées, entretenus et la qualité d’origine ne vieillit pas mal. L’analyse et la compréhension d’un matériau permet de le travailler qualitativement et rendre l’architecture de meilleure qualité. Les analyses et Travaux Dirigés faits en cours avec Jean-Christophe Grosso m’ont énormément apportés sur ces notions de technologie savante dans l’architecture par le biais d’un apprentissage des matériaux et de leurs mises en places.

Planches de TD et analyses en cours de JeanChristophe Grosso sur les matériaux et mises en place.

En revanche, lors des cours de modernisme de Claire Rosset je me suis rendue compte que les architectes comme Le Corbusier ne me correspondaient pas dans cette façon de passer au travers de la mémoire et des savoirs-faire locaux. Car c’est la forme du bâtiment et non le processus qui est mis en valeur. C’est dans ce sens que je pense être contre l’idée du modernisme car ses architectes ont apportés des innovations techniques en oubliant parfois les matériaux locaux. Cependant je suis consciente des immenses innovations apportées pour les enjeux sociaux par rapport à leurs époques. Ils sont les créateurs d’une évolution dans le confort, l’hygiène ainsi que la salubrité dans le domaine de l’architecture.

Je trouve leurs travails exceptionnels en ce sens mais mes désirs de choix architecturaux se portent plus sur des principes d’utilisation de matériaux et savoir-faire locaux afin de pérenniser l’architecture. Pour moi, c’est une thématique actuelle qu’il faut mettre en avant pour permettre à l’architecture de traverser le temps.

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Photographie de l ’a r t i s t e A n d y Goldsworthy tiré du livre Stones publié en 1994.

Dans la pensée des burons que je retrouvais dans mon enfance, il y a un artiste qui correspond à ma façon de penser l’utilisation des savoirs-faire locaux. Il s’agit d’Andy Goldsworthy qui se confronte dans son travail à la notion de transition et « d’impermanence ». Ce que j’admire dans ses oeuvres c’est le procédé qu’il met en place entre la conception et la réalisation. Par exemple dans son livre intitulé Stones publié en 1994, il raconte comment ses murs de pierres se transforment avec l’usage. Il conçoit des murs de pierres sèches pour délimiter des terrains agricoles d’abord avec des dessins puis la réalisation se fait avec les maçons et bergers locaux. Il justifie cette démarche par la qualité qu’apporte le savoirfaire des berges pour répondre à un usage.

En ce sens, je trouve que l’approche de Goldsworthy est remarquable et je souhaite avoir cette pensée de servir les usages locaux et de faire intervenir, parfois, les principaux protagonistes. « Si j’édifiais moi-même un mur, il deviendrait quelque chose d’autre (sans compter qu’il serait moins bien fait. » Stones, Andy Goldsworthy, 1994

Faire valoir l’identité du site L’identité du site est une notion que je commence à explorer. Mais je peux voir la complexité d’une identité de nos jours. En effet, je pense qu’il y a eu des villes, des sites à fortes identités. Cependant de nos jours cela se perd un peu car tout se mélange et chacun s’approprie une identité pour sa ville qui n’est pas toujours authentique. Dans la même lignée que la dualité entre mémoire collective et les preuves historiques, l’identité d’un site peut devenir la représentation des habitants. Bien-sûr il y a encore des territoires avec des identités personnelles mais j’ai appris à faire attention entre caractérisées du site et identité du territoire.

Actuellement dans le studio de Gilles Marty, nous apprenons à faire valoir le site et ses caractéristiques avec un projet de mise en valeur de trois villages drômois. Ce site trouve une véritable identité par rapport à ses contextes historiques, sociaux et environnementaux. Mettre en valeur le site, ses habitants, son terroir pour donner une véritable identité au lieu tout en respectant cette dualité mythe et réalité. Nous nous sommes énormément intéressés à leurs patrimoines matériels et immatériels qui sont le patrimoine végétal et minéral, le patrimoine social et historique.

Il y a un mot que j’ai appris dernièrement qui représente tout ça. Il s’agit du mot palimpseste qui définit un morceau de parchemin déjà utilisé sur lequel nous allons réécrire tout en gardant des traces des écritures précédentes. Voila ma vision de l’architecture. Garder ses traces, sa mémoire, pour améliorer, évoluer dans un site.

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Le trio d’architectes RCR arquitectes répond à cette notion de faire valoir l’identité du site dans tous leurs projets. C’est une référence incontournable pour mettre en valeur un site, en jouant sur le temps pour créer des espaces pérennes. Lors du suivi du chantier du musée Soulages à Rodez, j’ai aperçu leurs envies de mettre en valeur cette ville et d’apporter du sens à leur construction. Je désire dans ma future profession, que les habitants comprennent ce sens et soient fiers de mes projets car ils doivent correspondent à leurs attentes communes.

« Chaque bâtiment conçu par ces architectes est spécial et est intransigeant de son temps et lieu. Leurs oeuvres sont toujours le fruit d’une véritable collaboration et au service de la communauté. Les architectes comprennent que l’architecture et ses environs sont intimement liés et savent que le choix des matériaux et l’artisanat de la construction sont des outils puissants pour créer des espaces durables et significatifs ».

Jury du prix Pritzker pour RCR arquitectes en 2017.

Je pense que le faire valoir du site est un défi réussi pour RCR arquitectes car leurs analyses sont très approfondies. Ils savent comment interagir sur le site pour créer à la fois de véritables oeuvres architecturales, mais surtout des espaces aux services des usagers.

Pour répondre à ma façon à l’identité du site dans le studio de Gilles Marty, j’ai fabriquée la maquette qui relie notre projet de fours à chaux près de la carrière en siporex, qui est un béton cellulaire. La maquette représente vraiment la topologie du territoire avec la manière dont elle est sculptée.

Cette maquette, encore en préparation, devra montrer les éléments principaux représentatifs du village de Savasse dans la drome avec le patrimoine des fours à chaux réinvestis mais aussi la végétation avec le lavandin et les vergers pour apporter de la vie et du tourisme au village. Ce lieu sera unique et permettra de découvrir tout le territoire avec une exposition au coeur des pierres du site. Ce visitor Center met réellement l’accent sur la représentation du village avec son histoire et ce qu’il peut devenir.

Photographie maquette de la carrière, Studio de Gilles Marty, semestre 6.

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Conclusion Tout au long de ce rapport d’étude, j’ai eu l’envie de montrer pourquoi l’analyse est plurielle et essentielle dans un projet d’architecture.

Dans mon déroulement je me suis attardée sur des éléments sociaux, auxquels je ne m’intéressais pas particulièrement avant l’école d’architecture.

Cette vision d’une architecture qui lutte contre l’uniformisation grâce à une analyse définie ainsi que la transmission de savoirs est la mienne à la fin de ces trois années d’architecture. Néanmoins, je me rends compte que les caractéristiques d’un lieu peuvent être difficile à analyser et exprimer.

Chaque architecte a sa façon d’analyser et je souhaite trouver la mienne permis toutes celles que j’ai pu percevoir durant mes études.

Pour ma future profession, je ressens le besoin de replacer l’Homme dans l’architecture et ses ressentis, ses usages. Je pense qu’il est essentiel de ne pas oublier que l’on conçoit avant tout pour des gens qui vont vivre, habiter le lieu et les espaces que nous imaginons.

Ce rapport d’étude m’a fait prendre conscience de la position que je prenais en tant qu’étudiante en architecture mais surtout les choix que je voudrais faire dans mon futur métier. Ces choix correspondent non seulement à mon éducation personnelle mais surtout à l’enseignement que j’ai reçu au sein de l’école d’architecture de Grenoble. J’ai pu voir mon évolution dans la manière de penser l’architecture mais surtout la manière de l’aborder dans mes projets. Je souhaite arriver à trouver une méthodologie de travail efficace qui corresponde à ma pensée de l’architecture pour concevoir des projets uniques et authentiques, qui permettent de servir les usagers.

Ce rapport d’étude m’a également fait prendre conscience de l’orientation de mes études pour le master. À la veille de terminer la licence en architecture, je dois déterminer la suite de mes études. Le master Villes et Ressources est pour moi le plus adapté à ma façon de penser et me permettrait d’évoluer dans ma future profession. Les analyses hors site puis sur le terrain m’attirent énormément. Le travail se fait sur des site plus larges, avec des villes entières et je pense que c’est très enrichissant de s’ouvrir à cette échelle. Les enseignements proposés dans ce master sont en lien avec ce rapport d’étude, avec ma vision de l’architecture. Et je souhaite continuer dans ce sens avec les notions de « déjà-là avec des ressources inépuisables » mais aussi « Une esthétique de l’existant, inventive et émouvante » ou bien « un monde dont l’avenir s’urbanise ». J’ai la vive impression d’appartenir à cette pensée dans le master et je souhaite développer ma réflexion au sein de cet enseignement.

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Bibliographie

- Conférence Monique Eleb, Myrto Vitart, Le logement, toujours un -

laboratoire d’architecture ? Débat sur les conditions de production du logement en France aujourd’hui, 02 février 2016 à 18h30 Conférence Monique Eleb, Entre confort, désir et normes, le logement contemporain, XIIe cycle de conférence du CAUE du Gard, 17 décembre 2015 Andy Goldsworthy, Stones, Juillet 2011, éditions Thames Hudson Libri Enric Miralles & Benedetta Tagliabue 1996, El Croquis 101 Pages 58-63 Symboles et pratiques rituelles dans la maison paysanne traditionnelle, Hervé Fillipetti et Janine Trotereau, 1978, éditions Berger Levrault Aldo Rossi, Gianni Braghieri, 1981 Ed Artemis Archittetura della città, Rossi, 1966, éditions CittàStudi Musée Soulages conception et rélaisation, RCR arquitectes, 2015, éditions RCR bunka fundacio privada Feedback, territoires de recherche pour le projet d’architecture, Roberta Lucente, Patrick Thépot, 2015, éditions Gagnant Bastides : Villes neuves médiévales, Michel Coste et Antoine De Roux, avril 2007, éditions Rempart.

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