Numéro 36 - Octobre/Décembre 2007

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BALLET BIARRITZ THIERRY MALANDAIN

CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL

BULLETIN D’INFORMATION DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL / BALLET BIARRITZ / THIERRY MALANDAIN OCTOBRE – NOVEMBRE – DÉCEMBRE 2007

ÉDITO

SOMMAIRE

Référents connus, les proverbes contiennent souvent une morale, une expérience jugée utile d’être soulignée. Ainsi par exemple, faire d’une « bière » deux coups étanche la soif tout en encourageant loin du comptoir à effectuer deux choses à la fois. Ce qui est particulièrement apprécié des gens pressés, même s’ils savent qu’un trot qui dure vaut mieux qu’un galop qui se lasse. Cette contradiction aura donc pour effet de partager les pro verbes de ceux qui sont contre, invitant la sagesse populaire à rappeler que deux avis valent mieux qu’un.

ÉVÉNEMENTS ACTIVITÉS

Elle conseille aussi de ne pas remettre au lendemain ce qui peut être effectué le jour même. Aussi voudrais-je aborder maintenant, et plus sérieusement, le sujet suivant : encore récemment, quelques spectateurs passionnés et impatients de nouveautés, nous ont reproché d’afficher trop souvent les mêmes spectacles à Biarritz. Même si ces reprises rassemblent chaque fois un large public, il est un fait qu’aucune production nouvelle n’a été vue depuis 2006. Et ce, malgré l’entrée au répertoire d’Orphée et Eurydice qui pour divers motifs, n’a pu être proposé à la Gare du Midi. Mais cette saison riche d’une création devrait apporter satisfaction. Quant à produire davantage, confions qu’en raison des nombreuses tournées, répondre à cette attente est actuellement impossible. En effet, la présence de Ballet Biarritz sur d’autres scènes, n’est pas seulement le signe de sa vitalité, mais une des conditions de sa pérennité, puisque la vente des spectacles intervient pour moitié dans son budget. L’autre part provenant des subventions, des coproductions, du mécénat et des dons versés par l’Association des Amis du Ballet Biarritz. L’inverse réclamerait un financement supérieur, un fonctionnement différent. D’une certaine mesure, nous y travaillons, même si bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée.

LA DANSE À BIARRITZ N°31 COULISSES EN BREF CALENDRIER

Frederik Deberdt et Cédric Godefroid dans Ballet Mécanique. © Olivier Houeix

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Aujourd’hui, la renommée et ses trompettes passent également par le « vu à la télé ». Et, à ce sujet, France 3 Aquitaine, TVPI et les chaînes Basques espagnoles auront largement contribué au renom régional du CCN depuis sa création. En revanche, même aux heures où la Danse partage la vedette avec Morphée, une présence nationale nous faisait défaut. Une chaîne s’intéressa pourtant il y a quelques années à L’Après midi d’un faune et à La Mort du cygne. Mais, sans doute parce qu’il y avait trop de pas et qu’ils n’entraient pas dans le format, elle fit mentir l'attendu : pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Mais quand il n'y en a plus, il y en a encore. Ainsi, après la diffusion estivale d'images de Ballet Biarritz par LCI, Euronews et France 2, Les Films Figures Libres enregistreront prochainement Don Juan afin qu'il soit vu à la télé. En conséquence mieux vaut tard que jamais pourrait être notre conclusion. Mais en ce début de saison où aller au spectacle peut aussi faire partie des bonnes résolutions, plutôt qu’un proverbe, je choisirai ce slogan tiré d’un courrier reçu cet été au « Balai Biarritz » : soyez infidèles, changez de balai pour un Ballet Biarritz et bonne saison ! Thierry Malandain, septembre 2007.


ÉVÉNEMENTS

Picasso et la Danse Thierry Malandain signe Mercure pour Europa Danse

Ion Agirrexte Iglesias et Aude Florentin dans Mercure de Thierry Malandain. © Mikhaïl Logvinov

Europa Danse dirigé depuis neuf ans par Jean-Albert Cartier permet à de jeunes danseurs européens de faire le lien entre la fin de leurs études et la vie professionnelle. Cette saison, ils proposeront en tournée, avec l’accord de Picasso Administration, un programme intitulé Picasso et la Danse comprenant : Parade, Pulcinella, Cuadro Flamenco et Mercure que chorégraphiera Thierry Malandain en écho à la version originale créée en 1924 par Erik Satie, Léonide Massine et Picasso. Quelques mots sur Mercure Messager des dieux, Mercure les sert à la vitesse de l’éclair avec un zèle infatigable. Il s’occupe des querelles, des amours, de la paix, de la guerre et de tous les intérêts du monde. Il conduit également les âmes aux Enfers, et les ramène parfois à la vie, tel une divinité de la fertilité. Les romains lui céderont d’autres compétences puisqu’il passe pour avoir inventé les caractères de l’écriture, imposé le nom aux choses, enseigné aux mortels les exercices du stade et conçu la lyre d’Apollon. Et comme rien ne l’arrête, il est aussi le dieu des voyageurs, du commerce et même des voleurs. Des attributions auxquelles Picasso, Erik Satie et Léonide Massine feront écho dans Mercure, créé aux Soirées de Paris du comte Étienne de Beaumont, le 15 juin 1924 au

Théâtre de la Cigale. À lui seul le nom de Picasso justifiait l’attente du public, et chacun s’interrogeant sur la nature de ses inventions. Sixième ballet auquel Picasso participe, Mercure se distingue de ses autres productions théâtrales par la création d’éléments décoratifs mobiles faisant concurrence aux danseurs. Dès lors, on annonça : « Poses plastiques en 3 tableaux » et la danse ne tint qu’un rôle secondaire dans ces épisodes évoquant la personnalité de Mercure sur un mode spirituel et divertissant. « S’apparentant tout bêtement au music hall » écrira Satie. Nombreux souligneront qu’il s’agissait essentiellement d’une création de Picasso, et bien que le rideau de scène soit distant du sujet, à moins que la présence d’un arlequin jouant de la guitare, rappelle l’inventeur de la lyre, les

Benjamin Hurson, Daniel Vizcayo et Elias Girod dans Mercure de Thierry Malandain. © Mikhaïl Logvinov PAGE 2 NUMÉRO 36 – BULLETIN D’INFORMATION DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL / BALLET BIARRITZ

De septembre à décembre 2007, Picasso et la Danse fera l’objet de 50 représentations données à Châteauroux, Villefavard, Blagnac, Malaga, Terrassa, Rueil-Malmaison, Saint-Malo, Rouen, Paris (Théâtre des Champs-Élysées), Arques, Caen, Pampelune, Baracaldo Andorre, Reims, Joué-lès-Tours, Mazamet, Vichy, Saint-Louis, Massy, Meaux, Cannes, Fleury-les-Aubray, Saint-Étienne, Bulle, Monthey, Chartres.

autres éléments décoratifs participaient pleinement à l’action. Laquelle se voulait sans véritable intrigue, bien que la partition témoigne d’une succession de numéros dont la mythologie fait parfois les frais. C’est au baromètre de ces indications, ajouté aux jugements des contemporains du spectacle que j’ai revisité ce ballet pour les jeunes interprètes d’Europa Danse. Quelques clichés des studios Walery, aimablement mis à disposition par le Musée Picasso auront également permis de mieux interpréter certaines esquisses du peintre et les commentaires. Toutefois, prévenons qu’il ne s’agit pas d’une reconstitution, puisque ignorant tout des fameuses « poses plastiques », j’ai préféré suivre en dansant le pas ailé de Mercure, d’autant que celui-ci passe pour avoir également enseigné l’Art de la danse aux hommes. T.M

Ion Agirrexte Iglesias et Thierry Malandain en répétition. © Mikhaïl Logvinov


© Olivier Houeix

Casse-Noisette à Biarritz, San-Sebastián… Reprise de Casse-Noisette en décembre, mais petits et grands ne seront pas seulement dans la salle, puisque pour la première fois le Ballet Biarritz Junior sera associé au Ballet Biarritz, 26 danseurs, presque un Ballet Impérial ! Musique Piotr Illicht Tchaïkovki Chorégraphie Thierry Malandain Décor et costumes Jorge Gallardo Direction de la production, conception lumière Jean-Claude Asquié Danseurs Ione Miren Aguirre, Véronique Aniorte, Giuseppe Chiavaro, Annalisa Cioffi, Frederik Deberdt, Cédric Godefroid, Mikel Irurzun del Castillo, Miyuki Kanei, Fabio Lopez, Silvia Magalhaes, Arnaud Mahouy, Florent Mollet, Audrey Perrot, Magali Praud, Thibault Taniou, Nathalie Verspecht, David Debernardi, Mathias Deneux, Aurélien Douge, Léa Guilbert, Martin Harriague, Irma Hoffren, Vivien Ingrams, Solène Nusbaum, Garazi Perez, Andrea Vallescar.

Biarritz à la Gare du Midi, représentations jeune-public en partenariat avec Biarritz Culture, les 20 et 21 décembre. Représentations tout public le 20 décembre à 21h (au profit du Téléthon), le 22 à 21h et le 23 à 17h00. Donostia / San-Sebastián au Teatro Victoria Eugenia, représentation jeune-public, le 29 décembre à 17h. Représentations tout public le 29 décembre à 21h et le 30 à 19h. Billetterie Office du Tourisme de Biarritz (Javalquinto, Square d’Ixelles 64200 Biarritz) Accueil 10h-18h / dimanche 10h-17h Réservations par téléphone tous les jours de 8h à 18h Tél : 05 59 22 44 66 Ticketnet / Virgin-Leclerc www.ticketnet.fr Tél. 0 892 390 100 (0,34 euros/min) France Billet / Fnac-Carrefour-Géant www.fnac.com Tél. 0 892 683 622 (0,34 euros/min) Kutxa www.begira.com, Servikutxa, Telekutxa Tél. 943 00 12 00 Informations Ballet Biarritz Tél. 05 59 24 67 19 Plein tarif 27 € • Tarif réduit 20 € (1) • Tarif jeune 10 € (2) • Amis du Ballet Biarritz 18 € (1) carte Biarritz Culture, Les Amis du Théâtre, les amis du Musée de Guéthary, CE, les amis d’Arnaga, Scène nationale de Bayonne, Tournées Charles Barret, groupe de 10 personnes, parents d’élèves des écoles de danse, des scolaires sensibilisés par le CCN et du Conservatoire national de région de Bayonne (2) moins de 18 ans, carte étudiant, carte Jeune, demandeurs d’emploi, élèves écoles de danse, du Conservatoire national de région de Bayonne et scolaires sensibilisés par le CCN BULLETIN D’INFORMATION DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL / BALLET BIARRITZ – NUMÉRO 36 PAGE 3


ACTIVITÉS

Ballet Biarritz en Asie Dans le cadre du French May et d’Un Printemps français en Asie, à l'initiative de DLB-Spectacles / Didier Lebesque et avec le soutien de Cultures France, Ballet Biarritz s’est produit les 22 et 23 mai au Grand Théâtre de Hong Kong, le 31 mai en Indonésie au Graha Bhakti Budaya de Jakarta et les 6 et 7 juin en Thaïlande au Thailand Cultural Center de Bangkok en présence de son Altesse Royale Galyani Vadhena.

La presse en parle La Fête démarre en fanfare Le spectacle Les Créatures n'a pas déçu le public en l'emportant dans un voyage chorégraphique. Bien qu'il n'ait pas été aussi audacieusement post moderne que les précédentes œuvres d'ouverture du festival, l'expérience représentait tout de même un défi pour le public. […] Sa théâtralité simple mais puissante, ainsi que sa grâce et sa beauté saisissantes nous ont captivés. La forte présence scénique et l'énergie des danseurs suffisaient à habiter cha-

que recoin du grand auditorium alors que le niveau technique élevé contribuait sans effort à former un ensemble exceptionnel tandis que de puissants duos faisaient ressortir leurs différences. […] À la fin de 75 minutes captivantes, la conclusion est peut-être bien que l'Art contemporain ne signifie pas nécessairement la négation d'un passé lointain, mais surtout la recherche d'une harmonie entre le classique et le moderne dans le monde d'aujourd'hui. The Nation, Parait Mahasarinand, juin 2007

Ballet Biarritz en Italie Les 9, 10 et 11 août, à l’initiative de Boris Traïline, Ballet Biarritz s’est produit au Teatro Romano de Vérone avec Les Créatures.

La presse en parle L'audacieuse virtuosité du Ballet Biarritz Dans le spectacle Les Créatures excellemment proposé par le Ballet Biarritz au théâtre Romano dans le cadre Danza Dell ‘Estate Teatrale Veronese, Thierry Malandain attentif à la syntaxe du langage classique, a su construire une trame riche en image d’une extrême beauté. Le chorégraphe a aussi fait preuve d'une grande musicalité en mettant en parfaite osmose sa chorégraphie à la puissante partition des Créatures de Prométhée, œuvre commandée par Salvatore Vigano à Beethoven pour son ballet éponyme créé avec grand succès à Vienne en 1801. Pour Thierry Malandain les thèmes et les motifs musicaux se traduisent en danse. Son langage est clair, simple, mais pas pour autant évident. Sa danse rythmique est spectaculaire, nous dévoile aussi un humour parfois piquant mais

jamais irrévérencieux. Inutile de chercher dans cette création des références au ballet de Vigano, car si ce dernier expérimentait pour la première fois la technique du « Chorédrame » (une fusion entre danse, récit, mise en scène et scénographie) le travail de Malandain est dominé exclusivement par la danse proposée, avec une virtuosité et une interprétation hors du commun, par les artistes du Ballet Biarritz. Les corps différents se mêlent, se fondent dans la dynamique du geste toujours harmonieux et rapide. Les danseurs avec leurs corps élégants dessinant dans l’espace une écriture parfaitement en écho avec les sonorités Beethovéniennes. Si Vigano s’était inspiré d'un thème héroïque de la Grèce antique, Malandain s’inspire du livre de la Genèse en traçant une sorte de cosmogonie de la danse. Le spectacle animé du « feu sacré de la danse » évolue avec des solos, des

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duos et des ensembles qui traduisent le langage classique en langage contemporain ; c’est là que la chorégraphie propose avec audace et ironie les apparitions des pionnières Loïe Fuller et Isadora Duncan, même le pêché nous apparaît symbolisé par une énorme pomme transparente. Le mal se montre aussi dans toute sa violence dans

l'affrontement entre Cain et Abel, tandis qu'au final les créatures régénérées recommencent leur parcours vital pour triompher sur la Mort par la Danse. Il Gazzettino, Paola Bruma, août 2007


Ballet Biarritz en France Cet été, avec pour répertoire, Les Créatures, Les Petits Riens, Don Juan, La Mort du cygne, Ballet Mécanique et Mozart à 2, Ballet Biarritz était l'invité de plusieurs festivals. Ainsi, Châteauvallon, Nice, Carpentras, Les Baux-de-Provence et Aigues-Mortes.

La presse en parle Entre pureté et fantaisie Le Ballet Biarritz a présenté un spectacle de haut vol et le public qui l’a longuement ovationné ne s’y est pas trompé. […] Les Petits Riens, au rythme vif, ont été un chef d’œuvre de fraîcheur. Avec Don Juan, place à la pureté des gestes avec des danseurs qui ont su se lancer à la conquête de l’espace avec une rare virtuosité. La Provence, juillet 2007

Ballet Biarritz en Pologne Le 28 juillet, à l’initiative de Dagmara Mortan, Ballet Biarritz s’est produit à Sopot en Pologne, invité de l’Opéra Lesna (l’Opéra de la forêt) qui depuis sa création en 1909 accueillait pour la première fois une compagnie chorégraphique française.

Un petit bijou de fraîcheur sur une chorégraphie inventive, Les Petits Riens ont ouvert Les Estivales dans un théâtre seulement à moitié plein. Dommage, les festivaliers ont aussi manqué un Don Juan éblouissant, Thierry Malandain y exprime tout son talent. Le célèbre personnage est multiplié par trois. Comme une image répétée par un jeu de miroir. Un écho. Athlétiques, les danseurs et danseuses indistinctement vêtus de robes transcendent les mouvements d’ensemble en les démultipliant. Un raccourci saisissant

de la quête amoureuse jamais satisfaite. Grandiose, le final de la descente aux enfers où la grande table décomposée en triangle, semble une mâchoire d’acier s’ouvrant sous les pieds du cruel libertin. Dauphiné Libéré, Muriel Ledoux, juillet 2007 Apogée, Lumière et Apothéose Inventif, aérien, hardi, le ballet nous invite dans une danse contemporaine ponctuée de références classiques. Les danseurs, tels des volatiles fardés de noir, de blanc ou de rose, tantôt fort, tantôt fragiles, se sont successivement investis au cœur de trois chorégraphies particulièrement poétiques. Dans la première, Don Juan, personnage mythique et libertin, semble mort mais il n’en est rien et le ballet va s’engager dans une course folle où Don Juan finira par tendre la main au spectre de la mort. Pris dans le rythme vif et léger de cette chorégraphie, les corps athlétiques semblent prêts pour l’envol. Puis viendra, comme une plume tombant sur

Ballet Biarritz à Biarritz À l'invitation du festival Le Temps d'Aimer organisé par Biarritz Culture et dirigé par Filgi Claverie, Ballet Biarritz s'est produit le 16 septembre place Bellevue avec Mozart à 2, La Mort du cygne et Ballet Mécanique. Par ailleurs, le 9 septembre sur la promenade de la Grande plage, Richard Coudray animait la Gigabarre. Silvia Magalhaes dans La Mort du cygne. © Olivier Houeix

le sol La Mort du Cygne, de Camille Saint-Saëns, que la danseuse russe Anna Pavlova, avait interprété pour la dernière fois en 1930. L’expression « le chant du cygne » est une métaphore qui désigne depuis l’Antiquité la mort ou quelque chose de funeste qui pousse l’oiseau à chanter mieux encore. Dans ce monologue, la chorégraphie instaure trois temps, pour trois cygnes qui viennent s’échouer et se transformer. Multiplié par trois, le chant céleste est éclatant. Le plus court instant de la soirée n’en sera que plus délicat, plus gracieux et plus touchant. Passé cet instant féerique, Ballet Mécanique impose, quant à lui, son modernisme à la fois sonore et gestuel. L’instrumentalisation singulière de la musique du compositeur américain Georges Antheil balance les corps des danseurs comme sur un ring. Ils semblent se battre, batailler et s’affronter tout à la fois. Pianos, timbres électriques, ensemble de percussions donnent corps à des controverses animées. D’un temps d’exécution relativement court, la composition se termine comme après un excès, après trop de nuisances, et les interprètes exténués finissent allongés dans le gazon pour un retour aux sources bien mérité. Impossible de rester de marbre devant une gestuelle aux tonalités si tendres et si joliment déployées. Le public est transpercé par cette légèreté de l’être. D’une grande beauté, le cœur du Ballet Biarritz bat à l’unisson dans un seul élan corporel. Outre la technique, le style des chorégraphies de Malandain donne à ses personnages des allures enfantines et épurées qui leur lèguent parfois des airs de pantins au clair de la lune. Rue du théâtre, Christelle Zamora, août 2007

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Magali Praud et Giuseppe Chiavaro dans Mozart à 2. Sculpture Jorge Oteiza. © Frédérique De Labrousse


La danse Plages à Biarritz # 31 d’histoires Picasso, la Danse, Biarritz Picasso, Les Baigneuses, 1918.

C'est en 1916, par l'entremise du compositeur Edgar Varèse, que Picasso fait la connaissance de Jean Cocteau qui le présente à son tour à Serge Diaghilev, « l'animateur » des Ballets russes selon le mot de Gabriele d'Annunzio. L'année suivante à Paris, le 18 mai, la troupe crée Parade, ballet « réaliste » associant Cocteau, Léonide Massine, Erik Satie et Picasso dont c'est la première collaboration au théâtre. Dans le programme, Apollinaire exalte « l'alliance de la peinture et de la danse, de la plastique et de la mimique, signe de l'avènement d'un art plus complet ». Sur le rideau de scène, près de deux pierrots arlequinés, d'un picador et d'autres personnages, un cheval échappé de la mythologie porte sur son dos une jeune fille ailée. Sous ses traits, probablement Olga Khokhlova, une danseuse des Ballets russes qui deviendra Madame Picasso. La rencontre a lieu quelques mois plus tôt en Italie où Picasso se rend pour la première fois. Auprès de Cocteau, il visite d'abord Florence, Naples et Pompéi avant de rejoindre Diaghilev et Massine à Rome pour suivre l'élaboration de Parade. C'est en assistant aux répétitions que le peintre aperçoit Olga Khokhlova dont il s'éprend sur-le-champ. Après les représentations de Parade qui suscitent à Paris un joyeux scandale, Picasso décide de suivre les Ballets russes à Barcelone. La troupe n'y présente que des succès anciens. C'est quelques mois plus tard, à l'occasion d'un second séjour à Madrid et Barcelone, que Parade est vu. Son avant-gardisme favorise un accueil aussi réservé qu'à Paris. En revanche Olga Khokhlova est définitivement conquise. Et, alors que les danseurs s'embarquent pour une tournée en Amérique du sud, elle démissionne de la compagnie pour rester près du peintre. Le 12 juillet de l'année 1918, ils se marient. La cérémonie a lieu à Paris, à l’église russe de la rue Daru, en présence d'Apollinaire, Max Jacob et Cocteau. À Biarritz, des cadeaux choisis par

Eugenia Errázuriz attendent les mariés rapporte Jean François Larralde dans Picasso à Biarritz, un ouvrage auquel nous allons à présent nous référer. Riche héritière d’une famille chilienne d’origine basque, Eugenia Errázuriz fut l'une des mécènes de l'entreprise artistique de Diaghilev, et comme d'autres femmes du monde, elle a aussi ses protégés. Picasso, Igor Stravinsky, Blaise Cendrars et le pianiste Arthur Rubinstein figurent parmi ceux-ci. S'agissant du peintre, elle lui achète et commande des œuvres, contribue à son élégance vestimentaire et lui ouvre les portes de la haute société. Le 30 juillet 1918, très attendus, Picasso et son épouse arrivent à Biarritz. Eugenia Errázuriz y loue depuis peu la Mimoseraie, une villa qu'elle s'est empressée d'aménager pour recevoir le couple en voyage de noces. Au début du séjour, Olga qui se remet d'une fracture à la jambe gardera la chambre. Tandis que Picasso au hasard de ses promenades va découvrir une ville où « La “Belle Époque” semble dater d’avant le déluge ! » écrit la danseuse Cléo de Mérode qui se produit devant les blessés dans des hôtels que

Picasso, avec le phare pour lointain, peint Les Baigneuses à Biarritz les circonstances de la guerre ont vu réquisitionnés pour servir d'hôpitaux. Toutefois, loin des canons qui bombardent la capitale, en cet été 1918, Biarritz vit à son rythme estival. Outre des permissionnaires et des convalescents, Picasso y croise des parisiens en villégiature, nombre d'étrangers, notamment des familles ayant fuit la révolution russe. Au bord de l'océan, sans doute des élégantes en costume de bains attirent son attention. Puisque, avec le phare pour lointain, il peint Les Baigneuses. Un tableau où l'inventeur du cubisme revient à une >> BULLETIN D’INFORMATION DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL / BALLET BIARRITZ – NUMÉRO 36 PAGE 7


Parade, 1917.

>> figuration toute classique. Évitant les mondanités, il se plaît à travailler près d'Olga dans une pièce réservée à la Mimoseraie. Des natures mortes, des portraits et toutes sortes d'esquisses témoigneront du séjour. Mais, pour remercier Eugenia Errázuriz de son hospitalité, il va également décorer une chambre de la villa. Ainsi sous un plafond incisé d'étoiles, suspendu au souvenir des maîtres italiens révélés lors de son escapade transalpine, Picasso va célébrer la grâce féminine à l'encre bleue en y ajoutant des vers de l'ami Apollinaire : « C’était un temps béni nous étions sur les plages ». Fin septembre, alors que l'été touche à sa fin, le couple Picasso va précipitamment quitter la côte basque, apprenant que leur pavillon de Montrouge a été cambriolé. Ils retrouveront Eugenia Errázuriz, quelque temps plus tard à Paris, mais aussi à Londres où le 22 juillet 1919, les Ballets russes créent Le Tricorne. La pantomime, El corregidor y la molinera de Manuel de Falla, vue à Madrid en 1917 avait particulièrement séduit Diaghilev. C'est pourquoi, il invita le compositeur à réviser son œuvre, assuré que son « espagnolisme pittoresque et nerveux » se démarquerait de l'inspiration slavo-orientale de certaines précédentes créations. Et en effet, à Londres dans une chorégraphie de Massine et une création sensuellement cubiste de Picasso, Le Tricorne fut un triomphe. Un autre ballet sera également très bien accueilli. Il s'agit de Pulcinella inaugurant, le 15 mai 1920, le style néoclassique de Stravinsky. Tiré de canevas de la commedia dell’arte napolitaine, Pulcinella réunit une nouvelle fois Massine et Picasso pour le meilleur. Notons toutefois que le décor initial de Picasso qui associait ses impressions d'Italie à des loges de théâtres peuplées de spectateurs du Second Empire, fut furieusement refusé par Diaghilev. Il servira en partie pour Cuadro Flamenco, une suite andalouse créée la saison suivante à Paris le 22 mai 1921. Pour l'occasion, Diaghilev fait appel à dix danseurs de flamenco recrutés en Espagne. Emboîtant le pas aux spectacles de La Argentina, Cuadro Flamenco est un succès, mais pour diverses raisons, l'œuvre ne figurera qu'une seule saison au répertoire. En 1922, dix ans après la création de l'Après midi d'un faune, Diaghilev envisage une reprise de ce ballet. Seulement, le décor de Léon Bakst a été égaré en tournée. Il confie alors à Picasso la réalisation d'une nouvelle toile. Celle-ci représentera une plage, ce qui déplu à Diaghilev qui aura pour commentaire: « J'ai voulu l'Égypte et tu m'as donné Dieppe ! ». Étonnamment, c'est la sœur de Nijinski, Bronislava Nijinska, PAGE 8 NUMÉRO 36 – BULLETIN D’INFORMATION DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL / BALLET BIARRITZ

qui après avoir tenu le rôle de la nymphe en 1912, interprètera le faune. Également chorégraphe, le 20 juin 1924, sur une musique de Darius Milhaud en référence au train de luxe qui descend le Paris des Années Folles sur la Côte d’Azur, elle créera Le Train bleu. Ce ballet qui épouse le goût de l'époque pour les distractions sportives, profitera de maillots taillés dans du jersey par Chanel, tandis que Picasso signera le rideau de scène. Deux jours avant cet événement, le théâtre de la Cigale présentera Mercure, un ballet commandé par le comte Étienne de Beaumont pour Les Soirées de Paris. Associant les auteurs de Parade, ce spectacle de « poses plastiques » sera fortement controversé. Puisque à chaque tableau, l’attention se portait davantage sur les éléments décoratifs mobiles que sur la danse. Diaghilev présent dans la salle sera néanmoins intéressé et reprendra Mercure en 1927. Spectacle qui selon Massine était « essentiellement l'œuvre de Picasso ». Mais, l'énumération des contributions du peintre à la scène chorégraphique serait incomplète sans Le Rendez-vous, ballet de Roland Petit et Jacques Prévert sur une musique de Joseph Kosma créé à Paris le 15 juin 1945. Et une nouvelle toile pour la reprise de l'Après midi d'un faune à l'Opéra de Paris en 1960 dans la chorégraphie de Serge Lifar. « Certains peintres transforment le soleil en un point jaune ; d'autres transforment un point jaune en soleil » dit un jour Picasso. Justement, c'est sur un ensoleillement que s'achève le parcours chorégraphique de Picasso. Il s'agira d'Icare de Serge Lifar en 1962. Sources : Picasso à Biarritz, Jean-François Larralde & Jean Casenave, Lavielle Editions Picasso : Des ballets au drame, Joseph Palau i Fabre, Könemann


COULISSES

Qu’est-ce qu’un corps de ballet ?

Ballet de Cour, 1660.

e ballet, chose nouvelle, est un mélange géométrique de plusieurs personnes dansant ensemble sur une harmonie de plusieurs instruments » disait Baltasar de Beauioyeulx, maître d’œuvre du Ballet comique de la Reine en 1581. Point culminant des noces d’un favori de Henri III, ce spectacle est considéré comme le premier ballet de cour exécuté en France. Il témoigne d’une évolution théâtrale du ballet italien introduit par Catherine de Médicis et unit la danse, la musique, la poésie et la scénographie à une action continue. Le mot comique fait référence à l’Art de la comédie dont l’usage soutenait l'action se résumant ici au combat des dieux contre la magicienne Circé afin de rétablir l’ordre et l’harmonie. Les dieux figurant le roi, Circé le chaos, la victoire que célèbre un grand ballet amorçant la tradition des apothéoses finales, symbolise le retour de l’Âge d'or sous Henri III. Car dès son apparition le ballet de cour exalte le pouvoir monarchique. Mélange de louanges, mais aussi de moqueries, de mythologie, de politique contemporaine, de poésie et de grotesque, il est interprété par la fine fleur de la noblesse, la famille royale, auxquelles se joindront des professionnels roturiers sous Louis XIV. Époque où le genre atteint une apogée qui impressionne jusqu’à l’étranger. Le plus souvent, c’est aux sources de la mythologie greco-latine que les auteurs puisent inspiration et références. Ainsi à travers le symbolisme apollinien, s’écrira la légende vivante du Roi-Soleil qui adolescent paraît au final du Ballet de la nuit sous les traits de l'astre donnant vie à toute chose. Réminiscence des premières danses astronomiques où à travers le choeur des étoiles et des planètes, les hommes célébraient la création de l’univers. À ce propos, Uranie, muse de l’astronomie passe aussi pour être la patronne de la danse, attribution qu’elle partage avec Terpsichore, dont le nom grec signifie « celle que la danse réjouit ». C’est en Grèce que la danse de théâtre semble avoir été inventée. La choréia est alors une ronde que les danseurs exécutent au son de leur propre voix tout en esquissant des mouvements simples. Elle désignera ensuite la Danse de manière générique, bien qu’à l’origine, le substantif orchèsis s’appliqua aussi à la définir. Selon Jean-Michel Guy(1), orchèsis se traduirait aujourd’hui par danse pure, tandis que choréia serait à la source du ballet-théâtre. Ces deux termes donneront les mots orchestre, chorégraphie, choriste, choryphée pour désigner les danseurs ou bien chœur. Le chœur au théâtre

L

grec est un personnage collectif qui intervient par le récit, le chant et la danse. Ce qui n'interdit pas aux rôles individualisés de se détacher pour des raisons liées à l’action. On peut aussi penser que la pratique de danses plus élaborées invita certains à se distinguer pour prendre la « tête » d’un « corps » formé par le choeur. Chez les romains, à travers l'Art de la pantomime on introduit également des motifs d'ensemble dans les spectacles qui ne recourant pas à la parole sont peut-être à l'origine des premiers véritables chœurs de danseurs. La dénomination « chœur de la danse » apparaît encore en 1781 dans les registres de l’Opéra de Paris, tandis que l’expression « corps de ballet » lui succède en 1803. Prosaïquement, le corps de ballet est formé par un ensemble de danseurs qui entourent les solistes ou les étoiles. Il est régi traditionnellement par une hiérarchie, toujours en usage par exemple à l’Opéra de Paris où l’on énumère les quadrilles, les coryphées, les sujets, les premiers danseurs et les étoiles. Un rapport qui était jadis plus complexe puisque avant le premier rang on comptait six échelons. Depuis 1860, les danseurs de l’Opéra sont promus à l’occasion d’un concours annuel, tandis que les étoiles sont nommées par la direction. À l’époque où fut institué ce concours, les derniers rangs du corps de ballet étaient occupés par les « marcheuses » sorte de figurantes qui meublaient la scène ou défilaient dans les cortèges. Jean-Georges Noverre (1727–1810) les appelle « garde-côtes » du fait qu’elles garnissaient le fond et les côtés de la scène. Enchaînons avec Arthur Saint-Léon (1821–1870) qui écrit en 1856 : « Le corps de ballet est à la danse ce que l'orchestre est à la musique ». Avant de proposer d’instaurer une classe permettant aux danseurs d’apprendre à danser ensemble. « Car comment exiger du corps de ballet une bonne exécution s'il ignore les devoirs de sa profession ? Il faut donc établir des règles, de même qu'elles existent pour les manœuvres militaires ». Ce rapprochement martial, cette « mise au pas », valideront sans doute la thèse selon laquelle un corps de ballet avec ses ensembles au cordeau « embrigade » les corps suivant une idéologie suspecte. Et, en effet la >> Le Diable à Quatre, Paul Taglioni, 1860.

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>> frontière entre l’art et l’autorité est parfois ténue. On l’a vu, à ses débuts, outre divertir, le ballet de cour, ajoute intentionnellement au prestige de la monarchie. Plus tard, en voulant apparaître en Roi civilisateur, Louis XIV en fait l’instrument élu de sa politique, notamment au cours de la première partie de son règne. Jusqu’au moment où ne dansant plus lui-même, paraîtront des spectacles moins solennels, interprétés par des professionnels auxquels on demande « rigueur et maintien ». Exigence que rappelle Arthur Saint-Léon lorsqu’en France la danse connaît un déclin. Dans une sphère différente, au début du XXe siècle, un courant stylistique se développe en Allemagne pour connaître son zénith dans l’entre-deux-guerres. Il s’agit de la danse d’expression. Elle renouvelle les conceptions du corps et du mouvement avec pour but l’expression artistique de la personnalité. L’intérêt nouveau pour la nature autant que le rejet du matérialisme et du capitalisme, forgent l’idée d’une danse nouvelle, plus libérée. L’improvisation y tient une grande place, favorisant l’émergence d’artistes originaux indépendants privilégiant le solo. Parallèlement, ce mouvement participe au développement de recherches théoriques et pédagogiques. Les écoles se multiplient et afin d’apporter aux amateurs une pratique d’ensembles, on remonte aux sources du chœur antique pour en tirer des « danses cho-

Danse Chorale, Allemagne, 1927.

rales » souvent minutieusement réglées. Parmi ces précurseurs de la danse moderne, certains verront leur Art qualifié de « dégénéré » lorsque le ministère de la propagande nazie prendra sous sa tutelle l’activité chorégraphique. D’autres, par excès d’idéalisme, trouvant dans le national socialisme des accointances avec leurs aspirations à un renouveau culturel, se rallieront au régime hitlérien. Dès lors, la danse chorale qui selon les mots de l’époque « éduque à guider et à être guidé » servira aux démonstrations mégalomanes du IIIe Reich. Mais retrouvons Noverre, prônant lui aussi une danse expressive et s’interrogeant sur l’emploi du corps de ballet : « Les figures symétriques de la droite à la gauche ne sont supportables, selon moi, que dans les corps d’entrée, qui n’ont aucun caractère d’expression, et qui ne disant rien, sont faits uniquement pour donner le temps aux premiers danseurs de reprendre leur respiration. Dans une scène d’action où la danse doit parler avec feu, avec énergie, où les figures symétriques ne peuvent être employées sans altérer la réalité, sans choquer la vraisemblance, sans affaiblir l’action et refroidir l’intérêt. Voilà, dis-je une scène qui doit offrir un beau désordre, où l’art du compositeur ne doit se montrer que pour embellir la nature ». Noverre distingue deux procédés : la symétrie nommée ailleurs « fille de l'art » et le « beau désordre ». Le premier suivant l’ordonnance géométrique d’une beauté formelle favorise lignes, carrés, triangles, croix, cercles et autres figures. Les danseurs peuvent PAGE 10 NUMÉRO 36 – BULLETIN D’INFORMATION DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL / BALLET BIARRITZ

Rash Girls, 1929.

tenir la pose ou effectuer ces dessins en dansant à l’unisson ou bien en canon. La musique étant la même pour tout le monde, afin d’être synchronisé, il faudra la suivre, et ne faire qu’un avec ceux qui sont devant ou à côté de soi, comme dans les chorus line du Broadway des années 20. Enfin, et selon Goethe « personne n'osant danser à la légère sans avoir appris selon les règles ». Parmi ces règles, l’usage voudra par exemple que lors d’un croisement, le côté gauche passe toujours devant. S’agissant du « beau désordre » les danseurs n’auront pas d’attitudes uniformes, chacun trouvant sa place dans une fonction individualisée et plus naturelle. Mais, en apparence, puisque cette confusion sera souvent soigneusement réglée. Globalement, chorégraphier des ensembles emprunte au vocabulaire du peintre ou du photographe : cadrage, composition, format, rythme, ligne directrice, équilibre et contraste. C’est une technique, où chaque découverte permet d’être réinterprétée, favorisant un savoir-faire, dont l’acquisition n’est possible qu’à condition de disposer d’un certain nombre de danseurs. Enfin, elle emprunte aussi au vocabulaire du paysagiste qui peut imiter la nature à travers le « beau désordre » d’un jardin à l’anglaise ou la domestiquer suivant les parterres géométriques, les perspectives et les jeux de symétrie du jardin à la française. À travers cette différenciation « chorographie », la chorographie étant la science géographique qui décrit les paysages, le chorégraphique distinguera pour conclure la danse mesurée du corps de ballet classique de l’expression naturelle des compositions modernes. Une opposition rejouant le face-à-face Apollon / Dionysos que Nietzsche arbitre dans Naissance de la Tragédie. Un combat où le sentiment d’appartenance au monde s’oppose au désir de s’en extraire par le rêve. TM Sources : Jean-Michel Guy, Quant à la Danse N°5, Le Mas de la danse (2007) Lettres sur la danse et sur les ballets, Jean-Georges Noverre (1760) De l’état actuel de la danse, Arthur Saint-Léon (1856) Danser avec le IIIe Reich, Laure Guilbert, Éditions Complexe (2000)

Titan, Laban, 1928.


EN BREF

Bon anniversaire 64 ! 64 la marque symbole de l'art de vivre au Pays Basque, mais aussi une des entreprises mécènes du Centre Chorégraphique National de Biarritz a fêté le 9 septembre à Guéthary son dixième anniversaire.

Ballet Biarritz Junior 3. © Adriana Pous

Répétitions publiques dans le grand studio de la Gare du Midi • Vendredi 19 octobre à 19h : Ballet Biarritz et Ballet Biarritz Junior 3 • Vendredi 2 novembre à 19h : Ballet Biarritz et Europa Danse / Jean-Albert Cartier • Mardi 18 décembre à 19h : Ballet Biarritz et le Ballet Biarritz Junior 3 Réservations : Ballet Biarritz Tél. 05 59 24 67 19

Les 60 ans de Repetto À la demande de la marque Repetto, Thierry Malandain figure parmi les soixante personnalités ayant accepté de « customiser » un produit. La collection sera exposée en octobre à Paris dans la boutique de la rue de la Paix. Puis à New-York, Los Angeles, Londres, Milan, Tokyo, Hong kong, Singapour, Sydney et Genève avant sa vente aux enchères à Paris en octobre 2008. Le montant intégral de cette vente sera ensuite versé à

l'Unesco, l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture. Par ailleurs, en association avec cet organisme, la société Repetto aidera trois écoles de danse ne disposant pas de ressources suffisantes pour pourvoir les enfants en équipement adéquats. Il s'agira de Dance for all en Afrique du sud, Edisca au Brésil et des écoles du Ballet national de Cuba.

Ballet Biarritz Junior 3 David Debernardi, Mathias Deneux, Aurélien Douge, Léa Guilbert, Martin Harriague, Irma Hoffren, Vivien Ingrams, Solène Nusbaum, Garazi Perez et Andrea Vallescar composent l’effectif de la troisième édition du Ballet Biarritz Junior.

3e colloque Chantier Sud-Nord Vers de nouveaux espaces de solidarités

par le Théâtre du Versant, la compagnie Dife Kako de Guadeloupe, reçu en accueil studio à Ballet Biarritz, proposera une répétition publique réservée aux participants du colloque, aux élèves du Conservatoire de Biarritz et aux Amis du Ballet Biarritz : Vendredi 30 novembre à 16h dans le grand studio de la Gare du Midi. Réservations : Ballet Biarritz Tél. 05 59 24 67 19

Deux étoiles à Biarritz Déjouant l'assaut des paparazzi, Laurent Hilaire et Benjamin Pech, étoiles de l'Opéra national de Paris sont successivement venus à Biarritz répéter l’Après midi d’un faune de Thierry Malandain. Après quoi, Laurent Hilaire l'interpréta le 18 juillet en Italie au Teatro Rossini de Civitanova lors du festival annuel, tandis que Benjamin Pech le présenta à Tokyo du 10 au 13 août dans le cadre de la tournée Manuel Legris et ses étoiles 2007.

Dans le cadre du colloque Chantier Sud-Nord organisé BULLETIN D’INFORMATION DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL / BALLET BIARRITZ – NUMÉRO 36 PAGE 11


Cédric Godefroid et Frederik Deberdt dans Ballet Mécanique. © Olivier Houeix

Gare du Midi 23, avenue Foch F-64200 Biarritz Tél. : +33 5 59 24 67 19 Fax : +33 5 59 24 75 40 ccn@balletbiarritz.com Président Pierre Durand Trésorier Marc Janet Directeur / Chorégraphe Thierry Malandain Maîtres de ballet Richard Coudray, Françoise Dubuc Artistes chorégraphiques Ione Miren Aguirre, Véronique Aniorte, Giuseppe Chiavaro, Annalisa Cioffi, Frederik Deberdt, Cédric Godefroid, Mikel Irurzun del Castillo, Miyuki Kanei, Fabio Lopes, Silvia Magalhaes, Arnaud Mahouy, Florent Mollet, Audrey Perrot, Magali Praud, Thibault Taniou, Nathalie Verspecht Professeur invité Angélito Lozano Pianistes Alberto Ribera, Miyuki Brickle, Corinne Vautrin Responsable sensibilisation Dominique Cordemans Administrateur Yves Kordian Chargé de développement Gérôme Lormier Assistante administrative / Chargée de diffusion Françoise Gisbert

CALENDRIER / OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007

Chargée de communication Sabine Lamburu Comptable principale Rhania Lacorre Secrétaire-comptable Arantxa Lagnet

REPRÉSENTATIONS EN FRANCE jeu 18 octobre Pau ven 19 octobre Biarritz ven 2 novembre Biarritz sam 10 novembre Biarritz ven 16 novembre Mauléon mer 21 novembre Arcachon dim 25 novembre Cannes mar 27 novembre Aix-en-Provence jeu 29 novembre Marseille ven 30 novembre Marseille ven 14 décembre Mont de Marsan ven 14 décembre Mont de Marsan mar 18 décembre Biarritz jeu 20 décembre Biarritz jeu 20 décembre Biarritz ven 21 décembre Biarritz sam 22 décembre Biarritz dim 23 décembre Biarritz

Mozart à 2, Les Petits Riens, La Mort du cygne Répétition publique avec le Ballet Biarritz Junior Répétition publique avec Europa Danse Mozart à 2 dans le cadre des Fêtes de Biarritz Gari Beltza Ballet Biarritz Junior Les Créatures Les Créatures Mozart à 2, La Mort du cygne, Don Juan Les Petits Riens, La Mort du cygne (jeune public) Mozart à 2, Les Petits Riens, La Mort du cygne Casse-Noisette (jeune public) Casse-Noisette Répétition publique avec le Ballet Biarritz Junior Casse-Noisette (jeune public) Casse-Noisette (au profit du Téléthon) Casse-Noisette (jeune public) Casse-Noisette Casse-Noisette

REPRÉSENTATIONS TRANSFRONTALIÈRES dim 14 octobre Bilbao sam 10 novembre Amurrio mer 14 novembre Leioa-UPV dim 9 décembre Murcia sam 29 décembre San-Sebastián sam 29 décembre San-Sebastián dim 30 décembre San-Sebastián

Les Petits Riens, Don Juan (à confirmer) Gari Beltza Ballet Biarritz Junior Gari Beltza Ballet Biarritz Junior Casse-Noisette Casse-Noisette (jeune public) Casse-Noisette Casse-Noisette

REPRÉSENTATIONS À L’ÉTRANGER mer 5 décembre Russie / Ekaterinbourg jeu 6 décembre Russie / Ekaterinbourg

Les Petits Riens, Le Portrait de l’Infante (extraits), Ballet Mécanique Les Petits Riens, Le Portrait de l’Infante (extraits), Ballet Mécanique

Chargée de l’accueil et de la logistique Lise Saint-Martin Directeur de production / Concepteur Lumière Jean-Claude Asquié Régisseur général Oswald Roose Régisseur Lumière Frédéric Eujol Technicien Plateau Chloé Bréneur Techniciens Son Jacques Vicassiau, Éric Susperregui Technicien Chauffeur Ben Boudonne Costumière Véronique Murat Régie costumes / Couturière Habilleuse Karine Prins Responsable construction décors Michelle Pocholu Techniciennes de surface Annie Alegria, Ghita Balouck Attaché de presse Yves Mousset / MY Communications

Egia Kultur Etxea Baztan Kalea, 21 20012 Donostia/San-Sebastián Tél. : +34 943 29 80 27 Fax : +34 943 28 72 19 donostia@balletbiarritz.com Directeur Filgi Claverie

Le Cercle des mécènes de Ballet Biarritz apporte son soutien aux nouvelles productions, aux tournées internationales de prestige, aux projets à caractère évènementiel.

Coordinatrice artistique Adriana Pous (Ballet Biarritz) Assistante administrative Sofia Alforja Chorégraphe invité / Maître de ballet Gaël Domenger (Ballet Biarritz) Professeur invité Iñaki Landa Artistes chorégraphiques David Debernardi, Aurélien Douge, Léa Guilbert, Martin Harriague, Irma Hoffren, Vivien Ingrams, Garazi Perez, Andrea Vallescar, Solène Nusbaum, Mathias Deneux Numéro Directeur de la publication Thierry Malandain Création graphique Jean-Charles Federico Imprimeur SAI (Biarritz) ISSN 1293-6693 - juillet 2002

www.balletbiarritz.com


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