Numéro 20 - Octobre/Décembre 2003

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BULLETIN D’INFORMATION DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL / BALLET BIARRITZ / THIERRY MALANDAIN OCTOBRE – NOVEMBRE – DÉCEMBRE 2003

ÉDITO

SOMMAIRE INTERREG III

Courant novembre, à l’invitation de l’Esplanade SaintÉtienne Opéra, nous créerons Cigale, une œuvre composée par Jules Massenet. En 1904, lorsque le compositeur et son librettiste s’inspirèrent de Jean de la Fontaine pour écrire le livret de ce ballet, on vit bien de quel côté penchaient leurs sympathies. Sous leur plume, Cigale n’est plus une musicienne insouciante, mais un être généreux et désintéressé, qui après avoir tout donné, meurt dans le plus complet dénuement. Tordant le cou à la morale convenue, ils font de cette saltimbanque une personne respectable. Voire une icône puisque, touchée par la grâce, Cigale termine sa carrière au ciel. Une fin quand même plus honorable que l’excommunication ou la fosse commune. À l’opposé, l’industrieuse fourmi, grotesque et peu charitable, se prête au jeu de la caricature. À l’entendre, l’artiste serait un parasite vivant aux crochets de la société. Ici, Jules Massenet s’amuse tout en abordant un sujet récurrent. En témoigne le conflit estival relatif à la réforme du statut des intermittents du spectacle. Cette réforme du système permettant aux professionnels du spectacle de bénéficier d’un régime d’indemnisation chômage était nécessaire. Cependant, si elle visait à résorber un déficit, ne fallait-il pas d’abord s’attaquer aux abus ? Compliquer les conditions d’accès à l’indemnisation, réduire et rendre aléatoires les rémunérations ne gênera en rien ceux qui, sans doute, ont déjà conçu les plans de nouveaux détournements. Pour les autres, la majorité, les hivers s’annoncent rudes et combien s’en relèveront ? Nous concernant, rappellons que jusqu’en 2000, nos danseurs, bien qu’étant exclusivement attachés à Ballet Biarritz bénéficiaient de ce statut. Une situation qui était en totale contradiction avec la légalité. Aussi pour répondre

L’ÉVÉNEMENT REVUE DE PRESSE LA DANSE À BIARRITZ N°15 SENSIBILISATION EN BREF CALENDRIER

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aux exigences de la loi et satisfaire notre projet artistique avons-nous décidé de nous doter en trois ans d’un effectif permanent. Ce fut possible grâce au soutien de la ville de Biarritz et à l’expansion de notre activité, avantageusement tournée vers un développement transfrontalier. Mais, qu’en serait-il, si jouissant des mêmes dotations, le Centre Chorégraphique National était aujourd’hui situé ailleurs ? Car à l’époque, l’État n’avait pas les moyens d’accompagner cette régularisation de nos conditions de travail. Aujourd’hui, conformément aux souhaits exprimés par le Président de la République, des mesures budgétaires en faveur de l’activité artistique sont esquissées, nous ne pouvons que les saluer. Il est aussi question d’un grand débat national autour des politiques publiques du spectacle vivant. Si cette réflexion s’engage sur des sujets comme : la place de l’artiste dans notre société, sur sa formation et sa reconversion, sur les modes de financement de la culture, sur les droits et les devoirs des artistes et des structures, sur le public, sur la diffusion, sur la place de la culture à la télévision ; si, au coeur de ce débat, on s’accorde à ne pas réduire l’artiste à un « pitre », à reconnaître qu’il peut être porteur d’ambitions exigeantes, de valeurs spiritituelles et d’espérance, alors, on s’apprête au progrès. Souhaitons avec Jean de la Fontaine, que la montagne n’accouche pas d’une souris. Thierry Malandain, septembre 2003.

Avec le soutien de l’Association Française d’Action Artistique -Ministère des Affaires Étrangères et de l’AFAA-Ville de Biarritz pour ses tournées à l’étranger


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