Numéro 89 Avril > Juin 2021

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AVRIL  > JUIN 2021

ÉDITO

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ACTUALITÉ

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ACTIVITÉ

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DANSE À BIARRITZ #83

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GINA BARTISSOL

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JOURNAL D’INFORMATION DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL DE NOUVELLE-AQUITAINE EN PYRÉNÉES-ATLANTIQUES MALANDAIN BALLET BIARRITZ

SENSIBILISATION

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SAISON

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EN BREF

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CALENDRIER

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Irma Hoffren & Mickaël Conte,création Sinfonia © Olivier Houeix + Yocom


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ÉDITO

« Isolement,

difficultés financières, crainte de la maladie, peur pour vos proches … Vous vous sentez stressé, anxieux, déprimé ? C’est normal de ne pas se sentir très bien pendant cette période » rassure Santé publique France, avant d’exposer les « 7 conseils pour la vie de tous les jours ». Sept recommandations non dénuées d'intérêt, dont l’énumération magique et incantatoire rappelle les féeries, l’un des grands genres dramatiques du XIXème siècle français qui transportait l'imagination du public dans un monde de fantaisies avec luxe de décors et costumes, transformations et ballets, mauvais génies, princes enchanteurs et princesses enchantées. Citons au hasard de l’ordre chronologique : les Pilules du Diable (1839), la Poudre de Perlimpinpin (1853), ou bien encore Medicamus, ou le Médecin des toqués (1862). Le nombre ne faisant pas la qualité, afin de laisser un peu de surprise, nous ne saurions dévoiler intégralement les sept avertissements de la fée Savoir. Cependant, à travers le papier glacé qui la retient prisonnière, sur un air grave et suppliant, la fée d’Hiver chantera par exemple : « N’écoutez pas les informations toute la journée, c’est angoissant. Attention aux fausses informations ». Il est en effet sage de se préserver du souffle de l'épouvante, d’autant que l’intrigue de Coco, ou les Épreuves du Diable (2020), pièce en trois vagues mêlée de drames humains avec changements à vue est aussi basée sur le glaçage des boyaux et les menteries de tous calibres. Plus loin, entre deux coupes pétillantes et joyeuses, la fée du Mal héroïquement sauvée d’un naufrage clamera repentante devant le trou du souffleur : « Limitez l’alcool et le tabac car ils peuvent augmenter l’angoisse ». Ce tableau où l’on exhibe un peu de jambes en costumes rosés est bien réglé et produit autant d’effet qu’une Gitane ou un doigt de Bordeaux. Autrement, il y a parfois dans les pièces dramatiques fondées sur le merveilleux une vieille fée portant béquilles que l’on néglige de convier ou bien dépossédée de ses pouvoirs. Sous ce rapport, alors que le public fiévreux d’impatience attend de savoir comment prendre soin de sa santé, la fée Néantise réduite à l’impuissance par un sort fatal ne révèlera qu’un seul secret dans le magnifique décor de l'apothéose : « Contactez un médecin ». Au rideau, malgré la belle humeur des paroles de Qui qu’a vu coco ? dont la musique entrainante fait sensation, on demeure un peu sur sa faim, ou du moins, on n'a pas le sentiment d'avoir beaucoup progressé dans sa quête quotidienne de bien-être. Mais entre les chuts et les sifflets couverts par les bravos de la claque, nous ne pouvons qu’applaudir au tour de force des

artistes et du régisseur d’avoir su rendre avec autant de vérité et de technicité la scène intitulée : « Restez en lien avec votre entourage par téléphone, SMS ou visio (Zoom, Skype, WhatsApp…) ». Car admirablement jouée, on peut tout comprendre sans connaître la langue, et bien qu’exécutés en carton-pâte, dans une débauche de détails, ces accessoires défilant comme une armée à la parade sont finalement bien commodes pour contacter un médecin. À priori, empreint d’un grand sentiment d’art, il préconisera l’essentiel, c’est-à-dire : le grand air, de respirer plus libre et de ne pas contrarier la nature. En laissant de côté, les avantages et les inconvénients de chaque discipline, il rappellera la nécessité de pratiquer des exercices physiques. Et, sans pour autant aspirer au titre glorieux de bienfaiteur de l'humanité, il s’accordera au fait que l’alimentation est le plus puissant talisman pour prévenir les maladies. Par ailleurs, récipiendaire d'un doctorat honoris causa de la faculté de l’esprit et de la raison, ce docteur-là ne saura ignorer l’importance vitale de la culture : « Soigner l'âme en même temps que le corps, et favoriser l'éveil de l'esprit, car c’est l’Homme dans toutes ses dimensions qui doit être en bonne santé ». Traduit en féérie cultivant la Muse autant que l’amusette, ce sublime principe médical d’Hildegarde de Bingen (1098-1179) pourrait ressusciter la Poule aux œufs d'or, ou l’Amour et la Fortune (1828), ce qui nous consolerait du très puissant et très subtil opium des Chevaliers du brouillard (1857), drame à grand spectacle en trois actes et douze tableaux à l’affiche depuis un an.

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ÉDITO

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Nonobstant les mesures d'accompagnement, un an c'est bien long pour les professionnels de la scène privés de leur raison d’être, pour le public aimant à se donner des joies esthétiques, et pour les amateurs des conservatoires, écoles, associations et leurs professeurs cahotés par des décisions souvent contradictoires. Dernier exemple en date : le Centre Interministériel de Crise (CIC) ayant soudainement décidé d’assimiler la danse à une activité sportive, par suite du décret du 17 février 2021 modifiant celui du 29 octobre 2020, les cours de danse pour les mineurs jusque-là autorisés sont désormais prohibés. Du coup, les interventions artistiques encouragées et réalisées par le CCN depuis octobre dans le cadre scolaire sont elles aussi proscrites*. Mais les variations assez ordinaires de l'esprit humain, rempliraient plusieurs ouvrages de péripéties amusantes de la veine de Coco fêlé (1885). Ainsi lira-t-on simultanément dans la presse du même 17 février : « Laissons un peu d'air aux Français » et « Côte basque : hausse des verbalisations à l’heure du coucher de soleil ». Avec sa conscience aiguë de l’oppression, de l’humour et du tragique un Franz Kafka se serait vraiment régalé de ces fantaisies tournant à l'acadabrance vaudevillesque de Bric-à-Brac & Cie (1862). Mais si les paradoxes en chaîne suscitent des idées noires et créent le sentiment qu'il n'existe pas d'issue, comme dans la Fée du travail, ou le Triomphe du laborieux (1862), il y a parfois dans les féeries une clef d'or ouvrant la porte de paradis lointains. Ainsi, depuis juin 2020, nombre de théâtres espagnols sont ouverts avec un protocole strict, idem au Luxembourg. De la sorte, après Pampelune et Esch-sur-Alzette où furent dansés en mars la Pastorale et Mozart à 2, c’est dans ce contexte éprouvé qu’aura lieu en avril la création de Sinfonia au Teatro Victoria Eugenia de San Sebastián. Cela dit, dans ces mêmes conditions, en septembre dernier, se déroula à Biarritz le Festival le Temps d’Aimer, sans créer de foyer de contagion, car imaginez bien qu’on en aurait parlé sans ménagement. Quoiqu’il en soit, sept mois plus tard, chiffre magique et sacré, la première représentation de Sinfonia apparaît comme la fin d’un sortilège, le Sésame ouvre-toi présidant sur les planches à l’éternelle évasion des féeries. En coulisses, au signe d’une délivrance prochaine, même si les artistes vêtus de rêves et d’infini, ou en costume de Vénus comme dans Peau d’âne, ou la Nue des Césars (2021) ne sont que chevaliers d’idéal avec leurs espoirs en toiles peintes. Du costume de Vénus, on parlait autrefois de beauté intégrale, parce que la Beauté est forcément intégrale, sinon, elle n’existerait pas. Pour dire que dans un pays dépecé, presque à poil, les parlementaires de la vertu ont bien peu à faire de s’offusquer d’un acte de contestation, d’autant que « les fées » sont cruelles, mais ce sont les faits, c’est à l’Olympia que leurs ancêtres fanatiques de la lorgnette se rinçaient l'œil de beautés aphrodisiaques. Interprète des grands ballets féeriques italiens, et des féeries françaises tel le Tour du Monde en 80 jours (1874) de Jules Verne et Adolphe d’Ennery, Carlotta Brianza (1865-1938)

longtemps reléguée dans un coin obscur reparaît dans ce Numéro 89. Connue pour avoir créé le rôle de la princesse Aurore dans la Belle au bois dormant (1890) de Piotr Ilitch Tchaïkovski et Marius Petipa, l’étoile de la danse et maîtresse de ballet dormait depuis 83 ans. Un peu de terre, pas une fleur, pas une date, rien que des éléments faussement répétés, réveiller la belle endormie d’un baiser d’entre les ronces et les orties ne fut pas une mince affaire. Mais alors que se développent les postures victimaires de toutes espèces, et sur ce point, j’ose le dire, le récent Rapport sur la diversité à l’Opéra national de Paris est en partie un conte à dormir debout biaisant habilement les réalités historiques, politiques et sociales de la danse. Tenter de combler une trame mémorielle largement incomplète due à des plumes malhonnêtes ou paresseuses ayant ôté de l'histoire de la chorégraphie nombre de femmes et d’hommes qui lui donnèrent un peu de sa grandeur est presque une œuvre de Santé publique Danse, même s’il y tant à désespérer de l’ignorance de notre époque : « Non seulement tu ignores les choses les plus importantes, mais tout en les ignorant, tu crois les savoir » (1) disait Socrate à Alcibiade. « Inventez, inventez, tout le monde a oublié » me disait parfois Gina Bartissol, lorsque j’en appelais à ses souvenirs afin d’y voir plus clair dans le passé chorégraphique de Biarritz. Professeure de danse aimée et réputée, à l’âge de 102 ans, Gina Bartissol s’en est allée dans un sommeil aux lointains infinis. Un malheur n’arrivant jamais seul, ses obsèques eurent lieu le même jour que celles de Patrick Dupond, artiste à l’état sauvage et génial intuitif pour lequel j’avais réglé au Ballet Français de Nancy un ballet intitulé en 1989 : les Illuminations. Bonne et généreuse comme l’or, Gina Bartissol aurait partagé notre tristesse en apprenant sa brutale disparition. Toujours prête à rendre service et sachant tirer de son cœur des trésors de bienfaits, on révèlera qu’elle sauva des dizaines d’enfants juifs de la Déportation. Les faisant passer pour ses élèves, à la barbe et au nez de la police française et de l’occupant, elle les conduisait de Biarritz à Salies-de-Béarn où elle avait ouvert un cours de danse à la Maison de l’Enfant Russe au Château de Mosqueros. De là, confiés à des passeurs, ils franchissaient la ligne de démarcation. En 1942, Gina Bartissol avait 23 ans et aurait mérité la distinction de « Juste parmi les nations ». Lui suffisaient les cartes de vœux qu’elle recevait chaque année en signe de reconnaissance, mais avec ses ailes d'argent où venait briller le soleil, c’était une fée à coup sûr !

n Thierry Malandain, mars 2021

(*) depuis le décret n°2021-296 du 19 mars 2021, les interventions artistiques sont à nouveau autorisées dans le cadre scolaire uniquement. (1) Platon, Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome I. djvu/136


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ACTUALITÉ

Irma Hoffren & Mickaël Conte,création Sinfonia © Olivier Houeix

Création de Sinfonia à Donostia / San Sebastián

Dans le cadre du Ballet T, la première de Sinfonia aura lieu les 9 et 10 avril au Victoria Eugenia Antzokia de Donostia / San Sebastián. Cette création sera accompagnée de Mozart à 2.

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ACTUALITÉ

Sinfonia

êlant des fragments du livre de Claude Lévi-Strauss, le Cru et le cuit à des extraits de l'Innommable de Samuel Beckett, la Sinfonia pour huit voix et orchestre de Luciano Berio, fut créée à New York en 1968-69. Années des plus turbulentes aux États-Unis et en France, où « vivre sans contraintes et jouir sans entraves » se déclina en slogans. Mais aussi années de la grippe dite de Hong Kong, qui fit plus d'un million de morts dans le monde. La Planète était grippée, mais continua de tourner pour ne pas mourir d’oisiveté.

création Sinfonia © Olivier Houeix

musique Luciano Berio chorégraphie Thierry Malandain décor et costumes Jorge Gallardo lumières François Menou réalisation costumes Véronique Murat

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avec Giuditta Banchetti, Frederik Deberdt, Raphaël Canet, Clémence Chevillotte, Mickaël Conte, Clara Forgues, Loan Frantz, Irma Hoffren, Hugo Layer, Guillaume Lillo, Claire Lonchampt, Arnaud Mahouy, Nuria López Cortés, Alessia Peschiulli, Alejandro Sánchez Bretones, Ismael Turel Yagüe, Yui Uwaha, Patricia Velázquez, Allegra Vianello, Laurine Viel. coproduction Donostia Kultura Victoria Eugenia Antzokia de Donostia / San Sebastián – Ballet T, CCN – Malandain Ballet Biarritz durée 28’ ballet pour 20 danseurs

Ces repères posés, sous l’insécurité originelle de la terre et des cieux, il était une fois un virus nommé Covid-19 qui possédait un grand royaume et de nombreux sujets. Couronné roi de l’effroi et soignant sa réputation, il jouait à la roulette russe avec les vies humaines tout en faisant tomber une ombre écrasante sur des valeurs suprêmes : les libertés, la vie sociale, le bien-être, la culture, l’amour. Pour le bien du monde, tout contact était devenu suspect, déconseillé, dangereux, dénoncé, sanctionné, incongru. Semant la terreur et s'offensant des voix discordantes, Covid-19 était une sacrée gâchette. Réglée dans les ténèbres et les incertitudes du second confinement de l’année 2020, Sinfonia peut être regardée comme une pièce de circonstance. Sur une partition de Luciano Berio considérée comme un

monument de la musique des années 60, il y est surtout question de frontière, barrière et limite, mais bien entendu, et selon la formule consacrée, toute ressemblance avec des événements réels ne pourrait être que fortuite.

n Thierry Malandain, janvier 2021


ACTUALITÉ

Mozart à 2

Création de Sinfonia à Donostia / San Sebastián

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n 1997, quelques pages tirées de concertos pour piano de Mozart permirent de créer les duos d’un spectacle intitulé Bal Solitude. Il s’agissait alors de rendre compte d’épisodes amoureux dans le contexte d’un bal. Un lieu propice à la fête mais révélateur des solitudes lorsque l’amour ne rime pas avec toujours. C’est cette physionomie changeante d’un sentiment qui se mesure parfois à l’ampleur du manque qu’aborde Mozart à 2.

[ suite ]

avec Clémence Chevillotte (le 9) Ione Miren Aguirre (le 10) & Arnaud Mahouy, Nuria López Cortés & Raphaël Canet, Giuditta Banchetti & Ismael Turel Yagüe, Irma Hoffren & Mickaël Conte, Patricia Velázquez & Hugo Layer, Claire Lonchampt & Frederik Deberdt

créé le 2 juin 1997 par la Compagnie Temps Présent à l’Esplanade de SaintEtienne sous le nom de Bal Solitude. Entré au répertoire du Ballet Biarritz, le 27 janvier 1998 au Théâtre municipal de Cholet sous le nom de Mozart à 2. Repris le 14 septembre 2020 par le Malandain Ballet Biarritz lors des 30 ans du Festival le Temps d'Aimer complété d’un duo créé pour le Leipzig Ballet en 2017. durée 35’ ballet pour 12 danseurs

Claire Lonchampt & Mickaël Conte, Mozart à 2 © Olivier Houeix

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Nuria Lopez Cortes & Raphaël Canet, Mozart à 2 © Olivier Houeix

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musique Wolfgang Amadeus Mozart chorégraphie Thierry Malandain costumes Jorge Gallardo conception lumière Jean-Claude Asquié réalisation costumes Véronique Murat


ACTUALITÉ NULÉS LES AN E PECTAC ISE SANITAIR S S IN CERTA ON DE LA CR IS EN RA

Autour des représentations Répétition publique Le 8 avril à 19h Les danseurs du Malandain Ballet Biarritz présenteront des extraits de Mozart à 2 et Sinfonia sur la scène du Victoria Eugenia Antzokia avant de partager un moment d’échange avec le public.

Diffusion Le mois d’avril devrait compter 4 représentations soit 2 de plus que le mois dernier ! Nous aurons ainsi le plaisir de faire la Première de Sinfonia de Luciano Berio au Théâtre Victoria Eugenia de Donostia / San Sebastián les 9 et 10 avril. Le programme sera complété des 6 pas de deux que compte Mozart à 2.

Le Ballet prendra ensuite la route pour présenter Marie-Antoinette, les 20 et 21 mai à l’Opéra de Limoges, et le 23 mai au Teatre-Auditori de Sant Cugat (Espagne). Ce sera ensuite en Suisse que la troupe donnera Mozart à 2 et Beethoven 6 au Théâtre Beausobre de Morges le 27 mai. Le mois de mai s’achèvera à l’Opéra de Reims où nous présenterons les 29, 30 et 31 mai la Pastorale pour 2 représentations tout public et une scolaire. Dès le 1er juin, le Ballet se produira pour 2 représentations (une scolaire et une tout public) au Parvis Scène Nationale de Tarbes-Pyrénées avec Nocturnes et Sirènes de Martin Harriague.

Beethoven 6 © Olivier Houeix

Ateliers Voulez-vous danser avec nous ? Pour adultes initiés et non-initiés à la danse Les 6 et 7 avril de 19h à 21h Studio du Victoria Antzokia

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Ces ateliers auront pour objectif de faire découvrir ou redécouvrir le mouvement dansé que chacun porte en soi à partir d’extraits de Mozart à 2 et Sinfonia.

Master classes / ateliers de répertoire Les 9 et 10 avril Studio du Victoria Antzokia

Eugenia

12h à 14h Niveau intermédiaire et avancé (12 à 14 ans) 16h à 18h Niveau supérieur, préprofessionnel et professionnel Renseignements et inscriptions Victoria Eugenia Antzokia

Puis nous danserons peut-être la Pastorale, le 13 avril à l’Espace Jean Legendre - Théâtre de Compiègne et le 15 avril à l’Onde de VélizyVillacoublay. Le mois de mai débutera à Biarritz avec le « Rendez-vous sur le quai de la Gare », évènement jeune public soutenu par la Banque Populaire Aquitaine Centre Atlantique et la Casden. Nous proposerons 4 représentations scolaires de Fossile de Martin Harriague, artiste associé au CCN dans le cadre du programme Art et Environnement « Planeta Dantzan », les 6 et 7 mai et une représentation scolaire de Sinfonia le 10. Le tout public sera également convié à assister aux représentations de Mozart à 2 et Sinfonia les 8 et 9 mai.

Puis nous nous envolerons pour l’île de La Réunion où le Ballet présentera Mozart à 2 et Beethoven 6 sur la scène du Théâtre Luc Donnat au Tampon le 8 juin et la Pastorale au TÉAT Champ Fleuri de Sainte-Clotilde les 10, 11 et 12 juin. De retour, nous passerons au Pin Galant de Mérignac le 15 juin Marie-Antoinette avant avec Ludwigshafen en Allemagne où ce ballet sera accompagné du Deutsche Staatsphilharmonic Rheinland-Pfalz les 19 et 20 juin. Enfin, le 24 juin avec l’Orchestre symphonique Saint-Etienne Loire, Nocturnes et Beethoven 6 seront donnés à l’Opéra de Saint-Etienne.

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ACTIVITÉ

LÉ ANNU

IRE ANITA RISE S E LA C D N O IS EN RA

Rendez-vous sur le quai de la Gare #11

Représentations tout public

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e déroulant du 6 au 11 mai à la Gare du Midi de Biarritz avec le soutien de la Banque Populaire Aquitaine Centre Atlantique et la Casden, le Rendez-vous sur le quai de la Gare est depuis 2011 un événement dédié à la sensibilisation et à la médiation. Outre les représentations scolaire et tout public, cet événement est l’occasion de visiter les coulisses de la Gare du Midi où différents types d’expositions multimédia sont présentés dans le hall et/ ou le studio Gamaritz. Cette année, en partenariat avec le Conseil Départemental des Pyrénées-Atlantiques et la Communauté Pays Basque, le Malandain Ballet Biarritz renforcera ses actions de sensibilisation en direction du jeune public et des familles. Les collégiens des Pyrénées-Atlantiques, de Gipuzkoa et de Navarre participant au projet Art et Environnement « Planeta Dantzan » seront aussi accueillis. Projet soutenu par l’Eurorégion Nouvelle-Aquitaine Euskadi Navarre et mené en collaboration avec la Fondation Cristina Enea de Donostia / San Sebastián et le service d’éducation à l’environnement de Pampelune.

Jeudi 6 mai - 20h30 Gare du Midi Dantzaz Structure associée au CCN Malandain Ballet Biarritz direction artistique : Adriana Pous Ojeda

Fossile Après avoir créé plusieurs pièces de groupe, Martin Harriague, artiste associé au CCN Malandain Ballet Biarritz, a choisi la forme du duo pour revenir sur un thème qui lui tient à cœur : les liens, sur fond d’urgence écologique, entre l’homme et sa planète. chorégraphie et scénographie Martin Harriague musique Franz Schubert assistante Françoise Dubuc lumières et costumes Martin Harriague réalisation décor Loïc Durand & Frédéric Vadé durée 50’ ballet pour 2 danseurs création aux Pays-Bas le 5 septembre 2019 au Korzo Den Haag, puis le 9 septembre 2019 à Biarritz dans le cadre du Festival le Temps d'Aimer.

Patricia Velázquez, répétition Sinfonia © Olivier Houeix

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Pauline Bonnat, Dantzaz, Fossile © Olivier Houeix

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Arnaud Mahouy & Clémence Chevillotte, Mozart à 2 © Olivier Houeix

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coproduction Korzo Den Haag, CCN Malandain Ballet Biarritz

Samedi 8 mai - 20h30 Dimanche 9 mai - 16h Gare du Midi Malandain Ballet Biarritz

Mozart à 2 Sinfonia tarifs 12 à 36 € billetterie www.malandainballet.com Office de Tourisme de Biarritz Tél. 05 59 22 44 66 www.tourisme.biarritz.fr Guichets des offices de Tourisme de Bayonne et Anglet

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Irma Hoffren & Mickaël Conte, Mozart à 2 © Olivier Houeix


ACTIVITÉ ULÉE SANITAIRE ANN LA CRIS

E ISON D EN RA

Représentations scolaires et parcours culturels Jeudi 6 mai - 14h30 Vendredi 7 mai - 10h30 et 14h30 Gare du Midi Dantzaz

Fossile Accueil des classes des PyrénéesAtlantiques, de Gipuzkoa et de Navarre au sein desquelles Ione Miren Aguirre, artiste chorégraphique au CCN est intervenue durant l’année scolaire 2020-21 autour de Fossile dans le cadre du projet Art et Environnement « Planeta Dantzan ». Accueil de deux classes de primaires (CE1 École publique Idekia d’Ustaritz et, CM1 et CM2 de l’École privée Donibane - Sainte Famille d'Urquijo de Saint-Jean-de-Luz) ayant participé au programme « Kultura Bidean » mené par la Communauté Pays Basque. Accueil de la classe de 5e du Collège La Hourquie de Morlaàs ayant participé au programme « Grandir avec la Culture du Conseil Départemental des PyrénéesAtlantiques ». Ces derniers auront également l’opportunité de présenter la chorégraphie écoresponsable, créée durant une semaine de résidence animée par Ione Miren Aguirre.

CFD - Biarritz © Olivier Houeix

Lundi 10 mai - 11h

Présentation publique

Gare du Midi Malandain Ballet Biarritz

Mozart à 2 Sinfonia Accueil de plusieurs classes de l’Agglomération Pays Basque : 2 classes de 5e du Collège Saint Michel de Camboles-Bains ; 2 classes de primaires de l’École Jules Ferry et de l’École des Thermes Salins de Biarritz dans le cadre du partenariat du CCN Malandain Ballet Biarritz avec le Conservatoire Maurice Ravel Pays Basque ; une classe du Lycée Cantau d’Anglet, une classe du Collège Marracq et une classe de l’École Jean Moulin de Bayonne dans le cadre du programme Itinéraire danse.

Mardi 11 mai - 20h Gare du Midi Centre de formation préprofessionnel en Danse de l’École de Ballet de Biarritz (CFD) Option Art-Danse du Lycée Malraux de Biarritz - Université du Mouvement de Biarritz. En clôture du Rendez-vous sur le quai de la Gare, la scène de la Gare du Midi accueillera la restitution du travail de création ou de transmission menée cette année auprès de trois groupes : les 32 élèves de 2ndes, 1ères et Terminales de l’Option Art-Danse du Lycée Malraux encadrés par Carole Philipp, professeur et ex-artiste du Malandain Ballet Biarritz ; les 9 élèves du Centre de formation préprofessionnel en Danse de l’École de Ballet de Biarritz (CFD) pour lesquels Dominique Cordemans, responsable de la sensibilisation et de la transmission du répertoire au préprofessionnels a remonté Boléro de Thierry Malandain (présentation également le 5 juin dans le cadre du spectacle de l’École) ; les 27 adultes de l’Université du Mouvement pilotée par l’association Instant Présent et son professeur, Aureline Guillot, ex-artiste du Malandain Ballet Biarritz et le chorégraphe Gilles Schamber. Entrée libre sur réservation sur www.malandainballet.com

Scolaire © Olivier Houeix

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Carlotta Brianza

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ilanaise et élevée dans une remarquable pépinière de la danse qui se nomme le théâtre de la Scala, Mlle Brianza fit au sortir de l’école une triomphale tournée en Amérique, puis passa par Paris où elle brilla à la reprise du ballet Excelsior. Comme étoile elle paraît aux théâtres impériaux de SaintPétersbourg, Moscou, Vienne, etc. Enfin enrichie de succès, elle retourne à la Scala où fait unique dans les annales de ce théâtre, elle reste trois années danseuse étoile et parvient par la pureté classique de sa méthode et par la délicatesse de son style à acclimater et à importer chez les italiens le goût des ballets français. Elle y fait la création de Sylvia, Coppélia, Javotte, la Maladetta, etc. Mlle Brianza personnifie dans toute sa pureté les beautés de l’art chorégraphique, style, mimique, légèreté dans l’exécution, intrépidité des pointes, tout y est. C’est d’un classicisme impeccable. La charmante artiste est une des danseuses les plus réputées à notre époque et elle est digne de figurer parmi les muses de Terpsichore qui ont noms Fanny Elssler, [Marie] Taglioni, [Virginia] Zucchi, [Rosita] Mauri, etc. ». (1)

« Monsieur Croze […] Je vous envoie deux photos ; une de ville, l’autre en danseuse vous choisirez ! Quant aux lignes de biographie, je fais taire ma modestie en vous envoyant ci-contre la dernière note parue sur moi à Bruxelles. » Brianza, Médiathèque du Centre national de la danse - Donation Gilberte Cournand

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Disons-le d’emblée, nous ne disposons que d’informations lacunaires ou faussement répétées sur Carlotta Brianza, connue pour avoir créé le rôle de la princesse Aurore dans la Belle au bois dormant (1890) de Piotr Ilitch Tchaïkovski et Marius Petipa. Les seuls éléments biographiques convergents sont cette note que l’artiste adressa en 1903 à Jean Léopold Croze, journaliste et librettiste de Javotte (1896) ballet de Camille Saint-Saëns qu’elle dansa à Milan en 1897, et un article paru en 1935 dans la revue des Archives internationales de la danse (2) intitulé : Quelques mots sur Carlotta Brianza « recueillis par N. Youtchewsky », dont le nom ne figure nulle part ailleurs. Sans quoi, la date de naissance de « la prima ballerina » est aussi une énigme. N’ayant pas été possible d’en retrouver le certificat, à l’aide de son acte de mariage et d’autres sources, l’on peut néanmoins avancer que fille d’Agostino Brianza et d’Elena Rivolta, Carolina, Alice, dite Carlotta Brianza, vit le jour à Milan, le 1er avril 1865. Mais laissant penser qu’elle voulut se rajeunir en vieillissant,

un recensement de 1931 et son acte de décès font état du 1er avril 1875, ce qui est impossible. Grâce aux patientes recherches d’Anne Londaïtz, l’on sait également que la compatriote de « presque toutes les grandes danseuses modernes » (3) avait un frère prénommé Arthur : né à Milan, le 26 décembre 1867 après des études médicales, il émigra en Amérique pour s’établir comme chirurgien à Oak Park dans l'Illinois, où il mourut le 11 juillet 1944. « Dès la petite enfance, écrit Youtchewsky, chaque individu manifeste, avec une insistance que rien ne rebute, une ambition différente. "Mi veuri fa la balerina", tel était le leitmotiv [en dialecte milanais] de la petite Carlotta, qui se heurtait à l'opposition d'un père hostile à tout espoir de carrière chorégraphique. L'enfant devait cependant l'emporter sur l'autorité paternelle, et elle entrait à l'école de danse du professeur [Carlo] Cabrini. Après six mois de travail, elle passait brillamment le concours d'admission à l'école de la Scala de Milan ». Ajoutons qu’elle y entra en 1876 sous la direction de Giovanni Casati et non sous celle de Carlo Blasis, comme écrit partout, puisque le théoricien de la danse quitta ses fonctions en 1850 et qu’il mourût à Cernobbio en 1878. Autrement, tout en prenant des leçons particulières avec Lodovico Montani, elle étudia à la Scala auprès de Margherita Wuthier, l’épouse de Giovanni Casati, et, plus tard avec Adelaïde Viganò et Cesare Coppini. Sans date précise, c’est en 1883, à la reprise d’Excelsior, ballet en 6 parties et 12 tableaux de Luigi Manzotti, musique de Romualdo Marenco, créé à la Scala en 1881, « qu'elle conquit le titre de première danseuse […] et fut engagée pour New York ». À ce stade, même s’il fut plus probable qu’elle conquit seulement son diplôme de fin d’études, on soulignera avec le critique Stanislas Rzewuski « que la supériorité des artistes de ballets italiens était tellement évidente que tous les théâtres, même ceux qui possédaient d'excellentes troupes, comme ceux de St-Pétersbourg ou de Paris, étaient obligés d'engager des étoiles italiennes » (4). Dans le même temps, l’école transalpine et « ses exercices acrobatiques » avaient ses détracteurs à l’instar de Marius Petipa qui malgré tout employa ses plus brillantes représentantes, sans parler d’Enrico Cecchetti dont l’influence fut déterminante puisqu’il enseigna à l’École Impériale : « Oui, l’école italienne est en train de détruire le ballet, dira Petipa. Elle pervertit le public en le détournant des œuvres sérieuses et en l’habituant à ce que montent sur scène des gens comme Manzotti qui a composé Excelsior une féerie à la place d’un ballet. À Paris on ne monte plus de grands ballets, on se contente de petits. L’art de la danse y décline indubitablement. Et, il n’y a personne pour le soutenir » (5).


LA DANSE À BIARRITZ # 83

Célébrant les innovations du siècle à travers le combat de la Lumière contre l'Obscurantisme, après un éclatant succès à Milan (103 représentations en 1881), puis dans toute l’Italie, Excelsior avait produit à Paris, le 7 janvier 1883, « une impression foudroyante » lors de l’ouverture de l’Éden-Théâtre : « Le ballet n'était pas commencé depuis dix minutes que la salle entière était plongée dans une stupeur profonde. Jamais, on n'avait rien vu de pareil à cette organisation, à cette discipline, à cet ensemble dans les moindres mouvements » (6). C’est pourquoi les frères Kiralfy s’attachèrent à présenter le ballet en Amérique. Originaires de Pest (Autriche-Hongrie), Imre et Bolossy Königsbaum, dits Kiralfy s’étaient faits connaître comme danseurs en Europe. Par exemple, élèves à Paris de Jean Baptiste Barrez, de l’Opéra, à 19 et 16 ans, avec « cette grâce cavalière, cette fierté mâle que nos danseurs devraient bien imiter » (7) dixit Théophile Gautier, en juin 1864 les Magyars s’étaient produits au Théâtre Dejazet avant de débarquer à New York en mai 1869. Après avoir relancé en 1873 le succès de The Black Crook (1866), sorte de comédie-musicale de Charles M. Barras et Thomas Baker, ils deviendront les impresarii les plus influents de l’industrie du divertissement nord-américain. La première newyorkaise d’Excelsior eut lieu le 21 août 1883 à Broadway au Niblo's Garden Theatre. Conduite par Ettore Coppini, frère de Cesare Coppini qui reproduisit la chorégraphie, la troupe réunissait dit-on des sujets de l’Éden, de la Fenice de Venise et de la Scala. On

parle de 108 personnes, incluant pour les rôles principaux : Carlotta Brianza, Albertine Flindt, Emilia Brambilla, Ettore Coppini et Lodovico Saracco. Le spectacle profitait de nouveaux effets électriques de Thomas Edison, tandis que les costumes de Samuel-Marie Clédat de Lavigerie et Draner, exécutés par Charles-Edmond Landolff arrivaient de Paris. Après le 5 décembre et 125 représentations à New York, avec ou sans Brianza parfois notée dans la presse à l’affiche de The Black Crook, la troupe d’Excelsior parcourut l’Amérique pendant plus d’un an : Buffalo, Denver, Chicago, Baltimore… Deux semaines ici, quatre là, six à San Francisco où on lira en avril 1884 : « la Signora Brianza est une petite beauté » (8). Ensuite, du 18 août au 5 octobre 1884, calqué sur Sieba, ou l’Épée de Wotan (1878) ballet de Manzotti et Marenco, sur des airs de Marenco et d’Adolf Neuendorf, « les Karalfy Bro’s » montèrent au Star Theatre de New York : Sieba and the Seven Ravens, dont Ettore Coppini régla les ballets avec Brianza et Giovanni Cammarano dans les premiers rôles. « The charming première danseuse » posa alors pour Benjamin J.Falk dans son studio de Broadway avant de partir en tournée : Philadelphie, Chicago, Boston, Washington jusqu’en avril 1885. Après quoi, elle rentra en Europe, puisque le 2 septembre 1885, New York la vit de retour en compagnie de sa mère sur le Labrador au départ du Havre. Cette fois engagée par Charles L. Andrews et présentée comme « l'une des plus jolies femmes de la scène américaine » (9), auprès d’Eugenia Cappellini, d’Elisa Carulo et d’un « superbe » corps de ballet, elle dansa le grand divertissement de Michel Strogoff, drame d’Adolphe d’Ennery et Jules Verne qui porta 100 personnes en scène à Cleveland, Washington, New Haven, Zanesville, Goldsboro, Indianapolis en décembre 1885 pour ce qu’il est permis de savoir. Ensuite, « arrivant d’Amérique, où elle a été très applaudie, la jeune et jolie première danseuse appelée, avant peu, à devenir une de nos grandes étoiles » (10) entra à l’Éden-Théâtre. Recrutée par Francis de Plunkett en prévision du départ de la 1ère danseuse Adelina Rossi et de ses sœurs Louisa et Lelia, elle débuta « brillamment » auprès de Giorgio Gaetano Saracco en chef des Thugs, le 14 juillet 1886, dans l’esclave Padmana de Brahma : ballet en 3 actes du bordelais Hippolyte-Georges Sornet, dit Monplaisir créé à la Scala en 1868 sur une musique de Constantino Dall'Argine et regardé comme le prototype du grand ballet féerique italien. « Son succès s'était déjà affirmé à une audition » précisa Plunkett dans la presse, pour répondre « aux cris et menaces » de Lelia Rossi, qui comptait ce jour-là succéder à sa sœur dont elle était la doublure depuis le congé d’Antonietta Bella. Et, Plunkett de confier au Figaro : « Mais sachant déjà qu'il y avait

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Le Labrador

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Affiche Excelsior

Luigi Manzotti, photo Guigoni & Bossi

Éden-Théâtre

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une trop grande différence de talent entre les deux sœurs, je me suis bien gardé de me retirer le droit de la faire paraître dans le rôle de Padmana » (11). Dès le lendemain de « cette querelle de jalousie » qui nécessita l'intervention d'un commissaire de police pour empêcher Lelia Rossi d’entrer en scène, « avec une bonne grâce exquise et un grand succès » (12), Brianza assura seule les spectacles quotidiens jusqu’au 1er août, car Adelina Rossi dont le contrat expirait fin juillet se fit porter malade. À l’affiche depuis le 31 mai, le 1er août, Brahma vit le retour d’Antonietta Bella et l’engagement de nouveaux artistes dont les 1ers danseurs, Enrico Borri et Greco Poggiolesi qui parurent dans Brahma jusqu’au 11 novembre si l’on en croit les journaux. Entre temps, le 10 septembre, Brianza et d’autres danseuses assistées d’un interprète vinrent déposer en qualité de témoins devant la 11ème chambre correctionnelle. Comparaissait un gazier intérimaire de l’Éden, accusé de

Giorgio Gaetano Saracco, 1899

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Excelsior, photo Charles Bergamasco - Brianza (la Civilisation) et L.Saracco (l’Esclave), G. G Saracco ? (l’Obscurantisme) - Médiathèque du Centre national de la danse, Donation Gilberte Cournand

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vols. Condamné à quatre mois de prison, l’éclairagiste se nommait M. Bertrand, sa femme dansait à la Gaîté, et c’est à leur domicile que l’on retrouva « corsets, pantalons de danse, bas et maillots de soie-rose » dérobés dans les loges. Sans quoi, le 18 septembre, bien qu’écrasé de frais, l’Éden renouvela son affiche avec une soirée chorégraphique dite « coupée », ce qui était d’usage en Russie, d’où les soirées de ballets offertes par les Ballets russes de Serge Diaghilev au Châtelet dès 1909, alors qu’il faudra attendre le 24 mars 1922, puis après ce coup d’essai, en plein été, les Saisons de ballets français de 1922 et 1923 ; enfin en octobre 1940 « les mercredis de la danse » institués par Philippe Gaubert et Serge Lifar, pour que la troupe de l’Opéra de Paris se produise sans opéras. Ainsi, qualifié de « grand théâtre de la danse », le 18 septembre, l’Éden afficha un ballet déjà joué la Belle de Séville sur une musique de Francis Thomé et trois nouveautés moins ruineuses que les ouvrages italiens. D’abord, sur une partition d’Hector Mariotti, Il n’y a plus d'enfants, ballet-pantomime de Miss Bridges réglé par Silène de Gaspari, directeur de l’école danse de l’Éden, et par Henri Laurent Agoust, régisseur général, auteur et interprète. Montpellierain passé maître dans l’art de la jonglerie et de la pantomime, Agoust divorcé d’Emilie Zanfretta, dite Azella, danseuse de corde issue d’une lignée d’artistes vénitiens, s’était remarié en Angleterre en 1876 avec Louise Bridges. Sans doute la librettiste d’Il n’y a plus d'enfants, qui montrait les élèves « d'une précocité inquiétante mais curieuse » (13) dans des scènes de Brahma notamment. À noter que Miss Bridges avait auparavant signé la musique et le livret d’un ballet intitulé la Phalène. Réglé par le maître de ballet de l’Éden Achille Balbiani, il mettait en avant la danseuse aérienne, Miss Ænea, alias Laetitia Barry, dont le mari M. Dando était l’inventeur du système employé pour l’élever jusqu’aux frises. Autrement, pour le retour d’Emilia Laus, sur la musique de Peter Ludwig Hertel composée à Berlin pour Paolo Taglioni en 1864, venait la Fille mal gardée (1789) de Jean Bercher, dit Dauberval revue par Balbiani. Enfin, avec Elisa Rivolta et probablement réglé par Balbiani sur une musique de Léon Vasseur, « un ballet moderne » (14), c’est-à-dire en costumes de ville intitulé la Brasserie dont « l'idée très parisienne, très ingénieuse... trop parisienne, trop ingénieuse peut-être pour un ballet » (15) dixit Le Figaro, était sortie de l’imagination de Charles Narrey et « d’un des princes du théâtre qui désire garder l'anonyme » (Henry Meilhac). Le 16 octobre, rentrant de congés, Brianza et Poggiolesi danseront un nouveau pas à la fin de ce « ballet réaliste », joué 88 fois en alternance avec Brahma, puis Viviane. Car pour lutter contre l’éternel déficit des théâtres et revenir aux premiers succès de l’Éden, Plunkett s’attacha à monter un

grand ballet non pas italien, mais français. Ainsi, le 28 octobre avec Elena Cornalba dans le rôle-titre triompha Viviane, ballet en 5 actes d’Edmond Gondinet, musique de Raoul Pugno et Clément Lippacher réglé par Antonio Pallerini. Le 10 novembre, remplaçant Cornalba au pied levé, Brianza y fut « récompensée par les bravos et les rappels de toute la salle », avant de danser Viviane trois fois par semaine. Mais le monde chic se lassant des ballets, en clair « l’Éden glissant vers la déconfiture », le 23 décembre après 66 représentations on lâcha Viviane pour Éden-revue, dans laquelle outre les danses nouvelles, on revit les clous des grands ballets donnés depuis 1883, tels qu’Excelsior, la Cour d’Amour, Sieba, Brahma, Messalina et Speranza. Alors qu’en mars, « la charmante Mlle Brianza, dont la grâce et le talent comme première danseuse et comme mime était si appréciés du public parisien » (16), s’était trouvée éloignée de la scène par une fluxion de poitrine, cette « tour de Babel de l’art chorégraphique » s’écroula le 22 avril 1887 pour laisser place le 3 mai à Lohengrin (1850) de Wagner joué pour la première fois à Paris. Engagée comme « première danseuse étoile » pour la saison d’été du Théâtre Livadia, qui durait de mai à septembre, Brianza était en route pour St-Pétersbourg. Et, Youtchewsky de poursuivre : « Elle eut vite fait de conquérir un public qui s'est cependant toujours avéré fort difficile. Elle dansa à la Cour. Son succès fut inouï, et l'Empereur [Alexandre III] donna lui-même le signal des applaudissements avant que la danse fût achevée. Elle avait dansé, avec [Pavel] Gerdt, le Pas du Voile. À la suite de ce triomphe, Carlotta reçut des Théâtres impériaux une proposition de contrat qu'elle ne put accepter, en raison d'un engagement qu'elle avait signé à Paris pour l'Italie. Elle ne se consola de ce contretemps qu'à la signature d'un contrat avec les Théâtres impériaux pour la saison suivante ».


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Ayant traité avec l’impresario Josef Setov, Brianza retrouva à Pétersbourg Lodovico Saracco et son frère Giorgio Gaetano recruté au Livadia comme maître de ballet. D’après deux articles italiens non renseignés issus du journal intime de celui qui était alors à Bruxelles 1er danseur et chef de la danse au Théâtre royal de la Monnaie, la saison débuta par le Tour du Monde en 80 jours (1874), féérie de Jules Verne et Adolphe d’Ennery, dont il régla avec « talent et bon gout » le tableau du royaume des roses. Puis ce fut Brahma, enfin du 15 au 27 juillet, « le vrai » Excelsior monté « avec une somptuosité sans précédent, avec le plein consentement de l'auteur Manzotti ». Pour dire que dans un théâtre rival, l’Arcadia, Enrico Cecchetti venait de « mystifier le public avec un potpourri scandaleux et indécent d’Excelsior malgré l'interdiction formelle de l'auteur ». Et le rédacteur de citer plus loin le Novoe vremja [Nouveau Temps] à propos de Brianza dans le rôle de la Lumière : « Il est inutile de répéter ce qui a déjà été dit sur les mérites de Brianza. Bien que très jeune, c'est une danseuse de premier ordre, pour qui l'art n'a plus de secrets. Sa technique est excellente, tous ses mouvements sont corrects, légers, moelleux, élégants. Son apparence, même dans les moments les plus difficiles, conserve l'expression ingénue et douce d'un enfant qui s'amuse, […] alors que rien n'est plus douloureux que de voir une danseuse haletante et fatiguée, Brianza a interprété toutes ses variations avec maestria ». Selon Youtchewsky, « la jeune et habile prima ballerina » dansa ensuite en Italie, où « elle rencontra constamment le même succès, mais elle ne vivait que dans l'espoir de retourner en Russie » (17). On laisse toutefois entendre qu’elle créa le 22 décembre 1887 à Londres, Dilara, ballet de

Louis-Florimond Ronger, dit Hervé, réglé et dansé par Cecchetti. Au vrai, interprété par Cecchetti, ce ballet dû à Katti Lanner avait pour étoile Adelina Rossi et ce n’est qu’en 1888 que Brianza signa à l’Empire Theatre of Varieties. Pour l’heure, d’après un article en italien d’un nommé Lewis, illustré par Theodor Mayerhofer, le baron Raimondo Franchetti, millionnaire apparenté aux Rothschild, lui ayant rappelé « que même les sylphides avaient une patrie », Brianza dansa au Teatro municipal de Reggio Emilia : « l’impresario gentilhomme » en avait acquis la concession sans subvention pour y donner les opéras de son fils Alberto, puis à Bologne où « elle surmonta les confrontations les plus terribles ». Après quoi, embauchée par Augustus Harris à l’Empire Theatre, le 19 mai 1888, elle créa Rose d’Amour, ballet d’Hervé réglé par Katti Lanner. Fin juillet, « de retour de Londres, où elle a obtenu de vifs succès » (18) avec « un très brillant engagement de six mois, pour la saison d'hiver 1888-89 » (19) « l’étoile de première grandeur » retourna en Russie où selon Lewis, lors de son premier séjour, Alexandre III en signe d’enthousiasme l’avait gratifiée de 25.000 roubles, somme égale à son poids en or. Devant d’abord danser à Moscou, elle débuta au Bolchoï, le 6 octobre 1888 dans Pygmalion, ou la Statue de Chypre (1883), ballet en 4 actes de Petipa dont la musique était du prince Nikolaï Troubetskoï, « qui vint de Paris pour assister à la première de son ballet. Brianza partagea son succès, qui fut grand, avec son partenaire, Ivan Clustine ». À Pétersbourg, poursuit Youtchewsky : « Brianza, qui s'empressa de voir Petipa, choisit pour ses débuts la Tulipe de Haarlem (1887), avec comme partenaire, Pavel Gerdt, qu'elle avait retrouvé avec joie ». Ce ballet en 3 actes de Lev Ivanov, second de Petipa depuis 1885, sur une musique du baron Boris von Vietinghoff-Scheel avait été créé pour sa compatriote Emma Bessone. Engagée par le prince Ivan Vsevolojski, directeur des Théâtres impériaux, Brianza y « charma les yeux des Pétersbourgeois », le 7 février 1889 semble-t-il. Et, selon les échos, « L'Empereur, qui assistait à cette représentation, [fit] féliciter la jeune ballerine » (20). La saison d’hiver s’achevant au Théâtre Mariinski, ayant traité avec Paul Renard, le nouveau directeur de l’Éden, en avril, Brianza : « brune, adorablement jolie, avec sa taille souple, ses bras ronds et ses yeux immenses » (21) retrouva Paris. Se plaçant « au premier rang des étoiles de la danse, par la précision de son jeu, la solidité de ses pointes, sa crânerie et sa grâce » (22), elle dansa le rôle de la Civilisation dans Excelsior remonté par Carlo Coppi à l’occasion de l’Exposition Universelle. Au reste, le tableau final, intitulé le Pas des Nations, avait désormais la Tour Eiffel pour décor. Manzotti conduisant les ultimes répétitions, la première eut lieu le 14 juin, et parmi une revue de presse abondante,

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Brianza, par Theodor Mayerhofer

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Brianza, photo N. J. Coudojannary, 1887, Médiathèque du Centre national de la danse Donation Gilberte Cournand

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Marius Petipa, 1860

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LA DANSE À BIARRITZ # 83 Le Figaro nota : « Mlle Brianza […] est une danseuse pleine de grâce et de charme, que le public français a furieusement applaudie ce soir et qui a passé tout de suite étoile sans contestation » (23). Mais s’étant donné le mot à l’entracte, tel Le Ménestrel, tous ou presque écriront qu’elle n’avait point fait oublier ses devancières : « C'est Mlle Brianza qui, sous les traits de la Civilisation, fait les honneurs du ballet. Si Mlle Brianza n'a pas la correctitude que déployaient ses devancières dans ce rôle, elle a du moins pour elle la vie et le charme ; c'est le vif argent, la poudre et l'électricité en personne » (24). Deux mois plus tard, passée la 50ème, les mêmes en feront « l'émule incontestée de ses célèbres devancières » et le Vert-vert, de citer Elena Cornalba : « Mlle Brianza est l’objet de l’accueil le plus mérité chaque soir : ses progrès sont très grands et l'on peut dire qu’elle rivalise de tout point avec la Cornalba, qui l’a précédée sur la scène de l’Éden » (25). À noter que le succès d'Excelsior décida la direction à former une seconde distribution, ainsi dès juillet, deux fois par semaine, Carlotta Zambelli, de l’Opéra, tint le rôle de la Civilisation, tandis que Mariette André, de l’Éden remplaça Stella Gallinetti dans la Lumière : « Artiste de talent, doublée d'un charmant écrivain », la parisienne signera des livrets de pantomimes. Sans quoi, alors qu’elle avait été chaudement applaudie le 9 août par le Shah de Perse : « la lorgnette à la main, il ne perdait pas de vue Mlle Brianza », et avait dit à Paul Renard : « C’est chez vous que j'ai vu le plus amusant et le plus intéressant des spectacles » (26). Rappelée à Pétersbourg, Brianza dansa pour la dernière fois le 1er septembre 1889 : « Le public fit une chaleureuse ovation à la charmante danseuse qui reçut plusieurs corbeilles de fleurs », et dès le lendemain, Pierina Legnani à laquelle Petipa réservera une part de ses créations, prit possession du rôle de la Civilisation.

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La Esméralda, 1889 La Reine Nisia, le Roi Candaule, 1891

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À Pétersbourg continue Youtchewsky, Brianza « dut se livrer à un travail acharné, car il fallait, comme c'était l'habitude, préparer chaque ballet en trois jours. Seule, la mise en scène du ballet la Belle au bois dormant fit exception, puisqu'elle exigea deux mois de répétitions. Cette mise en scène, réglée par Petipa, était, du reste, arrivée à un tel degré de perfection que, de nos jours encore, on n'a trouvé aucun changement à y apporter. Brianza, par sa personnalité, contribua, pour sa part, au succès de ce ballet, qui fut si discuté, et elle conquit le public, cependant si enclin au traditionalisme. […] Entre autres ballets que Brianza dansa à Saint-Pétersbourg, il convient de noter particulièrement Esméralda. Quelques-uns ont déclaré qu'il était fort téméraire, de la part de l'artiste, de paraître dans ces danses après l'incomparable [Virginia] Zucchi. Carlotta s'y tailla cependant un véritable succès, et, dans la variation du 3ème acte, ses " jetés

en tournant " lui valurent une ovation très méritée. Le succès ne devait plus la quitter, cependant que son talent s'affirmait de plus en plus ». Ne cherchons pas pourquoi, alors que Brianza était toujours en vie, c’est par ces mots que Youtchewsky acheva son article en 1935. Si l’on revient en arrière, quittant Paris début septembre, « l’étoile de la danse » reparut au Mariinski le 22 octobre 1899 dans la Tulipe de Haarlem, puis dans la Esmeralda (1844) : ballet en 2 actes de Jules Perrot créé à Londres sur une musique de Cesare Pugni et repris en 1886 par Petipa sur des airs de Pugni et Riccardo Drigo. Succédant à Zucchi, on télégraphia le 1er novembre : « La jeune et gracieuse ballerine a obtenu un succès des plus vifs. À la fin de la première représentation, le public russe lui a fait une vraie ovation » (27). Ne paraissant pas dans les Caprices d’un papillon (1889) de Petipa, ni dans la Forêt enchantée (1887) d’Ivanov, « le tout en une soirée » précise la correspondante du Figaro, Lydie Paschkoff, en janvier 1890 ce fut la Belle au bois dormant. Célébrité littéraire et voyageuse, librettiste des ballets que Petipa titra Cendrillon (1893), la Barbe bleue (1896) et Raymonde (1898), Paschkoff avertira alors : « la première représentation du ballet : la Tsarevna dormant aura lieu le 12 janvier. Le libretto est fait par M. Wsovolowsky (sic), directeur des théâtres impériaux lui-même. La musique est de M. Tchaïkowsky, les danses sont composées par Petipas (sic), le maître de ballet. La Brianza joue la Tsarevna. Le tout, décors et costumes, sera une merveille russe. On en revient chez nous à l'art national trop longtemps négligé » (28). Traduite ici en « Fille du tsar dormant », la Belle au bois dormant vit le jour le 15 janvier 1890 avec Brianza (princesse Aurore), Gerdt (prince Désiré) et pour ne citer que lui, Cecchetti dans la fée Carabosse et l’Oiseau bleu. « Grand succès » écrit Petipa dans ses Mémoires, tandis que Brianza relata que « contre toute étiquette, le Tsar s'était


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installé dans un fauteuil d'orchestre afin de mieux voir l'ensemble du ballet » (29). Quant aux journaux français, puisant à la même dépêche, ils répéteront : « La première danseuse, Mme Brianza, et le maître de ballet Petitpas ont été acclamés. On s'accorde à dire que ce ballet est le grand événement musical de la saison ». Seule Paschkoff nota : « Au Théâtre Impérial, on vient de donner le grand ballet dont le Figaro a déjà parlé, la Tsarevna dormant. C'est une sorte de légende gracieuse, qui rappelle celle de la Belle au bois dormant. La première représentation a été un très grand succès. Les décors et les costumes sont des plus réussis. On a fait une longue ovation à la première danseuse, Mlle Brianza, une charmante artiste, qui a été fort applaudie par les Parisiens, à l'Éden, au moment des belles représentations d'Excelsior » (30). Faute d’échos sur le reste de la saison, en octobre 1890, Brianza fit sa rentrée au Mariinski dans la Belle au bois dormant, puis le 11 novembre, incarnant le nénuphar rose auprès de Gerdt, sur une musique de Nikolaï Krotkov ce fut Nénuphar, ballet en 1 acte de Petipa : « Ce dernier, qui a un décor représentant un marécage, où s'embourbent des étudiants botanistes, séduits par les fleurs d'eau, a paru trop aqueux au public. La reprise de Fiametta, le célèbre ballet d’[Arthur] Saint-Léon, a eu, au contraire, un grand succès. La Brianza, brune et passionnée, y a dansé avec une séduction adorable » (31) écrivit Paschkoff. Sur la musique de Léon Minkus, Petipa et Ivanov avaient remis Fiametta (1864) en scène pour la Cornalba en 1887. Autrement, glissons que le 15 décembre 1890, l'Alhambra de Londres afficha Pierina Legnani dans une Belle au bois dormant réglée par Léon Espinosa sur une musique de Georges Jacobi. Partenaire en 1886 de Brianza dans Éden-revue, entre 1868 et 1870, Espinosa avait été l’interprète de plusieurs titres de Petipa dont le Roi Candaule (1868) avec Henriette Dor. Ni viennoise, ni milanaise, mais née Marie Henriette Deshayes en

1842 à Savigny-sur-Braye (Loir-et-Cher) de parents cultivateurs, « la danseuse d'un talent véritable » avait été adoptée par Joséphine Danse et son époux Louis Joseph Dor. Fils d’un cordonnier de Valenciennes, passé par l’Opéra de Paris, Dor avait été le partenaire de Carlotta Grisi, Sofia Fuoco et Carolina Rosati à Vienne et Londres. « Fort jolie, fort distinguée comme artiste dans le genre correct et élégant de la vraie danse française » (32), Henriette Dor se fera applaudir à Lyon, Bruxelles, Londres, Berlin et Milan, avant de débuter à l'Opéra en 1867 : « Mlle Dor est appelée à nous consoler des grands talents qui manquent à notre ballet » (33). Mais, elle partit en Russie, où, elle obtint les plus grands succès jusqu’en 1872, date à laquelle la danseuse quitta la scène « à cause d'une maladie de poitrine qui fit des dernières années de sa vie un long martyre ». Seule interprète française de Petipa en Russie à notre connaissance, elle s’éteignit à Neuilly-sur-Seine en 1886 à 43 ans. Le 13 février 1891, sur un livret de Modeste Tchaïkovski mis en musique par Minkus, avec Gerdt (Calkacrino) et Cecchetti (Reuben), Brianza dans le double rôle de Marietta et Draginiatza créa Calcabrino, ballet en 3 actes de Petipa : « qui n'a pas eu beaucoup de succès, malgré le talent de la Brianza » (34) dira Paschkoff. La direction essayant « de lui mettre, autour du cou, une chaîne en or, pour mieux la retenir » (35), en avril, alors que des coups de canons annonçaient la rupture des glaces de la Néva, Brianza quitta Pétersbourg. Engagée à Manchester pour l’ouverture du Palace Theatre, elle s’y produisit dès le 8 juin dans Cleopatra (1889), ballet en 3 tableaux d’Hervé réglé par Katti Lanner. Sacrifiant à la mode française du travesti, Lucia Cormani tenait le rôle d’Antoine. En septembre, de retour à Pétersbourg, elle « eut son succès habituel » dans la Tulipe de Haarlem et d’autres reprises, puis le 6 décembre, succédant à Henriette Dor dans le rôle de la Reine Nisia, « monté avec un luxe inouï de décors et de costumes », ce fut le Roi Candaule (1868), ballet en 4 actes de Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges et Petipa sur une musique de Cesare Pugni. Avec Gerdt en Candaule, l’occasion « d'un vrai triomphe. Applaudissements, rappels et pluie de fleurs, rien n'a manqué à l'ovation reçue par la charmante danseuse » (36). L’année 1892 n’apportant rien de neuf, de retour à l’Éden, le 7 avril, Brianza y créa Roknedin, ballet-pantomime en 3 actes de Michel Carré et Gaston Fourcade-Prunet, musique d’Albert Renaud réglé par Balbiani. Contant les amours de Djamy et Hapsa, il se passait en Egypte au 10ème siècle parmi les ismaéliens, secte chiite, dont Roknedin était le missionnaire. Les danseurs n’ayant plus les faveurs du gratin parisien, Romain Molle, dit Romain, pensionnaire de la Porte-Saint-Martin était Djamy, et Charles Martel, alias Charles Demestre d’écrire :

« voir le bel acteur s'exprimer en gestes a été un régal de délicats », avant de lâcher en bourgeois amuseur : « Hapsa a pour interprète agile, les petites jambes de Mlle Brianza, très gracieuse et preste, excellente [Rosita] Mauri pour Éden » (37). On lira autrement d’Émile Blavet « soiriste » au Figaro : « la Brianza, c'est la Cornalba, qu'elle a fait oublier à Pétersbourg et à Londres, et qu'elle rappelle car nous n'avons pas de ces ingratitudes à Paris. On l'a rappelée après le 1er acte, et furieusement acclamée après le 3ème. Il lui manquait le baptême parisien ; elle l'a » (38). C’était plus aimable, mais mal informé, car Paris l’avait déjà placé « au premier rang des étoiles de la danse », voire au panthéon des « plus jolies femmes de Paris » (39). Pour conclure, Arthur Pougin nota : « Le rôle principal de cet agréable ballet, celui d'Haphsa, était tenu par une danseuse exquise, Mlle Brianza, qui est en même temps une femme charmante et une comédienne au jeu plein d'expression. Elle suffisait, à elle seule, à attirer la foule et les délicats » (40). Remplacée à un moment par Louie Loveday, Brianza dansa Roknedin, jusqu’au 14 juin, puis en 62 heures de train, elle gagna Moscou, où l’attendait Saracco. Et Paschkoff de nous dire : « Le théâtre Fantasia, dont les affaires n'allaient pas brillamment, a été relevé par l'arrivée de la charmante Brianza, qui représente, dans le ballet le Grillon amoureux, l'Electricité, et a comme de juste ébloui le public moscovite, qui l'applaudit encore plus dans le nouveau ballet de Saracco : le Chiffonnier millionnaire » (41).

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Aurore, la Belle au bois dormant, 1890 Avec Pavel Gerdt, la Belle au bois dormant, 1890

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LA DANSE À BIARRITZ # 83 Plus tard, elle créa le Succès de l’Amour, ballet de Saracco non renseigné à l’instar du Grillon amoureux et du Chiffonnier millionnaire. Alors qu’Antoinetta Dell’ Era s’apprêtait à lui succéder au Marinskii dans la Belle au bois dormant, fin août après « des adieux fleuris et diamantés », Brianza quitta Moscou pour l’Opéra impérial de Vienne. Elle y débuta le 5 octobre 1892 dans la Esmeralda de Perrot remontée par Domenico Ronzani. Parmi ses partenaires, citons seulement le maître de ballet, Julius Price (Quasimodo) et Louis Ruault, dit Frappart (Frollo), 1er danseur et chorégraphe né à Bernay (Eure) et passé par l’Opéra. Le 13 octobre, reproduit par José Mendès, Brianza parut dans Excelsior, notamment dans la Civilisation et un pas de deux avec Otto Thieme. Ce fut son dernier spectacle, car ayant refusé de remplacer Irene Sironi, après un différend avec sa compatriote, la direction résilia son contrat. Et, Le Ménestrel de noter : « Les journaux trouvent la mesure sévère, mais juste, et ils émettent l'avis qu'un tel exemple sera de nature à maintenir la discipline dans le personnel » (42). Librettiste et chorégraphe, Sironi sera applaudie à Paris au Palais de la Danse en 1900. Quant à Brianza, figurant dans le volume annuel des théâtres impériaux en 1893, peut-être retourna-t-elle en Russie, en tous cas ce n’est qu’en septembre 1894 qu’Edoardo Sonzogno, éditeur-impresario l’engagea à la Scala de Milan dont il venait d’acquérir la concession pour trois ans. Elle y retrouva Saracco recruté à 36 ans comme 1er danseur et maître de ballet.

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Carlotta Brianza

Ein Tanz Märchen

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Ayant en novembre envoyé en Russie une couronne de fleurs artificielles pour les obsèques d’Alexandre III, Brianza débuta à la Scala le 29 décembre dans Sylvia, ou la Nymphe de Diane, ballet en 3 actes et 5 tableaux de Léo Delibes créé à l’Opéra par Louis Mérante sur un livret de Jules Barbier, et d’un habitué des coulisses et des affaires : le baron banquier, Jacques de Reinach associé au scandale de Panama. Entré en répétition au palais Garnier le 15 août 1875, et représenté le 14 juin 1876, après maints reports, Sylvia se joua seul : « ce qui, de mémoire de maître de ballet, ne s'était jamais vu » (43). Dans les faits, après la 3ème, le directeur, Olivier Halanzier y ajouta la Favorite de Donizetti. On lit aujourd’hui sur Wikipédia que la chorégraphie de Mérante « en avance sur son temps » fut « considérée comme séditieuse pour avoir mis en scène des ballerines habillées de vêtements masculins, chose inédite à ce jour ». Certes, les bergers étaient des bergères, mais sans parler d’Eugénie Fiocre, qui dans Coppélia (1870) du même Delibes et d’Arthur Saint-Léon tenait le rôle de Franz en travesti ; déjà en 1845, Joseph Mazilier dans le Diable à quatre avait « eu le bon esprit de supprimer presque entièrement les danseurs dans les ensembles » et montré « que l'habit masculin pouvait être

porté avec grâce par des femmes » (44). Là au contraire, pour les rôles, la direction respecta le code civil. Ainsi, la milanaise Rita Sangalli (Sylvia) avait pour partenaires, Mérante (Aminta) et Francesco Magri (Orion) enlevé à la Scala. Quant à la chorégraphie, selon Adolphe Julien, citant cruellement Delibes : « Mérante manquait d'imagination, ne trouvait rien par lui-même et voulait tout remplir par des danses rebattues et des pas connus » (45). Joué 9 fois en 1876, « malgré toute la bonne volonté de M. Halanzier » (46), le 25 mai 1877, Sylvia fut réduit en 2 actes et 4 tableaux en raison de problèmes de machinerie. Au vrai, cela permettait d’associer un opéra au ballet plébiscité par Tchaïkovski à Vienne : « J’ai eu honte. Si j'avais connu cette musique auparavant, je n'aurais, bien sûr, jamais écrit le Lac des cygnes » (47). Car avant cette reprise viennoise de 1877 avec Bertha Linda, Le Figaro n’avait-il pas écrit ? : « Il ne faut pas oublier que le temps est passé de grands ballets composant seuls le spectacle » (48). Amputé, comme Coppélia l’avait été de son tableau final en 1872, c’est donc en 2 actes que Saracco monta Sylvia à Milan en 1894. Ayant quitté l’affiche de l’Opéra en 1884, réglé par le girondin René Mamert Bibeyran, « un des meilleurs danseurs d’Europe » (49), Sylvia avait été joué en 1886 à travers les États-Unis par l’American Opera Company. Theodora Gillert, l’un des deux petits esclaves éthiopiens de la création parisienne dansait le rôle-titre, car « la pauvre enfant [n’avait pas] été assassinée en Russie » (50), comme on le rapporta. Annoncé sans suite à l’Opéra avec Julia Subra en 1887, avant que les décors ne brûlent en 1894, c’est le 17 juin 1892 réglé par Joseph Hansen que Sylvia revint à Paris. Alliance franco-russe oblige, les directeurs Pedro Gailhard et Eugène Ritt avaient engagé une étoile de Pétersbourg. « Devant arriver incessamment », elle sera espagnole et s’appelait Rosita Mauri. Sous d’autres cieux, s’étant blessée lors de la


LA DANSE À BIARRITZ # 83 première du 6 avril 1891, Louise Stichel qui dansait le rôle-titre, l’avait réglé le 16 février 1892 à Monte-Carlo. Enfin, c’est à Bruxelles, le 2 février 1888, en présence de Delibes que Saracco monta Sylvia pour la première fois. Selon la presse, Héva Sarcy, ex-élève de l’Opéra était venue étudier le rôle à Paris, et elle le reprendra en mai 1892 à Moscou. On attribue aujourd’hui cette reprise à Brianza, pourtant Paschkoff nota : « Au Fantasia, en attendant l'arrivée de Mlle Brianza, on donne Sylvia, de Delibes, dansée par une Bruxelloise, Eva Sarcy, qui danse bien. Le ballet est parfaitement monté par Saracco » (51). C’est au reste, avec celle qui signait Héva que Saracco, chef de la danse au Grand Opéra de Nice pour la saison 1893-94, afficha Sylvia, le 2 avril 1894. Et ceci avant Milan, d’où ce télégramme partit en décembre 1894 : « Le ballet de Delibes, que l'on n'avait jamais vu en Italie, a été merveilleusement accueilli. On a fêté l'œuvre, le maître de ballet, et surtout Mlle Brianza absolument remarquable comme mime et première danseuse » (52). Nommé Ascanio, le correspondant du Monde artiste et du Ménestrel ajoutant : « Je m'en voudrais réellement de ne pas vous signaler […] une artiste de la plus grande valeur, notre première ballerina, Mlle Brianza qui vient de créer, la Sylvia de Delibes. Depuis quelques temps, on parle de divers engagements de danseuses à l'Opéra ; on a même dit que M. Gailhard avait fait choix dernièrement de deux élèves de l'école de danse de la Scala. M. Gailhard ne connaîtrait-il pas la Brianza ? S'il ne la connaît pas, je crois que le succès qu'elle obtient présentement la désigne à son choix. Il est difficile de trouver une danseuse qui réunisse comme elle la force à la grâce, et qui ait plus d'esprit dans le bout des pieds » (53). Fraîchement diplômées, les deux danseuses en question étaient Carlotta Zambelli et Clothilde Piodi. Alors que le peintre Georges de Dramard, élève du bayonnais Léon Bonnat, exposait « son excellent portrait de Carlotta Brianza » au Cercle Volney, le 19 janvier 1895, « merveilleuse de souplesse, de grâce et de vivacité »  (54), Brianza parut à Milan dans les Noces slaves : « un divertissement vraiment divertissant » d’Emil Graeb, maître de ballet à Berlin sur une musique de Peter Ludwig Hertel, reproduit par Enrico Borri. Le 5 mars ce fut la Maladetta (1893) ballet en 2 actes et 3 tableaux créé à l’Opéra par Joseph Hansen sur une musique de Paul Vidal et un livret de Gailhard. Tiré d’une légende gasconne, le ballet avait été étudié durant l’été 1892 à Biarritz, où l’auteur-directeur sera élu conseiller municipal de « Gailhard-Plage » en avril 1895. Monté « avec un luxe de mise en scène absolument féerique », il partagea l’affiche avec Samson et Dalila de Saint-Saëns et fut malgré cela « agrandi pour la circonstance » : Saracco, y ajoutant

« un splendide tableau représentant une grotte de glace avec des stalactites du plus brillant effet » (55). D’où ce commentaire : « bien qu'on ait un peu trop " taillé " dans Sylvia et qu'on ait un peu trop allongé la Maladetta, les abonnés de la Scala, à qui on a fait connaître la Brianza, une très gracieuse rivale de Mlle [Rosita] Mauri, n'ont pas eu à se plaindre sous le rapport de la danse » (56). Sinon, Gailhard et Vidal, qui assistaient à la première de leur ouvrage, parurent ravis de leur interprète, et Ascanio de redire : « Je serais bien étonné si Mlle Brianza n'était pas engagée à l'Opéra ». Mais on ne sait pourquoi, jamais l’Opéra n’offrit à Brianza « un bon et solide contrat ». En attendant, recrutée au Teatro La Fenice à Venise pour la saison de printemps, le 26 mai, reproduit par Davide Franchi, elle interpréta la danseuse moderne dans Ein Tanz Märchen (1890). Faisant l’objet de représentations pour les enfants, ce ballet de Franz Gaul, réglé par Joseph Haßreiter sur une musique de Josef Bayer parcourait l’histoire de la danse. L’ouverture des théâtres italiens ayant lieu d’ordinaire le 26 décembre, Brianza reparut à la Scala, le 2 janvier 1896, dans Day-Sin (1879), action chorégraphique fantastique de Ferdinando Pratesi réglée sur une musique de Marenco. Après ce ballet d’inspiration japonaise monté « avec un éclat extraordinaire » et comptant comme « une de ses meilleures créations » (57), le 26 janvier, Brianza parut dans Coppélia, jamais vu à Milan. Introduit en Russie par Hansen, le ballet avait été joué à Moscou, le 24 janvier 1882 avec Lydia Geiten (Swanilda), et comme à la création, Anna Nikolskaïa dansait Franz en travesti. En revanche, le 25 novembre 1884, Petipa reprendra Coppélia à Pétersbourg avec Varvara Nikitina et Gerdt, « le dernier des amoureux-danseurs » (58) dixit la baronne Olga pour le compte du Figaro. Au vrai, sur la table à thé de Mme Olga manquait une boule de cristal, car à Milan, Saracco qui jouait le vieux Coppélius, confia Franz à Vittorio de Vincenti, tandis que Brianza donnait à « la poupée Coppélia un charme particulier ». Ignorant si elle dansa la Maladetta que Saracco monta le 1er février au Teatro Argentina de Rome, le 11 mars, avec « un grand succès pour la créatrice de l’ouvrage », la Scala afficha la Belle au bois dormant que Saracco régla d’après les indications de Petipa. « Excellent maître de ballet doublé d'un excellent danseur » (59), il était cette fois le prince Désiré, tandis qu’Ascanio écrivit à propos de la princesse Aurore : « Brianza, a été exquise ; sa danse est celle d'un sylphe, et elle a les pieds pleins d'esprit » (60). La saison s’achevant fin avril, sans savoir où Brianza enchaîna, mais Sonzogno, son directeur exploitait d’autres théâtres, en juin-juillet « la célèbre artiste dont le grand talent avait été si fort acclamé » se reposa « dans sa délicieuse villa du Monte Olimpino, près de Côme » (61). Elle s’appelait la Villa Carlotta, mais l’on

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Roknedin

ignore s’il s’agissait du palais du XVIIème siècle baptisé de la sorte par Charlotte de Prusse en 1850. Engagée par M. Palm, directeur du Petit-Théâtre de Pétersbourg dont l’ouverture se fit le 18 septembre avec la Mascotte d’Audran, sans date mais « acclamée chaleureusement à son entrée », Brianza parut dans la Grotte de Vénus, ballet non informé de Saracco, puis en novembre dans la Maladetta dont le succès fut considérable pour « le compositeur, les auteurs et leurs interprètes. Le rideau a dû se relever jusqu’à quinze fois, et dans ces quinze rappels, l'enthousiasme de la salle se manifestait crescendo » (62). Après le dernier rideau suivit toutefois une année de silence.

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••• Par suite de la suppression des subventions municipales, la Scala avait fermé ses portes, entraînant le licenciement de l’école et de la troupe. C’est pourquoi l’on vit Saracco, à la Porte-Saint-Martin, à Marigny, au Châtelet avant son retour en Italie. Quant à Brianza, l’on sait seulement que « la jeune étoile » rencontra SaintSaëns à Paris au sujet de Javotte. C’est au Teatro Lirico Internazionnal, édifié par Sonzogno sur les ruines du Teatro della Canobbiana qu’elle fit sa rentrée à Milan en 1897. La situation devenant désastreuse pour la danse, Sonzogno s’était résolu à sauver l’école et la troupe de la Scala en les prenant à son compte. Mécène et éditeur des musiciens modernes italiens, mais aussi propagandiste de l’école française, il avait, l’on s’en souvient, affiché trois ballets parisiens à la Scala. On lira donc :

Jeanne Chasles, Javotte, photo Reutlinger Mariquita, photo Auguste Bert

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« La France comme l'Italie devraient élever une belle statue pour les services qu'il rend journellement à la cause de l'art et à celle de la fraternité de ces deux pays » (63). Mais autant le dire, « l’inépuisable générosité » de Sonzogno resta sans retour. Néanmoins, après une ouverture avec Werther de Massenet, le 6 décembre 1897, il reprit Javotte, ballet en 1 acte et 3 tableaux de Croze et Saint-Saëns. Primitivement destiné aux Folies-Marigny, puis à la Monnaie de Bruxelles sous le titre de Aliboron, à cause d’un âne qui paraissait au dernier tableau, ce ballet champêtre avait été créé à Lyon, sous la baguette du compositeur, le 3 décembre 1896 par Jean Soyer de Tondeur. « Garçon élégant », il tenait aussi le rôle de Jean, l’amoureux de Javotte dansée par Elisa Damiani. Dans la foulée, avant Milan suivirent Bruxelles, Marseille, Toulouse, Royan, Rouen et d’autres scènes de l'étranger : « Javotte est un ballet comique et simple, mais mis en scène avec beaucoup de luxe nota Ascanio. […] Mlle Brianza, s'est fait applaudir vivement et le chorégraphe Saracco a bien mérité du plus puissant maître moderne que possède la France » (64). Brianza dansa Javotte 10 fois, tandis que le répertoire partagé avec d’autres étoiles, comptait Coppélia, Noces slaves, Sylvia, la Fée des poupées (1888) de Joseph Haßreiter, musique de Josef Bayer et du même Haßreiter, les Souliers rouges (1898) sur une musique de Raoul Mader. La saison s’acheva le 26 avril 1898, Brianza était alors en pourparlers avec Albert Carré. Venant de prendre possession de ses fonctions à la tête du nouvel l’OpéraComique avec « l’intention de donner une réelle importance au ballet », ce dernier avait choisi Mariquita comme directrice de la danse. Mais ne rêvons pas, il s’agira d’ouvrages en un acte passant après un opéra. Le premier annoncé dès avril fut Javotte avec Brianza. Pour patienter, la soirée d’inauguration du 7 décembre 1898 afficha le divertissement de Lakmé de Delibes, auquel fut ajouté deux variations tirées de la Source (1866), ballet du même musicien pour « une des plus brillantes étoiles de la danse en Italie ». Seulement, « la maladie la retenant momentanément éloignés de tout travail », Brianza fut remplacée par Jeanne Chasles, de l’Opéra, tandis que Mariquita interrompit la création de Javotte. L’indisposition de Brianza persistant, les études reprirent en avril 1899 pour une première annoncée en mai avec Edea Santori, de la Scala, alors qu’on lira en juin : « Mlle Brianza qui avait, été, pour raisons de santé, obligée de rompre, cet hiver, avec la direction de l’Opéra-Comique, où elle devait créer le ballet Javotte, vient d'être engagée pour la saison prochaine au théâtre de la Scala de Milan. La charmante étoile est à Paris pour quelques semaines : elle est maintenant complètement rétablie » (65). Finalement, « en des pas réglés par Mme Mariquita

avec une vie et une originalité assurément inconnues à l’Opéra » (66), Javotte vit le jour le 23 octobre. Mais alors qu’à Lyon, Bruxelles, Marseille, Milan, un homme tenait le rôle de Jean, dans l’indifférence, Chasles portait la culotte de l’amoureux. La Fronde, quotidien fondé par Marguerite Durand et entièrement conçu et dirigé par des femmes, écrira néanmoins : « La charmante Mlle Chasles joue le rôle de Jean avec la passion artificielle dont est capable un travesti » (67). En revanche, grisée par son retour et oubliant que le travestissement était en la circonstance un usage théâtral millénaire visant à susciter le rire, Fanny Génat, de l’Opéra, affichée dans le rôle de la mère, déclara : « Je suis très heureuse de me retrouver sur les planches de l’OpéraComique. Ce rôle de mère, dans Javotte a été créé par un homme, mais oui ; en province, on accepte encore cette sorte de comique travesti : à Paris cela aurait par trop choqué et c’est pourquoi on a pensé à moi » (68). Au vrai, après avoir dansé, joué, chanté pendant plus d’un demi-siècle, « la vieille artiste », se trouvait à 68 ans dans le dénuement le plus complet et c’est par charité que la direction avait évité d’offusquer son public. Sans trop savoir pourquoi, ce n’est qu’en 1903 que Brianza dansera à Favart. En attendant, le 10 janvier 1900, « la célèbre prima ballerina » fit « une rentrée sensationnelle » à la Scala dans Sieba, ballet de Manzotti déjà évoqué. « La soirée ne fut qu'une longue ovation pour l'habile et charmante artiste » (69), mais l’on n’en saura guère plus, Saracco avait été engagé à Bruxelles par Maurice Kufferath et Guillaume Guidé, et elle le rejoignit en 1901-02. Auparavant, en avril 1901, Fernand Castelbon de Beauxhostes, le mécène du « Bayreuth français » l’annonça aux Arènes de Béziers dans Bacchus mystifié, ballet-pantomime de Max d’Ollone que Léon Bucourt, de l’Opéra, régla pour Lina Campana, de la Scala, car c’était en erreur, Brianza avait signé de juin à août à Vichy.


LA DANSE À BIARRITZ # 83 Sous « le bâton d’ébène à pommeau d’argent » de Saracco, « avec sa superbe maestria » Brianza débuta à Vichy le 2 juin 1901 par Aïda de Verdi. Puis passa Coppélia, « un opéra sans paroles » disait Hans von Bülow, disciple de Wagner qui avait pris plaisir à le diriger à Hambourg. Le Vichy-Season, s’en faisait une fête, mais ne parvint pas à masquer sa déception : « Il y a vraiment trop de longueur dans cette histoire incompréhensible » (70). C’est peut-être pourquoi l’hebdomadaire estival minora la danse, mais René Bussy, son rédacteur menant campagne pour « se débarrasser de l’encombrante nullité artistique » qui dirigeait le Casino depuis 1894, il ne pouvait se consacrer à tout. Encensé ailleurs, Joseph Courboulin, dit José Bussac, artiste lyrique et compositeur resta jusqu’en 1904. Avant Sylvia, joué le 13 août, il avait affiché le 26 juillet un ballet de son cru sur un livret de René Louis et Henri d'Argès : le Loup et l’Agneau, que Bussy mit au jugement de ses lecteurs : « Le Loup et l’Agneau n’est qu’une cochonnerie musicale » ; « une œuvre incomplète, comme qui dirait " une fausse couche" » ; « un ballet fi ! qu’elle horreur ! ce n’est bon qu’à exciter les vieux », etc. Puis, vrai ou faux, celui de Brianza : « Au cours de la même semaine, les habitués du Casino m’ont vu danser dans le ballet de Faust, dans Sylvia, et dans le Loup et l’Agneau. Ce souvenir sera le remord et la honte de ma vie artistique » (71). « L’étoile de la danse » revint néanmoins à Vichy l’été suivant. Mais avant, chargée de consoler les abonnés de la Monnaie du départ d’Yvonne Dethul, elle débuta à Bruxelles le 16 septembre 1901 dans le rôle muet de Fenella de la Muette de Portici d’Auber, parfois donnée pour les enfants des écoles, puis le 23, après d’autres titres partagés avec Aïda Boni, vint Coppélia. Saracco s’étant plié à l’usage parisien, « artiste jusqu'au bout des pointes » (72), Brianza avait Pauline Charbonnel pour « partner », alors que François Ambrosiny, 1er danseur de 25 ans tenait le rôle du bourgmestre. Le 9 novembre, en présence de Gailhard, ce fut la Maladetta, « version Milan » précise L’Éventail : « Bien mise au point, elle fit valoir le très grand mérite de Mlle Brianza dont les danses très rythmées, variées à l’infini avec une facilité et une sûreté rares, et la mimique spirituelle et expressive ont été très franchement applaudies » (73). Le 22 mars 1902 ce fut Sylvia qu’on n’avait plus vu en entier depuis longtemps. La Maladetta subira ensuite les mêmes ciseaux. Le 15 avril, sur un livret de Lucien Solvay, rédacteur en chef au Soir, et une musique de Paul Gilson, Saracco créa la Captive. Mettant en scène « la puissance de l’amour » dans un Orient de fantaisie, plus qu’un ballet, c’était « un mimodrame, où la danse proprement dite n’intervient que lorsque l'action l’appelle

logiquement ». Et, L’Éventail d’ajouter : « Il faut savoir gré à M. Saracco de la tâche périlleuse qu’il a entreprise et du résultat remarquable qu’il a obtenu. Du côté de l’orchestre aussi la difficulté a été sérieuse, M. Gilson écrivant sans se soucier un instant du travail compliqué qu’il impose aux instrumentistes. […] Des difficultés telles qu’il a fallu presque autant de répétitions pour mettre au point l’œuvre que pour le Crépuscule des Dieux ». On évoque en effet 17 répétitions d’orchestre, mais, on lira seulement : « Les ensembles ont été irréprochables. Les interprètes principaux, Mmes Brianza, Boni, [Marguerite] Vincent, et MM. Sarracco et Ambrosiny, ont trouvé moyen de se faire remarquer, beaucoup applaudir et rappeler » (74). Le 4 mai Brianza fit ses adieux dans Faust : « fleurs, rappels, ovations sans fin » avant d’épouser à 37 ans Louis Maron, le 7 mai à StJosse-ten-Noode. Employé de commerce de 33 ans, né à Lyon le 11 octobre 1869, ce fils d’un professeur de musique et d’une artiste italienne marié à Paris en 1894 s’était séparé un an plus tôt de Thérèse Ponchon, modiste. Retrouvant Vichy et son journal d’opposition au Casino, la mariée débuta le 14 juin dans la Juive d’Halévy, passons Guillaume Tell de Rossini, puisque Bussy l’assure : le divertissement de Saracco « n’était pas d’une conception très chorégraphique très heureuse, et l’exécution en a laissé à désirer » (75), tant et si bien que sauf annoncer la Korrigane (1884), ballet fantastique en 2 actes de François Coppée et Louis Mérante, musique de Charles-Marie Widor, le Vichy-Season n’ouvrira pas ses colonnes à la danse. On sait néanmoins qu’on joua Coppélia et Sylvia « avec un succès très grand » : « La danseuse étoile, Mlle Brianza, y a obtenu un des triomphes de sa carrière » (76). Quant à la Korrigane donnée le 31 juillet, « la gracieuse artiste fut, à plusieurs reprises, acclamée et rappelée » (77). Remplacée à Bruxelles par Marguerite Bordin, on ne la retrouvera à l’Opéra-Comique qu’en 1903. Annoncée à Tout-Paris, Brianza y débuta semble-t-il le 28 février dans Cendrillon de Massenet, sans aucun écho, ce qui interroge. Elle se produira toutefois avec Jeanne Chasles, le 18 mai au Five o'clock du Figaro dans les Danses de 1830 d’Edouard Mathé et Mariquita. Et, alors qu’elle dansait à Vichy, on lira

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Carlotta Brianza

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Les Sphinx Washington-Palace

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en juillet : « Mme Brianza a signé avec M. Carré un brillant engagement pour la saison prochaine. La charmante artiste est engagée en qualité de première danseuse étoile » (78). Revue à Vichy le 21 juin dans Coppélia, outre le répertoire, fin juillet Brianza dansa Milenka (1888) : ballet inédit en 2 tableaux de Paul Berlier et Jan Blockx que Saracco avait créé à Bruxelles et donné en Russie. Bien qu’ayant pris le parti de ne parler que « des nouveautés ou des reprises ne remontant pas à une trop haute antiquité », le Vichy-Season n’en dit mot. Il traduisait cependant « la gaieté et la vie des liesses flamandes » et les habitués goûtèrent « la grâce, la souplesse et le brio » de Brianza, laquelle le 9 août, rehaussa de sa présence le Grand Prix de Vichy au bras de son mari. Puis avec Louis Engel, auquel fut reproché l’été suivant à Bruxelles de s’être réglé « des variations de première danseuse », vers le 15 août dans les pas de Saracco, elle dansa les Sphinx (1879) : ballet d’Hervé que Léon Espinosa avait créé aux Folies Bergère pour Louise Stichel. Ensuite, après avoir emménagé à Neuilly-sur-Seine au 20, bis Av de Neuilly, le 23 septembre, elle parut à Favart dans Lakmé. La veille, elle avait écrit à Jean Léopold Croze : « M. Carré fait ajouter tout spécialement pour moi une variation prise dans la Source de Delibes pour mon début dans Lakmé ». La tête ailleurs, le journal La Politique coloniale annonça : « Mme Brianza chantera une variation intercalée de la Source » (79), mais Le Monde artiste témoigne : « La Brianza est la souplesse, la légèreté, la grâce, et l'esprit même, elle rappelle la Mauri. Elle a dansé une variation de la Source, et elle y est fort applaudie » (80). Se présentant comme « un amateur de bonne chorégraphie », Albert Elavinhac, sans doute le musicologue Albert Lavignac écrira quant à lui : « La variation n'a peut-être pas permis au public de goûter comme il sied tout le charme et l’élégance de la danse de Mlle Brianza. Les temps de pointes parfaits, les fouettés, méritent tous éloges, mais j'attends Mlle Brianza dans une variation où je pourrai juger de ses qualités de parcours. Je lui adresse pourtant, dès aujourd'hui, [mes] sincères félicitations » (81). Nul ne sait s’il obtint satisfaction dans la Gavotte de Manon que Brianza enchaîna le 2 octobre, mais « elle y fut délicieuse » dira-t-on. Cependant, annoncée à renfort de réclames dans Cigale, ballet en 2 actes de Henri Cain et Massenet, le 4 février 1904, c’est Chasles qui créa le rôle-titre sans explication connue. Et, bien que l’on enregistrât en mai « avec plaisir le réengagement de l'admirable danseuse, dont désormais tout éloge est superflu », excepté dans le ballet du Roy de Manon « la vaillante danseuse étoile » ne fit pas parler d’elle. C’est toutefois dans ce divertissement qu’on la distingua l’aprèsmidi du 22 juin au Pré-Catelan : « Mlle Brianza ajoute du rouge à ses lèvres ; dans un coin, Mme Mariquita, fée souriante,

charmante, menue, attentive, et grande artiste pardessus le marché, inspecte les costumes de ses danseuses » (82). Ensuite, ayant signé avec Aristide Gandrey et André Lénéka au Casino d’Aix-les-Bains, elle débuta le 30 juin au Grand-Cercle par Coppélia avec Jeanne Vandenesse en Franz et le maître de ballet Michel-Ange d’Alessandri en Coppélius. Le ballet sera tantôt donné au Grand-Cercle, tantôt à la Villa des fleurs, où les 12 et 14 juillet Brianza enchaîna deux titres non renseignés d’Alessandri : la Hourri et les Marins de la république, tandis que le 25, Marie Petipa et Serge Legat des théâtres impériaux de Pétersbourg seront applaudis dans « des danses de caractère des plus originales ». Enfin, « tout en prêtant son beau talent » au ballet de Faust, le 27 elle créa à la Villa des fleurs, Mam’zelle Cyclamen : ballet en 2 actes avec chœurs des directeurs Lenéka et Gandrey, sur une musique d’Antoine Banès réglé par Alessandri dans lequel Brianza fit ses Adieux le 5 août. La danseuse reprit à Favart le 17 septembre 1904 avec Manon, l’une des pièces les plus prisées de Favart qu’elle laissa le 4 décembre pour danser au profit des petites filles abandonnées au Washington-Palace. Un dancing ouvert sur les Champs-Elysées par l’américain George Washington-Lopp. Réglé dit-on par son confrère, M. Héléna alias Eugène-Jean Hanelle, professeur mondain agréé à la cour du Roi de Grèce, Brianza dansa avec Marguerite Raboin, de l’Opéra, Frôleries : ballet-pantomime d’Auguste Achaume et Léon Parsons, musique de Léon Delerue. Repris le 5 février 1905 dans la salle des fêtes du quotidien Le Journal avec Raboin et Fernande Cochin, de l’Opéra, on apprendra alors que « les pas [étaient] réglés par M. Helena et Mlle Brianza » (83). Mais en cherchant bien, le 23 janvier au Five o'clock du Figaro, Brianza avait déjà « très bien réglée et dansée » Wassilia, « un délicieux » ballet-pantomime d’Henri


LA DANSE À BIARRITZ # 83 Ferrare sur une musique de Georges Pfeiffer avec pour partenaires Christine Kerf et M. Bartoletti. Au reste, Georgette Richaume, transfuge de l’Opéra assurant les premières des nouveautés lyriques, tout porte à croire que Brianza lâcha l’Opéra-Comique pour se diriger vers la chorégraphie à une époque de tensions sociales. Ainsi, pour l’anecdote, entre diverses protestations, dont certaines contre les artistes étrangers, en novembre 1904 « les ouvrières en chorégraphie » de Favart et de l’Opéra s’étaient constituées en syndicat. « Le tutu se syndique » : le Syndicat des artistes chorégraphiques installé à la Bourse du Travail fut naturellement moqué par la presse, à l’instar du Gil Blas et de sa rédactrice de 15 ans Carmen d'Assilva, alias Mlle de Champoynat, membre de la Société des Gens de Lettres dont on considèrera l’article de février 1905 comme une erreur de jeunesse. Prodige littéraire, admise à la Société des auteurs à 11 ans en 1901 et mise en lumière lors de la première Exposition internationale des arts & métiers féminins de 1902, Carmen d'Assilva, née Didier de parents inconnus à Menton en 1890, avait été adoptée par la pianiste Marie Joséphine Beau de Champoynat, qui devait être sa mère. Mais laissons ce secret familial pour entendre Rosita Mauri qu’elle consulta : « Rassurez-vous, notre syndicat est organisé pour défendre nos intérêts, mais il respecte aussi ceux des directeurs. Nous ne voulons pas aggraver les conflits, au contraire, nous glisserons sur les difficultés, cela rentre assez dans la catégorie de nos exercices professionnels, tout ce que nous souhaitions c'était de créer notre organisation au point de vue du syndicat des divers corps de ballet et nous avons réussi, c'était un pas à franchir » (84). Douée pour une foule de choses, étudiante en médecine, conférencière, auteur de monologues sur les danses anciennes et d’une comédie En sortant du couvent pour laquelle Mauri lui régla un passe-pied sur un air de Rameau, d’Assilva embrassa la carrière d’actrice avant de créer un Studio d’art dramatique à Genève et d’y diriger le Théâtre du Parc des Eaux-Vives. Pour revenir à Brianza, après la parution de cet article, le 20 février elle signa au Cercle militaire un ballet grec de Léon Delerue : Héliane, « dansé à merveille » par Cochin, Jeanne Schwartz et Jeanne Laugier, de l’Opéra. Ces danses grecques reconstituées seront revues le 29 mai 1906 à la Salle des fêtes du Journal, avant le 4 décembre où Brianza créa au Cercle militaire, la Bayadère, ballet de Delerue « dansé à ravir » par Blanche Maupois, de l'Opéra. Laquelle reprendra Héliane en d’autres occasions avec ses camarades, Émilienne Kubler et Fernande Tervoort, jusqu’au 20 juin 1907, où Brianza offrit des places dans son auto pour une promenade des enfants pauvres dans Paris. Un exemple de ses activités de dame patronnesse au milieu des fêtes mondaines. Ainsi, le 11 janvier 1908, chez Luisa Valli, contralto,

pianiste, compositrice, directrice du cours Chevillard-Lamoureux et des conférences musicales de la Société d'enseignement moderne, Brianza exécuta la Danse des sept voiles de Salomé de Strauss réglée par Antonietta Cernusco. Passées d’autres manifestations de ce type, « s'étant volontairement exilée de la scène », le 31 décembre 1910, Brianza « fit une brillante rentrée » à l’Olympia auprès de M. Stakanoff dans Cosmopolita, suite de danses réglée par Alfredo Curti. Et Comœdia d’écrire : « D'une rare beauté, d'une impeccable plastique, Mlle Brianza est une danseuse d'une pureté et d’un style remarquables. Elle obtient chaque jour des applaudissements mérités des artistes et des dilettanti » (85).

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Brianza, Médiathèque du Centre national de la danse - Donation Gilberte Cournand

Le 12 février 1911, après ses Adieux à l’Olympia, à l’invitation de Fernand Bory, Brianza rejoignit le Grand-Théâtre de Bordeaux, où sous Joseph Belloni, le corps de ballet féminin avait à sa tête Emmy Magliani, de la Scala et la bordelaise Marguerite Nercy. « Faisant apprécier de jolies pointes, un métier sûr, plein d’expérience » (86), elle débuta le 3 mars par Coppélia au bras d’Eugenia Casalegno, avant de créer le 31 mars le divertissement mythologique d’Ascanio de Saint-Saëns. Suivirent la Juive, Hamlet et Faust, puis Invocation à Bouddha (1909) : ballet de Léon Moreau créé à Vichy par Jean Soyer de Tondeur et repris à Bordeaux par Belloni le 21 avril. Prêtant au personnage de la Bayadère « sa fine et sure expérience » Brianza avait à ses côtés, « Mlle Casalegno en jeune Hindou que l’amour rend téméraire » (87). Enfin, le 6 mai, sous une pluie de bouquets, elle fit ses Adieux dans le rôle de l’Amour du ballet d’Ascanio. Ensuite, Le Gil Blas et d’autres la confondant avec Yetta Rianza, elle ne parut pas à la Gaîté-Lyrique dans le Cœur de Floria, ballet de Mariquita, André de Lorde et Georges Ménier, mais recrutée par Daniel Prunet, elle entra comme 1ère danseuse noble et maîtresse de ballet au Théâtre municipal de Dijon dont la troupe se produisait parallèlement à Chalon-surSaône. « C’est une belle femme, une Italienne sans doute Carlotta Brianza ; elle nous vient, tout droit de Bordeaux, c’est un bon théâtre ! Le travesti a également un nom qui sent l’Italie Emma Baudino ; l’école française sera donc représentée par un seul sujet, le demi-caractère, Valentine Lhéris ; jolie femme aussi à ce qu’il m'a semblé » (88) sous cet écho du Petit Bourguignon à 46 ans Brianza débuta à Dijon le 12 octobre 1911 par le ballet de Faust, avant celui d’Hérodiade de Massenet qui lui valut ce compliment : « Mlle Brianza, a rappelé à ceux qui l’avaient oubliée, que la chorégraphie est, elle aussi, une science et que vraiment on y peut montrer de la noblesse » (89). Mais soumise aux trois débuts réglementaires pour savoir

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LA DANSE À BIARRITZ # 83

••• si son contrat passé avec la direction était ratifié ou non par le public, le 26 octobre après Lakmé, elle fut admise à la majorité des votants. Le 6 juin 1911, les Ballets russes présentaient au Châtelet le Spectre de la rose que Michel Fokine avait créé à Monte-Carlo pour Tamara Karsavina et Vaslav Nijinski. Ayant sans doute assisté aux représentations pour revoir d’anciennes connaissances, sur les mêmes motifs de Carl Maria von Weber, le 23 novembre, Brianza régla à Dijon le Spectre de la rose, « bijou-ballet » qu’elle « dansa avec grâce » auprès d’Emma Baudino, laquelle deux jours plus tard, tint le rôle de Franz dans les 2 actes de Coppélia. Brianza était Swanilda, tandis que Roger Lhéris,

Théâtre lyrique municipal de la Gaîté, saison 1918-19

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acteur de la troupe jouait Coppélius. Alors que la presse faisait si souvent honneur à la bêtise, Le Progrès de la Côte-d’Or nota : « Nous devons à Mme Brianza une parfaite représentation de Coppélia. Quelle belle réponse, magistrale autant qu'élégante, à ceux-là qui ont le sourire quand on leur dit que la chorégraphie est une science ! La vérité, c’est que l’on est émerveillé lorsque — Mlle Brianza ayant mission de nous le démontrer — on se rend compte des qualités de goût, de finesse, d’intelligence scénique que peut réclamer un rôle comme celui de Coppélia » (90). Le 14 mars 1912, passa le Lac d’Émeraude (1910), balletlégende d’Achille Monté, dit Chillemont que Charles Holtzer avait créé à Genève et dans lequel Brianza fut Ondine. Enfin, après ses Adieux à Chalon-sur-Saône le 21 mars dans Hamlet et à Dijon le 24 dans Carmen, la troupe rejoignit pour la saison de Pâques le Théâtre municipal de Poitiers où les opéras affichés par Prunet furent rehaussés « des ballets réglés artistiquement par Mme Brianza » (91). Après quoi, Prunet lâchant Dijon pour Angers, Brianza laissa sa place à Elisa Rambert et suivit son patron. Brianza se présenta au public du Théâtre municipal d’Angers, le 3 octobre dans le ballet de Faust, qui permit aussi de juger : Emma Baudino, 1er travesti et Marthe Vallée Lévejac 1ère demi-caractère et les dames du ballet. Toutes seront reçues après Samson et Dalila et Lakmé joué le 10 octobre avec le Spectre de la rose : « Un souffle, un rien, un embryon de scénario emprunté à une poésie du bon Théo, […] qui dérouta un peu le public » (92) dira Le Petit Courrier. Passa ensuite Coppélia, puis le 5 décembre, Brianza créa le Jardin d’Amour, ballet de Georges Razigade : « une note de lumière et d'élégance musquée » à laquelle succéda le Lac d’Émeraude le 19 décembre. Plus loin, le 13 février 1913, dirigé par le compositeur Max d’Ollone, ce fut Bacchus et Silène, autrement nommé Bacchus mystifié, et déjà réglé à Angers par Amina Pogliani en 1909. Pour mémoire, ce ballet-pantomime créé par Léon Bucourt sur un livret du maire de Béziers, Sylva Sicard, Brianza n’avait pu le danser en 1901 aux Arènes de Béziers en raison d’un engagement à Vichy. Enfin, tout en tenant le rôle de la Reine des nymphes auprès de Baudino en Pierrot, le 22 février, elle créa Pierrot parjure, ballet-pantomime du compositeur angevin Gustave Mouchet. Le 18 mars, les Saltimbanques de Ganne marquant la fin de la saison, engagée par Oscar Lussiez et suivie par plusieurs danseuses, Brianza enchaîna au Théâtre municipal de Calais. Faute de pouvoir accéder à la presse locale, on ne sait rien des ballets, mais parmi les opéras, le 12 avril, elle créa les danses de Romanitza, drame lyrique inédit de Maurice Magre et Maurice Jacquet, et celles de Tannhäuser de Wagner joué pour la première fois à Calais où la saison prit fin le 8 mai.

Alors que l'été se retirait, le 8 septembre 1913 embauchée comme 1ère danseuse par Gaston Coste, maestro et directeur artistique du Casino municipal, Brianza débuta à Biarritz dans Thaïs de Massenet. Aux 12 dames du ballet guidées par le bordelais Charles Holtzer s’ajoutaient Nina Barbero et Nina Sereni, maîtresse de ballet à Nîmes. D’après Ernest Seitz, fondateur de La Gazette de Biarritz : « Rarement, colonie si nombreuse et si élégante ne se trouva réunie à Biarritz ». Il est donc inutile de dire que « les meilleurs artistes des plus grandes scènes » furent applaudis dans « des spectacles d’une rare valeur ». Seulement, ne pouvant s’affranchir de ses obligations mondaines, Seitz chroniqua parfois les opéras, sans jamais trouver de mots pour la danse. Une fois, il évoqua « le ballet, dirigé par Holtzer, de l’Opéra », cela faisait chic, mais c’était faux. Sans quoi, en clôture de saison, il admit que le ballet avait « contribué à la perfection des ensembles » (93). Les élégants seront néanmoins informés que les bals et fêtes enfantines étaient donnés au Casino municipal, sous la direction de Marcel Neerman, professeur de danse à Paris. Bref, sans une ligne pour son album de presse, probablement après la Manon du 23 septembre, Brianza quitta Biarritz pour le Théâtre municipal de Rennes. Recrutée par Fernand Gréteaux, dans un théâtre remis à neuf, elle débuta par Manon le 11 octobre. Le lendemain, les 8 dames du ballet, emmenées par Pauline Rossi et Angèle Lurson parurent dans les Cloches de Corneville et Carmen en soirée. Presque partout, une commission décidait à présent du sort des artistes après leurs trois débuts. Formée à Rennes de conseillers municipaux abonnés au théâtre, elle se prononça après 15 jours et toutes furent admises. Le premier ballet « admirablement réglé » fut Coppélia, que Brianza dansa le 18 décembre en couple avec Angèle Lurson. Le 10 janvier 1914, s’ajouta l’Angélus, ballet composé par Victorin Casquil d’après le tableau de Jean-François Millet, puis le 8 mars le Lac d’Émeraude, la saison s’achevant le 30 mars avec la Favorite de Donizetti et une bonne nouvelle pour les danseuses, puisque la commission autorisa leur réengagement en 1914-15. Mais en raison de la Guerre, le théâtre ne rouvrit que le 6 novembre 1915 avec le personnel local non mobilisé. Ce n’est qu’en 1916 que Gréteaux engagea « spécialement » un corps de ballet qui répéta d’abord à Paris « sous l'habile direction » de Brianza. Les 15 danseuses arrivèrent à Rennes le 19 mars pour débuter les études en scène d’un « grand ballet » intitulé, les Gloires de la Marseillaise, livret de Pierre Rigaud, musique de Gaston Lavello. Créé le 23 mars au profit de l'Union des Femmes de France, ce spectacle patriotique mêlant


LA DANSE À BIARRITZ # 83 le chant, la comédie et la danse fut joué jusqu’au 2 avril « malgré les frais, à réengager à nouveau tout le corps de ballet » (94). Grâce à un écho de Léon Guillot de Saix, ce n’est qu’en 1919 que Brianza refit parler d’elle lors d’une reprise à la Gaîté-Lyrique du Lac d’Émeraude dansé entre les opéras du 31 janvier au 14 mars. Même si nul autre ne la cita, mais la plupart des chorégraphes étaient victimes de cette négligence, les programmes laissent penser que Louis Duplay l’avait engagée dès octobre 1918 comme maîtresse de ballet. En tête de la troupe brillait Aline Couprant, « Ondine gracieuse » au bras de Fernand Marionno ou Marionneau, prêté par l’Opéra, « qui, dans le rôle du fiancé, [fit] preuve d'une souple maîtrise » (95). Pour souligner avec André Rigaud, que depuis les Ballets russes on s’était « rendu compte de l'utilité du danseur dans un ballet » (96). Du coup, pour les intellectuels ou ceux passant pour l’être, pour « les snobs de l’espèce la plus basse et méprisable, les foutriquets de chez Poiret,…» (97) dixit Léon Bakst, l’unique référence était Nijinski, ainsi Gaston de Pawlowski nota : « Il faut faire une place toute particulière à M. Marionneau, de l'Opéra, qui, dans le rôle d'Alain, évoqua souvent le souvenir de Nijinsky » (98). À noter que le 11 janvier, Brianza régla peut-être, Bataille de fleurs, ballet de Georges de Dubor, musique d’Antoine Banès : « Saluons ce retour à un art si plein de grâce et de charme ! » (99) lira-t-on. Il s’agissait d’une suite de danses tirée d’un ballet des mêmes auteurs : le Péage (1905) créé à Genève par Pepina Tognoli. Pour le reste, l’on sait que la Gaîté clôtura le 16 juin 1919 et rouvrit en octobre sous une nouvelle direction avec Louise Stichel comme maîtresse de ballet. Alors qu’elle enseignait à Paris, on parle de l’Opéra-Comique, le 22 mars 1920 au Théâtre Albert 1er, Brianza styla les danses d’une comédie de Yoris d'Hansewick et Pierre De Wattyne : les Deux cornettes. Plus tard, en septembre 1921 Jean Bodson, directeur du Théâtre municipal de Mulhouse annonça sa venue comme

maîtresse de ballet. Il l’avait aussi sollicitée pour donner des cours gratuits aux jeunes gens se destinant à la carrière, cette formation devant leur permettre de figurer avec rémunération dans les ballets. Mais en octobre, la tâche fut confiée à Eugénie Staats, la sœur du maître de ballet de l’Opéra, Léo Staats, qui enseigna « les danses modernes et la culture physique », car du 2 novembre au 4 février 1922, « au milieu des courants d'air sans lesquels un théâtre britannique ne serait plus vraiment un théâtre » (100), Brianza parut à l’Alhambra dans The Sleeping Princess avec les Ballets russes : « J'ai donné, écrit Serge Diaghilev, la Belle au bois dormant à Londres 115 fois de suite, d'abord sept, puis huit fois par semaine ; cependant ce ballet n'a pas eu de véritable succès, malgré les éléments, les meilleurs que j'avais engagés pour ces représentations. […] Le rôle de la fée Carabosse fut interprété par Carlotta Brianza qui, trente-trois ans auparavant, avait créé le rôle de la princesse Aurore à Saint-Pétersbourg » (101). Rappelons qu’elle avait dansé Aurore pour la première fois en occident à Milan en 1896, mais là à 56 ans, au milieu d’une pléiade d’étoiles à l’instar le soir de la première d’Olga Spessivtzeva « sveltesse divine » que Diaghilev rebaptisa Spessiva et de Pierre Vladimirov, Brianza fut Carabosse. Sauf le 5 janvier 1922, où Cecchetti reprit le rôle qu’il avait créé à Pétersbourg : longtemps professeur de la troupe, il s’était fixé à Londres en 1918 et l’on répéta dans son studio au Drill Hall de Chenies street. Alors que le ballet n’avait jamais quitté l’affiche en Russie, reproduite par Nicolas Sergueïev, régisseur du Mariinski exilé à Paris, la chorégraphie de Petipa fut complétée par Bronislava Nijinska, « qui s'efforce de traduire chorégraphiquement la musique difficile de Tchaïkovski ; il est juste de dire qu'elle n'y parvient pas toujours » (102) nota James Witness. On comprend, Léon Bakst évoquant : « la sale clique des critiques musicaux » ou encore « ces salauds d’anglais » (103). En attendant, « c’est pour défendre le talent de Tchaïkovski en Europe » que Diaghilev avait monté avec luxe et amour « le meilleur ballet classique russe ». « Il fallait examiner la partition de ce ballet qu'on s'était procurée avec beaucoup de peine » (104) confie Igor Stravinski, qui orchestra avec dévotion plusieurs numéros. Quant au travail « inouïs » de Bakst, ce dernier confia : « Entre le 10 août et le 10 octobre, j'ai dû faire de ma propre main plus de deux cents maquettes de costumes et décors, sans compter les accessoires, perruques, chaussures, armures, bijoux, etc., ça me fait environ quatre aquarelles par jour, travail au-dessus de mes forces humaines et créatrices » (105). À noter qu’il ne sera pas rémunéré, mais il aurait fallu des salles combles pour faire face aux dépenses astronomiques. D’après George Balanchine, « la Belle au bois

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SergeDiaghileff, Ballet Russe, BnF

dormant de Petipa était du pur génie » (106), mais en dépit de la splendeur du spectacle, l’intelligentsia le jugea « archi-classique » et vieux jeu, « un enterrement de première classe » (107) dira même Ernest Newman du Sunday Times. Le music-hall était alors en faveur et bien qu’on y ajoutât plus tard des animaux, The Sleeping Princess n’était pas une féérie populaire. Et, Diaghilev de confesser : « Par la mise en scène de ce ballet, j'ai failli tuer toute mon entreprise théâtrale à l'étranger. Cette mésaventure

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Théâtre de l’Alhambra, photo Julien Damoy

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LA DANSE À BIARRITZ # 83 L’Action française. Expert en musicologie à Comœdia, Louis Laloy la jugea de même « agréable » en s’excusant d’avoir souvent parlé de Tchaïkovski « avec dépit et parfois dégout » (109). Enfin, on réutilisa une toile et des costumes du Pavillon d’Armide (1907) de Michel Fokine décoré par Alexandre Benois, Natalia Gontcharova habillant aussi « délicieusement » les danseurs dont certains de l’Opéra comme Rosita Cérès ou Serge Peretti. À noter que durant cette série, Nijinska reprit le rôle de son frère dans l’Après-midi d’un faune (1912).

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me servit de leçon ; je vois en elle une indication occulte, car toute notre vie est faite de ces indications, que ce n'est pas mon affaire et qu'il ne m'appartient pas de m'occuper de la reconstitution des triomphes d'antan ! ». Au bord de la faillite Diaghilev trouva secours auprès de Gabrielle Chanel, mais contraint d’abandonner à Londres les décors et costumes de la Belle en gage de ses dettes, il ne put présenter comme prévu le ballet en entier à Paris. Glissons qu’en janvier 1920, la troupe d’Anna Pavlova en avait donné une réduction au Théâtre des Champs-Elysées réglée par Ivan Clustine, le partenaire de Brianza à Moscou. C’est ce que fit Diaghilev en présentant à l’Opéra, le 18 mai 1922 : le Mariage de la Belle au bois dormant. La Spessiva n’ayant pu obtenir son passeport, il « valut de longues acclamations » à Vera Trefilova, laquelle pour l’anecdote exécutait les 32 fouettés du Lac des cygnes dans la coda du pas de deux dansé avec Vladimirov. « La musique de Tchaïkovsky n'est qu'agréable et ne casse rien » (108) écrivit Lucien Dubech de

Brianza, Médiathèque du Centre national de la danse - Donation Gilberte Cournand Olga Preobrajenska & Elvira Roné, 1950 Opéra municipal de Marseille saison 1924-25

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Et, Brianza dans tout cela, outre les réceptions mondaines, l’on sait qu’elle donnait les cours à la compagnie depuis Londres. Par ailleurs, bien que figurant parmi les étoiles au tableau de la troupe, la fée Carabosse n’entrait pas sur son char au moment du mariage. En revanche, après un ultime spectacle à l’Opéra le 13 juin, trois jours après, le 17 juin la compagnie passa à Mogador, où le « diablotin brun » qui ensorcela à Pétrograd « la cour et la ville » (110) dixit André Levinson parut dans les Femmes de bonne humeur (1917) , d'après Carlo Goldoni, un ballet burlesque de Léonide Massine sur une musique de Scarlatti orchestrée par Vincenzo Tommasini. Brianza était Silvestra, la vieille sœur de Luca joué par Nicolas Zverew. Le 1er juillet 1922 les Ballets russes firent leurs Adieux à Paris. Avec Lylia Eymery révélée par Saracco, Brianza enchaîna les divertissements au Casino de la Forêt du Touquet, jusqu’en septembre. Ensuite, peut-être retrouva-t-elle les Ballets russes en tournée afin de donner les leçons ou danser les Femmes de bonne humeur, car désirant être engagée à Monte-Carlo pour la saison d’hiver de 1923 (25 novembre au 30 décembre), l’on sait qu’elle écrivit le 30 juin 1923 à Diaghilev. Faute d’en savoir davantage, recrutée par Raoul Audier et Maurice Durand, on la retrouvera à Marseille réglant les ballets de Sigurd de Reyer à l’Opéra municipal, le 3 décembre 1924. Et, Lyrica d’écrire : « Les ballets ingénieusement réglés par Mme Carlotta Brianza et M. Cefail nous ont permis d'applaudir la grâce de Mlle Lylia Eymery et de ses charmantes camarades » (111). Maître de ballet à l’Opéra de Nice, l’algérien Charles Cifaï, dit Cefail était aussi directeur de la danse à Marseille, Brianza figurait au tableau de la troupe comme maîtresse de ballet, mais la presse phocéenne la laissa dans l’ombre. De retour à Paris, en octobre 1925, elle succéda à Elizaveta Kuskova, du Ballet Impérial à l’École Artel ouverte en janvier, 6 rue Huyghens. En clair, la salle Huyghens, qui avait vu défiler avant-guerre les plus grands peintres, poètes ou musiciens. Désignant dans l'ancienne Russie une association de travailleurs mettant en commun leurs moyens de production, Artel fondée par l’acteur Konstantin Miklachevsky, dit Constant Mic,

professeur à l'Institut Cinématographique de Pétrograd, formait des artistes pour le cinéma : comédie, chant, mimique, maquillage, exercices d'écran, films d'étude, la plupart des maîtres avaient quitté la Russie après la Révolution d'Octobre. En 1926, au départ de Constant Mic, Artel devint l’Eurythmie, Brianza continua d’enseigner la danse classique, la danse de caractère, la pantomime, le répertoire et la composition chorégraphique jusqu’en 1930 et peut-être au-delà, mais les encarts publicitaires s’arrêtent là. Passeront trois ans sans échos, c’est peut-être pourquoi, on l’enterre partout à cette date ? Mais l’on sait qu’elle était alors domiciliée au 39 avenue Flachat à Asnières, où pour l’anecdote sa bonne déclarée comme étant sa cousine, s’appelait Laure Lingnet, à priori, elle n’était pas parente. À ce propos, divorcée depuis le 26 octobre 1921, en 1932 Brianza verra Louis Maron épouser à 63 ans Valérie Gélard, vendeuse de 29 ans. On la retrouvera en mars 1933 donnant des leçons au studio Wacker : 6769 rue de Douai. L’adresse était toujours celle de la Manufacture des pianos Wacker, fondée en 1864, par l’allemand Norbert Wacker, l’inventeur en 1878 du pianotonnerre, « très solide et très sonore ». Depuis sa mort en 1915, son fils Édouard louait ou vendait des pianos d’occasion. En revanche, aux étages les ateliers d’artistes, tel celui de Léopold Bernstamm, auteur des bustes d’Alexandre III et Nicolas II, étaient devenus après-guerre des salles d’études. Ainsi, dès janvier 1922, Léon Melchissédec, de l’Opéra y donna des cours de chant, Marthe Muller des cours de diction, et même si les gens de la danse n’avaient pas toujours les ressources pour publier des annonces, dès 1925 on y enseigna les danses modernes. Pour


LA DANSE À BIARRITZ # 83 (1)

Lettre du 22 septembre 1903

(64)

Le Monde artiste, 12 décembre 1897

(2)

15 octobre 1935, N°4

(65)

Le Figaro, 4 juin 1899

(3)

Le Gaulois, 23 avril 1899

(66)

La Liberté, 24 octobre 1899

(4)

Le Gaulois, 23 avril 1899

(67)

La Fronde, 24 octobre 1899

(5)

La Gazette de St-Pétersbourg, 2 décembre 1896

(68)

La Patrie, 25 octobre 1899

(6)

Le Gaulois, 23 novembre 1883

(69)

Le Figaro, 11 janvier 1900

(7)

Le Moniteur universel, 27 juin 1864

(70)

Vichy Season, 16 juin 1901

(8)

The San Francisco News Letter, 5 avril 1884

(71)

Vichy Season, 15 septembre 1901

(9)

Daily Wabash Express, 18 novembre 1885

(72)

Le Figaro, 18 octobre 1901

(10)

Gil Blas, 15 juillet 1886

(73)

L’Éventail, 10 novembre 1901

(11)

Le Figaro, 18 juillet 1886

(74)

L’Éventail, 20 avril 1902

(12)

Le Constitutionnel, 17 juillet 1886

(75)

Vichy-Season, 26 juin 1902

(13)

Le Rappel, 20 septembre 1886

(76)

Le Ménestrel, 2 juillet 1902

(77)

Le Monde artiste, 10 août 1902

(78)

La Politique coloniale, 6 juillet 1903

(79)

La Politique coloniale, 25 septembre 1903

(80)

Le Monde artiste, 27 septembre 1903

(81)

La République française, 24 septembre 1903

(82)

Le Figaro, 23 juin 1904

(83)

Le Journal, 13 février 1905

(84)

Gil Blas, 19 février 1905

(85)

Comœdia, 4 janvier 1911

(86)

La Gironde, 4 mars 1911

(87)

La Gironde, 22 avril 1911

(88)

Le Petit Bourguignon, 3 septembre 1911

(89)

Le Progrès de la Côte-d’Or, 24 octobre 1911

(90)

Le Progrès de la Côte-d’Or, 13 février 1912

(91)

Comœdia, 4 mai 1912

(92)

Le Petit Courrier, 15 novembre 1912

(93)

La Gazette de Biarritz, 28 septembre 1913

(94)

L’Ouest-Éclair, 27 mars 1916

(95)

La France, 15 février 1919

(96)

Comœdia, 28 juillet 1922

(97)

Lettre à Diaghilev, 16 décembre 1921

(98)

Le Journal, 3 février 1919

(99)

La France libre, 24 janvier 1919

Journal des débats politiques et littéraires, 19 septembre 1886 (14)

(15) (16) (17) (18)

dire que l’on ne sait à quelle date, Olga Preobrajenska, qui participa à la légende de Wacker investit les lieux. Seule certitude, selon Elvira Roné, son assistante dès 1935, de 1924 à 1929, l’étoile du Ballet Impérial donna ses leçons dans une salle proche de l’Olympia. C’est donc plus tard qu’elle croisa Brianza à Wacker, et Elvira Roné de relater : « Toutes deux avaient partagé de nombreux rôles au répertoire du Mariinski, et souvent, elles échangeaient leurs idées, lorsqu'elles se rencontraient dans les studios » (112). À Wacker, où s’exerçaient des danseurs dans l'attente d'un cachet ou d’un engagement mirifique, Brianza professa le classique tout en réglant des numéros pour le music-hall. Louaient aussi une salle à l’heure ou à la journée : Suzanne Mante et Mireille Lewis, de l’Opéra, les rythmiciennes Mary-Paule Perrin et Gaud Arvor ou encore les Ballets lumineux de la danseuse persane Souleïma, alias Germaine Henry. Le 21 décembre 1933, afin de fêter le passage à Paris de Michel Fokine, les Archives internationales de la Danse, en leur hôtel de la rue Vital, donnèrent une réception à laquelle Brianza participa. Autrement, en octobre 1935, la revue du même nom publia : Quelques mots sur Carlotta Brianza. Le mois d’après, elle informa une dernière fois des cours de Brianza à Wacker. Parmi ses élèves figurait Sonia Woicikowska, née à Londres en 1919, elle était la fille d’artistes des Ballets russes : Helene Antonova et Leon Woizikowski. Brianza était sa marraine, son parrain s’appelait Pablo Picasso. Dite domiciliée à Asnières, mais n’y vivant sans doute plus, puisque son bien était loué à une famille, Brianza s’éteignit à Clichy, le 25 juin 1938 à l’Hôpital Beaujon. On prétend qu'elle mit fin à ses jours, Elvira Roné confirme : « Ensuite Brianza s'est suicidée ». En tous cas, à 73 ans, « l’étoile di primo cartello » s'en alla sans bruit, sans même un écho nécrologique dans le coin d’un journal.

n TM

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Le Figaro, 19 septembre 1886 Gil Blas, 18 mars 1887 Le Dictionnaire de la Danse Gil Blas, 21 juillet 1888 Le Figaro, 27 janvier 1888 Le Figaro, 9 février 1889 Gil Blas, 16 juin 1889 L’Intransigeant, 25 juillet 1889 Le Figaro, 15 juin 1889 Le Ménestrel, 16 juin 1889 Vert-vert, 1er août 1889

(26)

La Nation, 10 août 1889

(27)

L’Intransigeant, 1 novembre 1889

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er

Le Ménestrel, 29 décembre 1889 Comoedia, 8 novembre 1921 Le Figaro, 22 janvier 1890 Le Figaro, 10 décembre 1890 Vert-vert, 15 mars 1886 La Comédie, 10 mars 1867 Le Figaro, 4 mars 1891 Le Fin de siècle, 15 juillet 1891 Le Figaro, 14 décembre 1891 La Justice, 8 avril 1892

(38)

Le Figaro, 8 avril 1892

(39)

Le Fin de siècle, 15 juillet 1891

(40) (41) (42) (43)

Revue Encyclopédique, 1892 Le Figaro, 3 août 1892 Le Ménestrel, 25 décembre 1892 Le Figaro, 15 juin 1876

La Sylphide, 2ème Série, Tome II, 1845-1846, p. 111 (44)

Journal des débats politiques et littéraires, 20 janvier 1894

(100)

Le Figaro, 7 novembre 1921

(101)

Serge Diaghilev, Mémoires, Hermann, 2007, p.54

(102)

La Lanterne, 24 novembre 1921

(103)

Lettre à Diaghilev, 12 décembre 1921

(104)

Igor Stravinsky, Chroniques, II, p. 24-25.

(105)

Lettre du 4 octobre 1921

Conversations avec G. Balanchine, l’Arche, 1985, p. 158

(106)

(107)

Sunday Times, 6 novembre 1921

(108)

L’Action Française, 20 mai 1922

(109)

Comoedia, 20 mai 1922

(45)

(46)

Le Figaro, 16 mai 1877

(110)

Comoedia, 19 juin 1922

(47)

Lettre à Sergei Taneyev, 7 décembre 1877

(111)

Lyrica, janvier 1925

(48)

Le Figaro, 9 juillet 1876

(112)

Olga Preobrazhenskaya, A Portrait, 1978, p. 109

(49)

La Petite Gironde, 11 janvier 1894

(50)

Le Gaulois, 15 mai 1880

(51)

Le Figaro, 8 juin 1892

(52)

Le Figaro, 31 décembre 1894

(53)

Le Monde artiste, 13 janvier 1895

(54)

Le Monde artiste, 27 janvier 1895

(55)

Le Ménestrel, 10 mars 1895

(56)

Le Ménestrel, 7 avril 1895

(57)

Vert-vert, 4 janvier 1896

(58)

Le Figaro, 10 mars 1896

(59)

Le Figaro, 7 novembre 1896

(60)

Le Monde artiste, 22 mars 1896

(61)

Le Monde artiste, 9 août 1896

(62)

Vert-vert, 17 novembre 1896

(63)

Le Monde artiste, 12 novembre 1893

Remerciements à Anne Londaïtz, Toni Candeloro et Richard Flahaut, à Claire Delcroix et Laurent Sebillotte de la Médiathèque du Centre national de la danse pour les photographies provenant de la Donation Gilberte Cournand.

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C'

est avec profonde tristesse que nous avons appris le décès, le 9 mars, à l’âge de 102 ans, de Gina Bartissol, professeure aimée et réputée à Biarritz dont le destin se lia à la grande histoire de la danse. Nous adressons à sa famille et ses proches nos plus sincères condoléances.

Gina Bartissol

« La générosité est la qualité d'une personne qui a le caractère assez noble pour préférer les autres à soi et leur sacrifier ses propres intérêts ». C’est sous ce principe que Geneviève, dite Gina Bartissol vit le jour à Biarritz le 2 septembre 1919. Pour dire que son père Charles Bartissol, docteur en médecine également renommé pour sa bonté envers tout le monde s’illustra entre autres par ses consultations gratuites à la Maison de secours de Biarritz. Belle dame, humble, et de noble atour, j’ai connu Gina Bartissol en 1998, à la création du Centre Chorégraphique National par Didier Borotra, maire de Biarritz et Jakes Abeberry, adjoint à la culture, auparavant danseur et chanteur, puis directeur artistique en 1953 des Ballets Basques de Biarritz Oldarra. Nous avions en commun un de ses élèves : Daniel Franck, premier danseur et plus tard professeur à l'École de danse de l’Opéra. À l’âge où il fut mon propre professeur, habitant Capbreton, Daniel Franck venait à vélo suivre les cours de Gina Bartissol à Biarritz : 70 kilomètres aller-retour ! Également en commun, son Maître : Alexandre Volinine, premier danseur du Théâtre impérial de Moscou en l’honneur duquel, Claudie Jacquelin, étoile de l’Opéra de Berlin créa un concours chorégraphique : le Prix Volinine dont je fus le premier lauréat en 1984.

« Elle aimait la musique des vagues, leurs mouvements, la blancheur immaculée de l’écume qu’elle comparait à la blancheur des tutus dans les valses romantiques de Chopin »

Gina Bartissol Jean Guélis, Alexandre Volinine, Youra Loboff, ?, ? et Gina Bartissol - Biarritz Daniel Franck - « Pour vous chère Madame Bartissol en remerciement pour vos bons conseils avec toute mon amitié ». 1966

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Ayant à cœur dès notre arrivée de mettre en lumière le passé chorégraphique de Biarritz, Gina Bartissol fut mon interlocutrice privilégiée. Mais parlant peu d'elle-même, témoignant à cet égard d'une réserve qui allait parfois jusqu'à la pudeur, elle évoquait plus volontiers les autres à commencer par Solange, Serge, Georges et Jean Golovine, mais aussi Rosella Hightower, Marjorie Tallchief, Nina Vyroubova, George Skibine, Wladimir Skouratoff, etc. Autrement dit, des noms fameux ressuscitant l’épopée des Ballets du Marquis de Cuevas. Entre 1951 et 1962, d’août à septembre, la troupe posait ses valises à Biarritz. De ce temps, subsiste une photographie de Gina Bartissol au fabuleux bal champêtre qui se déroula en septembre 1953, au golf de Chiberta, à Anglet : 3.000 invités, 15.000 articles de journaux, condamné par le Vatican pour son extravagance, « l’événement du siècle » coûta plus de 40 millions de l’époque. Les invitations portaient la mention : « costume XVIIIe obligatoire ! » Zizi Jeanmaire, arriva à dos de chameau, vêtue d’un bikini de diamants, mais Gina Bartissol s’y rendit en marquise pour applaudir Rosella

Hightower et George Skibine dans le Lac des cygnes avant de danser jusqu’à l’aube au milieu des réputations de la planète. Plusieurs fois, je lui ai proposé de raconter tout cela face caméra ; « plus tard ! » me répondait-elle invariablement. Dès lors, j’ignore tout ou presque tout de son parcours. Accompagné d’Anna Pavlova, c’est en 1919 qu’Alexandre Volinine, auprès de qui Gina Bartissol étudia dès l’âge de 6 ans, vint à Biarritz pour la première fois : « Vive l'art ! Vive la santé ! Vive la mer ! ». Cela deviendra son rituel annuel d’enseigner le matin, avant de profiter de la plage du Port Vieux et des bains de mer. Quant à sa légendaire partenaire qui admirait comme lui le Pays basque, il confiera : « Elle aimait la musique des vagues, leurs mouvements, la blancheur immaculée de l’écume qu’elle comparait à la blancheur des tutus dans les valses romantiques de Chopin ». En 1925, Alexandre Volinine fonda à Paris, l’Académie d’Art Chorégraphique et avec ses meilleurs élèves un ensemble au sein duquel Gina Bartissol s’illustra avant d’être engagée aux alentours de 1937 à Monte-Carlo aux Ballets russes du colonel W. Basil. Elle est alors hébergée à Menton chez un ami de son père et d’Alexandre Volinine : le médecin russe Jacques de Poliakoff, hôte assidu de Biarritz, qui avait fondé à ses frais durant la Grande Guerre un hôpital militaire de 120 lits au Grand Hôtel. Mais à Monte-Carlo, une rupture des ligaments croisés contraindra Gina Bartissol à s'engager dans la voie de l'enseignement, probablement en 1939.


vivre durablement sur la Côte basque, Alexandre Volinine crée en plus de Biarritz des classes à Bayonne et Saint-Jean-de-Luz avant de devoir remonter à Paris. C’est alors qu’il dit à Gina Bartissol en gage de confiance : « Continuez, je reviens ! ». Il reviendra en effet enseigner, mais aussi nager, plonger des rochers et pratiquer le golf. Après sa mort en 1955, sa fidèle disciple ne conserva que le Cours d’Art Chorégraphique de la rue Louis Barthou, qui connut de brillants succès et participa à mille et un galas sur la scène du Casino municipal avant l’incendie qui embrasa l’école en 1995. Alors à 76 ans, sous les louanges et les regrets unanimes, Gina Bartissol prit sa retraite.

Car bien qu’ayant aimanté dès le Second Empire toutes les célébrités des arts, faute de traces pieusement conservées, Biarritz est une ville presque sans mémoire. Et, La Gazette de Biarritz (1893-1944) organe mondain par excellence se trouve être pour le chercheur d’un faible secours. Ainsi, n’est-ce qu’en 1941 que la feuille locale consacra une ligne à l’enfant du pays pour évoquer « de ravissantes danses ; dont la chorégraphie est de Mlle Gina Bartissol ». C’était le 27 juillet, les élèves du cours de danse de « Gina Bartissol, diplômée de l’Académie Volinine » se produisaient au parc Grammont à l’occasion de la kermesse de Saint-Martin. Mais avec le concours de sa sœur Denise Bartissol, également élève d’Alexandre Volinine, l’école présentera d’autres programmes de choix.

Outre former à la danse classique les danseurs des Ballets Basques de Biarritz Oldarra, troupe emblématique qui fit le tour du monde, parmi les élèves que nous lui connaissons, à la suite de Daniel Franck, l’on citera Jean-Marc Torres, fils de Marianne Ivanoff, de l’Opéra et du danseur andalou José Torres, mais aussi Koldo Zabala : d’abord élève de Robert Housset à Oldarra, après deux ans de leçons quotidiennes, Gina Bartissol le confia à Alexandre Volinine, puis à Yves Brieux, « le Maître des étoiles », héritier de l'enseignement de Gustave Ricaux. De retour à Oldarra, Koldo Zabala sera avec son épouse Maite à l'origine de la filière danse classique au Conservatoire Maurice Ravel Pays Basque. Gina Bartissol était également fière de Michel Conte, qui réalisa au Canada une carrière de danseur, de chorégraphe, d’auteur-compositeur

En juin 1940, fuyant l’avancée des troupes allemandes, Alexandre Volinine s’était réfugié à Biarritz et loua une salle place Bellevue, au-dessus du Café Anglais : « Un... deux... Un… deux…, entouré de garçons, de grandes jeunes filles et de petites filles, au son des castagnettes, il fait alors travailler ses élèves ». L’année suivante et jusqu’en 1944, les leçons seront données, 8 rue Joseph Petit au domicile des parents de Gina Bartissol, laquelle à cette époque ouvre de son côté un cours à Salies-de-Béarn. Il a pour cadre la Maison de l’Enfant Russe au Château de Mosqueros et sert de couverture à un réseau d’évasion qui permit de sauver de la Déportation des dizaines d’enfants juifs. Les faisant passer pour ses élèves, à la barbe et au nez de la police française et de l’occupant, Gina Bartissol les conduisait de Biarritz à Salies-de-Béarn. De là, confiés à des passeurs, ils franchissaient la ligne de démarcation. Pendant ce temps, d’autres enfants se rendaient à Salies-de-Béarn en autocar et c’est avec eux qu’elle revenait à Biarritz au volant de sa voiture. En 1942, Gina Bartissol avait 23 ans et aurait mérité la distinction de « Juste parmi les nations ». Lui suffisaient les cartes de vœux qu’elle recevait chaque année en signe de reconnaissance. À la Libération, souhaitant

et de metteur en scène avant de publier Nu… comme dans un nuage (1980). Plus près de nous, l’on citera encore Flore Benoit, qui après une brillante carrière enseigne aujourd’hui à Vienne en Autriche. Mais l’on peut considérer que tout Biarritz dansa auprès de Gina Bartissol, tandis qu’une pléiade d’étoiles : Violette Verdy, Christiane Vlassi, Wilfride Piollet, Zizi Jeanmaire, Attilio Labis, etc.

passèrent dans son école. C’est pourquoi, depuis 2015, l’un des Studios de Danse de Biarritz au Quartier Kléber porte son nom au profit des jeunes générations. Quant à moi, chère Gina, qui m’appeliez gentiment Maître suivant l’usage d’autrefois, je ne vous oublierai pas. Et, surtout, après vous être consacrée aux autres, reposez en paix entourée de l’estime et de l’affection de tous ceux qui vous ont aimée et connue.

n Thierry Malandain

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Alexandre Volinine « A ma chère Gina, en souvenir de Biarritz ». 1940

Higthower et le Marquis de Cuevas, hh Rosella Chiberta, 1953 h Gina Bartissol entourée de ses élèves


SENSIBILISATION

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Aide Sociale à l’Enfance

© Olivier Houeix

Sensibilisation et médiation ANNULÉ

À la suite d’un partenariat initié en 2020 avec le Conseil Départemental des Pyrénées-Atlantiques, le CCN Malandain Ballet Biarritz poursuit son action auprès de l’Aide Sociale à l’Enfance.

Dans le cadre de la crise sanitaire, le Teo Otto Theater de Remscheid (Allemagne), dans lequel la compagnie s’est produite plusieurs fois, propose à son public plusieurs ateliers et masterclasses donnés par des danseurs ou chorégraphes professionnels sur la plateforme de visioconférence Zoom. C’est ainsi qu’Arnaud Mahouy proposera un workshop le mardi 30 mars de 18hà 21h à des étudiants pratiquant la danse : il leur fera découvrir l’esthétique de Thierry Malandain mêlant classique et contemporain en s’appuyant sur plusieurs œuvres de son répertoire. Ce workshop sera aussi un moment d’échange sur le Malandain Ballet Biarritz et sur la danse en général, ainsi que sur le manque et sur la place qu’elle révèle par son absence imposée par la crise sanitaire.

Reims

ANNULÉ

Autour des représentations de Sirènes de Martin Harriague et Nocturnes au Parvis Scène Nationale Tarbes-Pyrénées, prévues le 4 février et reportées au 1er juin, Dominique Cordemans donnera une master classe / atelier de répertoire destinée aux élèves des écoles de danse de Tarbes et une Mégabarre ouverte à tous au Centre Commercial Le Méridien.

Autour des représentations de la Pastorale à l’Opéra de Reims les 29, 30 et 31 mai, Dominique Cordemans proposera des master classes / ateliers de répertoire aux élèves de cycle 2 et de cycle 3 - classes à horaires aménagées danse (CHAD) du Conservatoire à Rayonnement Régional de Reims.

Renseignements et inscriptions : Le Parvis Tél. 05.62.90.60.43 avecvous@parvis.net

Projet ATALAK Du 15 au 26 mars, la chorégraphe Navarraise Itxaso Cano qui dirige la Compagnie ZUK a été accueillie à Gipuzkoako Dantzagunea (Errenteria) pour réaliser un Laboratoire de création avec les danseurs de Dantzaz. À l’issue de cette résidence des présentations publiques ont été organisées en mars au Teatro Félix Petite de Vitoria-Gasteiz, à Gipuzkoako Dantzagunea et deux seront proposées les 9 et 16 avril à Tabakalera (Donostia/San Sebastián) et au Musée de Navarre (Pampelune). Ce premier laboratoire, mené dans le cadre du projet Atalak dont les partenaires principaux sont Dantzaz, Malandain Ballet Biarritz et la Fondation Baluarte de Pampelune est le premier d’une série de trois. Cette initiative est soutenue par l’Eurorégion Nouvelle-Aquitaine Euskadi Navarre dans le cadre de l’appel à projets Citoyenneté Eurorégionale 2020. © Olivier Houeix

Workshop en ligne

Tarbes

© Olivier Houeix

Dans ce cadre, un groupe d’enfants sera accueilli le 9 mai lors du Rendez-vous sur le quai de la Gare. À cette occasion, ils accèderont à l’envers du décor de la compagnie : les métiers de la technique, les costumes et accessoires, le travail des danseurs en studio. Leur visite s’achèvera par une représentation de Mozart à 2 et Sinfonia à 16h.

Accueil Studio La compagnie Studio Fictif d’Aina Alegre sera accueillie à la Gare du Midi du 14 au 25 juin pour une résidence de création chorégraphique autour de : Fandango et autres cadences…


SAISON compagnie de danse amateur piloté par l’association Instant Présent et son professeur, Aureline Guillot, ex-artiste du Malandain Ballet Biarritz et le chorégraphe Gilles Schamber.

Regards Croisés

ANNULÉ

EN RAISON DE LA CRISE SANITAIRE

Mardi 13 • Mercredi 14 avril - 20h Gare du Midi / Studio Gamaritz

ANNULÉ

Saint-Pée-sur-Nivelle Espace culturel Larreko

ANNULÉ

EliralE Konpainia : Xihiko

Compagnie Gilshamber : Éphémère S’inspirant du livre de Maurice Béjart Un instant dans la vie d’autrui, le chorégraphe Gilles Schamber s’interroge sur la puissance de l’éphémère. « Tu entres l’espace d’un moment dans la vie d’une autre personne, tu la déloges du quotidien, tu la déranges parfois, tu la touches aussi profondément et même durablement. Juste quelques minutes où tout bascule, où l’émotion est si grande qu’on oublie le caractère fragile et éphémère de l’événement ». Vendredi 16 avril - 20h Gare du Midi / Studio Gamaritz

ANNULÉ Université du Mouvement

Franck Guiblin, Martin Harriague, Gilles Shamber, Thierry Malandain, quatre chorégraphes aux esthétiques diverses proposent une série de solos pour une soirée singulière. Home sweet home Chorégraphe / danseur : Franck Guiblin / Cie Arenthan Silhouette q Chorégraphie : Thierry Malandain Danseur : Frederik Deberdt / Malandain Ballet Biarritz

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Présentation publique des danseurs de l’Université du Mouvement, projet de

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Compagnies en itinérance

ANNULÉ Solos

Samedi 17 avril - 20h30 Dimanche 18 avril - 17h

Xihiko © Isabelle Miquelestorena

Deux projets de formation mis en place dans le cadre du festival Regards Croisés ont été maintenus malgré l’annulation de l’évènement. Martin Harriague est ainsi intervenu du 25 au 28 février auprès des élèves de l’INSA Toulouse pour créer SOL., un projet danse -vidéo. Matxalen Bilbao est quant à elle intervenue auprès de la Classe d’Orientation Professionnelle (COP) du Conservatoire Maurice Ravel Pays Basque. Son travail sera capté et retransmis en direct par le CRR le 2 avril à 17h.

Dimanche 18 avril - 17h Gare du Midi / Studio Gamaritz

Pièce chorégraphique et musicale de Pantxika Telleria créé en 2016. Une jeune jument se promène sur le mont Xihiko. Celui-ci est peuplé de présences étranges. Seront-elles malfaisantes, bien-veillantes ? Révèleront-elles à l’animal le secret du mont Xihiko, secret auquel seuls les jeunes garçons peuvent être initiés ? La chorégraphie déclinant le thème de la marche via le système des Sauts, est surlignée par un travail d’ombres. Le violoniste Xabi Etcheverry et le percussionniste Jokin Irungaray accompagnent tout au long de la pièce les trois interprètes danseurs qui eux-mêmes utilisent leur voix pour chanter ainsi que certains instruments de musique. Billetterie : www.elirale.org

© Olivier Houeix

Saison danse

You man Chorégraphie : Martin Harriague Danseur : Aitor Jimenez / Dantzaz Corps de soi Chorégraphie : Gilles Schamber Danseur : Graham Erhardt-Kotowich / Ballet de l’Opéra de Metz -Métropole Ce programme sera également présenté le 28 mai en Bretagne à #Arth Maël (Chapelle bleue) - Ploërmel Communauté en collaboration avec la Cie Gilschamber.

Répétitions publiques Gare du Midi / Studio Gamaritz 6 avril à 19h Dantzaz : Atalak Itxaso Cano

ANNULÉ

© Olivier Houeix

29 avril à 19h CCN Malandain Ballet Biarritz

ANNULÉ 22 juin à 19h Dantzaz : Atalak Eva Guerrero 26 juin à 19h CCN Malandain Ballet Biarritz Entrée libre sur réservation Tél. 05 59 24 67 19

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EN BREF Diffusion Martin Harriague, artiste associé

Reprise Festival le Temps d’Aimer

© Olivier Houeix

Don Juan à Budapest Du 9 février au 5 mars, Giuseppe Chiavaro, maître de ballet au Malandain Ballet Biarritz a remonté à Budapest, au Hungarian National Ballet dirigé par Tamás Solymosi, Don Juan, ballet de Christoph Willibald Gluck créé par Thierry Malandain en 2006. La Première a eu lieu le 6 mars à l’Opéra Eiffel de Budapest et a été retransmise sur internet.

Reportage TF1

Logo « Planeta Dantzan » Remerciements à l’agence de communication, Studio Waaz de Biarritz qui a créé une identité au projet Art et Environnement « Planeta Dantzan ». www.studiowaaz.com

Canal en ligne En initiant le projet Canal, le Centre national de la danse (CND) propose de se mettre à la disposition d’institutions culturelles invitées et choisies, afin d'offrir une nouvelle visibilité à leurs projets et aux artistes qu’ils soutiennent. Dans ce cadre, une interview de Martin Harriague, artiste associé au Malandain Ballet Biarritz, accompagnée d’extraits de ces pièces ont été diffusés sur le site internet du CND. www.cnd.fr

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Fossile, Dantzaz, Pauline Bonnat & Julen R.Flores © Olivier Houeix

Yourim Lee © János Kummer-Hungarian State Opera

Le conseil d’administration de Biarritz Culture présidé par Jakes Abeberry et le conseil d’administration du Malandain Ballet Biarritz présidé par Catherine Pégard, ont validé à l’unanimité l’intégration au sein du CCN du Festival le Temps d’Aimer et de l’ensemble de son équipe constituée d’Eloixa Ospital, Sonia Mounica, Noémie Zabala-Pihouée, Katariñe Arrizabalaga et Jean-Pascal Bourgade que nous avons le plaisir d’accueillir. Le Festival le Temps d’Aimer tient depuis 30 ans une place essentielle à Biarritz et de nombreuses compagnies régionales, nationales et internationales ont ainsi pu être accueillies en rencontrant un public toujours plus nombreux. La prochaine édition élaborée par Thierry Malandain, directeur artistique du festival se déroulera du 10 au 19 septembre. Si Biarritz reste l’épicentre de l’évènement, celui-ci se déploiera pour la première fois dans plusieurs lieux de la Communauté Pays Basque.

Dantzaz, structure associée au CCN Malandain Ballet Biarritz sous la direction artistique d’Adriana Pous Ojeda présentera Fossile de Martin Harriague au KulturStadtLev à Leverkusen en Allemagne le 16 juin.

Fossile, Walls et Ballet Mécanique par Dantzaz

Le Malandain Ballet Biarritz a participé au reportage sur la thématique du toucher « Distanciation physique : quand la tendresse reviendra-t-elle ? », réalisé par Sylvie Pinatel et diffusé sur TF1 au journal du 28 février dernier. A retrouver sur la chaine Youtube et la page Facebook du Malandain Ballet Biarritz.

À l’issue d’une résidence technique et artistique à la Gare du Midi, le 21 février la compagnie Dantzaz a effectué une générale privée d’un programme associant Fossile et Walls de Martin Harriague et Ballet Mécanique de Thierry Malandain. Ce programme sera proposé à la diffusion la saison prochaine par notre agent Thierry Duclos, Le Trait d’union.

Nocturnes au Capitole de Toulouse

Partenariat Scène nationale du Sud-Aquitain

Du 22 au 27 mars, Frederik Deberdt, danseur au Malandain Ballet Biarritz s’est rendu au Ballet du Capitole de Toulouse afin de remonter le ballet Nocturnes de Frédéric Chopin et Thierry Malandain qui devrait être présenté du 27 avril au 2 mai au Théâtre du Capitole dans le cadre d’un programme Carlson / Malandain.

En partenariat avec la Scène nationale du Sud-Aquitain, le 23 mars à l’issue d’une résidence, la Compagnie Claudio Stallato a présenté deux sorties de résidence de sa pièce Work au studio Gamaritz de la Gare du Midi

Grand Carnet de Danse à Toulouse Le 24 avril à 19h30, Thierry Malandain et Frederik Deberdt devraient participer au Grand Carnet de danse sur le plateau du Théâtre du Capitole autour du programme Carlson / Malandain.


centre chorégraphique national de nouvelle-aquitaine en pyrénées-atlantiques

présidente Catherine Pégard vice-président Guillaume Pepy trésorière Solange Dondi secrétaire Richard Flahaut trésorière adjointe Monique Barbaroux déléguée à la coopération territoriale et internationale Marie-Christine Rivière administrateurs Gratien Maire, Anne Méhu président d’honneur Pierre Durand Direction directeur / chorégraphe Thierry Malandain directeur délégué Yves Kordian Artistique / Création artiste associé Martin Harriague maîtres de ballet Richard Coudray, Giuseppe Chiavaro artistes chorégraphiques Ione Miren Aguirre, Giuditta Banchetti, Raphaël Canet, Clémence Chevillotte, Mickaël Conte, Jeshua Costa, Frederik Deberdt, Clara Forgues, Loan Frantz, Irma Hoffren, Hugo Layer, Guillaume Lillo, Claire Lonchampt, Nuria López Cortés, Arnaud Mahouy, Alessia Peschiulli, Alejandro Sánchez Bretones, Ismael Turel Yagüe, Yui Uwaha, Patricia Velazquez, Allegra Vianello, Laurine Viel professeurs invités Bruno Cauhapé, Sophie Sarrote pianistes Alberto Ribera-Sagardia, Jean- François Pailler

Production / Technique directrice technique Chloé Brèneur régisseur général Frédéric Bears régie plateau Jean Gardera régie lumière Christian Grossard, Mikel Perez régie son Nicolas Rochais, Maxime Truccolo techniciens plateau Bertrand Tocoua réalisation costumes Véronique Murat, Charlotte Margnoux régie costumes Karine Prins, Annie Onchalo construction décors et accessoires Frédéric Vadé techniciens chauffeurs Guillaume Savary, Stéphane Tisserand, Vincent Ustarroz agent d’entretien Ghita Ballouk Sensibilisation / Relations avec les publics responsable sensibilisation / transmission du répertoire aux pré-professionnels Dominique Cordemans intervenante EAC Ione Miren Aguirre intervenante option Art-Danse et Académie Carole Philipp Diffusion chargée de diffusion Lise Philippon attachée de production Laura Delprat agents Le Trait d’union / Thierry Duclos, Klemark Performing Arts et Music / Creatio 300, Norddeutsche Konzertdirektion / Wolfgang et Franziska Grevesmühl, Internationale Music / Roberta Righi Communication responsable image Frédéric Néry  /  Yocom responsable communication Sabine Cascino attachée à la communication Elena Eyherabide attaché de presse Yves Mousset  photographe Olivier Houeix Pôle chorégraphique territorial administratrice de projet Carine Aguirregomezcorta Secrétariat général / Mécénat secrétaire général Georges Tran du Phuoc Ressources humaines, finances et juridique responsable administrative et financière Séverine Etchenique comptable principale Arantxa Lagnet comptable Marina Souveste secrétaire administrative Virginie Sichem Suivi et prévention médicale des danseurs Romuald Bouschbacher, Jean-Baptiste Colombié, Aurélie Juret Festival le Temps d’aimer production Katariñe Arrizabalaga technique Jean-Pascal Bourgade communication Eloixa Ospital médiation / billetterie Noémie Zabala-Pihouée administration Sonia Mounica Biarritz - Donostia / San Sebastián Malandain Ballet Biarritz co-présidence du projet Thierry Malandain co-directeur du projet Yves Kordian chef de projet et administration Carine Aguirregomezcorta communication Sabine Cascino Victoria Eugenia Antzokia co-présidence du projet Jaime Otamendi co-directeur du projet Norka Chiapusso chef de projet Koldo Domán administration María José Irisari communication María Huegun CCN Malandain Ballet Biarritz Gare du Midi • 23, avenue Foch • F-64200 Biarritz tél. +33 5 59 24 67 19 • ccn@malandainballet.com

Ballet Mécanique, Dantzaz, Beñat Urrutia © Olivier Houeix

Transmission du répertoire maître de ballet Giuseppe Chiavaro


CALENDRIER

AVRIL > JUIN 2021

A annulé Représentations au Pays basque 09/04

Donostia / San Sebastián

Mozart à 2, Sinfonia, (première)

10/04

Donostia / San Sebastián

Mozart à 2, Sinfonia

29/04

Basauri

Nocturnes, Boléro, Mozart à 2

06/05

Biarritz

Fossile [ Harriague/Dantzaz ], (scolaire et tout public)

07/05

Biarritz

Fossile [ Harriague/Dantzaz ], (2 scolaires)

08/05

Biarritz

Mozart à 2, Sinfonia

09/05

Biarritz

Mozart à 2, Sinfonia

10/05

Biarritz

Sinfonia, (scolaire)

A A A A A A

la Pastorale

Mougins

Fossile, Walls [ Harriague/Dantzaz ]

15/04

Vélizy-Villacoublay

la Pastorale

20/05

Limoges

Marie-Antoinette, (avec orchestre)

21/05

Limoges

Marie-Antoinette, (avec orchestre)

29/05

Reims

la Pastorale

30/05

Reims

la Pastorale

31/05

Reims

la Pastorale, (scolaire)

01/06

Tarbes

Nocturnes, Sirènes, (scolaire et tout public)

08/06

Le Tampon (Réunion)

Mozart à 2, Beethoven 6

10/06

Saint-Denis (Réunion)

la Pastorale

11/06

Saint-Denis (Réunion)

la Pastorale

12/06

Saint-Denis (Réunion)

la Pastorale

15/06

Mérignac

Marie-Antoinette

24/06

Saint-Etienne

Nocturnes, Beethoven 6, (avec orchestre)

A A A A A A A A

Représentations à l’International 01/04

Viersen

la Pastorale

15/05

Gijon

Marie-Antoinette

23/05

Sant Cugat (Espagne)

Marie-Antoinette

27/05

Morges (Suisse)

Mozart à 2, Beethoven 6

16/06

Leverkusen (Allemagne)

Fossile [ Harriague/Dantzaz ]

19/06

Ludwigshafen (Allemagne)

Marie-Antoinette avec orchestre

20/06

Ludwigshafen (Allemagne)

Marie-Antoinette avec orchestre

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direction de la publication Thierry Malandain • conception et design graphique Yocom.fr • impression Graphic System (Pessac) • ISSN 1293-6693 - juillet 2002

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Compiègne

13/04

www.malandainballet.com

13/04

Licences 2- 1020149 et 3-102015 Récépissé DOS20187745

Représentations en France et Outre-mer


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