JANVIER > MARS 2018
ÉDITO PAGE 2
ACTIVITÉ PAGE 6
DANSE À BIARRITZ #72 PAGE 8
SENSIBILISATION PAGE 20
LE LABO PAGE 21
EN BREF PAGE 22
CALENDRIER
JOURNAL D’INFORMATION DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL DE NOUVELLE-AQUITAINE EN PYRÉNÉES-ATLANTIQUES MALANDAIN BALLET BIARRITZ
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Michaël Conte & Claire Lonchampt, La Belle et la Bête © Olivier Houeix
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© Olivier Houeix
ÉDITO Homme de cœur,
Oswald Roose, donnait et donnait beaucoup, il s'est éteint le 31 octobre dernier à cinquante-sept ans. Danseur au Ballet du XXe siècle de Maurice Béjart et au Ballet Théâtre Français de Nancy sous la houlette de Jean-Albert Cartier et d’Hélène Traïline, comme directrice de la danse, puis l’expérience de la scène, jointe à un certain esprit, à une certaine habileté, pouvant se convertir en or, directeur technique de la Compagnie Temps Présent et du Malandain Ballet Biarritz, voilà, en peu de mots la carrière de ce camarade à l’âme bien trempée. Une vie artistique traversée par l'idéal le plus généreux, vouée à la danse et à une troupe dont il fut avec son épouse Dominique Cordemans l’un des huit fondateurs. Au départ, une histoire d’amitié nouée en 1980 à l’époque du Ballet Théâtre Français de Nancy et des tournées aux quatre coins du monde avec Rudolf Noureev, Maïa Plissetskaïa, Eva Evdokimova… Six ans plus tard, avec toute la ferveur de l'enthousiasme, d’Elancourt à Biarritz en passant par Saint-Etienne, un compagnonnage de 31 ans.
Si l'on jette un regard en arrière sur ce long parcours semé de succès et de revers parfois agrémentés de coups de sabots dans les jambes, en quittant la Lorraine et le Centre Chorégraphique National de Nancy, nous cueillîmes un bouquet de marjolaine, emblème de la joie et du bonheur. À l’instar des romances où le mot amour rime avec toujours, les poches pleines de rêves insensés, c'était espérer que notre aventure s’épanouisse jours après jours, sans perdre haleine. Doux et tendre, amoureux de la nature, Oswald Roose, le bien nommé préféra toujours les roses, nées du sang de la beauté. Chacun sa façon de voir les choses, de peindre le ciel bleu azur pour ne pas dire l’avenir en rose. Mais il n’y a pas de plaisirs éternels sur cette terre. Comme la danse dont le destin est de disparaître dans l’instant qui l’a vu naître, la beauté est fugitive. Et même si l’hiver semble nous dire : Espère ! la mort se cache en toutes fleurs. Sauf dans les pensées au milieu des regrets en cortège, des larmes et des cœurs gros de tristesse. À l'exemple de l’Opéra de Saint-Etienne où les techniciens frappèrent « les trois coups » afin de lui rendre un ultime hommage, Oswald était apprécié partout et nous remercions les théâtres, les entreprises, ses collègues d’ici et d’ailleurs, les amis d’hier et d’aujourd’hui pour leurs nombreux témoignages. Et pour avoir permis qu’en se donnant la main, nos espérances de vingt-ans soient devenues une vérité dont il peut là-haut s’enorgueillir. Son souvenir remplira nos cœurs d’une impérissable reconnaissance jusqu'à notre dernière heure.
n Thierry Malandain, décembre 2017
vue, c'est avec lui que je les ai faits. Les « techos », il me les a présentés sans chichi, comme il m'a expliqué de long en large le fonctionnement de la technique, et de son intime imbrication avec la scène et les danseurs. Je pose sans cesse des questions, et Oswald était toujours là pour y répondre, simplement. Un homme de l'ombre qui savait se faire discret, mais n'était jamais bien loin.
Au revoir l'ami Oswald... J'ai beaucoup hésité à écrire ces quelques mots, ici sur ma page photo, mais puisque l'envie est plus forte que tout, et que beaucoup de mes images ont été réalisées en partie grâce aux portes ouvertes par Oswald, je préfère laisser filer mes sentiments à travers l'écrit plutôt que verser encore des larmes tout seul. Parce qu'une disparition, qui plus est soudaine, est un fait difficile à admettre. D'ailleurs, j'ai toujours du mal à réaliser... En visionnant ces quelques images, je me dis « what the f... » !!! Pas possible, je ne verrai plus traîner Oswald en coulisses ? Inimaginable. Et pourtant oui, hélas. Trois fois hélas. Dix fois hélas. De par ma sensibilité, mes expériences, j'ai toujours été attiré par les hommes de l'ombre. Ceux qui font, sans se montrer. Ceux par qui les choses existent, mais qui ne prennent pas la lumière. Pourtant la lumière, Oswald en irradiait, la transmettait. Oswald, directeur technique du Malandain Ballet Biarritz, nous a quittés prématurément. Certaines choses ne s'expliquent pas, mais j'aimais beaucoup cet homme. Une très belle personne, une belle âme, un homme bon, j'en suis convaincu. Il vous parlait en vous fixant droit dans les yeux, de ses yeux clairs, avec une voix toujours calme, teintée d'un sourire. Toujours. En tous cas, à chaque fois que je l'ai eu en face. Dès mes débuts en photo de danse, il a fait partie de ceux qui m'ont accueilli les bras ouverts, sans me connaître. Je lui ai souvent demandé d'accéder au plateau, aux coulisses, et je n'ai jamais essuyé de refus. Mes premiers pas sur les passerelles, pour changer de point de
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Un homme de l'ombre avec qui, grâce à son passé, son histoire et ses passions, les discussions vagabondaient souvent endehors de la scène, du côté de la danse of course, mais de toutes les cultures, du jardin, de la nature... Autant d'intérêts que j'aimais aborder avec lui et Dominique, même si c'était souvent trop rapide à mon goût, au détour d'un couloir, d'un escalier... Oswald, je te remercie pour tous ces moments passés à tes côtés, et malgré le choc sous lequel je me sens toujours, et la peine que j'ai du mal à contenir, je veux garder un beau sourire intérieur en pensant à toi. Nul doute que ta présence inondera toujours le plateau de la Gare du Midi, comme ceux des salles que le Ballet continuera à parcourir de par le monde. Bien sûr que je pense à toute l'équipe du Ballet, à commencer par tes compagnons de route depuis le début de l'histoire Malandain, comme à ceux qui se sont retirés de la scène et à tes collègues de l'ombre. Tous doivent se sentir bien seuls et orphelins. Mais je pense surtout à Dominique, et Domi, je t'adresse mes plus sincères, affectueuses et tendres pensées. Je t'embrasse très fort. Oswald, merci pour tout. Et à la revoyure, un jour ou l'autre !
n Stéphane Bellocq - photographe
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Montage aux Arènes de Bayonne © Olivier Houeix Visite Gare du Midi © Olivier Houeix
Un grand Homme s’en est allé, lui aussi, rejoindre trop tôt les étoiles... Oswald ! Que dire quand on a des sanglots dans la voix ? Que dire quand une fois de plus la Vie fauche à tout va les gens que l’on porte dans nos cœurs ? Que dire à cette fatalité si subite, si morbide ? Sûrement pas grand-chose ou du moins rien qui ne serait assez haut pour surmonter l’humanité et la gentillesse que tu portais si naturellement. Dire que tu vas nous manquer ? Mais a-ton besoin de le dire ? Bien évidemment que tu vas manquer à cette troupe qui était sûrement tes enfants, tes frères, tes pairs !!! Tu avais la danse jusqu’au bout des ongles et personne ne dira le contraire tant ta Vie était consacrée à cela mais pas seulement, tu étais toujours à l’écoute des autres, à être soucieux du bien-être de chacun, de Thierry jusqu’au dernier des techniciens et rien ne se faisait sans humanité tant ton cœur nous aimait à toutes et à tous... Rien ne sera jamais plus pareil mais tu resteras, j’en suis sûr, toujours dans la coulisse de chaque spectacle ton chrono à la main et ton œil rivé sur chaque pas de danse de « tes » artistes. Notre peine est si grande et sans nom que tu restes à jamais dans nos cœurs. Tu étais un Géant et le monde du spectacle t’offre le plus grand Respect qui soit !!! Repose en Paix mon Ami et promet moi que ta prochaine participation à un spectacle sera de faire danser les étoiles dans le ciel...
n Guy Martial - technicien
Mort d’un cygne Oswald Roose, directeur technique du Malandain Ballet Biarritz n’était pas que cela ! Il accompagnait, après une brillante carrière de danseur et une formation adaptée Thierry Malandain depuis 1986. Il s’en est allé le 31 octobre laissant orpheline la troupe dont il était un pilier essentiel. Pour l’avoir connu et côtoyé à maintes reprises, son absence se fera lourdement sentir désormais. Outre sa gentillesse, sa disponibilité de tous les instants malgré un emploi du temps souvent très surchargé, tournées obligent, nous appréciions sa compétence, son regard vif et incisif qui savait avec délicatesse et créativité créer l’écrin des gestuelles magnifiques de son complice chorégraphe de toujours ! En mai dernier, il nous avait confié trois magnifiques costumes d’inspiration russe pour notre exposition à la Crypte SainteEugénie sur les russes à Biarritz, robes qui devaient accompagner les créations de Christophe Pavia. Il nous avait conduits avec une gentillesse incroyable dans cette caverne d’Ali Baba que sont les costumes du Malandain Ballet, hors du temps. Une balade somptueuse qu’il avait pris le temps de nous faire découvrir avec ce sourire malicieux et amusé devant les néophytes que nous étions, comme des enfants qui découvrent l’île aux trésors. Il s’entourait toujours des meilleurs créateurs, à commencer par Fred Vadé, aux décors et accessoires, dans cet atelier d’Iraty, véritable capharnaüm d’une beauté insensée. Grand ordonnateur des costumes, il pouvait, en quelques mots, vous raconter leur histoire même s’ils n’étaient plus utilisés depuis 30 ans et nécessitaient quelque improbable nettoyage qui ne se ferait jamais. Véritable mémoire de la compagnie, il savait se faire discret et néanmoins distiller quelques
pans d’histoire magnifiques pour peu qu’on l’interrogeât. Il supervisait les répétitions dans toutes ses dimensions techniques, courant d’une scène à une console de son, d’une régie lumière au local des costumes et accessoires, toujours en alerte avec passion par souci de l’excellence. Mais dans une autre vie, il fut un danseur flamboyant. Ecole royale d’Anvers, puis l'École Mudra ouverte à Bruxelles par Maurice Béjart. En tant que danseur professionnel, il a dansé au Ballet du XXe Siècle de Maurice Béjart et au Ballet Théâtre Français de Nancy. Il a ensuite suivi une formation à la régie générale au Centre de Formation Professionnelle de Technicien du Spectacle à Bagnolet. On me dira que les cimetières sont emplis de gens irremplaçables mais lui le sera vraiment. Apprendre sa mort subite fut un choc pour nous et on imagine la dévastation qui vit la troupe à commencer par Thierry Malandain et ses proches. C’est un autre Malandain Ballet Biarritz qui va devoir aujourd’hui se réinventer sans lui, se vivre sans lui, se penser sans lui, s’organiser surtout sans lui, dans une tourmente que l’on imagine assez. Show must go on certes mais à quel prix et comment ? Il sera toujours notre fantôme de Malandain.
n Catherine Clerc - Mag Mozaik / La Semaine du Pays Basque
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Oswald Roose, Thierry Malandain, Didier Chazeaux, Angélito Lozano, Jessica Funt, Symphonie en D de Jirí Kylián, © photo Pierre Petitjean, 1983 Oswald Roose et Chloé Brèneur © Olivier Houeix
Irma Hoffren & Mickaël Conte, Noé © Olivier Houeix
ACTIVITÉ
février au Zuiderstrandtheater de La Haye et le 6 février au Nieuwe Luxor Theater de Rotterdam. Enfin en mars, accompagnée du Deutsche Staatsphilharmonie RheinlandPfalz, la Belle et la Bête sera donnée en Allemagne les 2 et 3 mars à Ludwigshafen, puis en Belgique à Anvers les 10 et 11 mars au Stadsschouwburg avec l’orchestre symphonique belge La Passione. Entre temps, sur des musiques de Frédéric Chopin, les danseurs entreront en répétition d’un nouvel opus de Thierry Malandain : Rêverie romantique qui sera créé le 20 avril à Biarritz lors de la 3e édition du festival Les Beaux Jours dirigé par Thomas Valverde.
Noé © Olivier Houeix
A
près avoir franchi le seuil de la nouvelle année avec cinq représentations de Cendrillon à l’Opéra de Rennes, 2018 se poursuivra par seize représentations en France, Suisse et Italie avec Noé, Boléro, Une Dernière chanson, la Mort du cygne, Nocturnes et Estro. Suivront trois représentations de la Belle et la Bête aux Pays-Bas dans le cadre du Holland Dance Festival : les 2 et 3
Mais avant, les 17 et 18 mars, dans le cadre de la coopération territoriale avec le soutien de la Communauté d’Agglomération Pays basque, le Malandain Ballet Biarritz donnera Une Dernière chanson, la Mort du cygne et Nocturnes au Complexe SaintLouis de Saint-Palais.
Claire Lonchampt & Baptiste Fisson, Noé © Olivier Houeix
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LA DANSE À BIARRITZ # 72
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Joseph Hansen
Cléo de Mérode & Hansen, les Danses anciennes © Benque & Cie, 1894
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horégraphe fécond auquel Jane Pritchard, Curator of Dance au Victoria & Albert Museum de Londres consacra en 2009 une étude titrée : The great Hansen (1), Joseph Hansen, naquit à Bruxelles, le 8 mars 1842. Fils de Marie Joséphine Van Seven et de Simon Hansen, tapissier, c’est entre six et dix ans qu’il entra au Conservatoire de danse de Bruxelles qui depuis l’établissement de son règlement par Jean-Antoine Petipa en 1826, fournissait la troupe du Théâtre royal de la Monnaie. « C'est moi, qui lui ai mis son métier dans les pieds » (2) dira Alexandre Bertotto. En effet, pendant deux ans au moins, Hansen suivit les leçons du toulousain. Fils d'un maître à danser du Collège de Sorrèze (Tarn), Bertotto, passé par Marseille et Lyon avait été reçu 2e danseur à la Monnaie en septembre 1861. Six mois plus tard, la mort à 43 ans d’Emile-Victor Rouquet laissant vacantes les places de 2e maître de ballet et de professeur des élèves, on le désigna pour ces fonctions. Né à Bruxelles en 1818, Rouquet, le premier maître de Hansen, avait lui-même été formé au Conservatoire par Jean-Antoine Petipa, le père de Lucien et Marius Petipa. Ayant dansé à Bruxelles, Marseille et Madrid, il dirigeait l’école depuis 1849 tout en cumulant les postes de danseur comique et de second des maîtres de ballet en place. Nommons : Adrien Renoux, Henri Desplaces et Henri Justamant, puisqu’ils participèrent aussi à la formation de Hansen. En effet, les élèves les plus capables étaient régulièrement requis pour compléter la troupe : un bataillon de 20 figurants-danseurs des deux sexes, 26 dames et 12 hommes dont Hansen fit partie avant d’être reçu 2e danseur comique en 1864. Il avait 20 ans et sous les ordres du bordelais Hippolyte Sornet, dit Monplaisir, durant la saison 1864-65, c’est-à-dire de septembre à avril, il enchaîna les divertissements d’opéras, quatre nouveaux ballets et huit reprises parmi lesquelles deux succès parisiens : la Sylphide (1832) et Giselle (1841) dont nous reparlerons. Mais aussi le Jugement de Pâris (1861) de Francisco dos Santos Pinto, que Monplaisir et Jean-Baptiste Portet, dit Page avaient réglé à Bordeaux avec Adolphe Vincent dans le rôle-titre. 1er danseur noble possédant la légèreté et la force, en 1865-66, Vincent devint maître de ballet à la Monnaie. Ne dansant pas avec le même éclat, mais estimé dans les rôles de caractère, Hansen passa régisseur de la danse. Glissons qu’il sera dit « professeur de maintien » au mariage de sa sœur Isabelle avec Henri De Perre, peintredécorateur en novembre 1865. Par la fonction de régisseur, il avait la main sur la
mise en scène et la chorégraphie, mais aussi sur le personnel et devait veiller à la bonne marche des spectacles. C’est ainsi que le départ de Vincent l’amena à collaborer en 1866-67 avec Joseph Mazilier, dont il dansa en mars, une Fête au port (1867) d’André Bernier. Pour ainsi dire le dernier ballet du marseillais, puisque celui-ci mourut en mai 1868 après avoir remis en scène le Corsaire (1856) à l’Opéra de Paris. Lui succéda, Alfred Lamy, 1er danseur noble venant de Bordeaux. Chorégraphe « d’une originalité saisissante », Lamy qui multiplia les allers-retours entre la Belgique et la Gironde, aurait dansé à Biarritz. Le hasard en fournira peut-être un jour la preuve. En attendant, sur des airs de Charles Haring, il livra à Bordeaux ses impressions de San Sebastián dans la Perla de Guipúzcoa (1889) et régla les danses d’Aïda de Verdi aux Arènes de Bayonne en 1901. Danseur et régisseur, à l’arrivée de Lamy, Hansen devint 2e maître de ballet. Outre la reprise de Terpsichore sur terre (1847) que Jean-Baptiste Barrez avait créé à Bruxelles pour Carlotta Grisi, parmi les cinq créations de 1867-68, citons la Fée amoureuse d’Oscar Stoumon, dans laquelle Lamy distribua sa femme, Jeanne et son frère Edouard. Toujours sous ses ordres, la saison suivante connut trois nouveautés et trois reprises dont Giselle, qui allait quitter la scène de l’Opéra de Paris. Sortie discrète, puisque le 26 octobre 1868, Adèle Grantzow et Louis Mérante ne dansèrent que le 1er acte après le Trouvère de Verdi. Car à l’inverse de la Russie où deux fois par semaine la danse profitait seule de la scène, en France, en Belgique, il était inconcevable qu'une soirée entière lui soit dédiée. Giselle ayant le mérite peu commun d'émouvoir, l’Opéra envisagea « une splendide reprise » en 1869, elle resta sans suite. Ce qui conduira à prétendre que le ballet imaginé par Théophile Gautier et Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges ressuscita au pays des tsars en 1884 grâce à Marius Petipa et revint en France à l’Opéra de Paris en 1910 avec les Ballets russes de Serge Diaghilev. Une fable que nous allons essayer de tuer, car notre histoire chorégraphique ne se limite pas aux échanges franco-russes et l’Opéra de Paris n’est pas la France. En effet, après avoir quitté l’affiche parisienne, le ballet poursuivit son tour de l’univers et fut joué en France au-delà de 1868. Mais puisque c’est de Bruxelles qu’Hansen le rapatria avant Diaghilev, retournons en Belgique. Créé le 28 juin 1841 à l’Opéra pour Carlotta Grisi et Lucien Petipa dans le rôle d’Albert, Giselle de Jean Coralli et Jules Perrot parut à la Monnaie, le 22 mars 1842. Jean-Antoine Petipa dirigeait la troupe et Elise Varin alla tout exprès à Paris étudier le rôle. En représentation, Lucien Petipa dansera « le pur chef d’œuvre » d’Adolphe Adam en 1844. Ensuite, le bruxellois Henri Desplaces, qui avait « obtenu un succès
LA DANSE À BIARRITZ # 72 honorable » dans Albert à l’Opéra en 1842 auprès de la bordelaise Elisa Bellon, reprit le ballet en 1849 et 1850. Après quoi, le girondin Henri Justamant, auteur en 1860 de notes titrées : « Mise en scène de Giselle par M. Justamant », l’afficha en 1857 et 1862. Il avait dansé Albert en 1847 à Bordeaux où le ballet avait été remonté par Coralli en 1841. Suivront Alfred Lamy en 1868, William Holtzer en 1870. En tournée, le Ballet Viennois de Katti Lanner en 1872, Hansen en 1873, probablement aidé par Lucien Petipa, puisque non réintégré dans ses fonctions de maître de ballet à l’Opéra, après un accident de chasse, le créateur d’Albert dirigeait le Conservatoire à Bruxelles. À nouveau Lamy en 1874, le bordelais Oscar Poigny en 1881 avant Hansen à Paris en 1903. Entre temps, Michel-Ange d’Alessandri, interprète italien d’Albert l’avait repris au Grand Cercle d'Aix-les-Bains en 1899, mais c’est une autre histoire. Pour reprendre le fil, en 1868-69, le 26 décembre eut lieu un autre événement : les noces de Joseph Hansen avec Hortense Dekoster, couturière. Un jour solennel légitimant la naissance de Marie-Adrienne, le 9 juillet 1865 à Bruxelles et celle des enfants qui allaient venir : Armand, le 5 novembre 1869 à Saint-Josse-ten-Noode et Marie-Gabrielle, le 1er mai 1871 à Anvers. En 1869-70, sous la nouvelle direction de Jules-Henry Vachot, qui entre autres réformes rétablit la claque à la Monnaie, Lamy céda sa place à Xavier Hus. Pour des raisons ignorées, ce dernier régla peu de choses, ce qui permit à Hansen de signer ses premiers titres : Divertissement, le 15 octobre, une Fête nautique de Gustave Lagye, le 11 janvier 1870 et les Belles de nuit d’Oscar Stoumon, le 16 mars. Pour autant, au départ de Hus, Hansen ne passa pas maître de ballet en pied, Vachot, lui préférant William Holtzer, en poste à Liège avec son épouse Marie Maury. Leur fils Charles, né à Bordeaux sera chef de ballet à Biarritz en 1912 et 1913. En attendant, alors que le canon tonnait en France depuis juillet, la saison 1870-71 fut particulièrement brillante, vu que les grandes voix qui avaient fui la capitale cernée par le feu prussien se firent entendre à la Monnaie. En revanche, la danse ne profita pas d’invités de marque et la troupe resta stable à l’exception de l’engagement d’Adelina Théodore venue de Marseille. C’est pour elle et le parisien Théodore Charansonney qu’Holtzer reprit Giselle, monté par ses soins en divers lieux comme à Montpellier en 1858. Sans quoi, Hansen ayant rejoint le Théâtre royal d’Anvers, il y créa, le 2 octobre 1870, les Fleurs animées de Gustave Lagye et un Rêve doré, le 3 février 1871. Rappelé par Vachot en tant que maître de ballet, Hansen reparut à la Monnaie en 1871-72. Outre les ballets d’opéras, on retiendra, le 14 octobre, les Nations. Puis sur des airs d’Oscar Stoumon, la reprise de la Madone
(1871) d’Antoine Chapuis. 2e maître de ballet en 1870-71, le girondin était mort en fin de saison des suites d'une pneumonie. Enfin, le 29 novembre, Coppélia (1870) qu’Hansen fut le premier à reproduire : « voyage à Paris du maître de ballet 150 frs » précise Vachot, qui pour satisfaire ses abonnés publia le coût de la reprise. Conjuguant les talents de Charles Nuitter, Léo Delibes et du chorégraphe Arthur Saint-Léon, Coppélia, ballet en 2 actes et 3 tableaux avait été créé à l’Opéra le 25 mai 1870 avec le Freischütz de Carl-Maria von Weber en lever de rideau. Soirée interminable, qui vit nombre de spectateurs partir avant la fin, même si depuis 1866, la « grande boutique » n’avait pas offert de nouveau ballet : « l'Opéra se croit obligé de nous congestionner d'admiration » (3) dira Gustave Bertrand. Mais, Emile Perrin, le directeur entendant aussi : « Coppélia a des parties amusantes, mais gagnerait à être écourté d'un bon tiers », (4) il ordonna de tailler dans le 3e tableau. Tiré du Chant de la cloche de Friedrich von Schiller, il avait pourtant convaincu Théophile Gautier : « cette fois nous avons vu que même en ballet, un peu de poésie et de littérature ne gâte rien » (5). Qu’importe, dès 1872 (6) on coupa la Fête de la cloche. Contraint ou pas, en 1871, Hansen avait déjà amputé le ballet de son final allégorique. Il le reprendra le 17 mai 1896, à Paris, au Cercle de l'Union Artistique : « la partie plus goûtée de la soirée a été la Fête de la cloche du 3e tableau de Coppélia. Mlle Zambelli a enlevé la salle avec sa grâce et sa virtuosité, secondée admirablement par Mlles Chabot, Robin et les autres divinités mineures du corps de ballet de l'Opéra » (7). Mais en 1871, Saint-Léon ne pouvait plus rien contester, victime d’une attaque d’apoplexie, il était mort le 2 septembre 1870. Le lendemain, Napoléon III capitulait à Sedan, 15 jours plus tard les prussiens encerclaient la capitale. Huit mois de privations et s'ajoutant à d’autres maux, une épidémie de variole, qui le 23 novembre enleva Giuseppina Bozzacchi, le jour de ses 17 ans. « Enfant sublime », elle avait brillamment tenu ses promesses dans le rôle de Swanilda. Disparu aussi Coppélius, François-Edouard Dauty. Échappera à ce désastre, Franz, l’amoureux de Swanilda : « un jeune garçon beau comme Apollon, Mlle Fiocre en travesti (8) ». Autrement dit, Eugénie Fiocre dont « les formes aphrodisiaques » ravirent les abonnés et autres fanatiques de la lorgnette pour lesquels la danse était incompatible avec la virilité et qui depuis longtemps n’avaient qu’un cri « Des femmes ! Rien que des femmes ! », Coppélia les exauça. Ils payaient, donc ils étaient les maîtres. Chorégraphe amoureux de perfection, le danois August Bournonville avec lequel Hansen aurait complété sa formation ne le dit pas autrement : « l’Opéra cessa d’être une institution d’arts et devint une affaire ». Et pour plaire à une clientèle « qui
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Hansen caricaturé par Charles Ginaud
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LA DANSE À BIARRITZ # 72
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devrait chercher ailleurs des plaisirs plus conforme ses inclinations », « les messieurs réduit à l’état de comparses, ne figuraient que dans les cas les plus urgents et comme un inconvénient inévitable » (9) note encore celui qui loin des engouements de la capitale conféra toujours au danseur une importance équivalente à celle de la ballerine. Contre l’opinion du peintre et critique d’art, Henri Delaborde, qui ayant sagement refusé le poste de Ministre des Beaux-Arts que lui offrait Napoléon III écrivait en 1870 : « Je n'ai pas d'expression pour traduire le dégoût que les danseurs m'inspirent ; aussi je propose tout uniment l'abolition totale de leur sot métier » (10). Et Saint-Léon dans tout cela ? En 1856, dans De l’état actuel de la danse, « le diable d’homme » écrira : « Le public eu parfaitement raison de crier " à bas le danseur ". Le danseur n'ayant pas su se tracer un nouveau sillon selon le goût de l'époque, a fait fausse route, perdu l'école, et est ainsi tombé par sa propre faute dans les utilités désagréables ». Par sa faute vraiment ? On comprend mieux ce cri d’alarme : « chorégraphes français. Saint-Léon, votre confrère à tête chauve, n'est pas un frère » (11). À sa décharge, le 14 septembre 1869, une lettre adressée à Nuitter dans laquelle, il propose Alfred Bekefi, futur créateur du Lac des cygnes d’Hansen pour le rôle de Franz : « Il joue pas mal la pantomime, assez gai dans les choses comiques. Il manque des hommes dans le personnel de la danse, peut-être pourrait-on s’en servir. Veuillez, s’il vous plaît en parler à M. Perrin. Il ne demandera pas grand-chose, je crois, et il a le chic qui manque à nos Zéphirs en blouse dans les pas slaves. Sinon, non ne parliamo piu » (12). On n’en parla plus, car guidé par le désir de plaire et le besoin de vivre de son art, Saint-Léon céda à Emile Perrin. C’est ainsi que le premier théâtre d’un pays auquel on prête le génie des modes lança la spécialisation de « travesti dansant ». Sacrifiant à cet usage dit, « à la française », tout en se réservant le rôle de Coppélius, Hansen confia en 1871 à Bruxelles celui de Franz à Giusepinna Invernizzi, de l’Opéra. « Parlant aux sens avec sa bouche exquise et sa taille assez excitante » (13), elle retrouvera Paris en 1880 pour remplacer Fiocre dans les travestis. Pour l’heure, laissant de côté, Théodore Charansonney, danseur d’un vrai mérite « comme nous n'en avons presque plus en France » (14), c’est au bras d’Adelina Théodore, « l’une des premières ballerines du moment » qu’elle parut le 29 novembre 1871. « Réussite heureuse » (15) résuma la critique. La saison d’après sous la direction de François Avrillon, ex-secrétaire de l’Opéra, qui renforça les chœurs, mais aussi le ballet porté à 60 sujets, entre Coppélia, Giselle et la Madone, le 14 octobre 1872, Lucien Petipa remonta le Marché des innocents (1861) que son frère Marius avait créé à l’Opéra, tandis que le 4 mars 1873,
Hansen donna les Fleurs animées (1870). Ce ne sont naturellement pas ces deux ballets d’un acte qui menèrent Avrillon à la ruine, mais lorsqu’Auguste Deloche, dit Campocasso lui succéda, il y avait plus de 20 ans qu'on n'avait pas vu une faillite à la Monnaie. C’est pourquoi la seule nouveauté en 1873-74 fut la reprise, le 5 janvier d’un titre parisien d’Ernest Guiraud, Nuitter et Mérante, Gretna-Green (1873). Malgré l’arrivée de la brillante Adelina Gedda, maîtresse de ballet à Biarritz en 1907 et le retour de Lamy et de son épouse, 1874-75 ne connut que Giselle et Coppélia. On se repliera donc sur un élément auxiliaire, mais significatif, le salaire mensuel des artistes cités : Hansen, maître de ballet, 550 frs ; Alfred Lamy, 1er danseur, 650 frs; Jeanne Lamy, 1ère danseuse noble, 1.400 frs ; Adelina Gedda, 1ère danseuse de caractère, 650 frs. En comparaison, le ténor Marius Salomon touchait 4,500 frs, tandis que la soprano Marie Sasse, 1.250 frs par représentation, « la onzième gratuite » tout de même. Laissant les rênes de la troupe à Lamy, en juillet 1875, Hansen signa à Paris au Théâtre de la Gaité, dont le service de presse annonça : « M. Hanselme, de Bruxelles est nommé maître de ballet » (16). Depuis le 11 juin, date de la 485e, on y donnait la Chatte blanche (1852) féerie de Théodore et Hippolyte Cogniard qui avait fait merveille à l’Alhambra de Bruxelles en 1872. Aux trois ballets réglés par Alexandre Fuchs-Taglioni, Hansen ajouta les Filles d’Eve avec 120 costumes d’Alfred Grévin. Toutefois on ignore s’il fut dansé le 16 août comme prévu, car le maestro André Rosenboom disparut dit-on en emportant sa partition. Néanmoins, en novembre, décors et costumes partirent pour le Queen's Theatre de Londres. Mais après la première du 2 décembre, la critique s’étant montrée sévère à l’endroit du succès parisien, il fut nécessaire de suspendre les spectacles. Remplacé à la Gaîté par Justamant en janvier 1876, Hansen ne reparut à la Monnaie qu’en 1876-77 pour superviser Coppélia, Gretna-Green et les Fumeurs de kiff de Lamy. Cependant, parmi les opéras entendus pour la première fois à Bruxelles, il collabora à Aïda monté à grand frais le 15 janvier 1877. La saison d’après, parmi les nouveautés, outre la Vision d’Harry, ballet de Henri Balthasar-Florence créé le 25 décembre 1877, ce fut Paul et Virginie de Victor Massé, le 10 novembre 1877, puis Cinq-Mars de Charles Gounod, le 11 janvier 1878. Six mois plus tard, le 1er juin, Hansen reprenait à Londres la Bamboula de Paul et Virginie. Engagé par Frederic Gye, directeur du Théâtre royal Italien de Covent Garden, il était alors chef de la danse pour la saison d’été. Elle courait d'avril à juillet et jusqu’en 1884, le chorégraphe à « la science impeccable » ajoutera son nom à une quinzaine d’opéras. Il retrouva toutefois la Monnaie en 1878-79 sans
LA DANSE À BIARRITZ # 72 création particulière hormis le Timbre d’argent de Camille Saint-Saëns, qui lui offrit le meilleur accueil, le 10 février 1879 : « la valse infernale du dernier acte, admirablement mise en scène, valut à M. Hansen une ovation des plus flatteuses » (17). Après quoi, laissant la scène de son enfance, il se partagea entre l’Angleterre et la Russie où son habileté fut ainsi saluée:
première fois en Russie. En fidélité à SaintLéon, Lydia Geiten était Swanilda, tandis qu’Anna Nikolskaïa jouait Franz en travesti. Deux ans plus tard, le 25 novembre 1884, Petipa reprendra le ballet avec Varvara Nikitina et Pavel Guerdt, « le dernier des amoureux-danseurs » (21) dixit Le Figaro. Inexact, car en 1896, Hans Beck et Vittorio de Vincenti danseront respectivement Franz à Copenhague et Milan.
« Les journaux de Moscou font le plus grand éloge du nouveau ballet : la Fille de l'Enfer, composé par M. Hansen, qui est aussi maître de ballet de CoventGarden. Le czar a voulu assister à la deuxième représentation de l'ouvrage, et après avoir donné à plusieurs reprises le signal des applaudissements, est allé lui-même sur la scène complimenter l'artiste de son grand succès. Moscou possède, comme on sait, une des premières écoles de ballet d'Europe. Il n'y manquait depuis longtemps qu'un homme de talent pour mettre en jeu ces précieuses ressources » (18).
Après Coppélia, l'abolition le 24 mars 1882 du monopole impérial sur les théâtres ouvrit le monde du spectacle à la concurrence et entraîna une série de réformes en Russie. Le contrat d’Hansen prit alors fin, tandis qu’en septembre 1883, P.M. Pchelnikov le nouvel intendant du Bolchoï congédia 120 danseurs sur 225 avant de choisir Alexei Bogdanov comme chef de ballet. Hansen fut toutefois
Créé le 16 novembre 1879 sur une musique de Nevkour, la Fille de l'Enfer marqua l’engagement d’Hansen au Théâtre impérial de Moscou. Il succédait au tchèque Václav Reisinger, créateur en 1877 du Lac des cygnes de Tchaïkovski avec Olga Nikolayeva et Victor Gilbert dans les premiers rôles. Le 13 janvier 1880, Hansen offrit au Bolchoï une nouvelle version avec Yevdokiya Kalmikova et Alfred Bekefi. Puis une seconde, le 28 octobre 1882 avec Lydia Geiten et Bekefi avant que le ballet ne quitte la scène moscovite le 2 janvier 1883. 41 représentations plus tard, ce qui ne constitue pas un naufrage comme on l’affirme souvent, en 1888, le tchèque Augustin Razesberger, dit Berger, réglera l’acte II à Prague : « un moment de bonheur absolu » dira Tchaïkovski, en l’honneur duquel, Lev Ivanov, le second de Marius Petipa proposa le même acte à St-Pétersbourg en 1894. L’année suivante, Ivanov et Petipa signeront le ballet en entier. Créditant la réputation de « bouche » des marseillais, Marius le bien nommé notera dans ses Mémoires : « le Lac des cygnes fit un triomphe sur la scène pétersbourgeoise. Tchaïkovski, ravi, répétait à qui voulait l'entendre qu'il n'écrirait jamais de ballet pour quelqu'un d'autre que Petipa » (19). Au vrai, Tchaïkovski était muet sous la tombe depuis deux ans. Pour revenir à Hansen, « le grrrand Hansen » (20) écrit Serge Lifar ajoutant qu’il faisait craindre à Petipa d’être chassé de St-Pétersbourg, après le Lac des cygnes, vint une Fête d’été à Paris, le 17 février 1880. La saison d’après, le 8 février 1881, ce fut Aïssa, la perle d’Aden, ballet en 4 actes de Yuli Gerber, compositeur, le 15 décembre d’Eglé, la bergère, ballet pastoral destiné aux élèves de l’école. Enfin, le 24 janvier 1882, Coppélia pour la
sollicité par l’impresario Mikhaïl Lentovski, propriétaire à Moscou d’un théâtre de fééries au jardin de l'Ermitage. C’est ainsi qu’il signa entre autres, le 12 décembre 1883, les deux ballets du Voyage dans la lune (1875) de Jacques Offenbach dont Lentovski, transporta les séductions au Kin Grust de St-Pétersbourg, le 16 juin 1885. L’occasion pour Hansen de retrouver la divine Virginia Zucchi avec laquelle il avait réglé plusieurs titres au Covent Garden en 1878. Passé le Voyage dans la lune, on revit Zucchi, le 21 juillet dans les Pommes d’or (1883) opérette-féerie d’Edmond Audran après quoi Hansen quitta Moscou pour Londres. Attaché depuis 1879 au Covent Garden où il réglait notamment les ballets d’opéras, le dernier étant Sigurd d’Ernest Reyer, le 15 juin 1884, depuis avril, Hansen était aussi
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Astarté, croquis de Hansen dans l’Art du Théâtre, avril 1901
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LA DANSE À BIARRITZ # 72 chef à l’Alhambra. À la tête de la troupe de ce music-hall londonien, il succédait à Aimé Bertrand, de l’Opéra qui pour l’anecdote avait dansé la Czardas de Coppélia en 1870 et sera le premier à reproduire le ballet à Londres, le 8 novembre 1884 à l’Empire Theatre. Alice Holt dansait avec Betsy Simmons, dite Sismondi en travesti, mais sans doute Bertrand se voulait-il à la pointe de la mode, puisqu’elles feront couple dans Giselle, le 24 décembre 1884. Hansen débuta à l’Alhambra, le 12 avril 1884 avec l’Etudiant mendiant, opérette de Carl Millöcker dont « la mise en scène, particulièrement celle du ballet, est d'une richesse qui serait extraordinaire, si elle n'était familière à l'Alhambra » (22). Ensuite, avec Georges Jacobi, compositeur et chef d’orchestre dont la musique entraînait autant les danseurs que le public, il enchaîna une dizaine de ballets parmi lesquels on retiendra, le 12 décembre 1884, les Cygnes. Inspiré de l’acte II du titre de Tchaïkovski, il s’agissait plutôt d’un divertissement, puisque la législation anglaise sur les théâtres n’autorisait pas l'Alhambra à présenter des ballets avec action. Toutefois, avec ses cygnes mécaniques traversant la scène, il permit d’encaisser des recettes fabuleuses. Hansen redonna « ce bijou de chorégraphie » le 20 mai 1886 au Théâtre de la Bourse à Bruxelles, puis le 29 avril 1894 à Paris au Cercle de l’Union Artistique avec 20 danseuses de l’Opéra : Rosita Mauri était la reine des cygnes tandis que Mathilde Salle personnifiait le chasseur Roland. Enfin, les succès ayant la vie dure, Mariquita s’en emparera aux Folies-Bergère le 8 janvier 1896.
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Pedro Gailhard © Nadar
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Après, les Cygnes, Hansen créa Mélusine, le 22 décembre 1884 avant de retrouver Moscou pour le Voyage dans la lune et les Pommes d’or dont nous avons déjà parlé. De retour à Londres, ce fut Nina l’Enchanteresse, le 5 décembre 1885 et le Bivouac, le 21 décembre. Entre temps engagé à Bruxelles pour la saison 1885-86, le 30 décembre, il inaugura le Théâtre de la Bourse avec Nina l’Enchanteresse déjà joué 100 fois à l’Alhambra puis passa à la Monnaie, où parmi les 30 opéras affichés par la direction d’Henry Verdhurt, il créa les Templiers d’Henry Litolff, le 25 janvier. Sans quoi, outre Coppélia et Ondine (1843), enfin ce qu’il restait des 3 actes de Jules Perrot, puisque le 10 janvier, le ballet passa après deux opéras eux-mêmes coupés. Le 18 mars, ce fut Pierrot macabre, ballet fantastique de Pietro Lanciani et Théo Hannon dont il partagea le rôletitre avec Félix Duchamp, appelé jadis « Vestris II » en raison de sa virtuosité. Plus jeune et donc plus agile, le 1er danseur Georgio Sarraco était Arlequin. Parmi les 15 hommes de la troupe figurait aussi Philippe Hansen. On ignore s’ils étaient parents, mais il fera également carrière comme chorégraphe. En attendant, après un aller-retour à Londres, le 16 avril
Hansen reprit à la Bourse, Mélusine, titré le Palais de Mélusine, puis le 1er mai, un succès de Frédéric-Auguste Blache, Joko, ou le singe du Brésil (1825), enfin les Cygnes, le 20 mai. Laissant son poste à Sarraco, chef de ballet en 1911 à Biarritz, en 1886-87, Hansen fut salué sur diverses scènes britanniques jusqu’à Algeria, 11 juillet 1887, à l’Alhambra. Puis succédant à Louis Mérante mort le 17 juillet, il devint à 45 ans, maître de ballet à l’Opéra. Dans l’intervalle Edouard Pluque, régisseur de la danse fit l'intérim. Grand et bel homme, Pluque avait accompli sous Napoléon III son service militaire dans les cent-gardes, un corps de cavalerie d'élite qui escortait l’Empereur jusqu’à Biarritz. « Est-ce ce suppléant qui sera nommé ? » s’interrogea la presse, avant de considérer Hansen comme « une très précieuse acquisition » : « M. Hansen exerce dignement son art […] et pour tous ceux qui ont pu le voir à l'œuvre et l'apprécier, il est absolument digne du choix qu'ont fait de lui MM. Ritt et Gailhard » (23). Négociant reconverti en directeur de théâtre et ex-baryton dont la voix faisait trembler le personnel, Eugène Ritt et Pedro Gailhard avaient été nommés en 1884 par Armand Fallières, ministre de l’Instruction publique et des BeauxArts pour « sortir l'Opéra de sa torpeur légendaire » (24). Ils se mirent aussitôt à la besogne. Mais dans un contexte économique tendu, accusés de tout résumer à la comptabilité, de manquer d’ambition artistique et de ne pas tenir l’engagement d’un ouvrage nouveau par an, ils écopèrent dans les journaux dévoués à la cause artistique. Ainsi, Henri Moreno, alias Henri Heugel, propriétaire du Ménestrel batailla rudement : « Ah ! si la justice était de ce monde et si nos hommes politiques avaient quelque souci de l'art […] le ministre les aurait pris au collet et jetés sur la place de l'Opéra, avec un coup de pied "occulte" » (25). De fait, en 1890, la Commission du budget déclara « qu'elle avait le regret de constater que le cahier des charges n'était pas exécuté par la direction et que l'administration des Beaux-Arts n'avait pas tenu la main à l'exécution dudit cahier des charges » (26). C’est pourquoi, bien que leur mandat se soldat par une hausse des recettes, le privilège de Ritt et Gailhard ne fut pas reconduit en 1891. Un soulagement, si l’on en croit Moreno, qui notera au sujet de Gailhard : « l'éminent directeur vient d'acheter une fort belle villa à Biarritz, où il a l'intention de passer une grande partie de l'année. Qu'il y reste le plus longtemps possible ! » (27). Mais, ne pouvant tenir en place, de 1893 à 1907, le conseiller municipal de « Gailhard-plage » occupera encore le fauteuil directorial de l'Académie nationale de musique et de danse qu’il appelait solennellement « le premier théâtre du monde ». Ce qui prête à sourire, puisqu’en 20 ans, de 1887 à 1907, Hansen
LA DANSE À BIARRITZ # 72 Paris », Hansen resta : « il reçut souvent de brillantes propositions pour aller monter des ballets en Angleterre et en Russie. Il les refusa, préférant rester à l'Opéra où l'art du chant et de la danse domine le monde entier » (32).
n’y créera que six ballets et diverses pièces de circonstances. Alimentant le fantasme d’une suprématie couronnée partout dans le monde, la presse appellera cela : « tenir haut et ferme le drapeau de la danse classique française » (28). En revanche, sauf la bacchanale de Tannhäuser dont Virginia Zucchi se chargea en 1895, « le distingué maître de ballet » réglera 35 divertissements d'opéras parfois donnés séparément. Au regard de la production d’autres théâtres français et étrangers, rien qui ne justifie les superlatifs de supériorités d’autant que les soirées avec ballets étaient quasi un évènement. « À propos de ballets, voulez-vous savoir comment l'art chorégraphique est encouragé ? » demande Charles Martel, alias Charles Demestre (29). Et cet ami de Clémenceau, de révéler qu’en 1887-88, (première et pire saison d’Hansen) on n’afficha que trois fois Coppélia et dix fois les Deux Pigeons (1886) d’André Messager et Louis Mérante. D’où le manque de motivation de la troupe : « Voyez-vous, pendant des années et des années, les mêmes rôles éternellement tenus par les mêmes artistes. Comment ne voulez-vous pas que cela ne tue point toute émulation ? » (30) dira la napolitaine Emilia Laus. D’où cet aveu d’Hansen à la création de la Maladetta (1893) : « le corps de ballet de l'Opéra de Paris est un des plus indisciplinés et des plus flegmatiques qui soient en Europe. Comment voulezvous arriver à répéter sérieusement lorsque, comme le fait s'est passé samedi dernier, la moitié des danseuses manquent à l'appel. Et songez, que c'était la dernière répétition avant la générale » (31). On imagine le désarroi du chef de ballet dont la charge imposait le devoir de se taire ou de partir. Mais « adorant son art et adorant
C’est en septembre 1887, après avoir assisté, le 25 août à l’examen de la danse retardé par la mort de Mérante, qu’Hansen prit possession de son poste pour régler la Fête des fous de la Dame de Monsoreau. Un opéra de Gaston Salvayre, créé le 30 janvier 1888, dont le divertissement fit de l’avis général « grand honneur au nouveau maître de ballet » (33). Mais tançant Hansen « de se rapprocher de l'école italienne, qui néglige " le pas " pour la scène à effet », Albert Cellarius aura une opinion divergente : « de la danse, de la vraie danse, entendons-nous, il n'en est presque pas question dans la Dame de Monsoreau. Je regrette d'être obligé de critiquer ainsi l’œuvre de M. Hansen, un homme de très grand talent, qui a fait ses preuves, mais je crois défendre un art qu'en France nous avons toujours été les seuls à comprendre et que l'on menace de laisser tomber. […] L'interprétation est médiocre, en dehors, bien entendu, de Mlle Subra, qui est une artiste de haute valeur. […] Bien que je ne sois pas partisan des danseurs de théâtre, je suis heureux de reconnaître que M. Vasquez se tire bien du pas original qu'il exécute. Quant aux autres artistes, je préfère ne pas en parler, ils m'en seront reconnaissants » (34).
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Julia Subra © Benque & Cie Désirée Lobstein & Miguel Vasquez, le Prophète © Henri Mairet, 1898
Avec l’espagnole Rosita Mauri, au salaire annuel de 40.000 frs, la parisienne Julia Subra à 18.000 frs était au pinacle de la troupe et depuis Léontine Beaugrand mise précocement à la retraite en 1880 pour réengager la milanaise Rita Sangalli, elle était l’unique étoile française. « Arrivée de St-Pétersbourg, de Moscou ou de Milan, on l'eût couverte de fleurs, mais née à l'Opéra, on la regarda avec indifférence » (35). Derrière de 10.000 à 800 frs, se tenaient 30 sujets se divisant en petites femmes et en grandes pour les travestis. Puis 24 coryphées et deux quadrilles de 24 danseuses. Quant à Miguel Vasquez, compatriote de Rosita Mauri, il était le seul danseur d’envergure. À ses côtés se tenaient dans l’ombre 24 danseurs. Les plus motivés de la génération précédente s’étaient faits une position en province ou à l’étranger, ceux-là payés entre 800 et 3.000 frs, avaient presque tous un métier en dehors : feuillagistes, ouvriers dans les imprimeries de journaux, professeurs de danse ou de musique.
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Carlotta Zambelli, Danses de jadis et de naguère © Cautin & Berger, 1900
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Rosita Mauri, le Cid © Benque & Cie
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Dix mois après la Dame de Monsoreau, le 28 novembre 1888, sous le bâton de Charles Gounod, Hansen signa la reprise de Roméo et Juliette (1867), puis d’après William Shakespeare, la Tempête, ballet en 3 actes d’Ambroise Thomas sur un livret de Jules Barbier. Depuis les Deux pigeons (1886) l'Opéra n'avait plus produit de ballet et « les amateurs de la belle chorégraphie française se plaignaient qu'un art aussi charmant fut délaissé à ce point » (36). Si l’on en croit la presse, créé le 26 juin 1889, Hansen débuta un an avant : fin juin 1888 avec Rosita Mauri, en juillet avec le corps de ballet avant les répétitions d’ensemble en août. Mauri jouait Miranda ; Emilia Laus, enlevée à la concurrence de l’EdenThéâtre, Ariel, le génie de l’air ; Vasquez, Fernando ; Pluque, régisseur de 57 ans, Stefano et Hansen, Caliban. À nouveau on lui reprocha de « s'éloigner des traditions de la danse française pour adopter les effets beaucoup moins délicats, mais plus accessibles au gros public de la danse italienne. L'influence d'Excelsior est plus visible, hélas d'année en année, dans les ballets de l'Opéra » (37) note Louis de Fourcaud. Modèle des grands ballets italiens, Excelsior (1881) de Luigi Manzotti avait ouvert l’Eden-Théâtre en 1883. Son succès dura plus d'un an, mais aussitôt on tenta d'établir une comparaison entre ce ballet « plein d’originales combinaisons chorégraphiques » et ceux du Palais Garnier, d’aucuns s’empressant de dire : « Enfoncé, l'Opéra ! C'en est fait des vieux ballets ! » (38). Parmi les différences, sur la scène de l’Opéra encombrée de praticables et de châssis portant les décors, le corps de ballet se tenait en arrière pour laisser le champ libre aux solistes. Tandis qu’« avec ce goût fantaisiste qui nous appartient chaque individualité tentait de produire son effet particulier, l'attention se portant sur tel ou tel groupe ou sur tel ou tel artiste » (39) note Jules Lermina. Dans Excelsior, avec des toiles de fond pour tout ornement, les solistes et le corps de ballet servaient pour ainsi dire de décor. Chacun n'étant qu'un rouage de l'ensemble, c'est à la précision d’exécution des « manœuvres » que tout était sacrifié. C’est pourquoi, outre la virtuosité des solistes, vulgaire pour les amateurs de grâces parisiennes, on parla d’école « chorégraphico-militaire ». Mais au fond, à part avoir exigé la discipline
de son personnel et peut-être reproduit quelques mouvements « mécaniques » comme dans les ballets italiens, on ne voit pas trop comment les groupes de Hansen purent rappeler ceux de Manzotti, vu que le corps de ballet d’Excelsior comptait 60 danseuses, 40 élèves filles et 52 danseurs, alors que les grands ensembles de la Tempête dénombraient 18 femmes et 16 hommes. Quoiqu’il en soit le ballet fut bien reçu, le chef de la claque qui avait assisté aux répétitions appuyant les applaudissements, les trépignements, les clameurs et les bis, autrement dit les quatre degrés du succès. Un an après la Tempête donnée jusqu’en janvier 1890, le 9 juin 1891, le plancher de l'Opéra accueillit le Rêve, ballet japonais en 2 actes et 3 tableaux, musique de Léon Gastinel, livret d’Edouard Blau. Parmi les premiers rôles tenus par Mauri (Daïla), Vasquez (Taïko), Beatrice Torri (Isanami), dite la « Torri Eiffel » en raison de sa taille ou bien en frère de Daïla, Invernizzi, une des maîtresses de Gailhard, on notera qu’Hansen (Sakouma) ne lâchait pas la scène. Au reste, le 26 juillet, juste avant d’aller en Belgique régler les ballets au Casino de Spa, il sera pour la première fois Coppélius à Paris auprès de Julia Subra. De sa faconde gasconne, Gailhard avait ébloui la commission du budget en évoquant le nouveau ballet, « à parler net, écrit Henry Fouquier, j'ai moins d'enthousiasme. Mettant à part deux ou trois sujets de la danse, tout m'a semblé assez médiocre dans ce Rêve » (40). D’autres le trouveront bien réglé et diront merveille d’un pas de Mauri : la Tokyoama. La saison d’après, le 16 mars 1891, « l'habile maître de ballet » signa les danses
LA DANSE À BIARRITZ # 72 encadrant le Mage de Jules Massenet, puis le 1er juin à Versailles au Théâtre du Petit Trianon, Psyché et l'Amour, sur des musiques de Gluck, Grétry, etc. Il reprendra ce ballet, le 16 mars 1892, au Palais-Bourbon lors d’une soirée de gala. Entre temps, le 28 décembre 1891, ce fut Thamara, opéra de Louis-Albert Bourgault-Ducoudray. Près de ce musicien qui tenait une place dans l’hellénisme français et de son disciple, Maurice Emmanuel, Hansen poursuivra l’œuvre de l’érudite Laure Fonta, de l’Opéra, en participant à un mouvement de recherche autour de l’orchestique grecque et des danses anciennes, qui s’illustra, le 5 août 1900 avec Danses de jadis et naguère. Mais avant, « sans s'éloigner des règles académiques de la danse, mêlant à ses travaux une ingéniosité charmante et une science impeccable » (41), après Salammbô, les Huguenots, Samson et Dalila, Carmen, le Cid et un divertissement à « coups de bottes sonores » : la Vie pour le tzar ; le 24 février 1893 sur une musique de Paul Vidal, « le maitre en l'art de Terpsichore » créa la Maladetta, ballet en 2 actes et 3 tableaux annoncé depuis 1891. Dans l’intervalle, Ritt et Gailhard avait été remplacés par Eugène Bertrand et Campocasso. Mais comme si de rien n'était, la Maladetta assura la rentrée à l’Opéra de Gailhard comme auteur. En effet, ne pouvant en tant que directeur monter un ballet signé de son nom, en 1891 Gailhard s’était associé au baron Jacques de Reinach, banquier et librettiste pour présenter d’après une légende gasconne le livret du ballet. Délié de ses fonctions, il pouvait à présent en revendiquer la paternité d’autant que Reinach compromis dans le scandale de Panama était mystérieusement mort en 1892. À son habitude, Gailhard s’impliqua dans la réalisation du spectacle. Ainsi, en juin 1892, il accompagna le décorateur Marcel Jambon contempler le massif des Pyrénées qui donne son titre au ballet. Mais on ignore si Hansen dont les danses puisaient à la source locale et le costumier Charles Bianchini firent le voyage à Luchon, voire à Biarritz, où Gailhard étudiait ses mises en scènes et recevait en sa villa des Sables auteurs et collaborateurs. « Tous les jours, je suis, à la première heure, à mon piano, et je joue, mesure par mesure, toute la partition. Entre temps, je compose le pas que je crois devoir s'approprier au passage puis je dessine la pose sur une feuille de papier, en faisant suivre le dessin d'annotations et d'explications qui me servent, l'après-midi, à enseigner le rôle aux artistes » (42). C’est ainsi qu’Hansen faisait un ballet. Débuté en juillet 1892, le 1er acte de la Maladetta avec ses danses gitanes et béarnaises, son pas de l’amphore, fut présenté à la direction en septembre au milieu des pleurs de la troupe qui se plaignait des amendes infligées par Pluque et d’un surcroît de travail amené par les répétitions du nouveau ballet et
des reprises de Samson et Dalila, Roméo et Juliette, etc. : « Je conviens que depuis quelque temps nous avons beaucoup à travailler, dira Hansen, mais c’est à elles seules qu'elles doivent s'en prendre et non pas à M. Pluque, ni à moi, si elles trouvent qu'on leur inflige trop souvent des amendes. M. Pluque est chargé de la police de la scène et je le connais assez pour pouvoir vous affirmer qu'il ne punit jamais sans juste cause. Soyez certain qu'il n'est pas facile de mener un personnel de cent soixante femmes, et surtout de cent soixante danseuses » (43).
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••• « Œuvre intéressante, parfois remarquable » (44), dans « une mise en scène superbe » de Gailhard qui en homme de théâtre accompli prenait volontiers la place de Hansen pour indiquer l'arrangement des groupes et l'enchaînement des pas, la Maladetta mit en avant la « grâce pleine de souplesse » de Subra (Lilia) et « la fougue entraînante » de Mauri (la fée des neiges). Auprès d’elles, Vasquez et Pluque, et remplaçant Hansen au dernier moment, Pierre Ladam « en costume basque » dans Cadual, le pâtre pyrénéen. « Costumes, décors, mise en scène tout est digne de l'Opéra de l'ancien directeur et même du nouveau » (45) lança Le Journal. Au Figaro, Charles Darcours aura un autre avis : « M. Hansen a composé des pas d'un intéressant caractère mais l’exécution des ensembles est si médiocre sur notre première scène, qu'on peut à peine les apprécier. Nos demoiselles du corps de ballet en prennent vraiment trop à leur aise; il n'y a plus aucune précision dans leurs mouvements les têtes, les bras, les jambes vont au hasard et sans aucune satisfaction pour l'œil » (46). Atteignant la 100e en octobre 1900, la Maladetta fut donnée à l’Opéra jusqu’en novembre 1911. Entre temps, parmi d’autres reprises, Saracco la monta à Milan en 1895, à Bruxelles en 1900 et à Biarritz en septembre 1911. Autrement, le 31 mars 1893, au départ de Campocasso, elle permit à Gailhard de partager la direction de l’Opéra avec Bertrand. Puis, au décès de celui-ci en 1899, de diriger seul jusqu’en 1907. Ensuite, Clémenceau s’opposa à son maintien.
Emma Sandrini, Danses Grecques © Charles Reutlinger, 1899
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Après la Maladetta, entre les opéras, les spectacles mondains, les bals, les conférences et un divertissement, Fête russe de Paul Vidal, le 24 octobre 1893, la saison 1893-94 fut marquée, le 27 septembre par le mariage de la cadette « de l'excellent maître de ballet », MarieGabrielle avec Alfred Calvo-Platero. Dans l'assistance Mauri, Nuitter et l’architecte Charles Garnier. Puis, le 21 décembre par celui de son fils Armand avec Julia Guigou. Parallèlement, on annonça pour février celui de Marie-Adrienne avec Frédéric Gredelue, fils d’Adrien Gredelue, maître de ballet allié par sa femme à la tribu des Mérante. Il n’eut pas lieu, et ce n’est que le 5 octobre 1897, qu’elle épousa Alfred Prévost, ingénieur chef des travaux publics en Annam et au Tonkin. Un compte-rendu de la cérémonie nous en dit davantage : « Grande, forte, avec ce type de brune colorée où la vigueur espagnole s'unit à l'opulence flamande, Mlle Hansen a dû attendre quelque peu l'aurore de ce bonheur triomphal ; sa santé, malgré de magnifiques et trompeuses apparences, était restée longtemps délicate. Ajoutons que nulle jeune fille n'était d'ailleurs mieux préparée à cette mission charmante de l'épouse et de la mère : élevée dans les traditions de l'esprit de famille le plus absolu (Madame Hansen dirige elle-même la confection des cerises à l'eau-de-vie et des confitures), elle a, de plus, ces grâces aimables qui sont la joie délicate d'un intérieur et comme la floraison des vertus domestiques : elle peint avec agrément, elle fait de la musique, elle sait causer avec charme. Dans le corps de ballet, où ces demoiselles ont toutes leur franc-parler, elle est très favorablement jugée, et c'est de grand cœur que les danseuses ont souscrit pour lui offrir leur petit cadeau. M. Hansen, toujours très sensible à ces attentions, n'en a pas été moins touché que sa fille. Il fallait le voir avec sa large encolure, ses cheveux longs et rejetés en arrière, sa barbiche qui lui donne l'apparence d'un marin du temps de Ruyter. M. Hansen est, sous ses dehors guerriers, un simple danseur, mais un danseur qui sait comme Vestris ce que c'est que la danse. Il ne vit que pour elle depuis l'âge de six ans. Cela ne l'empêche point d'être avant tout un bon père de famille, vivant très bourgeoisement » (47).
Six mois avant la cérémonie, le 31 mai 1897, précédé de Thaïs de Jules Massenet, « le bon père de famille » avait créé l’Etoile, d’Adolphe Aderer, Camille de Roddaz et André Wormser. « Très gai et très bien réglé » ce ballet en 2 actes ayant la danse pour sujet ouvrait sur une noce dont Cléo de Mérode, connue à Biarritz, était le centre. Au milieu des invités, Hansen consentant à couper sa barbe et à dissimuler ses moustaches incarnait Auguste Vestris. En 1785, le danseur avait marqué les esprits dans une gavotte réglée par Maximilien Gardel dans Panurge dans l'île des lanternes d’André Grétry. Devenue au fil du temps une épreuve du brevet de prévôt de danse, elle est toujours dansée au Pays basque et Hansen s’y montra excellent. À ses côtés, Mauri était Zénaïde Bréju, danseuse malhabile, mais pleine de dispositions, proclamée étoile après un examen de danse. Voyant défiler toutes les classes, des enfants aux derniers sujets, il n’était pas sans rappeler le Conservatoire (1849) de Bournonville qui reproduisait les leçons de Vestris à l'Opéra en 1820. Diversement reçu, on salua tout au moins la bonne intention des auteurs d’offrir « un vrai ballet-pantomime, qui depuis tant d'années avait, à l’Opéra, cédé la place à de simples divertissements, la plupart du temps sans l'ombre de mouvement et d'action » (48). Le maestro Alfred Bruneau fut plus sévère : « toutes les fois que l'Opéra joue un ballet inédit ce qui n'arrive pas de façon très fréquente, car, depuis la Maladetta, c'est-à-dire depuis un peu plus de quatre ans, aucun ouvrage de ce genre n'a été représenté, je constate que l'art de
LA DANSE À BIARRITZ # 72 la chorégraphie s'immobilise, se stérilise chaque jour davantage dans la convention, dans l'arbitraire des pas et je prévois, l'heure où il agonisera, faute d'avoir suivi le mouvement moderne, d'avoir obéi aux lois de rajeunissement et de renouvellement dont la souveraineté est éternelle » (49). Il taira en revanche qu’au prétexte de répétitions des Huguenots, Wormser ne put entendre son œuvre qu’à la première scène orchestre. Après l’Etoile, Hansen dut patienter six ans avant de créer à l’Opéra son ultime ballet. Pour autant celui qui disait spirituellement : « je suis trop occupé pour chercher. C'est à peine si j'ai le temps de trouver » (50) était sur tous les fronts, enchaînant à l’Opéra les divertissements lyriques et les ballets sur d’autres scènes. Citons par exemple, Sapho, pantomime-ballet de Georges de Dubor et Etienne Rey en décembre 1898 au Cercle de l’Union Artistique. Chez M. Le Roux de Villers, le 13 mai 1899, Danses grecques avec Emma Sandrini, la nouvelle favorite de Gailhard et Danses Henri IV avec Louise et Suzanne Mante. Le 24 avril 1900 au Cercle de l'Union Artistique, les Dames réclames, « ballet éblouissant » costumé par Jacques Doucet, avec la fine fleur de l’Opéra, dont Carlotta Zambelli que Gailhard avait enlevé à la Scala de Milan en 1894 et qui brillera à Biarritz en 1901 : « la plus belle plage du monde » ouvrait « le plus beau casino du monde ». C’est pour concurrencer le Casino Bellevue que la municipalité projeta dès 1891 d’ériger son propre établissement. Le chantier, débuté en 1896, selon les plans d’Eugène Calinaud ayant été suspendu, on édifia une construction provisoire inaugurée le 15 août 1896 par un concert. Quatre ans plus tard, après mille tribulations, l’architecte Henri Chevalier reprit les travaux et le théâtre ouvrit le 17 août 1901 avec un énorme succès pour la salle de 650 places et pour le spectacle. Sous l'œil vigilant de Gailhard et de Hansen, « son fidèle et habile lieutenant », Alexandre Luigini et Paul Vidal se partageant la direction d’orchestre, le public applaudit « à tout rompre » un extrait de la Princesse jaune de SaintSaëns, puis Danses grecques avec Emma Sandrini. Après l’entracte, le rideau se leva sur un acte de Mireille de Gounod, et enfin dans un décor de Philippe Chaperon et de son fils Emile, vint la Muse de Biarritz, ballet réglé par Hansen, mis en scène par Gailhard, sur une musique de Vidal et un poème de Pierre-Barthélemy Gheusi. En voici le thème : sur la plage sauvage, la muse de Biarritz (la comédienne Raphaële Sizos) émerge d'une coquille nacrée et, appelant ses compagnes, biarrottes primitives, leur prédit l’avenir. À son appel apparaissent l'Angleterre, l'Espagne, l'Italie et la Russie qui, s'émerveillant de la beauté de Biarritz, en célèbrent l'incomparable charme au milieu de l'allégresse générale. Tout ceci
dansé par Zambelli, Sandrini et Mlles Régnier, Viola, Beauvais, Meunier, Carlet, Billon, Guillemin, Klein, Barbier, Bonnat, Lautier, Dockès, Sirède, Rouvier, Hugon, Moormans, Dautard et Lozeron. Cette soirée se répéta le 18 et le 19 août, après quoi Hansen rentra à Paris pour superviser le répertoire courant et les Barbares de SaintSaëns, pour lesquels, il régla le 23 octobre « un ballet gallo-romain ne manquant ni de pittoresque ni d’humour » (51). Puis, sur une musique de Félix Desgranges, ce fut
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••• Bergerade Watteau « dansé à ravir par Léa et Renée Piron », le 20 novembre au Cercle Militaire. On pourrait évoquer l'Idole aux yeux verts, ballet en 2 actes de Fernand Le Borne, livret de Raoul Lefebvre signé à Rouen, le 13 mars 1902 et reprit à Biarritz, le 7 septembre 1902 par Rita Papurello. Egalement, Bacchus, ballet en 3 actes et 5 tableaux, de Georges Hartmann, musique d’Alphonse Duvernoy, « somptueusement monté à l'Opéra », le 26 novembre 1902. Mais faute de place, c’est avec Giselle donné au Cercle de l’Union Artistique après la Servante maîtresse, de Pergolèse que nous allons clore cet article.
Carlotta Zambelli & Louise Mante, Giselle © Gerschel, 1903
Répétition Bacchus, Hansen, Alphonse Duvernoy, Pedro Gailhard © Cautin & Berger, 1902
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Un jour, quelques hommes du monde se dirent qu'à côté du Jockey-Club, on pourrait créer à Paris un centre élégant où l'élite intellectuelle se réunirait pour seconder le progrès des arts. L'idée fit son chemin et en 1860, le Cercle de l'Union Artistique fut fondé. D’abord, rue de Choiseul, puis en 1889, rue Boissy-d’Anglas à l’hôtel Grimod de La Reynière dont la salle des fêtes recevait régulièrement Hansen et la crème de l’Opéra. Ainsi, le 28 (générale publique) et le 30 avril 1903, l’admirable Zambelli, qui avait déjà dansé le ballet à St-Pétersbourg en 1901 parut dans Giselle. Sous le bâton de Vidal, Sandrini était la reine des Willis, et alors que Paul Portalier, dit Raymond, l’un des espoirs de l’Opéra ne tenait que le rôle mineur du duc de Courlande et qu’Hansen jouait le garde-chasse Hilarion, Louise Mante en travesti interpréta Albert. Plus tard, lors du centenaire d’Adolphe Adam célébré à Longjumeau, le 19 juillet, « avec leur grâce et leur sûreté habituelles, Zambelli et Mante dansèrent des fragments du ballet et « furent ardemment applaudies » (52), Vidal était au piano. Plus tard encore, le 30 octobre 1904, les mêmes parurent à Paris au Palais d’Hiver du Jardin d'acclimatation, « dans mise en scène particulièrement soignée », souligne le Figaro, en évoquant « une superbe fontaine lumineuse » (53) au 2e acte. On imagine le pire. Selon SaintSaëns, Gailhard eu alors l'idée, de reprendre Giselle, mais en regardant la partition, il s'étonna d'y voir si peu de chose. « Il faudrait renforcer l'orchestre, disait-il. Quelle erreur ! » (54) glose le compositeur. Surtout, il lui aurait fallu faire les frais d’une nouvelle production. Au reste, après l’annonce d’une reprise par Mariquita avec Georgette Richaume, de l’Opéra dans le rôle-titre, déjà en 1901, l’Opéra-Comique avait renoncé pour ce motif économique. Sauf qu’Albert Carré ne dirigeait pas le plus subventionné des théâtres et avouera ne pouvoir « ni augmenter son personnel, ni monter de grands ballets » (55).
Ainsi selon les As de la critique : « Giselle, la chose la plus ennuyeuse du monde, avec ses Willis démodés et ses danses macabres qui ne sont ni macabres ni même second Empire » (56), Marcel Boulestin, confondant « la désillusion romantique » avec la « fête impériale » ou bien suivant le compositeur Reynaldo Hahn : « le célèbre et insipide ballet d'Adam » (57) ne retrouvera la scène de l’Opéra que le 18 juin 1910. Ayant rejoint sous la tombe son épouse décédée le 6 octobre 1900, Hansen ne verra pas danser Tamara Karsavina et Vaslav Nijinski. Le 22 décembre 1905, il avait réglé à l’Opéra, la Ronde des saisons, 3 actes et 6 tableaux d’Henri Büsser d’après un récit de Charles Lomon. D’une heure à peine, Zambelli y sera applaudie à grands cris, tandis qu’on reprochera à Hansen : « les mêmes groupements. Jamais une idée nouvelle, une tentative hardie ! »(58) . Suivront, des opéras comme la Catalane de Fernand Le Borne, le 24 mai 1907, où à 65 ans, Hansen paraît encore au bras de Zambelli. En juin, il débuta le Lac des Aulnes, ballet en 2 actes et 5 tableaux, livret et musique d’Henri Maréchal, mais c’est Gustave Vanara qui signera le dernier ouvrage de la direction Gailhard. Car le 27 juillet 1907, Hansen s’éteignit à son domicile, 34, avenue de Courbevoie, à Asnières. En présence de nombreux amis, le service funèbre fut célébré le 30 juillet à l'église Saint-Charles d’Asnières. Le deuil était conduit par son fils Armand et ses gendres, tandis qu’au cimetière, Gailhard, prononça un discours dans lequel il fit le plus vif éloge de son collaborateur.
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Léa & Renée Piron, Bergerade Watteau, 1901 Carlotta Zambelli & Louise Mante, la Ronde des saisons © Paul Boyer, 1905
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(1)
Dance Research, volume 26, 2009
(2)
Gil Blas, 5 juillet 1889
(3)
Le Ménestrel, 22 mai 1870
(4)
Le Monde illustré, 4 juin 1870
Journal des débats politiques et littéraires, 30 mai 1870 (5)
(6)
28 avril 1872 selon Théodore de Lajarte
(7)
Le Figaro, 18 mai 1896
(8)
Le Figaro, 23 mai 1870
Lettres sur la danse, Bibliodanse 1998, p.36 et 38 (9)
(10) Ingres : sa vie, ses travaux, sa doctrine, Plon, 1870 (11)
Le Figaro, 24 août 1865
(12)
Revue d’histoire du théâtre, 1977, p. 286
(13)
Gil Blas, 10 juillet 1887
(14)
Le Monde artiste, 24 février 1877
(15)
Le Ménestrel, 10 décembre 1871
(16)
La Presse, 31 juillet 1875
(17)
Le Ménestrel, 23 février 1879
(18)
La Presse, 31 décembre 1879
(19)
Mémoires, Actes-Sud, 1990, p.57
(20)
Histoire du ballet russe, 1950, p.114 et 92
(21)
Le Figaro, 10 mars 1886
(22)
Le Matin, 12 avril 1884
(23)
Le Figaro, 3 août 1887
(24)
Le Ménestrel, 18 janvier 1885
(25)
Le Ménestrel, 16 février 1890
(26)
Le Ménestrel, 29 juin 1890
(27)
Le Ménestrel, 11 octobre 1891
(28)
Le Gaulois, 28 juillet 1907
(29)
La Justice, 27 août 1888
(30)
Gil Blas, 23 février 1907
(31)
Le Gaulois, 22 février 1893
(32)
Gil Blas, 27 mars 1901
(33)
Officiel artiste, 3 février 1888
(34)
Gil Blas, 1er février 1888
(35)
Europe Artiste, 23 décembre 1883
(36)
Gil Blas, 20 juin 1889
(37)
Le Gaulois, 27 juin 1889
(38)
Le Temps, 15 janvier 1883
Dictionnaire universel illustré, biographique et bibliographique, de la France contemporaine, 1885
(39)
(40)
Le Gaulois, 14 juin 1890
(41)
Le Gaulois, 28 juillet 1907
(42)
Le Gaulois, 22 février 1893
(43)
Gil Blas, 22 octobre 1892
(44)
Le Rappel, 26 février 1893
(45)
Le Journal, 25 février 1893
(46)
Le Figaro, 25 février 1893
(47)
Gil Blas, 8 octobre 1897
(48)
Le Ménestrel, 6 juin 1897
(49)
Le Figaro, 1er Juin 1897
(50)
Le Gaulois, 28 juillet 1907
(51)
Revue des Deux Mondes, tome 6, 1901
(52)
Le Figaro, 8 septembre 1904
(53)
Le Figaro, 29 octobre 1904
Les Annales politiques et littéraires, 14 septembre 1919 (54)
Remerciements à Jane Pritchard, Oleg Petrov, Anne Londaitz et Rosine Delmotte.
(55)
Le Figaro, 18 mars 1901
(56)
La Revue Musicale, le 15 juillet 1911
(57)
Fémina, 15 juillet 1910
(58)
Le Figaro, 23 décembre 1905
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ACCUEIL STUDIO RÉPÉTITIONS PUBLIQUES
SENSIBILISATION
La Compagnie Sous la Peau de Claude Brumachon & Benjamin Lamarche sera accueillie à Biarritz du 2 au 12 janvier pour finaliser sa dernière création Further - l’Ailleurs dont la première aura lieu à Limoges le 18 janvier lors de la biennale Danse Emoi. Des extraits seront présentés en répétition publique, le 11 janvier à 19h dans le grand studio de la Gare du Midi. En résidence à Biarritz du 15 au 20 janvier, la Compagnie Illicite de Fábio Lopez mettra sur pied un programme de trois créations présentées à la Scène Nationale - Théâtre de Bayonne, le 13 février : Gravity 0 de Jean-Philippe Dury, chorégraphe de la Compagnie Elephant in the black box ; Fabulous Failure d’Iker Arrue, chorégraphe de la Compagnie AI DO Project et Molto Sostenuto de Fábio Lopez. Ce programme intitulé Exit sera complété d’une reprise de Thierry Malandain : Entre deux, duo créé en 2011 aux Pays-Bas pour la Compagnie Introdans. Répétition publique le 19 janvier à 19h dans le grand studio de la Gare du Midi. Dans le cadre de son programme Atalak, la Compagnie Dantzaz a invité les chorégraphes Matxalen Bilbao et Iñaki Azpillaga. Le fruit de leurs travaux respectifs sera présenté le 20 février à 19h dans le grand studio de la Gare du Midi à l’occasion d’une répétition publique. En création courant février de Sirènes avec Martin Harriague, lauréat en 2016 de la 1ère édition du Concours de jeunes chorégraphes classiques et néoclassiques et de Rêverie romantique avec Thierry Malandain, les danseurs du Malandain Ballet Biarritz présenteront des extraits en répétition publique le 23 février à 19h dans le grand studio de la Gare du Midi. Egalement, le 22 mars au Conservatoire à Rayonnement Régional - Maurice Ravel de Biarritz pour les élèves de l’établissement. Enfin du 26 février au 2 mars, la Compagnie La Tierce de Sonia Garcia, Séverine Lefèvre et Charles Pietri sera accueillie pour la création de Travellings dont la première aura lieu à l’automne 2018 à La Manufacture CDNC de Bordeaux. Elle présentera une étape de travail le 2 mars à 19h dans le grand studio de la Gare du Midi. Entrée libre sur réservation Tél. 05 59 24 67 19
En raison du deuil affectant Dominique Cordemans, responsable de la sensibilisation au Malandain Ballet Biarritz, lors des représentations données à Biarritz ou en tournées, les actions de sensibilisations ont été assurées par d’anciens danseurs ou proches de la compagnie. Ainsi, le 16 décembre, dans le cadre de la représentation de la Belle et la Bête à la Scène nationale Le Minotaure de Vendôme, Fábio Lopez a animé une master class. À Biarritz, autour des spectacles de Noé, master class et ateliers ont été conduits par Giuseppe Chiavaro les 16 et 17 décembre, puis par Aureline Guillot les 27 et 28 décembre qui a également assuré les ateliers pour adultes « Voulez-vous danser avec nous ? » des 18 et 19 décembre. En janvier, lors des représentations données à Ancenis et Pontchâteau, en collaboration avec l’association Musique et Danse en Loire Atlantique, Giuseppe Chiavaro, Ione Miren Aguirre et Gilles Schamber (Compagnie Gilschamber) animeront des
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Master class / atelier, Giuseppe Chiavaro © Olivier Houeix
ateliers autour du ballet Une Dernière chanson : - le 8 janvier auprès d’élèves de 3e et 4e des collèges Saint Laurent de Blain, SaintJoseph de Savenay, Legrand Beauregard de La Chapelle sur Erdre ; - le 10 janvier dans les collèges Jean Moulin et Françoise d'Amboise de Nantes ; - le 11 janvier au Conservatoire Maurice Béjart de Saint-Nazaire et à l’Ecole de danse Danse Latitude de Nantes. Le 11 janvier, avant la représentation au Carré d’Argent, un apéro-danse en présence de Thierry Malandain sera organisé à la médiathèque de PontChâteau. A l’occasion de la représentation à l’Archipel de Fouesnant-Les-Glénan, le 13 janvier, des élèves de cycle 1, 2 et 3 du Conservatoire assisteront à la classe des danseurs et une master class sera animée par Giuseppe Chiavaro pour les élèves de cycle 2 du Conservatoire. Les élèves du groupe de l’Association Sportive Danse du collège Saint-Joseph de Fouesnant assisteront à la répétition des danseurs. A Saint-Germain-en-Laye, le 16 janvier, des collégiens et élèves de Conservatoire assisteront à la classe et à la répétition, puis un bord de scène sera proposé après la représentation. Le 24 janvier à Udine en Italie, après un échauffement par la maîtresse de ballet Françoise Dubuc, un workshop sera animé par Arnaud Mahouy et Allegra Vianello, tandis qu’aux Pays-Bas, le 1er février, Françoise Dubuc donnera une master class à la Haye.
LE LABO Saison Danse Biarritz Regards croisés / Miradas Cruzadas / Begirada Gurutzatuak 2018
Après une introduction par LE LABO avec son projet pluridisciplinaire et multimédia « A.I » (l’Arbre intégral), le 29 mars à 21h au Colisée de Biarritz, cette nouvelle édition permettra d’apprécier deux compagnies européennes soutenant l’émergence chorégraphique tout en permettant aux jeunes danseurs de trouver le chemin d’un premier emploi : Dantzaz Konpainia (Gipuzkoa / Donostia-San Sebastián) et Kale companihia de dança (Portugal / Porto). Malgré leur distance géographique, la rencontre de ces deux compagnies sera l’occasion d’éclairer leurs préoccupations communes liées à la formation de nouvelles générations de danseurs professionnels dans un cadre ouvert aux différentes esthétiques chorégraphiques actuelles. Les danseurs de Kale companihia de dança présenteront le 30 mars à 21h au Colisée de Biarritz, les créations de trois chorégraphes : Gilles Baron (France), Olatz de Andrés (Espagne) et Paula Moreno (Portugal). Les danseurs de Dantzaz Konpainia quant à eux, proposeront leur programme tout terrain Atalak 2.0 le 31 mars à 16h dans un lieu qui reste une surprise à ce stade de préparation de la manifestation. Toujours sous le signe de la jeunesse, le 30 mars à 19h, les étudiants de la section danse-études de l’Institut National des Sciences Appliquées de Toulouse (INSA) menée par Laurent Grégoire, présenteront, comme à chaque édition de Regards croisés, au Conservatoire Maurice Ravel Côte Basque, une sortie de résidence avec le chorégraphe Gilles Schamber. En introduction, les membres du LABO accueilleront le public avec leur travail hors les murs autour du concept de Béa Merino, coordonné par Gaël Domenger : MIKADO (remix). Les temps de paroles et d’échanges ne manqueront pas lors de cette 7e édition de Regards croisés qui s’ouvrira le 29 mars à 18h à la Médiathèque de Biarritz par une rencontre avec le danseur et chorégraphe Mizel Théret, le chanteur Beñat Achiary et l’accordéoniste Jésus Aured. Ils évoqueront le rapport singulier entre musique et danse entretenu à travers le temps au Pays basque.
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Pour sa 7e édition, Regards croisés adopte une formule inédite qui proposera au public du 29 au 31 mars une plus grande diversité d’offres chorégraphiques afin de stimuler la pratique de la danse chez les amateurs comme chez les préprofessionnels.
Projet LABO 2018 : la Lumière Antigone au Théâtre des Quatre Saisons de Gradignan, le 20 mars à 20h15.
Regards croisés / Miradas Cruzadas / Begirada Gurutzatuak 2018 Jeudi 29 mars - 21h Biarritz - Colisée * Le LABO de Malandain Ballet Biarritz le Poème en volume, Real Act et le SCRIME de Bordeaux L’Arbre intégral Vendredi 30 mars - 21h Biarritz - Colisée * Compagnie Kale (*) Tarifs : de 8 à 14€ Billetterie www.malandainballet.com www.biarritz-culture.com Office de Tourisme de Biarritz www.tourisme.biarritz.fr +33 (0) 5 59 22 44 66 Jeudi 29 mars - 18h Biarritz - Médiathèque Rencontre avec le danseur et chorégraphe Mizel Théret, le chanteur Beñat Achiary et l’accordéoniste Jésus Aured. Vendredi 30 mars - 19h Biarritz - CRR Maurice Ravel Présentation publique des étudiants de la section danse-études de l’Institut National des Sciences Appliquées de Toulouse (INSA). Entrée libre sur réservation Tél. 05 59 24 67 19
Pour Beñat Achiary et Gaël Domenger, cette création concrétise plusieurs années d’échanges et de questionnements entre eux sur les origines de la relation privilégiée que la musique et la danse ont entretenue à travers le temps. Cette préoccupation commune prend forme aujourd’hui, pour laisser s’exprimer une envie de voyage aux origines de cette relation en s’appuyant sur le mythe d’Œdipe et d’Antigone qui va puiser ses sources aussi bien dans les textes de Sophocle que ceux de Henry Bauchau et de George Steiner. Œdipe aveugle, marche sur la route qui le façonne et le met à l'écoute de sa vie. Antigone est là, seule à le suivre. Naît une héroïne qui nous bouleverse par son audace et sa lumière. Clios le guerrier danseur vient à son tour... C'est une sorte d'opéra-concret où tout chant est danse et où toute danse est chant. Le corps est source sonore mais il est aussi un corps résonnant. « Je ne suis plus la fille d'Œdipe, je suis sur un autre chemin, où un irrécusable refus en moi s'élève et hurle et me fait violence.» Henry Bauchau, Antigone composition & chant : Beñat Achiary chorégraphie : Gaël Domenger avec : Beñat Achiary, Julen Achiary, Gaël Domenger, Mai Ishiwata percussions : Julen Achiary électro-acoustique : Pierre Vissler création lumière : Laurent Davaille
La Compagnie Traversée et la Compagnie La Tierce au LABO Les membres du LABO ont été heureux de recevoir, le 11 décembre, la Compagnie Traversée pour un atelier autour de la nouvelle création de Johanna Etcheverry, Paysages entrouverts qui sera présentée à Biarritz au Festival le Temps d’Aimer en septembre prochain. Le 26 février à 20h, en résidence au Malandain Ballet Biarritz pour leur nouvelle création intitulée d’Après nature, ce sera au tour des chorégraphes, Sonia Garcia, Séverine Lefèvre et Charles Pietri de la Compagnie La Tierce de proposer un atelier aux membres du LABO.
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Paysages entrouverts, compagnie Traversée © Caroline de Otero
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EN BREF
2e Concours de jeunes chorégraphes classiques et néoclassiques 40 candidats se sont présentés pour la seconde édition du Concours de jeunes chorégraphes classiques et néoclassiques organisé par le Ballet de l’Opéra national de Bordeaux et le Malandain Ballet Biarritz dans le cadre du Pôle de Coopération Chorégraphique du Sud-Ouest, et le CCN/ Ballet de l’Opéra national du Rhin avec le soutien du Groupe Caisse des Dépôts. 17 nationalités représentées, 16 candidates pour 24 candidats issus de divers Ballets européens : Ballet de l’Opéra national de Paris, Het National Ballet, Hamburg Ballett John Neumeier, Ballet de MonteCarlo, Ballet de la Scala de Milan, Ballet de l’Opéra national de Bordeaux, Basler Ballet, Nice Ballet Méditerranée, etc. Les 6 finalistes seront annoncés le 15 janvier, tandis que la finale se déroulera le 27 mai au Grand Théâtre de Bordeaux.
Pour rappel, le concours sera doté de deux résidences de création au sein des Ballets de l’Opéra national de Bordeaux et du CCN/Ballet de l’Opéra national du Rhin. Ces résidences seront suivies par la diffusion des œuvres créées. Les lauréats bénéficieront également d’un accompagnement dans la durée. •
le Prix de Biarritz / Groupe Caisse des Dépôts : bourse de 15 000 €
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le Prix du public / Fondation de la Danse : bourse de 3 000 €
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le Prix des Professionnels : bourse de 3 000 €
Projet EXIT Le 22 janvier à 18h00, la Compagnie Illicite de Fábio Lopez organise à la Médiathèque de Bayonne une rencontre autour du projet EXIT : la diversité esthétique avec Thierry Malandain, Jean-Philippe Dury, Iker Arrue et Fábio Lopez. Médiateur : Mathieu Vivier
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centre chorégraphique national de nouvelle-aquitaine en pyrénées-atlantiques Gare du Midi 23, avenue Foch • F-64200 Biarritz tél. +33 5 59 24 67 19 • fax +33 5 59 24 75 40 ccn@malandainballet.com président Michel Laborde vice-président Pierre Moutarde trésorière Solange Dondi secrétaire Richard Flahaut président d’honneur Pierre Durand Direction directeur / chorégraphe Thierry Malandain directeur délégué Yves Kordian Artistique / Création maîtres de ballet Richard Coudray, Françoise Dubuc artistes chorégraphiques Ione Miren Aguirre, Raphaël Canet, Clémence Chevillotte, Mickaël Conte, Frederik Deberdt, Romain Di Fazio, Baptiste Fisson, Clara Forgues, Loan Frantz, Michaël Garcia, Irma Hoffren, Miyuki Kanei, Hugo Layer, Guillaume Lillo, Claire Lonchampt, Nuria López Cortés, Arnaud Mahouy, Ismael Turel Yagüe, Patricia Velazquez, Allegra Vianello, Laurine Viel, Lucia You González professeurs invités Angélito Lozano, Bruno Cauhapé, Giuseppe Chiavaro, Sophie Sarrote pianistes Alberto Ribera-Sagardia, Miyuki Brickle, Jean - François Pailler
Production / Technique directeur technique régie plateau Chloé Bréneur, Jean Gardera, Gilles Muller régie lumière Frédéric Bears, Frédéric Eujol, Christian Grossard, Mikel Perez régie son Nicolas Rochais, Jacques Vicassiau techniciens plateau Bertrand Tocoua, Maxime Truccolo réalisation costumes Véronique Murat régie costumes Karine Prins, Annie Onchalo construction décors & accessoires Frédéric Vadé technicien chauffeur Thierry Crusel, Martin Patris agent d’entretien Ghita Balouck Sensibilisation / Relations avec les publics responsable sensibilisation / transmission du répertoire aux pré-professionnels Dominique Cordemans responsable Labo de recherche chorégraphique / médiation / accueil studio Gaël Domenger Diffusion chargée de diffusion Lise Philippon attachée de production Laura Delprat agents Le Trait d’union / Thierry Duclos, Creatio 300 / Enrique Muknik, Norddeutsche Konzertdirektion / Wolfgang et Franziska Grevesmühl, Internationale Music / Roberta Righi Communication responsable image Frédéric Néry / Yocom responsable communication Sabine Lamburu attaché de presse Yves Mousset / MY Communications photographe Olivier Houeix Mission Euro région / Projets transversaux administratrice de projet Carine Aguirregomezcorta Secrétariat général / Mécénat secrétaire général Georges Tran du Phuoc Ressources humaines, finances et juridique directeur administratif et financier Jean-Paul Lelandais comptable Arantxa Lagnet secrétaire administrative Nora Menin Suivi et prévention médicale des danseurs Romuald Bouschbacher, Jean-Baptiste Colombié, Aurélie Juret Biarritz - Donostia / San Sebastián Malandain Ballet Biarritz co-présidence du projet Thierry Malandain co-directeur du projet Yves Kordian chef de projet et administration Carine Aguirregomezcorta communication Sabine Lamburu Victoria Eugenia Antzokia co-présidence du projet Jaime Otamendi co-directeur du projet Norka Chiapusso chef de projet Koldo Domán administration María José Irisari communication María Huegun Numéro direction de la publication Thierry Malandain conception & design graphique Yocom.fr impression Graphic System (Pessac) ISSN 1293-6693 - juillet 2002
Mickaël Conte, la Belle et la Bête © Olivier Houeix
Transmission du répertoire maîtresse de ballet Françoise Dubuc répétiteur Giuseppe Chiavaro
CALENDRIER
JANVIER > MARS 2018
Représentations en France 01/01
Rennes
Cendrillon
03/01
Rennes
Cendrillon
04/01
Rennes
Cendrillon
05/01
Rennes
Cendrillon
07/01
Château-Gonthier
Cendrillon
09/01
Ancenis
Une Dernière chanson, Nocturnes, Estro (scolaire + tout public)
11/01
Pont-Château
Une Dernière chanson, Nocturnes, Estro
13/01
Fouesnant
Estro, Nocturnes, Boléro
16/01
St Germain-en-Laye
la Belle et la Bête
18/01
Roanne
Nocturnes, la Mort du cygne, une Dernière chanson
06/03
Noisy le grand
Cendrillon
07/03
Noisy le grand
Cendrillon
14/03
Alès
Noé
15/03
Alès
Noé
,
Représentations Pays basque Saint-Palais
Une Dernière chanson, la Mort du cygne, Nocturnes
18/03
Saint-Palais
Une Dernière chanson, la Mort du cygne, Nocturnes
Noé © Olivier Houeix
17/03
Suisse / Fribourg
Une Dernière chanson, Nocturnes, Estro
20/01
Italie / Vérone
Nocturnes, la Mort du cygne, une Dernière chanson
25/01
Italie / Udine
Cendrillon
28/01
Italie / Piacenza
la Belle et la Bête
30/01
Suisse / Lugano
Cendrillon
02/02
Pays-Bas / La Haye
la Belle et la Bête
03/02
Pays-Bas / La Haye
la Belle et la Bête
06/02
Pays-Bas / Rotterdam
la Belle et la Bête
02/03
Allemagne / Ludwigshafen
la Belle et la Bête, avec le Deutsche Staatsphilharmonie Rheinland-Pfalz
03/03
Allemagne / Ludwigshafen
la Belle et la Bête, avec le Deutsche Staatsphilharmonie Rheinland-Pfalz
10/03
Belgique / Anvers
la Belle et la Bête, avec l’orchestre symphonique belge La Passione
11/03
Belgique / Anvers
la Belle et la Bête, avec l’orchestre symphonique belge La Passione
www.malandainballet.com
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Représentations à l’International