Paperjam novembre 2022

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NUMÉRO 228 NOVEMBRE 2022 Business zu Lëtzebuerg 5€ Jean Muller, meunier d’avant-garde

La question du juste prix

Dans les années 80, une émission de télévi sion demandait à des candidats de deviner « le juste prix » d’un bien. Cette question devrait aujourd’hui être plus souvent posée aux décideurs politiques. En effet, les récents débats ont montré la nécessité de connaître le prix réel des biens et services afin d’être en mesure de définir une politique fiscale et sociale juste et mesurée en fonction des tarifs sur le marché.

À l’automne 2021, lors d’un débat télévisé sur RTL, les chefs de groupes parlementaires devaient répondre à la question suivante : Jusqu’à quel revenu disponible peut-on considérer qu’un ménage appartient à la classe moyenne, notamment pour bénéficier d’aides publiques pour les enfants ? « 4 fois le salaire minimum », avait alors affirmé le chef de file des députés libéraux, Gilles Baum. « Donc, pour vous, faire partie de la classe moyenne, c’est avoir un peu plus de 9.000 euros par mois ? », ironisait le député des Pirates, Sven Clement. Le socialiste Georges Engel mettait la barre à 2,5 fois le salaire social minimum, parlant d’un système échelonné et de plus de sélectivité.

En 2022, sur fond de crise énergétique et économique majeure, la coalition DPLSAP-déi Gréng a annoncé des aides mas sives pour endiguer la flambée de l’inflation. À situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle. Entre l’« Energiedësch » et les deux tripartites, le gouvernement a débloqué des paquets d’aides historiques de 2,5 milliards

d’euros, comme le rappelait Xavier Bettel dans son discours sur l’état de la Nation. En y ajoutant le soutien lors de la pandémie, ce sont 5,5 milliards d’euros d’aides directes et indirectes aux personnes et aux entreprises. En vue des élections de 2023, chaque parti doit désormais expliquer sa stratégie économique à long terme, au-delà de consi dérations tactiques pour séduire son électorat. Il s’agit de définir des politiques publiques cohérentes pour cibler ceux qui en ont le plus besoin, et pour cela, il faut connaître le prix exact des choses essen tielles pour une classe sociale. Baisser l’infla tion tout en maîtrisant les dépenses publiques passera par des propositions argumentées loin de toute « économie vaudoue » populiste. Définir quelles aides sont nécessaires pour quels biens et services, et pour quel public cible, n’est pas un jeu de devinettes. Si les députés ne sont pas précis, les citoyens seront les grands perdants. Soit à court terme, avec des aides inadaptées pour les ménages touchés par le seuil de pauvreté, soit à long terme, avec une dégradation des finances publiques si les aides sont distribuées avec trop de largesse. Définir politiquement différentes classes sociales est évidemment délicat. Mais bien connaître les chiffres est nécessaire pour lutter contre la pauvreté tout en veillant à l’avenir économique du pays.

NOVEMBRE 2022 3 Directrice Publishing House BÉRENGÈRE BEFFORT Édito #Économie

et Gilles Weidig ont commencé à acquérir des œuvres très jeunes. À deux, ils ont bâti une collection qui a évolué avec le temps, mais qui est toujours caractérisée par leur passion de l’art.

NOVEMBRE 2022 5
Photos Romain Gamba
et
Guy Wolff
p.  26 À
la tête des Moulins de Kleinbettingen, Jean Muller
a
l’innovation comme credo.
p.  52 Fabienne
Ristretto 10 #POLITIQUE 12 GENEVIÈVE KROL « Pas de justice sociale sans justice climatique » 14 #ENTREPRISES 16 JOSY GLODEN « Il y a trop de vins étrangers sur nos tables » 18 #PLACEFINANCIÈRE 20 KATIA GAUZÈS « Continuer d’attirer les meilleurs talents » Data Dada 24 #PRIVATEEQUITY Une dynamique toujours orientée à la hausse Novembre 2022 Conversations 26 JEAN MULLER « Nous devons être innovants à tous les niveaux de la chaîne de valeur » 32 NASIR ZUBAIRI « L’éducation est le fondement de tout succès » 36 INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE La crise luxembourgeoise du médicament innovant 42 DROIT DES CONTRATS Cette si dangereuse imprévision 48 SUSTAINABILITY AWARDS Quatre pratiques durables à prendre en exemple 52 GILLES ET FABIENNE WEIDIG « Notre collection, c’est une construction commune » 56 CLAUDE SEYWERT « On va comprendre que l’énergie a un prix »
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PERÇUS DE

NOVEMBRE 2022 7 Novembre 2022 66 Enjeux Intelligence artificielle L’outil qui s’impose partout 68 TECHNOLOGIE Intelligence artificielle, la nouvelle religion d’État 70 MOBILITÉ Un poumon fatigué et un cerveau attendu 72 ABDU GNABA, ANTHROPOLOGUE « Le progrès a été remplacé par l’innovation » 76 INTERVIEW PASCAL BOUVRY « Il nous faudra des milliers d’experts » 78 INDUSTRIE L’union de l’IA et du conseil 80 IA Le challenge de la santé 84 Portfolio Des banquiers privés passionnés 98 Business Club Lifestyle 106 MA MAISON 108 MON ARGENT 110 MON STYLE 112 MA COLLECTION 114 MA RECETTE 116 MON MENTAL 120 La liste 6 pâtissiers et glaciers pour régaler vos papilles Débat public 08 PAUL GALLES 62 NICO HOFFMANN 94 CAMILLE THOMMES Advertoriaux 22 FORD Une nouvelle ère de productivité électrifiée 40 VALUE PARTNERS Une success-story portée par une équipe 64 ZURICH EUROLIFE Transforming employee benefits in Europe for a changing world 82 BSP Donner une nouvelle dimension à ses valeurs p.  112 Pierre Ardizzoia aime les montres, qui sont autant de reflets de sa personnalité. Il en a d’ailleurs fait son métier. p.  84 La banque privée, c’est leur passion. Ils ne la quitteraient pas pour tout l’or du monde. p.  66 L’intelligence artificielle est un concept servi à toutes les sauces, suscitant enthousiasme, curiosité et peurs. Nous avons fait le point sur cet outil pourtant utile à apprivoiser. Photos Eva Krins et Marie Russillo 100 100 60 60 80 80 40 40 20 20 0 Facilite la vie Selon l’enquête publiée par le Liser en 2021 Présente des risques INTÉRÊTS
L’IA Sécurité et défense Faciliter la vie quotidienne Santé Prévenir et gérer les risques Environnement Améliorer les capacités humaines 70 % 53 % 35 % FACILITÉS ET RISQUES LIÉS À L’IA 0 84 % 65 % 30 % 51 % 13 % 13 %

Après la COP26 en Écosse, c’est donc le tour de la COP27, cette fois ci en Égypte. Et l’année prochaine, de la COP28, probablement à Abu Dhabi. D’abord, la COP, c’est la Conference of the parties, la réunion des concernés, autour du sujet du climat. La conférence internationale sur le climat rassemble tous les ans les décideurs politiques du monde entier. Tous les concernés doivent se convaincre de l’urgence. Ce qui est un énorme défi. Mais cette année ci, les différents pays devront aussi présenter leur stratégie nationale et démontrer qu’ils sont en ligne avec les accords internationaux. Soyons clairs : la crise énergétique pourrait offrir cette immense opportunité de faire comprendre à presque tout le monde que le moment de la transition est plus que jamais venu. Survivre en humanité est de loin plus important que les fantaisies bellicistes d’un dictateur russe. Et le droit de se chauffer n’est pas un luxe. Donc, si nous voulons sauver à la fois le climat, notre santé, nos standards et notre cohésion sociale, il faut une offensive des énergies renouvelables et de leur mise en réseau, la participation des citoyens via des primes et celle des entreprises via des aides ; et, surtout, il nous faut une vision de la manière dont nous voulons vivre ensemble d’ici 20 ans. Les constats scientifiques sont clairs. Mais du côté politique, on remarque plutôt des réactions émotionnelles face aux frayeurs causées par les inondations et les incendies, au lieu de véritables actions.

Paul Galles Député, CSV

Non, il nous faut des chiffres. Semaine après semaine, nous avons besoin de constats clairs sur les dommages subis et sur les efforts entrepris. Il faut une stratégie, et celle-ci doit être vérifiable. Comment vivre à Luxembourg ? C’est là une bien vaste question. Étant également conseiller communal de la Ville de Luxembourg, je propose, avec mes collègues, des initiatives sur des aspects cruciaux : efficience énergétique, mobilité agréable et saine, verdissement vertical et horizontal de la ville, qualité de vie, de l’air, de l’eau. De même pour notre pays : en tant que député, j’élabore, avec mes collègues, une telle stratégie. Pour avoir un avant-goût de cette vision, je vais me rendre à la COP27 de manière un peu particulière. Symboliquement, je veux effectuer les premières centaines de kilomètres à vélo (et en train). Pour visiter des projets durables, humains et climatiques au Luxembourg, en Sarre, en Alsace et en Suisse. Je vous invite cordialement à me suivre en ligne (sur la page Facebook https://www.facebook.com/paulgallesluxembourg/ et sur le profil Instagram www.instagram.com/paulgalleslux de Paul Galles, ndlr), entre le 7 et le 12 novembre sur la route et du 12 au 18 novembre pour la COP27 en Égypte. Pour construire ensemble une vision pour notre futur.

8 NOVEMBRE 2022
Débat public
Député depuis 2018, Paul Galles fera partie de la délégation luxembourgeoise qui se rendra à la COP27, en Égypte, en novembre prochain.

Ristretto

1 PRAGMATIQUE

La ministre de l’Intérieur, Taina Bofferding (LSAP), a présenté la réforme de l’impôt foncier en conférence de presse, le 7 octobre.

2 CONDAMNE

3 MODERNE

Le ministre du Logement, Henri Kox (déi Gréng), a ainsi expliqué, lors de la présentation de la réforme de la législation sur le bail à usage d’habitation, début octobre, que le plafond du loyer annuel maximal, actuellement limité à 5 % du capital investi dans le logement, est notamment réduit à un taux de 3,5 %, et à 3 % pour les « passoires » énergétiques.

INQUIET

Le nouveau président de la Fédération des artisans, Luc Meyer, n’a pas caché son inquiétude pour les entreprises artisanales face à la hausse de la facture énergétique, fin septembre.

5 PAS CONVAINCU

Pour Guy Hoffmann, président de l’ABBL, si l’accord tripartite énergie-index a été satisfaisant, il pointe tout de même une occasion manquée de mettre en place des mesures structurelles nécessaires à la compétitivité du pays.

Le ministre du Tourisme, Lex Delles (DP), s’est félicité, le 3 octobre, des bons résultats du pays en matière de tourisme pour la saison 2022.

« Le but de cette réforme n’est pas de générer des recettes fiscales supplémentaires, mais d’éliminer les injustices fondamentales du système actuel. »
4
« Il y a un risque de voir des artisans fermer. »
6 SATISFAIT
« Le Luxembourg n’est plus une destination alternative, mais une destination de premier choix pour les vacances. »
« Un de nos objectifs est de mieux protéger les locataires. C’est pourquoi nous avons voulu faire une refonte complète du plafond légal du loyer. »
« Avec les mesures prises, nous ne faisons que repousser les problèmes à 2024, lorsqu’il y aura un nouveau gouvernement.  »
Photos Matic Zorman (archives)
10 NOVEMBRE 2022
Sélectionné par Ioanna Schimizzi et Jeremy Zabatta
#Politique
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« Pas de justice sociale sans justice climatique »

Geneviève Krol, directrice de Fairtrade Lëtzebuerg depuis 2010, fait le point sur les enjeux du commerce équitable, alors que l’ONG fête ses 30 ans cette année.

Fairtrade Lëtzebuerg a célébré ses 30 ans le 20 octobre dernier. Quel regard portez-vous sur l’engagement de votre ONG ?

Le mouvement Fairtrade est un mouvement interna qui a émergé après la Seconde Guerre mondiale. L’objectif est, depuis sa création, d’apporter plus de solidarité et de rémunérer correctement les producteurs et les artisans des pays d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie. En 1997, le mouvement Fairtrade a créé une organisation faîtière pour réunir toutes les initiatives nationales, dont Trans Fair-Minka, fondée en 1992, ici au Grand-Duché, qui est donc devenue Fairtrade Lëtzebuerg. Le mouvement compte 2 millions de producteurs et de travailleurs dans 70 pays.

Et au Luxembourg ?

Nous avons 30 preneurs de licence, qui sont contrôlés par un organisme de certification indépendant, et qui travaillent de la matière première fair-trade. Il s’agit de torréfacteurs, de chocolatiers, ou encore de pâtissiers. Aujourd’hui, nous avons environ 3.000 réfé rences de produits Fairtrade sur le marché luxem bourgeois. Les preneurs de licence au niveau national comptent pour plus ou moins 300 références au total. Nos partenaires sont par exemple Cactus, Grosbusch, ou encore Fischer.

Les produits fair-trade y ont-ils du succès ? Oui, le pays est un des meilleurs consommateurs au monde, puisqu’il arrive en sixième position, avec une dépense de 40 euros par an en produits par résident luxembourgeois. Quand j’ai intégré l’ONG en 2006, on était à 8-10 euros, donc il y a eu une très belle progression, mais, par exemple, la Suisse est à 90 euros par habitant par an, l’Irlande, à 60 euros, etc. Il y a donc une énorme marge de progression.

Quel est le fonctionnement de Fairtrade Lëtzebuerg ?

Nous sommes une ONG de développement, financée à 80 % par le ministère de la Coopération. Nous avons quatre grands axes de travail : le premier, c’est la sensibili sation du grand public au commerce équitable. Le deu xième axe, c’est l’éducation à la citoyenneté mondiale avec des projets aussi bien pour les plus jeunes que pour les adultes. Dans le cadre de nos 30 ans, nous avons développé un conte qui s’appelle La Plume magique Ernster le distribue, et il a été écrit en français et en luxembourgeois.

Vous jouez aussi un rôle de lobbying ?

Notre troisième axe de travail est en effet du plaidoyer politique, nous sommes membres fondateurs de

l’initiative pour un devoir de vigilance au Luxembourg. On fait de la veille politique, par exemple sur l’alimenta ation scolaire. Et notre quatrième axe, c’est le développement du marché. Si nous repérons des nouveautés, on va les proposer à nos acteurs

Vous militez aussi pour le devoir de vigilance ?

Oui, nous sommes membres de l’Initiative pour un devoir de vigilance au Luxembourg, soutenue par 17 organisations de la société civile luxembourgeoise. Nous appelons à la mise en place d’une législation contraignante pour les entreprises domiciliées au Luxembourg. La proposition vise à intégrer le res pect des droits humains, des normes de travail, ainsi que des dispositions et des accords environ nementaux internationaux dans l’ensemble de la chaîne de valeur des entreprises. Une proposition de directive européenne a été publiée sur le sujet également, mais il y a des failles dans le texte et on appelle le gouvernement luxembourgeois à agir avant la fin du processus législatif européen.

Êtes-vous optimiste pour l’avenir, vu le contexte actuel de crise énergétique ?

Aujourd’hui, nous sommes inquiets. Le consomma teur va-t-il rester solidaire vis-à-vis de nos producteurs, notamment lorsqu’il aura des soucis pour payer ses factures d’énergie ou autre ? Les coûts de la vie augmentent partout, ceux de production aussi, les producteurs sont également en difficulté... tout le monde est concerné. Ce qui est révoltant, c’est qu’ils ne sont pas responsables de ce chan gement climatique, mais aujourd’hui, ils sont les premiers impactés. Si vous n’avez pas de justice climatique, vous n’aurez pas de justice sociale, et vice versa.

Comment trouver une issue ?

Jusqu’à maintenant, on disait que le commerce équitable était une alternative au commerce conventionnel, mais aujourd’hui, on veut sortir de ce schéma, parce qu’en fin de compte, ce n’est plus une alternative, c’est une illustra tion du bon sens citoyen, et on veut tous être des citoyens responsables. C’est évident d’être rémunéré justement, de ne pas exploiter des enfants dans une plantation de cacao, etc. Et c’est révoltant de se dire qu’en 2022, il faut encore se battre pour ces évidences.

12 NOVEMBRE 2022 Ristretto #Politique
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« Il n’est pas normal que le système bancaire soit ce qu’il est aujourd’hui. »

Invité à l’ouverture de la Luxembourg Blockchain Week, l’entrepreneur Gerard Lopez s’est voulu, comme souvent, extrêmement direct dans ses propos, notamment pour évoquer l’évolution du secteur des banques, mais aussi sa « nouvelle » activité dans la blockchain et le monde des cryptomonnaies.

2 RECONNAISSANT

« J’aimais bien aller chez lui, car tu recevais une critique qui sortait du ventre. Dans la vie, c’est comme cela, on ne va pas te faire des faveurs parce que tu es jeune. »

Silvano Vidale, cofondateur de l’agence Vidale-Gloesener, faisait partie des élèves de Léo Reuter, cofondateur d’Interpub’, la première agence de publicité tous services au Luxembourg. C’est en son honneur que les LeoAwards ont été créés.

3 LUCIDE

« Ce mécanisme de plafonnement des prix et autres mesures ne peut pas être répété indéfiniment. Sinon, en termes de finances publiques, cela deviendrait ingérable. »

Muriel Bouchet, directeur de la Fondation Idea, au moment d’analyser les décisions économiques prises au sein de la tripartite.

4 PRAGMATIQUE

Richard Forson, président et CEO de Cargolux, a commenté la commande de 10 nouveaux Boeing en expliquant que la consommation de carburant sera potentiellement diminuée de 30 %, tandis que le service aux clients demeurera de même qualité.

5 SATISFAIT

« Les gens ont besoin d’expériences de shopping significatives, physiques et variées, c’est pourquoi les villages de marques restent toujours une catégorie de placement intéressante. »

Robert Wagner, managing partner d’ImRaum Immobilien, nouveau propriétaire de McArthurGlen Luxembourg à Messancy qui devient Designer Outlet Luxembourg.

6 OPTIMISTE

« Quand vous faites des pâtes Panzani ou premier prix, vous avez de très grands volumes qui permettent d’écraser les coûts. En vrac, ce sont des petites séries, et il faut mobiliser de la main-d’œuvre pour remplir les silos. Il y a une difficulté à faire du vrac pas cher. »

Olivier Dauvers, expert français de la consommation, expliquant pourquoi le commerce en vrac a connu une perte de vitesse entraînant la fermeture des magasins Ouni. Il reste néanmoins confiant dans le développement de ce créneau sous certaines conditions.

1 DIRECT
« Le remplacement de notre flotte vieillissante de 747-400 Freighter contribuera à notre programme de développement durable. »
Photos Matic Zorman (archives), Romain Gamba
14 NOVEMBRE 2022 Sélectionné par CATHERINE KURZAWA et JEREMY ZABATTA Ristretto #Entreprises

« Il y a trop de vins étrangers sur nos tables »

Josy Gloden, président du conseil d’administration des Domaines Vinsmoselle, se donne cinq ans pour moderniser et positionner la coopérative : plus engagée, locale et durable.

Que représente Vinsmoselle en chiffres ?

Aujourd’hui, nous avons plus ou moins 200 membres. 635 ha de vignobles nous appartiennent sur les 1.222 luxembourgeois. Nous cultivons 10 cépages.

Dans quels pays exportez-vous vos vins ?

60 % des exportations vont en Belgique, puis en Allemagne et en France. Ensuite, viennent les Pays-Bas. Nous souhaiterions faire plus de volume dans les pays scandinaves et l’Estonie. Nous voulons aussi renforcer notre pénétration de marché en Amérique du Nord. À plus long terme, l’objectif serait de conquérir le marché asiatique.

2022 a-t-elle été une bonne année pour les vins de Moselle ?

C’était l’année la plus sèche depuis 1976, et nous avons eu 30 % de récolte en moins. Cependant, le raisin était en très bonne santé, sans moisissure ni maladie. L’aromatique et la qualité des grains sont là. Cela donnera des vins équilibrés, autour de 12,5-13 degrés d’alcool.

Qu’est-ce qui vous différencie de vos concurrents ?

La première AOP (appellation d’origine protégée) « Crémant de Luxembourg », Poll-Fabaire, créée sous cette appellation en 1991, l’a été sur l’impulsion de mon père, ancien président des Domaines Vinsmoselle. Auparavant, seuls les vins français pouvaient bénéficier de l’appel lation « crémant ».

L’AOP aide-t-elle à se distinguer sur les cartes des restaurants ?

Pas assez : le problème est que l’on trouve trop de vins étrangers sur les tables luxembourgeoises. Nous travail lons à changer cela avec l’Horesca pour mieux faire connaître le vin local.

Quelle est la stratégie des Domaines Vinsmoselle sur les cinq  prochaines années ?

Nous voulons porter les valeurs du Luxembourg à travers l’œnologie de qualité et une image 100 % locale auprès des consommateurs, des restaurateurs luxembourgeois, mais aussi au-delà des frontières. Nous distinguerons et positionnerons nos quatre marques : Poll-Fabaire, Vignum, Edmond de la Fontaine et Les Vignerons. Nous allons introduire le digital dans les flux de production et nous adapter aux enjeux climatiques.

Quelle est la place du développement durable dans ce projet ?

On ne traite plus les vignes à l’insecticide depuis longtemps. Utiliser des techniques durables importe davantage que de produire en bio. Il y a des abeilles dans les vignes, des fleurs… Nous avons aussi installé des panneaux photovoltaïques sur le toit du site de production, à Wellenstein, qui assurent 60 % de la consommation d’éner gie du bâtiment.

Avez-vous dû adapter les cépages aux changements climatiques ?

Oui, mais ce n’est pas récent. On essaie d’introduire le pinot noir rouge, on observe que le chardonnay se plaît très bien sur les coteaux de Moselle ces dernières années. Cela lui confère un équilibre aromatique et dans l’acidité. Le sol argilo-calcaire de nos terroirs convient aux pinots.

Quelle importance le packaging a-t-il, de nos jours ?

Après la qualité, c’est le plus important. C’est l’œil qui achète. Nous avons imaginé des étiquettes-portraits qui mettent en valeur le caractère très humain du métier, car ce sont nos vignerons qui sont garants de notre qualité. Ils sont intégrés à la stratégie de notre coopérative à tous les niveaux en tant que membres de notre conseil d’administration.

Tous les vignerons n’ont pas la même capacité de production. Comment gérez-vous ces disparités pour les rémunérer ?

Ils sont rémunérés selon la charte de production à laquelle ils appartiennent. S’ils produisent de l’AOP ou non, en fonction de la surface viticole et de l’origine des cépages.

Quelle place donnez-vous à l’œnotourisme ?

Une place importante : les infrastructures d’accueil existent, mais il faut aller plus loin et nous y travaillons…

Interview AURÉLIE BOOB Photo LUC DEFLORENNE
16 NOVEMBRE 2022 Ristretto #Entreprises

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Haag, la CEO de Startalers, a annoncé la fin de la fintech

voulait offrir une solution d’épargne durable aux femmes.

Le gestionnaire d’actifs Abrdn a suspendu un certain nombre de clients au Luxembourg, à la suite d’un audit qui aurait conclu à des déficiences dans le dispositif de lutte contre le blanchiment d’argent.

Buck, CEO de Seqvoia. Cette différence a permis le succès tant de Londres que de Luxembourg, chacune s’étant spécialisée dans des chaînes de valeur différentes, explique le cofondateur du prestataire technologique qui aide les gestionnaires d’actifs dans leur défi de gestion du cycle de vie des produits financiers. Basé au Luxembourg, il a ouvert un bureau à Londres en octobre 2021.

Hengesch, cofondateur d’Ilavska Vuillermoz Capital, se réjouit de voir entrer à l’advisory board de sa société de private equity l’ancien ministre de l’Économie, Étienne Schneider

avons besoin d’un secteur financier rentable pour assurer la compétitivité de notre pays à court et moyen terme, ainsi qu’une pérennité dans plusieurs domaines. Malgré tout, cette compétitivité n’est pas acquise. »

Reuter, secrétaire centrale de l’OGBL Secteur Financier,

sujet du nouveau plan stratégique que Credit Suisse a annoncé.

3 PRAGMATIQUE « Luxembourg
n’est pas un centre financier, mais plutôt un centre pour les produits financiers. »
Nicolas
6 RASSURANTE « Si
une tempête risque bien de frapper le groupe, ses effets ne devraient pas trop affecter le
Luxembourg. » Sylvie
au
1 DÉSOLÉE « Je
veux assumer.
Vis-à-vis
de mes six employés. Vis-à-vis de mes clients. »
Gaëlle
qui
5 ALERTE « Nous
C’est ce dont s’inquiète Gwladys Costant, coprésidente de la FR2S (Federation for Recruitment Search & Selection).  4 SATISFAIT « Dans
ses différentes fonctions politiques, il a été l’un des principaux moteurs du développement de l’industrie des start-up et de l’espace au
Luxembourg.  » Laurent
2 OFFICIEL « Nous
travaillons avec un petit nombre de clients au Luxembourg pour résoudre un problème historique lié à la documentation. »
Photos Guy Wolff, Patricia Pitsch (archives), Anthony Dehez (archives)
18 NOVEMBRE 2022 Sélectionné par MARC FASSONE et MATHILDE OBERT Ristretto #PlaceFinancière
swissquote.lu Les investissements comportent divers degrés de risque. Swissquote Bank Europe SA - RCS B78729. Banque supervisée au Luxembourg par la CSSF. ET SI CECI ÉTAIT VOTRE MEILLEUR INVESTISSEMENT Rejoignez Swissquote et profitez de conditions spéciales* pour 6 mois : • Trading gratuit sur les marchés US • 4 % d'intérêt sur le dollar *Offre sous conditions.

d’attirer les meilleurs talents »

Quelle priorité stratégique avez-vous pour Clifford Chance Luxembourg ?

Elle consiste à poursuivre notre croissance. Depuis 2015, nos équipes juridiques ont grandi de près de 50 %. Car il y a de plus en plus de demandes pour des conseils juridiques complexes. Nous restons donc raisonnablement optimistes et suivons avec attention les conditions macroéconomiques, qui nous imposent un suivi régulier de nos critères de développement.

Ce qui fait du développement des talents une autre priorité ?

Tout à fait. Nous devons attirer les meilleurs talents pour notre clientèle internationale, qui est exigeante. Malgré les tensions actuelles sur le marché de l’em ploi, nous voulons continuer de les voir venir chez nous, et ensuite les accompagner tout au long de leur carrière avec des formations et des échanges avec d’autres bureaux Clifford Chance.

Comment comptez-vous vous différencier, alors que les défis du recrutement sont importants ?

Clifford Chance est une marque extrêmement forte et reconnue. En termes de branding, nous sommes classés comme le 2e cabinet d’avocats d’affaires le plus connu en Europe continentale, et le 3e au monde. Il est aussi nécessaire que nous communiquions sur notre culture d’excellence, ainsi que sur nos objectifs et résultats RSE, de diversité et d’inclusion. Nous assu rons une présence ciblée sur les salons de recrutement et développons des partenariats universitaires.

Sur quels marchés êtes-vous présents pour dénicher les nouveaux talents ?

Nous sommes présents sur le marché luxembourgeois, mais il reste relativement restreint par rapport à nos besoins. Nous sommes principalement actifs en France, en Belgique et en Allemagne, mais également au-delà.

Sur quels segments de marché se situent vos principaux besoins ?

Nos besoins sont liés à notre principale base de clientèle au Luxembourg, qui se compose d’investis seurs financiers. Ils représentent deux tiers de nos activités. Notre équipe Fonds d’investissement s’occupe de mettre en place les fonds. Notre équipe Corporate se charge de la mise en place des structures d’acquisition, de détention et de vente des actifs gérés par ces fonds. Notre équipe bancaire aide à la mise en place des financements nécessaires tout au long du cycle de vie des fonds.

Comment votre clientèle internationale influence-t-elle votre stratégie ?

Nous avons une stratégie globale qui est déclinée au niveau régional, et ensuite au niveau national.

Nous sommes une seule et même firme, tout en préservant les spécificités locales. Nous servons nos clients internationaux de la même manière partout dans le monde.

Et comment se distingue Clifford Chance Luxembourg dans cette stratégie ?

Notre vision n’est pas de travailler en silo avec une approche pays par pays.

Nous développons des centres d’excellence qui correspondent aux marchés locaux.

Des cabinets locaux développent des services forensic. Est-ce, par exemple, un domaine sur lequel vous vous positionnez ?

Nous disposons d’une expertise considérable dans notre équipe Contentieux, ainsi que d’ex perts dans d’autres bureaux qui peuvent être mobilisés pour des besoins particuliers. C’est en effet un bel exemple de collaboration inter-bureaux.

Avec un secteur financier local transfrontalier, Clifford Chance peut donc s’appuyer sur de multiples opportunités de collaboration inter-bureaux ?

J’en suis absolument convaincue. La collaboration transfrontalière est notre quotidien, c’est dans notre ADN. Nous sommes d’ailleurs très sensibles à l’en semble des cultures, comptant 28 nationalités au sein de notre bureau luxembourgeois. Une situation unique.

Après deux années de crise sanitaire, comment se déroule le retour de vos collaborateurs sur leur lieu de travail ?

Notre bâtiment principal est devenu trop étroit. Nous aménageons donc un plateau dans un autre bâtiment adjacent. Nous entamerons ensuite le réamé nagement de notre bâtiment principal, où chacun disposera de son propre bureau et d’espaces collabora tifs. Nous avons également une politique de télétravail de deux jours par semaine.

Interview BENOÎT THEUNISSEN Photo MATIC ZORMAN Deux tiers des activités de Clifford Chance Luxembourg, dont Katia Gauzès est la managing , servent les fonds. Managing partner de Clifford Chance Luxembourg depuis le 1er octobre 2022, Katia Gauzès évoque les défis du recrutement des avocats.
« Continuer
20 NOVEMBRE 2022 Ristretto #PlaceFinancière

Au cœur d’un pays en mouvement.

Notre monde tourne à une vitesse folle et le Luxembourg est en constante transformation. De l’éducation à l’environnement, en passant par la sécurité et le système judiciaire, vous vous activez en permanence pour améliorer les services et pour réinventer les relations entre l’État et les citoyens.

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Pour nous, l’avenir se construit chaque jour.

Comme Ricarda, Gestionnaire de projets Tourisme au ministère de l’Économie, rejoignez-nous ! Plus d’informations sur :

Vos talents au service du citoyen

Une

ère de

électrifiée

Le constructeur Ford lance une offre complète qui vise à lever les réticences de certains entrepreneurs par rapport à l’électrification de leur flotte. Contenu sponsorisé par FORD Automobile
nouvelle
productivité
Rechargement ConnectivitéFinancement Entretien 22 NOVEMBRE 2022 BRAND VOICE

Poussés par la réglementation ou par des dirigeants visionnaires, la plupart des constructeurs automobiles électrifient désormais massivement leur gamme. C’est particulièrement le cas du constructeur américain Ford, qui a fait de la neutralité carbone un élément central de sa stratégie. La marque doit notamment cette orientation à son actuel dirigeant, William Ford, arrière-petit-fils du fondateur de l’entreprise, Henry Ford. « Cet attachement à la neutralité carbone et à la protection du climat va au-delà de la mise sur le marché de véhicules électriques, explique Patrick Van der Aa, Director Commercial Vehicle Sales and Marketing de Ford BeLux. Si neuf véhicules électriques –pour passagers et utilitaires –rejoindront la gamme d’ici 2024, Ford veille aussi à ce que la production en elle-même soit la plus neutre possible, notamment en matière de consommation d’eau et d’autres matières premières. »

Une solution intégrée complète

Pour convaincre les entrepreneurs et gestionnaires de flotte de l’intérêt de passer à l’électrique, il faut tout d’abord proposer des véhicules qui répondent à leurs besoins. En la matière, le paysage automobile actuel manque cruellement d’alternatives électriques en ce qui concerne les fourgons. Pour combler ce vide, Ford vient de mettre sur le marché un véhicule utilitaire électrique particulièrement performant, le Ford e-Transit (lire notre encadré).

Mais la marque américaine ne s’est pas contentée de rendre disponible ce véhicule élec trique inédit. Elle a également accompagné ce produit de quatre autres éléments, composant une offre complète destinée à faciliter l’adoption du véhicule électrique en entre prise. « En optant pour Ford PRO, on bénéficie non seulement du véhicule, mais aussi d’une solution de chargement –

publique, au domicile ou au sein de l’entreprise –, d’un package tout compris pour faire entrete nir les véhicules dans le réseau Ford, d’une solution de téléma tique permettant de suivre le véhicule en temps réel, et d’une offre de financement », détaille Patrick Van der Aa.

Pour le volet télématique de Ford PRO, il est possible d’opter pour la version gratuite (Ford Telematics Essentials) ou payante (Ford Telematics). Cette dernière option offre de nombreuses autres informations que l’état du véhicule : suivi GPS en temps réel, informations sur le comportement du conducteur, etc.

Le package Ford LIVE, qui facilite les opérations d’entretien, permet en outre d’optimiser la gestion de la flotte en donnant la possibilité de surveiller, à distance, l’état du véhicule et d’anticiper les éventuelles pannes plutôt que de devoir réparer.

Consolider une position de leader

Cette offre est la première du genre sur le marché luxembourgeois. Elle a convaincu des entreprises d’envergure, comme les CFL, qui ont déjà reçu leur premier e-Transit.

« Depuis 7 ans, nous sommes les leaders sur le marché de l’utilitaire en Europe.

Nous souhaitons consolider cette position en accompagnant l’électrification des flottes, ajoute le directeur marketing de Ford BeLux. Notre offre Ford PRO peut aussi s’appliquer à des modèles qui sont déjà sur le marché. On peut facilement ajouter l’option télématique à toute une gamme de véhicules, qu’il s’agisse d’utilitaires ou non, ou même de voitures d’autres marques. Mais l’immobilisation d’un véhicule utilitaire étant plus préjudiciable à l’entreprise, nous préconisons d’utiliser Ford PRO d’abord pour ce type de véhicule. »

Aujourd’hui, Ford déploie beaucoup d’énergie pour expliquer l’intérêt de son offre aux gestionnaires de flotte et autres entrepreneurs. Le constructeur a même engagé des experts – notamment pour les questions du chargement et de la télématique – qui accompagnent les équipes de Ford lorsqu’elles rendent visite aux entrepreneurs intéressés. Cela permet d’identifier quelle est la meilleure solution à mettre en place dans leur entreprise. « En s’appuyant sur ces compétences, on peut rapidement donner un plan concret à suivre pour électrifier la flotte. C’est très apprécié par nos clients », conclut Patrick Van der Aa.

L’E-TRANSIT EN 4 CHIFFRES

317 km

Le Ford e-Transit offre une autonomie de 317 km, de quoi répondre à la plupart des besoins quotidiens des entreprises.

1.758 kg

En offrant une charge utile de 1.758 kg, le Ford e-Transit dépasse les standards actuellement disponibles sur le marché.

15,1 m3

L’espace de chargement maximal du Ford e-Transit est de 15,1 m3. Idéal pour de nombreux corps de métier.

34 min

Pour recharger le Ford e-Transit de 15 à 80 %, il ne faut que 34 minutes en courant continu.

Intéressé par l’offre Ford PRO ? Rendez-vous sur www.ford.lu
NOVEMBRE 2022 23

Une dynamique toujours orientée à la hausse

Luxembourg profite du développement des investissements alternatifs.

2026, le volume des actifs sous gestion devrait plus que doubler, selon la société londonienne Preqin*. Cette croissance est portée par le développement

private equity, qui représenterait

du secteur des investissements alternatifs

2026. L’attrait du Luxembourg pour ces stratégies n’est plus à démontrer :

matière de domiciliation

fonds alternatifs, la part de marché du pays

de 15 % en 2010. Elle est de 46 % en 2021. Auteur MARC FASSONE

ÉVOLUTION DES ACTIFS ALTERNATIFS

LUXEMBOURG

en adoptant rapidement

directive AIFM (Alternative Investment Fund Managers), a su

de la tendance mondiale à la croissance

investissements

LE SECTEUR DU PRIVATE EQUITY AU LUXEMBOURG

sous gestion

sein

la

gestion dans les fonds alternatifs ayant adopté une stratégie

Le
D’ici
du
43 %
d’ici
en
de
était
Data Dada #PrivateEquity 375 milliards d’euros 88,5 milliards d’euros 2018 148 milliards d’euros 2019 207 milliards d’euros 2020 2021 1.042 milliards d’euros 2020 904 milliards d’euros 2019 653 milliards d’euros 2018 567 milliards d’euros 2017
AU
Le Luxembourg,
la
profiter
des
alternatifs.
Montant
au
des structures régulées par
CSSF Montant sous
de private equity * Société spécialisée dans le traitement des données financières. 24 NOVEMBRE 2022
4.900 milliards d’euros 2026 2.200 milliards d’euros 2021 1.300 milliards d’euros 2015 ÉVOLUTION DES ACTIFS ALTERNATIFS EN EUROPE Sur ces montants, Preqin estime que les stratégies de private equity représenteront 43 % des volumes en 2026. Sources Rapport Alternatives in Europe 2022 de Preqin publié ce 9 septembre, étude Alfi/Deloitte 2018 / 2019, AIFM Reporting Dashboard 2020 de la CSSF, estimation de la LPEA basée sur la base de données Preqin pour le Luxembourg NOVEMBRE 2022 25

« Nous devons être innovants à tous les niveaux de la chaîne de valeur »

Jean Muller a repris, il y a une dizaine d’années, la tête de l’entreprise familiale, Les Moulins de Kleinbettingen. Avec un mot d’ordre : innover. Farine au packaging moderne, pâtes 100 % luxembourgeoises, viande végétale : chaque étape de la chaîne de valeur d’un produit doit être pensée afin de s’imposer, en local ou à l’export, sur un marché très concurrentiel.

Photo GUY WOLFFInterview PIERRE PAILLER
26 NOVEMBRE 2022 Conversation
NOVEMBRE 2022 27 Jean Muller
De la viande végétale dans un pain burger local ? Voici un des produits novateurs que les Moulins de Kleinbettingen développent.

En 2020, vous lanciez la marque Le Moulin, des gammes de farines et de pâtes à destination du consommateur luxembourgeois et dont le blé est 100 % d’origine luxembourgeoise. Deux ans plus tard, vous avez vendu un peu plus de deux millions de paquets de pâtes. Vous avez par ailleurs été récom pensé lors des Sustainability Awards (voir page 48) pour ce produit. Comment ce projet est-il né ? Quand je suis revenu de Suisse, après y avoir vécu et travaillé pendant 10 ans, je me suis rendu compte que de nombreux produits composés de farine ou de semoule, qui pourraient donc être à base de blé luxembourgeois, ne l’étaient pas. L’idée fut donc de lancer une marque à base de matière première luxembourgeoise.

Vous aviez pourtant déjà dans votre gamme une farine à destination des boulangers… Cette farine était issue de notre programme Produit du terroir, lancé dans la seconde moi tié des années 90 avec l’ambition de produire un blé de qualité supérieure (voir chronologie). Elle était en effet réservée quasi exclusivement à une clientèle d’artisans boulangers. L’idée de la marque Le Moulin était de proposer des pro duits à destination du consommateur final, avec la possibilité d’étendre la gamme des produits.

Vous avez donc « rebrandé » vos farines classiques sous la marque Le Moulin. Mais qu’est-ce qui vous a incités à lancer une gamme de pâtes ?

Notre métier le plus important en volume est la semoule (la semoule de blé dur est un ingré dient essentiel à la fabrication des pâtes, ndlr), qui représente 50 % de notre activité. Nous avons donc décidé de lancer la première gamme de pâtes à base de blé dur luxembourgeois. Mais il faut savoir que la culture du blé dur, jusqu’à ce que nous en produisions en 2015, n’existait pas au Luxembourg : c’est une céréale qui résiste très mal à l’hiver…

BIO EXPRESS

Débuts en Suisse Né le 21 décembre 1981 à Luxembourg ville, Jean Muller étudie à HEC Lausanne. Il reste ensuite travailler en Suisse entre 2007 et 2010 en tant qu’analyste en corporate finance, d’abord chez Valartis Bank puis chez Helbing.

À la tête de l’entreprise familiale En 2010, il rejoint l’entreprise familiale, les Moulins de Kleinbettingen, pour prendre la relève de son père. Il en devient le CEO en 2015.

Président de la Fial Jean Muller est président de la Fédération des industries agroalimentaires luxembourgeoises et administrateur dans différentes entités : M Immobilier, Sources Rosport, United Caps SA, Luxembourg Air Rescue, Valorlux, TJ Capital, ainsi que la Fedil.

le développement du packaging et la commu nication. En outre, six mois avant la commer cialisation, nous avons présenté le produit à tous les supermarchés afin de déterminer comment mettre le produit le plus possible en avant – quasiment tous les acteurs au Luxem bourg nous ont soutenus dans cette action.

Et vous avez aussi réalisé un joli coup de communication avec la distribution de 260.000 paquets de pâtes dans les boîtes aux lettres luxembourgeoises. D’où l’idée vous est-elle venue ?

Comment avez-vous trouvé un blé dur qui s’adapte aux conditions luxembourgeoises ?

Pendant cinq ans, avec différents agriculteurs qui travaillent dans le cadre du programme Produit du terroir, nous avons testé différentes variétés de blé afin d’en trouver une qui passe bien l’hiver et qui convienne au sol luxem bourgeois. Il fallait aussi qu’elle ait une bonne qualité semoulière afin d’obtenir une pâte de qualité, un bon rendement pour l’agriculture et un nombre limité de maladies – afin d’évi ter l’ajout de produits phytosanitaires.

Cinq ans de recherche, cela nécessite-t-il un investissement élevé ? Les cinq années de développement du produit ont probablement nécessité un million d’euros d’investissement. Mais ce n’est pas quelque chose que nous avons chiffré comme tel. Et c’est sans compter tous les essais de blé dur qui n’ont pas fonctionné ou les premières années de productions, coûteuses et parfois inutilisables.

Vous avez aussi beaucoup investi dans le lancement du produit en tant que tel… Nous avons à nouveau investi environ un mil lion d’euros pour le lancement de cette marque,

Quand on lance quelque chose de nouveau, tout le monde se demande comment le faire différemment. Or, l’ADN de notre entreprise est de faire des produits durables, ce qui se caractérise par notre lien fort avec l’agriculture dans le cadre du programme Produit du terroir. Mais aussi d’être innovants : nous l’avons fait dans le moulin, dans la matière première, dans le packaging – en en proposant un qui est 100 % recyclable –, et nous avons aussi fait preuve d’originalité dans notre campagne de lance ment en offrant un paquet de pâtes à chaque Luxembourgeois.

Deux millions de paquets vendus en deux ans : c’est en ligne avec vos ambitions commerciales ?

Cela dépasse nos attentes. Nous sommes devenus une des marques principales de pâtes au Luxembourg.

La marque Le Moulin se vend pour le moment exclusivement au Luxembourg. Envisagez-vous de commercialiser ces produits aussi à l’étranger ?

Pas pour le moment. Un client luxembourgeois aura une plus grande sensibilité au fait d’avoir un produit local que dans les pays voisins. Autant la marque Farin’up, avec les mix desserts, a une vocation internationale, autant Le Moulin est destiné à rester national.

101 ANS AVEC LES MOULINS DE KLEINBETTINGEN

1921

Le début de l’ère moderne C’est en 1704 qu’un membre de la famille Muller devient meunier pour la première fois, une tradition qui se perpétuera ensuite de génération en génération. Mais le début de l’ère moderne pour l’entreprise familiale a lieu en 1921, avec l’achat des moulins de Kleinbettingen et d’Arlon, construits en 1894.

1974

L’entreprise réinvestit massivement dans les infrastructures. Le moulin peut désormais moudre aussi bien le blé tendre que le blé dur. Il est alors le premier au Luxembourg à se lancer dans la production de semoule à base de blé dur, qui représente aujourd’hui plus de 50 % de l’activité.

Lancement du programme Produit du terroir

Le programme Produit du terroir, qui fédère les moulins du Luxembourg et les acteurs agricoles, est lancé, avec l’idée de produire un blé de qualité supérieure, dans un esprit de durabilité. Désormais, 18.000 tonnes sont récoltées chaque année et plus de 250 agriculteurs y participent.

2010

Farin’Up, un nouveau style d’emballage pour la farine Jean Muller rejoint l’entreprise familiale, avant d’en devenir le CEO en 2015. Farin’Up, la première farine pratique pour la cuisine et la pâtisserie, est lancée. « Ce n’est pas moi qui l’ai lancée, mais notre directeur commercial, Frédéric Baijot », précise Jean Muller.

La marque Le Moulin est lancée

Les Moulins de Kleinbettingen lancent la marque Le Moulin, qui s’adresse à tous les consommateurs. L’entreprise devient le premier acteur à proposer une gamme de pâtes sèches avec du blé d’origine 100 % luxembourgeoise.

2020
1999
28 NOVEMBRE 2022 Conversation
Photos Moulins de Kleinbettingen, Shutterstock et Guy Wolff

Quel est, dès lors, l’avenir de la marque ?

Elle va beaucoup s’élargir. Nous voulons conti nuer à développer, à partir de matière pre mière locale, différentes gammes de produits de qualité. L’année prochaine, nous allons presque doubler nos références en pâtes. Nous allons aussi lancer une nouvelle gamme de produits. Imaginez tous les produits avec des céréales : cela peut aller des céréales du petit-dé jeuner aux biscuits, en passant par un bun de hamburger. C’est très large. À l’heure actuelle, nous analysons toutes les gammes où notre produit et notre savoir-faire seraient perti nents pour le consommateur luxembourgeois. Nous faisons des études avec des panels de consommateurs afin de bien comprendre où nous pourrions le toucher.

Si 75 % de votre chiffre d’affaires est toujours lié à votre activité en B2B, vous avez déjà lancé un produit retail novateur en 2010, avec la marque Farin’up – une farine pratique pour la cuisine, qui se caractérise par son emballage avec un bouchon verseur. D’où provient cette idée d’emballage novateur ?

Les packagings du lait, du café ou du sucre avaient évolué en 100 ans. Le seul qui ne l’avait jamais fait était celui de la farine… Avant, nous vendions nos sachets d’un kilo de farine. Leurs ventes au Luxembourg représentaient moins de 1 % de notre chiffre d’affaires. Il y avait donc sûrement un moyen d’innover sur ce point. Et c’est avec ce produit Farin’up que nous avons commencé à faire de l’export en retail. Au Luxembourg, personne n’en voulait. Notre premier client a été le groupe Casino, en France. Ensuite, nous avons trouvé plusieurs autres clients en France, en Belgique, en Allemagne, en Suisse. Et, étape par étape, nous avons agrandi cette gamme retail, qui décline désor mais une centaine de produits.

Quelles sont ces différentes gammes ?

Nous vendons cette farine sur différents mar chés, avec différents emballages. Mais nous avons surtout des préparations, des mix pour gaufres, pour crêpes ou pour pancakes. L’idée est que ces produits soient très simples à faire, avec des ingrédients naturels : pas besoin de beaucoup d’expérience, il n’y a en général qu’un ingrédient à ajouter, avec l’objectif que cela ait le goût des cookies de votre grand-mère.

Avec ces mix Farin’up, vous avez aussi ciblé les États-Unis…

Nous y avons installé une société en 2018. Cette année, nous sommes présents dans environ 2.000 supermarchés – principalement sur la côte est, mais aussi sur la côte ouest –, et nous allons atteindre un chiffre d’affaires de deux millions de dollars.

Quel avenir voyez-vous pour cette antenne aux États-Unis ?

Nous sommes dans une phase stratégique clé. Avec deux personnes qui travaillent aux ÉtatsUnis, c’est une toute petite équipe. Il faut voir comment encore mieux cerner ce marché, trouver les partenaires sur place pour devenir plus local. C’est un travail qui est en cours.

Comment s’imposer à l’international face à des mastodontes de l’agroalimentaire ?

Le marché du paquet de farine d’un kilo n’est pas un marché international, mais un marché national : quand vous allez en France, vous ache tez de la farine française, en Allemagne idem, et c’est pareil dans tous les pays. Mais nous sommes une PME luxembourgeoise qui réalise

plus de 80 % de son chiffre d’affaires via l’ex portation. Nos concurrents sont donc en effet internationaux. Nous différencier, que ce soit par la matière première – qu’elle soit par exemple cultivée de manière durable – ou en changeant le packaging, est indispensable. Nous devons ainsi être innovants à tous les niveaux de la chaîne de valeur, car si nous ne proposons pas au marché quelque chose d’autre que ce que proposent nos concurrents français ou alle mands, un client local va toujours préférer un fournisseur local. L’innovation de Farin’up nous a, par exemple, permis d’exporter un produit qui, à la base, ne s’exporte pas.

Vous vous êtes aussi lancés dans une autre aventure en 2017 : la production de viande végétale. Comment évolue-t-on de la farine à un tel produit ?

L’idée est apparue il y a 10 ans. Les moulins concurrents de notre taille, dans les pays voi sins, proposent souvent des produits assez standards, qu’ils vendent à très peu de clients. Nous, c’est l’inverse : nous n’avons presque pas de produits standards, mais une très forte panoplie de clients. À l’heure actuelle, aucun client ne fait plus de 10 % de chiffre d’affaires, et la plupart de nos clients sont en dessous de 2 %. C’est donc très varié, et presque chaque client a un produit qui lui est dédié. Ainsi, nous sommes déjà des spécialistes des produits sur mesure à valeur ajoutée. Nous nous sommes donc demandé : comment peut-on faire encore plus de valeur ajoutée avec de la farine ?

C’est ainsi que vous est venue l’idée de produire de la viande végétale ?

À l’origine, l’idée était de faire de la farine extru dée, une farine modifiée au niveau moléculaire et utilisée pour des applications très spéciales comme les soupes séchées, où il est nécessaire d’ajouter de l’eau. En 2019, un client, qui nous achète beaucoup de farine pour produire notam ment de la chapelure, nous a demandé une chapelure très spécifique. Il avait besoin de farine exsudée pour cela. Nous avons donc investi dans cette technologie, tout en sachant que nous pourrions aussi l’utiliser pour faire de la viande alternative – un marché qui commen çait à se développer alors. Nous avons donc gardé de 10 à 15 % de notre capacité dédiée à la recherche, puis commencé à faire des tests avec des clients. Mais il y a alors eu un tel engoue ment, et nous avons eu tellement de demandes autour de ce produit que nous avons décidé de réorienter cette technologie à 90 % vers la pro duction de remplacement de viande.

Vous prenez donc le pari que la viande végétale aura un bel avenir ?

Une étude des Nations unies indique qu’en 2050 il manquera 265 millions de tonnes de proté ines pour nourrir la population grandissante. Les terres qui restent sur la planète ne suffiront

RÉPARTITION DU CHIFFRE D’AFFAIRES PAR MARCHÉ Année 2021 ÉVOLUTION DU NOMBRE D’EMPLOYÉS ÉVOLUTION DU CHIFFRE D’AFFAIRES En millions d’euros 2017 2017 2016 2016 2019 2019 2018 2018 2020 2020 2021 2021 2022 2022 NOVEMBRE 2022 29 Jean Muller Sources RCS, Moulins de Kleinbettingen Prévisions 80 Prévisions 80 58,8 71 55 69,5 59,7 69 54,7 47,3 44,944,9 51,6 60 Luxembourg 15 % Grand export (Scandinavie, USA) 15 % Export Grande Région (France, Allemagne, Belgique) 80 %

pas pour nourrir ces personnes uniquement avec des protéines animales. Nous devons donc trouver des alternatives. Beaucoup de personnes ont entendu parler des protéines à base d’in sectes. Une autre alternative est de remplacer la viande par des protéines végétales. Dans les 10 prochaines années, il y aura probablement une très forte croissance dans ce secteur.

Quand, à la fin de l’année prochaine, le premier cycle d’investissement sera terminé, nous dis poserons de deux lignes de production, et l’investissement aura atteint les 20 millions d’euros. Et si, avant, nous ne nous concentrions que sur les céréales, nous avons désormais décidé d’élargir ce spectre et de concentrer notre savoir-faire sur une gamme plus large de plantes. Les protéines peuvent être des protéines de blé. Mais nous avons aussi des projets avec des pro téines de tournesol, et nous effectuons des tests sur du soja planté localement en Europe, sur des pois, du pois chiche… La panoplie de pro téines que nous pouvons utiliser est très large. Et il y a aussi les restes d’orge, qui contiennent beaucoup de protéines et qui représentent un très grand challenge pour l’industrie brassicole. Une partie est désormais utilisée pour l’alimen tation animale, mais nous faisons des tests avec un brasseur pour utiliser ces protéines afin de faire du substitut de viande.

Vous êtes une entreprise familiale, avec une image traditionnelle, mais l’innovation est essentielle et vous exportez à l’international. Comment conciliez-vous ces deux aspects de votre entreprise, la tradition et la modernité ?

Sourcer notre matière première localement, cela donne du sens, économique et écologique. Ainsi, même si on exporte, ce que nous ven dons est un savoir-faire basé sur une agriculture locale et raisonnée. Cela parle au consomma teur local, mais aussi de plus en plus au consom mateur mondial. D’un autre côté, les scandales alimentaires se sont multipliés ces 10 dernières années. Donc, avoir un outil qui est moderne et qui répond aux critères de qualité sanitaire les plus élevés est très important aussi pour tous nos clients. Ainsi, il faut aligner la moder nité de ces installations avec un savoir-faire traditionnel, et je pense que c’est ce qui fait notre succès aujourd’hui.

Prendre la direction de l’entreprise à la suite de votre père a-t-il toujours été une évidence ?

J’ai grandi avec un père qui, lorsqu’il rentrait le soir pour le dîner, nous parlait toujours avec énormément d’enthousiasme de son travail, de ses échanges avec les agriculteurs, du lancement de nouveaux produits. Il était heureux. Très petit, je me disais : « Je n’ai pas exactement compris tous

les détails de ce que papa fait, mais ça a l’air sympa. Si, un jour, je pouvais travailler avec lui, ou faire ce qu’il fait, ce serait génial ! » C’est avec cette idée que je suis parti à l’université. Puis, je me suis rendu compte que j’étais presque le seul à ne pas m’interroger sur mon travail, ce qui n’était pas forcément une bonne chose. J’ai décidé de m’intéresser à d’autres sujets et de me poser la question de ce que, moi, je voulais faire. Pour cela, je devais expérimenter, voir le monde et comprendre ce qui me plaît. J’ai ainsi travaillé en corporate finance, puis pour une petite banque d’investissement en Suisse, et enfin dans une société qui menait des restructurations d’entre prises. J’ai énormément appris..

Finalement, le naturel est revenu…

En 2010, le bras droit de mon père partait à la retraite. Il m’a alors demandé si je voulais rejoindre l’entreprise familiale, en précisant que cette opportunité ne se représenterait peut-être pas.

J’ai dit vouloir réfléchir pendant deux semaines, mais, quand j’ai raccroché le téléphone, j’avais déjà pris ma décision. Aujourd’hui, je suis très content d’avoir fait ce choix. J’ai encore dit à mon père, lors de la célébration de nos 101 ans, que je n’avais pas connu un seul jour de regret.

À la tête d’une entreprise familiale, la perspective de l’échec doit susciter beaucoup de pression. Comment vivez-vous cette responsabilité ?

J’ai eu la chance d’avoir un père qui m’a fait confiance dès que j’ai rejoint l’entreprise fami liale, qui m’a encouragé à prendre des initiatives et qui a aussi laissé la place aux erreurs, com prenant que cela fait partie du développement.

Quelles ont été vos relations de travail avec votre père ? Avez-vous eu des désaccords ? Nous avons travaillé ensemble de 2010 à 2017. Nous avons eu de nombreuses discussions très intenses et franches où, souvent, nous n’étions pas du tout d’accord. Mais nous avons toujours réussi à maintenir le dialogue et, le soir venu, à manger ensemble et rigoler. Je savais que, dans notre relation, il y avait, dans les deux sens, une très grande bienveillance. Et, avec cette bien veillance, tout peut se dire, tout peut se faire.

Vous avez une ambition qui vous porte au-delà des Moulins ?

Mon rêve est de développer le Luxembourg, ensemble avec l’Université, les fédérations alimentaires et d’autres entreprises dans l’ali mentaire, de manière que ce pays devienne une référence pour des produits alimentaires de qualité et cultivés de façon durable. Ce n’est pas quelque chose qui se fait sur quelques années, plutôt sur une génération. Mais j’ai envie de croire à ce rêve et de donner les moyens de réaliser cela. La Suisse a réussi. Je pense que le Luxembourg a tous les atouts pour réussir aussi.

Avec 6,3 % de terres agricoles certifiées bio en 2021, le Luxembourg est très loin de son objectif de 20 % qu’il s’est fixé pour 2025. Mais Jean Muller considère que le bio n’est peut être pas la solution pour obtenir des produits de qualité – en tout cas pas la seule. De fait, selon lui, le bio, en imposant une absence de traitements, a des conséquences lourdes : « Dans le blé, une culture biologique divise le rendement par deux », constate t il.

Or, « à côté de l’agriculture biologique, il y a aussi l’agriculture raisonnée », explique t il. Celle ci permet une autre approche, en se demandant « quelle est la quantité de produits utilisables pour obtenir un bon rendement tout en gardant la nuisance pour l’environnement à un niveau minimum. Il s’agit de trouver la juste alternative. »

5 % de la production des Moulins de Kleinbettingen est issue du bio. Jean Muller assure encourager son développement, mais tout est question d’« équilibre » : « Je ne sais pas si le bon objectif est d’avoir tout en bio au Luxembourg. Il faut en tout cas se demander quel impact a chaque traitement, et si cela apporte plus d’effets négatifs que positifs. »

D’autant plus que nous vivons une crise du pouvoir d’achat. « Les produits qui ont la moitié du rendement, donc qui coûtent le double du prix, sont-ils la bonne solution pour nourrir la planète ? », s’interroge Jean Muller. Celui ci prône in fine une approche pragmatique, et non dogmatique, qui reconnaît le fait qu’il s’agit d’« un sujet complexe

Comment cette idée se traduit-elle concrètement ?
». AGRICULTURE BIO OU RAISONNÉE ? 20182017 2019 2020 2021 2025 Objectif 20 6,3 5,18 4,844,35 Évolution de la part de surface agricole biologique au Luxembourg En % de la surface agricole utile 4,53 30 NOVEMBRE 2022 Conversation Jean Muller Source Ministère de l’Agriculture

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Pour Nasir Zubairi, « les données sur les transactions aident à construire l’identité et l’identité aide à créer davantage d’inclusion ».

« L’éducation est le fondement de tout succès »

La Lhoft a célébré son cinquième anniver saire au début de l’été. Racontez-nous à nouveau ce que vous avez retenu de vos premiers moments au Luxembourg, vous qui êtes passé par Londres, les États-Unis ou encore l’Asie au cours de votre carrière…  C’était surprenant, d’une manière très posi tive. Je ne savais pas vraiment où était Luxem bourg quand je suis arrivé, en provenance de Berlin, pour l’ICT Spring 2015. Le fait que la Lhoft soit une cofondation a été un élément-clé pour son succès : Luxembourg est une com munauté assez recentrée et accessible de gens qui, en raison de la taille du pays, veulent faire une différence, avoir un impact positif. Je n’avais jamais vu cela ailleurs. Les gens sont toujours surpris quand ils apprennent com bien notre équipe est petite. Chaque chose que nous faisons, nous la faisons avec les autres et avec la communauté de Luxembourg. Nous pourrions potentiellement faire plus avec plus de ressources, mais nous avons été prudents ces cinq dernières années en choi sissant nos initiatives en relation avec l’im pact que nous en attendions. Nous sommes une start-up qui conseille des start-up dans un pays de start-up. Maintenant que nous avons stabilisé notre travail, nous pouvons aborder plus en profondeur de nouveaux pro jets, aller vers la diversité dans le business et l’ESG – et, une fois de plus, nous ne cher chons pas à reproduire ce que font les autres, mais à nous concentrer sur notre cœur d’ac tivité –, comme Catapult: Inclusion Africa, qui a été un grand succès, à tel point que nous avons reçu 400 candidatures pour la nouvelle saison, fin octobre.

Est-ce que les fintech africaines vont conti nuer à se développer ? Parce que de grands acteurs arrivent en Afrique, car ils l’ont identifiée comme un lieu à haut potentiel de développement, et que la connectivité se déploie beaucoup mieux qu’il y a 10 ans.

Ces grands acteurs opèrent déjà en Europe et cela n’a pas mis fin au business des fintech… Elles créent une différence. Tous les marchés en développement ont un énorme potentiel de croissance. J’étais récemment en Jordanie, pour un sommet qui réunissait de nombreux représentants des banques centrales, et le sujet principal était les fintech comme axe de développement.

Pourquoi ? La digitalisation amène de l’accès. Tout le monde a un smartphone. Le smartphone rend possible l’arrivée d’outils pour le paie ment numérique. Le paiement numérique crée des données sur les transactions. Les données sur les transactions aident à construire l’identité et l’identité aide à créer davantage d’inclusion.

La Lhoft est largement incarnée par celui que vous êtes. Est-ce que vous voyez de plus en plus de gens de l’extérieur venir vers vous ?

BIO EXPRESS

Le globe-trotteur de la fintech Si Nasir Zubairi a beaucoup voyagé – et surtout travaillé –à Londres, il est arrivé de Finleap, à Berlin, un incubateur de fintech où est par exemple née Solarisbank, dans laquelle ont investi le Luxembourg Future Fund, la SNCI ou encore Ilavska Vuillermoz Capital.

L’expert « globalisé » Expert « fintech » au Fonds monétaire international et à l’OCDE, Nasir Zubairi a aussi intégré le groupe d’experts de l’UE sur la blockchain l’an dernier.

Le MC du vendredi soir Master of ceremony du Fintech Friday, le Britannique a fait de ce rendez-vous à la Lhoft un must pour le secteur des fintech et la place financière.

Je ne vois pas des opportunistes, ici, mais des gens qui ont envie de faire les choses bien. Un des sujets sur lesquels nous travaillons parce que nous pouvons faire beaucoup mieux, c’est l’engagement avec le middle management des institutions financières. Parmi ce que nous vou lons faire, il y a créer plus d’interactions entre les institutions financières et les fintech. Nous avons besoin qu’elles soient mieux acceptées. Les CEO et les conseils d’administration, ça va. Mais comment atteindre le niveau intermé diaire, ceux qui vont faire en sorte que le chan gement ait lieu ? S’ils ne sont pas heureux, s’ils sont inquiets pour l’avenir de leur métier ou les changements, cette évolution n’aura pas lieu. Nous devons être plus présents auprès d’eux. C’est un sujet difficile. Il faut comprendre qui ils sont. Construire des profils de ces cibles de marché. Et construire une stratégie de marque, mais aussi une stratégie média et social media, pour commencer à discuter avec eux.

On voit des acteurs, parfois traditionnels, ne pas comprendre ce dont on parle ?

C’est un des gros problèmes. Qui est d’ailleurs commun à beaucoup d’industries. Vous com mencez à apprendre, puis à utiliser des acro nymes, des termes de plus en plus spécifiques. Vous pensez qu’ils ont du sens pour tout le monde, mais la réalité est très différente. Regar dez l’utilisation, depuis longtemps, par les banques, des termes « débit » et « crédit ». La plupart des gens ne voient pas la différence entre les deux. Pourquoi ne pas les remplacer par « money in » et « money out » ? J’ai répété à de nombreuses personnes qu’elles devaient tester le pitch de leur fintech auprès de leur fille ou de leur fils. Certaines fintech pensent que plus leur langage est technique, plus leur solution a de la valeur. Prenez la blockchain :

Photo MATIC ZORMAN Interview THIERRY LABRO
À la Luxembourg House of Financial Technology (Lhoft), le CEO Nazir Zubairi mise sur trois E : éducation, ESG et évangélisation. Des piliers qui devront aider à bâtir les succès de demain.
NOVEMBRE 2022 33 Conversation Nasir Zubairi

je trouve que toute la problématique de la blockchain et des cryptomonnaies amène de la confusion dans le langage. C’est une des principales barrières à l’adoption de ces tech nologies, à mon sens. MetaMask, pour acheter un NFT… Je ne me sens jamais com plètement à l’aise quand j’utilise cela. Alors que je travaille dans ce monde ! Je le trouve complexe. Alors pour une personne qui n’en fait pas partie… Il y a beaucoup à faire pour simplifier les choses. « Gas fees », qu’est-ce que c’est ? C’est simple, c’est un coût de tran saction. Pourquoi est-ce qu’ils ne l’appellent pas un coût de transaction ? Juste pour que ça ait l’air cool !

Cool et différent des frais bancaires… Pourquoi ? Est-ce que vous vous voyez aller dans la rue et demander à quelqu’un de payer des « gas fees » ? Il y a quatre ans, nous étions allés dans les rues de Luxembourg et de Londres pour demander à des passants ce qu’une série de termes financiers voulaient dire. Les gens ne comprennent pas ces termes.

Et pourtant, comme le répète Nicolas Mackel régulièrement, la place financière est un des principaux employeurs du pays…

Il y a quelque temps, une ONG avait rendu un rapport selon lequel le Luxembourg avait le plus haut niveau de compréhension finan cière en Europe. Mais même si c’est vrai, c’est beaucoup trop bas. Autour des 30 %. Beau coup de gens vous diront qu’il faut élever le niveau de compréhension. Je devine qu’il y a de la valeur à apprendre les mots et les concepts. Mais nous devrions travailler à rendre la finance plus simple à comprendre. Prenez les enfants. La plupart comprennent très vite les principes fondamentaux de la finance. Ils comprennent que pour acheter quelque chose, vous devez payer cette chose ; qu’il y a différentes manières de payer ; que si vous voulez acheter quelque chose de très cher et que vous n’avez pas l’argent nécessaire, vous devez économiser de l’argent ou emprunter de l’argent… C’est tout.

Est-ce que l’éducation est une de vos ambi tions pour les cinq prochaines années ? L’éducation est un enjeu majeur. Après le Covid, nous allons continuer l’éducation numérique, avec laquelle nous avons eu beaucoup de succès.

UNE INITIATIVE KYC À VENIR

L’impossible défi

Si aucune solution technologique ne s’impose au marché pour ses obligations de KYC, c’est que les solutions n’en sont pas. Une méthode nouvelle

La Lhoft veut réunir les parties prenantes pour définir les processus et les besoins.

Une solution à développer À des start-up ensuite d’apporter une solution face aux exigences du marché.

12.000 personnes ont suivi nos programmes. Des experts du monde entier ont pu y partici per et partager leurs connaissances. C’est si simple. Nous voulons aussi développer notre travail autour des jeunes talents, avec la Luxembourg Tech School et d’autres initia tives. Nous avons notre nouvel événement autour du recrutement, fin octobre. Ce n’est pas seulement du recrutement, mais la ren contre entre un fonds et un jeune talent. Il s’agit aussi de s’intéresser à l’éducation, savoir quelles sont les carrières qui ont un avenir, ce que sont les fintech, pourquoi elles sont exci tantes et intéressantes, où sont les challenges. Le VC Scholar Program a été incroyable : Pascal Bouvier mène un unique programme où des VC viennent partager leur expérience avec de jeunes gens, pour qu’ils comprennent les res sorts du venture capitalism. L’éducation est le fondement de tout succès.

Mais c’est un travail ingrat pour des experts, qui ont plutôt envie de parler et d’évangéliser sur les nouvelles tendances du secteur financier…

Peut-être, mais il y a un équilibre à trouver. Un alignement entre l’éducation des forces de tra vail d’aujourd’hui et les forces de travail de demain. Ces deux générations vont se rejoindre très prochainement. Les secondes pour arriver sur le marché du travail à très brève échéance. Vous imaginez nos enfants arriver sur un mar ché du travail conservateur ? Il y aura une crise des générations X et Z.

La tradition dit que les entrants vont devoir s’adapter aux contraintes et à l’univers de leurs aînés, non ?

Une des choses les plus intéressantes sera de regarder comment on répond à leurs envies de flexibilité.

Aujourd’hui, ils recherchent aussi des environnements de travail plus inclusifs. Oui, et c’est un autre aspect sur lequel la Lhoft veut travailler et apporter son aide : la ques tion de gender diversity, dans la finance et dans la technologie, car il n’y a pas assez de femmes dans des positions dirigeantes. Pour moi, il n’y a même pas assez de femmes qui sont candidates pour certains jobs. Il y a quelque chose qui ne va pas.

Qu’est-ce qui ne va pas ?

Je ne sais pas. C’est ce que nous essayons de comprendre. Nous avons lancé un certain nombre d’événements avec des groupes cibles, d’autres vont arriver en novembre. Et nous finaliserons un rapport sur ce que nous avons appris de ces trois événements. Quels sont les défis ? Quelles sont les opportunités ? Quelles sont nos recom mandations ? À partir de ces dernières, nous verrons ce que nous pouvons nous-mêmes mettre en place. Nous voudrions par exemple créer un programme de mentoring pour les femmes qui veulent s’orienter vers des carrières dans le secteur financier et technologique.

Des femmes pour des femmes ?

Non, pas nécessairement. Ce ne serait pas bien. Les mentors devraient être des hommes et des femmes. Vous pouvez apprendre des choses des deux côtés. Un des éléments-clés est de créer des role models. Une des meil leures que nous avons, sans aucun doute, est Yuriko Backes.

Est-ce que vous pensez que Mme Backes ou même Julie Becker, à la Bourse, sont des femmes auxquelles de jeunes femmes veulent ressembler ?

Bien sûr ! Ce sont des femmes incroyablement inspirantes. Nous avons tous des personnes différentes qui nous inspirent. Celle qui m’ins pire le plus est Christine Lagarde ! Elles ont magnifiquement géré leur carrière, elles per forment, leur attitude est exceptionnelle. Elles sont intelligentes et font la différence dans les services financiers. C’est pareil avec Paulette Lenert ou Corinne Lamesch. La diversité est un problème qui doit être résolu avec l’aide de tout le monde. La solution doit être amenée par la société dans sa globalité, y compris les hommes. J’étais assez déçu de voir que pour notre premier événement, il y avait très peu d’hommes. Le pire, c’est que les hommes pensent que c’est un sujet dont ils n’ont pas besoin de s’occuper. C’est faux, ils font partie de la solu tion. Une des excuses les plus ridicules pour s’en détourner est : « Je me sentais intimidé parce qu’il n’y avait que des femmes ! » Mais comment pensez-vous que les femmes se sentent quand elles vont à un entretien d’embauche dans une pièce remplie d’hommes ?

« Il n’y a pas assez de femmes dans des positions dirigeantes. » 34 NOVEMBRE 2022 Conversation Nasir Zubairi
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Sonia Franck, secrétaire générale d’Innovative Medicines for Luxembourg.

La crise luxembourgeoise du médicament innovant

Entre 2017 et 2020, 160 médicaments dits inno vants, c’est-à-dire apportant une innovation dans le cadre d’un nouveau traitement médical ou d’un traitement existant, ont été autorisés par l’Agence européenne du médicament (EMA) à pouvoir entrer dans l’UE. Sur ce total, 105 de ces innovations se sont frayé un chemin jusqu’au marché luxembourgeois. Soit donc une moyenne de 26 par an, qui permet au Luxembourg de figurer dans le top 10 continental en matière d’accès aux innovations médicales.

« Je ne connais pas le chiffre exact sur les 12 derniers mois, mais il doit se situer bien plus bas… », indique Sonia Franck, la secrétaire géné rale d’Innovative Medicines for Luxembourg, l’association représentant 61 laboratoires estam pillés « Recherche et développement », dont quelques-uns des plus grands groupes pharma ceutiques mondiaux (Pfizer, AstraZeneca, Bayer, Johnson & Johnson, Novartis, etc.). « Depuis octobre 2021, la mise en circulation de ces médi caments innovants est, en effet, bloquée par le ministère de la Sécurité sociale », précise-t-elle.

Pour lutter contre le cancer du poumon ou du sein, la leucémie, etc.

Alertée une première fois de ce blocage par cer tains de ses membres à l’automne 2021, IML a vu le problème s’amplifier mois après mois. Au point qu’une petite étude menée cet été en interne auprès de ses membres a pu déterminer que « 86 médicaments innovants avaient été (ou seraient d’ici fin décembre) concernés ». Nombre d’entre eux sont, en fait, des versions recondi tionnées de médicaments déjà présents sur le marché. Cependant, 32 sont également de nou velles molécules, donc censées apporter une innovation thérapeutique dans le cas de patho logies graves. Des maladies telles que le cancer du poumon, celui du sein, la sclérose en plaques ou encore la leucémie sont ainsi concernées. Dans sa communication, IML évoque un retard évalué entre 9 et 12 mois (par rapport aux délais observés avant octobre 2021) dans

l’accès à ces innovations médicales pour un patient luxembourgeois. Une durée qui paraît un peu exagérée aux yeux du ministère de la Sécurité sociale. Ce dernier, compétent pour la fixation du prix des médicaments, émet donc un doute sur celle-ci.

Un dialogue de sourds

Ce n’est pas le seul point sur lequel ces deux entités ne s’accordent pas. Depuis un an, les relations se sont tendues entre, d’un côté, une association dont la mission est de promouvoir, au Luxembourg, les innovations thérapeutiques de ses membres et, de l’autre, un ministère qui, comme l’ensemble de l’État, a dû faire face aux multiples crises ayant touché le pays ces der niers mois. Chacune étant dans son rôle, ces deux organisations n’ont pas avancé au même rythme dans ce dossier commun concernant les médicaments innovants. Et, entre un rendezvous réalisé en visioconférence en janvier

dernier qui n’a pas connu de suite, un manque de clarté quant à la réalisation d’une étude juri dique indépendante et de multiples e-mails restés sans réponse, la situation s’est dégradée de part et d’autre, voire même un peu enveni mée. IML essayant de trouver des solutions alors que l’État ne semble jamais avoir vérita blement daigné lui expliquer clairement où se situait le problème. Et le ministère de la Sécu rité sociale, quant à lui, n’appréciant guère que, pour tenter de faire avancer les choses, on s’aven ture à vouloir lui expliquer comment fonctionne son propre règlement ou qu’on ose remettre en cause la volonté de ses employés à œuvrer pour le bien du citoyen luxembourgeois.

Une procédure existe, mais…

IML, C’EST QUOI?

Fondation

Faisant suite à une demande de Mars Di Bartolomeo (LSAP), alors ministre de la Santé, qui désirait avoir un seul interlocuteur représentant l’industrie pharmaceutique, l’association pharmaceutique luxembourgeoise a été fondée en novembre 2011.

Membres

En 2011, ils étaient 25, dont Pfizer Luxembourg, AstraZeneca, Bayer, Novartis Pharma, Sanofi Pasteur, etc. Désormais, on en compte 61.

Présidence

Elle est actuellement occupée par Mimi De Ruyck, qui cumule également les fonctions de head market access et stakeholders management Belux au sein de la société Bayer.

Un véritable dialogue de sourds s’est donc ins tallé. Ce qui pourrait être à la limite un peu futile si, en arrière-plan, il n’y avait pas des patients dont l’état de santé nécessite l’utilisa tion des produits pharmaceutiques bloqués. Ce problème sanitaire étant d’ailleurs l’argument numéro 1 avancé dans ce dossier par une indus trie pharmaceutique qui évoque moins le manque à gagner que représente cette situation. Médi caments innovants rimant avec prix important, il doit forcément être conséquent : selon l’État, par exemple, le plus cher vu ces dernières années s’élevait à 1,9 million d’euros l’unité…

Heureusement qu’il existe, dans les statuts de la CNS, un règlement prévoyant qu’un médecin traitant puisse demander la prise en charge d’un médicament possédant une auto risation de mise sur le marché, même s’il n’est pas remboursé, lorsque celui-ci est nécessaire pour le traitement d’un assuré. En d’autres termes, un patient luxembourgeois peut donc, sous certaines conditions, avoir accès aux médicaments bloqués.

L’existence d’une telle procédure – une sorte de roue de secours, donc – a forcément dû avoir une influence importante dans l’ordre à donner aux priorités, ces derniers mois, au

Le torchon brûle entre les grands groupes pharmaceutiques et le ministère de la Sécurité sociale, ce dernier bloquant depuis des mois la mise sur le marché luxembourgeois de médicaments innovants.
Photo ROMAIN GAMBAAuteur JULIEN CARETTE
NOVEMBRE 2022 37 Décryptage Industrie pharmaceutique

sein du ministère de la Sécurité sociale. Cepen dant, cette procédure étant assez lourde à mettre en place, elle est vouée à garder un caractère exceptionnel. Toutes les parties prenantes à ce dossier s’accordent d’ailleurs sur ce plan. Tout comme elles s’accordent également à dire qu’il faut trouver une solu tion satisfaisante à un problème dont l’origine se situe, en partie, de l’autre côté de la fron tière avec la Belgique.

La voie belge

Si le Luxembourg importe ses médicaments, 85 à 90 % de ceux-ci proviennent de Belgique. Les raisons sont avant tout historiques et rela tives aux liens, notamment économiques, qui unissent les deux pays. Une situation dont le Luxembourg ne sort pas vraiment perdant. Outre le fait que les conditionnements et les notices sont écrits dans deux langues nationales (en français et en allemand), il bénéficie aussi d’un marché belge aux prix très attractifs. Géné ralement davantage qu’en Allemagne, par exemple.

« De plus, un marché de 650.000 habitants sus cite un impact plus grand sur une population de 11 millions d’habitants (Belgique) que lorsque celle-ci en compte 67 millions (France) ou 83 mil lions (Allemagne) », précise-t-on chez IML.

La grande majorité des médicaments innovants arrive donc au Luxembourg par la voie belge. Après avoir obtenu le feu vert de l’EMA au niveau européen, puis une autorisation de mise sur le marché du ministère de la Santé, selon

NE DITES PLUS APL, MAIS IML

Le 27 avril 2022, à l’occasion de son assemblée générale, l’Association pharmaceutique luxembourgeoise (APL) a officiellement dévoilé son nouveau nom et sa nouvelle identité visuelle : IML (pour Innovative Medicines for Luxembourg).

« L’ancien ne reflétait pas notre identité et notre mission, explique Sonia Franck, la secrétaire générale de l’association. ’Association pharmaceutique’, cela peut vouloir dire beaucoup de choses. Or, nous souhaitions davantage refléter qui nous sommes, à savoir l’industrie pharmaceutique innovante. »

une société pharmaceutique souhaitant que son médicament puisse bénéficier d’un rem boursement peut introduire une deuxième demande auprès de l’Institut national d’as surance maladie-invalidité (Inami), l’équiva lent belge de la CNS, pour qu’un prix pris en charge par l’assurance maladie soit également déterminé. Une démarche très codifiée qui détermine un prix dit remboursé, fixé en moyenne dans un délai supérieur de 180 à 300 jours par rapport à celui de la fixation du prix par le ministère belge de l’Économie. Un système différent de celui en vigueur au Luxembourg, où la CNS ne décide, elle, que du remboursement et des conditions de rembour sement, n’impactant donc pas le prix officiel du médicament.

problème serait, en fait, lié à un changement de procédure intervenu fin avril 2021 au niveau belge et à l’obligation d’utiliser un nouvel outil digital. L’explication exacte, évidemment complexe, peut se résumer comme suit : il serait désormais impossible au ministère de Claude Haagen (LSAP) de vérifier que la date de commercialisation inscrite par la société pharmaceutique dans sa demande luxem bourgeoise de fixation du prix – un élément-clé, apparemment, aux yeux de l’État – corres pond bien à celle indiquée au ministère belge de l’Économie. « On ne dit évidemment pas que ces sociétés falsifient les documents qu’elles nous remettent, mais, dans un État de droit, on ne peut pas croire tout le monde sur parole », explique-t-on au ministère. Qui plus est qu’il apparaît que certains demandeurs auraient déjà commis quelques irrégularités en la matière… Du coup, on préfère désormais attendre la publication de toutes les données

le règlement grand-ducal du 1er décembre 2011, une demande de fixation de prix doit ensuite être effectuée auprès du ministère de la Sécu rité sociale. « Ce prix, hors taxes, ne pouvant être supérieur à celui accordé par l’autorité du pays de provenance », explique le texte.

Ainsi, le prix luxembourgeois ne peut être fixé qu’après la décision belge en la matière. Or, en Belgique, la fixation d’un prix maxi mum fait partie des attributions du ministère de l’Économie. Cependant, parallèlement à une demande effectuée auprès de ce dernier,

Quoi qu’il en soit, le modèle en vigueur en Belgique donne donc lieu à la fixation de deux prix au Luxembourg : un premier déterminé en fonction du prix maximum décidé par le minis tère belge de l’Économie ; puis, un deuxième, remplaçant le précédent, faisant suite à la publi cation du prix remboursé fixé par l’Inami. « C’est du moins comme cela que le système fonctionnait jusqu’en octobre 2021…, reprend Sonia Franck, d’IML. Parce que, depuis, le ministère de la Sécu rité sociale bloque donc les demandes de fixation de prix de nos membres lorsque ceux-ci se pré sentent avec la décision du ministre belge de l’Économie. Ils doivent désormais attendre la publication officielle au Moniteur belge (l’équi valent du Journal officiel au Luxembourg, ndlr) du prix remboursé pour obtenir enfin un prix au Luxembourg. La mise en circulation du médica ment chez nous étant donc retardée en fonction du temps nécessaire à l’Inami pour déterminer le sien. Et ce, alors que la loi luxembourgeoise et la manière dont nos sociétés pharmaceutiques effectuent leurs demandes n’ont pas changé. J’avoue que nous ne comprenons pas… »

La réponse est forcément à chercher au niveau d’un ministère de la Sécurité sociale resté, apparemment, assez flou sur la ques tion lors de ses rares échanges avec IML. Le

au Moniteur belge afin d’être certains que ces dernières sont bien officielles. Ce qui implique donc un retard conséquent sur les standards constatés avant octobre 2021.

Une révision du règlement arrive Conscient que la situation ne peut pas rester en l’état et considérant ce problème comme une priorité, le ministère de la Sécurité sociale insiste pour préciser qu’il est en contact avec ses collègues belges afin de dégager une solu tion. Tout en ajoutant qu’une révision des pro cédures, et même du règlement énonçant celles-ci, est en cours. Celle-ci pourrait d’ailleurs déjà intervenir avant la fin de cette année 2022, ou alors courant 2023.

Tout le monde y trouverait forcément son compte. À commencer par des sociétés phar maceutiques qui n’auraient plus à agiter la menace – qu’on a cru déceler – de ne plus pro poser certains de leurs produits innovants sur le territoire luxembourgeois. Que cette dernière soit crédible ou non…

Photo IML « La loi et la manière dont nos sociétés pharmaceutiques effectuent leurs demandes n’ont pas changé. Nous ne comprenons pas… » SONIA FRANCK Secrétaire générale IML
« On ne dit évidemment pas que ces sociétés falsifient les documents, mais  on ne peut pas croire tout le monde sur parole. »
MINISTÈRE DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
38 NOVEMBRE 2022 Décryptage Industrie pharmaceutique

Une successstory portée par une équipe

Sur la Place luxembourgeoise, les entreprises sont à la recherche des ingrédients pour garantir la recette d’une success-story. Value Partners a misé depuis 10 ans sur l’agilité des services proposés et un employer branding soigné. Retour d’expérience par l’équipe sur son développement fulgurant.

Spécialisée dans les services aux acteurs du private equity et du real estate, aux banques et aux multinationales, Value Partners s’est rapidement fait un nom dans un monde où la concurrence est pourtant féroce. Quel regard portez-vous sur cette évolution rapide ?

RACHEL HEMERY En 2012, j’étais la première employée à rejoindre le fondateur Grégory Centurione. J’ai donc été aux premières loges pour voir la société grandir. Le plus impressionnant, pour moi, est la croissance tant du nombre de clients que du personnel. Nous sommes rapidement passés de 4 ou 5 collaborateurs à 115 aujourd’hui. Si cela a été possible, c’est avant tout parce que nous avons su nous adapter à la demande de nos clients. Il faut en outre souligner la qualité visionnaire de Grégory,

sa capacité à expliquer ce que nous faisons, et pourquoi nous le faisons bien.

Quelles sont aujourd’hui vos principales activités ?

AMÉLIE FRONTAIN Value Partners compte sept départements (lire l’encadré, ndlr), mais nous avons développé dernièrement plusieurs activités. C’est notamment le cas de notre activité de PSF, qui constitue une société à part au sein du groupe. Cela nous permet d’offrir une synergie dans les services proposés aux clients des autres départements du groupe. Par exemple, si un client de l’ Accounting PERE (Private Equity Real Estate)  recherche une administration centrale, nous pouvons le faire. Au rang des derniers services proposés, on peut aussi citer l’activité AML-KYC, un élément qui est devenu de plus en plus important

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VALUE PARTNERS Multiservice
Photo Marie Russillo (Maison Moderne) Rachel Hemery, Director, Accounting PERE, Amélie Frontain, Senior Manager, Fund Central Administration, Emmanuelle Bonat, Senior Manager, Human Resources, et Sinéad Deschietere, Manager, VAT nous donnent la recette de la success-story de Value Partners.
40 NOVEMBRE 2022 BRAND VOICE

au cours des dernières années. Avec nos différents pôles d’activité, nous couvrons quasiment tout le spectre des demandes de nos clients.

Vous avez évoqué la croissance des équipes. Sur ce marché très tendu, comment parvenez-vous à recruter et à retenir les talents ?

EMMANUELLE BONAT Le recrutement est souvent une affaire de feeling. Évidemment, on vise toujours à recruter des profils qui disposent des qualités techniques que nous recherchons. Mais on veut surtout savoir si le candidat est prêt à s’engager dans la durée avec nous, s’il souhaite vraiment participer à l’aventure Value Partners. Bien entendu, nous sommes aussi à l’écoute des attentes du candidat. Aujourd’hui, la plupart demandent plus de flexibilité, la possibilité de faire du télétravail. Nous répondons positivement à cette demande quand c’est possible. Cela dit, certains de nos collaborateurs travaillent chez nos clients et c’est alors à ces derniers d’octroyer ou non cette flexibilité. Cette exigence est un héritage du Covid, mais ce n’est pas le seul. Lorsque les équipes sont revenues au bureau, nous avons en effet également dû recréer un sentiment d’appartenance commune à la société Value Partners. Pour retisser ces liens quelque peu distendus,

VALUE PARTNERS EN QUELQUES CHIFFRES

2012

Fondée en 2012 par Grégory Centurione. La société va donc bientôt fêter ses 10 ans.

115

l’entreprise est passée de 3 à 115 collaborateurs en une décennie.

2.000

2.000 entités sont assistées au quotidien par les équipes.

34 %

Value Partners a connu un taux de croissance annuel moyen de 34 % entre 2012 et 2021.

là où Value Partners va pouvoir se démarquer avec des services sur mesure.

Nous travaillons également avec de petites équipes, ce qui permet d’offrir une grande flexibilité et réactivité ainsi qu’une vraie proximité au quotidien ; le tout en restant intransigeant sur la qualité de nos prestations.

L’obtention, cette année, du label Great Place to Work montre que nos collaborateurs se sentent bien dans ce mode de fonctionnement et que nous allons dans la bonne direction.

nous avons notamment organisé une série d’événements.

Pensez-vous continuer à vous diversifier dans le futur ?

À proposer d’autres services ?

SINÉAD DESCHIETERE Ce n’est pas exclu, mais Value Partners a toujours grandi en cherchant à ne pas brûler les étapes. Aujourd’hui, nous devons surtout veiller à consolider tout ce qui a été mis en place en l’espace de 10 ans. Rien que pour obtenir la licence de la CSSF pour devenir PSF, cela nous a pris un an et demi, et nous a demandé beaucoup d’investissement. Continuons donc à avancer étape par étape…

Vous évoluez dans un environ nement très concurrentiel. Comment vous distinguez-vous de structures de taille plus importante, comme les Big four ?

A.F. Ces sociétés sont confrontées à plusieurs difficultés.

De par leur taille, elles sont soumises à un turnover plus important pouvant entraîner parfois des déséquilibres ponctuels au sein des équipes opérationnelles. C’est tout le contraire chez Value Partners.

Nous bâtissons des relations sur le long terme, tant avec nos clients qu’avec nos collaborateurs. Ce sont toujours les mêmes personnes auxquelles nos clients ont affaire, ce qui est très rassurant.

Ce type de structure peut aussi être soumis à une standardisation de ses services,

Value Partners a pour ambition de continuer à grandir. Mais comment conserver ces qualités propres à une société de taille moyenne, tout en poursuivant sa croissance ?

S.D. Je pense qu’il y a, au sein de Value Partners, une tradition de transmission de l’ADN propre à la société. Chacun a la place pour grandir et évoluer, avec des valeurs professionnelles et humaines que l’on a envie de conserver. Ceci se traduit par la cohésion des collaborateurs, qui fait à mon sens une grande partie de notre force et continuera de faire notre force dans la durée. Du fait du turnover réduit que l’on connaît ici, beaucoup de collaborateurs ont passé de nombreuses années dans la société, changeant éventuellement de département et gagnant en responsabilités. Ces personnes peuvent transmettre nos valeurs aux nouveaux collaborateurs qui nous rejoignent, ce qui permet de faire vivre cet état d’esprit propre à Value Partners.

R.H. Il faut aussi souligner qu’une rencontre avec le CEO est systématiquement organisée avec toutes les nouvelles recrues. L’objectif est de faire en sorte que chaque nouveau collaborateur comprenne ce qui fait la spécificité de la société. C’est aussi une façon de nous assurer que nous conservions cet ADN à travers les années.

Accounting PERE (Private Equity Real Estate) Assister les sociétés actives dans le private equity et le real estate fait partie de son coeur de métier.

Fund Central Administration

L’administration centrale defonds est assurée à travers son entité régulée VPsf.

Corporate Services

Support légal, commissariat aux comptes, liquidation, domiciliation… Autant d’opérations que Value Partnerspeut gérer pour vous.

Corporate Tax

La fiscalité des entreprises est une matière complexe, que prennent en charge ses experts.

Consolidation

Value Partners se charge des opérations de consolidation des résultats financiers, et du reporting qui y est lié.

VAT

Un département s’occupe exclusivement des questions liées à la TVA (enregistrement, remboursement de TVA, etc.).

AML & KYC Services

Devenue incontournable, la lutte contre le blanchiment requiert un certain nombre de procédures gérées par Value Partners.

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« Nous bâtissons des relations sur le long terme, tant avec nos clients qu’avec nos collaborateurs. »
Amélie Frontain Senior Manager, VPsf (Fund Central Administration)
NOVEMBRE 2022 41
Christophe de Batz, Astrid Wagner, Christian Point et Martial Barbian, du cabinet Arendt & Medernach.

Cette si dangereuse imprévision

Un contrat passé peut-il être remis en cause, modifié, amendé suite à des changements inopinés du contexte économique ? La ques tion est plus que régulièrement posée actuel lement, alors que certains matériaux sont en pénurie, que l’inflation galope, que des entre prises voient leurs coûts énergétiques aug menter. Face à des prix d’achat qui montent en flèche mais un prix de vente scellé par contrat qui, lui, reste fixe, un artisan peut-il demander à renégocier les clauses ? Un trai teur qui a convenu contractuellement d’un montant pour une prestation dans le cadre d’un mariage a-t-il le droit de réviser plus tard ledit montant à la hausse car ses frais directs ont explosé ? Un imprimeur peut-il deman der des surcoûts au client auquel il est lié contractuellement parce que le papier est soudainement devenu beaucoup plus rare et donc beaucoup plus cher ?

Pacta sunt servanda

La réponse, en droit luxembourgeois, est simple : c’est en principe non. « On ne peut renégocier, sauf clause d’imprévision, un contrat passé entre deux parties privées, en raison du principe de la fixité du contrat », assène de suite Christian Point, partner au sein du cabinet Arendt & Medernach. Pacta sunt servanda.

Le droit romain était déjà très clair : les pacte – et donc les contrats – doivent être respectés. Un principe qui sera repris dans la loi Salique et restera en vigueur, même si parfois chahuté, durant tout le Moyen Âge, puis traversera les siècles pour arriver à notre époque et devenir l’un des fondements du droit civil et du droit commercial contemporains.

C’est sur ce principe gravé dans le marbre que se construit la liberté contractuelle, notion qui tend à être un peu mieux et plus fine ment définie à partir de la fin du 18e siècle.

Libre donc à chacun de nouer un contrat et d’y mettre les dispositions qu’il souhaite, sauf si celles-ci sont contraires à la loi. De là découlent deux évidences. Primo, ce qui va gouverner un contrat tient en ce que les par ties vont y mettre. Secundo, cette liberté contractuelle entend qu’un tiers ne peut inter venir pour modifier un contrat passé. Le légis lateur, lui, le peut, mais via des dispositions impératives. « Donc, tout ce qui n’est pas gou verné par la loi obéit à ce que les parties ont mis dans le contrat », confirme Christian Point. Et donc, comme les Romains l’appliquaient, « si un bouleversement extérieur survient et qu’il n’y a pas de clause prévue, comme un mécanisme de révision, le contrat devra s’exécuter. C’est en

effet un principe fondamental du droit. » Qui semble logique. Et qui, s’il était mis à mal, consti tuerait une hérésie aux yeux des juristes. « Cela remettrait tout simplement en cause la sécurité juridique au sens large, commente Astrid Wagner, également partner au sein d’Arendt & Medernach. Or, cette sécurité juridique est très importante, pour les parties contractantes, évidemment. Mais aussi pour… les avocats. »

« La règle est fondée sur le dogme de la liberté individuelle. Celui qui s’engage contractuelle ment à effectuer une prestation ou à donner une chose doit tenir sa promesse quoi qu’il arrive. Il ne peut pas s’en décharger en se prévalant d’un obstacle qui rend l’accomplissement de cette pro messe impossible ou excessivement onéreuse. À défaut, les contrats n’offriraient plus aucune sécurité à leurs cocontractants. Or, le droit a pour fonction d’assurer aux parties d’un contrat cette sécurité en leur permettant de se fier à ce qui a été convenu », confirme André Prüm, avec Julie Boyer, dans Inventaire avant sortie de crise ! publié par la Fondation Idea.

DÉFINITIONS

La force majeure L’expression est souvent galvaudée. La force majeure, en droit, est un événement extérieur, imprévisible et irrésistible, qui rend l’exécution du contrat impossible.

Hardship

Les clauses de hardship définissent le cas où les parties peuvent demander une renégociation du contrat. « Elles se voient surtout dans les grands contrats internationaux, analyse Astrid Wagner. Mais attention à ne pas les confondre avec des clauses d’indexation, qu'elles cherchent à éviter. »

Pourtant, comprendre qu’un cocontractant souhaite renégocier le contrat passé car les circonstances économiques ont fortement changé semble aussi frappé du sceau du bon sens. Car il est indéniable que des contrats, notamment ceux qui ont une exécution longue, peuvent bel et bien être exposés à des aléas économiques. Ce qui a d’ailleurs été pris en compte en France dès le 19e siècle. « Cette époque était celle d’une stabilité monétaire et d’une faible inflation. Les ‘rentiers’ n’étaient donc pas concernés par un risque de dévalua tion », narre Christian Point. La dévaluation fait en sorte que, à titre d’exemple, ce que vous avez prévu comme valant une unité ne vaille en réalité plus grand-chose. « L’illustra tion type, c’est la dévaluation et l’hyperinflation dans les années 20 en Allemagne et la brouette

La loi est la loi, un contrat est un contrat.
Le droit luxembourgeois prévoit donc qu’a priori celui-ci doit être exécuté, même s’il mène à la mort professionnelle d’un des cocontractants. Sauf si une clause d’imprévision y a été inscrite.
Photo GUY WOLFF Auteur NICOLAS LÉONARD
Photo Shutterstock NOVEMBRE 2022 43 Décryptage Droit des contrats

de reichsmarks pour aller acheter un pain », poursuit Astrid Wagner. Quand, dans ce contexte, les prix des matériaux augmentent, que l’inflation grimpe et que la devise moné taire ne vaut plus rien ou presque, le risque est de devoir exécuter un contrat pour un certain prix, « mais payé en monnaie de singe », et/ou de subir un effet ciseaux « en devant livrer un service à un prix qui ne sera même pas rémunéré à hauteur de ce que coûtent les matières premières ».

Des clauses de « hardship »

« De là est alors née l’idée de mettre en œuvre un principe qui permette de revoir le contrat et

parce que l’on demande que l’on obtient.  » Astrid Wagner, pour sa part, attire l’attention sur le fait que les clauses d’indexation « ne sont pas des clauses de hardship et sont généralement utilisées pour éviter justement des clauses de hardship en liant le prix à payer à l’évolution d’un indice s’appliquant aux matières premières utilisées. Il faut, dans un tel cas, cependant s’assurer que l’indice utilisé est adapté et évolue assez vite en fonction des prix réels auxquels ces mêmes matières premières sont achetées sur le marché. » De plus, élément important, le droit international précise qu’il faut que « la demande de renégociation soit de bonne foi ».

en 2010, une réforme législative en avril 2022, pour une entrée en vigueur au 1er janvier 2023 avec la consécration de l’imprévision. « La Belgique a été réactive et est allée plus loin que d’autres pays », note Christian Point. Une petite révolution en soi, en réalité, puisque la possi bilité va donc réellement exister de demander à renégocier un contrat. Certes, les parties

son exécution en disant : ‘Vous voyez bien que le contrat tel que conclu ne trouve plus sa place dans l’environnement économique actuel.’ Si la situation économique est destructrice, la mise en œuvre contractuelle conduit à un goulot d’étranglement et à la perte de beaucoup d’argent. »

C’est ce qui, en droit, est appelé la « théo rie de l’imprévision ». L’imprévision étant définie comme une situation où des circons tances imprévisibles viennent bouleverser l’économie du contrat et provoquer un désé quilibre considérable entre les prestations des parties à un point tel que l’exécution du contrat est beaucoup plus difficile ou oné reuse pour l’une des parties, ce qui pourrait justifier de renégocier ou de résilier le contrat.

Le droit international a, depuis un certain temps, intégré cette théorie de l’imprévision, via les fameuses clauses de hardship. Celles-ci, bien définies, permettent de demander la rené gociation du contrat si l’un des cocontractants fait face à un contexte qui le place dans une situation exceptionnelle et qui rend en effet l’exécution contractuelle plus onéreuse que ce qui aurait dû être initialement. « Mais atten tion, ces clauses de hardship permettent juste de demander de renégocier », rappelle Christophe de Batz, avocat chez Arendt & Medernach. Or, comme précise Christian Point : « Ce n’est pas

Qu’en est-il au niveau des droits natio naux ? En France, les juridictions ont été saisies, de longue date, de demandes de révi sions contractuelles, malgré l’absence de dis positions légales prévoyant l’imprévision. La jurisprudence civile demeurait imperméable à une potentielle renégociation du contrat passé. Il en a été longtemps de même au Luxem bourg ou en Belgique. Au contraire de l’Alle magne ou de l’Italie, où le Bürgerliches Gesetzbuch et le Codice Civile consacrent depuis « plus d’un siècle une règle d’imprévi sion permettant au juge de réviser un contrat dans une situation exceptionnelle », peut-on lire aussi dans Inventaire avant sortie de Crise !. Mais les choses évoluent, même s’il faut du temps. En France, depuis 2016, le Code civil prévoit l’imprévision. « Ce qui a été l’un des changements majeurs introduits par la réforme du droit des obligations », écrit encore André Prüm. Un résultat qui n’est cependant qu’une demi-vict oire puisque, développe Christian Point, « le droit français est tout de même resté assez timoré et pour le moins pru dent car la renégociation n’empêche nullement

devront en poursuivre l’exécution, mais le Code civil belge prévoit que « s’il n’y a pas moyen de trouver une solution entre les parties, un juge peut venir jeter un œil et mettre les mains dans le contrat. Et réfacter celui-ci, le redresser », dit encore Christian Point. Si le droit belge est aussi largement bâti sur les grands principes du Code Napoléon, Bonaparte est cette fois-ci désavoué. Ce dernier, en omet tant la théorie de l’imprévision, ne voulait justement pas que les juges puissent s’immis cer dans des contrats, devenant des sortes de supermédiateurs omniscients, mais qu’ils se contentent d’appliquer purement et simple ment la loi.

l’exécution ». Comme en ce qui concerne une indexation, il y a donc un effet retard. « Si la renégociation perdure, je suis tout de même obligé d’exécuter un contrat qui me tue  », commente-t-il.

La Belgique très réactive En Belgique, historiquement, rien n’était prévu avant une première avancée jurisprudentielle

De facto, le magistrat belge va pouvoir, si cela est nécessaire, « adapter le contrat afin de le mettre en conformité avec ce que les par ties auraient raisonnablement convenu au moment de la conclusion du contrat si elles avaient tenu compte du changement de cir constances, ou mettre fin au contrat en tout ou en partie à une date qui ne peut être antérieure au changement de circonstances et selon les modalités fixées par le juge ». Inutile de préci ser que nombre de parties en litige préfére ront sans doute trouver rapidement une issue commune plutôt que de voir un magistrat venir s’en mêler, et peut-être prendre le temps de bien examiner la demande, de requérir des avis d’experts… L’incitation aux parties cocontractantes à sortir par le haut ne se manifeste pas en tant que tel dans le droit, mais est bel et bien sous-entendue.

Qu’espérer au Luxembourg ? Une option serait de consacrer l’imprévision en s’appuyant sur l’abus de droit et le principe de bonne foi.

« Si un bouleversement extérieur survient et qu’il n’y a pas de clause prévue, comme un mécanisme de révision, le contrat devra s’exécuter. »
« Le droit français est tout de même resté pour le moins prudent puisque la renégociation n’empêche nullement l’exécution. »
« La sécurité juridique est importante, pour les parties contractantes, mais aussi pour les avocats. »
44 NOVEMBRE 2022 Décryptage Droit des contrats
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L’article 6-1 du Code civil indique en effet que « tout acte ou tout fait qui excède manifeste ment, par l’intention de son auteur, par son objet ou par les circonstances dans lesquelles il est intervenu, l’exercice normal d’un droit n’est pas protégé par la loi, engage la responsabilité de son auteur et peut donner lieu à une action en cessation pour empêcher la persistance dans l’abus ». L’alinéa 3 de l’article 1134 indiquant pour sa part que « les conventions légalement formées doivent être exécutées de bonne foi ».

Un abus de droit pourrait se retrouver, par exemple, dans le chef d’un constructeur auto mobile qui ne serait pas de bonne foi si, pour maintenir ses marges bénéficiaires, il impo sait l’exécution d’un contrat mortifère à son cocontractant, alors que ses marges sont jus tement suffisantes pour éviter de le vouer à une mort certaine.

Consacrer l’imprévision dans le droit Mais, mieux encore, « il serait évidemment intéressant que les juridictions luxembour geoises admettent l’imprévision directement », note encore Christian Point. Même si, ces dernières années, elles se sont un peu distan cées du rejet du principe d’imprévision, André Prüm est en phase avec son collègue et estime que « le recours à la théorie de l’imprévision ne sera cependant vraiment possible que si le législateur se décide à son tour à introduire une règle spécifique dans le Code civil. » Une décision qui sera « d’abord politique, puisqu’elle implique d’introduire une brèche au principe sacro-saint de la force obligatoire du contrat ».

Si la théorie de l’imprévision peut paraître morale en tentant de ramener à l’équilibre une situation déséquilibrée par des effets extérieurs non prévus, « il y a aussi des effets pervers », note Christian Point. Qui, comme sa collègue Astrid Wagner, évoque à nouveau la sécurité juridique, anéantie « si tout le monde

renégocie à tout bout de champ ce qui a été convenu ». Cela peut même purement et sim plement «  mettre à mal le concept même de contrat ».

Peu importe comment, intégrer l’impré vision dans le droit ne sera pas une solution miracle. « Il faut se garder de placer de faux espoirs dans la consécration d’une règle d’im prévision, développe André Prüm dans son analyse offerte à la Fondation Idea. Même

dans les pays où elle est admise, elle ne consti tue pas un remède absolu aux bouleversements que peuvent subir des relations contractuelles. » Comme des décisions rendues dans des pays voisins l’ont confirmé durant la pandémie.

« La seule solution est que les parties orga nisent l’imprévision, disent dans quel délai elle s’applique, quels sont les documents à fournir, avec une prise de position justifiant la demande effectuée  », estime l’équipe d’Arendt & Medernach. Une négociation vaudra certai nement mieux que la désignation d’un juge, puis souvent d’un expert, qui prendra du temps pour rendre un avis et qui pourra éven tuellement maîtriser peu ou mal les enjeux économiques propres au contrat.

Christian Point invite donc à être proactif. À défaut, le cocontractant qui s’estime lésé devrait adresser à l’autre partie une demande de renégociation ou de modification du contrat, ou de suspension de son exécution. L’idéal étant alors d’avancer des arguments de fait, en documentant sa demande avec des chiffres. L’autre partie, selon les avocats, serait bien avisée de faire preuve de bonne volonté, d’une « approche ouverte ». Et ce, dans le respect « du principe de bonne foi et dans une attitude non abusive ». Mais aussi « afin de laisser au contrat une chance de s’exécuter ».

Dans certains cas, les pénalités de retard peuvent en effet encore faire plus de mal que la renégociation elle-même. Tandis que la non-exécution du contrat conduit souvent à une impasse. « Je commande une voiture et je dois attendre pour la recevoir. Si, au moment de la livraison, le prix a augmenté, je peux la

Si pouvoir renégocier un contrat n’est a priori pas admis par le droit luxembourgeois, cela n’est d’application que pour le droit privé. Il l’admet en ce qui concerne les marchés publics. « Cela sur base du principe qu’on ne peut imposer à un soumissionnaire un risque extraordinaire qui résulte de circonstances qu’il ignore et qui échappent à son influence », note Martial Barbian, counsel chez Arendt & Medernach. Si les prix et/ou les salaires augmentent, on peut donc demander au pouvoir adjudicateur de renégocier. « Cela s’est fait notamment en 2005 et 2006, quand les prix de l’acier ont explosé. Le ministère des Travaux publics avait admis le principe de la renégociation et s’était alors appuyé sur des mercuriales des chambres de commerce, et des chambres professionnelles pour ce faire. »

En France, on admet la théorie de l’impré vision dans le cadre de marchés publics avec pour approche « la mansuétude ». Concrètement, « un État n’est pas là pour coincer un opérateur », avance Christophe de Batz, avocat chez Arendt & Medernach. Une considération morale car, « pour garantir l’intérêt général et la pérennité des services publics, l’État doit logiquement éviter de mettre son cocontractant dans une situation qui l’empêchera d’accomplir sa part du contrat », pointe Martial Barbian. Il faut « assurer la continuité du service et préserver l’intérêt général », fait-il encore valoir.

Si une faillite survient et frappe un partenaire, c’est le pouvoir adjudicateur qui sera péna lisé. Outre le fait que le contrat ne sera pas exécuté, « il devra aussi dépenser plus pour repasser un marché, peut-être à un tarif plus élevé que ce qui aurait été in fine celui conclu lors d’une renégociation ».

Des mécanismes de révision sont donc souvent prévus dans les contrats publics car, finalement, la crainte d’un pouvoir adjudicateur est identique à celle qui vaut entre clients privés : se retrouver face à une chaise vide, ce qui rend toute renégo ciation impossible

La spécificité des marchés publics refuser. Fort bien. Mais j’ai toujours besoin d’une voiture, et là je n’en ai pas », illustre de manière très concrète Astrid Wagner.

La paix valant toujours mieux que la guerre, et puisque l’imprévisible est par définition peu prévisible, « un esprit d’entraide et de soli darité entre les acteurs règlera souvent mieux de telles situations que le recours à un tiers ».

« Si
tout le monde renégocie à tout bout de champ ce qui a été convenu, cela peut purement et simplement mettre à mal le concept même du contrat. »
« Il serait évidemment intéressant que les juridictions luxembourgeoises admettent l’imprévision directement. »
46 NOVEMBRE 2022 Décryptage

Construire la banque de demain

BGL BNP Paribas avance vers la banque de demain en utilisant l’intelligence artificielle pour renforcer l’interaction entre la banque et ses clients. Les banques ont un atout incroyable entre leurs mains : un grand volume de données de première qualité, sur lesquelles il est aisé de développer des solutions d’intelligence artificielle.

Cependant, le « big data » et son exploitation ne sont pas aussi faciles qu’il n’y paraît. Une première étape est la mise en place d’une véritable culture d’entreprise autour de la donnée afin d’adresser les sujets de qualité, d’exhaustivité et d’accessibilité. Il s’agit également d’intégrer les technologies de pointe, garantissant une exploitation fluide et effi ciente de ces larges volumes de data tout en restant conforme aux principes RGPD. C’est pourquoi le Data Science Labora tory de BGL BNP Paribas a rapidement développé un parte nariat avec les écosystèmes de fintech et de recherche (tels que le SnT, Interdisciplinary Centre for Security, Reliability and Trust) lui permettant ainsi d’intégrer les technologies les plus récentes et disruptives en science de la donnée.

Combiner le potentiel des données à la puissance de l’in telligence artificielle permet à BGL BNP Paribas d’avancer résolument vers la banque digitale, de repenser le fonction nement de la banque et d’adapter son Business model. L’ef ficacité de l’intelligence artificielle permet aujourd’hui d’encore mieux protéger nos clients et leurs avoirs en mettant en place des solutions anti-fraude intelligentes, de fluidifier les processus bancaires en rapprochant le client de son conseil

ler grâce à un traitement accéléré de ses communications (Natural Language Processing), tout en améliorant l’efficaci té opérationnelle.

En lançant un ambitieux plan de développement basé sur 3 piliers (croissance, technologie, durabilité), la banque utilise les nouvelles technologies pour améliorer l’expérience client. Par exemple, l’assistant virtuel sera en communication directe avec le client à l’aide de technologies telles que le traitement du langage, offrant une interaction et un support personna lisés, assurant une intervention plus rapide de nos experts.

Cette nouvelle approche des services bancaires comporte cependant de nombreux défis. Pour devenir le partenaire conversationnel de confiance du client, ces nouvelles tech nologies doivent être fiables et vérifiables à tout moment de leur utilisation.

C’est pourquoi BGL BNP Paribas travaille en étroite colla boration avec les écosystèmes de recherche et de fintech pour assurer la robustesse de ces technologies, identifier les dérives éventuelles des modèles et garantir leur réalignement. Le tout en veillant bien entendu à maintenir le bon équilibre entre l’humain et le digital.

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EN SAVOIR PLUS www.bgl.lu
Anne Goujon, Head of Data Science Laboratory, BGL BNP Paribas
Photo BGL BNP Paribas

Quatre pratiques durables à prendre en exemple

Une gamme de pâtes à base de blé 100 % luxem bourgeois, une stratégie ESG audacieuse, un service de fourniture de matériel informa tique aux plus démunis, ou encore une pano plie de solutions en faveur du développement durable mises en place dans des salons de coiffure... La cérémonie de la première édi tion des Sustainability Awards, qui a eu lieu mardi 25 octobre, a récompensé quatre pra tiques exemplaires en faveur du développe ment durable mises en place par des entreprises.

À l’origine, une soixantaine d’entreprises avaient soumis leurs pratiques dans le cadre de ces Sustainability Awards organisés par IMS (Inspiring More Sustainability) et Maison Moderne. Parmi celles-ci, un pré-jury d’experts indépendants en avait sélectionné 12, classées à parts égales dans quatre catégories : People, Planet, Prosperity et Sustainability team. Enfin, un jury (à découvrir dans l’encart ci-contre) s’est réuni pour sélectionner la pratique, par catégorie, qu’il jugeait la plus aboutie.

Les critères de sélection étaient les sui vants : le degré de la mise en œuvre, l’impact, le caractère innovant et réplicable de la démarche, le mode de pilotage et l’intégra tion de la pratique dans une démarche de long terme. « Les lauréats sont vraiment ceux qui ont une pratique en place, aboutie, qui ont mesuré un très bon impact et qui ont une bonne communication », expliquait la directrice d’IMS, Nancy Thomas, dans le magazine Paperjam d’octobre. Les pratiques de quatre entreprises se sont donc démarquées aux yeux du jury : celles de Digital Inclusion, des Moulins de Kleinbettingen, de SES et de Ferber Group. Avec une mention spéciale du jury pour Food4All (voir encadré).

Inclusion numérique de crise Dans la catégorie People, l’association Digital Inclusion s’est démarquée pour son travail sur l’inclusion numérique. L’idée est née il y a sept ans déjà, suite à la guerre en Syrie et à l’afflux de migrants en Europe et au Luxembourg – des migrants confrontés à des procédures d’attente sans fin, du fait de la saturation des services.

Une manière de leur donner de l’autonomie est alors de leur fournir du matériel informa tique. « Le principe consiste à récupérer des ordi nateurs et des smartphones et à les remettre en état, à leur donner une seconde vie, afin de les donner à des gens au Luxembourg qui n’ont pas les moyens de s’en acheter », explique le fonda

teur du projet, Patrick de la Hamette. Sur Facebook, en 2015, il lance un appel aux dons d’ordinateurs et en reçoit 24. Suite à cette preuve de solidarité, l’ingénieur de formation crée, un an plus tard, avec une sociologue, l’asbl Digital Inclusion, avec l’ambition de mettre en place un programme pluridisciplinaire, comprenant fourniture de matériel informatique, entretiens individualisés avec les requérants et modules de formation au numérique.

L’association sera d’autant plus utile que deux crises imprévisibles vont survenir par la suite : la pandémie de Covid-19 en 2020 et, surtout, la guerre en Ukraine en 2022. Lors du confinement mis en place par le gouver nement pour lutter contre la transmission du virus, de nombreux élèves en home schooling sont marginalisés, faute d’avoir leur propre ordinateur. Il s’agit alors de leur en fournir un, mais aussi de le leur livrer dans les condi tions sanitaires requises, puisque le confine ment est de rigueur. 300 seront ainsi mis à leur disposition.

JURY MULTIDISCIPLINAIRE

Pour ces premiers Sustainability Awards organisés par IMS (Inspiring More Sustainability) et Maison Moderne, le jury était composé du Premier ministre, Xavier Bettel (non présent sur la photo) ; du président d’IMS, Christian Scharff ; du CEO de Maison Moderne, Mike Koedinger ; de la directrice générale de Cocottes, Clémentine Venck ; du directeur de la Chambre de commerce, Carlo Thelen ; de la managing partner du cabinet d’avocats Elvinger Hoss Prussen, Manou Hoss ; du directeur de l’INDR, Jean-Paul Olinger, et de la CEO du Luxembourg Stock Exchange, Julie Becker.

Mais c’est surtout l’arrivée massive, en quelques semaines, de migrants fuyant la guerre en Ukraine qui met l’asbl au défi. Devant l’explosion de la demande d’ordinateurs, Digital Inclusion lance un appel urgent aux dons, notamment aux entreprises. « Nous avons reçu plus de laptops que jamais », se souvient Patrick de la Hamette. Au début de la guerre, l’asso ciation fournit ainsi quatre à cinq fois plus d’ordinateurs qu’en temps normal. Sur l’en semble de l’année, la production sera au moins trois fois plus élevée : alors que 600 ordina teurs sont produits sur une année normale, Digital Inclusion en avait déjà fourni 1.500 au mois d’août 2022.

La cérémonie des Sustainability Awards a récompensé, mardi 25 octobre, quatre entreprises pour leurs pratiques exemplaires en faveur du développement durable : Digital Inclusion, SES, les Moulins de Kleinbettingen et Ferber Group. Des pratiques mises en lumière pour que d’autres s’en emparent.
Auteur PIERRE PAILLER
48 NOVEMBRE 2022 Décryptage

Pour s’adapter, la structure a dû faire appel à davantage de bénévoles. Mais aussi revoir ses priorités : alors que la distribution se fai sait de manière individuelle, elle s’opère désormais en groupe, avec certaines tâches reportées, comme les entretiens personna lisés ou les modules de formation. « Atteindre tout le monde est prioritaire », explique Patrick de la Hamette.

Le prix est une « reconnaissance pour ce travail professionnel » et « les efforts addition nels produits par l’équipe », selon le directeur de Digital Inclusion, qui ajoute : « Avant la pandémie, nous savions que notre travail avait une utilité. Mais les deux dernières crises ont montré que notre projet peut s’adapter à un contexte différent et apporter des solutions au Luxembourg. »

Des pâtes 100 % luxembourgeoises

Dans la catégorie Prosperity, les Moulins de Kleinbettingen ont choisi de valoriser les cir cuits courts et la durabilité en proposant une gamme de pâtes et de farine de qualité faite à partir de blé 100 % luxembourgeois. Le challenge n’était pas aisé à réaliser : de fait, il n’existait pas de culture de blé dur au Luxem bourg, ingrédient principal nécessaire à la fabrication des pâtes. Pour une raison simple : la céréale résiste très mal à l’hiver. Pendant cinq ans, l’entreprise a donc testé, avec des agriculteurs luxembourgeois, différentes varié tés de blé dur afin de trouver celle qui convient aux sols luxembourgeois et qui passe l’hiver – tout en ayant un bon rendement, une bonne qualité semoulière, ainsi qu’une bonne résis tance aux maladies afin de limiter le recours aux produits sanitaires.

Lancée en 2020, la marque Le Moulin s’est démarquée par son caractère innovant, et ce à tous les niveaux de la chaîne de valeur : au

Sustainability Awards

UNE MENTION SPÉCIALE

DU JURY POUR F4A

Le jury avait récompensé ses quatre lauréats, mais ne pouvait pas oublier Food4All et sa solution technologique de lutte contre le gaspillage alimentaire. Il a donc tenu, par une « mention spéciale du jury », à récompenser un « modèle économique intégrant tous les aspects de durabilité ». Lancée en 2017, Food4All collecte les denrées en passe d’être retirées de la vente, car trop proches de leur date de péremption, et les dispose dans un rayon spécifique des supermarchés partenaires, où elles sont vendues à prix réduit. 157 supermarchés sont désormais partenaires du programme au Luxembourg, en Estonie et en France. La CEO de Food4All, Ilana Devillers, se réjouit d’une « belle reconnaissance pour toute l’équipe ».

niveau de la matière première, donc, mais aussi au niveau du packaging – en proposant un emballage 100 % recyclable – ou de la cam pagne de lancement, lors de laquelle 260.000 paquets de pâtes ont été distribués dans les boîtes aux lettres luxembourgeoises. Deux ans tout juste après le lancement, plus de 2 mil lions de paquets de pâtes Le Moulin ont déjà été vendus sur le marché luxembourgeois, et ce dans un segment des pâtes qui est déjà très compétitif. « Cela dépasse nos attentes, com mente le CEO des Moulins de Kleinbettingen, Jean Muller (voir la conversation avec Jean Muller, en cover story du magazine). Nous sommes devenus une des marques principales de pâtes au Luxembourg. » Pour les entrepre neurs qui voudraient s’engager dans une pers pective de durabilité, Jean Muller rappelle que cela repose sur « la volonté des actionnaires et des dirigeants ». « Nous nous fixons six objec tifs à moyen terme, sur trois ans, et deux de ces objectifs doivent toujours être liés à la dura bilité », détaille-t-il. Mais pour être efficace

en termes de durabilité, « il faut mettre l’ob jectif en priorité – et pas en dixième priorité », conseille-t-il.

Pour un espace durable SES, qui fournit des services de télécommu nication par satellite dans le monde entier depuis sa création en 1985, a été récompen sée dans la catégorie Sustainability team pour la mise en place d’une nouvelle stratégie ESG. « En 2020, nous avons réévalué nos priorités stratégiques afin d’aligner notre activité sur les objectifs de développement durable (ODD) (éta blis par les Nations unies, ndlr) », explique Amber Ledgerwood, chargée de l’impact social et environnemental au sein de SES. L’entre prise s’est alors lancée dans une intense cam pagne de sensibilisation des différentes parties prenantes afin de développer une stratégie ESG complète, la stratégie SES Horizon. Celle-ci a déterminé quatre piliers sur lesquels les efforts doivent se concentrer : espace durable, action climatique, diversité, ainsi qu’équité et inclusion.

Ceci constitue « une vision audacieuse de la manière dont notre entreprise s’aligne sur le monde qui l’entoure et l’influence », explique Amber Ledgerwood, avec l’idée d’« utiliser la puissance de l’espace pour relever les défis du développement durable sur Terre C’est la ren contre entre l’espace durable et la Terre durable », ajoute-t-elle. Pour élaborer une telle stratégie, Amber Ledgerwood garde deux conseils à l’esprit : « commencer tout développement de stratégie ESG par la sensibilisation des parties prenantes internes et externes » et « utiliser les ODD de l’Onu comme base de la stratégie ».

Ceci n’est que le « début du voyage » pour SES. « Après l’élaboration et l’adoption de la stratégie, nous avons continué à travailler à l’établissement d’objectifs », explique Amber

« Nous
sommes devenus une des marques principales de pâtes au Luxembourg. »
JEAN MULLER CEO
Moulins de Kleinbettingen
Photos Guy Wolff « C’est
une reconnaissance pour notre engagement envers notre planète, la seule que nous ayons. »
LIONEL FERBER Junior partner Ferber Group

Ledgerwood. De fait, celle-ci « a influencé tous les aspects de notre activité et a suscité de nouvelles initiatives, de nouveaux objectifs, de nouvelles actions, et un changement de men talité dans toute l’organisation, continue-telle. La sensibilisation et la stratégie servent de base à toutes les autres initiatives durables et ont donné à l’organisation les principes direc teurs de notre impact. »

Des coupes de cheveux écolos Ferber Group a quant à lui été récompensé dans la catégorie Planet, non pas pour une pratique en particulier, mais pour une pano plie de différentes solutions en faveur du développement durable. « Each small choice matters! » est le nouveau credo de l’entreprise, qui possède 13 salons de coiffure dans le pays.

L’enseigne luxembourgeoise revendique une « approche globale ». Avec, en premier lieu, une action pour contrecarrer le réchauffe ment climatique : après avoir calculé son empreinte carbone, l’entreprise a décidé de compenser complètement ses émissions de gaz à effet de serre en plantant l’équivalent d’un arbre par coloration réalisée. Cette action est menée en collaboration avec l’ONG luxem bourgeoise Graine de Vie, qui s’est donné,

depuis 2009, la mission de replanter des arbres à Madagascar. Pour limiter les émissions de CO2, l’entreprise tient aussi à limiter celles liées au transport, en favorisant, lors de l’al location du lieu de travail des collaborateurs, le salon le plus proche de leur domicile. Elle tâche également d’espacer au maximum les livraisons des produits en effectuant les com mandes le plus tôt possible. Les salons de coiffure Ferber ont décidé d’utiliser des produits naturels dans leur pratique, en recou rant à des marques soucieuses de l’environ nement. Coloration 100 % végétale, lissage au tanin 100 % organique, bio et végétal, coulage aux pigments naturels… l’enseigne a même créé son propre shampoing en poudre, pro duit au Luxembourg avec des ingrédients bio et naturels, qui, au contact de l’eau, se trans forme en mousse.

Une politique de gestion des déchets a aussi été mise en place : utilisation minimale des produits (comme un dosage minimal pour la coloration), plaque tournante entre les salons pour les produits (ce qui n’est pas uti lisé dans un salon est transféré vers un autre), tri des déchets, recyclage des tubes de colo ration… L’enseigne envoie même les cheveux coupés à une association qui fabrique des boudins naturels pour absorber l’huile dans l’eau. Pour ce management des déchets, l’en treprise est d’ailleurs en voie d’obtention du label SuperDrecksKëscht (SDK).

Les autres pratiques sélectionnées aux Awards

AXA WEEK FOR GOOD –

AXA ASSURANCES LUXEMBOURG

Depuis 2010, AXA organise, chaque année, l’AXA Week for Good (AWFG). Une semaine entièrement consacrée à la RSE, lors de laquelle les collaborateurs d’AXA sont invités, sur base du volontariat, à se réunir pour aider leurs associations caritatives locales. En 2021, l’AWFG a réuni 148 collaborateurs sur 285.

WELLBEING – ING LUXEMBOURG ING a développé il y a 10 ans un programme de prévention du burn-out, en complément de son offre de formations liées à la santé et au bien-être de manière générale. Son nom : WellbeING. La démarche s’étoffe constamment, avec check-up, formations santé, clubs de sport et de bien-être, prévention burnout, managers formés au leadership sain…

FONDS SOCIAL LUXTRUST – LUXTRUST En 2021, LuxTrust crée son « fonds social », un compte bancaire spécialement dédié aux actions en faveur de l’économie circu laire et du soutien aux associations locales. Celui-ci est alimenté par deux actions : la revente de matériel informatique et de téléphonie de l’entreprise – qui bénéficie ainsi d’une seconde vie – et une tombola, organisée en interne.

EMERALD – ANDANDO

Un ensemble de pratiques qui a permis à l’enseigne de salons de coiffure de remporter les Sustainability Awards. « C’est que nos mesures portent leurs fruits, se réjouit Lionel Ferber, qui, avec sa sœur Laura, incarne la quatrième génération de l’entreprise. C’est une reconnais sance pour notre engagement envers notre pla nète, la seule que nous avons et qui chaque jour nous alimente et nous fait vivre. » Il revendique une approche pragmatique et progressive. « Avec de petits changements au quotidien, avec un peu d’efforts, il est possible d’obtenir de grands résultats et de faire la différence », explique-t-il, avant d’ajouter : « Les collaborateurs et collabo ratrices sont le moteur du changement, écoutez leurs idées et mettez-les en pratique. »

Si ces quatre lauréats se sont donc démar qués pour le caractère abouti de leurs pra tiques, cela ne signifie toutefois pas que les entreprises présélectionnées, mais qui n’ont pas eu les faveurs du jury, ont échoué. Les Sustainability Awards visent à « recenser des pratiques » et à « les diffuser ». Ainsi, les sept autres pratiques non récompensées ont, elles aussi, valeur d’exemple (voir encadré), rap pelle Nancy Thomas. Et l’idée est bien que « d’autres s’en emparent ».

L’Emerald Building est, sur la zone Benelux, le premier projet de construction certifié « zéro carbone », selon les critères de l’Ilfi. Aucune émission n’est donc produite, ni lors de la construction, ni par le bâtiment lui-même par la suite. Les bureaux seront alimentés par une énergie 100 % verte et de l’eau de pluie pour les « eaux grises ».

GT FLEET TOOLS MANAGEMENT –GENERAL TECHNIC BUILDING SOLUTIONS

Depuis 2018, General Technic propose à ses clients et prospects du milieu de la construction et de l’artisanat un service de leasing opérationnel spécialement conçu pour la gestion de parcs machines. À la fin du contrat, General Technic reprend, reconditionne, reloue, voire recycle, les machines.

JARDIN COMMUNAUTAIRE

MATGESFELD – COMMUNE DE SANEM

Avec l’idée de sensibiliser les habitants de la ville au changement climatique et à la nécessité de changer nos habitudes de consommation (notamment manger local, saisonnier et bio), la commune de Sanem a développé un projet de jardin communautaire, avec 24 parcelles cultivables, dont 6 réservées pour les écoles.

EIS SCHOUL, ENG NOHALTEG SCHOUL –ÉCOLE PRIVÉE FIELDGEN

Le projet « Notre école, une école durable » organise des cours pédagogiques sur le développement durable, et, au niveau de la cantine, une meilleure gestion des déchets et un changement des menus et de la vais selle, qui ont permis une réduction du gaspillage alimentaire, de l’utilisation du plastique et de l’empreinte CO2

Photo Guy Wolff
« Le principe consiste à récupérer des ordinateurs et des smartphones et à leur donner une seconde vie. »
Digital Inclusion Décryptage Sustainability Awards
Talks, Shows & Awards 24 événements Academy 207 formations, dont 100 on demand Social 70 rendez-vous Services Communication, Talent acquisition, Matchmaking Découvrez le programme 2023 Scannez ici Successful networking and learning since 2008
Gilles et Fabienne Weidig, entourés d’art.

« Notre collection, c’est une construction commune »

Comment avez-vous commencé à vous intéresser à l’art ?

GILLES WEIDIG (G. W.) Je suis originaire d’Esch. Quand j’étais jeune, j’allais souvent dans l’ate lier du sculpteur Jeannot Bewing. J’ai passé beaucoup de temps avec lui, à discuter d’art, à observer son travail. C’était un personnage fascinant : un ouvrier, qui était artiste, mais aussi collectionneur. Un grand amateur d’art africain. C’est comme cela que mon initiation à l’art a commencé. Par la suite, j’ai visité des expositions, fréquenté des galeries. J’allais souvent à la galerie BC2 à Bettembourg.

FABIENNE WEIDIG (F. W.) J’ai aussi fréquenté l’ate lier de Bewing. Nous aimions y discuter d’art. Il montrait ses œuvres en acier. C’est lui qui m’a indiqué le chemin vers l’art.

Quand avez-vous commencé à collectionner, et quelles œuvres avez-vous achetées ?

G. W. Je pense que cela remonte à mes études à Düsseldorf. Nous sommes allés sur un mar ché d’art, et j’ai acheté un dessin. Rien d’ex ceptionnel, une œuvre tout à fait modeste, mais que j’ai encore. Par la suite, quand je suis revenu au Luxembourg, j’ai continué à acheter. Plutôt des artistes du cercle eschois, des gens qu’on connaissait : Maurice Ney, Jeannot Bewing, Sergio Sardelli, Nico Thurm, Fernand Bertemes… C’était un cercle d’artistes plutôt régional, proche de nous.

F. W. En ce qui me concerne, j’ai économisé pour parvenir à acheter une sculpture en bois peint de Michel Geimer. C’est une œuvre qui m’accompagne encore aujourd’hui au quoti dien, puisqu’elle est dans notre salon, et je ne m’imagine pas m’en séparer un jour. Mais je dois dire qu’au début, on a vraiment acheté au coup de cœur, dans une pure approche émotionnelle.

Pourquoi avoir commencé à collectionner ? G. W. Une chose est sûre, c’est que nous ne sommes pas devenus collectionneurs par inté rêt statutaire. Plutôt pour le plaisir d’être entou rés de belles choses. Pour pouvoir vivre cette relation émotionnelle qu’on peut avoir avec des œuvres d’art au quotidien.

Quel type d’œuvres avez-vous commencé à collectionner ?

F. W. En prenant du recul, je m’aperçois que nos premières œuvres ont surtout été des œuvres figuratives, des œuvres très expres sives. Et nous avions la chance de partager les mêmes goûts avec Gilles. Donc nous étions toujours d’accord sur les œuvres que nous sou haitions acheter.

G. W. Avec le temps, ça a un peu changé. On a aussi eu un peu plus de moyens, ce qui nous a permis d’acquérir d’autres types d’œuvres. Nous avons fréquenté les foires internatio nales, comme Art Cologne, ou les galeries à Berlin et Paris. Nous étions aussi curieux de découvrir les présentations de fin d’études des élèves de l’académie de Düsseldorf. Par ailleurs, dès que nous partions en voyage, nous fréquentions les musées locaux. Notre œil s’est formé au fur et à mesure, et notre regard a aussi évolué.

F. W. Nous fréquentons aussi les galeries au Luxembourg. Nous sommes proches, par exemple, de la galerie Ceysson & Bénétière ou de celle d’Alex Reding. Nous nous sommes progressivement ouverts à d’autres formes d’art et avons acheté d’autres œuvres : Claude Viallat, Louis Cane, Orlan, Damien Deroubaix, Stephan Balkenhol…

LUXEMBOURG

ART WEEK

Du 11 au 13 novembre se déroule la huitième édition de la foire d’art contemporain au Luxembourg. Plus de 80 galeries, collectifs et institutions locales et internationales sélectionnés par un jury présenteront une sélection d’œuvres d’artistes contemporains.

Le parcours est organisé selon trois sections : Main Section, la section principale ; Take Off, la section prospective ; et Solo, la section découverte mettant à l’honneur la production d’un artiste à travers un projet dédié.

En plus de la foire, un vaste programme culturel est organisé et met à l’honneur la création contemporaine à travers toute la ville et au-delà. www.luxembourgartweek.lu

G. W. De manière générale, nous aimons tou jours bien la peinture, mais cela peut prendre différentes formes, jusqu’à être un objet peint à mettre sur un mur. Aujourd’hui, je demande plus à une œuvre d’art que de simplement me plaire à l’œil. Il faut que le propos de l’artiste m’interpelle, me stimule. J’ai besoin d’aller plus loin qu’un simple rapport émotionnel. C’est pour cela, par exemple, que j’aime les œuvres de Supports / Surfaces, car ces artistes questionnent le support même de la peinture et le remettent en question. Ou encore les œuvres de Gregor Hildebrandt, qui associe la peinture et l’utilisation de cassettes audio et de vinyles.

Achetez-vous de manière très spontanée ou murement réfléchie ?

G. W. Depuis quelques années, avant d’ache ter une œuvre, je me renseigne toujours beau coup. Sur l’artiste, sur sa carrière, sur sa cote.

Gilles et Fabienne Weidig sont férus d’art depuis qu’ils sont étudiants. Aujourd’hui, ils ont composé une collection construite à deux, évoluant au fil des ans, mais toujours caractérisée par la même passion pour l’art.
Photo ROMAIN GAMBA Interview CÉLINE COUBRAY
NOVEMBRE 2022 53 Conversation Gilles et Fabienne Weidig

Quelle est la place de l’œuvre que je pense acheter dans la carrière de l’artiste ? Ce sont des questions que je ne me posais pas avant, répondant plus à mon instinct, mon envie. Aujourd’hui, je dirais que nous achetons en meilleure connaissance de cause.

F. W. Mais nous achetons encore aussi au coup de cœur, de manière spontanée ! Nous avons les deux approches, en fait.

Quel budget allouez-vous à cette passion ?

G. W. C’est très simple : on dépense l’argent qu’on a ! Bien qu’il me soit déjà arrivé une fois d’acheter une œuvre pour laquelle je n’avais pas du tout l’argent… De manière générale, nous n’avons pas de budget fixe prévu pour la collection. Ce budget fluctue en fonction des moments de notre vie, des besoins qu’a notre famille. Mais il nous arrive parfois de repous ser les limites !

F. W. Nous ne collectionnons pas pour inves tir, mais nous restons bien conscients de ce que nous faisons et de l’argent que nous y investissons. C’est pour cela que nous nous renseignons au préalable sur l’artiste, sa car rière, sa cote.

G. W. Par ailleurs, nous n’achetons pratique ment qu’en galerie. Du coup, cela se fait plus sereinement, car nous établissons aussi une relation de confiance avec les galeristes chez qui nous achetons. Nous pouvons aussi comp ter sur leur professionnalisme et leur connais sance du marché.

Avez-vous déjà revendu certaines de vos œuvres ?

G. W. Oui, cela nous est effectivement arrivé, pour des œuvres que nous avions achetées quand nous étions jeunes. Mais nous n’avons pas revendu pour faire une plus-value. Plutôt par besoin de faire un peu de place pour de nouvelles œuvres qui nous plaisent davantage maintenant. Et nous avons toujours été atten tifs à qui nous revendions les œuvres. Il nous importe que les nouveaux acquéreurs appré cient à sa juste valeur l’œuvre dont nous nous séparons. Nous préférons finalement que ces œuvres soient accrochées chez quelqu’un qui les apprécie que stockées dans notre grenier. Mais je dois aussi avouer que je me suis par fois posé la question de savoir si je ne devrais pas revendre une œuvre pour pouvoir en ache

ART2CURE

Cette association organise des expositions pour collecter des fonds pour la recherche biomédicale menée par des chercheurs luxembourgeois, souvent en collaboration avec des partenaires internationaux. Gilles Weidig et Philippe Lamesch ont développé ce concept en 2014 et ont organisé le premier événement en 2015. Depuis, Art2Cure connaît une croissance substantielle et est désormais accueillie à la Banque internationale à Luxembourg (BIL), dans la Galerie Indépendance. Plus de 150.000 euros ont pu être levés pour soutenir la recherche biomédicale à l’Université du Luxembourg, ainsi que pour des associations caritatives locales. En 2020, le produit d’Art2Cure était consacré à la recherche liée au Covid-19.

ter cinq autres, car je suis quand même l’évo lution du marché et des prix.

Avez-vous déjà acheté à l’occasion de Luxembourg Art Week ?

G. W. Oui, pas plus tard que l’année dernière. C’est une initiative que nous soutenons et que nous apprécions beaucoup. Cet événement permet à la fois de soutenir les galeries, en leur donnant une belle visibilité, et de profession naliser et de confronter les plus jeunes galeries sélectionnées pour Take Off au marché inter national. C’est aussi une belle opportunité pour le Salon du CAL, qui se tient au même moment. L’un et l’autre s’enrichissent mutuel lement. Pour nous qui avons peut-être trop tendance à acheter à l’international, c’est l’oc casion de nous recentrer sur le marché local.

F. W. Il faut aussi saluer tout le travail réalisé par l’équipe d’Alex Reding et Leslie De Canchy. L’installation dans la tente a donné un ton encore plus professionnel à la foire, tout en conservant une ambiance très conviviale.

Changez-vous régulièrement l’accrochage chez vous ?

G. W. Non, on fait juste de la place pour les nouvelles œuvres qui arrivent. Alors, effecti vement, cela demande parfois quelques ajus tements, mais nous n’organisons pas de

roulement d’œuvres, par exemple. Notre col lection n’est pas encore suffisamment grande pour cela !

Partagez-vous votre passion pour l’art avec vos amis ?

F. W. Il est évident que, quand nous recevons à la maison, les œuvres font parler. C’est alors l’occasion de présenter et d’expliquer le tra vail des artistes.

G. W. Souvent, les gens s’arrêtent à ce qu’ils voient. Mais il est intéressant de connaître plus en détail le propos de l’artiste pour appré cier l’œuvre à sa juste valeur. Et la plupart du temps, une fois qu’on a expliqué l’œuvre, les gens la regardent différemment. Ils peuvent même changer d’avis sur celle-ci.

Fréquentez-vous d’autres collectionneurs ?

G. W. Oui, nous avons d’autres amis collec tionneurs avec qui nous discutons beaucoup d’art. Mais nous achetons les uns et les autres tout à fait autre chose, nos collections n’ont rien à voir entre elles !

Comment la collection se répartit-elle au sein de votre couple ?

F. W. Nous achetons nos œuvres ensemble. C’est une seule et même collection, et elle tient une place importante entre nous. Notre col lection, c’est une construction commune, un chemin de vie que l’on parcourt ensemble.

G. W. Avec un peu de chance, nos enfants apprécieront aussi les achats que nous avons faits et auront envie de les conserver, voire même peut-être de les poursuivre.

En plus d’être collectionneurs, vous êtes également à l’initiative d’Art2Cure. Pouvez-vous nous en dire plus ?

G. W. Il s’agit d’une initiative que nous avons lancée avec Philippe Lamesch. Je connais Philippe depuis le lycée et j’ai également acheté quelques œuvres qu’il a réalisées. Nous avons eu cette idée de lancer Art2Cure en 2014. Il s’agit d’une vente d’œuvres d’art dont une partie du prix de vente est donné à la recherche scientifique. Après avoir exposé la première année à la Kulturfabrik, nous avons reçu un grand soutien de la BIL et de la Fondation Indépendance, où nous exposons depuis lors. Art2Cure permet d’offrir une plateforme aux artistes en leur don nant la possibilité de vendre des œuvres, mais aussi de récolter de l’argent pour soutenir la recherche luxembourgeoise, puisque 50 % de la vente y est consacrée. Contrairement aux autres ventes de charité, où les artistes sont souvent contraints d’offrir leur part de la vente, nous leur proposons ici de toucher quand même 50 % de celle-ci. Ainsi, nous soutenons à la fois la recherche et les artistes.

Photo Art2Cure
« Nous ne sommes pas devenus collectionneurs par intérêt statutaire. » 54 NOVEMBRE 2022 Conversation Gilles et Fabienne Weidig

de business

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CEO de Creos, Claude Seywert a été nommé à la tête du groupe Encevo en 2018.

« On va comprendre que l’énergie a un prix »

Encevo (fournisseur et producteur d’éner gie, et exploitant de réseaux via Creos, Enovos et Teseos) a terminé l’année 2021 avec un résultat net de 79,7 millions. Vos actionnaires devaient être contents ? C’est un résultat qui est en ligne avec ceux des années précédentes.

L’actionnariat chinois, qui représente un peu plus de 24 %, n’était-il pas tout de même un peu plus satisfait que les autres ? Comme tout actionnaire, les Chinois attendent des dividendes. Pour l’exercice 2021, nous n’en reverserons cependant pas pour pouvoir faire face à l’imprévisibilité des marchés. L’aug mentation des prix fait que nos besoins en liquidités ont augmenté. Si la facture est double, il nous faut avoir deux fois plus de moyens en fonds de roulement.

2021 a aussi été une année record en termes d’investissements, à hauteur de 270 millions d’euros… Nous avons besoin de pouvoir investir, oui ! En 2022, nous n’avons pas non plus ralenti nos investissements dans les réseaux, au cœur de notre stratégie, parce que nous sommes convaincus qu’il faut accélérer cette transition, et non la ralentir. Nous maintenons nos inves tissements pour faire des mises à jour, pour fournir plus d’électricité, dans les énergies renouvelables… Nous installons de nouveaux câbles, de nouveaux transformateurs. À chaque fois qu’il y a une nouvelle maison ou un nou veau lotissement, il faut un réseau pour connec ter les habitants. À chaque fois qu’une nouvelle industrie s’installe quelque part, qu’il y a un plus grand consommateur, il faut adapter l’in frastructure. Nous investissons plus de 100 mil lions d’euros par an dans les réseaux électriques depuis quelques années, et nous essayons d’augmenter cela. Avec un point d’attention : l’inflation. Tout devient plus cher, y compris les investissements. Creos a des plans d’inves tissement sur 10 ans et des prévisions jusqu’à 2040, qui sont soumis au régulateur.

Dans ces plans, il y a l’adaptation des infrastructures pour de futurs grands consommateurs, notamment Google et son centre de données.

Est-ce que vous êtes prêts à Bissen ?

Nous sommes prêts, nous avons toujours été prêts. Sur le réseau Creos, nous avions une capacité maximale de 1.500 MW en pointe. Nous allons la doubler, pour arriver à 3.000 MW. Google, c’est 200 MW au niveau de ses besoins. Cela donne un ordre de grandeur. Le sujet n’est donc pas tellement notre capacité d’ac cueillir ou non tel ou tel opérateur sur le réseau. Mais si on mène une transition du pétrole ou du gaz vers l’électrique, il faut créer de la place sur le réseau. C’est cela, le réel enjeu. Notre stratégie reste la même : grandir dans les énergies renouvelables, deve nir producteur, puis fournir des produits de plus en plus verts, le tout dans un souci d’ef ficience énergétique.

Cela explique aussi vos trois associations avec des acteurs locaux dans des infrastructures d’énergies renouvelables ?

Ce sont des joint-ventures avec des parte naires luxembourgeois qui investissent, comme Luxtram. Ces installations sont sur leur toit. Nous coconstruisons l’infrastructure, nous faisons le développement, gérons l’opération nel et la maintenance. L’énergie est ensuite vendue à Creos à un tarif garanti par l’État.

Est-ce que cela vous sert à aller plus vite dans la transformation ?

Oui, parce que nous ne devons pas tout finan cer nous-mêmes et que nous cherchons toujours des surfaces pour installer des panneaux photo voltaïques. C’est un win-win parce que, de son côté, notre partenaire a souvent besoin d’un cofinancement, et le rendement est partagé.

C’est rentable pour Encevo ?

Oui. Sinon, nous ne le ferions pas.

À côté de cela, vous avez aussi investi dans des start-up. Pourquoi ?

BIO EXPRESS

La Suisse et la Californie Claude Seywert est né en 1971 à Luxembourg. Il a étudié la physique à l’Eidgenössische Technische Hochschule de Zurich. Puis effectué une spécialisation en aéronautique au California Institute of Technology, où il a été enseignant et assistant de recherche. La consultance et l’industrie De février 2000 à juin 2002, il est consultant pour McKinsey à Cologne. Avant d’être recruté par le groupe ArcelorMittal. Il est nommé manager finishing des usines de Florange en 2009, et rejoint Creos en 2012.

Creos et Encevo Deputy CEO de Creos, il est nommé CEO en août 2015. Puis, en octobre 2018, il prend les rênes du Groupe Encevo.

Nous voulons être innovants, offrir à nos clients les dernières technologies, mais nous ne pouvons pas tout inventer nous-mêmes. Ces collaborations permettent de travailler en open innovation. Mais il faut être clair : nous n’investissons pas toujours dans ces structures, et quand c’est le cas, nous sommes toujours minoritaires. Encevo n’est pas un incubateur. Nous avons un département de deux personnes qui scrute l’écosystème des start-up en Europe, les technologies qui se développent, puis nous décidons si certaines peuvent être intéressantes sur notre marché, pour nos clients. Un contact peut alors être établi. Parfois, ça en reste là, et parfois, nous mettons en place un démonstrateur pour aller plus loin. Parfois, s’il y a une levée de fonds, nous y participons. L’innovation est un peu décentralisée chez nous parce que nous avons des métiers très différents, entre réseau, four niture et autres.

Entre crise énergétique, inflation galopante et cyberattaque, Claude Seywert, CEO du Groupe Encevo, a dû gérer plusieurs crises de front. Tout en conservant des ambitions intactes.
Photo ANTHONY DEHEZ Interview THIERRY LABRO et NICOLAS LÉONARD
NOVEMBRE 2022 57 Conversation Claude Seywert

L’actualité d’Encevo, c’est aussi la crise énergétique. Quand le Premier ministre annonce, dans le cadre de la tripartite, qu’il va plafonner les prix de l’énergie, cela sous-entend qu’il en a parlé en amont avec les dirigeants du plus grand fournisseur d’énergie au Luxembourg. Or, il semble que vous n’aviez pas été spécialement averti ? Je n’étais pas à la tripartite… Dans le cadre de la gestion de la crise de l’énergie, nous avons des échanges réguliers avec le ministère de l’Énergie, qui a partagé certaines idées avec nous et avec d’autres, qui nous a demandé si elles étaient techniquement réalistes. Mais nous ne savions pas ce qui allait in fine être proposé, puis négocié, au sein de la réunion tripartite.

Plafonner les prix de l’électricité et du gaz veut-il dire que vous devez finalement assumer l’impact financier d’une décision purement politique ?

L’accord de la tripartite prévoit que l’État assu mera cette différence née du plafonnement des prix de vente et de la hausse de nos prix d’achat sur les marchés. Normalement, nous ne subirons donc pas d’impact financier. Nous enverrons une facture avec le différentiel à l’État. C’est le milliard d’euros dont le Premier ministre a parlé.

Ce montant vous paraît-il réaliste ? Oui, du moins dans les conditions que nous connaissons aujourd’hui.

Est-ce que cela est considéré comme une aide d’État ?

Puisque ce plafonnement ne concerne que les clients résidentiels, ce n’est pas une aide d’État, mais un subside, que l’État peut don ner. La tripartite ne plafonne pas les prix pour les industriels ou pour les PME. Des aides, autres, sont prévues pour elles.

À la place du plafonnement général des prix, vous auriez privilégié d’autres possibilités ?

Il y a différentes possibilités qui sont étudiées ou retenues par certains pays. Les mesures adoptées par notre gouvernement vont vers un plafonnement général, choisi pour deux raisons : cela limite les factures – surtout pour ceux qui ne peuvent plus payer –, a un effet sur l’inflation, et donc aide l’économie en général de manière indirecte…

Est-ce que vous connaissez le nombre de ménages qui sont en difficulté avec leurs factures ?

Nous n’avons pas nécessairement ces infor mations. Si un client ne parvient plus à payer, nous discutons avec les offices sociaux pour trouver une solution. Nous ne percevons que les ménages qui arrêtent de payer. C’est assez limité. Jusqu’à présent, nous n’avons en tout cas pas constaté une défaillance plus élevée dans le paiement des factures.

Comment pouvez-vous anticiper les évolutions des prix de vos achats sur les marchés ?

C’est très difficile, car les marchés sont vola tils. Nous pouvons acheter des futures, mais ça peut aussi changer du jour au lendemain.

Vous achetez maintenant pour l’année 2024 ?

Pour l’électricité, nous achetons pour 20242025. Pour le gaz, nous sommes moins en avance. Nous achetons pour 2024, mais moins. Nous essayons toujours d’être assez en avance pour bénéficier d’un certain effet de lissage sur les prix.

Qui gère cela chez vous ?

Une équipe d’acheteurs est-elle dédiée à ces opérations ?

Nous avons une salle des marchés, comme dans une banque. En continu, des opérations sur les bourses de l’énergie y sont effectuées, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Notre res ponsabilité tient en la gestion du risque, et nous avons mis en place des règles assez strictes.

Mais je reconnais qu’avec les conditions de marché que nous subissons depuis un an, c’est un peu plus stressant.

Le grand public ne connaît pas du tout cette mécanique d’achat et de vente…

Le grand public ne se pose pas de question : l’électricité « sort » de la prise. La crise actuelle va certainement permettre de mieux se rendre compte de la valeur de l’énergie, que ce n’est pas quelque chose qui est toujours disponible,

Source EncevoCreos Deutschland GmbH Creos Deutschland Services GmbH Autres participations ENCEVO DEUTSCHLAND GmbH Nexxtlab SA CREOS LUXEMBOURG SA Autres participations 50 % 75 % Paul Wagner & Fils SA Power Panels SA Global Facilities SA Diego Luxembourg SA Minusines SA Energieagence SA TESEOS LUXEMBOURG SA 50 % 75 % 100 % 100 % Leo SA LuxEnergie SA Soler SA Steinergy SA NordEnergie SA ENOVOS LUXEMBOURG SA 100 % 100 % 60 % 50 % 50 % 33 % Enovos France SAS Enovos Energie SAS Enovos Green Power NV Autres participations 100 % 98 % 100 % 100 % Enovos Renewables O&M GmbH Enovos Renewables GmbH Enovos Storage GmbH Enovos Energie Deutschland GmbH EnergieSüdwest AGnet4energy GmbH Autres participations 100 % 51 % LA STRUCTURE D’ENCEVO Le groupe repose sur trois piliers qui sont trois entités distinctes. 58 NOVEMBRE 2022 Conversation Claude Seywert

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mais qui a un prix. Il faudra donc faire atten tion à ce que le plafonnement des tarifs, qui était absolument nécessaire, ne diminue pas l’incitation à réduire la consommation. Il faut quand même considérer que, si les prix explosent, c’est parce qu’il y a un déséquilibre entre la demande et l’offre. Il faut réduire un peu la demande, sinon on ne reviendra jamais à l’équilibre. Néanmoins, l’électricité n’est qu’une part mineure de la consommation totale en énergie. Si on transfère tout vers l’électrique, il faut réduire la consommation per capita. C’était déjà modélisé dans le plan Rifkin, selon lequel la consommation devait rester stable alors que la population doublait. Implicitement, cela signifie une amélioration de l’efficacité énergétique de 50 %. Le switch vers le renouvelable, il n’y a pas à discuter, il faut y aller. Peut-être qu’il faut y aller un peu plus vite maintenant.

Certains pays qui étaient pour une sortie du nucléaire font pourtant machine arrière…

À court terme, c’est une réponse adéquate pour réduire la différence entre offre et demande. Sur le long terme, conserver le nucléaire n’ap porte pas grand-chose. Je ne crois pas à un renouveau en matière nucléaire.

Même avec les nouvelles générations de réacteurs ?

Aussi longtemps que nous n’aurons pas de vraies réponses concernant quoi faire des déchets nucléaires, je ne considère pas cela comme une alternative.

Encevo a été victime d’une cyberattaque dans la nuit du 22 au 23 juillet, vers 3 h. Une première intrusion aurait cependant eu lieu en juin. Pouvez-vous confirmer ce déroulement des faits ?

Je ne peux pas vous confirmer cela.

PRÉCISION

Le 13 octobre, Paperjam révélait en exclusivité que Creos, qui fait partie du groupe Encevo, avait mis un terme au mandat de son CEO, Marc Reiffers, en poste depuis le 15 septembre 2018. Cela pour « des faits de nature à porter atteinte au code de conduite et au système de contrôles internes ». Marc Reiffers était également membre du comité exécutif d’Encevo depuis le 1er août 2015. Le groupe n’a curieusement pas souhaité communiquer sur le devenir de ce mandat. Sollicité par Paperjam, le Parquet indique pour sa part avoir été saisi d’une plainte de Creos, le 6 octobre, pour prise illégale d’intérêts. Cet entretien avec Claude Seywert ayant été réalisé le 27 septembre, ces différents éléments, encore inconnus, n’ont pu alors être abordés avec lui.

L’attaque avérée a eu un réel impact. Avez-vous recouvré 100 % de vos capacités ?

Nous avons retrouvé un fonctionnement nor mal. Évidemment, nous devons déplorer quelques retards, car nous n’avons pas pu travailler sur certains projets informatiques ou autres.

Vous avez payé une rançon ? Non.

Vous avez donc, en ce sens, suivi les recommandations des autorités ?

La décision de ne pas payer a été prise par notre comité de direction. Nous étions confiants suite à notre propre analyse de la situation. Chez Encevo, nous disposions de back-up complets et propres. Dès lors, à quoi bon payer ? Mais nous avons déposé plainte, et la police mène son enquête.

Est-ce que vous monitorez le dark web afin de repérer des données qui pourraient être mises en vente ?

Nous collaborons avec la Cyber Emergency Response Community Luxembourg, les secu rity operations centers… Si des bribes de don nées apparaissent à droite ou à gauche sur le dark web, nous espérons les voir. Nous tra vaillons aussi avec le Haut-Commissariat à la protection nationale et la Commission natio nale pour la protection des données sur ce data leak. Des rapports intermédiaires ont déjà été rendus, et un rapport final sera aussi déposé, après que les experts externes que nous avons mandatés auront rendu leur analyse.

Il y aurait des données particulièrement problématiques parmi celles qui ont été volées : des codes d’accès à des bâtiments, des photos de ces accès…

En ce qui concerne les données dites « iden tifiables » – noms, adresses, parfois un numéro de téléphone ou un Iban –, avec la CNPD, nous avons informé toutes les personnes concernées. Pour le reste, nous n’avons rien identifié de critique, dans le sens où cela

pourrait nuire gravement. Des plans, expli cations techniques… on ne sait en réalité pas faire grand-chose avec ces éléments.

Les hackers sont entrés dans vos systèmes via un de vos employés ?

L’intrusion initiale a été rendue possible par le compte d’un fournisseur, un sous-traitant qui a été piraté chez lui, mais qui était habilité chez nous.

Combien de temps s’est-il écoulé entre le moment où ce fournisseur a perdu ses accès et celui où on a repéré le hacker dans votre système ?

Il est très difficile de le savoir. Mais entre le moment où le hacker est entré chez nous et celui où nous l’avons repéré, moins de deux heures se sont écoulées, en pleine nuit, en période estivale.

Quelles ont été les premières mesures prises ?

Au début, nous ne savions pas trop où l’attaque se situait. Nous avons interrompu tous les accès vers l’extérieur. Le premier réflexe est de savoir si l’opérationnel est concerné. Quand la réponse est « non », on respire un peu mieux… La deuxième chose, c’est la salle des marchés et son activité. Elle n’était pas concernée, puisque c’est un système à part. Là, vous poussez aussi un « ouf » de soulagement.

Quel est le volume des données volées ?

110 à 130 Gbits. Six millions de fichiers, mais 130.000 fichiers avec réellement de l’infor mation, d’une importance relative, comme des documents Word, Excel… Cette attaque nous a en tout cas permis de faire de nou velles analyses. Nous avons à nouveau un plan de cybersécurité sur deux ans, alors que le précédent se terminait cette année. Nous n’avions pas de grandes failles de sécurité, mais on peut toujours s’améliorer. Dans nos analyses de risque, la cybersécurité est assez haut placée, et nous sommes très attentifs au cyber-risque qui concerne le volet opération nel du réseau.

Quel conseil donneriez-vous à un collègue chef d’entreprise suite à cette mésaventure ?

Tout patron d’entreprise doit comprendre quels sont les systèmes et les données critiques pour le fonctionnement de sa société, mais aussi ceux qui le sont pour ses clients et ses partenaires. Si une PME a des difficultés sur ce sujet très technique, qu’elle n’hésite pas à se faire aider en externe. On ne peut pas être spécialiste en tout.

ÉVOLUTION DES VENTES ET PROFIT NET En millions d’euros Évolution des ventes de gaz et d’électricité Profit net par an 2015 0 2.000 1.500 500 1.000 2.500 2017 20212019 2.389 2.517 79,7109,2
Source Encevo 60 NOVEMBRE 2022 Conversation Claude Seywert
11.05.2023 Inscription et informations : www.paperjam.lu/club SAVE THE DATE Real Estate Awards

Le maintien du pouvoir d’achat des consommateurs est un des objectifs-clés poursuivis par l’Union luxembourgeoise des consommateurs. Surtout dans un contexte national où environ 25 % de la population sont concernés par le risque de pauvreté.

Alors que les derniers chiffres du Statec avaient prévu une nouvelle tranche indiciaire d’ici la fin d’année, le récent accord tripartite a revu le scénario à deux tranches indiciaires en 2023.

La subvention publique sur les carburants a pris fin le 31 août. L’ULC avait demandé au gouvernement de doubler cette subvention. Nous pensons que le gouvernement luxembourgeois peut consentir à donner 15 centimes par litre de carburant. De plus, l’ULC craint qu’au vu des hausses des taux d’intérêt sur les prêts hypothécaires, davantage de ménages rencontrent de sérieux problèmes financiers.

Depuis des années, l’ULC se bat aussi contre les hausses des frais bancaires et les fermetures d’agences. Si les frais financiers ont augmenté en moyenne annuelle de 11,43 %, beaucoup de personnes âgées n’ont pas accès à internet, et ne veulent ou ne peuvent pas s’y mettre. Elles ont besoin d’un guichet pour leurs opérations, besoin d’un contact humain.

Quant à la politique fiscale, elle est liée au pouvoir d’achat. Nous pensons qu’il existe toujours de la marge pour desserrer quelques boulons. Les familles monoparentales doivent

Nico Hoffmann Président, Union luxembourgeoise des consommateurs

être soulagées et profiter de la classe d’impôt 2. Les personnes appartenant à la classe 1 devraient être soulagées sensiblement également. Leur charge fiscale est de loin disproportionnée. Si l’on veut vraiment mettre en pratique la solidarité chère au gouvernement, il faut revoir l’ensemble du tableau des barèmes et chercher quelques pourcents de plus auprès des très gros salaires.

Il est temps de regarder en direction de ceux qui ont fait des profits pendant la pandémie. Le secteur financier n’est pas en reste, d’ailleurs. Voici quelques années, une étude a démontré qu’il fallait disposer de 4.000 euros par mois pour mener une vie décente au Luxembourg. Raison pour laquelle il faut doubler l’allocation de vie chère.

À l’approche des élections législatives, l’ULC présentera aux partis sa position et élaborera son catalogue de revendications. Nous allons partager nos expériences et essayer de placer l’une ou l’autre de nos idées dans le futur accord de coalition.

62 NOVEMBRE 2022
Débat public
Retrouvez sa contribution dans son intégralité sur paperjam.lu.

Transforming employee benefits in Europe for a changing world

Zurich Eurolife S.A. considers Luxembourg the ideal home base. Not only do they love it here, but their presence has become part of their strategy to become life and disa bility insurance experts dedicated to employee benefit solutions.

The Zurich Group is celebrating its 150th anniversary this year and it has been continuously present in the Grand Duchy for 135 of those years. This presence is seen today with Leudelange-based Zurich Eurolife, which offers group life and disability insurance in 11 markets across Europe. Their policies cover 160,000 employees, a figure that is set to increase to 220,000 by the year’s end.

Zurich Eurolife is part of Zurich Integrated Benefits, a

new business unit launched within the Zurich Group and led by Wendy Liu, who is also the Chairwoman of the Board of Zurich Eurolife. This new business unit was created to better address emerging market needs and cater to workforces that are becoming more diverse as new forms of employment arise.

Under this new umbrella, Zurich Eurolife is led by CEO Mr Xavier Nevez. It provides a service that is both innovative and evolutionary but perfectly aligned with its history of

underwriting group risk and disability risk with a high focus on its customers: to be there when they need it. For Zurich Eurolife, keeping up with changing employment situations is all part of its mission, covering local employees or expatriates.

Luxembourg, a perfect home base Much like Luxembourg itself, Zurich Eurolife stands for stability, reliability and a long-term vision.

Photo Eva Krins (Maison Moderne) Sponsored content by ZURICH EUROLIFE Life Insurance Mr Xavier Nevez, CEO, and Mr Miloslav Cutka, Head of Market Management, announce the 135th anniversary of Zurich Eurolife.
64 NOVEMBRE 2022

“These are values that incidentally align with Switzerland as well, where the group’s headquarters are located. In fact, Luxembourg and Switzerland are two of just a handful of countries that have AAA ratings from all three major rating agencies, which offers a great selling point,” says Miloslav Cutka, Head of Market Management.

Zurich Eurolife provides group life and disability insurance for domestic and international mobile employees.

This focus on a specific clientele allows Zurich Eurolife to offer solutions that are highly tailored. Because they are very familiar with these segments, they have a vast amount of data at their disposal, and the more data you have, the better you can assess risk and provide long-term support to client needs.

Security and predictability are paramount

Predictability, trust and the ability to honour long-term commitments are paramount.

“Our clients trust us because they understand how we operate,” explains Zurich Eurolife CEO Xavier Nevez.

“They know that for us security is everything, particularly because that is what we offer our clients and their employees. At Zurich, we are committed to inspiring confidence in our society.”

“Our clients value our long-term relationship approach, our underwriting expertise and the robustness of the Zurich Group,” he adds. “In the markets and segments where we operate, we take a financially sustainable approach for our clients, adapting and tailoring our pricing to their exact situation.”

This careful approach allows them to fully deliver at what Mr Nevez describes as the moment of truth, i.e. when they process a claim and approve it.

“We pay quickly, which we are very happy to do,” he says.

“When we pay a claim, that means that we are helping someone in distress, and that is our core mission.”

Clients at the centre

Mr Miloslav Cutka explains that an important part of their business model is to make things easy for the client, which is where digital tools come into play. Zurich Eurolife has prioritised, making things administratively simple both for companies and covered employees. Also, they work very hard to truly engage with their clients, to empower them in terms of covering new employees and also being able to educate employees about benefits. “Transforming employee benefits into personal ised experiences to help the workforce thrive is our vision,” he adds.

Despite the staggering amount of data that is required to assess risk and offer policies, at the end of the day, life and disability insurance is simply about security. Being able to provide this security, is a very powerful asset for employers both to attract and retain talent, says Mr Miloslav Cutka.

“Security and peace of mind are so valuable.”

With Zurich, the processes remain easy, digital and fast.”

How long have you worked with Zurich Eurolife, and why did you decide to go with them?

We started with a feasibility study in 2019 and contacted more than 50 insurers. In December 2019, we decided to work together with Zurich Eurolife to set up the new death and disability coverage for our employees. We chose Zurich because they offered an innovative product with state-of-the-art financing. Moreover, it was important for us to have limited and primarily digital administration pro cesses. Zurich Eurolife was able to meet all of our conditions and at a reasonable pricing.

Can you describe your experience with them?

Although the Zurich team consists of employees from different countries and companies within the Zurich Group, the processes remain easy, digital and fast. We have our own designated contact who make sure that we always have the best experience, and our employees love the new benefit.

Can you explain why a Group Risk Solution is an important benefit for your employees?

Private disability insurance is most often very expensive, and not everyone can get the insurance depending on his or her clinical history. With the Group Risk Solution, we have a financial security net for all of our employees in case of disability and death – until the regular payout of the state pension.

Parent company Zurich is founded in Switzerland.

Zurich opens its first office in Luxembourg.

Zurich Eurolife begins offering life insurance to European clients from Luxembourg.

Zurich Eurolife covers more than 220,000 employees.

1872
1887
1995
2022
EVOLUTION OVER THE LAST 135 YEARS
For more information about Zurich Eurolife solutions, visit: www.zurich.lu KEY FACTS 11 Zurich Eurolife operates in 11 European markets. 220,000 Number of employees covered by the end of 2022: c.a. 220,000. $20 billion Sum at risk: c.a $20 billion. 30 Diverse, multilingual team of 30 people with around 10 different nationalities. ˝ BRAND VOICE NOVEMBRE 2022 65
66 NOVEMBRE 2022 80 100 60 40 20 En % L’outil qui s’impose partout Intelligence artificielle 0 70 % 64 % 56 % 53 % Sécurité et défense Mobilité Santé Service public Énergie 84 % 34 % 30 % 23 % 17 % 65 % 13 % 51 % 19 % 12 % Faciliter la vie quotidienne Automatiser des tâches au niveau professionnel Gérer les ressources pour optimiser les comportements Prévenir et gérer les risques 80 60 40 20 0

SOMMAIRE

68

IA, la nouvelle religion d’État

Trois ans après l’adoption d’une double stratégie, le Luxembourg continue de surveiller l’évolution réglementaire.

70

Mobilité : un cerveau attendu

Près d’un Luxembourgeois sur deux attend une plateforme de gestion du trafic… et devra l’attendre encore.

72

Le progrès remplacé par l’innovation »

L’IA ne sait pas dire « je ne sais pas », explique l’anthropologue Abdu Gnaba.

76

Il nous faudra des milliers d’experts »

Interview de Pascal Bouvry (Uni) sur les challenges du HPC.

78

L’union de l’IA et du conseil Quand l’IA se met au service de la production.

80

Le challenge de la santé

Diagnostic amélioré, médecine personnalisée, découverte de nouvelles molécules : la santé est un des champs les plus prometteurs de l’IA.

2025,

d’internet

toutes

175 zettaoctets, ou une pile de DVD équivalant à 23 fois la distance Terre Lune.

NOVEMBRE 2022 67
L’intelligence artificielle (IA) est mise à
toutes les sauces. Pourtant, relève l’entreprise de conseil Gartner, une seule des 29 technologies que recouvre le terme est mûre pour le marché. Incompréhensible pour le grand public, ce qui devrait rester un outil est source de bien des fantasmes et des peurs. 18 En
chaque personne dotée
enverra une donnée
les 18 secondes. Soit
LE SAVIEZ-VOUS ? Source Consultation publique relative aux opportunités et aux défis de l’intelligence artificielle / gouvernement du Luxembourg et Liser, 2020 40 % 35 % 22 % FACILITÉS ET RISQUES LIÉS À L’IA Facilite la vie Présente des risques INTÉRÊTS PERÇUS DE L’IA Selon l’enquête publiée par le Liser en 2021 Recherche publique Éducation Secteur industriel Environnement 16 % 15 % 13 % 13 % 16 % 28 % 20 % 13 % Résoudre des problèmes professionnels complexes Améliorer les capacités humaines Ne sait pas « «

Technologie

Intelligence artificielle, la nouvelle religion d’État

et selon les produits qui sont disponibles dans le fast-food qu’ils fréquentent. Une lecture de la plaque d’immatriculation des clients per mettra de leur fournir un accueil personnalisé au lieu du froid « McDonald’s bonjour, je m’ap pelle Noémie, que puis-je pour vous ? », voire de leur proposer une commande prédéfinie conforme à celle que le conducteur de cette voiture effec tue le plus souvent. De plus, la reconnaissance vocale accélérera la prise de commande, même face à un borborygme de la banlieue de Chicago.

Pour gagner 30 secondes des millions de fois

Adoubée comme une religion d’État à laquelle le Luxembourg rêve d’offrir la plus belle cathédrale, l’intelligence artificielle s’est emparée de tous les domaines du quotidien sans même attendre d’être encadrée. Tandis que les prédicateurs ne rechignent jamais à prêcher la bonne parole, les ouailles la redoutent… mais s’en amusent.

Si la Vieille Europe a largement oublié que dans « fast-food », il y a « fast », chaque seconde compte aux États-Unis, rappelle ce cas d’école. La double intégration doit répondre à un triple objectif : accélérer la prise de commande, augmenter le panier moyen du conducteur en lui proposant des produits auxquels il n’avait pas pensé au départ et gagner de précieuses secondes en cui sine – puisque le dispositif devait s’accompa gner de friteuses connectées capables d’ajouter une portion de frites au moment de la com mande, voire, plus tard, de robots qui assem bleraient les sandwiches.

Très loin du storytelling aux couleurs chaudes et douces, aux musiques joyeuses et aux ambiances chaleureuses, McDonald’s est une mécanique de haute précision qui veut d’abord gagner 30 secondes sur les 3’30’’ que dure la prise de commande et c’est l’intelligence arti ficielle qui va permettre d’y parvenir. Et si l’in telligence artificielle n’a pas d’intérêt ou n’est pas l’outil que l’enseigne attend, ce dernier sera revendu. Une partie de Dynamic Yield a ainsi été revendue, trois ans plus tard, à Mastercard.

McDonald’s a un appétit féroce. En six mois, en 2019, le dieu américain de la malbouffe a englouti tour à tour l’israélienne Dynamic Yield et l’américaine Apprente. Dans un sacré « coût de fourchette », puisque les 300 millions de dollars pour la première et le montant jamais révélé pour la seconde représentent une large part de l’augmentation de 608 millions de dol lars des investissements annuels, un record en 20 ans. Ventre affamé de transition digitale n’a point d’oreilles pour financiers récalcitrants : puisque 80 % de ses clients ne quittent jamais leur voiture lorsqu’ils viennent chercher à man ger et à boire dans un de ses 38.000 restaurants, McDonald’s va exiger des deux start-up qu’elles réinventent, presque en un claquement de doigts, leur expérience – 95 % de franchisés ou non –, comme en témoigne le timing démentiel de déploiement des nouvelles technologies.

Six mois après la clôture de la transaction avec les Israéliens, 11.000 drives américains en sont équipés. Les clients ne voient plus la carte habituelle, jusqu’ici identique pour tout le monde, mais une carte qui varie selon les moments de la journée, selon la météo, selon les combinai sons les plus commandées par les autres clients

40 %

Selon

Concernant l’intelligence artificielle, tous les experts l’assurent : outil elle est, outil elle doit rester. Ce n’est qu’à ce titre qu’elle a un intérêt économique. Selon PwC, l’intelligence artificielle devrait augmenter le profit des entre prises de 40 % à 14.000 milliards de dollars d’ici 2035, et le marché mondial de l’IA devrait passer de 387 milliards de dollars cette année à 1.400 milliards de dollars en 2029, renchérit Forbes ; le marché des logiciels d’IA devrait atteindre 62 milliards de dollars cette année, annonce Gartner.

Le knowledge management, premier de cordée

Dans cette auberge espagnole de la prévision, où chacun vient avec ses chiffres, seule compte la méthodologie pour comprendre. Près de la moitié du résultat annoncé par Gartner (28 mil liards de dollars), par exemple, est porté par les ventes de logiciels dans le knowledge manage ment (+31 %), les assistants virtuels (+14,7 %), les voitures autonomes (+20,1 %), les environne ments de travail numériques (+20 %) et la construction de bases de données (+19,8 %).

Dans son célèbre graphique sur l’adoption des

68 NOVEMBRE 2022
Photo Renault
PwC, l’IA devrait augmenter le profit des entreprises de 40 % à 14.000 milliards de dollars d’ici 2035.

technologies, 18 sur 29 liées à l’intelligence arti ficielle n’ont pas encore atteint le pic de leurs attentes exagérées. Une seule sera prête d’ici deux ans, la vision par ordinateur, née… dans les années 1960, mais très utile en neurobiolo gie, en physique ou pour des robots industriels. Arriveront ensuite, d’ici deux à cinq ans, l’an notation des données et l’étiquetage, un domaine très important, et les applications intelligentes, capables de suggestions et de personnalisations.

« L’intelligence artificielle n’engage que ceux qui y croient », s’amuse, avec la voix de Jacques Chirac, Abdu Gnaba, anthropologue, qui ne prête probablement jamais attention à ces pro phéties de consultants soucieux que les CEO et autres dirigeants politiques embrassent l’in telligence artificielle avec plus de fougue qu’un adolescent à qui une jeune femme consentirait un premier baiser… Et Xavier Bettel et Étienne Schneider y croient, à l’intelligence artificielle.

Quasiment en même temps que le roi du hamburger, le Premier ministre et son ministre de l’Économie invitaient les journalistes à une conférence de presse commune pour y présen ter deux documents : une vision stratégique à l’égard de l’intelligence artificielle, pour le chef du gouvernement et ministre de la Digitalisa tion, et une stratégie d’innovation basée sur les données pour soutenir l’émergence d’une éco nomie durable et de confiance, pour le VRP de l’économie. « Les deux faces de la même médaille », en réalité, commente-t-on au ministère d’État.

Trouver le bon équilibre risque-potentiel Trois ans plus tard, les services du chef du gou vernement font savoir qu’ils surveillent comme le lait sur le feu l’arrivée, devant le Conseil euro péen des ministres, de l’AI Act, pour s’assurer qu’il respecte « le bon équilibre entre le potentiel et le risque de produits mis sur le marché ». L’évo lution du marché et celle des normes, à la fois devant l’Union européenne et devant le Conseil de l’Europe, ne sont pas de tout repos, d’autant que le ministère a lancé sa troisième génération d’appels à projets pour fluidifier la vie admi

nistrative tout en respectant le principe de privacy by design et l’éthique pragmatique de l’IA. Schneider parti, le ministère de l’Écono mie n’a jamais daigné répondre aux mêmes questions que celles que nous avons posées au ministère d’État, qui va devoir adapter la légis lation à sa future plateforme nationale d’échange de données.

Car l’État, représenté par six ministères (le ministère d’État, et ceux de l’Économie, des Finances, de la Digitalisation, de la Recherche et de l’Enseignement supérieur et de la Sécu rité sociale), le Luxembourg Institute of Health et le Luxembourg Institute of Socio-Economic Research ont créé un nouveau groupement d’intérêt économique, la Pned, dont l’intérêt ira bien au-delà des données de santé. De quoi créer une attractivité particulière pour le pays et « sandboxer » des cas d’utilisation des don nées dans différents contextes économiques. La sandbox, souvent sollicitée dans le domaine financier, a été repoussée, les décideurs consi dérant que le seul marché luxembourgeois pour lancer un produit n’était pas suffisant. Là, le périmètre sera plus large.

L’IA déjà partout

Au-delà du buzz word, l’intelligence artificielle est déjà partout. Selon nos calculs, au moins deux tiers des start-up recensées par Luxinno vation dans son premier annuaire des start-up utilisent une forme ou une autre d’intelligence artificielle, et c’est avec ces technologies qu’elles espèrent aller faire la nique à des acteurs établis, qui règlent leurs affaires parfois encore au fax.

Les grands acteurs industriels, ArcelorMittal en tête, ont compris depuis longtemps l’intérêt qu’ils pourraient en tirer, de l’amélioration de la production à la réduction de leur facture énergétique : il y a plus de 60 ans que le géant de l’acier finance son centre de recherche de Maizières-lès-Metz et 50 ans qu’il intègre les trouvailles de celui de Rodange ; la célébration des 100 ans de Rotarex a été l’occasion de s’aper cevoir que le géant de la valve investit 30 % de son chiffre d’affaires annuel dans la recherche et développement ; en mai, Goodyear a dévoilé sa gamme SightLine, pour « démocratiser l’in telligence des pneumatiques ».

Une sandbox au Luxembourg

Fin juin, une des nouvelles les plus intéressantes a été mal perçue. G-Core Labs, la société qui héberge les données de nombreux géants et du Luxembourg – notamment les données de l’Agence eSanté, dont le siège est établi au Luxem bourg mais avec des points d’accès dans 130 villes en Europe, en Amérique du Nord et latine ou en Asie –, a annoncé le lancement d’une infrastruc ture cloud en IA grâce à un processeur révolu tionnaire de la britannique Graphcore. « Ce cloud a été conçu pour aider les entreprises dans divers domaines, notamment la finance, la san té, la fabrication et la recherche scientifique. Le

John McCarthy, père de l’IA

PREMIÈRE APPARITION

Cybernétique, théorie des automates et traitement complexe de l’information : la guerre des appellations fait rage entre des mathématiciens avides de postérité. En 1955, John McCarthy obtient un financement de 13.500 dollars de la fondation Rockefeller pour organiser un camp d’été à Dartmouth, pendant deux mois et pour 10 personnes. Avec Marvin Lee Minsky (Harvard), Nathaniel Rochester (IBM) et Claude Elwood Shannon (Bell), le chercheur de Dartmouth publie un document de 23 pages, A proposal for the Dartmouth Summer research project on artificial intelligence C’est la première fois que l’expression est utilisée, à des fins diplomatiques, pour ne déplaire à aucun des mathéma ticiens stars de la première heure.

LABORATOIRE AU MIT

En 1957, dans la foulée de la conférence, McCarthy, boursier au MIT, y entraîne Marvin Minsky pour fonder le premier laboratoire d’intelligence artificielle, en 1959. Trois ans plus tard, il met le cap sur Stanford… pour créer le deuxième laboratoire du même type, avant de recevoir le prestigieux prix Alan Turing, l’équivalent du Nobel de mathématiques, en 1971.

lancement du cloud s’avérera non seulement important pour les utilisateurs finaux, mais aus si pour les ambitions de calcul haute performance du Luxembourg. Le fait d’héberger cette nouvelle plateforme contribue à consolider la place du Luxembourg en tant que cœur du pôle européen de l’IA et s’inscrit dans les ambitions de souve raineté numérique européenne de l’UE dans son ensemble. Ce projet n’est pas seulement une infrastructure d’IA unique, mais également une étape importante pour le développement de la communauté des entreprises européennes », assure le communiqué de presse. Dans 5 à 10 ans, ce que nous pensons connaître de cet outil aura changé, prédit Gartner. Par couches successives. Par vagues successives. Nous lui aurons confié notre destinée. « J’ai bon espoir que le monde connaîtra de meilleures interactions sociales. Je crois que l’intelligence augmentée nous réunira et renforcera notre sens critique, notre empathie et notre humanité – tout ce qui fait la différence entre un humain et une machine. Parce que le but n’est pas de recréer une personne, mais de renforcer nos compétences », concluait Luc Julia, un des deux créateurs de Siri, dans son livre, intitulé L’intelligence artificielle n’existe pas, paru en 2019. Sur la scène de l’ICT Spring, cette année-là, le directeur technologique de Sam sung, s’était amusé. « L’IA n’existe pas. »

NOVEMBRE 2022 69
« L’intelligence augmentée nous réunira et renforcera notre sens critique, notre empathie et notre humanité. »

Mobilité

Un poumon fatigué et un cerveau attendu

47 % des personnes interrogées par le Liser, dans la première étude sur les attentes liées à l’intel ligence artificielle, espèrent un système de gestion du trafic. Histoire de passer moins de temps sur la route.

L’exercice est hypnotique. Invitée à partager ses données dans le cadre d’une directive européenne de 2010 sur le déploiement de systèmes de transport intelligents, l’Admi nistration des ponts et chaussées a commencé à mettre en ligne 24 jeux de données de mobi lité. Dont le comptage des véhicules sur les autoroutes, les routes nationales, les chemins et les pistes cyclables. Jour après jour, ces veines alimentent le cœur de l’économie luxembourgeoise.

Par exemple, en avril dernier, 20.000 voi tures sont arrivées de France par l’autoroute en provenance de Thionville et de Metz, 7.818 par Rodange, 6.224 par Esch et 5.337 par Frisange. La moyenne mensuelle cache des réalités beaucoup plus compliquées à appréhender : la route allant de Roussy à Frisange est celle qui supporte les plus grandes varia tions, jusqu’à +30 % ; mais les Belges, qui ne représentent que 23,39 % de l’ensemble des frontaliers, ont établi un nouveau record avec 28.541 voitures sur l’autoroute en provenance d’Arlon, le 2 avril, pour une moyenne à près de 21.000 voitures ; les Allemands, qui sont 50.000 à venir travailler au Grand-Duché chaque jour, ne sont que 10.426 à avoir emprunté l’autoroute principale de leur pays.

Le Cita de tous les combats

Au fur et à mesure que l’on superpose les don nées sur une carte du pays apparaissent les difficultés à imaginer un système commun

de gestion du trafic. D’autant qu’il faut y intégrer les données du rail et ses impressionnants aléas, et celles du trans port par camion, ne pas oublier les tra versées autrefois opportunistes de touristes du nord vers le sud de l’Europe, alléchés par le prix du carburant meilleur marché, essayer de forcer l’adoption du covoiturage ou des transports publics, inviter à se garer en dehors de la capitale dans les park and ride ou encore saupoudrer le tout de conditions météorolo giques. Autant dire que même avec 160 kilo mètres d’autoroutes, 20 tunnels, 600 caméras et 200.000 équipements de surveillance, le Cita n’est pas prêt à répondre aux attentes modernes. Et ne le sera probablement jamais, malgré son incessant travail visant à rendre la vie des « voyageurs » plus facile.

Dans son dernier Plan national de mobi lité, le ministre de la Mobilité, François Bausch, n’évoque même plus un brainstorming. Dans son bureau qui domine à la fois l’aéroport et tous les grands axes routiers, le ministre déi Gréng a dû tout reprendre à zéro. Ou com ment passer d’une politique de rattrapage, au fur et à mesure des créations nettes d’emplois, à une politique d’anticipation. Avant de rêver de voitures autonomes, de voitures volantes ou de l’Hyperloop, le ministre avance à petites touches vers différents systèmes de gestion des parkings, de régulation du trafic (avec, par exemple, des caméras capables parfois de retrouver les conducteurs en infraction), de fourniture d’informations en temps réel, voire de fourniture de solutions de mobilité pour aller d’un point A à un point B, quel que soit le moyen de transport ou l’infrastructure de communication entre les véhicules.

Jumeau numérique

Huawei et son Traffic Brain

Opérateur décrié en Occident en raison de ses liens considérés comme trop étroits avec le pouvoir chinois, Huawei continue à déployer son Traffic Brain, une intelligence artificielle à plusieurs couches capable de « résoudre » en temps réel nombre de problèmes rencontrés dans des mégalopoles de plus en plus denses en population. Dernière en date, Shenzhen, capitale mondiale de la tech, avec ses 22 millions d’habitants sur 2.000 km2 (25 % de moins que le Luxembourg) et 600 kilomètres de routes. Les problèmes chinois avaient été anticipés dès 1999 avec la création du Centre national pour le transport intelligent. Pendant que les dents grincent sur l’omniprésence de la surveillance en Chine et que nous perdons des dizaines d’heures dans les bouchons, les 20.000 caméras de Shenzhen et ses feux tricolores garantissent un confort bienvenu : le taux de circulation a augmenté de 9 %, et le nombre d’heures de bouchons a diminué de 15 %.

également vu le jour, de même que des nou veaux capteurs permettant de détecter le type de véhicules ou éventuellement le nombre de personnes attendant à un arrêt. Il y a pour cela besoin d’IA et de connectivité fiable (la 5G, par exemple) pour pouvoir capter, analyser et déci der d’une action à accomplir rapidement. Ces systèmes utilisent de plus en plus des méca nismes de prédiction et d’apprentissage en vue d’anticiper des montées de trafic ou de réagir à des accidents. »

Beaucoup de systèmes différents existent sur le marché pour la gestion du trafic au sens large du terme, qu’il s’agisse de véhicules motorisés ou non, explique le chef du service IT pour les services innovants du List, Sébastien Faye. Si on parle, par exemple, de gestion des feux de circulation, beaucoup de villes utilisent, et depuis longtemps déjà, des systèmes pour comp tabiliser le trafic, en utilisant des boucles à induction et connectées à des interfaces de contrôle des feux ou d’autres types de capteurs. Ces données sont utilisées pour créer des plans de feux horaires, parfois avec la possibilité d’al longer des phases de feu vert ou de donner la priorité à des voies ou des types de véhicules (par exemple aux bus ou aux véhicules spé ciaux). Des solutions utilisant de la commu nication entre véhicules et infrastructures ont

«

« Les systèmes poussés par le monde de la recherche, comme l’utilisation de jumeaux numériques, qui mêlent des éléments physiques et digitaux, de même que ces systèmes de ges tion du trafic, sont expérimentés sans que l’adop tion soit uniforme dans les différentes villes et les différents pays, complète-t-il. Les défis, dans le futur, seront notamment de rendre ces sys tèmes interopérables davantage résilients face aux potentiels problèmes rencontrés aujourd’hui (besoin de réseaux fiables et réactifs, d’antici pation, et d’une gouvernance de données har monisée). La considération de nouveaux modes de transport, plus flexibles que ceux existants, est également clé. »

Enjeux Intelligence artificielle
Auteur THIERRY LABRO
70 NOVEMBRE 2022

L’IA ne rend pas l’humain irresponsable

Du rêve d’Issac Asimov aux assistants virtuels, l’intelligence artificielle (l’« IA »), est devenue une réalité et il est difficile d’en deviner les bouleversements techniques et juridiques.

L’IA, est généralement désignée par des systèmes ou des machines qui imitent l’intelligence humaine pour effec tuer des tâches et qui peuvent s’améliorer de manière ité rative en fonction des informations qu’ils recueillent.

Ainsi, elle peut prendre plusieurs formes :

• les chatbots qui permettent de répondre aux questions des clients,

• les assistants intelligents,

• les logiciels qui analysent les données afin d’optimiser certaines fonctions métier, ou

• les outils de décisions ou de mesures de performance

Néanmoins, cette technologie, certes de rupture, repose sur des algorithmes qui utilisent un grand nombre de don nées personnelles par le biais de la data science.

En effet, l’IA permet d’établir des tendances ou des pro fils parmi un flux important de données (comportement des consommateurs, traitement de données de santé, ges tion de ressources humaines).

Dans ce contexte, l’IA suscite la méfiance au regard du RGPD (Le Règlement Général Sur La Protection Des Données).

En outre, la jeunesse de cette technologie et les piliers sur lesquels elle repose en font un outil faillible, que ce soit par la mauvaise qualité des données analysées ou leur manque de représentativité, une mauvaise interprétation ou utilisation de l’outil, une défaillance des systèmes infor matiques (infrastructure faibles, cyber attaque) ou simple ment l’erreur humaine.

C’est pourquoi, l’IA ne doit pas entrainer une dérespon sabilisation de de l’humain derrière la machine.

Au contraire, il a été soulevé lors de déclaration sur la protection des données et l’éthique dans le domaine de l’intelligence artificielle, que les failles de l’IA nécessitent, que « l’humain garde la main » et que toute personne puisse s’opposer à certains traitements automatisés lorsque ceuxci n’intègrent pas une intervention humaine dans le pro cessus de décision.

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« Le progrès a été remplacé par l’innovation »

lien. Ce smartphone, c’est le lien avec votre ami imaginaire. On met de la lumière sur l’outil, mais au bout du bout, ce que nous voulons, c’est aimer, être aimé, être reconnu et progresser dans notre humanité. Et ça, l’intelligence arti ficielle ne nous le proposera jamais.

Docteur en anthropologie sociale, Abdu Gnaba appelle à considérer l’intelligence artificielle pour ce qu’elle est : un outil. Et le directeur de l’agence Sociolab, de plus en plus confronté à des problématiques qui opposent technologie et humanité, invite le politique à se réapproprier le récit au bénéfice du progrès et non de l’innovation.

Mais notre cerveau disponible n’est pas utilisé pour ce à quoi l’intelligence artificielle nous avait promis qu’il serait utilisé… On ne lit pas plus, on ne se cultive pas plus, on ne va pas plus au cinéma. À la limite, on regarde seulement beaucoup plus de séries Netflix, avachi sur le canapé… Si vous y croyez, elle vous absorbe. Si l’on arrê tait de l’appeler « intelligence artificielle » et qu’on la considérait comme un simple outil, déjà cognitivement, vous seriez tourné vers autre chose. Intellegere, il y a beaucoup de défi nitions, mais si nous en restons à « relier ensemble différentes données », nous sommes dans cette intelligence artificielle. L’intelligence humaine est la capacité d’adaptation à des environne ments changeants. Si je n’accepte pas de chan ger, ce petit moment de latence pour pouvoir m’adapter, ce moment de vide, ce moment de « je ne sais pas », ce moment suspendu qui m’oblige à ouvrir des cases pour imaginer le monde tel qu’il pourrait être et dans lequel j’ai envie de me projeter, alors je m’avachis dans mon cana pé et je reste enfermé dans l’immédiateté.

Où est le piège de l’intelligence artificielle ?

Est-ce que l’intelligence artificielle ne nous aurait pas rendus complètement idiots ?

L’intelligence artificielle n’engage que ceux qui y croient…

Comme les promesses électorales ?

Exact. C’est un outil. Le fait de l’appeler « intel ligence artificielle », c’est déjà biaiser l’idée qu’on veut mettre dedans. C’est un supercalculateur qui nous aide à faire d’autres choses. Si mon cerveau est libéré des numéros de téléphone, que je n’ai plus à mémoriser, théoriquement, ce serait pour faire autre chose. Se remplir d’art, de culture, de philosophie ou d’autre chose. Malheureusement, cette intelligence artificielle, grâce à son dragon qui est l’algorithme, juste un outil merveilleux, nous enferme dans du prêt-à-penser. Finalement, elle atrophie notre capacité d’imagination. C’est une machine qui ne sait pas dire non.

Qu’est-ce que cela veut dire, concrète ment, «qui ne sait pas dire non» ? Dès que vous mettez de la donnée, il faudra qu’elle la séquence et qu’elle la modélise pour en faire quelque chose d’autre.

Dire non, ça voudrait dire quoi ?

S’arrêter. Dire : « Là, je ne sais pas. » Le fait de ne pas pouvoir le dire, c’est ne pas défaire quand ce n’est pas bien fait. Pas bien, c’est éthique, c’est en fonction d’un projet qui n’est pas juste un projet de calcul ou un projet com plètement matériel. Je vous donne un exemple tout bête, qui m’a été donné par un vétérinaire du CNES. On est capable d’analyser une vache, combien de calcium elle a dans ses cornes, on peut tout calculer. Mais à quoi ça sert ? S’il n’y a pas un humain qui dit à quoi ça sert, à quoi ça sert ? Ça n’a pas de sens. Le sens, c’est l’humain qui le donne.

Le sens, c’est quoi ? C’est tout sauf le calcul. C’est l’interstice entre ce que je ne sais pas et ce que j’ai envie de vivre. Une expérimentation. Or, c’est là que je veux en venir, on est dans une société de la valorisa tion de l’outil. On ne fait plus rien sans cela. Mais ce n’est même pas tant ce qui nous est proposé, le problème. C’est le « doudou » qu’il représente. Au-delà de tous les services que nous rend notre smartphone, si on ne l’a pas, on est mal. Pourquoi ? Parce qu’on n’est plus en

Dans le fait qu’elle est immédiate. Plus personne n’attend 10 minutes comme au début d’inter net avec ce bruit caractéristique du modem. Cette idée nous emprisonne dans le présent et nous fait confondre notre liberté avec la libé ration des pulsions. Sans aller jusqu’à Camus et son fameux « un Homme, ça s’empêche », un Homme, c’est d’abord « je ne sais pas ». Quelqu’un

LA BASCULE

« Reste une question historique de société : qu’est-ce qui restera de nos données à partir du moment où elles sont manipulées, en fonction des instincts les plus bas, parce que cela fait cliquer le plus ? La bascule arrive en 2004, quand les moteurs de recherche ont arrêté d’être des moteurs de recherche pour devenir des régies publicitaires. C’est gratuit, c’est vous le produit. »

72 NOVEMBRE 2022
2004

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qui est capable de dire qu’il ne sait pas, non pas pour ne pas faire, mais pour défaire et laisser de l’espace en lui pour que son inspiration et son intuition puissent se rencontrer et déve lopper quelque chose de nouveau.

Ça résonne un peu comme une dictature. Est-ce que l’intelligence artificielle ne serait pas devenue une dictature, dans le sens où elle ne nous permet pas de nous élever davantage ?

Elle est plus et moins que ça. Dans une dic tature, il y a une idéologie.

L’IA n’a pas – encore – d’idéologie… C’est ça qui est dramatique ! La nature a horreur du vide et l’humain aussi, donc on va tous y mettre une idéologie. Les Gafam veulent ceci, les BATX veulent cela. Ils transhumanisent, etc. Non. Ils glorifient l’outil. Leur totem à eux, c’est l’objet. Nous sommes dans une civilisation de l’objet. Pour filer la métaphore de la dictature, je vais rester sur l’enfermement et jouer sur les mots : quand on a un téléphone, ce n’est jamais qu’un cellulaire ; quand on a une télévision, on regarde des chaînes. Si cela ne veut pas dire que l’enfer et enfermer, c’est le même mot… Et ça nous enferme dans quoi ? Dans la satisfac tion des pulsions.

Ils glorifient tous l’outil, mais il n’y a pas une culture mondiale de l’éthique. Est-ce que l’espèce d’ambition de définir une éthique de l’intelligence artificielle universelle est crédible ?

Si l’on est anthropologue et que l’on reste humaniste, oui. De mon point de vue, ça a un sens. Si l’on est humaniste, il n’y a qu’une seule vérité qui s’habille de cultures différentes. Cette vérité n’est pas une chose en soi, mais un mou vement. C’est d’abord savoir se protéger. Si vous ne savez pas que vos enfants vont sur vivre, vous ne faites pas de plan jusqu’au len demain. Puis, vous pouvez vous projeter. Et

alors vous êtes dans la situation de celui qui a un parachute sur le dos et qui saute, mais qui ne sait pas pourquoi. Il manque le progrès. Or, le progrès… Gérald Bronner (un sociologue membre de l’Académie nationale de médecine depuis 2017, ainsi que de l’Académie des tech nologies et de l’Institut universitaire de France, ndlr) et Étienne Klein (physicien et philosophe des sciences, ndlr) ont comparé tous les discours politiques de ces 20 dernières années en France. Pour se rendre compte que le mot « progrès » avait complètement disparu, remplacé par « innovation ». Glorification de l’outil. Ce qui est beau et ce qui est fort, c’est ce qui est neuf, pas ce qui nous rend meilleurs. L’idée même d’un progrès humaniste, qui n’est pas inné mais qui se construit, a disparu au profit de l’objet. On essaie d’avoir plus de capacités, mais pourquoi, on n’en sait rien.

L’intelligence artificielle qui ne serait pas associée à une idée, celle d’Érasme, « on ne naît pas Homme, on le devient », ces outils ne servent à rien qu’à autoalimenter un monde de consommation qui nous enferme dans la libération des pulsions.

Que devrait-on faire ?

Refaire de la politique. Créer de grands récits. À la fin des années 1970, Léotard disait déjà que la véritable crise civilisationnelle est qu’il n’y a plus de récit. Plus de fiction. On est dans l’ère des gestionnaires. Un politique, aujourd’hui, gère l’argent, gère la dette, essaie d’équilibrer les choses, sans jamais plus proposer l’amélio ration du genre humain.

C’est là que nous allons arriver à la grande distinction sur le bénéfice de ces outils. Ce n’est pas le bonheur, c’est le plaisir. Le plaisir est individuel, le bonheur est collectif.

Comment fait-on pour s’arrêter ?

Quand vous êtes au bord d’une falaise, vous savez qu’il faut arrêter d’avancer. Mais là ?

Il faut se déconditionner. Faire les choses en conscience. Généralement, Google vous connaît tellement que les résultats sont faits pour vous. Il faut aller sur Qwant. Il faut sincèrement se forcer à ouvrir des portes que vous n’avez pas l’habitude d’ouvrir. C’est un effort, mais tout l’axe anthropologique que je défends part de là. Ni bon, ni mauvais, à partir du moment où l’on reste ce que l’on est, en tant qu’hu main : des gens à se construire. Or, rien ne se fait sans effort. Nous sommes dans la socié té du confort, de la pulsion. Libération de la pulsion vs liberté, or la liberté est de faire l’effort d’aller vers soi-même.

Est-ce qu’une intelligence artificielle pourrait nous y pousser ? Enfant, vos parents vous invitaient à vous bouger du canapé, mais aujourd’hui, tout est facile et plus personne ne vous dit rien.

Imaginer un jardin d’adultes

« Je milite quelque part pour la création de jardins d’adultes, comme il y a des jardins d’enfants. Ce dont on manque le plus est le lien. Comme le disait Montaigne, frotter et limer notre cervelle contre celle d’autrui, et nous avons ouvert des portes qui nous seraient restées fermées. » À chaque fois qu’il aborde ces sujets technologiques et sociétaux, l’anthropologue a constaté un étrange ballet de spectateurs qui, une fois la conférence terminée, viennent le voir individuellement à la recherche d’une solution au manque de lien. « Mon mes sage est justement de leur dire de ne rien faire. On défait. Notre conditionnement et notre emprisonnement dans l’instant présent et la jouissance intellectuelle sont le problème. Ils font qu’on a du mal à s’arrêter et à s’empêcher. C’est comme quelqu’un qui est drogué et qui n’ose pas vous le dire. Nous sommes tous drogués. On ne s’arrête pas du jour au lendemain, mais petit à petit. Et comme le disait Spinoza, on ne peut sortir d’une drogue, d’une dépassion ou d’un affect négatif qu’en changeant de dépendance. Vous devez trouver quelque chose qui vous permette petit à petit de sortir de cette dépendance pour en avoir une autre beaucoup plus vertueuse, jusqu’à enfin arriver au moment où vous faites le vide. Et c’est là qu’il manque le récit politique… »

Ce serait puissant. Forcément un collectif. Qui ne serait pas contre. C’est le problème de la décroissance. Si je vous dis quelque chose de négatif, vous n’irez pas parce que votre cerveau va vers le positif. Si je vous dis « ne pensez pas à un éléphant rose », vous allez penser à un élé phant rose. Si je vous dis d’arrêter avec l’AI, vous allez retenir « intelligence » et « artificielle », qui veut dire « décuplée ». C’est fait par un humain. Ça doit se faire de manière mesurée. Éviter l’ubris, le comportement outrancier.

Le discours politique, au sens de la cité, est de sortir de ces dépendances, de la glorification de l’outil, de savoir s’arrêter pour s’inspirer et redevenir un être humain. Remettre la pensée humaniste au centre du jeu.

En réalité, aujourd’hui, le politique utilise lui-même cette technologie à son propre service, pour mieux trouver de nouveaux électeurs potentiels, pour mieux faire croire qu’il répond à des attentes… Le serpent se mord la queue, oui, il y a des gens très malins qui savent très bien utiliser ces outils. Cela pose une question historique de société : qu’est-ce qui restera de nos données à partir du moment où elles sont manipulées, en fonc tion des instincts les plus bas, parce que cela fait cliquer le plus ?

74 NOVEMBRE 2022
« On est capable de tout savoir d’une vache, combien de calcium elle a dans ses cornes, on peut tout calculer. Mais à quoi ça sert ? »
Photo Archives Maison Moderne
Dix CIO partagent leurs principaux challenges à relever en 2024 dans leurs secteurs respectifs : place financière, services, industrie, institutions. Seront abordés les thèmes de la cybersécurité et du cloud lors de ce 10×6 qui réunira des experts tech de grandes entreprises et institutions comme des fournisseurs. Cette soirée sera ouverte par un mot de bienvenue de M. Marc Hansen, ministre délégué à la Digitalisation. 25 janvier 2023 18:30—21:30 ORGANISE Inscriptions sur paperjam.lu/club Athénée de Luxembourg 10×6 LEADING CIO’S CHALLENGE

À l’origine de la création de l’Université du Luxembourg et aujourd’hui chef du département Computer science, Pascal Bouvry a participé au lancement du premier master en high performance computing en septembre. Il en évoque les besoins et les ambitions.

Qu’est-ce que le high performance computing ?

L’art de pouvoir utiliser au mieux un high per formance computer ! Au départ, il était prin cipalement utilisé par les physiciens, puis par les biologistes, en tout cas ici, à l’Université. Nous sommes passés d’un mode de calcul intensif à un mode big data. Aujourd’hui, de plus en plus, on parle d’intelligence artificielle et de machine learning. Ce n’est pas seule ment analyser des données pour avoir des statistiques, mais trouver un modèle sousjacent de ces données de manière à pouvoir faire des prédictions. Le Luxembourg s’ins crit plus dans la partie data analytics et intel ligence artificielle.

Qui sont les étudiants du master en HPC ? On va avoir deux « sources » d’étudiants. La première rassemble des informaticiens qui ont un bachelor en informatique et qui rejoignent le master. La seconde regroupe les personnes disposant d’une formation en sciences – cela peut être aussi bien des mathé maticiens que des ingénieurs mécaniciens, etc. Nous ouvrirons l’esprit des informaticiens aux différents types d’applications et donne rons une méthode pour utiliser les machines à ceux qui ne sont pas informaticiens.

Dans quels domaines cela va-t-il servir ? Les vaccins. Le climat. La smart grid. Si on parle de finances, certains ont travaillé sur l’optimisation de portfolio pour le private equity avec la Banque européenne d’investis sement. Nous avons tous les travaux sur tout ce qui concerne la maladie de Parkinson ou la génomique, ou, avec Goodyear, les pneus intelligents avec des capteurs. Dans le domaine spatial, comment s’assurer que les débris ne

vont pas finir dans un satellite et comment bouger ce dernier au bon moment ? Dans l’agriculture, comment et quand arroser ou remettre des engrais ? Au niveau des nouveaux types de matériaux, on peut avoir des modèles de plus en plus raffinés d’usure de ponts et des infrastructures critiques.

Est-ce qu’il existe des différences dans les jeux de données ?

Au Luxembourg Centre for Systems Biomedicine, concernant les maladies dégénératives, comme celle de Parkinson, le problème qu’on avait venait de la taille relativement petite de l’échan tillon. On a fait appel à la Grande Région pour avoir des cohortes d’individus comparables et assez larges. Il peut y avoir l’une ou l’autre dif férence selon l’origine. Il faut savoir ce que l’on cherche. Le biologiste va m’amener sa modéli sation, sa problématique, et nous allons regar der comment l’intégrer dans l’ordinateur de manière efficace. On ne peut pas être spécia liste en tout, et c’est là que le côté interdiscipli naire est intéressant : mettre un médecin avec un biologiste, avec un informaticien et un mathé maticien, voire un physicien. Il y a certaines analogies avec la nature qu’on utilise aussi en informatique, comme un système immunitaire artificiel. C’est ce que l’on a utilisé pour faire de la détection d’intrusion sur internet. À par tir du moment où l’on a un modèle artificiel, on peut inviter les médecins à tester s’il y a des similarités avec le corps humain.

Pour citer un autre exemple, une équipe travaille sur des essaims de drones à partir d’une analogie avec une colonie de fourmis. Ces dernières se promènent en laissant des traces de phéromones. Elles vont de leur nid à la nourriture par le chemin le plus efficace. Si ça sent bien les phéromones, toutes les autres fourmis suivront le même chemin et on obtiendra le chemin le plus court. Nous avons essayé de voir si certaines phéromones n’étaient pas seulement attractives, mais aus si répulsives. Nous avons installé cela sur nos essaims de drones pour faire de la couverture de zones, pour ne pas que deux drones soient au même endroit.

Il va nous falloir des spécialistes de la qualification de données, non ?

Oui, des « data stewards » comme on les appelle. Le gouvernement a approuvé une plateforme d’échange de données. L’idée est de réunir des hommes et des femmes qui vont aider les entreprises ou les médecins à essayer de trouver les données, les qualifier, les nettoyer, les transformer et les archiver, en tenant compte des questions de respect de la vie privée. C’est un des métiers qui vont aider les entreprises à définir le cycle de vie de la donnée. Nous aurons aussi les data scientists, qui seront là pour traiter les don nées. Nous avons déjà un master en data science qui fonctionne. Nous allons faire en sorte d’avoir des cours en commun entre les masters en HPC, en informatique et en data science. Nous avons, par exemple, recruté un professeur en machine learning qui donnera un cours transversal. Il nous faudrait peutêtre aussi une formation de data steward

Combien nous faut-il de ces nouveaux talents ?

Des milliers. Et même quand on croit qu’on est confortable, au Luxembourg ou en Europe, les prix auxquels Google et les autres recrutent dans la Silicon Valley montrent bien la concur rence. On n’a pas beaucoup de chances de gagner sur leur terrain, mais plutôt en ayant nos propres niches. Ce que j’espère, c’est que la formation continue viendra compléter les efforts faits par les universités. Peut-être que nous pourrions mettre certains modules du master à disposition de l’industrie. Il existe des possibilités de développer des formations en IA au niveau des BTS au Luxembourg.

Est-ce qu’il manque un champion de l’IA ?

À l’Université, nous avons un plan sur quatre ans. Des postes sont définis. Nous allons avoir un champion en matière d’informatique quan tique. Tout est en bonne voie. Ce qui fait peur, c’est la situation économique et pouvoir remon ter les bonnes informations vers les sphères politiques luxembourgeoise et européenne pour une bonne prise de décision.

« Il nous faudra des milliers d’experts »
Avec Pascal Bouvry (Uni)
Interview THIERRY LABRO Photo Guy Wolff
76 NOVEMBRE 2022

CIOs’ challenges

investments

d’actifs alternatifs est une expertise mondiale-

de la place financière luxembourgeoise.

d’actifs, moins liquides que les investissements

donnent lieu à une diversité de véhicules

En six minutes chacun, dix experts interviennent sur scène devant un public allant jusqu’à 600 personnes. C’est le rendez-vous mensuel incontournable du business club, véritable format flagship. Huit rendez-vous sont donnés pour 2023. Les présentations se font en français ou en anglais, selon la préférence de l’intervenant. Une interprétation simultanée vers l’anglais et le français est disponible.

à la pratique : 10

d’entreprise.

l’exit

partageront

et de l’implémentation de leur

ou

on board

Z

la plus connectée, les zoomers (jusqu’à 27 ans aujourd’hui) succèdent

désirent

marché du travail.

ces nouveaux

ces nouveaux citoyens, employés,

même déjà

de jeunes orateurs et oratrices.

me

produire, vendre, lever des fonds : ces dirigeants cumulent les défis. Ils sont à l’honneur lors de ce 10×6.

programme

témoignages

10 × 6 2023 25.01 10×6 Leading
Dix CIO partagent leurs principaux challenges à relever en 2024 dans leurs secteurs respectifs : place financière, services, industrie, institutions. Seront abordés les thèmes de la cybersécurité et du cloud lors de ce 10×6 qui réunira des experts tech de grandes entreprises et institutions comme des fournisseurs. 28.02 10×6 Women
Trois années après son premier listing « 100 femmes pour votre conseil d’administration », Paperjam en sort une nouvelle version. À la veille de la publication du magazine, la scène du 10×6 accueille 10 témoignages illustrant la diversité des parcours et des points de vue, et certainement les bénéfices apportés par la féminisation des conseils d’administration. 25.04 10×6 PME : scale
up ! Colonne vertébrale de l’économie luxembourgeoise, les PME font preuve d’inventivité et de pragmatisme pour accélérer et structurer leur croissance de façon échelonnée. Innover, recruter,
26.05 10×6 Alternative
La gestion
ment reconnue
Ces classes
traditionnels,
et de stratégies d’investissement que nous aborderons lors de ce 10×6. 20.06 10×6 Architecture + Workspace Dix bureaux d’architectes au Luxembourg présentent leur sélection de projets d’espace de travail. L’occasion d’appréhender, par exemple, les nouveaux usages et les innovations dans la conception, le développement et l’aménagement de bureaux ou de sites de production industrielle. 11.07 10×6 Talent acquisition Problématique certainement la plus brûlante de ces dernières années, la pénurie de main-d’œuvre touche tous les secteurs. Comment recruter ? Dans ce 10×6 et le supplément Paperjam, experts et DRH partagent notamment leurs bonnes pratiques pour attirer, chasser, sélectionner, recruter et onboarder les talents. 24.10 10×6 Successful strategies De la théorie
dirigeants
le récit de la conception
stratégie
Industrie
services, du business plan initial à
réussi, que nous enseigne l’épreuve de la réalité ? 21.11 10×6 Generation
Génération
aux millennials et arrivent progressivement sur le
Que ressentent, que
et comment réfléchissent
consommateurs,
collègues, voire
patrons ? Dix
inspirants
Découvrez le
complet

Industrie

L’union de l’IA et du conseil

De toutes les spin-off nées dans le giron de l’Université de Liège, Pepite était sans doute la plus intelligente, soulignait voici quelques années le recteur de l’institution académique, pour le coup plutôt visionnaire. Depuis 2002, elle a en tout cas su grandir, développer ses services et très tôt prendre en compte l’émer gence de l’intelligence artificielle, « composante incontournable de la quatrième révolution industrielle ». Au point de maintenant courir de nouvelles ambitions et de sceller un parte nariat avec Deloitte Luxembourg pour entrer dans une autre dimension.

Depuis 20 ans, donc, « Pepite est au service de l’industrie pour aider à résoudre des problèmes via le traitement de données. Le but étant de rendre les outils d’analyse avancée de données par l’IA accessibles au plus grand nombre grâce à un logiciel extrêmement simple à utiliser. Cette solution, accompagnée d’une méthodologie de mise en œuvre, permet de faire des diagnostics par rapport aux problèmes posés et de déployer l’IA à grande échelle », indique Baptiste Fosséprez, CEO de Pepite. Les industriels sont en effet souvent submergés face au flot d’informations généré et au raz-de-marée de données. Et bien souvent ne savent pas non plus comment les traiter de manière efficace ni deviner le profit qui peut en découler.

« Avant, il fallait une très grosse infrastruc ture pour traiter les données, poursuit le CEO. Mais deux progrès significatifs sont venus rebattre les cartes : l’augmentation des puissances de calcul et l’émergence du cloud. » Pepite a donc développé son produit d’analyse en un logiciel que son client peut utiliser en continu. Pour faire simple, toutes les données, par exemple d’une ligne de production, sont avalées par l’intelligence de Pepite, qui livre alors un

diagnostic, des points d’amélioration. « C’est comme une boîte noire qui avale toutes les don nées, les analyse, puis rend un diagnostic d’amé lioration. Mieux : on peut simuler un scénario ou l’autre et voir les effets qu’ils ont au niveau de la production. » Ce qui permet de maximi ser les effets de toute action au niveau du pro cessus industriel et d’ajuster au mieux ceux-ci.

« Le traitement de données est évidemment au service des équipes de terrain. »

Un cercle vertueux Cette meilleure productivité est bien entendu synonyme d’efficacité accrue, donc d’une plus grande compétitivité pour l’entreprise. Avec souvent un gain financier, mais aussi un impact réel sur les consommations énergétiques et les émissions de gaz à effet de serre, ainsi qu’une diminution des déchets… Un cercle vertueux qui marie intérêts économiques et responsabi lité environnementale. Pepite n’est pas la seule à proposer ce type de service aux industries.

« Mais les sociétés qui offrent une solution géné raliste et ‘no code’ comme la nôtre sont rares. »

Lors de l’arrivée de Baptiste Fosséprez à la tête de Pepite, un constat a été posé. « Il fallait chan ger notre approche commerciale, pas seulement apporter des solutions à des problèmes techniques, mais aussi à des problèmes ‘business’. Nous avons

constaté que si l’exploitation des données via l’intelligence artificielle permet un gain évident d’efficacité, cela ne suffit pas. En tout cas, il y a moyen de faire mieux encore en tenant compte de la composante organisationnelle et humaine de l’entreprise », analyse Baptiste Fosséprez. C’est là toute la raison d’être de l’as sociation avec Deloitte Luxembourg : proposer une solution complète et « aller au bout de la démarche ». Si Pepite maîtrise la technologie du traitement de données, Deloitte dispose d’une solide expérience dans la consultance et dans l’accompagnement des entreprises dans le changement. « Désormais, notre fusée a deux étages, et c’est ce qui nous différencie des autres. Le premier étage, c’est la mise en place technolo gique pour récolter les données, les traiter et pro poser des solutions efficientes. Le second étage, c’est proposer une gouvernance pour encadrer et exploiter ces données. Pepite fournit une analyse, Deloitte analyse les fonctionnements, les pra tiques et propose des solutions adéquates. La démarche se veut holistique », confirme Baptiste Fosséprez. La data n’est donc plus vue comme une information isolée, livrée telle quelle à un moment donné avec comme seul mot d’ordre « débrouillez-vous », « mais elle est replacée au cœur de la réalité économique et au cœur de la réalité de l’entreprise ».

Pepite analyse, Deloitte conseille, mais il faut un peu plus encore. « L’état d’esprit des CEO est en effet essentiel. Il faut qu’ils soient dans un état d’esprit positif, qu’ils admettent l’utilité de la donnée dans l’amélioration des process, qu’ils soient disposés à entendre des conseils. Cette dimension humaine est indispensable, car ce sera à ces responsables d’impliquer les équipes de ter rain dans le projet. » À ces conditions, ce que propose Pepite peut devenir un véritable outil dans la prise de décision financière : un chan gement proposé sur une ligne de production aura tel coût, mais aussi tel effet à terme.

Pepite a déjà travaillé avec plus de 20 clients à travers le monde, du Chili à la Nouvelle-Zélande, en passant par la Chine ou la Pologne. Si le head office se trouve à Liège où travaillent une vingtaine de personnes, la société possède aussi deux filiales à l’étranger, au Canada et en Norvège, et compte une dizaine de représentants commerciaux.

Parmi les clients de Pepite figurent de grands noms de l’industrie, mais aussi des PME. On y retrouve des chimistes, métallurgistes, pape tiers, cimentiers, équipementiers automobiles… tandis que les énergies renouvelables laissent entrevoir de nouvelles opportunités. « On est convaincus du caractère crucial des énergies renouvelables, et l’intelligence artificielle a un rôle à jouer. On peut, par exemple, monitorer les charges sur les roulements d’une éolienne, donc anticiper les effets sur la production ou anticiper des pannes », conclut Baptiste Fosséprez, convain cu que les plus belles années de Pepite, en asso ciation avec Deloitte, sont devant elle.

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Augmenter la performance industrielle par le traitement de données via l’intelligence artificielle est la raison d’être de Pepite depuis 2002. Qui a trouvé en Deloitte Luxembourg un nouveau partenaire très complémentaire.
78 NOVEMBRE 2022

Le rendez-vous de la communauté de la place financière. Depuis juin 2022, la newsletter Finance est publiée chaque mardi.

L’actualité de la place financière

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IA

Le challenge de la santé

Selon la Harvard Business Review, citée par Luxinnovation dans son étude du marché des technologies de la santé, l’IA réglera 90 % des tâches des hôpitaux et s’occupera de 80 % des tâches de médecins… à condition que les patients lui fassent davantage confiance.

Améliorer le diagnostic

Le marché des diagnostics médicaux devrait passer de 1 milliard de dollars cette année à 5,5 milliards de dollars d’ici 2027, principalement entre les mains de géants comme Microsoft, Nvidia, IBM, Intel ou Google, selon MarketsAndMarkets. À partir de milliers de données, de radiographies ou de prises de sang, l’IA permettra de mieux anticiper les problèmes qui pourraient survenir et de mieux détecter des tumeurs, par exemple, sur une radio. Les taux de réussite de ces technologies dépassent déjà les 99 % dans le meilleur des cas et l’intégration permanente de nouvelles données permet de les améliorer encore pour se rapprocher des 100 %.

Et même de « régionaliser » les résultats parce que nous ne sommes pas tous confrontés aux mêmes environnements.

Personnaliser le traitement et le suivi

Les cyberattaques d’hôpitaux et d’institutions de santé ne sont pas une bonne nouvelle au moment où les données de santé s’accumulent et représenteront 3.200 milliards de dollars en 2025. Un tiers des données produites dans le monde seront des données de santé. Si les patients étaient suffisamment rassurés sur la protection de leurs données, l’intelligence artificielle pourrait enfin personnaliser leur suivi

et leurs traitements jusqu’à une individualisation, parce que l’IA cumulerait le meilleur de deux mondes : le patrimoine génétique d’un patient et le retour d’expériences d’une communauté de patients similaires. Jusqu’à permettre des nanomédecines ou des implants imprimés en 3D qui s’adaptent parfaitement à chaque individu.

Du zéro médecin au médecin 4.0

La pandémie de Covid a été l’occasion de s’apercevoir, à grande échelle, que la téléconsultation pouvait avoir un intérêt majeur. Et même si, dans un contexte de déserts médicaux, l’Assemblée nationale française imagine la présence de deux professionnels de santé pendant chaque téléconsultation, partout ailleurs, l’IA s’inscrit doublement dans une amélioration : elle rend le médecin plus efficace dans le diagnostic et dans la personnalisation, et elle peut le débarrasser de tâches à faible valeur ajoutée pour qu’il se concentre sur son patient. Selon la Harvard Business Review, elle pourrait l’aider dans 80 % de ses tâches, du tri de patients, à leur arrivée, à l’amélioration du diagnostic.

Prévenir plutôt que guérir 16 % des humains portent un objet connecté qui suit au moins un indicateur de santé – comme les fameux 10.000 pas quotidiens dans votre smartphone à la pomme. Un chiffre qui devrait doubler sous peu, assure PwC. À la marche ou à l’activité physique pourraient s’ajouter d’autres indicateurs, comme ces surprenants WC connectés, imaginés il y a plus de 15 ans par Sanjiv « Sam » Gambhir, influent chercheur du Stanford Bio X : ce cabinet du futur pourrait détecter dans les selles et les urines nombre de marqueurs de maladies graves. Une start up luxembourgeoise née à l’Université du Luxembourg, Nium, travaille sur une app personnalisée qui permet à un patient d’adapter son régime alimentaire à son microbiome. Il existe de nombreuses idées autour de la prévention.

Doper les infrastructures de santé Comme le pointe avec pertinence le rapport de Luxinnovation, un des éléments les plus importants de l’intérêt de l’intelligence artificielle tient peut être dans l’amélioration des infrastructures de santé, entre les hôpitaux, les médecins ou les laboratoires pharmaceutiques. Les pénuries de médicaments qui se multiplient sont un très bon exemple du chemin qui reste à parcourir, pour que toute la chaîne logistique soit capable d’amener au « client final » – le patient – ce dont il a besoin. Mais avec les régimes de protection des données ultrasensibles que sont les données de santé, il faudra réinventer les collaborations pour améliorer toute la chaîne, jusqu’à ces médicaments qui n’existent pas encore mais qui seraient plus efficaces que ceux qui sont administrés.

Enjeux Intelligence artificielle
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Auteur THIERRY LABRO
80 NOVEMBRE 2022

La famille

Paperjam s’agrandit www.paperjam.lu ABONNEZ-VOUS sur go.maisonmoderne.com/bienvenue

Donner une nouvelle dimension à ses valeurs

Le cabinet BSP vient de déménager dans de nouveaux locaux, à Leudelange, conçus pour maximiser le bien-être des collaborateurs. Linda Harroch, Partner, et Alain Steichen, Managing Partner, évoquent l’évolution du cabinet sur les 10 années écoulées et son attachement à certaines valeurs.

Vous venez de déménager dans un nouveau bâtiment, à Leudelange. Pouvez-vous nous expliquer en quoi cela repré sente une étape importante dans le développement de BSP ?

LINDA HARROCH BSP a connu une croissance constante au cours des 10 dernières années, avec un effectif qui a quadruplé, passant de 28 à 112 collaborateurs. Il y a trois ans, nous nous sommes donc demandé s’il n’était pas

opportun d’emménager dans un bâtiment dédié à BSP, avec un environnement parfaitement adapté à nos métiers. Avec la complexification des transactions, l’émergence de nouvelles technologies et réglementations, nos avocats doivent pouvoir rester concentrés sur de longues périodes.

Et le cadre de travail a un rôle à  jouer pour les aider à y parvenir. Si la discussion avait débuté avant le Covid, la sortie de cette période nous a confortés dans l’idée de prendre cette décision, et nous nous sommes donc lancés.

Au-delà de sa capacité à faciliter la concentration des équipes, quels sont les avan tages, pour BSP, de ce nouvel environnement de travail ?

L. H. Il faut souligner que nous avons pu développer le bâtiment sur mesure. Nous avons donc modulé les espaces pour créer un maximum

Photo Eva Krins (Maison Moderne) Contenu sponsorisé par BSP Alain Steichen, Managing Partner chez BSP.
Cadre de travail
82 NOVEMBRE 2022

de bureaux individuels, mais aussi une série d’espaces de partage qui renforcent la convivialité : cafétéria pour une soixantaine de personnes, salle≈de gym avec appareils de fitness, espaces verts, terrasse dédiée au personnel, bibliothèque, auditorium nous permettant d’organiser conférences, formations, etc.

Des espaces formels et informels, ainsi qu’une terrasse ont également été aménagés pour nos clients, qui apprécieront de pouvoir disposer d’un lieu pour travailler entre deux rendez-vous.

Cette attention apportée au bien-être des collaborateurs fait-elle partie d’une stratégie RSE globale ?

L. H. BSP dispose depuis quelques années d’un groupe de travail spécifique, qui regroupe collaborateurs et associés autour des questions de diversité, de durabilité et de responsabilité communautaire. Le bien-être des collaborateurs fait aussi partie de leurs préoccupations. Ce groupe se réunit toutes les six semaines et propose une série d’actions (lire encadré). De manière générale, l’en semble du cabinet est très impliqué sur ces sujets.

Cet engagement se traduit-il aussi dans le choix des clients que vous accompagnez ? Êtes-vous, par exemple, plus engagés auprès d’acteurs de la finance durable ?

ALAIN STEICHEN Il s’agit plutôt d’un engagement personnel de la part de chacun au sein de BSP plutôt que d’un

CABINET EN QUELQUES

CHIFFRES

C’est le nombre d’associés, dont 9 femmes, au sein de BSP

BSP fête cette année ses 10 ans d’existence. À cette occasion, le cabinet rejoint de nouveaux locaux.

C’est le nombre de collaborateurs que compte BSP. Un chiffre qui a quadruplé en l’espace de 10 ans.

véritable critère de sélection de notre clientèle. Petit à petit, des acteurs de la finance durable intègrent toutefois notre portefeuille de clients.

L’une de nos associés est chargée de suivre les développements réglementaires en la matière et de conseiller nos différents clients sur le sujet.

Par ailleurs, nous réservons une partie de notre temps pour défendre à titre gracieux certaines causes, personnes ou entreprises. Les acteurs de la finance durable sont éligibles à ce type d’assistance, vu leur caractère d’intérêt public.

Qu’est-ce qui vous différencie fondamentalement des nombreux autres cabinets d’avocats que l’on trouve à Luxembourg ?

nous couvrons tous les aspects du droit des affaires, de la fusion-acquisition jusqu’aux questions de droit pénal. Enfin, nous privilégions le traitement unitaire du client. En règle générale, un client a un seul associé comme interlocuteur, même si nos associés travaillent de façon transversale et peuvent venir appuyer leurs collègues si leur expertise spécifique est utile. C’est très apprécié, autant par notre clientèle que par les avocats qui nous rejoignent, qui savent qu’ils pourront ainsi traiter d’aspects très diversifiés du droit.

LES ACTIONS RSE DE BSP

A. S. Il y a beaucoup de similitudes entre BSP et les 10 à 15 cabinets d’affaires dela Place. Mais, parmi nos spécificités, on peut relever la présence renforcée de profils féminins parmi les associés. Nous en sommes à neuf femmes pour sept hommes. Et nous sommes très fiers de cette surreprésentation féminine, car elle montre que dans notre cabinet, on ne discrimine pas les femmes pour les postes les plus élevés. Par ailleurs, nous sommes également un cabinet 100 % luxembourgeois, ce qui nous rend plus agiles que la concurrence. Nous sommes capables d’identifier plus facilement les niches stratégiques qu’il est intéressant d’investir, sans devoir attendre la validation d’un siège parfois très éloigné. Un autre point qui nous distingue est que nous offrons un service global :

Après 10 ans de croissance, quels sont vos objectifs pour les années à venir ?

A. S. Nous sommes issus de la scission d’un ancien cabinet. Dans les premières années, il était donc vital pour nous d’atteindre rapidement une certaine taille critique. Au départ, nous n’étions en effet que 28, ce qui faisait de nous un cabinet trop grand pour un petit cabinet, et trop petit pour un grand cabinet. Heureuse ment, nous avons réussi à grandir rapidement, à nous positionner comme un cabinet d’affaires d’importance sur la Place. Aujourd’hui, je pense qu’il n’est plus nécessaire de croître pour croître, car on a une masse critique suffisante. Désormais, nous cherchons plutôt à croître dans la qualité, à étoffer notre offre et la façon dont nous servons nos clients.

Sus au plastique Depuis 2018, BSP a rejoint l’initiative Zero Single-Use Plastic d’IMS Luxembourg, bannissant le plastique à usage unique de ses locaux. Les bouteilles en plastique ont notamment fait place à des bouteilles en aluminium.

Gestion des déchets BSP a mis en place une gestion des déchets pointue, respectée par les employés, par exemple en ce qui concerne le papier. Des fournisseurs plus verts ont aussi été choisis, notamment pour le nettoyage. Engagement communautaire

BSP s’engage auprès de nombreuses associations : dons de sang et récolte de vêtements et de jouets pour la Croix-Rouge, initiatives pour Octobre Rose, participation à Lëtz Go Gold pour la Fondatioun Kriibskrank Kanner…

Dons jumelés

Lorsqu’un employé de BSP fait un don à une association, le cabinet fait un don d’un montant similaire à la même association. Cette politique de « dons jumelés » connaît un succès important au sein du cabinet.

LE
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Envie d’en savoir plus sur les services offerts par BSP ? Rendez-vous sur :
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« Nous privilégions le traitement unitaire : un client n’a qu’un seul associé comme interlocuteur. »
« BSP a connu une croissance constante au cours des 10 dernières années, passant de 28 à 112 collaborateurs. »
NOVEMBRE 2022 83 BRAND VOICE

Des banquiers privés passionnés

Sportif de haut niveau, pilote d’avion, avocat, médecin… autant de métiers de passion qui enflamment l’imagination des adolescents. Des carrières envisagées par ces responsables des activités de banque privée de huit des banques emblématiques de la Place que nous vous présentons. Un univers encore très masculin. Et c’est la passion, tout aussi juvénile, qui les a finalement conduits vers la finance. Contact, confiance, écoute, empathie sont les mots-clés qu’ils utilisent pour décrire leur métier. Qu’ils ne quitteraient pas pour tout l’or du monde.

Portfolio 84 NOVEMBRE 2022
Auteur

Georg Joucken

Head of private banking et directeur de la banque Raiffeisen

Fils de transporteur routier, Georg Joucken était prédestiné à prendre la relève paternelle. Durant ses études, il passe son permis poids lourd. Mais l’attrait de la finance sera plus fort. En 2016, après un passage chez KBL et NPG Wealth Management, il intègre Raiffeisen en prenant en charge l’activité de banque privée. Ce qui l’a attiré vers ce domaine ?

« L’envie de découvrir les marchés financiers et de travailler dans une fonction commerciale. » Mais aussi le contact humain. Pour lui, banquier privé, « c’est un métier de confiance », qui demande des qualités humaines et de plus en plus de compétences techniques et organisationnelles.

NOVEMBRE 2022 85

Samy Picard

Head of wealth management Luxembourg à la Banque internationale à Luxembourg

Joueur professionnel de basket – il a joué trois saisons au TBB Trier – ou financier ? Ce sera la finance. Responsable de l’activité de banque privée pour le marché luxembourgeois depuis septembre 2022, il vit pleinement « sa double passion pour les marchés financiers et la relation avec les clients ». Pour lui, « au-delà du niveau d’expertise nécessaire pour servir les clients fortunés, le banquier privé doit, par un dialogue continu, comprendre au mieux leurs attentes et besoins, cerner la réalité de leur patrimoine et leurs revenus potentiels futurs, mais aussi appréhender au mieux la situation de vie de chacun dans toute sa complexité. » Écoute et confiance sont pour lui des mots-clés.

86 NOVEMBRE 2022

Kris De Souter

Head of private banking chez Degroof Petercam Luxembourg

Il aurait pu devenir pilote d’avion. Finalement, le suspense autour de la carrière de Kris De Souter n’aura pas été long. « Adolescent, j’étais déjà intéressé par les marchés financiers, confesse-t-il. Pour moi, après mes études, aller travailler dans le secteur financier était une évidence. » Ce qu’il fait en 1997. Ce qu’il adore dans son métier, c’est sa variété : « Tous les jours, il faut se poser la question de l’impact de ce qui se passe dans l’actualité sur l’économie, sur les marchés, sur les investissements, sur les portefeuilles de nos clients. » Pour lui, le banquier privé est tout à la fois une personne de confiance, un fin psychologue et quelqu’un qui doit savoir écouter.

Luc Rodesch

Head of private banking à la Banque de Luxembourg

Il est une exception à la règle : à la fin de ses études, Luc Rodesch n’était pas plus attiré que cela par la finance. Il y entre « par hasard » comme analyste pour rapidement s’intéresser au côté commercial de ce secteur, « et plus spécialement à la dimension psychologique du commercial, c’est-à-dire comprendre les besoins des clients, qu’ils soient exprimés ou non, conscients ou inconscients, et trouver la solution appropriée ». Une approche qui prend tout son sens dans la banque privée. Pour lui, le banquier privé, c’est l’homme de confiance qui entre dans la sphère intime des personnes et c’est le chef d’orchestre capable de coordonner toutes les solutions existantes qui conviennent à son client. Dans une totale absence de conflit d’intérêts.

88 NOVEMBRE 2022

CEO de Quintet Luxembourg

30 ans dans la finance et pas de regrets. Un secteur qu’il a intégré dès la fin de ses études. CEO de Quintet Luxembourg depuis mars 2021 – et présent dans la banque depuis 2014 –, il dit aimer « l’approche holistique de la banque privée envers ses clients ». Pour lui, le banquier est un partenaire de confiance, « celui qui trouve les solutions aux besoins de chaque famille que nous servons . (...) Un métier exigeant, mais passionnant, où il faut savoir gérer une multitude de paramètres : être à l’écoute des besoins de son client tout en veillant au respect de la législation, des normes de compliance et des nouveaux impératifs environnementaux. »

NOVEMBRE 2022 89
90 NOVEMBRE 2022

Vincent Villebesseix Directeur chez BGL BNP Paribas Banque Privée

Avant d’être nommé en 2019 à la tête de l’activité de banque privée à Luxembourg, Vincent Villebesseix a exercé comme banquier privé à Paris, puis au sein de l’inspection générale du groupe. Son choix de carrière ? C’est la conséquence « d’un vrai goût pour une activité très variée qui mêle des disciplines financières, juridiques et fiscales et qui est très centrée sur le client ». Les qualités d’un bon professionnel ? Au-delà des connaissances techniques, il cite l’agilité, l’écoute, l’empathie. Sa conviction ? Même s’il faudra recourir à de plus en plus d’expertise externe et de digitalisation, l’humain restera au centre de la relation client et de la valeur ajoutée.

NOVEMBRE 2022 91

Alain Uhres

Vice president & head of private banking department à la Banque et caisse d’épargne de l’État

C’est à la faveur d’un stage que ce titulaire d’un master en économie de l’Université Paris Dauphine entre en 2001 à la Spuerkeess. Sa passion pour la finance lui ouvre toutes grandes les portes de la salle des marchés. Au fil des années, il se découvre une vocation commerciale. Lorsqu’en juillet 2022, la banque privée est dissociée du réseau pour devenir un département à part entière, on lui en confie la responsabilité. Ce qui le passionne dans ses nouvelles fonctions ? Découvrir l’histoire familiale des clients, comprendre d’où ils viennent, quelles sont leurs motivations, leurs contraintes, et leur proposer des solutions adéquates.

« La banque privée, ce n’est pas juste vendre un produit. »

92 NOVEMBRE 2022

Wouter Gesquiere

Head of private banking chez ING Luxembourg

Wouter Gesquiere rejoint ING Luxembourg en 2014. D’abord responsable commercial au sein du département Banque privée, il en prend la direction en juin 2021. Il aurait tout aussi bien pu être journaliste sportif. Il reconnaît bien volontiers une passion pour le sport en général, ainsi que pour la dimension humaine qui est derrière le sportif. Mais l’appel de la finance a décidé de l’orientation de son parcours. « Une passion », qu’il conjugue à « l’interaction avec les personnes » qu’il « apprécie beaucoup ». Tout comme il apprécie la dimension stratégique des services apportés aux clients. Sa conviction : l’aspect humain restera prépondérant dans le métier.

NOVEMBRE 2022 93

Le secteur des fonds d’investissement est d’une importance majeure pour l’économie luxembourgeoise, totalisant plus de 14.000 emplois et générant au-delà de 11 % des recettes fiscales. La taxe d’abonnement, à elle seule, représentait 1,3 milliard d’euros en 2021. 26 % des actifs gérés par des fonds en Europe appartiennent à des fonds domiciliés au Luxembourg, confirmant ainsi sa position de leader.

Le Luxembourg, avec des actifs de 5.300 milliards d’euros (août 2022), est généralement considéré comme la Place de référence pour la domiciliation de fonds, tant traditionnels qu’alternatifs, notamment pour une distribution transfron talière. Cependant, dans un contexte économique volatil, accentué par une pression constante sur les coûts des produits et marges des opérateurs, le Luxembourg est en compétition directe avec d’autres centres qui présentent un modèle d’affaires comparable. Si le Luxembourg garde encore une certaine longueur d’avance, il est important de noter que cet écart diminue pourtant de manière conséquente. Plus marquant encore, la part de marché des fonds luxem bourgeois enregistrés à la vente à travers le monde diminue depuis 2013. Les tendances qui impactent actuellement le secteur des fonds d’investissement au niveau international risquent d’exacerber encore cette situation.

Camille Thommes Directeur général, Alfi

Une importance croissante revient à la gestion passive et aux ETF. Ces fonds, dont les frais (mais aussi les marges) sont moins élevés, ont bénéficié d’un très fort développement durant ces dernières années. Vu la pression sur les frais, la composante fiscale est déterminante dans le choix du domicile du fonds. À côté de l’application moins favorable de certaines conventions de non-double imposition, la taxe d’abonnement est ici clairement au détriment du Luxembourg. Et pourtant : les opportunités pour le secteur des fonds d’investissement sont multiples. Grâce à son cadre réglementaire de pointe, à son savoir-faire, à son dynamisme, à sa capacité d’adaptation et au soutien du ministère des Finances, l’industrie luxembourgeoise des fonds d’investissement reste bien placée pour saisir les occasions qui se présentent. Le secteur des fonds luxembourgeois risque cependant de sortir perdant de ce contexte hautement compétitif si des réformes structurelles touchant à l’écosystème et au cadre fiscal s’appliquant aux entreprises et produits ne sont pas entamées. Il faut agir maintenant et mettre en place dès à présent les jalons nécessaires pour pérenniser les succès acquis et assurer son développement futur.

94 NOVEMBRE 2022
Débat public
Pour Camille Thommes,
le Luxembourg garde encore une certaine longueur d’avance en ce qui concerne les fonds, mais cet écart diminue pourtant de manière c onséquente.

La cérémonie d’annonce des lauréats de cette 9e édition aura lieu dans le cadre d’un dîner gala en présence de 1.000 décideurs.

entreprise membre dispose d’une place au dîner ou, en alternative, peut (dans la limite du stock disponible), réserver une table pour 10 personnes (au prix de 9).

Qui succédera à Romain Bausch (2006), Michel Wurth (2008), Ernst-Wilhelm Contzen (2010), Gaston Reinesch (2012), Pierre Ahlborn (2014), Marc Giorgetti (2016), Norbert Becker (2018) et Michèle Detaille (2020) ?
Chaque
Mardi 17h00 Rockhal Esch-Belval13.12 Dress Code Black Tie GOLD SPONSORS

Bienvenue au Club !

Chers membres, Parfois, moins c’est plus. Le Paperjam + Delano Business Club poursuit son ambition de sobriété et d’efficacité en vous adressant désormais moins d’e-mails, mais plus précis. C’est une fois par mois seulement que vous recevrez une newsletter Agenda avec les événements Talks, Show & Awards et Social du mois suivant. Les formations, workshops et webinars sont maintenant regroupés dans la partie Academy avec une newsletter dédiée, également mensuelle. Si vous ne recevez pas encore ces newsletters, contactez-nous à l’adresse members@paperjam.lu.

En novembre, ce sont ainsi trois Talks qui vous sont proposés, pour discuter fiscalité des entreprises, urbanisme et institutions démocratiques. Côté Social, profitez du Déjeuner Carrousel pour un speed networking avec neuf nouveaux contacts, et du Delano Live pour un afterwork en anglais. Avec l’Academy – notre centre de formation agréé par l’État –, ce sont huit workshops et un webinar qui vous sont offerts ce mois-ci.

Enfin, anticipez le mois de décembre et réservez votre table pour la soirée du Paperjam Top 100 – le classement des décideurs économiques les plus influents du Luxembourg – qui aura lieu le 13 décembre à la Rockhal.

Network, Learn, Get Inspired & Engage : le Paperjam + Delano Business Club est votre club.

Inspire

Venez écouter des experts, décideurs et influenceurs locaux ou internationaux s’exprimer sur des sujets d’actualité variés. Qu’il s’agisse de 10×6, tables rondes, débats, ou encore de keynotes, ces rendez-vous vous proposeront une dose d’inspiration pour penser à votre business de demain.

Des rendez-vous suivis  d’un cocktail dînatoire propice aux échanges et au networking.

Learn

Offrez à vos collaborateurs un programme de formation annuel.

La Paperjam Academy est un centre de formation continue agréé par l’État, offrant un portfolio ambitieux.

Un large choix qui se décline par secteur, métier ou de manière transversale, proposé dans des domaines-clés, avec notamment 300 heures de formation dispensées sur neuf journées par les experts membres du Club.

Business Club
98 NOVEMBRE 2022
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MICHEL GREVESSE-SOVET Paperjam + Delano Business Club director PIERRE-YVES LANNEAU SAINT LÉGER Head of programming

Le Club en chiffres

Engage

Encouragez l’intégration de vos collaborateurs expatriés au Luxembourg en les faisant participer à nos événements dédiés : Delano Live et Let’s Taste. Le meilleur moyen de rencontrer la communauté des résidents étrangers au Luxembourg !  Créez de la valeur pour vos employés grâce aux événements du Club.

dédiés : Delano lives et Let’s taste. événements du Club

COMMENT PARTICIPER AUX ÉVÉNEMENTS DU PAPERJAM + DELANO BUSINESS CLUB ?

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C’est le nombre de sociétés qui composent le club d’affaires le plus important du Luxembourg.

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ÉVÉNEMENTS

Événements physiques et digitaux. Entre conférences, formations, networkings et workshops, ce sont presque 250 événements par an auxquels vous pouvez participer.

HEURES

Heures de formation par an  qui couvriront hard et soft skills, et qui créeront une valeur supplémentaire pour vos employés.

Davezac (KPMG)

Ruiz Viejobueno (KPMG)

Wagner (Randstad Risesmart)

Charlier (Randstad Risesmart)

Van Schouwenburg (Spuerkeess)

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Photos Jan Hanrion 1 Guilhem
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Ne manquez pas

De la démocratie en Europe

Le 8 novembre 2022, jour des Midterms 2022 aux États-Unis d’Amérique, quelques jours après l’élection présidentielle brésilienne, et alors que le populisme progresse en Europe, il est primordial de s’interroger sur la solidité de nos institutions démocratiques.

Taxation des entreprises : actualités et perspectives 2023

La lutte contre la fraude et l’évasion fiscales s’intensifie encore en 2023. Les sociétés patrimoniales luxembourgeoises, spécialement de private equity, vont être impactées par l’implémentation de la directive ATAD3 et une jurisprudence en évolution sur les abus de droits ou les distributions cachées de bénéfices. Flora Castellani, fiscaliste à l’UEL, maîtres Alain Steichen, Gaëlle Felly, Pol Mellina et Daniel Riedel, de BSP, feront le point sur la situation et les perspectives 2023.

Together: urbanism, architecture and communities

is made up of very diverse individuals and communities. The neighbourhoods of our cities are home to many different nationalities, as well as hundreds of thousands of cross-border workers every day. The harmonious cohabitation of these populations in the same space is a challenge. During this conference,

Phillips, international architect who conceived the master plan of part of the Cloche d’Or district, will develop a critical and constructive view on this topic

Céline Coubray

editor-in-chief of

Pour vous inscrire, rendez-vous sur le site du Paperjam + Delano Business Club : club.paperjam.lu Business Club Novembre 2022 EVENING TALK
PROGRAMME 18:30 – 21:30 LIEU ING BREAKFAST TALK
PROGRAMME 8:30 – 10:30 LIEU Salon Namur SPONSOR Mardi 8 novembre 2022 Mardi 15 novembre 2022
Jeudi
17 novembre 2022 LUNCH TALK
Luxembourg
Andrew
with
,
Paperjam Architecture + Real Estate PROGRAMME 12:00 – 14:30 SPONSOR 100 NOVEMBRE 2022 Inscrivez-vous Inscrivez-vous Inscrivez-vous

Tables rondes Politiques

Économie

Compétitivité et développement durable : Quelles entreprises pour le Luxembourg ?

Alors que le Luxembourg continue à vivre grâce à sa place financière, les gouvernements successifs essaient de diversifier l’économie. On pense notamment à la logistique (Jeannot Krecké), aux space resources (Étienne Schneider), ou encore à l’économie circulaire (Franz Fayot). On se souvient bien entendu des dossiers Fage et Google. Quelles entreprises veut le Luxembourg ? Quelles entreprises faut-il absolument garder ? Lesquelles faut-il attirer ? Sur quels critères faut-il sélectionner les entreprises qui composeront le paysage économique de demain ?

Quel devrait être leur impact ? Au niveau de la création d’emplois, des revenus pour l’État (fiscalité, sécurité sociale...), de l’écologie (vers le net zero, biodiversité) et des besoins en énergie, de création ou d’enrichissement d’écosystèmes stratégiques, ou encore de plus-value pour le Luxembourg. Le ministre de l’Économie Franz Fayot (LSAP) sera sur scène avec des représentants des partis ADR, CSV, déi Gréng, déi Lénk, DP et Piraten pour répondre à ces questions de la rédaction de Paperjam

Logement

Crise du logement : Quelles actions concrètes dès demain ?

Des prix immobiliers en croissance vertigineuse (+100 % en 10 ans sur les maisons, et même 153 % pour les appartements), une offre à développer (2.000 logements manquent à l’appel chaque année) et des pressions énormes côté demande (avec un vif accroissement continu de la population active) sont autant d’indicateurs qui témoignent des challenges relatifs à la politique du logement. Assurer un accès au logement, que ce soit en location ou en propriété, et ce à des prix abordables pour le plus grand nombre, relève en premier lieu d’une question d’équité sociale. Par ailleurs, l’accès au logement est essentiel pour le recrutement de main-d’œuvre pour les entreprises et la croissance du pays. Depuis l’automne 2021, Paperjam propose, avec des experts et représentants des marchés privés et publics, de nombreuses solutions. Quelles sont ainsi les priorités et actions concrètes des partis politiques pour la législature 2023-2028 ? Henri Kox, ministre du Logement, débattra avec les ténors thématiques des partis ADR, CSV, déi Lénk, DP, LSAP et Piraten.

Finances

Fiscalité et finances publiques : qui doit payer l’addition ?

L’État-providence luxembourgeois est l’un des plus généreux au monde. Pour maintenir une qualité de vie élevée, voire continuer à moderniser la société, l’État a besoin d’un budget durable.

Les investissements publics prévus pour 2023 s’élèvent à près de 3,5 milliards, et les transferts sociaux constituent 47 % du budget de l’État 2022. Comment les financer ? Une croissance forte est-elle le seul moyen, ou peut-on optimiser les rentrées fiscales ? Doit-on imposer plus le capital ou les revenus du travail ?

Le ministre sortant de l’Économie s’est aussi régulièrement positionné en faveur d’une réflexion sur l’imposition de la fortune. La fiscalité écologique peut-elle tarir d’autres sources de revenus ?

Impôt très performant, la taxe d’abonnement rapportée par l’industrie des fonds est-elle finalement durable ? Autant de questions qui seront abordées avec la ministre des Finances Yuriko Backes et des représentants ADR, CSV, déi Gréng, déi Lénk, LSAP et Piraten.

Cinq tables rondes politiques auront lieu en 2023, dont quatre sur les élections législatives d’octobre 2023 et une sur les élections communales du 11 juin 2023. Ces tables rondes ont lieu en français, un service d’interprétation vers l’anglais est disponible.

Grand débat

Le grand débat des candidats têtes de liste

En vue des élections législatives, Paperjam rassemble autour d’un débat les candidats têtes de liste visant la fonction de Premier ministre. Développement durable, accès au logement, réforme de l’imposition, organisation du travail et croissance économique sont quelques-uns des grands marqueurs pour poursuivre l’évolution du Luxembourg et le bien-être de ses plus de 650.000 habitants. Dans un système politique habitué aux compromis, aux coalitions, la capacité du Premier ministre à fédérer les forces politiques du pays devrait rester essentielle. Où se trouve le point d’équilibre entre consensus et capacité d’action au service du pays ?

Focus sur les Spëtzekandidaten, avec leurs convictions, caractères et volontés. Paperjam rassemble les candidats têtes de liste, notamment des partis représentés au Parlement, dont le Premier ministre Xavier Bettel (DP).

avec Xavier Bettel Premier ministre (DP)

Découvrez le programme complet

14.03
28.03
27.06
19.09
avec Franz Fayot Ministre de l’Économie (LSAP)
avec Yuriko Backes Ministre des Finances (DP)
avec Henri Kox Ministre du Logement (déi Gréng)
2023
Le programme Pour vous inscrire, rendez-vous sur le site du Paperjam + Delano Business Club : club.paperjam.lu Retrouvez le programme complet Jeudi 27 octobre 2022 Paperjam 100 Lawyers, avec Sam Tanson, ministre de la Justice HORAIRE 18:30 – 21:00 LIEU Hémicycle de l’European Convention Center Luxembourg (ECCL) Mardi 8 novembre 2022 EVENING TALK De la démocratie en Europe HORAIRE 18:30 – 22:30 LIEU ING Mardi 15 novembre 2022 BREAKFAST TALK Taxation des entreprises : actualités et perspectives 2023 HORAIRE 08:30 – 10:30 LIEU Salon Namur SPONSOR BSP Mercredi 16 novembre 2022 WEBINAR La vente d’immeuble à construire : de la théorie à la pratique HORAIRE 13:30 – 14:30 LIVESTREAM Jeudi 17 novembre 2022 LUNCH TALK Together: urbanism, architecture and communities HORAIRE 12:00 – 14:30 LIEU Salon Namur SPONSOR IKO Jeudi 17 novembre 2022 Delano Live + Meet the community: Luxembourg brands we love HORAIRE 18:30 – 20:30 LIEU Zulu SPONSOR ING Mardi 22 novembre 2022 Journée de workshopsNovembre HORAIRE 9:30 – 12:45 LIEU Abbaye de Neumünster Vendredi 25 novembre 2022 Déjeuner Carrousel HORAIRE 12:00 – 14:00 LIEU Côté Sushi Mardi 6 décembre 2022 Let’s Taste HORAIRE 18:30 – 21:30 LIEU Knokke Out Mercredi 7 décembre 2022 WEBINAR Private equity/ venture capital HORAIRE 13:30 – 14:30 LIVESTREAM Vendredi 9 décembre 2022 Déjeuner Carrousel HORAIRE 12:00 – 14:00 LIEU INNSiDE by Meliá Mardi 13 décembre 2022 Paperjam Top 100 –le classement des décideurs économiques les plus influents du Luxembourg HORAIRE 17:00 – 22:30 LIEU Rockhal SPONSORS PWC, ING, LABORATOIRE THERASCIENCE Business Club Octobre / Décembre 102 NOVEMBRE 2022
The Paperjam + Delano Business Club turns 15 Wednesday 14.06.2023 SAVE THE DATE #DeclutterMyAgenda To take part in the action, register here

Flashback

104 NOVEMBRE 2022 « Il
faut
innover pour être au niveau des grands concurrents étrangers, mais aussi avoir les produits
qui
vont sur tous les marchés. » Ferdinand
Hein Hein Bakery
Engineering 1 2 3 4 5 6

Vos événements

Le Club a proposé un nouveau mois riche en événements business :

Nos membres ont pu développer leur réseau et de nouvelles opportunités lors de nos événements sociaux avec un Networking Circle au sein des locaux de Merbag, tout comme parfaire leurs compétences lors de notre journée de workshops et nos advanced trainings

Ce sont les start-up américaines et les liens transatlantiques qui furent à l’honneur lors du dernier Delano Live le 15 septembre. Nous tenons à remercier une nouvelle fois notre partenaire ING pour son soutien.

Le 22 septembre, neuf champions de l’exportation ont partagé l’histoire de leur aventure, et leurs espoirs de voir davantage d’initiatives luxembourgeoises réussir à l’international lors du 10×6 Luxembourg : International Champions!.

Pour sa 2e édition, le Real Estate Seated Dinner Party de Paperjam a réuni les acteurs économiques du secteur immo bilier pour un dîner assis accompagné d’une conférence de Jean-Pierre Zigrand, directeur du Systemic Risk Centre et professeur de finance à la London School of Economics. Nous remercions une nouvelle fois nos sponsors INOWAI , Iko et Arendt sans lesquels cet événement n’aurait pas eu lieu.

Héritiers des Media Awards, Maison Moderne, RTL et la Markcom ont lancé la soirée de gala des LeoAwards 2022. Un événement qui a mis en lumière le meilleur de la créativité dans les domaines de la publicité et de la communication au Luxembourg, où le jury a dû départager les meilleurs des 130 projets proposés dans cinq catégories.

Nous remercions le ministère de l’Économie pour son soutien lors de cet événement ainsi que l’investissement de notre jury présidé par Bob Kneip.

Photos Eva Krins, Marie Russillo
NOVEMBRE 2022 105
« Vous aussi, ramenez de la jeunesse dans votre segment, n’ayez pas peur du changement. Osez ! Restez le Peter Pan de votre univers. »
Georges Krombach Heintz van Landewyck
Plus de photos sur paperjam.lu 1 Jean-Pierre Zigrand (Systemic Risk Centre) 2 Leo Reuter 3 Claude Nesser (Cocenting) 4 Christophe Goossens (RTL) 5 André Hesse (Markcom) 6 Bob Kneip (Kneip Management) 7 Rémi Fouilloy (Morgan Philips Luxembourg) 8 Marc Lemmer (CNPD) 9 Thomas Barrett (US Ambassador) 10 David Condon (International School of Luxembourg) 7 8 10 9

Robert Brandy et son épouse habitent entourés de leurs enfants, et non loin de l’atelier occupé par le père et le fils.

Après avoir déménagé de nombreuses fois, le peintre Robert Brandy et son épouse sont actuellement installés dans une maison de ville juste derrière le Geesseknäppchen à Luxembourg. Suite à quelques travaux pour transformer cet ancien immeuble à appartements en maison de famille, ils ont fait de cette bâtisse leur nouvelle demeure. À l’inté rieur, les murs sont couverts d’œuvres d’art réalisées par des artistes dont Robert Brandy apprécie tout particulièrement

le travail ou qui sont des amis. « J’aime aussi le design. C’est pourquoi nous avons choisi ces fauteuils dessinés par Le Corbusier », précise Robert Brandy.

Juste de l’autre côté de la rue se trouve l’atelier où travaillent Robert et son fils, tous deux peintres. « C’est un ancien atelier de ferronnier que nous avons vidé et réaménagé pour en faire un atelier d’artistes. » C’est aussi là que se trouve la grande collection de bidons d’huile qu’affectionne tout particulière ment l’artiste et qui sont expo sés sur de nombreuses étagères. On y trouve également les voitures anciennes que Robert Brandy collectionne et conduit au quotidien.

ART ET
Auteur CÉLINE COUBRAY Photos GUY WOLFF
106 NOVEMBRE 2022 Ma maison 3 2 1

1 Le couple profite souvent de la cuisine, qui donne directement sur le jardin.

2 Autour de la cloison entre le salon et la salle à manger se trouve une grande bibliothèque.

3 Sur les murs du salon, il est possible d’admirer des œuvres d’Antoni Tàpies, Bernar Venet, Fernand Roda et Franck Chalendard.

4 À l’étage, un espace est réservé à la pratique du violon.

5 Le garage sert à la fois aux voitures anciennes que conduit Robert Brandy, mais aussi à abri ter sa collection de bidons d’huile.

6 L’atelier se trouve juste en face de la maison, et c’est là que Robert Brandy passe toutes ses journées.

COLLECTIONS NOVEMBRE 2022 107 4 5 6

Mon argent

Le CEO de Luxembourg for Finance, Nicolas Mackel, est très attaché à la Citroën Méhari offerte par ses amis pour ses 30 ans, en 2000.

Avez-vous une devise ou un principe par rapport à l’argent ? C’est plutôt un principe qu’une devise : ne pas dépenser l’argent que l’on n’a pas, à moins que cela soit absolument nécessaire. Je garde toujours un petit cous sin parce qu’on ne sait jamais ce qui peut arriver.

Vous êtes donc plutôt fourmi que cigale ?

Je sais dépenser, je le fais assez bien. Disons que je suis une fourmi bien vivante.

Dans quel domaine vous faites-vous plaisir ?

Je suis un grand fan de Bruce Springsteen. Les concerts en tant que tels ne coûtent norma lement pas un pont, mais il y a quatre ans, il avait donné une série de spectacles dans un petit théâtre à Broadway et je m’étais fait le plaisir d’aller à New York avec mon épouse pour le voir. Le prix initial des tickets n’était pas très élevé, mais il faut en obtenir, et cela se fait sur le marché secondaire, où les tarifs sont multipliés par dix par rapport au prix nominal.

Combien de fois avez-vous vu Bruce Springsteen en concert ?

Huit ou neuf fois, je crois. J’ai déjà deux tickets pour des concerts l’an prochain en Europe, à Amsterdam et à Paris.

Qu’est-ce qui vous plaît tant chez lui ?

L’énergie qu’il dégage. Pour moi, Bruce Springsteen, c’est la bande originale de ma vie. Mes enfants ont beaucoup souf fert parce que je n’écoute pas grand-chose d’autre que cela. J’ai réussi à transmettre cette

passion à ma fille, mais malheu reusement pas à mes garçons.

Y a-t-il un objet duquel vous ne souhaiteriez jamais vous séparer ?

J’ai une Citroën Méhari jaune canari que j’ai reçue en cadeau, de la part de mes amis, pour mes 30 ans. Elle me procure un bon heur indescriptible chaque été quand je peux rouler avec ici.

C’est l’objet que je ne vendrai jamais. Cela fait 22 ans que je l’ai et elle continue à rouler.

C’est génial, vous montez dedans et vous vous sentez en vacances.

Quel est l’achat que vous ne regrettez pas, et pourquoi ?

La bague de fiançailles de mon épouse. Pas pour la bague en soi, mais pour la suite et tout ce que l’on vit.

Vous avez vécu dans des pays et continents où le rapport à l’argent était différent d’ici…

Oui, certainement. Quand j’ai habité en Chine, on payait quasi tout en espèces, cela faisait des blocs de renminbis ! Quand je suis retourné en Chine juste avant la pandémie, c’était un change ment absolument radical : en cinq ans, les Chinois sont passés d’une société cash only à une société cashless. Même les petites dépenses passent par un QR code. Avant, toutes les dépenses –même les grosses, comme les loyers – étaient réglées en cash.

Quel est votre dernier achat coup de cœur ?

Un tableau de Gao Xingjian, le prix Nobel de littérature qui fait de magnifiques peintures. C’est un tableau à l’encre de Chine. J’aime beaucoup l’art chinois.

Pour quel type d’objet seriez-vous prêt à faire monter les enchères ?

Pour un beau tableau, j’en serais capable. Mais, malheureusement,

je n’ai pas l’argent pour acheter les tableaux que j’aimerais avoir.

Selon vous, pour devenir riche, il faut…

Je pense qu’il faut déjà avoir la fibre entrepreneuriale. Ce n’est pas en étant salarié qu’on devient riche. Il faut avoir une étincelle, quelque chose de plus que la masse de gens, qui nous aide à être très fort dans ce que l’on fait.

Qu’est-ce que l’argent ne peut acheter ou résoudre ?

La santé. Malheureusement, si vous regardez Steve Jobs ou d’autres, leur vie a été écourtée.

L’argent peut résoudre une série de problèmes, mais il ne vous rend pas heureux et ne peut pas résoudre les soucis de santé.

cadeau collector

Un
Interview CATHERINE KURZAWA Photo GUY WOLFF 22 ans plus tard, Nicolas Mackel profite toujours de sa Méhari.
108 NOVEMBRE 2022
Luxembourg in English 4€ at newsstands www.delano.lu Since 2011 SUBSCRIBE on go.maisonmoderne.com/welcome

Comment décririez-vous votre relation avec la mode ?

Un rapport relativement… asymétrique ! Le mix’n’match est bien plus amusant qu’une ligne de conduite trop stricte…

Quelle est la pièce la plus emblématique de votre garderobe ? Quelle est son histoire ?

Un costume Crombie bleu marine sur mesure, qui m’a été offert par ma mère lorsque j’ai eu 21 ans… Je l’en remercie encore !

Quelles sont vos couleurs d’automne préférées ?

Le gris anthracite et le bleu foncé comme base, assortis çà et là d’une touche de mauve ou de violet.

Quel est votre créateur fétiche, et pourquoi ?

Je persiste et signe avec la marque Crombie. Il s’agit d’une entreprise d’origine écossaise établie depuis 1805. Leurs cos tumes sont fabuleux et leurs manteaux indémodables pour l’automne et l’hiver…

Quel est votre accessoire idéal pour l’arrivée du froid ?

J’aime porter de grandes écharpes en laine, qui donnent l’impression d’être enveloppé par une couverture chaude et douillette. L’alliance du style et du confort étudiée, qui peut donner à une tenue la petite touche « pointue » qui fait la différence…

Couleurs d’automne

110 NOVEMBRE 2022

Mon

Gaia Pempinello Créatrice et organisatrice, Aperinetwork

Comment décririez-vous votre relation avec la mode ? Étant donné que ma maman travaille dans le domaine de la confection et que mon papa travaille dans la chaussure en Italie, je vis la mode comme une partie de moi depuis que je suis petite. Je ne suis pas une fashion addict, mais j’aime jouer avec mon style au fil de mes journées éclectiques, pour le faire évoluer au gré de mes rendez-vous…

Quelles sont vos couleurs d’automne préférées ?

J’aime utiliser plusieurs couleurs mélangées avec une base noire. Le camel peut être l’une des couleurs prédominantes que j’aime utiliser pour cette saison.

Quels sont vos créateurs de référence, et pourquoi ?

J’aime mélanger et assortir les pièces de différents créateurs sans avoir de favoris et me laisser inspirer par eux. Mais, de manière générale, j’aime l’élé gance intemporelle et les tissus d’Armani, ou encore la qualité et le design des sacs Prada. Leurs créations sont parfaites pour le bureau comme pour les fêtes, elles me suivent donc tout au long de ma journée.

Quel est votre accessoire idéal pour l’arrivée du froid ?

Mon accessoire incontournable est le chapeau. J’aime vraiment en porter, des chapeaux ! C’est un accessoire parfait qui peut totalement transformer une tenue, même celle composée d’un jean et d’une veste. Et je ne l’enlève pas pour aller danser…

Une adresse shopping préférée au Luxembourg ?

J’aime beaucoup le Lët’z Refashion shop, qui fait partie du mouvement local Rethink your Clothes, auquel je suis sensible.

style
Ajit Singh a été pris en photo au parc de la Pétrusse et Gaia Pempinello devant le restaurant Opéra.
NOVEMBRE 2022 111

Ma collection

Pierre Ardizzoia ne sort jamais sans une montre aupoignet.

À la bonne heure

112 NOVEMBRE 2022

Pierre Ardizzoia est un passionné de montres et les collectionne depuis son jeune âge.

« Ma première montre ? C’était une petite montre à quartz avec deux fuseaux horaires que j’avais ache tée avec mon argent de poche », se souvient Pierre Ardizzoia. Depuis, il n’a jamais cessé d’en acheter d’autres, forgeant son goût au fil des années. « Quand je choisis d’acheter une montre, c’est avant tout parce qu’elle me procure une émotion esthétique. Je ne suis pas motivé par sa valeur, mais vraiment par le travail des matières, des proportions, des détails. »

Actuellement, il possède une cinquantaine de modèles. Mais sa collection s’est recen trée plusieurs fois. « J’ai aimé les montres chrono, les montres habillées, les séries limitées… Aujourd’hui, je pense que ma collection reflète beaucoup plus ma personnalité. J’aime des montres qui ont ce petit quelque chose en plus qui les rend uniques. J’affectionne tout particulièrement les cadrans de 35 ou 38 mm, les fonds en porcelaine, les bi-tons, les boîtiers en or blanc, rose ou platine. Et j’ai un faible pour les modèles discontinués. »

Il aime aussi porter des bracelets qui ont une certaine fantaisie, qui peuvent être de couleur vive – comme l’orange, le rouge ou le vert pomme –, et il choisit toujours sa montre en fonction de sa tenue.

De cette passion, Pierre a fait aujourd’hui son métier puisqu’il est devenu gérant de la boutique Le Collection’heure à Luxembourg, spécialisée dans la vente de montres d’occasion.

Auteur CÉLINE COUBRAY Photo MARIE RUSSILLO
NOVEMBRE 2022 113

Ma

François Guiot est aussi investi dans sa carrière de director

Real estate chez Mimco Capital que dans son amour pour la gastronomie française. La preuve avec cette superbe recette intemporelle...

Pour 6 personnes

Préparation : 2 heures

Cuisson : 5 à 6 heures

INGRÉDIENTS

1,5 kg de paleron de bœuf 100 g de beurre non salé

150 ml de cognac 75 cl de bourgogne rouge 60 cl de bouillon de bœuf

2 bouquets garnis 3 cuillères à soupe de farine 300 g de lardons salés 24 oignons grelots 600 g de champignons de Paris

Sel, poivre Une grande cocotte en fonte (pouvant aller au four, type Le Creuset ou Staub)

Pour la garniture : pommes de terre vapeur ou pâtes fraîches

bœuf bourguignon

L’avant-veille, nettoyer le pale ron (enlever les parties dures), le couper en morceaux et les placer dans un bol avec le vin rouge et le cognac pendant au moins 12 heures.

La veille, couper les pieds de champignons et conserver les têtes au frigo. Essorer la viande dans du papier absor bant et garder la marinade.

Faire fondre 50 g de beurre dans la cocotte. Faire dorer la viande à feu très vif et la laisser cuire jusqu’à ce que son jus se soit évaporé et que la viande soit bien colorée. Retirer la viande, faire fondre le reste du beurre et ajouter la farine. Laisser dorer la farine sur un feu plus doux, puis ajouter la marinade en mélan geant bien afin de récupérer les sucs de cuisson – quitte à gratter le fond de la cocotte !

Ajouter le bouillon de bœuf et porter le tout à ébullition. Remettre la viande dans la cocotte. Saler et poivrer. Ajou ter les pieds de champignons et les bouquets garnis. Fermer la cocotte et l’enfourner 2 h 30 à 150 °C, à chaleur tournante.

Le jour du repas : poursuivre la cuisson pendant 2 h à 2 h 30. Pendant ce temps, faire dorer les lardons dans une poêle puis les réserver en gardant la graisse de cuisson de côté. Plonger les oignons grelots entre 60 et 90 secondes dans de l’eau bouillante, les éplucher et couper les têtes des cham pignons en tranches. Dans une poêle bien chaude, faire colo rer les oignons dans le gras des lardons.

Au bout de 2 h à 2 h 30 de cuisson, vérifier que la viande est bien tendre. Sinon, pour suivre. Retirer les bouquets garnis et les pieds des cham pignons. Ajouter les têtes de champignons, les lardons et les oignons grelots. Bien mélanger et porter à ébulli tion. Remettre au four pour une bonne heure. Servir dans une belle assiette creuse.

Le
Domaine Y. Clerget, Volnay 1er Cru, 2019
recette 114 NOVEMBRE 2022

Restez

qui

archi-informé sur ce
se construit au Grand-Duché 350 pages -> Édition 2023 -> 10 € Actuellement en kiosque www.paperjam.lu COMMANDEZ-LE sur eshop.maisonmoderne.lu

Venir en aide à ceux qui traversent une difficulté mentale, c’est possible, grâce à la formation de premiers secours en santé mentale.

Peu de gens le savent, mais en parallèle de la formation aux premiers secours classique, il existe une formation pour les premiers secours en santé mentale. En quelques heures, les futurs secouristes reçoivent les connaissances de base sur les troubles et crises psychiques. Le docteur Fränz d’Onghia, chargé de direction pour le Service information et préven tion, nous explique plus en détail cette formation accessible à tous.

Depuis quand existe cette formation ? Comment a-t-elle été mise en place ?

Mon mental

Cette formation a été créée de manière très scientifique par les Australiens au début des années 2000. Aujourd’hui, 25 pays ont une licence pour la dispenser sur leur territoire, dont le Luxembourg, qui a adapté le contenu de cette formation à son contexte local. Cette formation s’inscrit par ailleurs dans le plan national quinquennal de préven tion suicide qui date de 2015 et dans lequel, parmi les 33 actions de prévention, il y avait une action de sensibilisation destinée au grand public et aux entreprises concernant les maladies men tales. Cela entre aussi dans le cadre d’une action de vigi lance partagée.

Pouvez-vous nous expliquer cette dernière notion ? Habituellement, on retrouve cette notion de vigilance partagée dans le domaine de la construction ou dans l’industrie. C’est le fait que les employés sont attentifs au fait que leurs collègues de travail portent bien leur équipement de sécurité ou effectuent les bons gestes lorsqu’ils travaillent avec une machine dangereuse, par exemple. Cette idée que chacun fait attention à l’autre est transpo sée pour les troubles psychiques.

À qui s’adresse cette formation ? Nous avons trois déclinaisons de cours. Il y a les cours standards qui s’adressent à des adultes

qui veulent aider d’autres adultes. Cette formule se prête particulièrement bien au monde de l’entreprise, par exemple. Puis, il y a les cours qui s’adressent plus spécifiquement aux besoins des jeunes qui ont d’autres problèmes que les adultes. Cette formation Youth s’adresse à des adultes qui sont en contact avec des jeunes, comme des éducateurs, des enseignants de lycée… Et il existe une toute nouvelle forma tion qui s’appelle Teen et qui, elle, s’adresse à des enfants d’environ 16 ans qui souhaitent pouvoir venir en aide à d’autres camarades. Car il est bien connu que quand un adolescent

Au secours du mental

Fränz d’Onghia est attaché à la direction de la Ligue, asbl active dans le domaine de la psychiatrie extra- hospitalière.
116 NOVEMBRE 2022

« Nous souhaitons que cette formation soit répandue. »

est en difficulté, il se confie plus volontiers à ses copains qu’à ses parents ou à ses professeurs. Nous sommes les premiers en Europe à proposer cette formation au sein d’un lycée.

Ces formations sontelles prises en charge financièrement ?

Nous avons mis en place un financement solidaire. En tant qu’individu, vous ne paierez que 26 euros. Mais si la formation est réalisée dans une institution, comme une banque ou une com mune, la formation coûte alors 2.600 euros, ce qui couvre les frais de la formation et permet aussi d’alimenter une cagnotte solidaire qui sert à rémunérer les formateurs. L’objectif étant évidemment de pouvoir former un maximum de personnes sans que celles-ci aient à payer les coûts réels. Il faut aussi savoir que les troubles psychiques touchent en priorité les person nes en situation de précarité, et il était donc très important pour nous de pouvoir proposer une formation à coût accessible.

Qui dispense cette formation ?

Il s’agit d’une quarantaine d’instructeurs qui sont soit des employés de la Ligue, soit des indépendants liés à la santé mentale, comme des psycholo gues indépendants, des assis tants sociaux, des infirmiers psychiatriques… Ces personnes sont rattachées à des organismes à travers tout le pays et peuvent ainsi intervenir partout sur le territoire pour délivrer cette formation certifiante qui a une durée de validité de cinq ans. Depuis 2020, nous avons formé 2.200 personnes. Notre objectif est que, d’ici 2030, 3 % de la population adulte soit formée. À terme, nous souhaitons que cette formation soit aussi répandue que les cours de premiers secours classiques.

Comment se déroule la formation, et qu’y apprend-on ? La formation est ouverte à tous et se fait au sein de groupes de 10 à 20 personnes. Elle se fait en quatre sessions de trois heures, avec une semaine d’intervalle entre les séances. En plus de la formation orale, chaque partici pant reçoit un manuel. La pre mière session permet d’aborder les questions générales et le sujet

de la dépression. Lors de la deuxième, on entre dans le vif du sujet de la dépression et on donne des informations pour savoir comment réagir.

On apprend à appliquer ce qu’on appelle le « Roger », qui sont les cinq étapes du secourisme : Réagir – aborder la personne, évaluer son niveau de détresse et l’assister –, Offrir une écoute sans jugement, Guider et infor mer la personne sur ses symp tômes, Encourager la personne à se faire aider par un profession nel, Renforcer les ressources personnelles de la personne.

On aborde aussi la question des crises, car chaque pathologie a ses cas extrêmes. Le module 3 est consacré aux troubles anxieux et sont également étudiées les addictions aux substances.

Le dernier module rentre dans le détail des addictions, et on parle des psychoses. Ce dernier sujet est moins approfondi que les autres, car moins fréquent dans la population. Pour la for mation jeunesse, on ajoute les sujets des troubles alimentaires et de l’automutilation.

NOVEMBRE 2022 117

Rédaction

Téléphone 20 70 70 E-mail press@paperjam.lu

SECRÉTAIRE DE RÉDACTION

Jennifer Graglia (-108)

POLITIQUE ET INSTITUTIONS

Julien Carette (-116)

Nicolas Léonard (-102) Pierre Pailler (-109) Nathalie Reuter (-104) Ioanna Schimizzi (-120)

ENTREPRISES ET STRATÉGIES

Aurélie Boob (-121) Catherine Kurzawa (-115) Thierry Labro (-105) Mathilde Obert (-114) Jérémy Zabatta (-106)

PLACE FINANCIÈRE ET MARCHÉS

Marc Fassone (-157) Benoît Theunissen (-107)

LIFESTYLE ET VIE PRATIQUE Céline Coubray (-162) Fabien Rodrigues (-161)

RÉSEAUX SOCIAUX Christophe Lemaire (-118)

PAPERJAM GUIDE BIOGRAPHIES ET DATA Sarah Macri (-181) Jezabel Scolastici (-183)

RELECTURE ET FACT-CHECKING Pauline Berg, Lisa Cacciatore, Sarah Lambolez, Manon Méral, Nathalie Rachline, Elena Sebastiani

WEBPUBLISHING

Lisa Christl, Léna Fernandes, Maëlle Hamma, Didier Hiégel, Adrienne Nélissen

PHOTOGRAPHES

Luc Deflorenne, Anthony Dehez, Romain Gamba, Eva Krins, Andrés Lejona, Marie Russillo, Guy Wolff, Matic Zorman

FONDÉEN2000

BUREAUX

ÉDITION NOVEMBRE 2022

DIRECTRICE DE LA PUBLICATION Bérengère Beffort

DIRECTRICE DES DÉVELOPPEMENTS ÉDITORIAUX Nathalie Reuter

RÉDACTEUR EN CHEF PRINT AD INTERIM Nicolas Léonard

RÉDACTEUR EN CHEF DIGITAL Nicolas Léonard

Brand Studio

Téléphone 20 70 70-300 E-mail brandstudio@maisonmoderne.com

DIRECTOR BRAND STUDIO

Youcef Damardji

ASSISTANTE COMMERCIALE Céline Bayle (-303)

CONSEILLERS MÉDIA Nicolas Galtier (-318) Mélanie Juredieu (-317) Aline Puget (-323) Laurie Cros (-310) Marie Langlais (-325) Géraldine Gij (-307) Alexis Fernandez (-314)

CONSEILLERS BUSINESS CLUB Virginie Laurent (-322) Léo Santoro (-335) Mikaël Spezzacatena (-326) Valentin Morello (-320) Philippe Raphael (-332) Ray Zubairi (-324)

HEAD OF CONTENT STRATEGY Emmanuelle Thivollard

DIRECTEUR DE CRÉATION Jeremy Leslie

STUDIO MANAGER Sandrine Papadopoulos

CONCEPTION GRAPHIQUE Marielle Voisin

ART DIRECTOR

José Carsí

MISE EN PAGE

Elina Luzerne (coordination), Salomé Jottreau

natureOffice.comDE-261-JYACEBD |

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Éditeur

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FONDATEUR ET CEO Mike Koedinger

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CHIEF DIGITAL OFFICER Viktor Dick

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118 NOVEMBRE 2022
PAR MIKE KOEDINGER
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pâtissiers et glaciers pour régaler vos papilles

Nïce

128, AVENUE DU X SEPTEMBRE, LUXEMBOURG T. 691 929 190

Nouvelle venue dans le paysage pâtissier de la capitale, l’enseigne Nïce mise sur le bon et le branché, dans une petite boutique de glacier / pâtissier très sleek du quartier Belair, à quelques pas du parc de Merl. Côté glaces, c’est Luigi Cocchi qui est aux manettes, avec des parfums de saison bien réalisés, avec ou sans lait, et des sorbets aux fruits. On retrouve d’ailleurs ses origines italiennes avec zuppa inglese, zabaione, spéculoos, Pan di Stelle ou Cremino… sans oublier les incontournables : vanille, pistache, et le délicieux chocolat…

37, AVENUE DE LA GARE, ESCH-SUR-ALZETTE

T. 27 56 97 44

C’est sans conteste une des figures mon tantes de la gastronomie luxembourgeoise. Alors qu’elle se destinait à l’architecture en étudiant à Vienne et à Copenhague, Lola Valerius se décide au final pour une tout autre voie : la pâtisserie. Après plusieurs stages au Luxembourg, à Paris et à Taïwan, et une expérience chez Patrick Roger, à Paris, elle choisit de revenir au Luxembourg pour y ouvrir sa propre boutique, plus précisément à Esch-surAlzette, ville dont elle est originaire.

Elle y attire toute l’année les adeptes de plaisirs sucrés grâce à ses pralines aussi belles que bonnes, proposées dans le cadre très élégant de son atelier. Parmi ses best-sellers, la praline pistache (avec gianduja pistache et fleur d’oranger), caramel latte, pamplemousse et poivre de Timut ou encore la fantastique Bamkuch, 100 % Grand-Duché.

À RÉSERVER POUR LES FÊTES : les boules de Noël maison au cacao, pour une combinaison chic de gourmandise et de déco…

Vanessa Mortillaro et Laura Maestri sont quant à elles en charge de la pâtisserie : tiramisu, profiteroles, gâteaux froids (à la myrtille, au gianduja ou à la pistache), tartelettes aux fruits, biscuits et pâtes à tartiner : ce n’est pas le choix qui fait défaut.

À RÉSERVER POUR LES FÊTES : le panettone maison classique, café ou abricot, histoire de varier les plaisirs

Namur

2,

On ne présente plus la confiserie emblé matique Namur, dont les boutiques à Hamm et en centre-ville, mais aussi à la Gare et à la Cloche d’Or, ne cessent de satisfaire les dents sucrées les plus exigeantes… Et, depuis près de deux ans, c’est Xavier Espadana qui est en charge du pôle Confiserie / Chocolaterie de cette belle marque locale.

Originaire du nord de la France, il retravaille les créations historiques de la maison, notamment en hiver avec le marron ou encore les succulentes orangettes maison, mais il vient aussi de lancer une nouvelle gamme « Révéla tion » de pralines plus contemporaines, à l’instar de la version pralinée sésame / yuzu ou encore avec des ganaches de cacao sourcées auprès des meilleurs producteurs…

1
Lola Valerius Vanessa Mortillaro, Luigi Cocchi et Laura Maestri Xavier Espadana
2 3
RUE
DE BITBOURG, LUXEMBOURG
T. 43 69 23
À
RÉSERVER
POUR LES FÊTES :
le
sapin de Noël au chocolat au lait et amande,
parfait pour un
centre
de table à croquer…
Photos Andrés Lejona (archives), Nïce, Namur, Matic Zorman, Place d’Armes et Kaempff-Kohler
6 À quelques
semaines des fêtes de fin d’année, il est temps de se faire du bien au moral
en
prévoyant quels plaisirs coupables vont faire vibrer nos palais. Heureusement, on peut toujours
compter
sur les artisans luxembourgeois…
Auteur FABIEN RODRIGUES
120 NOVEMBRE 2022 La liste

Bargello

13, RUE DU FORT ELISABETH, LUXEMBOURG T. 26 29 60 97

En montant sur la première marche des Paperjam Foodzilla Awards 2022 dans la catégorie Sweet Dreams, l’enseigne artisanale Bargello a prouvé qu’elle était plus que jamais une valeur reconnue sur la scène gourmande grand-ducale. Depuis l’ouverture, en 2013, de la boutique du quartier Gare de Luxembourg, Laura Fontani n’a cessé d’innover et de se faire connaître pour l’excellence de ses glaces d’inspiration florentine – venues de son héritage familial – et a même ouvert une adresse bruxelloise en 2018.

Pour la période des fêtes, elle propose évidemment des bûches et autres pâtisse ries glacées… Notamment à base de fruits et autres ingrédients de saison, une valeur importante pour la créatrice de cette jolie marque luxembourgeoise.

À RÉSERVER POUR LES FÊTES : la nouvelle bûche glacée végane de Bargello, réalisée avec du lait de coco…

5 Adeline Campestre à l’hôtel Le Place d’Armes 18, PLACE D’ARMES, LUXEMBOURG T. 27 47 37

Pour un Noël sucré version grand luxe, les gourmets peuvent toujours compter sur l’hôtel Le Place d’Armes et sa Pâtissière de l’année Gault&Millau 2022, Adeline Campestre. Cette dernière propose, chaque hiver, une petite sélection de bûches très chic pleines de saveurs – à l’instar des éditions 2021 Noisettes du Piémont et Coco-kalamansi…

Passée par le groupe Bocuse en Floride, mais aussi par les cuisines de La Bouitte –restaurant triplement étoilé dans les Alpes françaises –, cette originaire de la région grenobloise a posé ses valises au Luxem bourg en 2019. Connue pour son dessert choco-cèpe à tomber, elle remporte le prix de Pâtissière de l’année 2022 sous les applaudissements du public. Et chaque hiver, elle propose deux bûches en édition ultra limitée à emporter…

À RÉSERVER POUR LES FÊTES : la bûche en question, bien sûr !

Kaempff-Kohler

10, RUE DU CURÉ À LUXEMBOURG, T. 47 47 47-2 40, RUE G. LIPPMANN À NIEDERANVEN, T. 47 47 47-1

Comptoir take-away, épicerie fine, cave du maître fromager, espace lounge tout confort, restaurant… L’enseigne luxem bourgeoise Kaempff-Kohler ne manque pas d’atouts séduction, tant au sein de son fief historique de la place d’Armes que de sa seconde adresse à Niederanven ! Mais, en cette fin d’année, c’est aussi Jonathan Szymkowiak, le chef pâtissier de la maison depuis 10 belles années, qui saura briller avec ses créations à la réputation éprouvée tant auprès du public que de ses pairs... Outre le Mont Blanc, sa spécialité de la saison hivernale, il proposera, comme chaque année dans les deux boutiques, ses bûches aux parfums réconfortants et régressifs : noisette, gianduja...

À RÉSERVER POUR LES FÊTES : la bûche « création » à la thématique bio / fair trade cette année, notamment avec du chocolat péruvien Valrhona et du café bolivien...

4 6
Jonathan Szymkowiak Laura Fontani Adeline Campestre
NOVEMBRE 2022 121

Jean Muller a repris les Moulins de Kleinbettingen voici une dizaine d’années. Il a, depuis lors, fait de l’innovation un des éléments-clés du développement de l’entreprise familiale : packaging repensé, pâtes 100 % luxembourgeoises, viande végétale… Soignant la communication, et alors que 80 % du chiffre d’affaires est réalisé via les exportations, la marque a pris pied aux États-Unis en 2018 et est présente dans envi ron 2.000 supermarchés. L’interview de ce patron discret, mais ultra-efficace, est à lire en page 26 Notre dossier Enjeux s’intéresse à l’intelligence artificielle, qui se trouve, parfois sans que nous le sachions, tous les jours à nos côtés. Et se déploie dans une foule de domaines, dégageant de nouvelles perspectives pour un futur qui est déjà notre réalité aujourd’hui. À découvrir en page 66 Au début de l’été, la Luxembourg House of Financial Technology a fêté son cinquième anniversaire. Éducation, ESG, diversité… Nasir Zubairi, son CEO, fait le point sur les challenges à relever en page 32 Claude Seywert, CEO du Groupe Encevo, apparaît habituellement rarement dans les médias. Il a cependant accordé une longue conversation à Paperjam pour évoquer les secousses des marchés de l’énergie, leur impact sur les consommateurs, les mesures souhaitées par le gouvernement et les partenaires sociaux, mais aussi le hacking dont son entreprise a été la cible voici quelques semaines. À lire en page 56 Le 25 octobre, les Sustainability Awards, initiative conjointe de Maison Moderne et IMS, ont récompensé quatre entreprises pour leurs pratiques exemplaires en faveur du développement durable. Une reconnaissance de ce qui doit être avant tout source d’inspiration, à décou vrir en page 48 Notre rubrique Data Dada est, ce mois-ci, consacrée au private equity. Que représente le secteur sur la place financière ? Quelles sont les perspectives de croissance ? Décryptage en page 24 Le Portfolio met pour sa part en lumière, en page 84, huit leaders de la banque privée, un secteur très masculin qui aime cultiver la discrétion, tandis que La liste, en page 120, vous fera déjà penser aux fêtes de fin d’année, avec 6 pâtissiers et glaciers qui vont régaler vos papilles Enfin, c’est Nicolas Mackel, CEO de Luxembourg for Finance, qui est l’invité de la rubrique Mon argent, en page 108. Une occasion pour lui d’évoquer un cadeau reçu pour ses 30 ans, dont il ne se séparera jamais.

Clin d’œil 122 NOVEMBRE 2022
Photos Guy Wolff, Anthony Dehez, Matic Zorman et Marie Russillo
ENTREPRENDRE, UNE HISTOIRE DE PASSIONNÉS. Pour en savoir plus, contactez Charles Sunnen, Conseiller Entreprises, et son équipe au 49 924-3061. www.banquedeluxembourg.com/entrepreneurs Je vois grand pour mon entreprise. Mon conseiller aussi.“ Banque de Luxembourg, société anonyme –14, boulevard Royal –L-2449 Luxembourg –R.C.S. B5310 –Crédits photo Stocksy by so e delauw

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