Paperjam avril 2023

Page 1

NEXT GEN CHARLINE WENGLER

NUMÉRO 233 AVRIL 2023 Business zu Lëtzebuerg 5€ 545300007401704 ENJEUX Space business

SPACE TO...

TRAVEL & NAVIGATE

OBSERVE & PROTECT CONNECT

SPACE DIGITAL SOLUTIONS

Thales Alenia Space in Luxembourg, subsidiary of Thales

Alenia Space, joint venture between Thales (67%) and Leonardo (33%), is a Digital Competence Centre located in Belval (Esch-sur-Alzette) dedicated to space activities. Leveraging on the legacy inspired by Thales Digital Factory, Thales Alenia Space in Luxembourg develops state-of-the-art digital space solutions, using big data, artificial intelligence

and cybersecurity technologies to address complex end-toend systems’ challenges, while fostering UI/UX excellence. Its expertise covers innovative design and implementation approaches with customers, experimentation of technologies and concepts, minimum viable products development, design and development of key digital building-blocks dedicated to space systems, roll-out and operations of new solutions.

SPACE FOR LIFE

Photo credits Thales Alenia Space ASI, e-G EOS ShutterstockIStock Photo

Logement, déclarer l’état d’urgence ?

Les appels à l’aide ne cessent de se multiplier de la part des professionnels du secteur de la construction et de l’immobilier. De nombreux projets de vente en l’état futur d’achèvement (Vefa) sont en suspens, faute d’obtenir les 70 % (ou 50 % pour les promoteurs les plus solides) de promesses de vente nécessaires pour déclencher les garanties bancaires. Alors que le nombre de nouveaux logements n’était déjà pas suffisant les années passées (3.500 logements en moyenne par an contre environ 5.000 nécessaires pour couvrir la demande), l’année 2023 s’annonce encore plus déficitaire avec un prévisionnel bloqué à 2.000 nouveaux logements livrés. Et des prévisions également plafonnées au même niveau pour les deux années à venir.

Le gouvernement ne devrait­il pas prendre plus sérieusement la mesure des conséquences de cet énorme coup de frein ? Car au­delà du ralentissement de l’économie du secteur de la construction, qui va avoir des conséquences pour les PME de cette industrie représentant tout de même 15 % de l’emploi global, c’est toute l’économie luxembourgeoise qui va en souffrir avec une perte d’attractivité pour les potentiels nouveaux talents à embaucher qui ne pourront plus se loger.

Une solution ? Décréter un « état d’urgence », sous la direction du Premier ministre, pour faire bouger les choses en profondeur. Outre les éléments conjoncturels (hausse des taux d’intérêt, hausse des coûts de construction, difficultés d’approvisionnement…), il existe d’importants obstacles

et aberrations systémiques qui grippent et enraillent la machine. Pour sortir la tête de l’eau, il faut d’urgence une simplification administrative, accompagnée par la digitalisation de l’ensemble des processus administratifs, ce qui permettrait également une meilleure synchronisation et simultanéité. Accepter de confier aux promoteurs privés un développement massif de logements abordables sur les terrains de l’État et des communes. Abandonner la réforme du bail à loyer et revoir l’amortissement accéléré pour attirer de nouveau les investisseurs nécessaires au financement des Vefa. Alléger les impôts directs et indirects liés à l’immobilier (taxe d’enregistrement et de transcription, TVA à taux super­réduit, crédit d’impôt sur les intérêts des prêts hypothécaires…). Entre autres.

Nous ne cessons de le dire, mais la maison est en feu, et nous sommes désormais asphyxiés par les fumées !

Auteur CÉLINE COUBRAY * C’est le nombre de nouveaux logements produits en 2023 contre la demande constatée.
AVRIL 2023 3
Le Paperjam + Delano Business Club a organisé, le 28 mars, la table ronde « Crise du logement : quelles actions concrètes dès demain ? » à revoir en vidéo sur www.paperjam.lu.
Édito #2.000 vs 5.000*

Ristretto

08 #POLITIQUE

10 DAN KERSCH

« Notre système d’imposition n’est pas équitable »

12 #ENTREPRISES

14 ROBERT GOERES

« Ne travailler que 4 heures le dimanche : une hérésie »

16 #PLACEFINANCIÈRE

18 STÉPHANE PESCH

« Les gérants de private equity savent créer de la valeur »

Avril

p.  46

p.  22

Charline Wengler incarne la future génération des Caves Wengler, appelée à prendre le relais de son

22 CHARLINE WENGLER « La qualité a forgé notre crédibilité »

32 JERRY GRBIC

« La Place, c’est un quart du PIB, mais même pas 10 % des électeurs »

36 THIERRY HOSCHEIT

« Personne ne va surveiller la campagne sur internet »

42 ALBANE PILLAIRE « Le zoo devra être rentable en 2025-2026 »

46 AUGUSTIN LANDIER

52 BOB KIEFFER

« On ne peut pas séparer économie et morale »
« L’emprunt n’est qu’une source de financement subsidiaire »
Professeur de finance à HEC Paris et auteur de l’ouvrage Le Prix de nos valeurs, Augustin Landier sera un des orateurs de la Journée de l’économie. père Gérard à la tête de l’entreprise.
AVRIL 2023 5
2023
Photos Guy Wolff et Hervé Thouroude

58 Enjeux #Space

60 « Luxembourg est une bonne porte d’entrée »

62 Lunasonde et les autres

64 L’observation, une locomotive venue du ciel

66 L’évolution du secteur de l’espace

68 La recherche, bien lancée

70 Les explorateurs d’après­demain qui chantent

74 Portfolio

p.  90 Le chef étoilé René Mathieu nous livre sa recette du bonheur dans la rubrique Mon argent. p.  94 Arnaud Duban, directeur de l’Agence de l’Énergie, est passé derrière les fourneaux. p.  74 Neuf acteurs du secteur spatial ont les pieds sur terre et la tête dans les étoiles.
86 Business club Lifestyle 90 MON ARGENT 92 MON STYLE 94 MA RECETTE 96 MA MAISON 98 PICTURE REPORT 102 #UNDER50 Advertoriaux 20 CHINA CONSTRUCTION BANK A landmark deal for CCB in Europe 30 CBRE LUXEMBOURG Une vision 360° sur les métiers de l’immobilier 56 HITEC
acteur local devenu référence internationale 72 CGI LUXEMBOURG
sustainability with data from satellites
de
Photos Guy Wolff et Romain Gamba
Un
Driving
84 WEDELY Services
livraison : l’humain derrière le digital
La conquête spatiale redescend sur Terre
AVRIL 2023 7 Avril 2023
Les pieds sur terre et la tête dans les étoiles

1 DÉFENSIF

En marge de sa visite d’État en Lettonie, le Grand-Duc Henri a déclaré sur Radio 100,7 qu’il n’y aurait « pas de problème majeur » concernant la gestion du personnel au palais et que ses relations avec le Premier ministre Xavier Bettel (DP) se déroulent « comme d’habitude ».

2 OUVERT

3 CRITIQUE

Le député et conseiller communal à la Ville de Luxembourg François Benoy (déi Gréng) paperjam.lu à la volonté de la majorité DP-CSV d’appliquer une interdiction de la mendicité dans certaines zones de la capitale.

4 ANALYSTE

Dans l’émission Background am Gespréich de RTL, Jean-Claude Juncker a évoqué le retour en politique de Luc Frieden. Qui n’aurait jamais bloqué un projet social quand il faisait partie du gouvernement.

5 CYNIQUE

Dans le Land du 17 mars, Claude Turmes (déi Gréng), ministre de l’Énergie, a étrillé le président français. Il estime qu’Emmanuel Macron démantèle la sécurité nucléaire au lieu de démanteler ses vieux réacteurs. Dans le but de rétablir une grandeur de la Nation par une politique pro-atome.

Sélectionné par PIERRE PAILLER

« Il n’y a vraiment pas de problème majeur. »
« Luc Frieden n’est ni un fanatique économique ni un sauveur. »
« L’interdiction telle que proposée ne se justifie pas et sera difficile à appliquer. »
Photo Guy Wolff (archives)
« Emmanuel Macron essaie de jouer à De Gaulle. De manière désespérée, il cherche une quelconque grandeur, aussi hypothétique soit-elle. »
Ristretto #Politique 8 AVRIL 2023

VOS PROJETS

© SNCI / Photo Patrick Muller / rosedeclaire

Nous finançons
DÉCARBONISATION TRANSITION et de de ÉNERGÉTIQUE NOUS FINANÇONS VOTRE AVENIR www.snci.lu

« Notre système d’imposition n’est pas équitable »

Si l’adaptation du barème de l’impôt, décidée lors de la tripartite, permet de lutter contre la perte de pouvoir d’achat, le député Dan Kersch (LSAP) réclame en outre une réforme fiscale après les élections pour plus d’équité.

Lors de la dernière tripartite, vous avez obtenu une adaptation du barème de l’impôt et sécurisé l’index. Mais les hausses de revenu qui en résultent concernent aussi les hauts salaires. N’est-ce pas insatisfaisant pour un parti qui fait de la lutte contre les inégalités une priorité ?

De fait, cela consiste à redonner aux gens ce qu’ils avaient avant, sans créer plus de parité. Nous aurions souhaité aller plus loin. Cela doit venir dans une troisième étape.

Quelle sera cette troisième étape ?

Le crédit d’impôt pour 2023 est la première étape. L’adaptation partielle à l’inflation du barème en 2024 est la deuxième. Et, puisque d’autres tranches indiciaires sont prévues, il faudra utiliser le surplus de recettes que l’État recevra par ce biais pour créer davantage de parité au niveau des impôts. Ce sera la troisième étape.

La Chambre de commerce milite pour une indexation qui ne concernerait pas les hauts revenus, afin d’épargner les entreprises, pour qui cela représente une lourde charge. Cela a-t-il du sens pour vous ?

Aucun sens. L’équité sociale est réalisée par l’impôt et pas par l’index, dont le rôle est de compenser la perte de pouvoir d’achat, qui concerne tout le monde, ceux qui touchent 2.000 comme 15.000 euros. Donnons au salarié les 2,5 % bruts auxquels il a droit, puis créons plus d’égalité à travers la fiscalité.

Le LSAP réclame une réforme fiscale. Une condition indispensable pour de potentielles alliances en vue d’une nouvelle majorité ?

C’est une des pièces maîtresses. Car ce qui est clair, c’est que le système actuel d’imposition n’est pas équitable.

Mais peut-on espérer trouver une majorité pour un projet incluant progressivité de l’impôt sur le revenu et impôt sur les successions, la fortune, le foncier ?

Nous allons créer un mouvement similaire à celui qui a permis d’obtenir cette adaptation à l’inflation. Et nous le ferons très offensivement.

Le LSAP n’a-t-il pas des points communs évidents avec le CSV, favorable dès l’origine à l’adaptation du barème ?

Mais le CSV a choisi Luc Frieden comme tête de liste. Donc, au niveau fiscal, nous trouverons difficilement une entente. En outre, il nie l’évidence de la crise climatique, il veut une dette qui ne dépasse pas 20 %… Comment puis-je trouver un terrain d’entente avec cette personne ?

Luc Frieden n’est pas seul au CSV…

CHARGE FISCALE

La réforme fiscale devra aussi s’attaquer à la disparité croissante entre les entreprises et les salariés, ces derniers supportant désormais deux tiers de la charge fiscale, selon le député et ancien ministre LSAP Dan Kersch.

Mais Claude Wiseler détruit un consensus que nous avions contre la privatisation du système de santé. Et il attaque d’une façon insupportable Jean Asselborn sur la politique étrangère. Donc, où sont les points communs avec le CSV ?

Il est plus facile de vous entendre avec le DP ? Avec le DP, même s’il y a des différences de points de vue, nous avons toujours trouvé des compromis.

Ristretto #Politique
Interview PIERRE PAILLER Photo ROMAIN GAMBA
10 AVRIL 2023
L'ART DE VIVRE IMMOBILIER - VIGNOBLES - HARAS - CHASSES - ART - YACHTING - AVIATION PRIVÉE BARNES LUXEMBOURG 10 avenue Porte Neuve, L-2227 Luxembourg | +352 20 88 19 98 luxembourg@barnes-international.com | barnes-luxembourg.com

Ristretto #Entreprises

« Le modèle d’exploitation des magasins au Luxembourg est davantage favorable à la pérennité du modèle en gestion propre qu’en Belgique. »

Le country manager de Delhaize Luxembourg, Cédric Gonnet, s’est exprimé sur paperjam.lu concernant les 12 magasins intégrés du pays, qui ne seront pas franchisés. La direction de l’enseigne va se séparer de ses 128 supermarchés intégrés situés en Belgique, afin d’opérer une mise en franchise totale de son parc de 800 points de vente chez nos voisins.

2 EXTATIQUE

3 CALCULATEUR

« Une entreprise de 100 travailleurs qui fonctionne à 100 % de ses capacités pendant six mois aura très probablement peu de commandes au bout de six mois et ne fonctionnera plus qu’à 60 % de ses capacités, laissant 40 % de son personnel sans emploi. » C’est ce qu’explique Miguel Carvalho, CEO de Carvalho Constructions Générales, cité par Contacto, sur la contraction du secteur de la construction.

4 PRÉCURSEUR

« La législation européenne oblige à donner la même réponse à un client, quelles que soient son origine, sa résidence, ou je ne sais quoi. Avoir une solution comme la nôtre, où l’entreprise contrôle tout l’écosystème de la réponse, offre cette garantie. »

Casius Morea, CEO d’EmailTree face à la « vague ChatGPT ».

5 PROMETTEUR

Le CEO de LuxGovSat, Patrick Biewer, a annoncé le premier bénéfice du satellite gouvernemental GovSat, lors d’une conférence sur les satellites et les opérations gouvernementales, sans vouloir en dire plus, selon LuxTimes. En 2021, année du dernier bilan publié, 5 millions d’euros de dettes étaient venus s’ajouter aux 41 millions d’euros perdus depuis 2015.

1 FRANC
« C’est la victoire du pluralisme sur l’individualisme, grâce à une main-d’œuvre locale compétente et impliquée. »
Shahram Agaajani, cofondateur du bureau Metaform Architects, à l’inauguration du bâtiment Helix de Post, dans le quartier de la gare à Luxembourg.
« Une étape-clé et une base de référence solide. »
Photos Matic Zorman (archives), Romain Gamba et Simon Verjus (archives) Sélectionné par THIERRY LABRO
12 AVRIL 2023

ACTIONS POSITIVES

« Ne travailler que 4 heures le dimanche : une hérésie »

Le président de la Luxembourg Retail Federation (LRF), Robert Goeres, veut faire entendre la voix de l’ensemble des acteurs du tissu commercial au Luxembourg, peu importe leur secteur d’activité spécifique. Voici ses priorités.

La Luxembourg Retail Federation a été fondée à la mi-novembre 2022 avec 23 membres soutenus par la CLC. Aujourd’hui, les rangs ont-ils grossi ?

Oui, nous nous rapprochons de la cinquantaine de membres.

Un nombre satisfaisant ?

Je trouve cela fabuleux dans le sens où l’on observe un intérêt des grands groupes étrangers implantés au Luxembourg depuis des années, et qui étaient jusque-là absents des organisations de représentation du secteur.

Parmi les chantiers de la LRF figure la flexibilisation du travail, avec en ligne de mire la limite de 4 heures fixée pour le travail dominical. Comment comptezvous faire progresser ce dossier ?

La flexibilisation ne se limite pas aux 4 heures de travail le dimanche. Notre société a beaucoup changé, et des collaborateurs voudraient par exemple travailler 50 heures par semaine, une semaine sur deux, lorsqu’ils n’ont pas leurs enfants à garder par exemple, tandis que l’autre semaine, ils sont demandeurs d’un rythme à 30 heures. Quant aux 4 heures dominicales, nous sommes face à une hérésie : les collaborateurs demandent à travailler le dimanche car ils bénéficient d’une prime, ont des facilités en matière de mobilité. Mais on est face à un paradoxe : le droit du travail est très clair, mais les heures d’ouverture des com merces ne sont, quelque part, pas en phase avec celui-ci ni avec le 21e siècle. Il faut, à un moment, revoir certains paradigmes.

C’est donc au législateur à agir ?

Le monde a changé, je dirais que nous avons besoin de repenser certaines choses et de les adapter à l’époque actuelle.

Il existe un contraste entre les zones qualifiées de touristiques, où les commerces peuvent ouvrir tous les dimanches de l’année, et les autres (comme Luxembourg-ville) où les ouvertures sont limitées à six dimanches par an.

Cette situation peut-elle encore perdurer ?

Je pense qu’il faut être présent lorsque les clients sont là. Il n’y a pas de généralités à faire, mais force est de constater que lorsque votre commerce est situé à côté d’un cinéma, les clients sont plutôt présents l’après-midi et le soir qu’en matinée. Il existe des zones où il y a clairement une activité le dimanche. Mais, parfois, cela est lié à une saisonnalité.

Un million de mètres carrés commerciaux pour 645.000 habitants : estimez-vous que c’est trop pour le Luxembourg ?

Nous avons encore de la croissance, et l’espace manque. Il est clair que le GrandDuché est un pôle d’attraction pour la Grande Région. Il suffit de voir les parkings du centreville se remplir le soir, cela montre que les gens veulent venir ici et y trouver de l’animation.

WORK-LIFE BALANCE

Le temps de travail des collaborateurs dans le commerce figure parmi les chevaux de bataille de la Luxembourg Retail Federation et de son président Robert Goeres.

Le niveau de vie statistiquement élevé des résidents, malgré le contexte de crise inflationniste, est-il un atout pour le commerce au Luxembourg ?

Le principe de base est celui de l’offre et de la demande. Aussi longtemps qu’il y a de la demande et que l’on est prêt à payer, tout se tient. Le jour où les clients ne seront plus prêts à payer, les règles changeront.

Ristretto #Entreprises
14 AVRIL 2023

PLACES PREFER

Office | Retail | Development

Nextensa is an out-of-the-box real estate investor and developer, managing a high-quality portfolio in sustainable markets. By creating inspiring environments, Nextensa generate added value and consistent returns.

Contact Luxembourg : william.moulin@nextensa.eu

Find Nextensa on www.nextensa.eu

YOU

1

L’agence de notation Moody’s a maintenu le triple A de l’économie luxembourgeoise, peu impactée par l’inflation, la hausse des coûts de l’énergie et les mesures fiscales destinées à protéger le pouvoir d’achat des ménages.

2 COMBATIVE

Lors du lancement par la Fondation ABBL pour l’éducation financière de sa nouvelle application éducative Money Odyssey, Jessica Thyrion, conseillère en éducation financière, a rappelé à Paperjam le problème que constitue le sérieux manque de connaissances financières de la population.

3 FIÈRE

4 DÉPITÉ

Emmanuel Cau, managing director de Barclays Investment Bank, interrogé dans Les Echos suite aux déboires de Credit Suisse et à son rachat par UBS.

5 MILITANT

en Ukraine dès maintenant. »

Dans une interview donnée à L’Echo, le président de la BEI, Werner Hoyer, a averti que si l’Europe ne soutient pas dès maintenant l’économie ukrainienne, alors même que la paix reste une perspective lointaine, le fardeau de la reconstruction n’en sera que plus lourd.

« Il faut investir
« Les événements récents montrent de nouveau à quel point le système bancaire peut se révéler fragile. »
FLATTEUR
« Les institutions et la gouvernance sont parmi les plus solides de l’univers évalué par Moody’s. »
« Tous les acteurs, au Luxembourg et ailleurs, sont confrontés à ce problème d’analphabétisme financier. Le tabou financier est l’un des obstacles à sa promotion. »
Photos Matic Zorman et Guy Wolff (archives)
Sélectionné par MARC FASSONE Ristretto #PlaceFinancière 16 AVRIL 2023

TRADEZ AVEC VOTRE PROPRE STYLE

À l'affût des tendances ?

Assumez pleinement votre style d'investissement, avec la sécurité d'une banque. swissquote.lu

Les investissements comportent divers degrés de risque. Swissquote Bank Europe SA - RCS B78729. Banque supervisée au Luxembourg par la CSSF.

« Les gérants de private equity savent créer de la valeur »

L’industrie du private equity a connu un trou d’air en fin d’année. Est-ce le signe de la fin d’une époque et de la normalisation d’une industrie qui a été la poule aux œufs d’or de la période des taux bas ? Stéphane Pesch ne le pense pas.

La conjoncture incertaine, la remontée des taux et l’inflation persistante sonnent-elles la fin des années glorieuses du private equity ?

On constate effectivement aujourd’hui un ralentissement des levées de fonds, tandis que les ventes sont quasiment à l’arrêt. Mais si la période semble compliquée, l’intérêt reste. Comme en témoignent les levées de fonds prévues cette année.

Ce n’est donc pas la fin d’une époque ? Non, la stratégie fonctionne toujours et reste pertinente. C’est simplement un peu plus compliqué et plus long. Les promoteurs de fonds doivent se montrer, communiquer avec les investisseurs davantage qu’il y a quelques mois encore. Il faut profiter de cette pause pour revenir aux basiques que sont la réduction des coûts, l’augmentation des marges et l’affinement des stratégies des entreprises en portefeuille afin de préserver les objectifs.

Selon les gestionnaires obligataires, les obligations redeviennent plus attractives que le private equity. Qu’est-ce que cela vous évoque ?

Nous sommes bien conscients que lorsque les taux montent, d’autres investissements peuvent devenir ou redevenir séduisants aux yeux de certains investisseurs. Mais cela ne nous donne pas de sueurs froides. Les gérants de private equity savent créer de la valeur et générer du rendement sur le long terme. Et c’est pour cela qu’ils se démarquent des autres classes d’actifs.

Quels sont les grands défis de l’industrie pour les mois à venir ?

Le plus important me semble être le travail du portefeuille et sa valorisation. Les gestionnaires doivent rester vigilants, disciplinés, poursuivre

sur leur lancée, envoyer les bons signaux aux investisseurs et se focaliser sur la création de valeur, afin d’être fin prêts lorsque l’environnement redeviendra plus propice. Ils doivent en même temps travailler sur le volet finance durable et ESG. Notre industrie peut apporter beaucoup dans ce domaine. Mais il faudra faire attention au volet reporting (SFDR), afin d’éviter toute promesse non tenue ou une mauvaise interprétation.

Les produits de private equity restent la chasse gardée des investisseurs et des grandes fortunes. Les rendre accessibles au grand public peut-il constituer un relais de croissance pour votre secteur ?

Oui. Mais notre approche sur ce point est prudente et progressive. L’idée n’est pas de faire des tickets d’entrée pour tous à 200 euros. Cela transformerait complètement notre modèle – des fonds de type fermés, utilisant des appels en capitaux et visant une stratégie long terme – en sacrifiant énormément de performance pour créer de la liquidité.

Que préconisez-vous ?

OPTIMISME DE RIGUEUR

Pour Stéphane Pesch, CEO de la Luxembourg Private Equity & Venture Capital Association (LPEA), le private equity reste une stratégie d’avenir, malgré les actuels vents contraires.

Pour les « investisseurs qualifiés », le ticket d’entrée au Luxembourg est de 125.000 euros. D’autres pays l’ont fixé à 100.000 euros. Pour une question de compétitivité, nous devrions également nous aligner et préparer l’avenir avec d’autres solutions, en utilisant notamment la nouvelle mouture de l’Eltif, voire des OPC Partie II, qui permettent de viser d’autres investisseurs potentiels.

Ristretto #PlaceFinancière
18 AVRIL 2023

TABLE RONDE

Plus grande commune du Luxembourg avec ses quelque 130.000 habitants, et qui voit sa population doubler les jours ouvrables, la capitale est le poumon économique du pays. Quelle personnalité pour diriger ce flagship communal ? Comptant plus de 70 % de résidents étrangers

en provenance de plus de 170 pays, ce patchwork culturel et social représente un défi politique quasi-unique au monde.

Logement, mobilité et vélos en ville, qualité de vie et sécurité, cohésion sociale : quelles sont les priorités des partis ?

A  B  C  E  F  D
Inscriptions sur paperjam.lu/club
REAL-TIME TRANSLATION Élections communales 2023 04 mai 2023 18:30 21:30 Chambre de Commerce 7, rue Alcide de Gasperi L-1615 Luxembourg E LYDIE POLFER (DP) C FRANÇOIS BENOY (déi Gréng) A PASCAL CLEMENT (Piratepartei) B ALEX PENNING (ADR) F GABRIEL BOISANTE (LSAP) D SERGE WILMES (CSV)
ÉLECTIONS COMMUNALES : QUELLES SONT LES PRIORITÉS DES PARTIS ?

A landmark deal for CCB in Europe

China Construction Bank (CCB) closed a historic deal with one of the continent’s largest warehouse companies.

After expanding to Europe and setting up its European headquarters in Luxembourg in 2013, CCB has been steadily growing, with branches now in Paris, Amsterdam, Barcelona, Milan, Warsaw, and Budapest. Although CCB is the second-largest bank in the world in terms of total assets on its balance sheet, its

presence in Europe has been rather quiet. Recently, the bank closed a landmark deal that demonstrates its ability to make the same sort of large-scale transactions in Europe as it does in China.

A landmark deal

The deal was a €440-million syndication loan with a

consortium of international banks led by CCB. The recipient of the loan is Belgium-based Warehouses De Pauw (WDP), a listed company that invests exclusively in European warehouses, mainly in the Benelux region but also in France, Germany, and in one CEE country, Romania. With a portfolio of nearly €7 billion, WDP

20 AVRIL 2023
Photo Marie Russillo (Maison Moderne) Sponsorised content by CHINA CONSTRUCTION BANK Loans
BRAND VOICE
Junle Xie, General Manager at CCB Europe.

already has a strong presence in Luxembourg as the majority (55%) owner of the logistics hub in Bettembourg (the Luxembourg state owns the remainder). This was the first time CCB had been mandated by a European company to lead an international syndicate of lenders. Despite the challenging market conditions, CCB structured the deal and was able to bring in other banks, proving it has earned a place in European corporate finance.

A commitment to ESG WDP prioritizes ESG, which is why the company took out a green loan based on its Green Finance Framework. This framework provides criteria that enable investments in renewables as well as energy-efficient

CCB AT A GLANCE 1954

The year China Construction Bank was established No. 2

Ranking worldwide in terms of total assets

USD 4.8 trillion Amount of assets on its balance sheet

2013

The year the bank has set up its European hub in Luxembourg

and other environmentally friendly projects that support the reduction of carbon emissions. The ESG elements of the loan agreement were also important for CCB in moving towards its investment targets, which support the decarbonisation of the European economy. For WDP, the financing will be used to undertake a number of green projects such as constructing more energy-efficient buildings, adopting renewable energy, and shifting toward clean transportation. For instance, a part of the funds has been dedicated to the installation of photovoltaic solar panels on the roofs of WDP warehouses, something that will set the company apart from its competitors. It is also in the process of moving to a primarily hybrid or electrical fleet which will drastically reduce the company’s carbon footprint.

What CCB brings to Luxembourg

CCB has tremendous experience in structuring large international deals outside of Europe, and it is now transitioning to become more involved in major transactions within the continent. The bank’s strategy consists of providing clients with professional services and banking

solutions to raise funding, not just from CCB, but from the entire market. The bank has a successful track record of structuring large, strategic deals in sectors such as energy, telecommunications, manufacturing, and real estate – as well as project and bridge financing facilities.

A vision of Luxembourg as a syndication market center Junle Xie, General Manager at CCB, sees great potential for the bank in Luxembourg and believes that CCB brings real added value to the corporate finance ecosystem. But he also sees great potential for Luxembourg. “We see many opportunities for the whole banking industry in Luxembourg, and we believe that, by working together with other local players and the government, we can develop a real syndication market here,” he explained. Such a development will not happen overnight, he says, but rather “deal by deal.” Already, CCB feels very much at home in the local ecosystem. “We have had very positive experiences with all the players on the market, law firms as well as Big Four firms,” he said.

BENEFITS OF WORKING WITH CCB

AVRIL 2023 21
Accessibility Access to the Chinese yuan, a banking network and an international payment system
“ We are committed to promoting green finance, serving our clients, and working with other players to create a syndication market here in Luxembourg.”
Junle Xie General Manager, CCB Europe
Expertises Transaction expertise in sectors such as energy, telecommunications, manufacturing, and real estate Chinese bonds Entry into Chinese financial infrastructure such as the China Interbank Bond Market and Panda bonds
For more information, visit our website : lu.ccb.com
Financing Potential of benefitting from project financing facilities and short-term bridge financing facilities

« La qualité a forgé notre crédibilité »

Elle est jeune, élégante, intelligente, très motivée, audacieuse, tout en demeurant prudente : Charline Wengler incarne parfaitement cette nouvelle génération de dirigeants. Directrice marketing des Caves Wengler, elle est destinée, à terme, à succéder à son père à la tête de l’entreprise familiale née il y a 126 ans à Rosport.

Photo GUY WOLFF Interview NICOLAS LÉONARD
22 AVRIL 2023 Conversation Charline Wengler
Charline Wengler sera, à terme, la CEO de l’entreprise familiale.

Les derniers comptes de l’entreprise renseignent un peu plus de 78 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021 et un résultat de l’exercice de presque 5 millions. Un bilan que beaucoup pourraient vous envier ?

Sans doute, même si les chiffres peuvent varier et ne veulent pas tout dire. Tout comme mon père, plutôt que de donner des sommes, je préfère donner des taux, la ventilation des ventes. C’est plus significatif de ce que réalise l’entreprise. Ainsi, si l’on parle en volume de vente, les spiritueux arrivent en tête et constituent 75 % du volume. Les vins et les champagnes représentent 25 %. Mais si l’on parle en valeur, les vins et les champagnes forment 55 % des revenus, les spiritueux 45 %. Cela nuance les choses et apporte une information plus importante en termes de business : nous vendons beaucoup de spiritueux, mais c’est là que nous avons le moins de marge.

L’un des objectifs à venir est de développer encore votre chiffre d’affaires ?

Notre grand objectif est de maintenir notre stratégie de la qualité ainsi que notre image, qui est désormais synonyme d’élégance, d’authenticité, avec un petit côté décalé parfois. Nous avons revu des process de travail dans l’entreprise. La digitalisation est là, on a beaucoup repensé notre communication… On cherche en permanence cet équilibre entre innovation et tradition. Nous avons 50 personnes à nos côtés, ce qui constitue une responsabilité sociale importante. Ce que nous voulons, c’est donc nous renforcer, plus que nous développer simplement pour nous développer.

Les Caves Wengler sont une société anonyme. Qui sont les actionnaires ?

C’est une SA familiale, à 100 %.

100 % qui sont détenus par… … mon père. Un jour, évidemment, se posera la question de la reprise et du partage des parts avec ma sœur. Mais ce n’est pas du tout à l’ordre du jour.

Peut-on imaginer l’arrivée d’un actionnaire extérieur ?

Cela n’a jamais été envisagé, car cela n’a jamais été nécessaire.

Mais il y a sans doute eu des offres ? Sans doute. Mais cela n’a jamais eu de suite.

Comment se structurent vos activités commerciales ?

Elles reposent sur trois piliers. Il y a le pilier Wengler Châteaux & Domaines, qui commercialise des vins et des spiritueux de niche. Il y a ensuite le pilier Moët Hennessy, du groupe LVMH, dont nous sommes l’importateur exclusif des champagnes et des spiritueux : Moët & Chandon, Krug, Hennessy, Veuve Clicquot… Enfin, le troisième pilier est Diageo, leader mondial des spiritueux, dont nous sommes aussi l’importateur exclusif au niveau national : Johnnie Walker, Tanqueray, Baileys, Smirnoff, J&B… Concernant Wengler Châteaux & Domaines, nous commercialisons les produits sous ce nom. En ce qui concerne les autres piliers, nous utilisons logiquement la force de leurs marques et de leur réputation.

Quels sont les réseaux de commercialisation des produits ?

SAGA FAMILIALE

Pour les Wengler, tout débute en 1897. Pierre Wengler est un modeste agriculteur, installé en bord de Sûre. Il débute la production de vins et de spiritueux. La famille est réputée pour sa « bonne cuisine » et ouvre en même temps un bistrot-restaurant. En 1919, Jean-Pierre Wengler développe le projet et cesse l’agriculture, mais ajoute les jus bio aux vins et aux alcools.

Après la Seconde Guerre mondiale, Albert et Paul Wengler doivent affronter des vents contraires. Tout le monde veut boire des vins de la Moselle, plus de la Sûre. Des marques internationales envahissent aussi le marché des jus et des spiritueux. Dans les années 60, un nouveau tournant est pris : Albert Wengler et ses frères cessent la production pour s’orienter vers l’importation et la distribution exclusive.

Une nouvelle accélération aura lieu en 1992 avec l’arrivée de Gérard Wengler en tant que directeur général.

24 AVRIL 2023
Conversation Charline Wengler
Photos Wengler Châteaux & Domaines
À Rosport, la maison de famille, qui est aussi le siège de l’entreprise.

Ils varient selon les piliers. La grande distribution est concernée par les champagnes, les spiritueux, donc Diageo et Moët Hennessy, plus quelques produits Wengler Châteaux & Domaines de manière très ciblée. Il y a ensuite le réseau des hôtels et restaurants où l’on place une partie des produits Moët Hennessy et Diageo, mais surtout ceux de Wengler Châteaux & Domaines.

Qu’en est-il du secteur corporate et des ventes privées ?

Il est très important. Nous fournissons aussi des banques et des entreprises pour des événements. Notre fichier de clients privés compte 6.000 adresses. Banques et entreprises font aussi partie de notre clientèle.

Reste l’e-commerce… ... que nous développons, mais qui vise plutôt les vins, les champagnes et les spiritueux de niche, plus quelques produits de prestige de la gamme Diageo.

Vous ressentez, dans vos activités, les effets des crises et de l’inflation ?

Pas encore de manière directe ou frontale. Mais on ressent une plus grande prudence, c’est certain.

Le marché reste donc le même ?

Non, il se transforme sans cesse. Depuis quelques années, on constate que les gens consomment moins, mais consomment mieux, par exemple.

C’est une difficulté pour vous ?

Pas du tout, car cela a toujours été notre postulat historique, avec un accent mis sur la qualité. Même les vins les moins chers doivent être bons.

Quelle autre évolution remarquez-vous ?

Une grande attention portée à la santé et au bien-être, donc la demande pour une viticulture saine, une sensibilité à l’environnement. Les clients veulent des garanties à ce niveau. Le vin bio, la production en biodynamie… sont très demandés. Heureusement, 70 % de notre portefeuille est soit bio, soit de la production en biodynamie. Tous les producteurs ne sont

pas certifiés, mais la plupart suivent une philosophie saine.

Qu’en est-il des vins naturels ?

Je trouve cela intéressant. Cela devient de plus en plus important, et s’inscrit dans cette gamme de vins prêts à boire. Certains jeunes vignerons proposent de belles choses. C’est un segment qui va croître, mais qui devra vivre à côté des autres.

Autre tendance forte : le vin sans alcool…

C’est plus compliqué. Je suis un peu sceptique à ce niveau. Faire du vin sans alcool, ce n’est pas simple, il manque toujours le côté vineux. Quitte à ne pas boire des vins alcoolisés, je préfère alors des boissons alternatives, comme les boissons fermentées, déjà très utilisées sur les tables gastronomiques.

Le portefeuille de Wengler Châteaux & Domaines est très européen. Les vins du monde ne vous intéressent pas ? Nous travaillons avec certaines régions du monde, mais ce n’est pas notre intérêt principal. Nous voulons traditionnellement bâtir un rapport de confiance, nous prospectons nous-mêmes, nous nous rendons sur place, nous rencontrons les gens… C’est aussi ce qui assure notre niveau de qualité. Le vin, c’est aussi une relation. Mon père a fortement développé

PARCOURS

Elle est née en 1993 et fêtera bientôt ses 30 ans. Charline Wengler a grandi à Rosport, le « fief » de la famille auquel elle demeure très attachée. Elle a une sœur, Céline, qui travaille aussi au sein des Caves Wengler.

C’est à Paris qu’elle débute ses études supérieures en gestion des entreprises. Cap ensuite sur Londres pour un master en marketing et management. Elle effectue aussi plusieurs stages à l’étranger : chez Diageo, mais aussi chez Paulaner à Munich pour s’initier à l’univers des grandes sociétés globalisées.

Elle intègre l’entreprise familiale en 2018 en tant que directrice Marketing. Mais c’est une immersion totale que lui offre son papa, prenant le temps de la former et de l’initier à toutes les subtilités de son futur métier de chef d’entreprise.

AVRIL 2023 25
Dans leur communication, les Caves Wengler mettent en avant leur histoire familiale.

notre portefeuille de fournisseurs. Ce qu’il a réussi à la tête de l’entreprise est tout simplement extraordinaire. La volonté est de poursuivre ainsi. Également, on produit des choses magnifiques en Europe. En France et en Italie, évidemment, mais aussi en Allemagne ou en Autriche. Enfin, il y a une composante green : pourquoi faire venir du bout du monde des produits que l’on fait aussi bien – et souvent mieux – bien plus près ?

Votre stratégie commerciale reste donc totalement axée sur la qualité ?

C’est le pivot de tout, depuis toujours. Notre travail sur l’image, ces dernières années, et notre communication étaient centrés sur cela. Le branding de Wengler Châteaux & Domaines met en avant la qualité car c’est la réalité de notre entreprise. La qualité, c’est ce qui a boosté notre crédibilité.

Vous êtes arrivée dans l’entreprise en 2018. C’était une évidence ?

En tout cas, cela m’a semblé être ma voie depuis très jeune. Je suis née ici, j’ai grandi ici. Mes parents vivent au-dessus de la vinothèque de l’entreprise.

Actuellement directrice Marketing, vous serez un jour la CEO des Caves Wengler… À terme, sans doute, oui.

Une date a-t-elle été fixée ?

Non ! Mon père est là et bien là, c’est lui le patron. Nous travaillons ensemble, il me forme, me conseille, m’initie. Nous sommes très proches. Je serais heureuse de travailler encore longtemps avec lui. Il a toute son expérience et me laisse apporter ma touche.

Il vous implique déjà dans la gouvernance de l’entreprise ?

Il m’a confié le département Marketing, avec la réflexion sur l’image et la stratégie. En plus de la révision de certains process de travail et de la digitalisation…

Cela génère parfois des étincelles ? Parfois. C’est la différence entre les générations qui veut sans doute cela… Mais on trouve toujours un terrain d’entente. Quand c’est trop calme, cela ne va pas non plus.

S’inscrire dans une succession de plusieurs générations, être la next gen, c’est une grosse pression…

Il faut avoir conscience d’où l’on vient, respecter ce qui a été construit. C’est plus une responsabilité qu’une pression.

Votre père semble très serein à l’idée de vous confier l’écriture de la suite de l’histoire familiale…

CHIFFRE D’AFFAIRES ET RÉSULTAT ANNUEL

Les derniers comptes annuels déposés au Registre de commerce et des sociétés sont ceux de 2021, en date du 1er août 2022 (en millions d’euros).

Chiffre d’affaires net Résultat de l’exercice

26 AVRIL 2023
Source Registre de commerce et des sociétés
Conversation Charline Wengler
10 5 0 80 60 40 20 0 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 68 37 36 41 39 1,2 1,1 0,9 0,9 45 59 78 65 1,7 2,1 1,7 2,4 4,8
« Le marché se transforme : on boit moins, mais de mieux en mieux. »

Tout au long de 2023, année de ses ans, Maison Moderne tient à réaffirmer sa politique Anti-Gaspi.

Le Paperjam + Delano Business Club invite donc les % de personnes qui constituent le « no-show » à ses événements à effectuer un virement de € ou plus à SOS Faim qui célèbre également son e anniversaire cette année.

Pour faire un don en ligne, flashez ce QR code.

Pour faire un don via Payconiq, flashez ce QR code.

30 30 30 30
#30ans 0 #AntiGaspi #Solidarité 3

Il sait que nous avons les mêmes valeurs, que je vais apprendre à ses côtés. Il n’y a pas de raison de s’inquiéter. Et le jour où je serai à la tête de l’entreprise, il sera encore présent. Je peux compter sur lui.

On sent beaucoup de respect de votre part à son égard… ... et de l’admiration. Mon père représente une très grande expérience dans la gestion de l’entreprise, dans son développement. Il a eu le courage de développer un portefeuille en prenant des risques, et ce à partir de 1992. En France, mais aussi en Italie, par exemple. La communauté italienne était très importante au Luxembourg, et on trouvait évidemment des vins italiens, mais de consommation courante. Il a deviné qu’il y avait une demande pour des produits italiens de haut niveau, mais pas d’offre. Qu’il y avait quelque chose à faire. Il a souvent été visionnaire, tout en sachant aussi ce qu’il voulait construire. Mais il a certainement rencontré des difficultés au début, tout ne s’est pas enclenché de suite. La recherche de la qualité était son héritage, et c’est cette qualité qui a forgé notre crédibilité. Il a en tout cas le don de sentir le potentiel d’un produit, s’il y en a un. Mon père est, pour moi, une source d’inspiration.

A-t-il un palais exceptionnel ?

Réellement exceptionnel, mais il a aussi une mémoire exceptionnelle. Il se souvient des détails précis d’une bouteille bue des années et des années plus tôt.

Il se murmure que sa cave est la plus belle du pays...

C’est sans doute une des plus belles, même si je ne connais pas les autres… Il faudrait le lui demander.

Dans l’entreprise, il y a aussi votre sœur, qui est graphiste. Cela ne pose pas de problème de « hiérarchie » ?

Non, car les choses sont très claires, et Céline voulait cette fonction, pas du tout un poste de direction. Elle est à la tête de notre équipe de graphistes. J’ai beaucoup de chance qu’elle soit là car elle traduit en images ce que je ressens, ce que je pense… Nous sommes complémentaires. Je suis sa sœur avant tout.

Qu’est-ce que vous pensez avoir déjà apporté aux Caves Wengler en quelques années ?

Je pense avoir contribué à construire notre développement marketing : c’est ma fonction en ce moment. Je pense aussi avoir encore mieux positionné notre image qualitative.

Et quels sont les grands défis qui vous attendent au sein et en dehors de l’entreprise ?

Un challenge sera d’améliorer les flux et processus de travail en interne. Il y a aussi la digitalisation, qui demeure un enjeu majeur. Je veux également travailler sur le volet corporate pour minimiser les impacts négatifs et améliorer l’environnement de travail.

Disposer d’un large réseau professionnel aide parfois à relever ces défis. Vous n’êtes pas membre de la Fédération des jeunes dirigeants d’entreprise ?

Non. Du moins, pas encore… C’est vrai que je fais beaucoup de sport et que je préfère cela au réseautage intensif. Je dois éventuellement améliorer cela.

Vous avez néanmoins le sentiment de faire partie de cette nouvelle génération de jeunes entrepreneurs et dirigeants ?

Oui, totalement. Je constate aussi, au Luxembourg, que nous sommes de plus en plus nombreux.

Diriger une entreprise familiale, c’est une responsabilité de plus sur les épaules ?

J’ai conscience de ce qui a été bâti par ma famille, mais je n’ai pas de crainte particulière. Je suis bien entourée, notre stratégie est claire et bien établie, solide. L’entreprise a déjà su se réinventer après la Seconde Guerre mondiale. Nous savons évoluer à bon escient. Sur le plan de la responsabilité sociale, c’est autre chose. Certains employés étaient là quand je suis née et m’ont vu grandir. Maintenant, je travaille avec eux. C’est une responsabilité. Mais c’est aussi un immense plaisir.

LA BOUTEILLE INOUBLIABLE

Quand on a un père qui a sans doute l’une des plus belles caves du pays, on a vu défiler des grands crus par dizaines. Et eu le privilège, là comme ailleurs, d’en goûter quelques-uns. C’est en Bourgogne que Charline Wengler va pourtant accéder à ce qui reste, pour elle, la bouteille la plus formidable. « Nous étions en visite au domaine d’Yves Confuron. Il m’a offert une bouteille de 1993, mon année de naissance, sans étiquette. Rien. Je n’ai donc jamais su ce que c’était réellement. Mais quand je l’ai dégustée… Oui, c’est, jusqu’à présent, une des meilleures bouteilles que j’aie jamais bues. »

28 AVRIL 2023
« Ce que mon père a réussi à la tête de l’entreprise est juste extraordinaire. »
Conversation Charline Wengler

Une vision 360° sur les métiers de l’immobilier

Face aux évolutions du secteur de l’immobilier et aux nouveaux besoins des utilisateurs finaux, innover et étoffer son offre de services est impératif. Une démarche opérée par CBRE qui entend plus que jamais miser sur l’humain et les critères ESG.

Dans une ambiance économique européenne compliquée, comment votre secteur évolue-t-il ? Pour comprendre l’évolution de l’immobilier au Luxembourg, un rapide état de la situation du marché et des prévisions économiques est nécessaire. Force est de constater qu’avec sa résilience au gré des crises, le pays tire son épingle du jeu. Malgré la récession annoncée dans la zone Euro, il envisage une croissance de 1,5 % selon le STATEC.

La stabilité politique du pays et les décisions de la Tripartite ont contribué à ces prévisions favorables. Pour le secteur du Résidentiel, nous avons constaté un ralentissement des transactions, surtout dans le neuf. Cela est dû à la hausse des taux d’intérêts, la difficulté d’emprunter et le prix des VEFA soumis aux aléas des coûts de construction.

Du côté du Tertiaire (Bureaux, Retail, etc.), le marché de la location reste

très dynamique malgré un petit tassement de la demande fin 2022. La situation est avantageuse pour les propriétaires car le taux de vacance reste très bas, surtout dans l’hypercentre. Enfin, pour le marché des capitaux investis, nous espérons en 2023 un rattrapage de 2022.

Quels sont les besoins des clients et comment CBRE a-telle évolué pour y répondre ?

En tant qu’entreprise internationale, notre force

Photo Eva Krins (Maison Modrne) Contenu sponsorisé par CBRE LUXEMBOURG Immobilier
30 AVRIL 2023
À la tête de CBRE Luxembourg, Frank Rosenbaum place l’humain au coeur de ses ambitions

reste notre réseau mondial (100.000 employés répartis dans plus de 500 bureaux).

CBRE Luxembourg a l’avantage d’avoir un ancrage local bien marqué grâce à ses collaborateurs actifs depuis de longues années. Nous assistons nos clients dans leur quotidien lié à l’immobilier et les accompagnons dans toutes classes d’actifs.

Notre rôle est aussi de guider les clients face aux enjeux politiques, climatiques et macroéconomiques actuels et futurs. Qu’ils soient actifs à titre privé ou professionnel, nous les servons grâce à notre vision 360° sur tous les métiers de l’immobilier : de la transaction, en passant par le conseil, l’évaluation, le design&build, jusqu’à la structuration de la dette.

Quel nouveau métier souhaitez-vous mettre en évidence en ce début d’année ?

Toujours plus conscient des enjeux sociétaux, environnementaux ou politiques sur fond de Guerre en Ukraine, de coûts énergétiques et

CBRE LUXEMBOURG EN QUELQUES CHIFFRES

2008

Ouverture des bureaux de CBRE à Luxembourg

30

Nombre de collaborateurs sur le territoire luxembourgeois

38 ans

Âge moyen des collaborateurs

60 %

Part d’employées représentée au sein du bureau

de marasme économique, le groupe a depuis longtemps compris que faire avancer les choses en matière d’ESG est devenu impératif. Nous sommes portés par la volonté de créer un impact positif pour la communauté et la planète. CBRE a adopté un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour diminuer les émissions issues de ses activités et des propriétés gérées.

L’attraction et la rétention des talents ainsi que l’inflation et le coût de l’énergie nous poussent à repenser la façon de traiter l’immobilier. Le mode de gestion du couple loyers/charges sans distinction d’un immeuble neuf ou vétuste n’est plus possible. Nous avons décidé de monter en compétence et d’innover dans nos outils de gestion, de planifier en amont les programmes d’investissement sur nos actifs sous gestion et de mener des initiatives ESG en proposant des solutions innovantes en matière de technologie et programmation.

La notion de communauté (de clients ou d’usagers) sera notre leitmotiv.

Comment ce nouveau métier complète-t-il votre offre de services ?

Nous apportons plus

de conscience et de responsabilité à notre métier car chaque décision a un impact sur le quotidien des usagers finaux et occupants. Notre expertise et celle des ingénieurs et prestataires externes doivent agir sur le bien-être des utilisateurs et leur impact environnemental et sociétal. À ce titre, notre département Property Management va apporter aux clients un regard neuf sur la gestion immobilière souvent considérée comme le mal nécessaire dans la gestion globale d’un immeuble. Nous souhaitons revaloriser ce métier grâce à de nouveaux services innovants et uniques sur le marché luxembourgeois.

Quelles sont vos ambitions et votre stratégie à la tête de l’entreprise pour les années à venir? Notre stratégie sera centrée sur l’humain, le bien-être au travail et la collectivité. Je tiens à souligner que depuis le 1er janvier, nous avons atteint un taux de 60 % de femmes ce qui est plutôt rare dans ce type de métier très masculin. Notre ambition reste la même depuis notre création : rester des experts reconnus dans nos différents métiers. Il sera important de continuer à insuffler l’esprit collectif du groupe auquel nous allons adjoindre de nouveaux talents en 2023. Comme dit le proverbe, “Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin”. Enfin, nous allons continuer à respecter les engagements RISE (Respect, Intégrité, Service et Excellence) du groupe.

SECTEURS D’ACTIVITÉS ET SERVICES DE CBRE

Bureaux

Optimisation d’implantations de bureaux, portefeuilles et structures de biens, vente de biens, évaluation ou encore commercialisation

Retail Identification d’opportunités grâce à l’intelligence des données mais aussi de changements du paysage de la distribution

Résidentiel

Investissement résidentiel, conseils en vente et optimisation, évaluation, études de marché, etc.

Industriel & Logistique

Solutions intégrées allant de l’acquisition et du financement à la cession et aux conseils stratégiques relatifs à un portefeuille immobilier

Hôtels

Conseils stratégiques et opérationnels reposant sur les informations de marché

BRAND VOICE
« Nous cherchons des solutions grâce au groupe et aux experts locaux. We see more so you can do more est notre devise. »
Frank Rosenbaum CEO de CBRE Luxembourg
AVRIL 2023 31
Pour en savoir plus, rendez-vous sur cbre.lu

« La Place, c’est un quart du PIB, mais

même pas 10 % des

Dans un contexte d’incertitudes économiques, géopolitiques et climatiques, avoir un secteur bancaire capable de soutenir l’économie est, pour le CEO de l’ABBL Jerry Grbic, indispensable. Un message qu’il souhaite faire passer en cette année électorale. Problème : le poids politique du secteur est bien inférieur à son poids économique.

32
2023 Conversation
électeurs »
AVRIL
Jerry Grbic
Pour Jerry Grbic : « La question de la réputation du banquier est un problème sur lequel nous devons nous pencher. »

2023 est une double année électorale. Quel message voulez-vous faire passer aux candidats ?

Je souhaite rappeler que notre mission est de favoriser un développement de services bancaires durables, innovants et responsables. À un moment où de nombreuses incertitudes planent, il est nécessaire d’avoir un secteur bancaire stable, qui puisse soutenir l’économie et l’aider à se transformer. En tant qu’ABBL, nous voulons faire passer ce message : n’oubliez pas l’importance du secteur financier dans notre économie. C’est 65.000 emplois, un quart du PIB et 75 % de tous les impôts directs. Pour qu’il reste attractif, il doit rester compétitif. Pour financer le développement de la Place, il faut que les investisseurs internationaux aient confiance dans le Luxembourg et continuent à investir. Mais on ne peut octroyer des crédits que lorsqu’on a une situation stable, sereine et que l’on est profitable.

Si l’on continue d’empiler des tranches de réglementation et de fiscalité qui augmentent les coûts salariaux sans augmenter la productivité, à un moment donné, on ne gagnera plus d’argent et on ne pourra plus financer l’économie.

C’est pour cela que nous appelons notamment à une réforme du système d’indexation qui, dans le contexte actuel, montre ses limites. Je crois, pour ma part, qu’il faut introduire de la progressivité dans l’index pour protéger les plus vulnérables et limiter les tranches indiciaires à une seule par an.

Le secteur financier n’a que très rarement semblé être un thème électoral porteur. Le risque est donc réel, notamment pour l’ABBL, de crier dans le vide…

Sur les 65.000 personnes qui, grosso modo, travaillent dans le secteur financier, on peut estimer qu’un bon tiers est luxembourgeois, ce n’est même pas 10% du corps électoral. Un quart du PIB et moins de 10 % du corps électoral : voilà pourquoi il est si difficile de se faire entendre. Alors, c’est vrai que nous avons de très bonnes relations avec le ministère des Finances, qui comprend très bien les enjeux, de même qu’avec la CSSF.

Mais dans la sphère politique, nous trouvons effectivement peu de relais.

Cette absence de poids politique n’est-elle pas un risque ? Sûrement, si l’on continue à ne pas se faire entendre. Mais nous y travaillons. L’ensemble du secteur financier a élaboré des revendications qui ont été partagées avec les différents partis et nous voulons garder un échange constant avec tous pour leur expliquer l’importance du secteur. Et ce, notamment en développant des statistiques, comme la valeur ajoutée produite par les employés. Dans le secteur bancaire, elle représente presque le double de celle des autres secteurs de l’économie.

À quoi attribuez-vous le fait que votre poids politique ne soit pas égal à votre poids économique ? Pensez-vous avoir une mauvaise image dans l’opinion publique qui justifierait ce peu d’intérêt de la part des politiques ?

Je crois que le problème réside avant tout dans la méconnaissance qu’a le grand public des activités bancaires. Alors que le public voit les banques d’une manière globale, l’activité bancaire au Luxembourg repose sur quatre piliers que sont la banque de détail, la banque privée, le corporate banking et la banque dépositaire. Ces deux dernières activités ont peu de visibilité. Les gens se concentrent sur le côté sulfureux de la banque privée – image qui survit à une époque révolue. Le succès de la Place est dû à de bonnes raisons : la stabilité politique et financière du pays, le sérieux du cadre réglementaire et la compétence de son écosystème.

Mais nous prenons notre part de la critique : nous ne communiquons pas assez sur tout ce que nous faisons et sur ce que cela apporte à l’économie. La question de la réputation du banquier est un problème sur lequel nous devons nous pencher.

L’actualité bancaire de la Place rime souvent avec de mauvaises nouvelles comme l’annonce de plans sociaux. L’emploi bancaire est-il condamné à décroître ?

LES DATES-CLÉS DU PARCOURS DE JERRY GRBIC

1989

Après des études à Bruxelles, Jerry Grbic commence sa carrière au sein de la BIL. En 2003, il prend en charge un portefeuille de clients « grandes entreprises » avant de se voir attribuer la responsabilité du service.

2008

Il rejoint Banque Degroof avec pour mission de développer le marché luxembourgeois.

2012

Il intègre Fortuna Banque comme directeur et est promu directeur général en 2015.

2022

Il devient le CEO de l’ABBL en remplacement d’Yves Maas qui avait repris le poste ad interim fin 2019. Sa mission : « veiller à ce que l’ABBL continue à être un partenaire pertinent et influent dans le développement du secteur financier au Luxembourg », selon Guy Hoffmann, son président.

34 AVRIL 2023
«  Il est nécessaire d’avoir un secteur bancaire stable, qui puisse soutenir l’économie. »

On ne peut pas parler de vague de plans sociaux. Ce que nous voyons, c’est que la Place reste compétitive et attractive pour les groupes internationaux. Mais avec la pression réglementaire, avoir une taille critique est primordial. Les maisons mères doivent prendre des décisions stratégiques concernant le déploiement de leurs activités. Et elles installent au Luxembourg celles qui correspondent aux points forts de la Place, soit le private banking, le corporate banking et les activités de banque dépositaire. C’est parce que nous attirons de telles activités que le produit net bancaire continue d’augmenter. Et l’emploi également, même si ce n’est pas dans la même proportion. Notamment à cause des développements technologiques. On ne peut donc par parler de perte d’activité, mais de restructuration. On constate même des pénuries de main-d’œuvre dans les secteurs-clés que sont la compliance, le risk management et l’audit.

Comment les banques luxembourgeoises vivent­elles la hausse des taux d’intérêt ?

Les banques profitent de cette hausse des taux. Principalement sur le marché interbancaire. Tout l’argent que les banques ne prêtent pas aux particuliers et aux entreprises doit être placé quelque part. Auprès d’autres établissements de crédit et auprès de la BCE. Qui désormais rémunère ces dépôts. Le métier de la banque, c’est d’un côté, gérer le risque, et de l’autre, changer les échéances. C’est la base du marché interbancaire. Et c’est sur ce marché que les banques font leurs marges plus que sur leurs activités de prêt aux personnes et aux sociétés non financières.

Les dépôts bancaires auprès de la BCE et sur le marché interbancaire permettent aujourd’hui de réaliser une marge positive, alors que la marge d’intérêt entre rémunération des dépôts et des crédits clients a atteint de nouveau des niveaux « normaux ».

Cette hausse des taux ne porte­t­elle pas en germe un risque de crise du crédit hypothécaire ?

Nous n’avons pas de boule de cristal, mais nous pensons que les taux vont continuer à monter jusqu’à l’été dans

une proportion qui sera fonction de l’évolution de l’inflation.

Ce qu’il est important de souligner, c’est que l’approche des banques luxembourgeoises sur ce marché a toujours été assez conservatrice. Le financement à 100 % d’un bien immobilier était plutôt l’exception. Avant même l’intervention du régulateur, qui craignait une bulle immobilière face à des prix immobiliers croissants soutenus par des taux bas, la limite de financement était autour de 80 % du prix du bien. C’était une question de bonne gestion du risque. Tout comme la pratique de faire des stress tests avec des taux bien supérieurs à ceux du marché lors des calculs de capacité de remboursement.

Avec cette approche conservatrice, le taux de défaut devrait être contenu. Au Luxembourg, le taux de défaut moyen des crédits non performants pour les ménages est stable à 1,4 % au premier trimestre 2022, selon le dernier rapport de stabilité financière de la BCL. Bien en dessous de la moyenne européenne. Et aussi, depuis quelques années, les prêts à taux fixe constituent les deux tiers de la production. C’est d’autant plus important que les dossiers les plus vulnérables sont les plus récents.

Les banques ont conscience du problème et renforcent le suivi de leur clientèle. Je sais que différentes banques ont fait des simulations face à l’augmentation des taux pour voir si des clients devenaient potentiellement à risque. Et elles échangent activement avec ces derniers pour prévenir tout risque, en proposant diverses possibilités de restructuration de crédit. Le risque, selon moi, est limité. Mais la hausse des taux va avoir un impact sur le secteur immobilier lui-même. C’est un nouvel environnement qui se crée, dans lequel les prix vont s’ajuster en fonction de la qualité du bien, parce que celui qui veut acheter est aujourd’hui beaucoup plus exigeant en termes de prestations (consommation d’énergie, qualité des matériaux, situation géographique, connexion aux réseaux de transport…). C’est un phénomène que l’on a observé en 2008 où, après un frein dans l’activité immobilière, le redémarrage avait été marqué par une flight to quality. Ce qui pourrait être un changement de paradigme sur le marché.

AVRIL 2023 35 ÉVOLUTION DES RECETTES FISCALES APPORTÉES PAR LE SECTEUR FINANCIER En milliards d’euros VALEUR AJOUTÉE DU SECTEUR FINANCIER En milliards d’euros L’EMPLOI DANS LE SECTEUR FINANCIER En milliers de personnes 2011 2011 2011 2016 2016 2016 2021 2021 2021 10,1 15,1 16,7 2,5 50 3,3 55,8 4,1 63,9
Sources Luxembourg for Finance et Deloitte

« Personne ne va surveiller la campagne sur internet »

L’Autorité luxembourgeoise indépendante de l’audiovisuel (Alia) est le gendarme de l’audiovisuel, chargé de la surveillance des médias. Une tâche que son président, Thierry Hoscheit, et ses collaborateurs effectuent avec un pouvoir et des moyens bien plus limités que leurs voisins européens. Même quand il s’agit de s’occuper de la surveillance médiatique des prochaines élections.

Photo GUY WOLFF Auteur JULIEN CARETTE
36 AVRIL 2023 Conversation Thierry Hoscheit
Thierry Hoscheit est accompagné de 12 collaborateurs pour ses missions de surveillance.

Quelles sont les obligations de l’Alia dans un contexte de processus électoral ?

Si l’on se réfère à la loi, nous sommes censés organiser les tables rondes qui auront lieu sur les antennes des fournisseurs ayant des obligations de service public. Mais aussi chapeauter la diffusion, dans des créneaux bien définis, des spots de campagne des différents partis sur ces mêmes antennes. Cela afin d’assurer une représentation équilibrée de tous les courants politiques. De manière que chaque électeur soit pleinement informé des idées des uns et des autres.

Le secteur privé y échappe donc totalement ?

Oui. Notre mission ne concerne que RTL Télé, RTL Radio et radio 100,7, ces trois médias ayant dans leur cahier des charges certaines obligations, dont celles de diffuser ces tables rondes et les spots électoraux. L’Alia se retrouve ainsi au milieu du jeu, entre, d’un côté, des partis politiques qui ont certains souhaits et, de l’autre, des médias qui peuvent avoir des envies différentes. Avec, en cas de divergence, la mission de trancher, tout en gardant à l’esprit que l’objectif premier est de fournir la meilleure information possible aux électeurs. C’est un rôle qui a longtemps été dévolu au Service information et presse (SIP), l’organe chargé de la communication du gouvernement luxembourgeois. Avant que l’idée émerge, en 2019, lors des élections européennes, de l’attribuer à une autorité indépendante. Un choix qui évitait alors toute discussion quant à un éventuel parti pris… On nous a donc transféré cette mission. De manière informelle dans un premier temps, en 2019, avant qu’à notre demande, tout soit coulé dans une base légale. Via la modification, en 2022, de la loi de 1991, qui encadre l’Alia et régit globalement les médias électroniques, audiovisuels et sonores.

La communication digitale prend une place de plus en plus importante dans les campagnes électorales. Qu’en est-il de son contrôle, notamment sur les réseaux sociaux ? La loi qui régit les médias électroniques au Luxembourg date de 1991. Une époque

où tout cela n’existait pas. L’Alia n’a donc tout simplement aucune compétence en la matière.

Il n’y aura donc aucune surveillance du déroulement de la campagne électorale sur internet ?

Personne ne va le faire. Fin janvier, les neuf principaux partis politiques ont scellé un accord mettant en place un code de conduite encadrant les modalités de campagne. Quelques éléments concernent la communication digitale, puisqu’ils se sont engagés, par exemple, à ne pas s’insulter sur les réseaux sociaux ou à suivre un cadre budgétaire régissant la publicité payante, dans les médias traditionnels comme sur internet. Mais il ne s’agit donc que d’autorégulation. La Commission nationale pour la protection des données (CNPD) va aussi fournir certaines lignes directrices. Mais, pour le reste, personne n’a le pouvoir d’imposer quoi que ce soit ou de sanctionner en cas de possible dérive.

On sait que le contrôle des réseaux sociaux et autres plateformes n’a rien de simple. Mais, chez nos voisins, on discerne tout de même la mise en place d’une certaine forme de coopération et la volonté de voir ces nouveaux acteurs se conformer à certains objectifs en matière de lutte contre la manipulation de l’information. Qu’en est-il chez nous ?

Il n’y a pas de contact. C’est évidemment une situation préoccupante. À partir du moment où la loi ne nous fournit pas les outils pour intervenir, que pouvons-nous faire ? Si ce n’est tenter d’avertir qu’un risque existe. Ce que nous faisons, donc. On peut évidemment se demander si une législation en la matière est indispensable. Il est vrai que, pour l’heure, aucun souci n’a été recensé, le seul fait notable étant qu’un parti (le Piratepartei, ndlr) a réussi à largement tirer profit de la digitalisation lors du dernier scrutin législatif. Mais faut-il forcément toujours attendre qu’un problème survienne pour agir ?

Le Luxembourg est donc en retard par rapport à plusieurs autres pays ?

8

Il s’agit du nombre de sanctions qui ont été prononcées par l’Alia au cours du dernier exercice connu, 2021. À savoir deux blâmes et six amendes (dont le montant maximum est fixé, pour rappel, à 25.000 euros).

Sur la même période, l’autorité a été saisie par 29 plaintes. Neuf concernaient la protection des mineurs, une seule évoquait l’incitation à la haine.

En 2021 toujours, l’Autorité luxembourgeoise indépendante de l’audiovisuel a aussi rendu 36 décisions : 26 ayant pour objet le contrôle de ce qui est diffusé par les quelque 400 chaînes sous sa supervision et 10 concernant l’accès au marché. Enfin, 14 avis ont été rendus par l’instance.

38 AVRIL 2023 Conversation Thierry Hoscheit
« Il nous arrive souvent d’avoir un train de retard. »

Oui. Des pays comme la France ou l’Allemagne font constamment évoluer leur législation. Notre pendant français, par exemple, était le CSA, mais ce dernier a récemment fusionné avec la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet (Hadopi, ndlr) pour donner naissance à l’Arcom, intégrant donc tout le volet internet. Au Luxembourg, on a peut-être tendance à manquer de perspective. Il nous arrive souvent d’avoir un train de retard pour certaines réformes. Ces dernières nous étant même généralement imposées formellement ou informellement, notamment par les instances européennes. La naissance de l’Alia en est le parfait exemple. Nous sommes nés en 2013 parce qu’une directive imposait la création d’une telle autorité indépendante. Ce qui a été fait, mais avec la mise en place d’une structure et de compétences qui, à nos yeux, ne correspondent pas à celles d’un régulateur moderne du domaine des médias audiovisuels…

De quels moyens disposez-vous concrètement ?

Nous recevons une dotation budgétaire annuelle de l’État à hauteur de 1,4 million d’euros, à laquelle on peut ajouter une dotation de 2.000 euros versée par chaque service sous notre contrôle. En termes d’effectifs, on retrouve 12 fonctionnaires à temps plein au sein de l’Alia, plus les membres du conseil d’administration, qui se réunit toutes les deux semaines. Cela peut paraître beaucoup dans l’absolu, mais, à titre de comparaison, l’Arcom dispose en France de 350 collaborateurs et le CSA belge d’une cinquantaine de personnes. Le constat est là : nos moyens sont insuffisants pour couvrir une surveillance appropriée des 400 chaînes que nous avons sous notre supervision. Qui plus est, la loi luxembourgeoise nous attribue aussi d’autres tâches, comme favoriser l’éducation de la population aux médias ou l’accès aux médias pour les personnes atteintes d’un handicap. Sans oublier, bien évidemment, les missions associées à l’obligation de coopération à l’échelle européenne avec les régulateurs des autres États membres. Nous nous devons d’assurer ces dernières

THIERRY HOSCHEIT EN TROIS DATES

1964

Né le 7 décembre à Luxembourg, Thierry Hoscheit est plus tard diplômé de l’Université de Grenoble avec un master en droit et une spécialisation en études européennes.

1990

C’est l’année de son entrée dans la magistrature. Si on excepte une période allant de 2004 à 2011 (où il occupe la présidence du Conseil de la concurrence), il y a fait toute sa carrière. Au tribunal d’arrondissement de Luxembourg, mais aussi en tant que juge de paix, président de chambre à la Cour d’appel et, depuis octobre 2022, conseiller à la Cour de cassation.

2014

Le 1er janvier, il devient le premier président de l’Autorité luxembourgeoise indépendante de l’audiovisuel (Alia). Une position qu’il occupe toujours aujourd’hui.

et nous le faisons avec plaisir. Mais nous les réalisons donc au détriment de notre travail sur le plan national, par manque de ressources financières et humaines.

Et, en temps de crise, aucune allonge financière n’est envisageable ?

Effectivement. On peut le comprendre. Après, c’est aussi une question de crédibilité. Parce que si on veut faire passer le message à l’étranger qu’on est une place intéressante sur le plan médiatique, on se doit de se doter d’un régulateur qui assure.

Pour la surveillance digitale des campagnes électorales, la solution peut-elle à nouveau venir de l’Union européenne ?

Je le pense, oui. Lors du scrutin européen de 2019, il y avait ainsi eu un accord entre la Commission et les grandes plateformes –Facebook, Twitter, TikTok, YouTube, etc. –, ces dernières s’étant engagées à mettre à disposition certaines informations favorisant la transparence en matière de financement des contenus. Un système qui a plus ou moins fonctionné. Mais, les plateformes ne semblant guère intéressées pour améliorer encore les choses de leur propre initiative, cela a mené à la rédaction d’un règlement européen – en cours d’écriture – qui devrait encadrer les prochaines élections européennes. Un texte dont on pourrait sans doute s’inspirer chez nous, afin de l’étendre, après quelques petites adaptations, à nos élections nationales.

Que fait l’Alia pour que le pluralisme et l’équilibre du temps de parole soient respectés lors du double scrutin à venir ?

Nous sommes là pour assurer un équilibre entre les différents courants politiques, mais pas au point de chronométrer tous les temps de parole, comme cela peut exister chez certains de nos voisins. À nos yeux, un tel décompte purement mathématique n’est pas une solution appropriée. On ne voudrait pas tomber dans ce qu’on pourrait qualifier de « dérive à la française », avec une vérification à la seconde près et des reportages « prétextes » qui ne sont là que pour tenter

AVRIL 2023 39

d’obtenir cette égalité formelle. Nous ne cherchons pas à être égalitaires, mais plutôt à trouver une représentation équilibrée des courants politiques. Nous sommes ainsi dans une approche davantage qualitative que quantitative. Pour nous, les programmes des émissions d’actualité doivent rester avant tout dictés par l’actualité, et non par des comptes d’apothicaire. Par ailleurs, en ce qui concerne les magazines, les interviews, les reportages ou les débats, on va regarder ce qui s’y passe. Et si nous constatons des dérives, de grosses inégalités, nous interviendrons auprès du média en question afin de demander un rééquilibrage.

Avec une sanction possible, le cas échéant ?

Oui. Même si celle-ci n’est pas, non plus, au niveau des régulateurs présents chez nos voisins. Je vais prendre un exemple. Vous avez dû voir que la chaîne française C8 avait écopé récemment d’une amende record de 3,5 millions d’euros suite à des insultes proférées par son animateur, Cyril Hanouna, envers un député. Nous avons également le pouvoir de sanctionner ce genre de paroles prononcées à l’antenne. Sauf que, pour nous, l’amende s’élève à 25.000 euros. Un montant qui peut prêter à sourire pour une chaîne de ce standing-là… De manière plus générale, lorsqu’on prend les compétences et les pouvoirs que nous confère la loi luxembourgeoise, mais aussi les moyens qui sont les nôtres, on ne tient pas la comparaison avec nos collègues présents dans les pays voisins. Et cela alors que nous avons tout de même environ 400 chaînes de télévision et quelques radios sous notre supervision. Ce qui n’est pas rien.

Sur des élections comme celles qui se profilent, l’Alia aimerait-elle pouvoir exercer un contrôle accru, à l’image de ce que l’Arcom peut faire en France, par exemple ?

Cela dépend de ce que vous entendez par « contrôle accru ». En termes de durée, la mission de l’Arcom s’étale, par exemple, sur une période bien plus longue que celle de la campagne électorale telle qu’elle se déroule au Luxembourg (à savoir quatre semaines pour les communales de juin et

cinq semaines pour les législatives d’octobre, ndlr). Si vous me demandez si l’Alia a envie de voir son travail lors des élections prolongé dans le temps, je vous répondrai que nous n’avons pas d’avis tranché sur le sujet. Nous avons déjà soulevé cette question et tenté de provoquer le débat. Et, aujourd’hui, nous considérons que c’est au pouvoir politique de décider. Si on parle, par contre, d’une extension en termes de médias à suivre, là, nous avons une position arrêtée. Nous aimerions, en effet, que notre mission soit élargie et ne s’arrête plus aux seuls médias de service public. Parce qu’à côté, il existe beaucoup d’autres acteurs sur le plan national, avec de nombreuses télévisions et radios locales ou communales. Des médias pour lesquels il faudrait également pouvoir vérifier qu’il existe un équilibre entre les différents courants politiques sur leurs antennes.

Mais l’État ne semble guère avoir envie de changer la loi s’il n’est pas sollicité en ce sens par une instance supérieure… Oui, mais le vent a peut-être tourné. À travers les discussions que nous avons eues avec le ministère d’État, nous avons cru comprendre que s’il ne souhaitait pas effectuer des changements au coup par coup en ce qui concerne la loi de 1991, il envisageait, en revanche, une réforme globale durant la prochaine législature.

Avec le risque de voir un changement de majorité politique en octobre prochain… Effectivement. Mais, quoi qu’il arrive, moderniser cette loi demandera du temps.

DES CAMPAGNES

BIEN PLUS DIGITALES

Si aucun des grands partis ne peut encore avancer avec certitude la part que le marketing digital prendra dans son budget communication en vue des prochains rendez-vous électoraux, un enseignement peut déjà être tiré : jamais celle-ci n’aura été aussi importante. « Lors des dernières législatives, en 2018, notre communication sur internet était relativement limitée. Cette fois, cela va changer du tout au tout », confessait ainsi Claude Wiseler, le coprésident du CSV.

Dans les rangs du DP, Lex Delles, son président, parle aussi d’une « augmentation claire ». Tandis que le LSAP et les Pirates évoquent – par l’entremise, respectivement, du coprésident Dan Biancalana et du député Sven Clement – la possibilité que la communication digitale représente 50 % du budget communication du parti.

40 AVRIL 2023
« On ne voudrait pas tomber dans une ‘dérive à la française.’ »
Conversation Thierry Hoscheit

TABLE RONDE 2/4

Élections législatives 2023

ÉCONOMIE : COMPÉTITIVITÉ ET DÉVELOPPEMENT DURABLE :

QUELLES

ENTREPRISES POUR LE LUXEMBOURG ?

Le secteur financier constitue encore l’activité principale du Luxembourg. Cependant, les gouvernements successifs s’efforcent de diversifier l’économie. Quelles entreprises le Grand-

06 juin

2023 18:30

PwC - Crystal Park

2, rue Gerhard Mercator

L-2182 Luxembourg

Duché veut-il attirer ? Lesquelles faut-il attirer ?

Sur quels critères faut-il sélectionner les entreprises qui composeront le paysage économique de demain ? Quel devrait être leur impact ?

A  B  C  E  D
Inscriptions sur paperjam.lu/club
REAL-TIME TRANSLATION
21:30
E FRANÇOIS BENOY (déi Gréng) C FRANZ FAYOT (LSAP) A GARY DIEDERICH (déi Lénk) B FRED KEUP (ADR) D LEX DELLES (DP)

« Le zoo devra être rentable en 2025-2026 »

Endetté à hauteur de plus de 50 millions d’euros, le zoo d’Amnéville, l’un des plus grands en Europe, a été très proche de la faillite. Trois ans après sa reprise par le fonds d’investissement Prudentia Capital, il s’est restructuré et a retrouvé de nouvelles ambitions. Avec un objectif de rentabilité dans les toutes prochaines années. Entretien avec Albane Pillaire, directrice du zoo.

Photo
GUY WOLFF Interview IOANNA SCHIMIZZI ET NICOLAS LÉONARD
42 AVRIL 2023 Conversation Albane Pillaire
Albane Pillaire et son équipe gèrent au quotidien plus de 2.000 animaux au sein du zoo.

Le zoo d’Amnéville, phare touristique dans la Grande Région, a été placé par deux fois en redressement judiciaire et a échappé sur le fil à une faillite pure et simple. Quelle est votre situation financière actuelle ?

Le zoo avait une dette de 53 millions d’euros. Lors de la reprise, un plan de continuation a été mis en place par la justice. On est à mi-parcours de ce plan, avec un remboursement annuel progressif de tous les encours du plan. Cette année, par exemple, nous remboursons environ un million d’euros. Le montant total que nous devions rembourser sur la dette initiale se situe à 14 millions d’euros. Il nous reste quatre ou cinq ans de remboursements à honorer.

La prudence reste de mise. Le malade va mieux, mais il n’est pas encore guéri ?

Nous restons en effet très prudents, car nous avons rencontré quelques accidents de parcours : le Covid, les différents confinements, le pass sanitaire qui a ensuite freiné la reprise de la fréquentation…

L’activité est aussi très dépendante de la météo. Ensuite sont arrivées la crise énergétique et l’inflation. On achetait en 2021 l’électricité autour de 90 euros le mégawattheure, contre 249 euros en 2022. Le prix de la nourriture pour les animaux est aussi en très forte augmentation.

Néanmoins, la première partie de votre feuille de mission a été réussie… Ma mission en arrivant était de structurer et de développer le zoo, d’avoir une organisation plus adaptée, de développer une politique d’achat… Tout cela a été mis en place et a amélioré les conditions d’exploitation. Mais, dans l’autre plateau de la balance, on a les nombreux surcoûts.

Le fonds d’investissement Prudentia Capital est le propriétaire des lieux depuis janvier 2020. Cet actionnaire ne s’est jamais découragé ?

Prudentia Capital est l’actionnaire principal, à hauteur de 80 % (Michel Louis, l’ancien propriétaire et fondateur, conserve 20 % des parts du parc et a toujours un rôle de conseil sur la collection animalière, ndlr), et reste impliqué et investi. L’ADN de Prudentia Capital est de soutenir les PME

qui ont des ambitions de rayonnement européen, ce qui est le cas de notre zoo, et c’est donc une grande chance. Nous avons un produit bien implanté, avec sa collection animalière et la compétence de ses équipes, qui sont indiscutables.

Un objectif de rentabilité a-t-il été fixé ? Par rapport aux années que l’on vient de vivre, 2023 est l’année où tout doit redémarrer de la manière la plus normale possible. Les investisseurs estiment que le travail de structuration a pu se faire même si les rentrées financières ne sont pas celles attendues. L’objectif est d’atteindre la rentabilité en 2025-2026. C’est ce à quoi nous nous employons au quotidien.

Quel est le budget annuel de fonctionnement ?

Nous sommes au-delà de 10 millions d’euros de budget.

Comment se ventilent vos principales charges ?

Notre principal poste de dépense, c’est évidemment le personnel : nous avons une centaine de personnes permanentes à l’année, dont la moitié est dédiée aux animaux. Et une cinquantaine de saisonniers sont aussi recrutés chaque été. Ensuite viennent les soins et l’alimentation animale. Puis les charges techniques de fonctionnement, avec des coûts qui explosent. Ne serait-ce qu’au niveau de l’énergie, qui auparavant représentait un budget de 500.000 euros, et qui nous coûte aujourd’hui 1,2 million d’euros.

À combien s’élève le chiffre d’affaires de 2022 ?

Il a dépassé les 10 millions d’euros, mais le seuil d’amortissement n’est pas atteint, comme expliqué.

Quelle a été la fréquentation du zoo cette même année ?

Nous avons dépassé, en 2022, les chiffres de 2019, qui était notre dernière année comparable, avec 356.000 visiteurs, contre 338.000 en 2019. Sachant que l’année 2022 était très compliquée puisqu’on a eu la canicule, la guerre en Ukraine, etc. Le zoo d’Amnéville est taillé pour accueillir au minimum 450.000 visiteurs par an, et c’est

44 AVRIL 2023 Conversation
Pillaire
« On achetait en 2021 l’électricité autour de 90 euros le mégawattheure, contre 249 euros en 2022. »
Albane

donc cela que nous visons, pour 13 à 14 millions d’euros de chiffre d’affaires.

C’est ce qui vous a amené à diversifier votre offre et proposer le festival Luminescences ?

Luminescences fait clairement partie de la stratégie de saisonnaliser le zoo et de « dérisquer » l’activité. On ne peut pas tout miser sur six semaines d’activité lors desquelles, potentiellement, la météo peut être très défavorable. Grâce à Luminescences, on a eu des fréquentations hors norme sur le mois de février 2022, en passant de 9.000 visiteurs – ce qui était déjà beaucoup – à 19.000 cette année pour le même mois. On vise les 100.000 visiteurs sur la période hivernale alors que, normalement, nous sommes plutôt à 20.000 ou 30.000 en hiver. Cela dit tout.

Vous êtes arrivée en avril 2021 d’un univers très différent de celui du zoo d’Amnéville ?

Oui, j’arrivais de Strasbourg, où j’étais directrice générale de Strasbourg Événements, filiale de GL Events. C’est un univers qui a l’air très différent à première vue, parce qu’ici on est sur un objet orienté grand public, alors que les équipements que je dirigeais auparavant étaient plutôt « professionnels ». Il y a en plus la dimension animalière qui est évidente, mais après presque deux ans de fonction à Amnéville, je peux dire qu’il y a finalement beaucoup de points communs : nous nous situons sur des établissements recevant du public, il y a donc de nombreuses incidences sur la gestion, la sécurité des personnes, des biens. Une autre dimension est importante : je reste sur un équipement qui a un réel impact sur son territoire.

Michel Louis, l’ancien propriétaire, disait qu’il était impératif de proposer régulièrement des nouveautés.

Votre stratégie n’est pas la même ?

Proposer des nouveautés, cela reste une mécanique que le public et les médias nous imposent, et Michel Louis avait raison sur ce point. Par contre, il faut le faire de manière responsable. À une époque, le zoo était dans une ascension à tous les points de vue – collection, visiteurs, réputation… – et les banques suivaient sans

trop rechigner. Mais aujourd’hui, cette confiance est plus qu’éraflée. Lorsqu’en 2016, après l’investissement très important pour Tiger World (20 millions d’euros, ndlr), Michel Louis a demandé à réétaler la dette, les banques ont dit non. Et cela a précipité le zoo dans les difficultés.

Tiger World avait même valu au zoo de perdre le label EAZA (European Association of Zoos and Aquaria), se retrouvant exclu de la grande famille des zoos européens. Il a fallu travailler à rétablir cette image et récupérer le label ?

C’était plus qu’un travail d’image. Tiger World, même si cela partait d’un noble sentiment, a causé aussi une fracture interne. Tout le monde n’était pas pour, dans l’équipe. En développant un spectacle de ce genre au sein d’un zoo dont les buts étaient l’éducation, la conservation et la reproduction, une ligne rouge était franchie.

Les équipes avaient été très peu consultées quant à ce projet. Votre management est plus collaboratif ? Il y avait effectivement auparavant un fondateur qui était l’unique décideur, ce qui correspond à une manière de faire à une certaine époque. C’est confortable pour les équipes quand les décisions prises vous conviennent, moins quand ça ne va pas. J’ai donc engagé un gros travail au niveau du management, des formations ont été proposées à tous les niveaux. La transparence est plus grande. Avant, les équipes ne voyaient jamais aucun chiffre, mais elles sont pourtant très intéressées par l’actualité de l’entreprise.

Autre exemple de la nouvelle dynamique insufflée : le visiteur pourra bientôt loger dans le zoo… Nous avons la chance d’avoir trois hectares disponibles en réserve foncière et nous avons donc pris la décision de nous lancer sur ce segment hôtelier. Nous sommes dans les phases d’étude pour un premier jalon de six grandes chambres dans un écolodge, avec une vue exclusive sur les tigres. Un investissement de l’ordre de 3 à 4 millions, avec une ouverture attendue à l’été 2024. On imagine proposer de 30 à 40 logements en 2026.

BIO EXPRESS

Originaire de Dordogne, passée par Bordeaux, Lyon et Strasbourg, Albane Pillaire, 44 ans, est spécialiste des aménagements du territoire et de développement touristique, et elle occupe depuis le 19 avril 2021 le poste de directrice du zoo d’Amnéville.

Formation

Après un BTS tourisme obtenu en Gascogne, Albane Pillaire poursuit ses études à l’université Bordeaux Montaigne, entre autres dans les domaines de l’aménagement, de l’urbanisme et du développement territorial.

AVRIL 2023 45

« On ne peut pas séparer économie et morale »

Augustin Landier, économiste et professeur de finance à HEC Paris, sera l’un des intervenants de la Journée de l’économie. Il est le coauteur de l’ouvrage Le Prix de nos valeurs.

Photo HERVÉ THOUROUDE Interview IOANNA SCHIMIZZI
46 AVRIL 2023 Conversation Augustin Landier

Les recherches d’Augustin Landier portent, entre autres, sur l’économie comportementale, la théorie des organisations ou l’économie bancaire.

L’ouvrage que vous avez coécrit avec David Thesmar, Le Prix de nos valeurs, a été publié début 2022, quelques semaines avant le début de la guerre en Ukraine. Si vous deviez le publier aujourd’hui, serait-il différent ?

Ce qui est intéressant, c’est que nous sommes en train d’écrire la version américaine justement, qui va inclure des développements un peu plus liés aux questions que la guerre en Ukraine a posées. Notamment sur l’aspect géopolitique, mais aussi les implications sur les marchés de l’énergie qui ont mis en lumière le fait qu’il y a bien des arbitrages à faire et que la population n’est pas prête à aller trop loin dans ces arbitrages.

La guerre en Ukraine fournit donc de nombreux exemples à votre réflexion et à votre analyse ?

Oui, des exemples qui touchent à la fois à la géopolitique et à l’environnement, et à la compréhension que les valeurs ne sont pas partagées à travers le globe de manière uniforme. Il y a bien des valeurs qui dépendent de la géographie.

Dans votre livre, vous expliquez notamment qu’il faut accepter que les choix effectués par les citoyens n’aillent pas toujours dans le sens de l’efficacité économique. Diriez-vous que cet arbitrage s’est accentué du fait de la guerre en Ukraine et de ses conséquences ?

Oui, tout à fait. Nous avons publié ce livre durant la campagne présidentielle française, à une époque où les idées de souveraineté sentaient un peu le soufre. Traditionnellement, ce thème ne faisait pas partie des politiques un peu centristes. Or, le thème de la souveraineté et de l’enjeu stratégique autour de la souveraineté est effectivement devenu courant et naturel dans le débat actuel.

Avez-vous l’impression que les économistes ne sont pas forcément entendus et écoutés quelquefois, quand vous dites qu’il y a un fossé sur certains sujets entre leur point de vue et celui de la population ?

Pour moi, notre livre correspond à une démarche qui est plutôt inverse : s’il y a

un fossé qui se creuse entre nos préconisations et ce que la population juge raisonnable, et si cette situation se répète, cela signifie plutôt que c’est à nous de faire un examen de ce qu’il nous manque pour appréhender les préférences de la population. Donc le message du livre est de dire que les préférences d’une population sur les grands débats politiques peuvent être plus subtiles que ce que nous, économistes, cherchons à utiliser pour la décrire, en particulier dans le conseil aux politiques publiques.

On le voit même au niveau des habitudes de consommation : beaucoup voudraient pouvoir consommer local et bio, mais en pratique, cela coûte cher… Je pense que l’idéalisme moral est un produit de luxe en quelque sorte. Plus on est aisé, plus on peut se permettre d’investir dans des décisions où on fait des efforts pour améliorer l’empreinte carbone ou morale que l’on a. Mais je pense que la situation présente montre bien que l’on ne peut pas se permettre de séparer économie et morale, les deux sujets sont plus imbriqués que jamais. Par ailleurs, je ne pense pas que les gens oublient complètement le fait que le climat ou la biodiversité sont des sujets importants. Si la morale devient trop coûteuse pour la population, le débat ne sera pas possible.

Sur le thème des valeurs, vous expliquez également que les personnes qui manifestent, par exemple en France contre la réforme des retraites, ne sont pas contre le fait de travailler ? L’Institut Montaigne a récemment publié une étude sur le sujet qui était intéressante et qui montre que le rapport au travail des personnes n’a pas tellement changé avec le Covid. Ainsi, toutes les idées de grande démission, d’une population devenue indolente ne se retrouvent pas vraiment. Dans les modèles d’économie que l’on utilise pour faire de l’évaluation de politique publique, nous faisons ce constat : si vous aviez un travail avec un salaire, que ce travail était supprimé, mais que l’on vous versait une pension équivalente au salaire que vous receviez, ce serait au final un désastre

BIO EXPRESS

Parcours

Augustin Landier est actuellement professeur de finance à HEC Paris. Docteur en économie du Massachusetts Institute of Technology (MIT), Augustin Landier a notamment enseigné à la New York University (2004-2009), et a été chercheur résident au FMI (2009). Entre 2009 et 2016, il a été membre du Conseil d’analyse économique, organe qui conseille le Premier ministre français.

Diverses publications

Ses recherches portent entre autres sur l’économie comportementale, la théorie des organisations ou l’économie bancaire. Il a reçu le Prix du meilleur jeune économiste en 2014 et a notamment publié avec David Thesmar Le Prix de nos valeurs (Flammarion 2022).

« Si la morale devient trop coûteuse pour la population, le débat ne sera pas possible. »
48 AVRIL 2023 Conversation Augustin Landier
TEMPS DE PRÉSENCE • PLANNING DU PERSONNEL GESTION D’ABSENCES • SUIVI DU TÉLÉTRAVAIL 92, route d’Arlon | L-8311 Capellen +352 4938 72-1 | info@dsk.lu www.dsk.lu 15.04.11.09.23 Suzanne Valadon Suzanne Valadon,  Nu allongé 1928 –huile sur toile, 60 × 80,6 cm –New York, The Metropolitan Museum of Art © Robert Lehman Collection, 1975 Un monde à soi

Conversation Augustin Landier

psychique et social pour les personnes concernées. Les chèques ne remplacent pas du tout l’intégration du travail. Alors que nos modèles, typiquement, considèrent que vous devriez être content, puisque vous auriez la même chose, mais sans travailler.

Et comment pouvons-nous nous assurer, dans ce contexte, que nos économies restent stables et sereines tout en maintenant nos valeurs ?

Je ne suis pas un grand pessimiste. En un sens, nous n’avons jamais été aussi riches qu’aujourd’hui, on vit une période très enthousiasmante, avec un retour des questions technologiques, de l’innovation.

Malgré le contexte géopolitique et énergétique tendu actuellement ?

Je pense que ce que montrent ces 15 derniers mois, c’est que la capacité de cicatrisation, en quelque sorte, du tissu économique est toujours un peu supérieure à ce que l’on anticipe. On passe toujours par ces différentes phases quand il y a un choc tel que le début de la guerre en Ukraine : d’abord, la phase de déni du problème, puis une phase d’adaptation où nous sommes souvent surpris par la capacité de la société à s’adapter. On voit bien qu’on a finalement réussi à passer le cap d’une meilleure manière que ce que l’on anticipait quand tout le monde s’inquiétait d’un possible risque de coupure d’électricité en France.

Vous dites aussi que le mythe de la mondialisation heureuse est fini. Pour quelles raisons ?

Il y a eu beaucoup d’enthousiasme pour la globalisation, ce qui était en phase avec l’idée que l’ouverture des frontières est plutôt une bonne chose, qui permet à chacun de se spécialiser dans ses avantages comparatifs, et aux populations les plus pauvres – la Chine est l’exemple le plus évident – de s’élever rapidement vers des niveaux de vie qui se rapprochent de ceux des pays plus riches. Ce que l’on n’avait en revanche pas vu, c’est la très forte dislocation sociale et politique que cela pouvait induire dans les pays développés. Ce phénomène de la désindustrialisation, qui a été en partie lié à cette

globalisation, au fait qu’il a été plus attractif et facile de produire ailleurs, a provoqué un très grand ressentiment de la part d’une partie de la classe moyenne, qui s’est soudainement sentie complètement abandonnée. Et il est vrai aussi que la combinaison du Covid et de la guerre en Ukraine a conduit les entreprises à repenser, dans leur risk management de la chaîne de valeur, le fait qu’il fallait être bien diversifié, ne pas être trop dépendant d’un seul pays ou d’un seul bloc géopolitique.

Concernant le Luxembourg, quelle vision avez-vous de son économie ? Je connais le Luxembourg essentiellement comme l’une des capitales de la finance européenne, et comme un lieu qui est, par nature, assez international et donc très axé sur l’économie globale. Je dois encore mettre à jour mes connaissances pour ma venue prochaine à la Journée de l’économie, mais ce que je crois, c’est que le branchement sur l’économie financière, et en particulier la gestion d’actifs, me semble être un bon pari de la part d’un pays comme le Luxembourg. En effet, toutes les classes moyennes vont continuer d’épargner, et le vieillissement de la population fait que l’épargne totale en Europe va continuer à augmenter puisque beaucoup auront des compléments de retraite basés sur leur épargne personnelle. Cela porte donc à croire que l’industrie de la gestion d’actifs va continuer à être bien portante et à plutôt s’européaniser.

Au Luxembourg, les salaires sont indexés sur l’inflation. Que pensez-vous de ce modèle ? Je pense que, pour un petit pays, c’est tout à fait praticable, mais pour de plus gros pays, ça peut poser des problèmes de stabilité monétaire et de surchauffe qui pourraient être générés par des boucles prix-salaire. Mais dans un pays de taille réduite, les effets sur les prix vont être plus restreints parce qu’au fond, le prix des biens est modéré en quelque sorte par le fait qu’il ne doit pas être trop éloigné du prix des biens dans les pays voisins. Mais plus le pays est grand, plus ses forces de rappel sont faibles. En France, au contraire, nous avons des salaires qui traînent par rapport à l’inflation.

LA JOURNÉE DE L’ÉCONOMIE

Le ministère luxembourgeois de l’Économie, la Chambre de commerce du Luxembourg et la Fedil, en coopération avec PwC Luxembourg, organisent la prochaine Journée de l’économie à la Chambre de commerce le lundi 17 avril 2023, de 14 h 00 à 17 h 30. Événement annuel

Comme chaque année, cet événement réunira des économistes, des membres du gouvernement luxembourgeois ainsi que de nombreux représentants du secteur privé pour échanger sur la conjoncture économique actuelle, les mesures à envisager et changements potentiels (drastiques) à apporter. Entre autres conférenciers, seront présents sur scène : André Sapir, François Heisbourg, et Augustin Landier.

LE PRIX DE NOS VALEURS

Cet ouvrage de 272 pages, publié en janvier 2022 chez Flammarion, sous-titré « Quand nos idéaux se heurtent à nos désirs matériels », a été coécrit avec l’économiste David Thesmar. Il propose d’intégrer la dimension non pécuniaire de nos vies (la liberté, l’identité, l’altruisme, la justice, la culture...) à l’analyse économique. À partir d’une vaste enquête internationale, à laquelle le lecteur peut lui aussi participer, il cartographie les préférences qui sont déterminantes pour comprendre comment tranchent les citoyens.

50 AVRIL 2023

Elvinger Hoss Prussen, avocats du domaine spatial

EHP représentera une entreprise Luxembourgeoise à l’occasion d’une mission lunaire qui démontrera la possibilité pour une personne morale de s’approprier des ressources spatiales.

Cette collaboration marque l’apogée d’une démarche préexistante du cabinet de s’ouvrir aux start-ups et entreprises de la Fin Tech et du domaine spatial de plus en plus présentes au Luxembourg.

En peu de temps le Luxembourg a su se doter d’un cadre juridique ambitieux dans le domaine de l’exploitation des ressources spatiales. Il a été le deuxième pays au monde à édicter une loi octroyant le droit à une personne morale de détenir un droit de propriété sur des ressources spatiales et a récemment ratifié les Accords Artémis qui établissent un cadre de coopération dans l’exploration et l’utilisation de la Lune. L’effort mis sur le développement du secteur spatial ces dernières années a été couronné d’un franc succès et EHP a observé l’émergence d’une demande pour des avocats spécialisés dans le domaine.

EHP est capable d’accompagner ces clients aux besoins particuliers durant toutes les étapes de la vie de leur entreprise. L’Etude se spécialise sur toute la chaine de valeur, allant de la création de leurs structures, à la protection de leur propriété intellectuelle, en passant par des questions portant sur le financement, le droit du travail, un rachat ou encore une liquidation. EHP est également en mesure de conseiller sur des questions plus spécifiques de droit des activités spatiales. Depuis la création du premier fonds d’investissement au Luxembourg, le cabinet conserve sa réputation de pionnier en diversifiant son activité aux nouveaux secteurs de l’économie luxembourgeoise. Vous pourrez retrouver EHP au Summer Space Festival les 5 et 6 Mai 2023.

EN_SAVOIR_PLUS KARL PARDAENS Partner t. +352 446644 5368 karlpardaens@elvingerhoss.lu PARTNER CONTENT
Karl Pardaens, Partner et Tiffany Rose, Associate Photo Sophie Margue

« L’emprunt n’est qu’une source de financement subsidiaire »

Rouage essentiel de la machinerie budgétaire, la Trésorerie de l’État reste une administration méconnue à l’image vieillotte. Sans doute imméritée, car elle demeure un élément capital. Explication avec Bob Kieffer, directeur du Trésor.

Photo MATIC ZORMAN
52 AVRIL 2023 Conversation
Bob Kieffer est, depuis le 1er juillet 2019, le directeur du Trésor, également appelé Trésorerie de l’État.

Comment pourriez-vous définir ce qu’est l’administration du Trésor ?

Je dirais que le Trésor est, d’une certaine manière, une banque interne à l’État. Nous sommes en charge des paiements, de la centralisation des recettes et de la gestion des liquidités, donc de la gestion de la dette. À ce titre, nous maintenons le dialogue avec les agences de notation. À côté de ces missions principales, nous tenons le registre des participations, le registre des garanties et nous sommes responsables de la comptabilité générale de l’État. Et nous avons en notre sein une entité distincte, mais bien intégrée, qui est la Caisse de consignation. Depuis les récentes lois sur les comptes dormants et la création du bureau de gestion des avoirs saisis, ses missions se sont encore élargies.

Quelle est votre contribution directe à la gestion des finances publiques ?

Nous travaillons étroitement avec le ministère des Finances et l’Inspection générale des finances (IGF). Opérationnellement, nous sommes plus en bout de chaîne, dans l’exécution, et moins dans la conception. La Trésorerie y contribue et conseille, mais notre rôle principal reste celui de gestionnaire des fonds et des participations. Pour ces dernières, il s’agit d’une gestion comptable. Les décisions et orientations politiques sont prises au niveau des ministères de tutelle.

Le contexte actuel de polycrises fait que vous êtes beaucoup sollicités. Du moins, plus que d’habitude. Cela a-t-il eu un impact sur votre mode de fonctionnement ?

Oui. Le contexte a fait que le besoin de liquidités a été plus élevé. Il a fallu suivre les marchés de manière plus rapprochée et agir proactivement. En même temps, de nouvelles tâches ont été confiées à la Trésorerie, comme la gestion des prêts garantis par l’État. Si le métier reste le même, les choses se complexifient et les cadences s’accélèrent. Pour faire face à ces défis, nous misons sur l’évolution des outils et donc la digitalisation. Par exemple, pour la mise en œuvre de la loi sur les comptes dormants, nous avons opté pour le toutnumérique et nous avons développé toute

une chaîne de traitement digital pour ne pas toucher au papier. Pour assurer ces nombreuses tâches, nous avons recruté du personnel supplémentaire, des profils pointus. La Trésorerie compte aujourd’hui une trentaine d’agents.

Quelles sont les raisons pour lesquelles un pays reconnu pour ses finances publiques saines recourt à l’emprunt ?

C’est très simple : le budget de l’État prévoit des recettes et des dépenses. Et quand il n’y a pas assez de recettes pour faire face à toutes les dépenses, il faut des emprunts pour couvrir ce delta. La seconde raison pour laquelle on emprunte est pour refinancer les emprunts venant à échéance. L’alternative serait de procéder à des remboursements. Mais cela supposerait d’importants surplus budgétaires. Pour ce qui est du dernier emprunt émis en février pour 3 milliards d’euros, il servira en partie à refinancer un emprunt de 2 milliards d’euros, contracté en 2013, qui lui-même a refinancé celui émis lors de la crise de 2008. L’échéance est en juillet, mais il nous a semblé opportun, au regard de l’évolution des marchés, d’agir par anticipation, quitte à nous placer temporairement en position de surliquidité. C’est l’illustration d’une gestion active, qui nous permet d’avoir une dette à un taux d’intérêt moyen pondéré de 0,828 %, ce qui représente quand même un niveau assez bas.

L’emprunt est-il en train de devenir un mode de financement de l’État comme un autre ? Est-ce sain ? Depuis une décennie, le Luxembourg est devenu progressivement un émetteur régulier. Mais l’emprunt n’est qu’une source de financement subsidiaire. La principale source est celle des recettes fiscales. L’emprunt ne peut jamais être la principale source de financement d’un État, mais quand il est utilisé comme un outil pour financer des projets d’investissement, c’est de la gestion saine, pourvu que le niveau de la dette reste soutenable.

Une autre alternative à l’emprunt pourrait-elle être trouvée dans une gestion active des participations de l’État ?

LES PARTICIPATIONS DE L’ÉTAT

L’État détient actuellement des participations dans 135 entités.

12 sont des institutions financières internationales, dont les plus connues sont le Fonds monétaire international (FMI), la Banque européenne d’investissement (BEI) et le Mécanisme européen de stabilité (MES).

80 sont des personnes morales de droit public, dont la Banque centrale du Luxembourg, Spuerkeess, le Commissariat aux assurances, la Commission de surveillance du secteur financier, l’Institut luxembourgeois de régulation, mais aussi la Rockhal et la Coque.

43 sont des sociétés de droit privé. Dans cette catégorie, on trouve 5 entreprises cotées (Aperam, ArcelorMittal, BNP Paribas, SES et la SEO) et 38 non cotées (dont BGL BNP Paribas, la BIL, Luxair, Cargolux, Creos, Luxair, LuxTrust, LuxTram ou encore la Société nationale de circulation automobile).

La liste détaillée de toutes les participations se trouve sur le site de la Trésorerie de l’État (www.tresorerie.public.lu/fr/ participations.html).

197,9 mios

C’est la somme encaissée en 2022 au titre des revenus des participations de l’État. Ce montant était de 270,8 millions en 2021.

54 AVRIL 2023 Conversation Bob Kieffer

Le portefeuille des participations luxembourgeoises ne se prête guère à une gestion active. La plupart des participations que nous avons ne sont juste pas liquides. Nous avons grosso modo deux types d’entreprises dans ce portefeuille. D’abord, ce que j’appellerais des infrastructures au sens large, comme les fournisseurs d’électricité, de gaz, de transport ou encore l’aéroport. L’État les détient pour des raisons stratégiques. L’objectif premier n’est pas le rendement, mais d’assurer des services, et il me semble difficilement envisageable de céder ces sociétés. La seconde catégorie, ce sont des participations acquises dans des circonstances historiques particulières, notamment dans le secteur financier. Il est vrai qu’au moment où l’État a pris ces participations, il avait été indiqué qu’il n’était pas nécessairement parti pour rester actionnaire pour une durée indéterminée. Cela dit, pour l’instant, il n’existe aucun plan concret pour les mettre sur le marché. Ce sont des investissements plutôt rentables qui nous paient également des dividendes, ce qui est quand même intéressant du point de vue budgétaire. Pour certains États, vendre des participations peut être une manière de réduire la dette, mais en même temps, on se prive alors d’un levier économique dont on dispose lorsque l’on a ces sociétés dans son portefeuille. Au Luxembourg, vu notre situation financière, cette question ne se pose actuellement pas.

À qui le Luxembourg vend-il sa dette publique ?

Typiquement, et cela s’est encore vérifié avec notre dernière émission obligataire, les souscripteurs sont des institutionnels : banques, fonds d’investissement, assurances et organismes publics nationaux et supranationaux. Et, pour la plus grande majorité, ce sont des institutions issues de la zone euro.

Pourrait-on imaginer placer un emprunt auprès des nationaux ou des résidents ?

Cela a été le cas en 2008. Mais il se trouve que d’un point de vue pratique, s’adresser à des institutionnels nous offre plus de flexibilité. Et, de manière générale, on

peut probablement obtenir des conditions plus intéressantes pour l’État quand on s’adresse à des institutionnels plutôt qu’à des particuliers. C’était particulièrement vrai ces derniers temps, lorsque les taux étaient négatifs. Il ne faut pas non plus surestimer le réservoir des investisseurs individuels luxembourgeois qui voudraient placer leur argent sur des durées assez importantes, puisque nous émettons des obligations aujourd’hui à 5 ans, 7 ans, 10 ans, voire 20 ans, ce qui est assez long pour un individu. Si ce marché existe, il est quand même plus limité que ce que l’on peut sans doute imaginer.

STRUCTURE DE LA DETTE DE L’ÉTAT (au 28 février 2023)

0,828 %

Taux moyen pondéré

6 ans et 108 j.

Durée moyenne

19,55 %

Ratio dette/PIB

AVRIL 2023 55
Selon Bob Kieffer, le Trésor est, pour le gouvernement, un outil qui contribue à gérer les crises qui s’accumulent ces derniers temps. Photo Matic Zorman

Un acteur local devenu référence internationale

HITEC Luxembourg a acquis une grande renommée internationale dans le secteur spatial. Une expertise qui s’est construite pas à pas, au départ du Luxembourg et en collaboration avec des acteurs nationaux et internationaux.

Ce n’est un secret pour personne : le Luxembourg a fait du spatial l’un des axes de développement de son économie. Si la création de la Luxembourg Space Agency (LSA) est récente (2018), de nombreux acteurs ont investi ce secteur d’activité depuis de nombreuses années, devenant des références au niveau mondial. C’est notamment

HITEC EN QUELQUES DATES

le cas de SES, fournisseur de services de télécommunications par satellite fondé en 1985. « Nous avons commencé à travailler dans le domaine de l’espace il y a 20 ans, en collaboration avec ce précurseur luxembourgeois, se souvient Yves Elsen, Managing Partner et CEO de HITEC Luxembourg. Notre société a toutefois été fondée bien

1986

Fondation de HITEC Luxembourg, avec une première spécialisation dans la conception d’appareils de mesure des propriétés physiques.

avant, en 1986, et a commencé par produire des équipements de mesure des propriétés physiques des matériaux. Nous nous sommes ensuite diversifiés dans d’autres secteurs (lire ci­contre, ndlr). Aujourd’hui encore, nous conservons ces différentes activités qui nous permettent de lisser notre travail à travers les fluctuations potentielles que nous pouvons rencontrer dans les différents domaines– l’activité dans le secteur spatial étant cyclique – mais aussi d’offrir à nos ingénieurs un travail plus diversifié. »

L’importance de l’ESA et de la LSA

C’est toutefois bien dans le domaine spatial que HITEC Luxembourg

2001

La société se lance dans l’aventure spatiale, comme 3e segment d'activité, commençant par collaborer avec SES.

a acquis, en l’espace de quelques années, une renommée considérable. Travaillant dans un premier temps sur des sous­systèmes de satellites (électricité,

2009

HITEC Luxembourg conçoit ses deux premières stations de télémétrie et de contrôle dans le cadre du projet européen Galileo.

Photos Marie Russillo (Maison Moderne), HITEC Contenu sponsorisé par HITEC Industrie spatiale
« Contrôler et mesurer les différents paramètres d’un satellite sont des éléments cruciaux. »
Philippe Osch COO de HITEC Luxembourg
56 AVRIL 2023

2012

La société participe à la création de Emergency.lu, une plateforme mobile permettant de rétablir les communications après une catastrophe.

contrôle à distance, etc.), la société a gagné en maturité au fil des ans pour proposer des modules complets, répondant précisément aux besoins des clients. « Nous sommes spécialisés dans la conception d'antennes multifonctionelles, permettant entre autre de mesurer les différents paramètres d’un satellite et de le contrôler à distance, notamment pour le garder sur son orbite. Il s’agit là d’un élément crucial dans de nombreux projets spatiaux », précise

Philippe Osch, Chief Operating Officer au sein de la structure.

HITEC Luxembourg compte aujourd’hui une cinquantaine de collaborateurs et reste basée à 100 % au Luxembourg. L’activité de l’entreprise rayonne cependant au-delà des frontières nationales. HITEC est devenue un partenaire-clé pour des acteurs majeurs au niveau mondial, comme Airbus, Thales, etc. « Le spatial est par nature international, et ce développement était inévitable. Le fait que le Luxembourg soit lui aussi tourné vers l’international est peut­être ce qui explique le succès de notre industrie spatiale », relève Yves Elsen, qui souligne l’importance de la LSA et de l’European Space Agency (ESA) dans cette réussite. Le futur s'annonce tout aussi prometteur pour HITEC qui étend sa gamme de produits avec des antennes optiques permettant le transfert d'un volume de données bien plus important et plus sécurisé.

Ainsi, HITEC Luxembourg intervient notamment sur un projet innovant de distribution de clés quantiques par satellite appelé INT-UQKD.

« Ces clés permettront également d’assurer un transfert de données ,bien plus sécurisée qu’aujourd’hui » conclut Philippe Osch.

4 ACTIVITÉS PRINCIPALES

2017

Conception d'antennes multifonctionnelles (TT&C, IOT, LEOP...) dans le cadre du projet LuxGovSat, qui vise à offrir des services de communication sécurisés par satellite.

2025

HITEC travaille sur la distribution de clés quantiques par satellite (INT-UQKD).

Instruments de mesure

HITEC Luxembourg a démarré son activité en développant des instruments de mesure des propriétés physiques des matériaux.

Gestion du trafic L’entreprise met au point des solutions permettant de mesurer le trafic et de le gérer de façon plus intelligente.

Communication d’urgence Depuis plus de 10 ans, HITEC Luxembourg développe des solutions mobiles permettant de rétablir les communications en cas de catastrophe.

Segment sol

Les antennes multifonctionnelles comptent désormais parmi les 4 activités principales de HITEC Luxembourg.

BRAND VOICE AVRIL 2023 57
Philippe Osch, COO, et Yves Elsen, CEO, misent depuis plus de 20 ans sur l’industrie du spatial.
Vous
voulez en savoir plus sur HITECRendez-vousLuxembourg ? sur
www.hitec.lu
Réalisation récente de HITEC Luxembourg d'une antenne "full motion" et d'une antenne "limited motion" sur le site ESA de Redu en Belgique

La conquête

60 MARC SERRES « Luxembourg est une bonne porte d’entrée »

INVESTISSEMENTS

Lunasonde et les autres

64 DONNÉES

L’observation, une locomotive venue du ciel

66 DATA

L’évolution du secteur de l’espace

68 VERS L’INFINI ET AU-DELÀ

La recherche, bien lancée

70 FORECAST

Les explorateurs d’aprèsdemain qui chantent

62
redescend sur Terre 58 AVRIL 2023

spatiale

Alors que l’Agence spatiale luxembourgeoise célèbre ses cinq ans, la politique spatiale grand-ducale est redescendue sur Terre. Après les années « Schneider »

un peu folles, son successeur au ministère de l’Économie, Franz Fayot (LSAP), l’a inscrite dans la durabilité pour les années 2023 à 2027. Une pérennité articulée autour de quatre axes : durabilité des activités sur Terre, des activités dans l’espace, des activités économiques, et utilisation durable des ressources spatiales. En attendant le Space Campus, qui devrait voir le jour en 2026, le secteur poursuit son développement avec 70 entreprises qui emploient 1.400 personnes, dont la moitié pour SES seulement – une tendance mondiale. Selon McKinsey, 40 % de l’économie spatiale provient des données de l’espace. Tout est aujourd’hui en place pour aider les acteurs à se développer.

AVRIL 2023 59 Enjeux

Luxembourg est une bonne porte d’entrée

Cinq ans après avoir été mise sur les rails, officiellement le 12 septembre 2018, plus personne ne conteste le rôle central de l’Agence spatiale luxembourgeoise (LSA), dirigée par Marc Serres et forte de 17 personnes.

Où en est-on, aujourd’hui, cinq ans après le début de l’agence ?

C’est très difficile d’évaluer les choses puisqu’on est très dépendants de l’écosystème, le premier objectif étant son développement. Aujourd’hui, nous avons un peu plus de 70 acteurs privés et publics. 1.400 personnes travaillent dans ce secteur. Soit deux fois plus… et ça continue à croître : sur leurs sites internet, les entreprises ont toujours des dizaines de postes vacants. En ce qui concerne la loi de 2017 sur l’exploitation des ressources spatiales, nous n’avons pas encore donné d’autorisation. Il faut s’attendre à ce que quelque chose se passe, notamment dans le cadre du contrat qu’iSpace a signé avec la Nasa pour lui livrer du régolithe lunaire. Ce serait un premier cas.

Est-ce qu’on a abandonné l’opération de charme pour convaincre nos partenaires à l’Onu de modifier la loi sur l’espace ?

Non, nous sommes extrêmement actifs de ce côté-là. Nous avions déjà très clairement identifié la nécessité de faire ça en deux étapes, dont une première étape nationale, la création de cette loi, qui a été un message politique très fort, même si elle ne définit pas de manière extrêmement précise les conditions et tous les éléments liés à l’autorisation d’une activité comme celle-là. Mettre dans notre premier article que le Luxembourg considère que les ressources

sont susceptibles d’appropriation a créé beaucoup de débats. Aujourd’hui, ce sujet est systématiquement à l’ordre du jour des réunions de l’Onu qui traitent du domaine spatial. Un groupe spécifique sur l’utilisation des ressources spatiales a été mis en place, qui a son propre programme de travail pour les trois prochaines années. C’est extraordinaire. Les Nations unies, c’est quand même une machinerie assez lourde étant donné le nombre d’États membres autour de la table.

Après les années qui ont permis à l’initiative luxembourgeoise de se positionner au niveau mondial, on entre dans une époque plus raisonnable avec la nouvelle stratégie, non ?

Cette tendance qu’on essaie vraiment d’encourager au Luxembourg – une partie de la nouvelle stratégie – est la durabilité de notre écosystème. Cet écosystème doit non seulement fonctionner de manière durable, mais aussi absolument devenir indépendant des financements de l’État. Ça ne veut pas dire qu’on n’a pas besoin d’un support étatique, mais les entreprises doivent avoir des revenus qui viennent d’utilisateurs.

Sauf que c’est un secteur qui reste largement sous perfusion de la commande publique…

On n’a pas encore basculé vers un modèle plus commercial et moins institutionnel,

MARC SERRES Directeur général de la Luxembourg Space Agency
Photo MECO 60 AVRIL 2023
« L’initiative sur l’exploitation des ressources spatiales a eu au moins autant d’impact que le nation branding. »
Interview THIERRY LABRO
INTERVIEW AVEC MARC SERRES «  «

c’est normal. Aujourd’hui, l’ESA est un client traditionnel qui impose énormément de contraintes aux entreprises. Quand il s’agit de soutenir une start-up qui veut rapidement accéder à un marché, en prenant éventuellement, de temps en temps, quelques raccourcis technologiques, l’ESA n’a pas le bon état d’esprit. Les instruments sont là, il faut simplifier les processus. Nous avons un programme national, LuxImpulse où, justement, on applique beaucoup cette approche. De temps en temps, on est prêt à prendre un peu plus de risques que ce que l’ESA ferait de manière normale.

Ça veut dire quoi ? Vous mettez des tickets dans une start-up ?

Ce n’est pas de l’investissement. Nous cofinançons, souvent avec l’industrie, des développements technologiques pour que les entreprises puissent les commercialiser. Nous avons 40 à 50 projets en cours, ce qui n’est pas mal. Nous avons soutenu 70 à 80 % des entreprises qui sont présentes au Luxembourg via ce programme.

Est-ce que c’est ça, le point d’entrée vers le Luxembourg ?

Généralement, quand une entreprise vient nous voir, nous évaluons les meilleurs instruments pour lui venir en aide. Ça dépend un peu de la maturité de l’entreprise et du sujet sur lequel elle travaille. Parfois, ça rentre bien dans un programme de l’ESA qui existe déjà, parfois moins. Alors on passe par le programme national. Quand elles n’ont jamais travaillé avec l’ESA, généralement, nous privilégions aussi le programme national parce que c’est une façon d’apprendre comment travailler dans un contexte ESA.

Cinq ans après, vous diriez que ça y est, l’écosystème est complet ? Il est relativement mûr. L’écosystème est très diversifié. On a des entreprises au niveau de maturité déjà intéressant, que ce soit Spire, LuxSpace ou iSpace. Et puis, de petites entreprises qui ont commencé plus récemment et qui sont encore loin de voler de leurs propres ailes. Avec SES, on a aussi eu besoin d’une dizaine d’années pour être un acteur reconnu. Spire

a été créée en 2012, est déjà en route depuis 10 ans, mais n’est pas profitable. Ils ont le potentiel pour y arriver.

Qu’est-ce qui différencie vraiment le Luxembourg ?

La première chose, c’est bien sûr un support financier. C’est le nerf de la guerre. Très souvent, ensuite, le niveau de priorité que le Luxembourg donne à l’espace par rapport à des pays beaucoup plus grands. On est toujours très proche du ministère ou du ministre lui-même. Et très proche des entreprises. Ce n’est pas toujours le cas ailleurs. Après, il y a la situation multiculturelle du Luxembourg aussi. C’est plus simple parfois de faire venir des gens, même si le Luxembourg n’est pas toujours très connu. Les entreprises ont aussi accès à un très bon réseau de fournisseurs au Luxembourg et dans les pays alentour. Le Luxembourg est finalement une bonne porte d’entrée vers les marchés européens spatiaux par rapport à des sociétés qui sont basées aux États-Unis. Potentiellement, avoir une filiale au Luxembourg, ça leur permet d’accéder à des marchés en Europe auxquels ils n’accéderaient pas du fait de la législation américaine.

On est dans une année très politique. Tout le monde n’est pas toujours très clair sur le soutien à apporter au secteur de l’espace. C’est un motif d’inquiétude ?

Le spatial est soutenu depuis les années 1980. Je ne comprendrais pas, quelle que soit la configuration du prochain gouvernement, qu’il y ait un changement d’orientation dans ce domaine. Ça n’a jamais été le cas durant les 30 dernières années. L’initiative sur l’exploitation des ressources spatiales a eu au moins autant d’impact que le nation branding. Honnêtement, je n’ai pas de craintes. D’autant plus que la nouvelle stratégie se réoriente clairement vers un espace plus vert, plus durable… La pandémie et la crise énergétique ont montré qu’il est important de préparer les écosystèmes à la durabilité. Les technologies spatiales pourraient nous permettre d’être plus durables dans l’exploitation des ressources sur Terre. Développer une nouvelle économie autour des ressources spatiales, ça va encore prendre 25 ou 30 ans.

Jusqu’à aujourd’hui, la stratégie luxembourgeoise a amené jusqu’à 200 entreprises à contacter les autorités luxembourgeoises d’une manière ou d’une autre. Trois ou quatre ont fini par s’y installer. Un écrémage qui dépend de chaque situation.

AVRIL 2023 61 Enjeux Space
200

INVESTISSEMENTS

Lunasonde et les autres

Que financent les millions du Luxembourg Future Fund, du Digital Tech Fund ou d’Orbital Ventures ? Rapide aperçu, cinq ans après la mise en place des instruments financiers au service de l’économie de l’espace.

L’incertitude Vicarious

Le fonds luxembourgeois Orbital Ventures aurait-il des parts dans le X de Google, l’un des laboratoires consacrés à la robotique du futur ? Mystère et boule de gomme puisque Promus Ventures ne veut pas répondre à cette question. Une situation née de la prise de participation dans Akasha, rachetée par Vicarious (projet alors financé par Mark Zuckerberg, Peter Thiel ou encore Ashton Kutcher), elle-même intégrée dans Intrinsic, la société mère du X robotique.

Un trio pour le LFF

Soutenu par la SNCI (120 millions d’euros) et le Fonds européen d’investissement (30 millions), le Luxembourg Future Fund a mis trois tickets, aux montants tenus secrets, dans Spire Global, cotée à New York depuis l’an dernier et presque bénéficiaire, mais aussi dans la finlandaise Iceye Oy et la canadienne NorthStar Earth & Space (17 %). Toutes les trois ont installé une société au Luxembourg. À noter dans ce contexte que la dernière bénéficie aussi d’une garantie de l’Office du Ducroire jusqu’à 850.000 euros.

5,7 millions d’euros pour SeerAI

SeerAI est « tout simplement » capable de répondre à toute question. La spacetech des modestes Jeremy Fand et Daniel Wilson structure des ensembles de données disparates et complexes (où la dimension géospatiale joue un rôle fondamental) avec un raisonnement ontologique basé sur un graphe de connaissances. Fin 2021, un quart des investissements d’Orbital Ventures est parti dans la start-up américaine lors de deux tours de financement qui lui permettent d’avoir 38,1 % du capital.

Hydrosat, bébé du Digital Tech Fund

Comment donner de la valeur à l’imagerie thermique ? Quatre ans que Royce Dalby travaille à la recherche et au développement d’applications concrètes. Hydrosat, déjà financée pour près de 900.000 euros par le Digital Tech Fund et sous contrat avec l’Agence spatiale européenne, a désormais des algorithmes qui génèrent plus de 2 millions d’euros de revenus et une équipe d’une quinzaine de personnes. Plus jolie promesse ? Permettre d’augmenter la production agricole de plus de 20 %.

The Exploration Company, le Uber d’Huby

Sciences Po, Ena, Normale Sup’. Tout destinait Hélène Huby au monde politique et à ses envolées « lyriques ». Après dix ans passés chez Airbus, la jeune femme fonde, en Bavière, The Exploration Company, ou comment rendre plus accessibles les voyages dans l’espace. Il faudra du temps pour voir le Nyx aller et venir autour de la Terre (3 à 6 mois) ou de la Lune (50 à 100 km sur l’astre céleste). Mais Promus Ventures, qui avait mis 11.610 euros pour 20,20 %, vient d’ajouter 3,49 millions d’euros. Il n’est pas encore possible de prendre un ticket.

14 millions pour trois nouveaux

En 2022, Promus Ventures a investi : 10 millions de dollars du fonds Orbital dans l’américaine Lunasonde, capable, avec ses satellites, de réaliser en trois minutes un modèle en 3D des ressources sous la surface jusqu’à deux kilomètres de profondeur ; 3 millions pour Lunar Outpost et son rover grâce auquel Nokia veut amener de la 4G sur la Lune ; et 1,7 million d’euros pour la suissesse Jua.ai, qui promet le meilleur modèle de tous les temps pour prédire la météo.

62 AVRIL 2023 Enjeux Space

Imagine Here: Everywhere, All-the-Time Connectivity

Imagine ready, reliable, carrier-grade connectivity where terrestrial networks cannot reach. It’s not only possible, it’s here – with the unified global network from Intelsat. intelsat.com/

UnifiedNetwork

L’observation, une locomotive venue du ciel

Premier secteur du « spatial » – 40 % des 350 milliards de dollars du marché –, la fourniture de données d’observation de la Terre profite à plein de la démocratisation de la fabrication des petits satellites, de celle des lancements… et des catastrophes naturelles. Le Luxembourg y joue son rôle.

SES est un vieux chêne qui cache un chêne plus frêle, Spire, qui cache lui-même une belle forêt en devenir. Derrière le leader des opérateurs de satellites – qui ne fournit pas d’images de la Terre par satellite mais de la connectivité –, le projet que Peter Platzer a imaginé aux États-Unis en 2012 et ramené en partie au Luxembourg six ans plus tard est devenu la nouvelle coqueluche d’un secteur de l’espace qui doit générer du cash avant de rêver d’en dépenser beaucoup plus pour aller sur Mars. Spire, la « next billion company », comme Forbes l’avait baptisée dès 2017, a bouclé 2022 avec des revenus record à plus de 80 millions de dollars, en augmentation de 85 % par rapport à 2021 –même si les pertes restent conséquentes à 89,4 millions de dollars.

« L’impact mondial des données et des connaissances spatiales pour relever certains des défis les plus complexes au monde est resté au premier plan, a déclaré en fin d’année le CEO de Spire, Peter Platzer, qu’il n’est pas rare de croiser au Luxembourg. Le changement climatique et la sécurité mondiale restent les principaux moteurs de notre activité, car nous avons

enregistré un chiffre d’affaires record et augmenté considérablement notre annual recurring revenue. »

Cinq ans pour passer de 1 à 100 millions À peine cinq ans se sont écoulés depuis que la société a gagné son premier million de dollars. M. Platzer ne s’en cache pas : avec ses 100 Lemur – de petits satellites – et ses technologies qui vont dans toutes les verticales des besoins, Spire veut prendre une part importante dans un marché à 100 milliards de dollars pour répondre aux besoins de 200.000 clients. Et, en même temps, passée par une Spac en 2021, notamment avec BlackRock et le family office de Barry Sternlicht, la start-up de l’espace n’a pas tout à fait convaincu, en témoigne son cours de bourse à New York qui a flirté avec les 12 euros fin septembre 2021 mais qui n’a plus dépassé 1,50 euro depuis août dernier.

Tout l’équilibre est là, pour ces sociétés qui doivent pousser des technologies innovantes, les mettre dans l’espace et trouver des clients qui relèvent souvent de la commande publique, que ce soit la Nasa ou les gros clients publics américains, plus

DONNÉES
PETER PLATZER CEO de Spire
« Le changement climatique et la sécurité mondiale restent les principaux moteurs de notre activité. »
Auteur THIERRY LABRO
64 AVRIL 2023
Photo Guy Wolff

souvent qu’européens. Heureusement, les choses changent : dans les années 1990, plus de 90 % des fonds alloués à la recherche et au développement provenaient de sources gouvernementales, contre moins de 70 % aujourd’hui ; les dépenses privées dans des sociétés liées à l’espace ont atteint un plus haut historique en 2021, à plus de 10 milliards de dollars, tandis que la part des dépenses gouvernementales américaines est désormais inférieure à 50 % du total mondial. De passage à Luxembourg, le directeur général de l’Agence spatiale européenne (ESA), Josef Aschbacher, avait assuré que l’Europe étudiait comment rendre la commande de l’ESA plus facile pour les acteurs européens. Un élément-clé pour ces acteurs.

Le data lake de tous les espoirs Autre développement intéressant, il ne s’agit plus seulement de fabriquer des satellites dotés de technologies de prise et d’analyse d’images, mais des acteurs multitâches et multifonctions. Et là encore, la situation du Luxembourg est exemplaire. Selon la liste des sociétés de l’espace actives dans ce segment-locomotive spatial recensées à l’Agence spatiale luxembourgeoise, 14 acteurs sont enregistrés : d’Hitec, le vétéran né en 1985, à Globe Eye, arrivée en 2020 au Technoport et qui avait pris

part au concours StartupVSCovid19. Ou comment les gaz polluants pouvaient avoir un impact sur la diffusion du Covid.

« Nous utiliserons des données satellitaires et d’autres données de télédétection pour cartographier les niveaux et les changements des gaz polluants dans l’atmosphère. Ce travail peut être utile pour la planification future et les actions politiques liées à un large éventail de problèmes de santé et de climat », expliquait-elle alors. Il n’y a pas de satellites chez AdwäisEO, qui répond pourtant à un besoin croissant : que faire des données de l’espace ? Du ciel, il est possible de savoir où arroser au mètre près, où ajouter des engrais, où sont les soldats russes en Ukraine, ou bien même quelles routes prennent les navires et comment les trafiquants font passer des tonnes de cocaïne en Europe. Mais comment sécuriser les données qui pourraient être utiles à la recherche ? Logée à Betzdorf, à côté de SES, la discrète start-up de Pierre de Gobert est la manœuvre du Space Analytics Data Lake lancé en 2019 avec Spire. Le plus gros jeu de données de l’espace permettra à l’ESA d’atteindre les objectifs de Damps, la « donnée spatiale as a service », et de Copernicus. Ou l’art luxembourgeois de rester au centre du jeu, même quand le jeu évolue…

150 mrds

En 2021, les données d’observation de la Terre des satellites représentaient 40 % de l’économie de l’espace, selon McKinsey. Un chiffre en augmentation de 15 % par an, ces cinq dernières années, au rythme des lancements. Il y aura 15.000 satellites autour de la Terre d’ici dix ans, et 70.000 à plus long terme.

La grosse cote

Ils ont longtemps parlé dans le vide, suscité des haussements d’épaules ou des moqueries, eu du mal à convaincre. Pourtant, trois acteurs luxembourgeois s’illustrent sur la scène internationale avec leur idée de départ.

ISPACE SUR LA LUNE

Parti le 11 décembre 2022 de Cap Canaveral à bord d’une fusée Falcon 9 de SpaceX, le rover d’iSpace, HakutoR Mission 1, devrait atterrir sur la Lune fin mars ou début avril 2023. Finalistes du Google Lunar Xprize en 2010, les Japonais d’iSpace avaient installé leur bac à sable dans les locaux de Paul Wurth, à la Gare, en 2017. C’est leur installation qui a été dupliquée dans une infrastructure unique

au monde à l’Université du Luxembourg. Aujourd’hui, toute l’équipe est suspendue à cette première opportunité d’aller sur la Lune. La start­up, via sa filiale luxembourgeoise, a signé deux premiers contrats pour fournir du régolithe à la Nasa, ce qui serait le premier cas concret de la stratégie SpaceResources.lu imaginée par Étienne Schneider. Les voir réussir et participer aux missions suivantes du programme Artemis, auquel est lié le Luxembourg, serait un fantastique développement.

SATURNE TECHNOLOGY SUR TERRE

Elle n’est pas sur les radars de l’espace. Probablement parce que

la société de Walter Grzymlas n’a pas le temps de réseauter, trop occupée à servir, depuis Contern, l’impressionnante liste de ses précieux clients dans différents domaines. Notamment dans le secteur spatial, où sa technologie d’impression additive, y compris sur les métaux, a par exemple séduit Thales ou un certain lanceur qui a révolutionné le marché. L’an dernier, en moins d’une semaine, l’entreprise luxembourgeoise a aussi réalisé le moteur de la fusée de Latitude, ex­Venture Orbital Systems.

OQ TECHNOLOGY DANS L’ESPACE

Une constellation de satellites pour établir un réseau 5G pour l’internet des objets ? Quelle curieuse idée...

Installé au Luxembourg depuis 2016, Omar Qaise a déposé deux brevets, gagné trois marchés de l’Agence spatiale européenne et lancé trois satellites. Depuis fin 2022, il a ouvert un bureau en Grèce et en Arabie saoudite après ceux au Luxembourg, au Rwanda et au Qatar. En 2021, c’est Inmarsat qui a mis de l’eau à son moulin en assurant que les trois quarts des entreprises qui ayant des projets dans l’internet des objets ont besoin… d’un réseau spécifique pour les mener à bien. Sur un marché à 3 milliards de dollars en 2027, le startupper devra jouer des coudes au milieu des Iridium, Airbus, Intelsat, Thales, Eutelsat, Northrop Grumman ou Vodafone.

AVRIL 2023 65 Enjeux Space

L’évolution du secteur de l’espace

UN BOOM « RÉALISTE »

En attendant que le Luxembourg ouvre son Space Campus, vers 2026, les prévisions sont optimistes sur la part que l’économie de l’espace prendra, comme le rappelle McKinsey.

Après le temps des études très ambitieuses, l’approche raisonnée des dernières prévisions montre comment le secteur de l’espace se développe.

Autrefois Aujourd’hui En 2030

66 AVRIL 2023
Auteur THIERRY LABRO
DATA
Source McKinsey 2022 TAILLE DU MARCHÉ En milliards de dollars PAYS AVEC UNE AGENCE SPATIALE START-UP SATELLITES ACTIFS 1.000 < 100 < 1.000 15.000 70 < 600 55 447 280 (2010) (2010) (2011) (2009) 250 4.850 1.000 NOMBRE DE LANCEMENTS PAR ANNÉE PETITS SATELLITES LANCÉS PAR ANNÉE COÛT POUR UN SATELLITE En dollars COÛT D’UNE STATION SPATIALE En milliards de dollars
D’OBSERVATION COLLECTÉES En millions de km2 COÛT DE LANCEMENT D’UN SATELLITE À BASSE ORBITE En dollars par kilo < 200 500 3.000 110 65.000 ? < 1 mrd 145 175 1.740 (2010) (2011) (2018) (basse orbite) (1998) 75 1.500 330 5 à 10 > 50.000 100.000 > 100 30 Enjeux Space
DONNÉES

RHEA at the crossroads of space and cybersecurity

RHEA uniquely combines expertise in cybersecurity and space engineering, providing end-to-end services to support Europe’s ambition in secure space.

RHEA Group is a privately-owned European company providing end-to-end services and engineering solutions in space and cybersecurity. For more than 30 years, RHEA has built a reputation as a trusted partner, providing its clients with high-level engineering expertise supporting the society’s digital resilience and the performance of complex systems underpinning critical infrastructures and operations. RHEA System Luxembourg S.A was created in 2020 to meet the country’ space and cybersecurity strategic needs.

Space-based capabilities provide a wide range of critical services for Europe’s civil, institutional and defence organisations. At RHEA, we help those organisations to design, operate and secure their entire infrastructures, data and applications up to the related space assets. Today, RHEA is a trusted partner of the

European Space Agency. In partnership with key Luxembourg players, RHEA supports ESA in assessing and mitigating security threats on European space assets. We also help to anticipate the challenges around European cyber-secured connectivity in the quantum era, by developing next-generation cybersecurity operational and international solutions, based on the distribution of quantum keys.

RHEA also supports the Luxembourg Earth Observation System (LUXEOSys), through LUXEOps, a Luxembourg partnership founded by RHEA, LUXSPACE and OHB. LUXEOps services focus on ground segment operations, through 24/7 satellite in-orbit operations up to management and exploitation of the high-resolution satellite images.

MORE INFORMATIONS RHEA SYSTEM LUXEMBOURG 2 rue d’Arlon L-8399 Windhof www.rheagroup.com
PARTNER CONTENT Crédits Shutterstock
Addressing cyber threats to space assets is becoming increasingly necessary and urgent.

La recherche, bien lancée

La recherche a au moins autant la tête dans les étoiles que le secteur privé. En témoigne la joie des cinq étudiants du LCSB et du SnT, à la mi-mars.

Il faut montrer patte blanche. Enfiler gants bleus et blouse immaculée. Ne pas parler trop fort dans cette chapelle de la connaissance. Au Luxembourg Centre for Systems Biomedicine (LCSB) de Belval, trois des cinq étudiants qui participent à Brains miment, pour la photo, ce qu’ils font le reste du temps, en se forçant à ne pas trop sourire. L’infiniment petit de ces cellules pourrait devenir infiniment moins petit dans la Station spatiale internationale et permettre d’ouvrir la voie à de nouvelles thérapies pour lutter contre la maladie de Parkinson. La joie de ces étudiants fait plaisir à voir alors qu’ils bouclent leurs valises pour rejoindre le pad 39 de Cap Canaveral, le lieu le plus mythique de la conquête spatiale. À la mi-mars, en plein milieu de la nuit luxembourgeoise balayée par les bourrasques, leurs 30 « mini-cerveaux » seront emmenés par une Cargo Dragon 2. L’équipe dirigée par Elisa Zuccoli, 26 ans, a gagné un concours franco-allemand. Un mois plus tard, ils récupéreront leur petite boîte en espérant que la taille des cellules sera bien passée de 2 à 4 ou 5 millimètres pour leur permettre de mieux les étudier, expliquent-ils.

Un des deux « bacs à sable » au monde C’est une autre femme qui avait mis un coup de canif à la modestie luxembourgeoise début décembre. Devant le conseiller spécial du recteur Éric Tschirhart, la première Européenne à être allée dans l’espace, Claudie Haigneré – aujourd’hui conseillère du directeur général de l’Agence spatiale européenne (ESA) –, a les yeux qui brillent devant l’espace de bacs à sable où progressent les futurs rovers qui iront sur la Lune. La structure, placée sous la

direction de Miguel Angel Olivares Mendez, n’existe qu’en deux exemplaires dans le monde. « Ce qui nous soudait, se souvient l’ancienne ministre française, c’est de nous dire que la mission était compliquée mais que nous étions là pour réussir. Objectif : succès. Et là, même si vous êtes différents, même si vous avez des difficultés, vous dégagez la solution ! »

200 chercheurs dans huit unités Près de 200 chercheurs sont actifs dans le domaine spatial, dont 80 rien que pour le SnT dirigé par Björn Ottersten. Au total, avec la création, en 2020, par l’ESA et le Luxembourg du Centre européen de recherche et d’innovation sur les ressources de l’espace confié à Kathryn Hadler, huit unités de recherche s’intéressent à tout ce que le new space compte de verticales : l’Esric, trois au Luxembourg Institute of Science and Technology (Erin, Itis et MRT), le SnT, et trois à l’Université du Luxembourg (ingénierie géodésique et géospatiale, géophysique et RUES).

Fin octobre, l’Esric a déjà retenu l’américaine Astroport et la polonaise Four Points pour qu’elles préparent une des premières plateformes de lancement et d’atterrissage sur la Lune. La nouvelle fournée est en cours de sélection entre Lightigo Space, Lunar Outpost, Orbital Assembly, Terra Luna Resources et Aurora Connect. Un moyen direct d’attirer à la fois du business et de la recherche au Luxembourg. Jusqu’à ce qu’elle décolle, un jour peut-être, sinon du Luxembourg, au moins depuis l’Europe.

Photo Guy Wolff
« J’ai envie d’être un modèle qui prouve que les femmes peuvent aussi avoir leur rôle à jouer dans la recherche et dans l’espace. »
DANIELA VEGA GUTIÉRREZ Étudiante Luxembourg Centre for Systems Biomedicine
Enjeux Space 68 AVRIL 2023

Conquérir l’espace … et convaincre ses investisseurs

Projets expérimentaux et à (très) long terme, besoins matériels hors du commun : pour les start-ups du secteur spatial, le financement est aussi vital qu’il est singulier.

Six mois, c’est le temps moyen constaté pour anticiper la recherche de capitaux chez une scale up moyenne. Cette durée est par expérience allongée dans l’écosystème spatial, de par sa nature expérimentale et des liens intrinsèques entre le secteur et les organismes publics ou parapublics. Certaines solutions, comme le space mining ou le tourisme spatial, ont des horizons de monétisation particulièrement lointains, notamment en raison de matérialité des investissements nécessaires (coût des lanceurs et stations sols pour le déploiement de nouvelles constellations par exemple).

Pre-seed, seed, subventions gouvernementales, Séries

A, B, C, émission de dette, IPO, la route est longue… et les prévisions de trésorerie et autres plans d’affaires seront sans cesse remis en question. Dans un contexte où l’accès au financement est limité, la capacité à

pitcher efficacement son projet sur le marché est aussi importante que la qualité de l’idée initiale.

Cet aspect est souvent sous-estimé par nos pépites luxembourgeoises. Une gestion financière efficace nécessite pourtant un professionnel dédié à plein temps, voire une équipe structurée en fonction des capitaux recherchés. Si les fondateurs des start-ups peuvent cumuler le poste de CFO pour les premières phases de financement, il est très rare de voir des entreprises franchir les prochaines étapes sans structurer leur fonction financière.

Apprendre à parler au marché est essentiel à la survie de toute entreprise du secteur spatial, tout comme le choix de partenaires financiers de confiance et expérimentés. Dans la conquête des capitaux, cet aspect s’avère être au moins aussi stratégique que le choix de partenaires techniques.

SCANNEZ LE QR CODE POUR

DÉCOUVRIR ET CONTACTER NOS

SPÉCIALISTES DU SECTEUR SPATIAL EY Luxembourg

ey.com/lu

PARTNER CONTENT Crédits EY Luxembourg
Frédéric Munch, Senior Manager et Gabriel de Maigret, Partner, Technology, Media and Telecommunications

Les explorateurs d’après-demain qui chantent

Alors que le secteur se concentre désormais sur les données venues des satellites, d’autres, dans la robotique et dans quelques domaines, voient déjà bien plus loin. Trois exemples.

« Nous espérons nous démarquer avec notre solution européenne, qui offre un vrai avantage en termes de souveraineté. »

NICOLAS GAUME

CEO et cofondateur

Space Cargo Unlimited

Une expérience menée à bord de la Station spatiale internationale sur du vin et des sarments a permis de mettre au point de nouvelles variantes de plants de vigne qui ont montré une résistance accrue contre les attaques de champignons et de mildiou dans des conditions de laboratoire. À l’automne, le fondateur et CEO de Space Cargo Unlimited, Nicolas Gaume, a présenté une nouvelle évolution de son projet, Rev1. Il s’agit du premier véhicule spatial automatisé réutilisable dédié à la fabrication en orbite et doté de technologies comme l’impression en 3D. Cette « ferme en orbite » de trois tonnes, complètement autonome, est destinée à la fabrication de liquides, de matériaux ou de cellules humaines et animales dans l’espace, en profitant des effets de la microgravité.

Comment produire de l’énergie à partir du sable (ou, sur la Lune, du régolithe) ?

C’est en partant de cette question que Joost van Oorschot, Fabrice Testa et les fondateurs de Maana Electric ont mis au point, en 2018, leur TerraBox, une usine mobile qui s’intègre dans plusieurs conteneurs maritimes et qui sera peut­être déployée dans le monde entier. En utilisant uniquement du sable et de l’électricité comme intrants, elle est capable de produire des panneaux solaires, et ce, à partir de ressources locales – telles que le sable du désert, les déchets de construction, les déchets industriels, les déchets d’excavation ou les résidus miniers. Une technologie qui a du sens aussi bien sur Terre que sur une autre planète.

« L’extraction et le traitement des composés volatils lunaires, combinés à nos technologies robotiques, ouvriront la voie à un avenir durable. »

général OffWorld Europe

« La partie terrestre est une sorte de tremplin pour tester nos systèmes, pour les améliorer, avant de les envoyer sur la Lune. »

Quand un pionnier rencontre un pionnier, ils se parlent… du futur et du Luxembourg. La légende Jim Keravala a récemment installé un spécialiste de l’espace bien connu… au Luxembourg : Kyle Acierno, ex­Ispace, pour y développer la filiale européenne d’OffWorld. Ou comment des robots intelligents, en grappes, pourraient s’aider les uns les autres pour l’extraction et le stockage de l’oxygène et de l’hydrogène à partir de composés volatils et de dépôts d’eau sur la surface lunaire. OffWorld, fondée en 2016, réinvente les industries minière, manufacturière et de la construction pour résister à des conditions extrêmes. L’hybridation des technologies de différents secteurs était déjà une des voies à suivre, selon l’ex­ministre de l’Économie, Étienne Schneider.

FORECAST
Auteur THIERRY LABRO JOOST VAN
Enjeux Space 70 AVRIL 2023
Photos Space Cargo Unlimited, Romain Gamba (archives) et OffWorld Europe
COMMANDEZ-LE sur eshop.maisonmoderne.lu 10 € -> En kiosque dès janvier Générateur de business depuis plus de 20 ans Using artificial intelligence and sensors in space LMO inspects, services and protects critical space infrastructure. 9, avenue des Hauts-Fourneaux, 4362, Esch-sur-Alzette www.lmo.space - 0661 616 740 - info@lmo.space

Driving sustainability with data from satellites

Sometimes, we are only able to understand and react to current sustainability challenges thanks to data gathered about our Earth from space. Helping operators to access and process this information is a major part of the CGI in Luxembourg’s work; helping the fight against climate change and much more besides.

Understanding how climate change is affecting our biosphere enables us to better react to these challenges. Detecting and combatting forest fires, and aiding regrowth, as well as monitoring sea grasses is contributing to the absorption of excess carbon dioxide. Enabling ships to avoid harming whale populations has implications for biodiversity. All of this and more is facilitated by data gathered in space and subsequently processed using technology developed by CGI in Luxembourg.

Five business lines

CGI Luxembourg contributes to the group’s five main space-related focus areas: Earth observation, satellite navigation, satellite communications, satellite operations, and downstream applications, ” explained Guillaume Schott, Country Managing Director of CGI in Luxembourg. These are challenging, cutting-edge areas of activity driven by teams of highly skilled IT specialists and partnerships within the global CGI group and with third parties.

CGI is one of the world’s largest IT and business consultancies, with more than 90,000 staff globally. It serves a wide range of industries, including the space sector in which it has been active since the mid-1970s, serving government,

military, scientific, academic and commercial space initiatives. Over the time our software has supported the missions of over 1000 satellites.

CGI in Luxembourg’s 150-strong office contributes to this space sector work. The firm taps into the Grand Duchy’s significant, growing ecosystem in this area, which currently features more than 60 companies. They are also backed by the Luxembourg Space Agency and the country’s public research framework. Mr Schott described the five space-related business lines.

Earth observation

Their Earth observation work adds value to a wide range of sectors across the world, including health, transportation, the public sector, farming, maritime, oil and gas, utilities, trading, finance and insurance. Satellite data is often blended with terrestrial data to generate the most valueadding knowledge.

“The sustainability aspects of this sector are equally varied,” noted Mr Schott. “For example, CGI’s Greenhouse Early Warning Service uses satellite-based data service to provide farmers with insights into the condition of their greenhouses, thus reducing energy waste and boosting performance.” Other applications of

GUILLAUME SCHOTT Vice-President CGI LUXEMBOURG
Photo CGI
“CGI’s strategy is to help space players in Luxembourg to grow their investments by using space data to solve their business challenges.”
IT Enjeux Space 72 AVRIL 2023

Earth-observation solutions include surveillance of vegetation. This helps transport and energy infrastructure operators to react in a timely fashion to potentially risky growth of trees and grasses. This data also helps the horticulture and insurance industries, and assists weather forecasting, a vital component of ensuring climate resilience.

Navigation innovation

We take satellite navigation for granted these days, in everything from finding our way around town to tracking our exercise routines. CGI has contributed to this by supporting Europe’s Galileo system since 1999, providing ground control and mission services, as well as security systems. “Users are ever more demanding about the accuracy of positioning systems, and we work with providers on upgrades to existing solutions,” said Mr Schott.

Communication development

“The roll-out of 5G networks is another application of satellite communication technology in which CGI specialises,” he added. “We bring together fixed-network and satellite planning techniques.” This is just an example of the new strategies, applications and services that go to create integrated communications solutions for a variety of sectors. CGI also plans and delivers major-satellite constellations, such as a project to make affordable internet access widely available.

Five business lines

EARTH OBSERVATION

Delivering timely information about how our planet is affected by all aspects of human and natural activity helps to ensure resilience as we adapt to climate change, while also working to minimise energy waste. Satellite data is blended with terrestrial data to provide the value-added information businesses and governments require.

Operational support

Satellite operations is the fourth of the five key sectors served by CGI’s space operations. “Our satellite mission software suite handles all aspects of a spacecraft mission, from planning to implementation to operation,” said Mr Schott, with CGI designing and managing ground infrastructure using software intensive systems. “For example, we conduct high-fidelity simulation and modelling solutions that replicate satellite subsystems, ground stations, orbits and the environment in 3D,” he added. These systems have numerous applications, with Mr Schott citing the example of how they are used to gain better understanding of global food systems. “These can take account of the Earth’s biosphere, atmosphere and hydrosphere, incorporating socio-economic and physical measurements to help create more accurate predictions,” he said. Digitaltwin Earths enable the visualisation, monitoring and forecasting of natural and human activity, and how human activity affects these.

Space data applications

Space applications and services downstream of these systems extract information from satellite data – including weather, navigation, telecommunications, and geographical data. “Today’s organisations use satellites to deliver faster, better services at lower cost, and our space

applications and services facilitate this,” said Mr Schott.

The mapping and monitoring of wildfires is an example, in which these models can be used to minimise damage and aid recovery. There are also applications in the health, transportation, government, agriculture, maritime, oil and gas, trading, finance and insurance industries.

An example of how CGI in Luxembourg contributes outside the group is its recent partnership with a manufacturer and operator of nanosatellites. This involves developing and implementing gateways to autonomous operations platform. “This cooperation is part of CGI’s strategy to help space players in Luxembourg to grow their investments by using space data to solve their business challenges and drive business opportunities,” said Mr Schott.

SATELLITE NAVIGATION

Users of sat nav are more demanding than ever, with them seeking more precise and time-related positioning. CGI is part of a panEuropean effort – based on the Galileo system –to refine the accuracy of these systems, by providing ground control, mission services and data security support.

SATELLITE COMMUNICATION

Satellites have enabled considerable advances in communication technology over the decades, and this innovation continues to progress. A current focus is the roll-out of 5G mobile technology, with CGI contributing, including by bringing fixed networks and satellite systems together.

SATELLITE OPERATIONS

CGI’s satellite mission software suite handles all aspects of a spacecraft mission, from planning to implementation to operation. These systems have many uses, such as the creation of digital-twin Earths which enable the visualisation, monitoring and forecasting of natural and human activity, and how human activity affects these.

DOWNSTREAM APPLICATIONS

Space applications, and services downstream of these systems, extract information from satellite data. This includes weather, navigation, telecommunications, and geographical data. CGI works to deliver this information more quickly and effectively.

Brand Voice
If you are interested in our space solutions, please visit: www.cgi.com/fr/ industrie-spatiale AVRIL 2023 73
Portfolio 74 AVRIL 2023

« Il est intéressant, d’un point de vue scientifique, de voir comment les applications spatiales conduisent à de nombreuses nouvelles questions de recherche dans l’automatisation, le contrôle et la robotique. Il est également fascinant de voir que nos solutions fonctionnent si loin de la Terre, avance le responsable du groupe de recherche Automatisation et robotique à l’Uni. Les activités spatiales ont un impact international et créent de nouveaux emplois de haut niveau au Luxembourg. C’est excellent pour nos étudiants et nos jeunes chercheurs ! »

L’espace, c’est leur domaine de prédilection.

À la tête de sociétés technologiques, de start-up, chercheurs ou enseignants, ils en explorent toutes les possibilités de développement. En ayant la tête dans les étoiles pour continuer à rêver, tout en gardant les pieds sur terre, condition sine qua non pour que leurs ambitions deviennent un jour une réalité.

Photos GUY WOLFF Texte THIERRY LABRO HOLGER VOOS Université du Luxembourg
AVRIL 2023 75
Directeur du master interdisciplinaire dédié à l’espace

Serial space entrepreneur

Fille d’un général américain spécialisé dans les satellites et détaché par l’US Air Force auprès de la Maison-Blanche, Candace Johnson s’est mariée avec l’ambassadeur du Luxembourg à New York avant de venir au Luxembourg, où elle a investi son temps dans le développement de l’espace. Fondatrice de SES, elle est aujourd’hui viceprésidente du conseil d’administration de NorthStar Earth and Space… et a une place particulière pour défendre le rôle des femmes dans ce secteur, comme dans tous les autres. « Cela fait 45 ans que je fais du new space », s’amuse-t-elle.

SnT

Chercheur en robotique spatiale

« Travailler au développement de nouveaux algorithmes d’IA pour la robotique spatiale présente des défis énormes. En même temps, il est passionnant de faire partie de cette nouvelle ère spatiale dans la recherche et les affaires qui se déroulent aujourd’hui », s’enthousiasme ce touche-à-tout des robots de l’espace. Systèmes aériens sans pilote, vision par ordinateur, fusion de capteurs, contrôle basé sur la vision, techniques de contrôle soft computing, robotique et automatisation : il « pilote » notamment le bac à sable pour développer les futurs rovers de l’espace.

CANDACE JOHNSON MIGUEL ANGEL OLIVARES
76 AVRIL 2023

Il y a un an que Kathryn Hadler a été nommée à la tête du Centre européen d’innovation pour les ressources spatiales, né à l’initiative du Luxembourg et de l’Agence spatiale européenne. « Il y a de telles activités passionnantes qui se déroulent sur le terrain aujourd’hui, par exemple l’utilisation des ressources trouvées dans l’espace pour soutenir l’exploration spatiale et la découverte scientifique : le principal objectif de nos activités à l’Esric », s’enthousiasme cette ingénieure chimiste ayant à son actif de nombreuses années d’expérience dans le secteur du traitement des minéraux.

78 AVRIL 2023

Désignée « Next Billion-Dollar Company » par Forbes en 2017, Spire a été tout près d’atteindre son break even cette année. Ce qui n’empêche pas son fondateur et CEO, Peter Platzer, de garder les pieds sur terre. « Avec notre constellation de 100 satellites, nous pouvons fournir des données riches et granulaires qui aident les décideurs à diriger, agir et planifier en toute confiance. » L’entrepreneur l’assure : avec les bons conseils et le bon leadership, le Luxembourg prendra les mesures nécessaires pour redevenir un pionnier en matière d’emplois et de capacités spatiales de haute technologie.

AVRIL 2023 79

Hitec et Université du Luxembourg

Manager et président du conseil de gouvernance

« Le Luxembourg est une terre fertile pour le secteur spatial, car tous deux sont résolument tournés vers l’international, axés sur la diversité des services et poussés par l’excellence et l’innovation, tels des triathlètes qui ont l’ambition de nager, rouler et courir aussi vite que les meilleurs spécialistes », explique ce passionné des nouvelles technologies et de l’innovation. Ingénieur diplômé de l’ETH Zürich, il continue de s’investir pour le développement de l’excellence de la recherche et de l’innovation.

Université du Luxembourg

Professeure de la chaire SES en droit des communications par satellite et des médias

« Les acteurs spatiaux doivent coordonner leurs activités, enregistrer leurs objets spatiaux et négocier l’utilisation de fréquences. La réglementation de l’exploration et de l’utilisation de l’espace extraatmosphérique, qui empêche la pollution des orbites et les interférences nuisibles, est au cœur de mes recherches à l’Université, explique Mme Hofmann. Le Luxembourg est un lieu fascinant pour les activités spatiales. C’est une plaque tournante pour de nombreuses entreprises, des grands acteurs comme SES aux start-up. »

YVES ELSEN MAHULENA HOFMANN
AVRIL 2023 81

OMAR QAISE

OQ Technology est le premier opérateur de satellites pour la connectivité IoT utilisant le protocole 5G pour fournir une connectivité partout, en particulier dans les zones reculées et rurales. « Notre technologie sans fil, développée en collaboration avec le gouvernement luxembourgeois et l’Agence spatiale européenne, est compatible avec les technologies cellulaires existantes », n’est pas peu fier de rappeler celui qui a obtenu la première licence pour un réseau lié à l’internet des objets. Une innovation de rupture pour laquelle il a patiemment travaillé.

82 AVRIL 2023
OQ

« L’industrie spatiale change la donne pour la planète, elle m’a toujours fascinée et je voulais en faire partie. Du côté des télécommunications reliant les gens aux applications de navigation, telles que le GPS, l’exploration spatiale ou l’observation de la Terre, il existe des possibilités infinies pour améliorer la vie des gens », explique Maria Mateo Iborra, passée notamment chez SES et dont la startup entend accélérer l’indemnisation des agriculteurs.

AVRIL 2023 83
MARIA MATEO IBORRA Ibisa Network Cofondatrice et CEO

Services de livraison : l’humain derrière le digital

Dans la restauration, les besoins en livraison ne cessent d’augmenter. Face à la hausse des commandes, disposer de solides équipes est essentiel. Il est donc crucial de veiller à leur bien-être.

C’est pour offrir un service recherché par les habitants de la capitale et pour répondre à leurs attentes qu’Emanuele Chichi et Filippo Biasotto ont créé Wedely et développé leur plateforme en 2016. Ce service mettant des livreurs à disposition des restaurants n’existait en effet pas à l’époque.

« Le plus gros challenge concernait notre manque de notoriété. Les clients et restaurateurs ne nous connaissaient pas.

Nous avons peu à peu multiplié les collaborations et gagné la confiance de ces derniers, y compris celle de grandes chaînes de restauration rapide nécessitant de nombreuses livraisons. Nous avons pu

montrer notre flexibilité et notre proactivité pour répondre à leurs besoins », explique Caroline Thiriot, responsable commerciale.

En parallèle, les horaires de services ont été revus pour correspondre aux habitudes de consommation et répondre à la hausse des commandes. Les livraisons sont désormais assurées du matin jusqu’au soir. Le rayon de livraison d’abord limité à Luxembourg-Ville s’est également élargi au sud du pays avec des villes telles que Belval, Esch- sur-Alzette, Schifflange, Dudelange, Rodange, Pétange, et bien d’autres communes de cette région. L’entreprise continue à se développer dans tout le Luxembourg.

Les livreurs, un maillon essentiel Pour prendre en charge les milliers de commandes quotidiennes, l’entreprise peut s’appuyer sur plusieurs livreurs professionnels, capables de fournir un service d’excellence. Pour les aider au quotidien, une application de gestion de commandes et une équipe de support sont mises à leur disposition. Des comparaisons sont souvent réalisées entre d’autres entreprises européennes de livraison et Wedely, mais le modèle d’entreprise est très différent.

Accorder à chacun la même importance Les membres de l’équipe sont le moteur de l’entreprise

De gauche à droite : Adrian, technicien ; Veronica, responsable communication ; Emanuele, cofondateur ; Emad, développeur ; Dylan et Joshua, contrôleurs.

Absents sur la photo : Filippo, cofondateur ; Daniela, membre de l’équipe support ; Caroline, responsable commerciale ; Raphael , contrôleur.

84 AVRIL 2023
Contenu sponsorisé par WEDELY Restauration
Photo BRAND VOICE
Eva Krins (Maison Moderne)

et sont choisis pour leur professionnalisme. « Nous avons confiance en leur travail. Les employés de Wedely peuvent travailler à domicile et ce depuis plusieurs années déjà, avant même le Covid. Nous essayons de rendre leur travail aussi serein que possible. Tout le monde est indispensable chez Wedely : ceux qui traitent les livraisons, le service commercial, les développeurs qui mettent à jour le logiciel, le service communication et l’équipe d’assistance client. Chaque personne est essentielle pour garantir efficacité et performance ». Les restaurants sont également essentiels au travail de Wedely. Ils sont donc soigneusement sélectionnés

pour leur qualité et pour leur efficacité. « Sans leur collaboration, rien ne serait possible. C’est pourquoi nous voulons souligner leur rôle important dans la société et le service qu’ils rendent aux consommateurs ».

Satisfaire un public plus large À l’avenir, Wedely souhaite proposer plus de services pour tous les budgets.

« Le pays est en pleine croissance et a besoin de services innovants. Nous voulons suivre ce rythme rapide en continuant à développer notre entreprise made in Luxembourg pour répondre aux besoins des clients ».

Responsable communication

S’occupe des volets publicité, marketing et de l’identité visuelle.

Technicien

Est désigné pour la résolution des problèmes techniques liés aux appareils, mis à la disposition des restaurants.

Contrôleurs

Assurent le bon flux des commandes vers les restaurants afin de minimiser la charge de travail.

Équipe de support S’occupe des clients, examine leurs commentaires pour s’assurer de leur satisfaction.

Développeurs

Veillent à améliorer la plateforme et le site internet en ajoutant par exemple des options et mots-clés supplémentaires.

Responsable commerciale Gère, soutient et coordonne les relations commerciales avec des centaines de restaurants et les partenaires.

Pour en savoir plus sur rendez-vousWedely,sur

wedely.com

AVRIL 2023 85
« Nous considérons chaque collaborateur et partenaire comme un membre d’une grande famille. »
Caroline Thiriot Responsable commerciale
WEDELY
LES DOMAINES D’ACTIVITÉS AU SEIN DE

Bienvenue au Club !

Cher membre, Retrouvez trois rendez-vous à ne pas manquer en avril et mai.

Le 25 avril, la croissance sera à l’honneur lors d’un nouveau « 10×6 PME : scale me up! ». La scalability retrouvera son sens au travers des success-stories de 10 experts dirigeant des petites et moyennes entreprises. Innovation, recrutement, production, vente, levée de fonds… Des challenges aux réussites, découvrez des histoires inspirantes lors de cet événement introduit par M. Lex Delles, ministre des Classes moyennes et ministre du Tourisme.

Dans la continuité de nos tables rondes politiques, retrouvez les représentants des partis du GrandDuché lors d’un événement dédié aux élections communales. Avec ses quelque 130.000 habitants, et une population considérablement augmentée les jours ouvrables, la capitale est le poumon économique du pays. Qui est prêt à diriger ce flagship communal ? Faites-vous une opinion le jeudi 04 mai.

Enfin, le 16 mai, se tiendra un nouveau 10×6 sur les investissements alternatifs durant lequel 10 experts des fonds parleront des avantages de l’écosystème financier au Luxembourg, de ses défis et des opportunités transfrontalières.

Au plaisir de vous rencontrer aux événements du Club.

Business club
À bientôt,
MICHEL GREVESSE-SOVET Director Paperjam + Delano Business Club
“Achieving gender equality and empower all women and girls.”
86 AVRIL 2023 1 2 3 4 5
Charlotte Pedersen Wizz Air, Lagapim, Alpha Trains Group

COMMENT PARTICIPER AUX ÉVÉNEMENTS DU PAPERJAM + DELANO BUSINESS CLUB ?

Vous êtes déjà membre

Il vous suffit de vous rendre sur notre site web paperjam.lu, dans la section Business Club, afin de trouver l’événement auquel vous souhaitez participer. Remplissez le formulaire d’inscription en bas de page pour vous inscrire à nos événements physiques ou digitaux.

Vous n’êtes pas encore membre

Il vous suffit de contacter l’équipe du Paperjam + Delano Business Club par e-mail via club@paperjam.lu, qui vous mettra en relation avec un de nos chargés de compte pour vous faire entrer dans le plus grand business club du Luxembourg.

Félicie Weycker

Fonds Kirchberg, Fonds Belval, CFL, Lux-Airport, Luxtram

1 Loredana Plesu (Viasun)

2 Héloise Redinge (ATOM POWER)

3 Bob Kneip (Kneip Management)

4 Margot Reuter (Rodolphe Mertens Architects)

5 Bob Schamine (RBC Investor Services Bank)

6 Chaffa Zaroui (FIDÈS)

7 Claudine Bettendroffer (Ministry of Finance)

8 Maureen Wiwinius (Ministry of Finance)

9 Jérôme Wiwinius (LALUX Assurances)

10 Nasir Zubairi (The LHoFT Foundation)

11 Hugues Delcourt (Delcourt, Kim & Associates)

« Il faut s’inspirer plus activement des pays nordiques, où l’égalité des chances n’est plus un mot d’ordre, mais une réalité. »
Photos Eva Krins, Marie Russillo
AVRIL 2023 87
10 11 6 7 8 9

AGENDA TALKS & SHOWS

Mardi 25 avril 2023 (18:30-22:30)

Athénée de Luxembourg

10×6 PME : scale me up!

Avec la participation de Lex Delles, ministre des Classes moyennes et ministre du Tourisme, et les experts Damien Chasseur (Collaboration Betters The World), Genna Elvin (Tadaweb), Myriam Filali (Rockids), Felix Hemmerling (Kodehyve), Patrick Kersten (Vesperia), Vincent Lyonnet (Steel Shed Solutions), Régis Claudel (Blue Wire), Carolyn Prestat (Fiveoffices), Jean-Marc Ueberecken (Arendt & Medernach) et Clémentine Venck (Cocottes).

PARTENAIRE GOLD ING

LeJeudi 4 mai 2023 (18:30-21:30)

Chambre de commerce

AGENDA SOCIAL EVENTS

31.03

Déjeuner carrousel

31.03

Thank God It’s Friday: Leadership lunch

06.04

Let’s Taste: Chocolate

21.04

Thank God It’s Friday: HR lunch

28.04

Déjeuner Carrousel

28.04

Thank God It’s Friday: Marketing lunch

05.05

Élections communales :

Quelles sont les priorités des partis ?

Table ronde avec la participation de Lydie Polfer (DP), François Benoy (déi Gréng), Gabriel Boisante (LSAP), Pascal Clement (Piratepartei), Alex Penning (ADR), Serge Wilmes (CSV) ainsi qu’un représentant de déi Lénk.

Mardi 16 mai 2023 (18:30-22:30)

Forum Geesseknäppchen

Thank God It’s Friday: Under 50 lunch

12.05

Thank God It’s Friday: Leadership lunch

AGENDA ACADEMY

05.04

ADVANCED TRAINING

Boostez votre middle management (4/6)

12.04

ADVANCED TRAINING

Développez votre stratégie commerciale (3/4)

12.04

WEBINAR Private equity

13.04

Journée de workshops

20.04

ADVANCED TRAINING Legal toolbox (2/3)

26.04

WEBINAR

Employer branding

27.04

ADVANCED TRAINING

Public speaking (2/3)

02.05

Off the Record: Human resources

03.05

ADVANCED TRAINING Legal toolbox (3/3)

10.05

ADVANCED TRAINING

Devenez un recruteur efficace (3/3)

10×6 Alternative investments

Avec la participation de Pascal Bouvier (Middlegame Ventures), Olivier Carré (PwC), Fabrice Coste (Invesco Management), Hind El Gaidi (Astorg), Constanze Jacobs (Commerz Real), Daniela Klasén-Martin (Credit Suisse), Vanessa Roger Grüneklee (Schroders), Maria Samuelsson von Oldenskiöld (EQT Group) et Douglass Welch (Pemberton Asset Management Group).

PARTENAIRES GOLD ING, PwC Legal

10.05

WEBINAR

Comprendre le management transversal

Retrouvez le programme complet

Business club Mars/Mai
programme Pour vous inscrire, rendez-vous sur le site du Paperjam + Delano Business Club : club.paperjam.lu
SOLD OUT
SOLD OUT LET’S TASTE
88 AVRIL 2023
Subscribe to our newsletters and magazines Discover the Paperjam + Delano Business Club programme www.paperjam.lu www.delano.lu Paperjam + Delano, un écosystème business bilingue

Le chef étoilé de La Distillerie, René Mathieu, cultive un rapport détaché à l’argent. Le temps passé avec ses proches est un plaisir qui n’a pas de prix.

Une devise ou un principe par rapport à l’argent ?

Je n’ai pas de devise particulière, mais venant d’une famille nombreuse, je considère l’argent comme nécessaire pour subvenir à nos besoins. Je regrette cependant que l’argent puisse exercer une certaine forme de pouvoir.

Vous êtes plutôt cigale ou plutôt fourmi ?

Je suis entre les deux, il faudrait trouver un autre insecte [sourire]. Disons que je ne suis pas dépensier à outrance, mais que je ne suis pas radin non plus. Pour moi, il y a des choses plus importantes que l’argent.

Comme quoi ?

Être bien, se nourrir sainement, avoir une vie saine, tout simplement. Beaucoup estiment avoir besoin d’argent pour pouvoir faire quelque chose. Mais je suis d’avis que l’on pourrait se contenter de moins et être tout aussi heureux.

Vous souvenez-vous de votre premier salaire et de ce que vous en avez fait ?

Oui, j’étais en apprentissage et devais avoir 12 ou 13 ans. Je pense que j’ai gagné 200 francs belges à l’époque, ce n’était rien. Mais j’ai réussi à épargner, et, à mes 16 ans, je me suis payé une moto.

Votre rapport à l’argent a-t-il évolué avec le temps ?

Non. Je n’avais pas de fortune, je n’ai pas de fortune et je n’aurai pas de fortune. Je pense que si un jour je gagnais au loto, il serait naturel pour moi de partager le montant et faire plaisir à ceux qui me sont chers et qui en ont besoin.

Mais y a-t-il quelque chose pour lequel vous seriez prêt à dépenser sans compter ?

Je ne suis pas matérialiste, mais dans la mesure où je fais un métier hyper stressant et que je vois peu mes proches, je me fais plaisir sur les vacances.

Qu’est-ce que cela vous procure ? C’est surtout l’opportunité de passer du temps ensemble, de faire des choses

que l’on ne fait pas le reste de l’année. Cela peut être des promenades, des repas ou d’autres activités.

Si un jour vous deviez partir sur une île déserte, qu’emporteriez-vous ?

Un couteau, un briquet pour allumer un feu, ainsi que ma femme. Pour le reste, je peux vivre en autarcie. Je n’ai besoin de rien d’autre. C’est en faisant quelque chose comme cela que l’on se rend compte que la richesse, ce sont les moments de bonheur que l’on passe avec d’autres personnes. Se déconnecter du monde est très important.

La recette du bonheur

Interview CATHERINE KURZAWA Photo ROMAIN GAMBA René Mathieu emporterait un couteau et un briquet sur une île déserte.
90 AVRIL 2023

TABLE RONDE 3/4

Élections législatives 2023

FISCALITÉ, FINANCES PUBLIQUES ET PLACE FINANCIÈRE

Comment développer la place financière qui est le principal contributeur au budget de l’État ?

L’État-providence luxembourgeois est l’un des plus généreux au monde. Pour maintenir une qualité de vie élevée, voire continuer à moderniser la Société, l’État a besoin d’un budget durable. Les investissements publics prévus pour 2023 s’élèvent à près de 3,5 milliards, et les transferts sociaux constituaient 47 % du budget 2022 de l’État. Comment les financer ?

Une croissance forte est-elle le seul moyen, ou peuton optimiser les rentrées fiscales ? Doit-on imposer plus le capital ou les revenus du travail ?

Est-ce que les partis politiques veulent imposer une limite de l’endettement public ? Faut-il différencier un endettement pour des raisons d’investissements stratégiques et un endettement pour financer les dépenses courantes, dont le paiement des retraites ?

Faut-il réformer le modèle des retraites dans les cinq ans à venir (l’âge réel du départ à la retraite, montant des retraites, rapprocher le traitement du public et du privé) ?

S’il faut, d’un côté, s’intéresser aux dépenses (immédiates et futures), il faut aussi, de l’autre, s’intéresser aux revenus.

A  B  C  E  D
Inscriptions sur paperjam.lu/club
REAL-TIME TRANSLATION
27 juin 2023 18:30 21:30 PwC - Crystal Park 2, rue Gerhard Mercator L-2182 Luxembourg
E YVES CRUCHTEN (LSAP) C YURIKO BACKES (DP) A FERNAND KARTHEISER (ADR) B JERRY WEYER (Piratepartei) D FRANÇOIS BAUSCH (déi Gréng)

Décrivez-nous votre style. Classique et chic, mais adapté à ma vie de frontalier. Le confort et l’aspect pratique de mes tenues sont essentiels, ce qui n’empêche pas de rester classe.

Quelles sont vos inspirations mode ?

Je suis le compte Instagram d’un styliste de Reggio Calabria, la ville en Italie dont je suis originaire. Ma mère me conseille aussi des looks qui pourraient me plaire. Il y a clairement une inspiration italienne dans mon style.

À travers quelles pièces exprimez-vous votre style ?

Les accessoires, comme les pinces ou les épingles à cravate, pour apporter des détails intéressants, qu’un œil averti remarquera. Je suis aussi un fan de montres.

Comment accordez-vous tenue et montre ?

Avec un look décontracté, je me tourne vers une montre sportive, style diver ou pilot. Avec une tenue habillée, je choisis une montre classique, plus raffinée.

92 AVRIL 2023

Weronika Placek

Assistante marketing et commerciale B2B, Kinepolis Business Luxembourg

D’où vient votre intérêt pour la mode ?

Du cinéma. Le premier film qui m’a marquée sur ce point est Marie-Antoinette de Sofia Coppola, avec ses costumes d’époque et ses chaussures Manolo Blahnik. J’achète aussi Vogue depuis très jeune.

Décrivez-nous votre style. Élégant et chic, avec des touches de cuir ou d’argenté pour apporter un côté plus rock. J’ai aussi des tatouages inspirés de pochettes d’albums sur les bras. Cinéma, musique et mode ont un lien fort pour moi.

Quelle est votre pièce fétiche ?

Les chaussures à talons. Je suis progressivement montée en hauteur jusqu’à pouvoir porter du 10 cm au quotidien. J’ai quand même une paire de chaussures plates, des Converse montantes, au cas où...

Y a-t-il une paire avec laquelle vous avez un attachement particulier ? Pour mes 22 ans, une amie avait sollicité tous mes proches pour m’offrir une paire de Louboutin, les Pigalle classiques noires en 100 mm. C’était un cadeau très symbolique et je ne m’en séparerai jamais.

Loris Sgro a été pris en photo devant la Cité judiciaire et Weronika Placek à la Philharmonie.
AVRIL 2023 93

Pour 4 personnes

Préparation : 1 h

Cuisson : 30 min

INGRÉDIENTS

4 pavés de saumon de 150 g

160 g de lentilles vertes du Puy

50 g de petits lardons

2 oignons

2 carottes

2 étoiles de badiane

1 bouquet garni

6 échalotes

180 g de beurre

2 cuillères à soupe

d’huile de noix

200 ml de vin rouge

600 ml de bouillon de volaille

Sel et poivre du moulin

Saumon et lentilles vertes du Puy au beurre rouge

Peler et hacher finement les oignons. Peler et couper les carottes en petits dés. Mettre 20 g de beurre dans une cocotte, ajouter les oignons, chauffer et faire suer sans coloration. Ajouter les carottes et faire suer 2 minutes. Ajouter les petits lardons fumés, les faire suer avec la garniture puis ajouter les lentilles. Mouiller avec le bouillon de volaille, ajouter le bouquet garni et les étoiles de badiane. Porter à frémissement et laisser cuire 25 minutes à découvert.

Peler et hacher finement les échalotes. Les mettre dans une casserole et mouiller avec le vin rouge. Saler et poivrer. Porter à ébullition et laisser réduire de trois quarts. Incorporer ensuite, petit à petit et au fouet, le reste du beurre coupé en petits morceaux sur feu doux. Réserver au chaud.

Assaisonner de sel et de poivre chaque face des pavés de saumon. Dans une poêle, chauffer 2 cuillères à soupe d’huile de noix. Disposer les pavés de saumon côté chair et faire dorer sur feu doux 2 minutes. Recommencer l’opération sur le côté peau. Réserver les pavés sur feu éteint.

Tapisser le fond de l’assiette avec les lentilles en évitant de mettre le jus. Disposer les pavés de saumon dessus. Napper le saumon avec un peu de sauce au beurre rouge et verser le reste dans une saucière.

Auteur LÉNA FERNANDES Photos GUY WOLFF
Arnaud Duban, directeur de l’Agence de l’Énergie, partage sa recette de pavés de saumon et lentilles vertes du Puy cuisinées à l’ancienne, accompagnés d’une sauce au beurre rouge.
94 AVRIL 2023

Cette maison transformée avec justesse est une des plus anciennes du Limpertsberg.

Cette maison d’habitation était autrefois les bureaux des renommées roseraies Soupert & Notting. D’importants travaux y ont été réalisés à l’intérieur pour ouvrir et réaménager l’espace. Un impressionnant escalier métallique sert de liaison entre tous les étages et permet de faire circuler la chaleur produite par la cheminée. Lorsqu’on gravit les marches, on a toujours une vue différente et transversale sur les espaces

SOBRE

à vivre. La maison n’est pas immense, ce qui lui donne un caractère ramassé et chaleureux. Au premier étage se trouvent trois chambres avec leur salle de douche. Le grenier abrite la chambre des parents et une chambre d’amis, elles aussi avec leur salle de douche. Au niveau le plus bas, celui de la rue, se trouvent la buanderie, le garage et une autre chambre d’amis qui s’ouvre sur un patio.

1 2 3 96 AVRIL 2023
Auteur CÉLINE COUBRAY Photos ROMAIN GAMBA

1 La cuisine s’articule autour d’un immense îlot qui se termine en bar, un espace régulièrement occupé par les nombreux amis qui viennent boire un verre et faire la fête ici.

2 Les liaisons visuelles sont nombreuses dans la maison, y compris dans une des salles de douche.

3 Dans la chambre d’amis du bas, équipée de sa propre cheminée, les pierres apparentes sont à l’honneur.

4 La suite parentale est logée dans le grenier.

5 Cet escalier sculptural a été réalisé avec les dernières tôles d’acier plates produites au Luxembourg. Il articule les espaces à vivre : cuisine, salon, salle à manger.

ET OUVERTE

4 AVRIL 2023 97 5

Delano avait choisi le Melusina, à Luxembourg, pour célébrer son 12e anniversaire, animé de maîtresse manière par Nickie Nicole. Près de 900 invités ont répondu à l’invitation, jouant en très grand nombre le jeu du déguisement, à choisir parmi les thèmes qui ont été ceux des 11 précédents anniversaires de Delano. Mary et Michaël sont ceux qui ont épaté le jury.

Picture report
98 AVRIL 2023 1 2 4 3 5
Photos EVA KRINS et MARIE RUSSILLO

Jane Mottet-O’Brien (Amcham), Aaron Grunwald (Delano), Fleur Thomas (ambassadrice du RoyaumeUni au Luxembourg) et Sophie Kerschen

Denis Fellens (InterLycées), Sven Clement (Piratepartei) et Jerry Weyer (Piratepartei)

Igor Leone (BEI) et Valeria Pichurina (East-West United Bank)

Mary Carey (PwC) et Michaël Dubrule (Michaël Dubrule Media)

Lydia Linna (Delano), Aaron Grunwald (Delano), Tracy Heindrichs (Delano), Cordula Schnuer (Delano), Mike Koedinger (Maison Moderne), Duncan Roberts et Natalie Gerhardstein (Delano)

Nickie Nicole et Aaron Grunwald (Delano)

Sheyda Vatan (Planetplus), Barbara Wiesen (Maison Moderne) et Donato Rotunno (Tarantula)

La piste de danse a été très occupée jusque tard dans la soirée.

En partant de la droite : François Benoy (déi Gréng) et King Zhujun Xie (Chinalux)

Geoffrey Dezoppy (Avaloq Luxembourg)

AVRIL 2023 99 7 6 8 10 9
5 6 8 2 3 7 9 10 4
1

Rédaction

Téléphone 20 70 70

E-mail press@paperjam.lu

SECRÉTAIRE DE RÉDACTION

Jennifer Graglia (-108)

POLITIQUE ET INSTITUTIONS

Julien Carette (-116)

Pierre Pailler (-109)

Ioanna Schimizzi (-120)

ENTREPRISES ET STRATÉGIES

Catherine Kurzawa (-115)

Thierry Labro (-105)

Mathilde Obert (-114)

Jérémy Zabatta (-106)

PLACE FINANCIÈRE ET MARCHÉS

Marc Fassone (-157)

Benoît Theunissen (-107)

LIFESTYLE ET VIE PRATIQUE

Céline Coubray (-162)

RÉSEAUX SOCIAUX

Christophe Lemaire (-118)

PAPERJAM + DELANO GUIDE BIOGRAPHIES ET DATA

Sarah Macri (-181)

Georges Schaul (-329)

Jezabel Scolastici (-183)

RELECTURE ET FACT-CHECKING

Pauline Berg, Lisa Cacciatore, Laura Fort, Sarah Lambolez, Manon Méral, Nathalie Rachline

JOURNALISTES / WEBPUBLISHERS

Léna Fernandes, Maëlle Hamma, Didier Hiégel

PHOTOGRAPHES

Romain Gamba, Andrés Lejona, Hervé Thouroude, Guy Wolff, Matic Zorman

ÉDITION AVRIL 2023

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION

Mike Koedinger

RÉDACTEUR EN CHEF

Nicolas Léonard

COUVERTURE

Serge Ricco (direction artistique) et Guy Wolff (photographie)

Brand Studio

Téléphone 20 70 70-300 E-mail brandstudio@maisonmoderne.com

DIRECTOR BRAND STUDIO

Youcef Damardji

HEAD OF MARKETS & BUSINESS

Florence Christmann

HEAD OF CLIENTS & MEDIA STRATEGY

Kevin Bultez

ASSISTANTE COMMERCIALE

Céline Bayle (-303)

CONSEILLERS MÉDIA

Nicolas Galtier (-318)

Mélanie Juredieu (-317)

Aline Puget (-323)

Laurie Cros (-310)

Marie Langlais (-325)

Géraldine Gij (-307)

Alexis Fernandez (-314)

Valentin Salvino (-315)

Barbara Wiesen (-309)

CONSEILLÈRE BUSINESS CLUB

Virginie Laurent (-322)

HEAD OF CONTENT STRATEGY

Emmanuelle Thivollard

STUDIO MANAGER

Sandrine Papadopoulos

MISE EN PAGE

Elina Luzerne (coordination), Salomé Jottreau (clubletter)

Éditeur

www.maisonmoderne.com

Téléphone 20 70 70

E-mail publishing@maisonmoderne.com

PRÉSIDENT

Hugues Delcourt

FONDATEUR, CEO ET DIRECTEUR PUBLISHING HOUSE

Mike Koedinger

COO

Etienne Velasti

DIRECTOR BRAND STUDIO

Youcef Damardji

DIRECTOR BUSINESS CLUB

Michel Grevesse-Sovet

CHIEF DIGITAL OFFICER

Viktor Dick

HR MANAGER

Pauline Vogel

RESPONSABLE ADMINISTRATIVE

Sylvia Leplang

DIGITAL PROJECT MANAGER

Meryem Alamy

RESPONSABLE DIFFUSION

Quentin Marenic

S’abonner au magazine

Pour contacter nos collaborateurs

ENVOYER UN E-MAIL SELON LE MODÈLE prenom.nom@maisonmoderne.com

COURRIER POSTAL BP 728, L-2017 Luxembourg

BUREAUX 10, rue des Gaulois, Luxembourg-Bonnevoie

10, avenue de la Liberté, Luxembourg-Gare

natureOffice.comDE-261-JYACEBD |

Maison Moderne s’engage à réduire son empreinte écologique. Le magazine Paperjam a bénéficié d’une impression neutre en CO2, d’un papier recyclé Blauer Engel pour sa couverture et d’un papier intérieur durable, tous deux certifiés Ecolabel et FSC�. Please recycle. Vous avez fini de lire ce magazine ? Archivez-le, transmettez-le ou bien faites-le recycler !

Tous droits réservés. Toute reproduction, ou traduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans l’autorisation écrite délivrée au préalable par l’éditeur. © MM Publishing and Media SA. (Luxembourg) Maison Moderne ™ is used under licence by MM Publishing and Media SA. ISSN 2354-4619

Conformément à l’article 66 de la loi du 8 février 2004 sur la liberté d’expression dans les médias, la présente mention est obligatoire « une fois par an, au premier numéro diffusé ». Nous avons choisi de la publier chaque mois. La société éditrice de Paperjam est détenue directement à 100 % par Mike Koedinger, éditeur domicilié au Luxembourg. La direction générale et la gestion journalière relèvent de sa responsabilité.

FONDÉEN2000
MIKEKOEDINGER
PAR
100 AVRIL 2023

Hors-série

Architecture + Real Estate

Publication annuelle de plus de 300 pages reprenant une sélection de projets architecturaux.

DISPONIBLE DEPUIS LE :

18 NOVEMBRE 2022

Paperjam + Delano Business Guide

2.950 biographies et 7.300 entreprises + institutions sur paperjam.lu/guide

DISPONIBLE DEPUIS LE :

19 JANVIER 2023

Paperjam + Delano Business Club

Découvrez le programme sur paperjam.lu/club

Le premier club d’affaires au Luxembourg.

Talks, Shows & Awards, Social, Training Academy, Services.

Mensuel

Abonnez-vous sur eshop.maisonmoderne.lu

11 numéros par an.

Suppléments Classique,

Journal

Les suppléments de Paperjam se déclinent en formats distincts et adaptés en fonction de leur usage, de leur contenu, de leur diffusion.

Paperjam.lu

L’actualité business et politique non-stop.

Paperjam.jobs

Rendez-vous sur paperjam.jobs

Candidats, trouvez votre prochain poste. Recruteurs, publiez vos offres.

Écosystème

Newsletters

Abonnez-vous sur subscription.maisonmoderne.com

Newsletter biquotidienne (8 h-16 h) Foodzilla (bimensuelle, le jeudi) Tech (vendredi)

Architecture + Real Estate (bimensuelle, le lundi) Green (mensuelle, le mercredi)

Podcasts

À écouter sur paperjam.lu/list/podcasts

Grands Dossiers

À lire sur paperjam.lu/dossiers

Retrouvez les derniers : Transformation digitale Fonds d’investissement articipez aux prochains : Wealth management anaged services & Compliance

Social

Écoutez ou réécoutez les nombreux podcasts proposés par Paperjam. De nombreux thèmes sont abordés avec un panel d’experts et de décideurs qui font l’actualité.

Paperjam @Paperjam_lu Paperjam Paperjam @paperjam_lu

Paperjam Architecture + Real Estate @paperjam_architecture

Paperjam Foodzilla PaperjamFoodzilla @paperjam_foodzilla

Paperjam + Delano Business Club @Paperjam_Club Paperjam+Delano Business Club

AVRIL 2023 101

Dohm, le savoir-faire du bois au fil des générations

Fondée en 1871 et implantée à Hosingen, la menuiserie-ébénisterie Dohm fait sans doute partie des entreprises familiales les plus anciennes du pays. Ici, le savoir-faire et la passion du bois se transmettent de génération en génération. Comme un héritage précieux qu’il faut continuer à façonner, pour le faire vivre avec son temps.

Portée sur les fonts baptismaux en 1871 dans le nord du pays, la menuiserieébénisterie Dohm a su perdurer, aussi solide que le plus résistant des bois ! L’entreprise familiale –aujourd’hui dirigée par la 6e génération – propose, en plus de la menuiserie, du mobilier sur mesure côté ébénisterie. À sa tête depuis 2014, Tanja Dohm compte bien faire perdurer l’activité familiale encore longtemps, selon les contraintes, et avec son temps.

À quel âge avez-vous su que le travail du bois serait votre métier ?

J’ai toujours été en contact avec le bois, mais je n’ai jamais appris le métier. Mes parents m’ont conseillé de travailler ailleurs que dans un milieu « d’hommes ».

Mes études de commerce m’ont permis de reprendre l’entreprise. Ce qui m’a toujours plu dans le bois, c’est la créativité : on n’a pas de limites. J’ai eu d’autres expériences professionnelles avant, mais aucune ne m’avait jamais satisfaite.

Votre quotidien correspond-il à ce que vous attendiez ?

Non. Chaque jour est différent, et je dois être flexible.

Il y a toujours des imprévus : des ouvriers malades, un client qui a besoin d’aide, une livraison en retard. On peut planifier, mais rien ne se passe jamais comme prévu !

Quels sont les plus importants challenges auxquels votre entreprise fait face ? Le manque de personnel : nos métiers n’attirent plus, en particulier les jeunes.

Comment voyez-vous votre entreprise dans cinq ans ?

Je veux garder notre philosophie : travailler de manière traditionnelle et toujours proposer du sur-mesure à nos clients. Je me pose des questions sur l’intelligence artificielle. Un jour, elle jouera peut-être un rôle dans notre secteur en manque de main-d’œuvre, avec de moins en moins de jeunes qui se forment à nos métiers. Peut-être que nous devons y réfléchir.

Quel serait votre message pour les décideurs politiques du pays ?

Il faut encourager à aller vers nos métiers, pourquoi pas avec des subsides pour les ouvriers.

Interview MAËLLE HAMMA

Photos MATIC ZORMAN

MENUISERIE DOHM

Collaborateurs 20, dont Tanja Dohm et ses parents.

Actionnaires

Tanja Dohm et ses parents.

Fondateur

Créée en 1871 par Peter Atten, qui l’a dirigée 30 ans avant de passer le relais à son fils, la menuiserie a ensuite été reprise en 1924 par Jos Atten, qui investit dans une première machine électrique. En 1960, il transmet l’entreprise à l’époux de sa fille, Jean-Pierre Dohm. Elle prend son nom. Puis c’est à Jos Dohm d’œuvrer, avant de la transmettre à sa fille Tanja en 2014.

#Under50
« De moins en moins de jeunes se forment à nos métiers. »
102 AVRIL 2023

Vous devez envoyer une facture à un organisme du secteur public ?

Alors la facturation électronique vous concerne.

Nous sommes là pour vous renseigner !

MAISONS LA GÄICHEL EISCHEN

9 maisons d’exception de 185m² à 270m²

Au calme avec vue sur la forêt

Commune de Habscht, à 8 minutes de Steinfort

CUBE MUNSBACH

Résidence de 6 appartements

Vue extraordinaire sur les prés

À 8 minutes de la Ville de Luxembourg

DOMAINE PETIT PARC

LUXEMBOURG-BELAIR

Architecture et finitions d’exception

Parc sécurisé et pavillon de fitness

Localisation unique près du centre de la Ville de Luxembourg

15, rue Evy Friedrich

L-1552 LUXEMBOURG

www.hektar.lu

(+352) 2785 8040

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.