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dans l’air du temps. Alors que chacun a l’impression d’avoir payé pour les errements des banquiers ayant conduit à la crise financière, le financement participatif donne pour une fois l’impression d’être maître de son investissement. De plus, s’il s’agit d’entrepreneurs nationaux pour servir un marché local – comme c’est le cas pour Nubs –, alors l’affaire est dans le sac. Raison garder
Il convient cependant de ne pas s’enflammer. Aussi intéressante et novatrice soit-elle, cette plateforme de financement participatif n’est pas la première du genre au GrandDuché. Crowdinvesting.lu l’avait précédée… sans toutefois lancer de campagne de comm’. Dommage. Ses fondateurs savent dorénavant ce qu’ils ont manqué en termes de publicité ! Ensuite, le business model de Nubs n’est pas vraiment celui sur lequel une place financière de l’ampleur de celle du Luxembourg, deuxième centre international de distribution de fonds, peut espérer capitaliser. Bien sûr, ce type de financement est une source de capitaux complémentaires aux circuits traditionnels que sont les proches, les banques ou les fonds d’investissement. Ce biais peut donc générer une activité économique supplémentaire. On parle cependant là de financement de projets de dimension nationale nécessitant quelques milliers d’euros de levée de fonds. Une petite dizaine de projets devraient tourner simultanément sur la plateforme. Et ce type de financement
Le lancement de la plateforme de crowdfunding luxembourgeois Nubs a suscité la curiosité et illustré l’intérêt pour ce type de démarche, qui demeure très « artisanale ».
PLACE FINANCIÈRE
participatif n’implique pas de contrepartie financière pour l’investisseur. Ce n’est donc pas vraiment ce qui va faire tourner les têtes de l’industrie financière. Le Luxembourg, doté d’un écosystème (services aux fonds, banques dépositaires, avocats, etc.) à même d’accueillir des milliers de milliards d’euros de fonds, se tournerait davantage vers les mécanismes de financement participatif basés sur le partage des bénéfices, sur les prêts et sur les investissements dans des titres, et donc supposant une contrepartie financière potentielle. On parle là de crowd lending (prêt participatif ) ou de crowd ou equity investing (investissement participatif ). Pour l’instant, cette industrie balbutie encore ses premiers mots. Le montant total recueilli en 2012 en Europe s’élève à peine à 735 millions d’euros et devrait atteindre un milliard en 2013. Les prêts bancaires de détail à des établissements non financiers s’élèvent eux à 6.000 milliards d’euros (chiffres de 2011). Dans une communication parue à la toute fin mars sur le sujet, la Commission européenne qualifie néanmoins ce montant de « prometteur », en le comparant aux 660 millions d’euros de financement pourvus par les business angels en 2010 ou aux 7 milliards d’euros de capital-risque (2012). Le crowdfunding fait d’ailleurs partie des pistes d’exploration de l’exécutif européen dans son livre vert sur le financement à long terme de l’économie européenne. Ombres au tableau
À court terme cependant, de nombreuses incertitudes jettent une ombre sur le bon développement du secteur. Les questions juridiques et notamment de propriété intellectuelle, la pesanteur des exigences réglementaires, les considérations en matière de fraude et de protection des consommateurs constituent, rappelle la Commission
JUIN 2014 —
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