38 actualité Yvette Hamilius
« Landsbanki ne leur doit rien » La liquidation de Landsbanki Luxembourg se poursuit dans la douleur. Plusieurs centaines d’investisseurs se disent victimes de fraudes de la part de l’établissement, mis en examen en France par Renaud Van Ruymbeke pour escroquerie. Ils accusent le liquidateur Yvette Hamilius d’agir contre leurs intérêts. Interview de l’avocate luxembourgeoise. Nicolas Raulot (interview), Jessica Theis (photo)
Madame Hamilius, quand et pourquoi avezvous été désignée liquidateur de Landsbanki Luxembourg ? « La liquidation judiciaire est intervenue à la suite d’une décision du Tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Celui-ci m’a désignée liquidateur le 12 décembre 2008. Landsbanki Luxembourg ne pouvait-elle plus faire face à ses engagements ? « Landsbanki Luxembourg est une filiale indirecte de Landsbanki Islande. C’est Landsbanki Islande qui ne pouvait plus faire face à ses engagements. Landsbanki Luxembourg a donc demandé une mise sous sursis de paiement ou gestion contrôlée en saisissant le tribunal luxembourgeois le 8 octobre 2008. Dans ce cas, une société commerciale ou un établissement bancaire doit faire examiner par des commissaires désignés par le tribunal si sa survie est possible ou s’il faut aller en faillite ou en liquidation judiciaire. Que s’est-il passé entre décembre 2008 et les perquisitions réalisées le 17 avril dernier chez Landsbanki Luxembourg ? « Les liquidateurs, Franz Prost de Deloitte et moi-même, avons procédé à l’activité de liquidation. Je suis seule depuis la démission de Franz Prost en mai 2009. Il y a deux volets dans la liquidation. Vous récupérez les actifs. Et puis, vous distribuez des dividendes aux créanciers. Pour Landsbanki, il y a eu près de 2.000 déclarations de créances. En l’espèce, j’ai payé un dividende de 100 % à tous les créanciers privilégiés (notamment les salariés) et à tous les déposants et fournisseurs. Pourquoi ces perquisitions ont-elles été réalisées ? « Je ne sais pas. Je dois vous rappeler que la perquisition n’a rien à voir avec mon activité de liquidation. La perquisition est une affaire islandaise, pas luxembourgeoise. Il s’agit de l’exécution au Luxembourg d’une commission rogatoire islandaise. Les prétendus malfaiteurs ont été désignés par les autorités islandaises, pas luxembourgeoises. Il ne faut pas confondre une perquisition et une mise en examen. La personne perquisitionnée est généralement détentrice de documents, qui peuvent être utiles à la découverte d’informations.
Vous essayez de recouvrer des créances auprès de personnes débitrices, parmi lesquelles beaucoup de retraités qui ont hypothéqué leur maison du sud de la France… « Je vous rappelle que tous les déposants de Landsbanki ont récupéré leurs fonds. C’est exceptionnel. Il reste deux créanciers : la Banque centrale du Luxembourg (BCL), qui a déjà récupéré une partie de sa créance, et Landsbanki Islande. La créance actuelle de la BCL doit avoisiner les 250 millions d’euros, celle de Landsbanki Islande 800 millions d’euros. Environ 400 personnes physiques ou morales ont contracté des emprunts chez Landsbanki avant la liquidation, sous forme d’equity release loans. Chacun de ces prêts était garanti par l’inscription d’une hypothèque sur un bien immeuble de ces emprunteurs. Aujourd’hui, ce sont des débiteurs de Landsbanki. Landsbanki ne leur doit rien. Pour quelles raisons, les victimes sont-elles en France et en Espagne ? « Landsbanki Luxembourg disposait d’établissements en Espagne et en France. Le produit a également été vendu par des conseillers financiers qui ont mis leurs clients en relation avec Landsbanki. Oui, mais les prêts consentis ont donné lieu à des créances beaucoup plus importantes… « Il faut tenir compte des intérêts débiteurs, qui ne sont pas remboursés et qui s’ajoutent au principal. Par ailleurs, les prêts ont été consentis en deux parts. Une partie a été remise à l’emprunteur pour son usage personnel, l’autre a été investie dans un portefeuille titres ou, au choix du client, dans une police d’assurances, ou un compte à terme. Or, les portefeuilles titres ont été particulièrement affectés par la crise de 2008, qui a conduit à l’effondrement des banques islandaises, Glitnir, Landsbanki et Kaupthing. Résultat : les actions et les obligations de ces établissements ont été fortement dévalorisées. Ce n’est pas la liquidation qui a rendu les prêts exigibles. Mais si l’établissement bancaire a un prêt non remboursé et que les garanties ne sont plus suffisantes, le contrat de prêt est dénoncé et l’emprunteur doit rembourser. C’est la situation dans laquelle se trouvent un certain nombre de débiteurs en France et en Espagne. paperjam  | Juin 2012 | économie & finance
Les avocats de Enrico Macias disent par exemple qu’il a emprunté 8 millions d’euros et qu’il en doit 43 aujourd’hui… « C’est une fausse information. M. Gaston Ghrenassia (Enrico Macias est son nom d’artiste, ndlr.) a eu un prêt bien supérieur à 8 millions d’euros (la somme de 35 millions d’euros est évoquée, ndlr.). Un tel prêt ne pourrait engendrer un passif de 43 millions d’euros. Les portefeuilles titres dont vous parlez étaientils constitués des actions de Landsbanki elle-