Paperjam Septembre / Octobre

Page 27

ENTREPRISES

PORTRAIT

JOURDAN SERDERIDIS, PIED AU PLANCHER

Nouveau siège ARHS a quitté Merl pour emménager dans le nouveau bâtiment Naos à Belval.

Le fondateur d’ARHS ne calcule pas le succès. Mais il le provoque. À la tête d’un groupe ICT qui emploie désormais 1.300 personnes au Luxembourg et à l’étranger, Jourdan Serderidis n’en a pas fini avec un travail qu’il conjugue avec plaisir.

l n’a « peur de rien ». Champion du monde de rallye, CEO d’une société ou plus récemment pa­tron d’une start-up (Fleetback, spécialisée dans la communication entre les concessionnaires automobiles et leurs clients), Jourdan S­ erderidis, 55 ans, n’a pas le don d’ubiquité, mais la capacité de prendre plusieurs routes à la fois. « J’aime les challenges, et lorsque je veux en relever un, je réfléchis en dé­ tail et je donne le meilleur de moi-même », déclare Jourdan Serderidis. Une recette qui a fonctionné en 2017 sur le plan privé lorsque ce Grec qui a grandi et qui habite en Belgique a été sacré champion du monde en rallye. Une recette qui semble fonctionner sur le plan professionnel avec sa société IT, ARHS (vient d’Arès, fils de Zeus et dieu de la guerre), depuis 2003. « Je n’ai pas eu le choix à l’époque, car les action­ naires principaux du groupe Cronos, dans lequel je travaillais, se sont séparés de moi. J’avais un peu d’argent et j’ai décidé d’in­ vestir. » Un certain sens commercial, du relationnel et un parcours dans l’informatique depuis 1988 l’ont aidé dans cette aventure qu’il continue de placer sous le signe du plaisir. « C’est le fil rouge de ma carrière. Ce que je fais, je le fais

pour m’amuser, mais sérieuse­ ment. L’ambition n’a pas été un moteur. »

UNE CROISSANCE DE 23 % EN 2018

Mais l’ambition vient en grandissant. Et ARHS a plus que grandi ces dernières années, au point d’employer 1.300 collaborateurs. La moitié est basée au Luxem­ bourg et d’autres branches ont ouvert en Belgique, en France, en Italie et en Grèce. Au départ du développement informatique, les services se sont diversifiés, notamment vers la consultance. « Les ins­ titutions européennes ont joué un grand rôle dans notre développe­ ment et elles représentent toujours 60 % de notre chiffre d’affaires, ajoute Jourdan Serderidis. Le suc­ cès qui s’est dessiné au fil de 16 années s’explique dans notre capacité à mener des projets à prix fixe, ainsi qu’à être flexibles et agiles dans notre façon de fonc­ tionner pour absorber notre crois­ sance. » Avec une croissance de 25 % en moyenne durant les six dernières années (23 % en 2018 avec un chiffre d’affaires de 108 millions d’euros), le cap des 200 millions de chiffre d’affaires se profile pour 2020. Une réussite due en grande partie au patron ? « Nous n’avons pas eu de crise, nous n’avons pas Ambitions Jordan Serderidis (à droite) souhaite atteindre les 500 millions de chiffre d’affaires en 2025 et porter ARHS à l’international.

28 —

perdu d’argent, mais ce n’est pas un ‘ one-man show ’. Je me suis entouré de gens de grande qualité, complémentaires à la façon dont je fonctionne. »

UN NOUVEAU SIÈGE À BELVAL

Afin de répondre à l’évolution de ce qui est devenu un groupe, le management a décidé de quitter Merl pour se doter d’un nouveau

« Ma tête est dans la société, mais je ne veux pas tout contrôler. » Jourdan Serderidis CEO, ARHS

siège : le bâtiment Naos à Belval. « Il est important de donner un cadre de travail de qualité à nos consultants, de donner envie à la cinquantaine de nouvelles recrues que nous embauchons chaque année de nous rester fidèles. En ce qui nous concerne, Belval est une meilleure localisation que le centre-ville en matière d’accessi­ bilité. » Un bâtiment financé par ARHS et ses collaborateurs qui ont été associés au chantier, avant sa vente, à l’automne 2018, à un consortium d’assureurs belges et luxembourgeois dont l’identité est restée secrète. Une belle opération qui a donné un peu plus de latitude financière au groupe. « La croissance donne aussi de l’am­

bition aux collaborateurs et nous permet de rester indépendants et maîtres de notre destin. » Un destin qui attise certaines convoitises. Mais pas question pour autant de vendre un actif qui fait un peu partie de soi. « Ma tête est dans la société, mais je ne veux pas tout contrôler. Je suis exigeant, je crois à l’engagement et à l’efficacité, mais je laisse une certaine lati­ tude aux équipes. » Revendiquant une forme d’instinct pour détecter un talent ou les capacités d’un collaborateur, voire un sixième sens pour dénicher ce qui sera profitable, Jourdan Serderidis est, logiquement, la figure tutélaire de l’entreprise qu’il a portée sur les fonts baptismaux avec plusieurs associés (Nathalie Vandervelde, Pierre Noel, Jean-Philippe Roch et JeanFrançois Pitz) et dont il reste l’actionnaire de référence. Sans songer à la retraite, il envisage en quelque sorte de devenir copilote, celui qui donne la direction tout en laissant le volant à un autre. « Le groupe ne doit pas forcément dépendre de moi pendant 10 ans, même si je ne vais pas raccro­ cher. » Le candidat idéal n’existe pas, mais il devra intégrer la philosophie du fondateur et ses prochaines ambitions : atteindre 500 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2025 et prendre la voie de l’internationalisation. « Quand on part de rien, comme ce fut mon cas, il ne faut pas avoir peur de prendre des risques. Mais l’essentiel, pour l’entrepreneur, est d’être capable de prendre des risques intelligents pour les mener à la réussite. » T. R.

PHOTOS Lala La Photo

I

­— Septembre / Octobre 2019

028_master_espresso_ARHS.indd 28

20/09/2019 19:11


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.