Paperjam Septembre / Octobre

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ENTREPRISES

PORTRAIT

JOURDAN SERDERIDIS, PIED AU PLANCHER

Nouveau siÚge ARHS a quitté Merl pour emménager dans le nouveau bùtiment Naos à Belval.

Le fondateur d’ARHS ne calcule pas le succĂšs. Mais il le provoque. À la tĂȘte d’un groupe ICT qui emploie dĂ©sormais 1.300 personnes au Luxembourg et Ă  l’étranger, Jourdan Serderidis n’en a pas fini avec un travail qu’il conjugue avec plaisir.

l n’a « peur de rien ». Champion du monde de rallye, CEO d’une sociĂ©tĂ© ou plus rĂ©cemment pa­tron d’une start-up (Fleetback, spĂ©cialisĂ©e dans la communication entre les concessionnaires automobiles et leurs clients), Jourdan S­ erderidis, 55 ans, n’a pas le don d’ubiquitĂ©, mais la capacitĂ© de prendre plusieurs routes Ă  la fois. « J’aime les challenges, et lorsque je veux en relever un, je rĂ©flĂ©chis en dé­ tail et je donne le meilleur de moi-mĂȘme », dĂ©clare Jourdan Serderidis. Une recette qui a fonctionnĂ© en 2017 sur le plan privĂ© lorsque ce Grec qui a grandi et qui habite en Belgique a Ă©tĂ© sacrĂ© champion du monde en rallye. Une recette qui semble fonctionner sur le plan professionnel avec sa sociĂ©tĂ© IT, ARHS (vient d’ArĂšs, fils de Zeus et dieu de la guerre), depuis 2003. « Je n’ai pas eu le choix Ă  l’époque, car les action­ naires principaux du groupe Cronos, dans lequel je travaillais, se sont sĂ©parĂ©s de moi. J’avais un peu d’argent et j’ai dĂ©cidĂ© d’in­ vestir. » Un certain sens commercial, du relationnel et un parcours dans l’informatique depuis 1988 l’ont aidĂ© dans cette aventure qu’il continue de placer sous le signe du plaisir. « C’est le fil rouge de ma carriĂšre. Ce que je fais, je le fais

pour m’amuser, mais sĂ©rieuse­ ment. L’ambition n’a pas Ă©tĂ© un moteur. »

UNE CROISSANCE DE 23 % EN 2018

Mais l’ambition vient en grandissant. Et ARHS a plus que grandi ces derniĂšres annĂ©es, au point d’employer 1.300 collaborateurs. La moitiĂ© est basĂ©e au Luxem­ bourg et d’autres branches ont ouvert en Belgique, en France, en Italie et en GrĂšce. Au dĂ©part du dĂ©veloppement informatique, les services se sont diversifiĂ©s, notamment vers la consultance. « Les ins­ titutions europĂ©ennes ont jouĂ© un grand rĂŽle dans notre dĂ©veloppe­ ment et elles reprĂ©sentent toujours 60 % de notre chiffre d’affaires, ajoute Jourdan Serderidis. Le suc­ cĂšs qui s’est dessinĂ© au fil de 16 annĂ©es s’explique dans notre capacitĂ© Ă  mener des projets Ă  prix fixe, ainsi qu’à ĂȘtre flexibles et agiles dans notre façon de fonc­ tionner pour absorber notre crois­ sance. » Avec une croissance de 25 % en moyenne durant les six derniĂšres annĂ©es (23 % en 2018 avec un chiffre d’affaires de 108 millions d’euros), le cap des 200 millions de chiffre d’affaires se profile pour 2020. Une rĂ©ussite due en grande partie au patron ? « Nous n’avons pas eu de crise, nous n’avons pas Ambitions Jordan Serderidis (Ă  droite) souhaite atteindre les 500 millions de chiffre d’affaires en 2025 et porter ARHS Ă  l’international.

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perdu d’argent, mais ce n’est pas un ‘ one-man show ’. Je me suis entourĂ© de gens de grande qualitĂ©, complĂ©mentaires Ă  la façon dont je fonctionne. »

UN NOUVEAU SIÈGE À BELVAL

Afin de rĂ©pondre Ă  l’évolution de ce qui est devenu un groupe, le management a dĂ©cidĂ© de quitter Merl pour se doter d’un nouveau

« Ma tĂȘte est dans la sociĂ©tĂ©, mais je ne veux pas tout contrĂŽler. » Jourdan Serderidis CEO, ARHS

siĂšge : le bĂątiment Naos Ă  Belval. « Il est important de donner un cadre de travail de qualitĂ© Ă  nos consultants, de donner envie Ă  la cinquantaine de nouvelles recrues que nous embauchons chaque annĂ©e de nous rester fidĂšles. En ce qui nous concerne, Belval est une meilleure localisation que le centre-ville en matiĂšre d’accessi­ bilitĂ©. » Un bĂątiment financĂ© par ARHS et ses collaborateurs qui ont Ă©tĂ© associĂ©s au chantier, avant sa vente, Ă  l’automne 2018, Ă  un consortium d’assureurs belges et luxembourgeois dont l’identitĂ© est restĂ©e secrĂšte. Une belle opĂ©ration qui a donnĂ© un peu plus de latitude financiĂšre au groupe. « La croissance donne aussi de l’am­

bition aux collaborateurs et nous permet de rester indĂ©pendants et maĂźtres de notre destin. » Un destin qui attise certaines convoitises. Mais pas question pour autant de vendre un actif qui fait un peu partie de soi. « Ma tĂȘte est dans la sociĂ©tĂ©, mais je ne veux pas tout contrĂŽler. Je suis exigeant, je crois Ă  l’engagement et Ă  l’efficacitĂ©, mais je laisse une certaine lati­ tude aux Ă©quipes. » Revendiquant une forme d’instinct pour dĂ©tecter un talent ou les capacitĂ©s d’un collaborateur, voire un sixiĂšme sens pour dĂ©nicher ce qui sera profitable, Jourdan Serderidis est, logiquement, la figure tutĂ©laire de l’entreprise qu’il a portĂ©e sur les fonts baptismaux avec plusieurs associĂ©s (Nathalie Vandervelde, Pierre Noel, Jean-Philippe Roch et JeanFrançois Pitz) et dont il reste l’actionnaire de rĂ©fĂ©rence. Sans songer Ă  la retraite, il envisage en quelque sorte de devenir copilote, celui qui donne la direction tout en laissant le volant Ă  un autre. « Le groupe ne doit pas forcĂ©ment dĂ©pendre de moi pendant 10 ans, mĂȘme si je ne vais pas raccro­ cher. » Le candidat idĂ©al n’existe pas, mais il devra intĂ©grer la philosophie du fondateur et ses prochaines ambitions : atteindre 500 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2025 et prendre la voie de l’internationalisation. « Quand on part de rien, comme ce fut mon cas, il ne faut pas avoir peur de prendre des risques. Mais l’essentiel, pour l’entrepreneur, est d’ĂȘtre capable de prendre des risques intelligents pour les mener Ă  la rĂ©ussite. » T. R.

PHOTOS Lala La Photo

I

­— Septembre / Octobre 2019

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