ENTREPRISES
PORTRAIT
JOURDAN SERDERIDIS, PIED AU PLANCHER
Nouveau siÚge ARHS a quitté Merl pour emménager dans le nouveau bùtiment Naos à Belval.
Le fondateur dâARHS ne calcule pas le succĂšs. Mais il le provoque. Ă la tĂȘte dâun groupe ICT qui emploie dĂ©sormais 1.300 personnes au Luxembourg et Ă lâĂ©tranger, Jourdan Serderidis nâen a pas fini avec un travail quâil conjugue avec plaisir.
l nâa «âpeur de rienâ». Champion du monde de rallye, CEO dâune sociĂ©tĂ© ou plus rĂ©cemment paÂtron dâune start-up (Fleetback, spĂ©cialisĂ©e dans la communication entre les concessionnaires automobiles et leurs clients), Jourdan S erderidis, 55 ans, nâa pas le don dâubiquitĂ©, mais la capacitĂ© de prendre plusieurs routes Ă la fois. «âJâaime les challenges, et lorsque je veux en relever un, je rĂ©flĂ©chis en dé tail et je donne le meilleur de moi-mĂȘmeâ», dĂ©clare Jourdan Serderidis. Une recette qui a fonctionnĂ© en 2017 sur le plan privĂ© lorsque ce Grec qui a grandi et qui habite en Belgique a Ă©tĂ© sacrĂ© champion du monde en rallye. Une recette qui semble fonctionner sur le plan professionnel avec sa sociĂ©tĂ© IT, ARHS (vient dâArĂšs, fils de Zeus et dieu de la guerre), depuis 2003. «âJe nâai pas eu le choix Ă lâĂ©poque, car les action naires principaux du groupe Cronos, dans lequel je travaillais, se sont sĂ©parĂ©s de moi. Jâavais un peu dâargent et jâai dĂ©cidĂ© dâin vestir.â» Un certain sens commercial, du relationnel et un parcours dans lâinformatique depuis 1988 lâont aidĂ© dans cette aventure quâil continue de placer sous le signe du plaisir. «âCâest le fil rouge de ma carriĂšre. Ce que je fais, je le fais
pour mâamuser, mais sĂ©rieuse ment. Lâambition nâa pas Ă©tĂ© un moteur.â»
UNE CROISSANCE DE 23â% EN 2018
Mais lâambition vient en grandissant. Et ARHS a plus que grandi ces derniĂšres annĂ©es, au point dâemployer 1.300 collaborateurs. La moitiĂ© est basĂ©e au Luxem bourg et dâautres branches ont ouvert en Belgique, en France, en Italie et en GrĂšce. Au dĂ©part du dĂ©veloppement informatique, les services se sont diversifiĂ©s, notamment vers la consultance. «âLes ins titutions europĂ©ennes ont jouĂ© un grand rĂŽle dans notre dĂ©veloppe ment et elles reprĂ©sentent toujours 60â% de notre chiffre dâaffaires, ajoute Jourdan Serderidis. Le suc cĂšs qui sâest dessinĂ© au fil de 16 annĂ©es sâexplique dans notre capacitĂ© Ă mener des projets Ă prix fixe, ainsi quâĂ ĂȘtre flexibles et agiles dans notre façon de fonc tionner pour absorber notre crois sance.â» Avec une croissance de 25â% en moyenne durant les six derniĂšres annĂ©es (23â% en 2018 avec un chiffre dâaffaires de 108 millions dâeuros), le cap des 200 millions de chiffre dâaffaires se profile pour 2020. Une rĂ©ussite due en grande partie au patronâ? «âNous nâavons pas eu de crise, nous nâavons pas Ambitions Jordan Serderidis (Ă droite) souhaite atteindre les 500 millions de chiffre dâaffaires en 2025 et porter ARHS Ă lâinternational.
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perdu dâargent, mais ce nâest pas un ââone-man showââ. Je me suis entourĂ© de gens de grande qualitĂ©, complĂ©mentaires Ă la façon dont je fonctionne.â»
UN NOUVEAU SIĂGE Ă BELVAL
Afin de rĂ©pondre Ă lâĂ©volution de ce qui est devenu un groupe, le management a dĂ©cidĂ© de quitter Merl pour se doter dâun nouveau
«âMa tĂȘte est dans la sociĂ©tĂ©, mais je ne veux pas tout contrĂŽler.â» Jourdan Serderidis CEO, ARHS
siĂšgeâ: le bĂątiment Naos Ă Belval. «âIl est important de donner un cadre de travail de qualitĂ© Ă nos consultants, de donner envie Ă la cinquantaine de nouvelles recrues que nous embauchons chaque annĂ©e de nous rester fidĂšles. En ce qui nous concerne, Belval est une meilleure localisation que le centre-ville en matiĂšre dâaccessi bilitĂ©.â» Un bĂątiment financĂ© par ARHS et ses collaborateurs qui ont Ă©tĂ© associĂ©s au chantier, avant sa vente, Ă lâautomneâ2018, Ă un consortium dâassureurs belges et luxembourgeois dont lâidentitĂ© est restĂ©e secrĂšte. Une belle opĂ©ration qui a donnĂ© un peu plus de latitude financiĂšre au groupe. «âLa croissance donne aussi de lâamÂ
bition aux collaborateurs et nous permet de rester indĂ©pendants et maĂźtres de notre destin.â» Un destin qui attise certaines convoitises. Mais pas question pour autant de vendre un actif qui fait un peu partie de soi. «âMa tĂȘte est dans la sociĂ©tĂ©, mais je ne veux pas tout contrĂŽler. Je suis exigeant, je crois Ă lâengagement et Ă lâefficacitĂ©, mais je laisse une certaine lati tude aux Ă©quipes.â» Revendiquant une forme dâinstinct pour dĂ©tecter un talent ou les capacitĂ©s dâun collaborateur, voire un sixiĂšme sens pour dĂ©nicher ce qui sera profitable, Jourdan Serderidis est, logiquement, la figure tutĂ©laire de lâentreprise quâil a portĂ©e sur les fonts baptismaux avec plusieurs associĂ©s (Nathalie Vandervelde, Pierre Noel, Jean-Philippe Roch et JeanFrançois Pitz) et dont il reste lâactionnaire de rĂ©fĂ©rence. Sans songer Ă la retraite, il envisage en quelque sorte de devenir copilote, celui qui donne la direction tout en laissant le volant Ă un autre. «âLe groupe ne doit pas forcĂ©ment dĂ©pendre de moi pendant 10 ans, mĂȘme si je ne vais pas raccro cher.â» Le candidat idĂ©al nâexiste pas, mais il devra intĂ©grer la philosophie du fondateur et ses prochaines ambitionsâ: atteindre 500 millions dâeuros de chiffre dâaffaires en 2025 et prendre la voie de lâinternationalisation. «âQuand on part de rien, comme ce fut mon cas, il ne faut pas avoir peur de prendre des risques. Mais lâessentiel, pour lâentrepreneur, est dâĂȘtre capable de prendre des risques intelligents pour les mener Ă la rĂ©ussite.â» T.âR.
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