Paperjam Mai 2022

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Ristretto #PlaceFinanciĂšre

«La gestion du risque n’est pas un coĂ»t» La Luxembourg Association for Risk Management (Alrim) organise avec l’Alfi, ce 16 juin, sa traditionnelle Risk Management Conference. L’occasion de revenir sur une fonction mĂ©connue avec son prĂ©sident, Luc Neuberg.

Qu’est-ce que la gestion du risque ? Avant de parler de gestion du risque, il faut parler de la notion mĂȘme de risque qui, en finance, est liĂ©e Ă  la notion d’incertitude. On a souvent tendance Ă  ­ penser que le risque est liĂ© uniquement aux pertes. Ce n’est pas le cas. La gestion du risque, c’est tout simplement l’identification et la gestion de tous les facteurs qui peuvent engendrer une incertitude Ă  atteindre ses objectifs.

et de la protection des consommateurs. Le risk management fait partie de ce que l’on appelle « la substance de compĂ©tences ». Et son importance est reconnue Ă  l’étranger. Ce n’est pas un hasard si les actifs nets de l’industrie des fonds d’investissement ont atteint 5.800 milliards d’euros. OĂč doit se situer un risk manager dans l’entreprise ? La clĂ© est l’intĂ©gration de la culture du risque dans le busi­ness. Je ne sĂ©pare pas la gestion du risque du business lui-mĂȘme. L’essence du risk management, c’est qu’il fait partie du business. C’est dans cette intĂ©gration que rĂ©side la valeur ajoutĂ©e. La gestion du risque ne doit pas ĂȘtre vue comme un coĂ»t mais comme une valeur ajoutĂ©e.

Ceci posĂ©, en quoi consiste le mĂ©tier de risk manager et quels sont ses principaux dĂ©fis ? Il faut d’abord savoir traiter les risques qui se sont matĂ©rialisĂ©s et qui peuvent se reproduire. Comme le risque de liquiditĂ©. Le deuxiĂšme enjeu, c’est l’intĂ©gration de nouveaux facteurs, par exemple le risque de durabilitĂ©. Si ce risque n’a pas encore Ă©tĂ© matĂ©rialisĂ© par une crise financiĂšre, il faut quand mĂȘme l’intĂ©grer dans la gestion courante des entreprises. Et le troisiĂšme enjeu est d’anticiper les risques futurs.

L’actualitĂ©, c’est la guerre en Ukraine. Comment un tel Ă©vĂ©nement est-il apprĂ©hendĂ© en gestion du risque ? Il ne faut pas hĂ©siter Ă  revenir en arriĂšre et Ă  considĂ©rer une perspective historique. On a dĂ©jĂ  vĂ©cu des choses similaires, avec une ampleur diffĂ©rente. Comment intĂ©grer la guerre en Ukraine ? Il faut voir quels sont les facteurs qui vont ĂȘtre impactĂ©s et qui vont nous impacter – comme le rating de la Russie, l’évolution du coĂ»t de l’énergie ou encore l’évolution des taux d’intĂ©rĂȘt – et revenir aux bases, notamment en recourant Ă  l’analyse historique.

Le risk manager se doit d’ĂȘtre un futurologue ? Attention quand mĂȘme. Les anticipations dont je parle doivent ĂȘtre raisonnables. Si elles sont dĂ©mesurĂ©es, cela n’a pas de sens. On peut parler de TroisiĂšme Guerre mondiale ou de catastrophe nuclĂ©aire, mais, dans ce cas, les problĂšmes quotidiens du business passent Ă  l’arriĂšre-plan
 Que recouvrent alors ces anticipations ? On est ici plus dans la proactivitĂ©, qui est fondamentale dans ce mĂ©tier. Être proactif, c’est agir avant qu’un Ă©vĂ©nement arrive. Il ne s’agit pas de le prĂ©dire, mais de l’anticiper.

Quelle sera la prochaine crise ? Je crois qu’on y est dĂ©jĂ . Les facteurs de risque sont connus : la remontĂ©e des taux d’intĂ©rĂȘt, qui porte en elle l’acceptation d’une rĂ©cession et d’un probable impact sur le marchĂ© immobilier. Ou encore l’envolĂ©e des prix de l’énergie. Un baril de pĂ©trole Ă  200 dollars est dĂ©sormais plus qu’une simple hypothĂšse de travail.

L’anticipation, c’est un Ă©tat d’esprit, une culture. Existe-t-il une culture du risque au Luxembourg ? Oui. Et elle est trĂšs forte. Nous avons la chance d’avoir une culture du risque qui s’est dĂ©veloppĂ©e depuis de nombreuses annĂ©es dans l’industrie financiĂšre. Peut-ĂȘtre plus que sur d’autres Places. Ce n’est pas juste la communautĂ© des risk managers qui se sent concernĂ©e, c’est toute la Place. Toutes les parties prenantes, y compris le rĂ©gulateur, Ă©changent rĂ©guliĂšrement sur le sujet, participent Ă  des groupes de travail
 Cette culture et le savoir-faire qui en dĂ©coule sont-ils un argument pour la promotion de la Place ? Oui. Il faut bien voir que la problĂ©matique de la gestion du risque est liĂ©e Ă  la confiance

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MAI 2022

Pour Luc Neuberg, la culture de la gestion du risque est bien ancrée sur la Place.

Interview MARC FASSONE Photo MATIC ZORMAN


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