Ristretto #PlaceFinanciĂšre
«La gestion du risque nâest pas un coĂ»t» La Luxembourg Association for Risk Management (Alrim) organise avec lâAlfi, ce 16 juin, sa traditionnelle Risk Management Conference. Lâoccasion de revenir sur une fonction mĂ©connue avec son prĂ©sident, Luc Neuberg.
Quâest-ce que la gestion du risque ? Avant de parler de gestion du risque, il faut parler de la notion mĂȘme de risque qui, en finance, est liĂ©e Ă la notion dâincertitude. On a souvent tendance Ă Â penser que le risque est liĂ© uniquement aux pertes. Ce nâest pas le cas. La gestion du risque, câest tout simplement lâidentification et la gestion de tous les facteurs qui peuvent engendrer une incertitude Ă atteindre ses objectifs.
et de la protection des consommateurs. Le risk management fait partie de ce que lâon appelle « la substance de compĂ©tences ». Et son importance est reconnue Ă lâĂ©tranger. Ce nâest pas un hasard si les actifs nets de lâindustrie des fonds dâinvestissement ont atteint 5.800 milliards dâeuros. OĂč doit se situer un risk manager dans lâentreprise ? La clĂ© est lâintĂ©gration de la culture du risque dans le busiÂness. Je ne sĂ©pare pas la gestion du risque du business lui-mĂȘme. Lâessence du risk management, câest quâil fait partie du business. Câest dans cette intĂ©gration que rĂ©side la valeur ajoutĂ©e. La gestion du risque ne doit pas ĂȘtre vue comme un coĂ»t mais comme une valeur ajoutĂ©e.
Ceci posĂ©, en quoi consiste le mĂ©tier de risk manager et quels sont ses principaux dĂ©fis ? Il faut dâabord savoir traiter les risques qui se sont matĂ©rialisĂ©s et qui peuvent se reproduire. Comme le risque de liquiditĂ©. Le deuxiĂšme enjeu, câest lâintĂ©gration de nouveaux facteurs, par exemple le risque de durabilitĂ©. Si ce risque nâa pas encore Ă©tĂ© matĂ©rialisĂ© par une crise financiĂšre, il faut quand mĂȘme lâintĂ©grer dans la gestion courante des entreprises. Et le troisiĂšme enjeu est dâanticiper les risques futurs.
LâactualitĂ©, câest la guerre en Ukraine. Comment un tel Ă©vĂ©nement est-il apprĂ©hendĂ© en gestion du risque ? Il ne faut pas hĂ©siter Ă revenir en arriĂšre et Ă considĂ©rer une perspective historique. On a dĂ©jĂ vĂ©cu des choses similaires, avec une ampleur diffĂ©rente. Comment intĂ©grer la guerre en Ukraine ? Il faut voir quels sont les facteurs qui vont ĂȘtre impactĂ©s et qui vont nous impacter â comme le rating de la Russie, lâĂ©volution du coĂ»t de lâĂ©nergie ou encore lâĂ©volution des taux dâintĂ©rĂȘt â et revenir aux bases, notamment en recourant Ă lâanalyse historique.
Le risk manager se doit dâĂȘtre un futurologue ? Attention quand mĂȘme. Les anticipations dont je parle doivent ĂȘtre raisonnables. Si elles sont dĂ©mesurĂ©es, cela nâa pas de sens. On peut parler de TroisiĂšme Guerre mondiale ou de catastrophe nuclĂ©aire, mais, dans ce cas, les problĂšmes quotidiens du business passent Ă lâarriĂšre-plan⊠Que recouvrent alors ces anticipations ? On est ici plus dans la proactivitĂ©, qui est fondamentale dans ce mĂ©tier. Ătre proactif, câest agir avant quâun Ă©vĂ©nement arrive. Il ne sâagit pas de le prĂ©dire, mais de lâanticiper.
Quelle sera la prochaine crise ? Je crois quâon y est dĂ©jĂ . Les facteurs de risque sont connus : la remontĂ©e des taux dâintĂ©rĂȘt, qui porte en elle lâacceptation dâune rĂ©cession et dâun probable impact sur le marchĂ© immobilier. Ou encore lâenvolĂ©e des prix de lâĂ©nergie. Un baril de pĂ©trole Ă 200 dollars est dĂ©sormais plus quâune simple hypothĂšse de travail.
Lâanticipation, câest un Ă©tat dâesprit, une culture. Existe-t-il une culture du risque au Luxembourg ? Oui. Et elle est trĂšs forte. Nous avons la chance dâavoir une culture du risque qui sâest dĂ©veloppĂ©e depuis de nombreuses annĂ©es dans lâindustrie financiĂšre. Peut-ĂȘtre plus que sur dâautres Places. Ce nâest pas juste la communautĂ© des risk managers qui se sent concernĂ©e, câest toute la Place. Toutes les parties prenantes, y compris le rĂ©gulateur, Ă©changent rĂ©guliĂšrement sur le sujet, participent Ă des groupes de travail⊠Cette culture et le savoir-faire qui en dĂ©coule sont-ils un argument pour la promotion de la Place ? Oui. Il faut bien voir que la problĂ©matique de la gestion du risque est liĂ©e Ă la confiance
20
MAI 2022
Pour Luc Neuberg, la culture de la gestion du risque est bien ancrée sur la Place.
Interview MARC FASSONE Photo MATIC ZORMAN