29 ICT & innovation
Sébastien Lambotte (interview), David Laurent/Wide (photos)
Monsieur Ghannam, en tant que responsable informatique chez Arthur Welter, pouvez-vous nous dire quels sont les choix technologiques qui ont dû être faits pour satisfaire les demandes opérationnelles de l’entreprise de transport? «Notre informatique peut être divisée en deux parties importantes. D’une part, on trouve l’infrastructure classique nécessaire aux fonctions administratives de l’entreprise, les outils et logiciels bureautiques et de gestion de la logistique et des transports. D’autre part, pour servir notre métier de transporteur, il y a l’informatique embarquée qui nous permet de suivre chacun des éléments de notre flotte de camions, de communiquer avec eux, d’assurer un meilleur suivi et une traçabilité optimale des livraisons. Comment l’importance de l’informatique a-telle évolué dans votre métier ces dernières années? «Elle a évolué en fonction des attentes des clients qui, de plus en plus, veulent avoir une vue sur l’avancée des livraisons, désirent suivre le cheminement de leur marchandise de manière précise et sécurisée. L’informatique embarquée a donc gagné en importance. Pour notre métier à l’échelle internationale, nous avons recours à un système satellitaire, plus fiable et précis que les réseaux GSM. Via ce système, nous pouvons faire circuler des données entre le siège social, avec le dispatching et l’administration, et chacun de nos véhicules. Il nous permet d’échanger des messages avec nos chauffeurs, de géolocaliser chaque camion à tout moment, de le suivre sur des cartographies. On peut ainsi connaître son état; savoir s’il est à l’arrêt ou sur la route; s’il est en train de procéder à un chargement ou à une livraison… On peut aussi contrôler si les portes sont bien fermées ou non, ou bien, pour les camions frigorifiques, connaître la température de conservation de la marchandise à distance. Comment toutes ces données sont-elles traitées? «Elles remontent jusqu’au dispatching, qui peut donner des directives aux chauffeurs, les orienter, interagir avec eux. Ce système nous permet d’avoir un œil constant sur la marchandise,
comme il permet à certains clients de contrôler le bon cheminement du transport. Il fait aussi remonter des données relatives aux chauffeurs, leur temps de travail, celui qu’ils ont passé au volant. Ces données sont injectées dans des logiciels, au niveau de la gestion des ressources humaines ou encore des salaires. Précisons aussi que, pour notre service de livraison au niveau national, nous avons préféré un système basé sur la technologie de téléphonie mobile, un système GPRS, pour suivre la marchandise. Enfin, ces systèmes permettent de faire des économies de papier importantes, puisqu’on peut désormais faire valider une livraison par une signature électronique. D’autre part, l’infrastructure et les besoins IT ont aussi pris beaucoup d’importance avec le développement de l’entreprise et de la flotte à l’international, ainsi qu’avec nos partenaires européens. Quelle infrastructure avez-vous mise en place pour accompagner ces développements? «Nous sommes une société multinationale, avec des sites dans divers pays européens. Nous sommes présents en Slovaquie, en Allemagne, en France, en Belgique, aux Pays-Bas. Notre siège social est au Luxembourg. Cela nécessite un réseau LANWAN multi-domaines, basé sur une technologie MPLS, sécurisée et redondante. L’ensemble de notre infrastructure repose sur d’importants serveurs basés ici au Grand-Duché. Toute la gestion de l’infrastructure et l’administration du réseau se font en interne, depuis le Luxembourg. En revanche, nous ne faisons pas de développement en interne. Celui-ci est sous-traité. Comment choisissez-vous justement vos fournisseurs et sous-traitants? «En fonction de nos besoins informatiques, nous pouvons lancer des appels d’offres auprès de différents fournisseurs présents dans le pays. La place n’est pas grande. On sait rapidement vers qui s’orienter. Le choix se fait toujours par rapport aux besoins. Pour l’implémentation de systèmes, de nouveaux logiciels ou fonctions, il n’est pas rare que nous réunissions différents fournisseurs et soustraitants autour d’une même table, afin qu’ils puissent adapter de nouvelles solutions au système existant intégré. Nous privilégions des
paperjam | Mai 2011 | Management
outils métiers standardisés et éprouvés que nous intégrons à notre environnement, afin de disposer d’une solution métier globale et complète. A quels besoins ce système intégré doit-il répondre? «Il doit permettre de prendre en compte toute la chaîne de valeur, la gestion complète de la marchandise, du chargement à la livraison, la comptabilité et la facturation. Les informations qui remontent de nos postes embarqués doivent pouvoir être utilisées et faciliter le travail au niveau du dispatching. Il intègre aussi les fonctions de gestion des ressources humaines, des salaires. Tous les systèmes informatiques sont intégrés au sein d’un processus global. Cela fait plus de cinq ans que nous travaillons à l’intégration de l’ensemble de nos logiciels. Cela a exigé de rassembler des fournisseurs, des développeurs. Depuis deux ans, le processus global intègre plus de 85% des systèmes. Sur quels chantiers travaillez-vous actuellement? «L’agrandissement physique des dépôts, notamment à Leudelange, exige une extension du réseau et des services, des éléments actifs et passifs de notre infrastructure. C’est un des chantiers importants qui nous occupent pour le moment. Poursuivez-vous le développement de votre outil métier? «Oui, il y a toujours des améliorations à apporter à notre outil. Par exemple, nous envisageons d’intégrer les exigences de maintenance des camions au sein du système, afin qu’elles puissent mieux être anticipées au niveau du dispatching. Les camions doivent passer par un entretien régulier dans nos ateliers. Avec le nouveau système, toutes les données relatives à l’état des camions, comme la distance qu’ils ont parcourue ou les divers problèmes survenus, seront connues du dispatching. Ce dernier pourra alors, lui-même, commander les entretiens, les gérer, les planifier. On devrait gagner en efficacité et améliorer la gestion de la flotte. C’est principalement là-dessus que nous travaillons. En tant que responsable informatique, quelles sont vos fonctions, vos missions concrètes? «Celles d’assurer la gestion et la maintenance du réseau. L’entreprise fonctionne 24 heures sur 24 } 30