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finance place financière
notre groupe. C’est pour cela que nous avons souhaité y associer les «vieux grenadiers» de Genève, ainsi que l’une ou l‘autre surprise liée au patrimoine genevois. Dans quel contexte Pictet a-t-elle été amenée à s’établir au Luxembourg? «La fin des années 80 correspondait à la volonté du groupe de s’étendre en Europe et notamment de trouver un «porte-avions» au sein de l’Union européenne. A cette époque, nous n’étions présents qu’à Londres. Cela correspondait également au grand essor des métiers des fonds de placement dans lequel Luxembourg a joué un rôle phare en Europe et
PREMIUM BRANDS
A vos marques, prêts... investissez! Dernier né de la gamme de fonds de Pictet: le PF-Premium Brands, qui se veut fondamentalement innovant, en se focalisant sur la notoriété des grandes marques qui peuplent notre environnement de consommation. Pictet mise sur le fait que ce segment «premium brands» bénéficie de la polarisation toujours plus accentuée de la demande de consommation entre marques bon marché d’une part, et produits de luxe de l’autre. Forte reconnaissance de la marque, produits et prestations haut de gamme, qualité ou/et longévité fort élevées, caractère innovant: voilà les critères de définition des sociétés éligibles dans ce fonds, et qui, de surcroît, présentent des rendements attrayants, une structure des prix stable et des marges supérieures à la moyenne, mais aussi une forte croissance des résultats et un excellent retour sur investissement. C’est ainsi que l’on retrouve, entre autres marques sélectionnées, Brunswick (bateaux, fitness), Carnival Cruises (Voyages), Compagnie financière Richemont (joaillerie/horlogerie), Davide Campari (boissons et spiritueux), Estée Lauder (soins cosmétiques), Four Seasons (hôtellerie), Lindt (confiserie) ou encore Puma (articles de sports). Le concept n’a évidemment rien d’arbitraire. Selon Pictet à Genève, des simulations, effectuées sur les six dernières années, ont montré qu’un portefeuille modèle de type «premium brands» aurait littéralement cassé la baraque, tant sur l’indice MSCI World Consumer Discretionary que sur MSCI World, en affichant une supériorité marquée dans le rapport risque/rendement. Au moment de fêter son bicentenaire, Premium Brands se positionne résolument sur l’avenir, en misant sur différents facteurs démographiques et socio-économiques (croissance économique et démographique des pays émergents, hausse du pouvoir d’achat féminin, essor du tourisme et des loisirs, ...) comme support de la croissance de ce secteur ces prochaines années. Alain Ducat
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dans le monde entier, jusqu’à être devenu la deuxième place mondiale. Au fil du temps, non seulement l’objectif européen et de plate-forme opérationnelle pour les fonds s’est matérialisé, mais aussi le développement d’une activité de private banking au sens classique s’est très fortement développée au Luxembourg. Nous pensons être une alternative aux très grandes banques de la Place qui ont, pour beaucoup, été intégrées dans des groupes internationaux multimétiers et dans lesquels certains de nos clients ne se retrouvaient plus. L’expertise juridico-fiscale au Luxembourg permet d’autre part d’offrir toute une pan-
oplie d’outils et de structures qui sont intéressantes pour des ressortissants d’autres pays membres de l’Union. Depuis sa création, la banque est restée indépendante. Cela a-t-il été facile, et surtout ces dernières années, où la pression s’est quelque peu accentuée? «L’indépendance répond à une volonté ferme. C’est même un des fondements stratégiques les plus forts de l'entreprise, qui souhaite ne croître que de façon organique dans le secteur de la gestion de patrimoine. C’est de cette volonté farouche d’indépendance que découle une partie des valeurs qui animent cette institution comme la maîtrise du risque, qui caractérise non seulement la gestion de l’entreprise, mais également la gestion offerte à la clientèle. Cette indépendance est le fait que Pictet et Cie appartient à 8 personnes, associés gérants, indéfiniment responsables sur leur patrimoine des avoirs confiés à leurs clients. Cela génère une relation de confiance tout autre entre le banquier et son client, sachant que leurs intérêts sont alignés en terme de maîtrise des risques, de durée de la relation et de solidité financière de l’institution. De toute façon, on ne change pas une formule qui marche. L’histoire du groupe Pictet est une histoire de croissance ininterrompue. Les tentations de diversification ou de rapprochement, lorsqu’elles surgissent, sont rapidement évacuées en raison de l’efficacité de la formule de management qui découle de la forme juridique de l’institution… Est-il facile d’être une banque suisse au Luxembourg, quand on connaît les différentes rivalités qui ont pu animer les deux places financières ces derniers temps? «Je pense qu’il y a toujours eu une très grande ressemblance entre le développement des places financières suisses et luxembourgeoises. Il en
découle beaucoup plus une complémentarité qu’une rivalité entre elles. La preuve est que de nombreuses banques suisses opèrent ici et continuent de s’y développer. Au final, c’est de toute façon le client qui doit déterminer dans quelle juridiction il trouvera les meilleures conditions, qu’elles soient d’ordre affectif ou technique. N’avez-vous pas eu, néanmoins, une position délicate au moment des interminables discussions sur la fiscalité de l’épargne? «Je pense que la place financière du Luxembourg est finalement sortie renforcée du Traité signé entre la Suisse et l’Union européenne quant à la fiscalité de l’épargne. Mais la Suisse également! Il faut bien se rendre compte que c’est la première fois que le secret des affaires du banquier est légitimé dans un contrat transnational alors que sa reconnaissance se limitait, jusqu’alors, au seul droit national. Il y a peut-être eu un trou d’air au Luxembourg au début des années 2000, lié à ce secret bancaire. Mais aujourd'hui, la destinée et le contenu de ce secret entre la Suisse et le Luxembourg sont intimement liés. Il n’y a donc pas de compétition entre les deux sites. A plus long terme, il faudra évidemment que les autorités des deux pays se montrent attentives à ce que ce secret des affaires ne soit pas dénaturé par d’autres types de pression au niveau européen ou international. Quel regard portez-vous sur la place financière luxembourgeoise dans laquelle vous êtes actifs depuis plus de cinq ans désormais? «Durant tout ce temps, le Luxembourg a clairement renforcé ses compétences dans la conception et l’administration de fonds. Tous les acteurs mondiaux sont aujourd’hui présents et se développent auLuxembourg. Dans le domaine du private banking, malgré le [>> 66]