paperJam decembre 2004

Page 8

008-031_coverstory.qxd

15.11.2004

14:01 Uhr

Seite 08

en couverture

NICOLAS BUCK (VICTOR BUCK SERVICES)

"Il est toujours plus facile de suivre un chemin que de le construire" ENTREPRENEUR PIONNIER DE LA FAMILLE Buck, fondateur de l'imprimerie du même nom en 1852, Victor Buck, de là où il est, doit certainement regarder d'un œil attendri le parcours de son lointain descendant, Nicolas. Agé de 36 ans, à la tête de l'Imprimerie familiale depuis 1995 – après une licence en sciences économiques en Angleterre et un diplôme d'ingénieur industriel, spécialisation imprimerie, passé en Allemagne, Nicolas Buck a transposé dans le monde des affaires l'esprit de compétiteur sportif qui est le sien: aimer gagner, accepter de perdre et, surtout, relever les défis personnels et prouver son aptitude à y arriver. "Créer une entreprise n'est pas quelque chose de conscient, qui survient un matin, en se levant", précise-t-il en préambule. Du milieu du XIXe siècle à la fin du XXe, l'esprit d'entreprendre a, en effet, bien souvent, sauté quelques générations de la famille Buck. Francis Buck, le père de Nicolas, n'a ainsi jamais travaillé dans une imprimerie, ce qui ne l'empêcha pas, néanmoins, de s'impliquer grandement dans la société et, en particulier, en 2000, dans la construction des nouveaux locaux de la société, à Leudelange. 2000, c'est également l'année de création de Victor Buck Services (VBS), rapidement devenu leader au Luxembourg dans le domaine de la gestion et le traitement de données financières (conception, impression, envoi de documents; diffusion par fax ou email; alimentation de sites web ou archivage des données reçues) soumises aux obligations du secret bancaire. Signe extérieur de succès fulgurant, la société, fut, dès octobre 2003, le premier prestataire de services à obtenir le nouveau statut de Professionnel du Secteur Financier (PSF), créé par la loi du 2 août 2003. Pour autant, Nicolas Buck, qui a fait de la discrétion un art de vivre, semble gêné d'être mis, seul, en première ligne, dans l'évocation de cette aventure entrepreneuriale. Car pour la naissance de Victor Buck Services, il a bel et bien fallu deux parents. Fort de neuf années d'expérience de ventes chez Xerox Benelux, le Liégeois Renaud Jamar a, ainsi, constitué le chaînon manquant indispensable à la bonne réalisation du projet. "Nous avions des relations d'affaire depuis quelques années, explique Nicolas Buck, mais nous nous sommes vraiment trouvés par hasard sur ce projet. Moi je parlais plutôt 'impression' et lui 'document'. Chacun de notre côté aurions sans doute pu créer notre société, mais certainement pas aussi vite et avec les mêmes compétences". Aujourd'hui, Victor Buck Services, société rentable dès la première année, emploie une quarantaine de personnes pour un chiffre d'affaires de quelque 8 millions d'euros.

08 paperJam décembre 2004

Si les compétences et le savoir-faire ont constitué deux guides majeurs pour ces deux associés, leur parcours personnel a bien évidemment constitué le terreau de leur épanouissement. "L'esprit d'entreprise, c'est une synthèse entre un processus personnel et l'évolution de sa personnalité, analyse Nicolas Buck. On est forcément influencé par ce qu'on a vu et vécu. On effectue certains choix en fonction de ce vécu. On voit certains comportements, on les analyse et on se dit 'c'est peut-être ça qu'il faut faire'. L'esprit d'entreprise, c'est d'avoir des convictions et de les suivre. Il est d'ailleurs toujours plus facile de suivre un chemin que de le construire".

Brassage des nations Un Luxembourgeois associé à un Belge: voilà, selon Nicolas Buck, une recette économiquement porteuse, même si elle va clairement à l'encontre de certains "principes" maintes fois martelés: "VBS est un exemple type de ce que peut être une success story au Grand-Duché: on fait toujours beaucoup pour opposer les Luxembourgeois et les étrangers, alors qu'on a au contraire tout à gagner à travailler ensemble. Il y en aura toujours pour prétendre que les étrangers sont surtout des opportunistes qui ne viennent au Luxembourg que pour gagner plus d'argent que chez eux et que les Luxembourgeois sont plutôt paresseux et se contentent de leur très bon niveau de vie. On constate, là, que la réalité peut être fort différente". Du reste, cette ouverture "internationale" est, pour VBS, la seule voie de salut. Sur les quarante employés que compte la société, seuls trois sont de nationalité luxembourgeoise. "Nous recrutons beaucoup d’étrangers, parce que nos clients sont des sociétés internationales ayant des sites dans différents pays. Et à partir du moment où l'on s'ouvre à l'étranger, il faut savoir s'entourer de gens de nationalités différentes qui comprennent les cultures de ces pays vers lesquels nous allons. On le sait, au Luxembourg, le pouvoir économique est entre les mains de la communauté étrangère et il faudra bien, qu'à terme, le modèle politique et démocratique vienne à refléter cette réalité. Cela veut dire, concrètement, qu'il faudra bien donner un jour le droit de vote aux travailleurs étrangers domiciliés au Luxembourg". Le discours est net, affûté, impitoyable, comme doit l'être, du reste, une société sur son créneau de marché, sous peine de disparaître, faute d'avoir su se remettre en question quand il aurait fallu. Car toute idée, aussi originale, parfois géniale soit-elle, qui prévaut à la création d'une société, est fortement liée aux circonstances et à son époque. Et une même

Nicolas Buck: "Il est tout à fait possible de réussir sans pour autant travailler 7/7 jours et 22 heures par jour"


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.
paperJam decembre 2004 by Maison Moderne - Issuu