Projet de Fin d’Études - Soutenance de Master 02 Juillet 2024 DE FAIRE
Maëlle CHAUSSEC
Encadré par Jean-Baptiste GUILLAUME et Adrien DURRMEYER
École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris Val-de Seine
SKOL AR VUHEZ
L’École de la Vie
KRESKIÑ HA KOSHAAT ASAMBLES
Grandir et Vieillir Ensemble
Rapport de Projet de Fin d’Études Master II
Maëlle CHAUSSEC
Sous la direction de Jean-Baptiste Guillaume
École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Val de Seine
2023 - 2024
Ce projet de diplôme symbolise six années d’études. Six années durant lesquelles j’ai pu enrichir mes connaissances dans le domaine de l’architecture. Six années durant lesquelles j’ai pu développer mon goût pour la pratique et mon envie d’exercer ce métier. Autrement dit, il marque le début du reste de mon parcours.
JE TIENS À REMERCIER,
M. Jean-Baptiste GUILLAUME
M. Adrien DURRMEYER
Mes professeurs accompagnants, pour leurs conseils et leur écoute concernant mon projet, mais également pour le temps qu’ils m’ont consacré et la bienveillance dont ils ont fait preuve à mon égard tout au long de l’année.
Mme. Françoise BELPAUME
Représentante du service urbanisme de l’île de Bréhat qui a pris le temps de répondre à mes questions audelà de me partager les plans existants de l’école de la commune.
Je remercie également l’ensemble de mes collègues de mon agence Atelier Aconcept (dans laquelle je suis alternante) qui ont pu me prodiguer de précieux conseils concernant mon projet et m’encourager dans mon travail, ainsi que mes collègues ingénieurs de l’agence Gaïa qui ont pu répondre à mes questions concernant certaines problématiques structurelles.
Mme. Juliette CHAPUIS
Mme. Pauline LUBACK
Ma belle équipe d’étudiantes qui m’a aidé dans la réalisation du projet et m’a soutenu à chaque étape de celui-ci. Je tiens particulièrement à mettre en lumière leur dynamise et leur bienveillance envers moi.
Enfin, je tiens également à remercier tous les acteurs qui ont gravité autour de mon projet de près comme de loin. Ma famille notamment, qui m’a toujours accompagnée et soutenu dans mon travail, et qui n’a cessé de m’encourager depuis mon plus jeune âge jusqu’à maintenant. Je suis reconnaissante également envers mes amis et Rémi qui ont fait preuve d’un soutien mental sans faille et qui m’ont apporté leur aide et accordé leur temps jusqu’à la fin.
C’est un projet que j’ai conduit en gardant à l’esprit une pensée intense pour mes grands-parents, pour les rendre fiers et pour leur rendre hommage.
RAKLAVAR
I. COMPRENDRE LES NOUVEAUX BESOINS DES POPULATIONS ÂGÉES, UNE TROISIEME VIE À REPENSER
I.A L’expérience d’un “Chez Soi” parfois difficile à vivre pour les personnes âgées_ CONSTAT
I.B Approche contemporaine du “Chez Soi” pour une personne âgée_ ANALYSE
I.C L’École de la Vie, un programme expérimental en phase avec les enjeux liés aux personnes âgées_INTENTIONS
II. VALORISER L’IDENTITÉ DU PROGRAMME AU SEIN D’UN TERRITOIRE REMARQUABLE
II.A L’École de la Vie devient Skol Ar Vuhez. La Bretagne, région vieillissante en quête de dynamisme_ CONSTAT
II.B Enez Vriad, l’Île de Bréhat. Un territoire remarquable pour un projet expérimental_ANALYSE
II.C Densifier le Centre-Bourg_INTENTIONS
III. SKOL AR VUHEZ, MICROCOSME INTERGÉNÉRATIONNEL AU MILIEU DE L’ATLANTIQUE
III.A Le réhabilitation de l’École de Kérano_ PHASE I
III.B SKOL AR VUHEZ: Habiter le Mur_ PHASE II
III.C SKOL AR VUHEZ: La symbiose se trouve dans la dualité_PHASE III
KLOZADUR Conclusion
RAKLAVAR
« … il y a là un véritable problème de société qui ne peut qu’aller vers l’aggravation, dans la mesure où la solitude, l’impression d’inutilité et la désinsertion sociale sont des facteurs d’accélération du vieillissement… Si les réponses ne sont pas apportées rapidement, il est à craindre que s’accentuent l’isolement et l’exclusion que connaissent déjà, dans notre société, un grand nombre de personnes âgées… Le maintien d’une réelle insertion sociale est l’une des conditions du maintien d’expression de la personnalité et de la qualité de vie de la personne âgée ».¹
1 «Solitude et Vieillissement», VAN ROMPAEY Christian, Pensée Plurielle N°6 p.31 à 40
Ce Rapport sur le Vieillissement réalisé en 1998, soit il y a plus d’un quart de siècle, témoigne d’une situation sociale concernant nos aînés qui malheureusement n’a toujours pas été traitée à l’heure actuelle. Aujourd’hui encore, les sujets touchants les problématiques liées à la vieillesse restent mis de côté, peut-être même volontairement. Une méconnaissance ou bien un déni de la société de considérer une personne âgée comme un adulte actif pourraient en être la cause. Cependant aujourd’hui, le constat reste le même : l’exclusion sociale de ces individus ne cesse de prendre de l’importance, d’autant plus dans un monde qui a fait face à de multiples changements et aléas ces dernières années (Pandémie mondiale, creusement culturel entre les générations, évolutions technologiques). Il peut-être dès lors difficile pour ces personnes de prendre part activement dans une société dans laquelle ils se sentent lésés ou bien considérés comme des individus devenus inutiles.
Face à cette urgence sociale, l’architecte se doit de pouvoir proposer des solutions afin de requalifier cette dernière étape de la vie et au-delà de ça, la revaloriser. Comprendre les besoins des personnes âgées pourrait nous permettre en tant qu’architecte de proposer une solution concrète pour résoudre ces maux qui les touchent depuis de nombreuses années. L’architecture intergénérationnelle serait une de ces solutions. De plus en plus envisagée ces dernières années, cette manière de concevoir le partage et les relations sociales au sein d’une même entité architecturale peut aisément répondre à la problématique générale exposée qui est : Comment pallier l’exclusion progressive de la population âgée dans notre société actuelle ?
Le choix de traiter ce sujet a été motivé par l’envie d’investir et de regrouper l’ensemble des connaissances acquises lors de ma formation dans un sujet d’intérêt public mais qui peine à être mis au-devant de la scène. Pourtant, nous sommes tous concernés d’une manière ou d’une autre et d’autant plus lorsque nous serons nous même ces personnes âgées. L’envie et le besoin de s’épanouir à n’importe quel moment de sa vie ne devrait pas être un sujet et pourtant, cela semble aujourd’hui sensible de parler du mal-être causé par la vieillesse et tout ce que cela comporte (autre que le déclin progressif de la santé physique mais également mentale).
La construction de ce rapport de Projet de Fin d’Études suit un cheminement simple qui retrace l’ensemble du processus de conception, allant de ce constat à la formulation du programme jusqu’à la recherche du territoire approprié. SKOL AR VUHEZ, qui se traduit en français par “L’École de la Vie”, est le résultat de cette réflexion, de ce parcours. Ce microcosme qui repense à la foi l’Habitat des personnes âgées mais également l’Apprentissage des plus jeunes fonctionne sur le principe d’une structure intergénérationnelle. C’est la manifestation tangible d’une volonté de sensibiliser et d’éduquer les plus jeunes tout en incluant et responsabilisant les plus âgés dans ce processus.
I.COMPRENDRE LES NOUVEAUX BESOINS DES POPULATIONS ÂGÉES.
UNE TROISIÈME VIE À REPENSER
I.A L’expérience d’un “Chez Soi” parfois difficile à vivre pour les personnes âgées _CONSTAT
1) Augmentation Historique de la population âgée en France
Le Baby-Boom de l’époque d’après-guerre (milieu du XXe siècle) et l’augmentation de l’espérance de vie se traduit aujourd’hui par une croissance constante des populations âgées. En effet, d’après les données de l’INSEE pour l’année 2023, la part de la population dont l’âge dépasse 60 ans en France équivaut environ à 30%, ce qui représente quasiment un individu sur trois2. Le vieillissement chronique de la population devient dans ce contexte un sujet qu’il convient de considérer davantage d’autant plus que la situation va continuer d’évoluer en ce sens.
2) Âgisme : Un phénomène de société
L’architecte, en tant que constructeur et bâtisseur de la société de demain se doit de répondre à plusieurs besoins, ce qui en fait un acteur polyvalent. Cela signifie qu’à travers sa pratique il s’attache en partie à répondre aux besoins sociaux des individus. Et ce, par la conception entre autres d’espaces favorisants les interactions sociales. Seulement, à travers mon expérience d’alternante et mon œil d’étudiante, j’ai fait le constat que tout ce qui concerne le sujet de la vieillesse est très peu approfondi ou même étudié dans notre domaine. Comme si finalement, l’architecture représentait de manière tangible l’âgisme qui touche notre époque. Par âgisme, j’entends le regroupement de stéréotypes, de préjugés et de discriminations dont les personnes âgées peuvent être victime3. C’est plus précisément la tendance à visualiser la société et son fonctionnement comme étant basée sur la jeunesse; ce qui exclut non seulement les personnes âgées mais également leurs besoins.
Cette sensation d’âgisme en architecture s’exprime surtout à travers le caractère le plus souvent inhospitalier des maisons de retraite ou encore des EHPADs (Etablissement Hospitalier pour Personnes Âgées Dépendantes). En effet, dans l’imaginaire collectif, ces bâtiments renvoient à un certain sentiment négatif dans le fait qu’ils soient mal entretenus ou plus encore qu’ils soient conçus comme des machines à prendre en charge des personnes dépendantes, sans prise en compte du bien-être.
C’est dans la plupart de ces configurations l’aspect médical qui prend le dessus en dépit du reste. La notion du “chez soi” perd ainsi tout son sens. On pourrait par conséquent remettre en cause la qualité des propositions architecturales mais également d’une manière plus générale, remettre en cause la manière dont nous voulons nous occuper de ces personnes. Et encore, nous parlons ici des établissements qui accueillent des individus ayant perdu partiellement ou intégralement leur autonomie. Mais qu’en est-il de la majeure partie des 30% de personnes âgées qui sont encore indépendantes ? En architecture, celles-ci semblent plutôt assimilées aux ménages actifs alors que ces personnes n’ont plus ce mode de vie. C’est justement dans le cadre de mon projet de fin d’étude que je vais traiter ces problématiques et enjeux qui entourent cette population trop âgée pour être considérée active mais pas encore assez tributaire de la responsabilité d’autrui.
3) Un isolement multifactoriel
Pour mon projet de fin d’études, je voulais absolument traiter un sujet qui n’est pas courant et qui malheureusement est trop souvent mis de côté. La vieillesse est un de ces sujets qui, de mon point de vue, est peu mis en avant. Pourtant, c’est un sujet quotidien qui ne s’exprime pas seulement dans l’architecture. Plus généralement, c’est un sujet de la vie. J’ai fait l’expérience plusieurs fois d’être confrontée à cette solitude, devoir faire face à des grands-parents qui sont heureux de passer du temps avec leurs enfants et petits-enfants. C’est presque
palpable de percevoir comment une visite qui peut paraître normale pour nous, devient quasiment un évènement pour nos séniors. C’est simple, tout est préparé minutieusement à l’avance, ils cuisinent vos plats préférés et plus encore tous les gens qu’ils peuvent côtoyer (le plus souvent des retraités également) sont au courant de votre passage. Bien que le bonheur de retrouver sa famille puisse expliquer de tels comportements, il me semble que c’est tout de même symptomatique d’un manque de contact extérieur et d’activités. Je précise bien évidemment que tout cela est exprimé d’un point de vue et d’une expérience personnelle. Je nuance en admettant que chaque personne fonctionne différemment, même si cette situation doit être valable pour un bon nombre de cas. L’intérêt de ce travail est justement de faire en sorte que le traitement de l’espace et la conception architecturale puissent servir cette cause qui me semble importante et qui pourrait apporter (dans un cas hypothétique) une réelle plus-value au fonctionnement de la société, ou simplement d’apporter une plusvalue dans nos relations humaines.
Cette nécessité de traiter ce sujet souvent délaissé s’est vue confirmée par les conséquences de la pandémie de Covid qui a eu lieu au début de l’année 2020. Bien que l’ensemble de la population ai été touchée par ce virus, les stigmates de cette période sont encore visibles et diversifiés chez les personnes âgées. Etant naturellement des personnes à risques en raison de leur plus faible système immunitaire, ces individus se sont retrouvés malencontreusement très isolés de toute forme de relation humaine.
2 INSEE, Rapport démographique sur la vieillesse, 2023
3 Définition du terme âgisme, Dictionnaire Le Robert
Que ce soit dans les instituts médicalisés ou même simplement chez eux, les personnes âgées ont dû faire face à cette crise sanitaire seules (car considérées comme des entités très vulnérables) ce qui a renforcé le sentiment d’isolement qui était déjà présent. En effet, 300 000 français de plus de 60 ans ne rencontrent jamais ou bien très rarement d’autres personnes. Et cela touche tous les cercles de sociabilité, que ce soit la famille, les relations amicales ou bien même les interactions les plus directes comme le voisinage. D’un point de vue statistique, cela signifie qu’environ 30% des personnes de plus de 60 ans ne sortent pas de chez eux tous les jours. Plus significatif, à partir de 85 ans, les personnes âgées ne sortent en moyenne qu’une fois par semaine4. Pourtant, les relations humaines sont un facteur clé du “bien vieillir” et permettent de retarder la perte d’autonomie.
Voici quelques causes de l’isolement social des personnes âgées :
Le départ à la retraite pour les “jeunes séniors”. Cette période charnière dans la vie d’un actif peut représenter un risque d’isolement en raison de la modification majeure du rythme de vie. En effet, en quittant un emploi, l’individu quitte également un grand nombre de relations humaines qu’il peut être compliqué d’entretenir. Ce sentiment d’exclusion constitue l’éloignement social.
L’éclatement familial. Ce qui participe aussi à l’isolement des personnes âgées concernant la famille réside principalement dans l’éloignement géographique. La distance plus ou moins forte entre les générations plus jeunes peut représenter un frein à l’entretien régulier de relations sociales.
La perte du ou de la conjoint(e)
La perte d’autonomie ponctuelle ou progressive (due à un accident domestique ou à une maladie plus lourde)
Le décalage des générations et la différence de mentalités entre elles
La précarité
L’exclusion numérique. 31% des plus de 60 ans n’utilisent pas internet, 50% des 75-84 ans ne l’utilisent pas et enfin, 68% des plus de 85 ans n’utilisent pas internet non plus.
4 «Agir contre l’isolement des personnes âgées», Ministère de la santé publique, solidarité.gouv
Comme on peut le constater, nombreuses et variées sont les causes d’isolement. Seulement, il est possible de diminuer les effets de certaines d’entre elles notamment grâce au partage, à l’entraide ou au soutien. Il me semble que l’architecture pourrait participer à améliorer la vie de ces personnes en quête de sociabilité et d’activité.
4) Une retraite idéalisée : un rêve à déconstruire
L’idéalisation de la retraite semble être pour autant le point névralgique de cette méconnaissance de l’isolement chez les personnes âgées. Un individu, en moyenne, travaille pendant 36 années avant de pouvoir accéder à la retraite (Moyenne en hausse constante). Pendant cette longue période, l’actif ne va cesser de se projeter dans sa vie après le travail, pouvant même la considérer comme une renaissance, une deuxième vie. Et c’est justement cette idéologie de pensée qui semble être le facteur d’une telle déception une fois l’âge de la retraite atteint. Pourtant, par définition, “Retraite” signifie l’action de s’écarter5 . En effet, une fois à la retraite, les individus n’ont plus de rythme, plus d’impératifs, plus d’objectifs à atteindre.
Ils assistent alors, souvent impuissants et incompris, au temps qui s’écoule ; cette notion du temps qui tend à perdre tout son sens. Leur rythme de vie, en décalage avec les personnes actives, ne leur permet pas de pouvoir garder le dynamisme de leurs habitudes passées tout en profitant d’une vie calme de jeune retraité.
De cette manière, il faudrait pouvoir créer des occupations, mettre en place des statuts intermédiaires qui permettent aux personnes âgées dynamiques et en pleine forme de pouvoir être actives sans chercher à retrouver le rythme de la vie professionnelle.
Le désenclavement des anciens pourrait passer par l’éveil des plus jeunes. En effet, la sensibilisation et l’insertion de ces personnes âgées dans des tâches responsabilisantes et sociabilisantes seraient le moyen de pouvoir mettre en avant ces questions autour de la gestion de la vieillesse. Ce dont nous parlons justement existe déjà en France. Plusieurs campagnes de sensibilisation poussent la population à se mélanger, à interagir afin d’améliorer la qualité de vie des personnes âgées. Seulement, il s’agit d’actions ponctuelles et la plupart du temps assez rapides ce qui n’impacte pas durablement la vie de nos séniors. Nous parlons par exemple des cartes de vœux pour les fêtes de fin d’année qui sont envoyées par des inconnus ou bien les visites ponctuelles chez les grands-parents pendant les vacances. Ces actions qui sont néanmoins révélatrices d’une prise de conscience ne sont, de mon point de vue, pour autant pas des actions pérennes pour palier au sentiment d’isolement des personnes âgées.
5 Définition du terme retraite, Dictionnaire Le Robert
I.B Approche contemporaine du “Chez Soi” pour une personne âgée
_ ANALYSE
1) Dessine-moi un “Chez-Moi”
Le constat d’une vieillesse mal gérée par l’ensemble des acteurs de la société représente la fondation de ma réflexion mais devient aussi ciment de mon projet de fin d’études. Afin de pouvoir représenter par la forme ce que l’on évoque à travers les besoins et enjeux de ces individus, il convient de prendre en compte une notion importante pour ces personnes : le “Chez Soi”. Pour définir rapidement cette notion, fondamentale dans la conception du projet, le “Chez soi” renvoie à la liaison entre l’espace et l’intimité. C’est tout simplement la manière de s’approprier ou de se réapproprier un espace. C’est nécessairement la relation entre l’homme et sa demeure⁶.
Les personnes âgées passent la majeure partie de leur temps dans leur maison, appartement, ou pour le cas des personnes dépendantes, dans une chambre adaptée. Pour cette raison, l’idée du “Chez Soi” relève d’autant plus d’importance. C’est davantage évident quand on peut entendre au cours de discussions entre adultes : “Pour ma retraite je pense partir à la campagne, au bord de la mer, dans les montagnes”. L’endroit de retraite a une importance toute particulière et est réfléchi bien avant celle-ci car les gens sont conscients du temps qu’ils vont y passer (qui est d’ailleurs indéfini).
Pascal DREYER, chercheur dans le domaine de l’Habitat et de l’aide à Domicile écrit dans _Habiter chez soi jusqu’au bout de sa vie : “Le passage à la retraite constitue une étape forte de la vie de l’individu. L’espace domestique, autrefois second, notamment pour les hommes, devient premier et doit accueillir les transformations psychiques et sociales de cette étape de la vie”.⁷
Ces mots illustrent bien cette idée de se réapproprier son “Chez Soi” dans le cadre d’une nouvelle expérience de la vie. Pourtant, dans la plupart des cas, pour des raisons économiques ou géographiques, les nouveaux retraités conservent un modèle d’habitat identique à leur vie professionnelle ce qui tend à développer encore plus de frustration ou autres sentiments négatifs. Repenser l’habitat et son fonctionnement dans son intégralité serait donc une piste de réflexion à poursuivre afin de répondre aux enjeux évoqués plus haut. Seulement, le fonctionnement d’un lieu de vie reste fondamentalement toujours le même, pour répondre à des besoins vitaux classiques comme se nourrir, se laver ou même se reposer. Dans certains projets d’architecture traitant cette problématique de la vieillesse, la réorganisation ne passe pas forcément par l’innovation de nouveaux modes de vie mais plutôt par le regroupement d’entités qui mène à un projet communautaire : le béguinage.
2) Le Béguinage
Le béguinage, du néerlandais “Begijnhof” est un terme apparu entre le XIIe et XIIIe siècle en Europe,
6 «Le Chez-Soi, Habitat et Intimité», Définition de la notion du Chez-Soi par SERFATY-GARZON Perla
7 «Habiter chez-soi jusqu’au bout de sa vie», DREYER Pascal, p.9 à 23
et plus particulièrement à l’Est (Pays-Bas et Flandre). Historiquement, le béguinage est un lieu de retraite et communautaire dans lequel vivait les béguines. Les béguines étaient des femmes, célibataires ou veuves, qui se réunissaient dans des édifices architecturaux conçus pour un système de partage. Dans la plupart des cas, il s’agissait d’une communauté religieuse laïque bien que ces femmes n’aient pas prononcé leurs vœux. D’un point de vue architectural, l’organisation des espaces s’apparente au monastère avec des lieux de partage et des unités d’habitation individuelles peu spacieuses.
Dans notre société actuelle, ce terme historique a été repris par Floralys⁸ en 1994 pour recréer ce système de béguinage puis par le groupe Vivr’Alliance pour désigner le regroupement de plusieurs personnes âgées dans un groupement de pavillons adaptés à leurs besoins. Vivr’Alliance a été fondée en 2012 par trois personnes soucieuses du bien être des plus âgés. Après un premier projet qui s’est soldé par une multitude de demandes, ils ont dorénavant pour objectif de construire un grand nombre de béguinages pour séniors afin de répondre à la forte demande. C’est, d’un point de vue concret, la preuve que ces personnes âgées nécessitent et même réclament ce genre de service.
«La vie en Béguinage doit nous conduire à un comportement humble, simple, joyeux. Dans la vie quotidienne, chacun vit d’une façon indépendante chez lui. Mais c’est à travers la solidarité, en particulier l’attention portée au vieillissement et à la santé de
chacun que s’exprimera une des facettes principales de notre vie ensemble ».9
Cet extrait de leur charte concernant le concept même du béguinage met en avant les deux qualités principales du système. Il s’agit à la fois de proposer un modèle d’habitat qui leur garantit une certaine liberté et indépendance tout en leur permettant d’être s’ils veulent dans un système de solidarité et de vie en communauté.
Ces ensembles de béguinage ressemblent formellement à la typologie de quartiers pavillonnaires classiques au seul détail que tous les logements sont occupés par des séniors. Cela reste un ensemble foncier à échelle humaine étant donné qu’il n’y a qu’en moyenne 10 à 15 logements par opération. Cette configuration génère des liens d’entraide et de partage plus forts entre les différents individus. Ces systèmes de béguinages garantissent ainsi :
La notion du vivre ensemble
La préservation de l’autonomie et l’accompagnement doux vers la perte d’autonomie
La solidarité et la sécurité
L’inclusion sociale
8 Floralys est à l’origine une association qui s’est dévelopée par la suite en societé face à la grande demande concernant la problématique du logement pour les personnes âgées dépendantes/ autonomes
9 Extrait de la charte du groupe Vivr’Alliance. Groupe fondé par Thierry PREDIGNAC, Christophe BAIOCCO et Vincent BEL
Véritable réponse architecturale à cet isolement grandissant chez les personnes âgées, le béguinage devient aujourd’hui de plus en plus évoqué par les individus lorsqu’ils abordent leur départ à la retraite.
Le projet de Béguinage ci-dessous est l’exemple architectural qui rassemble à mon sens le plus de caractéristiques qualitatives d’un point de vue morphologique. Comme on peut le constater sur le plan général d’implantation, l’ensemble des pavillons ou unités individuelles sont répartis sur les extrémités de la limite parcellaire. Ces unités sont réparties du T2 et T3 ce qui s’adapte aisément aux besoins d’une personne ou d’un couple de personnes âgées. Cette organisation laisse place à un grand espace central partagé. Nécessairement, cela reprend un peu la forme d’un monastère avec cette typologie plus contemporaine de cloître.
ESPACES PRIVÉS
Dans cet espace central, on peut trouver des installations et infrastructures qui valorisent les échanges et concrétisent cette notion d’espace partagé (en l’occurrence des potagers partagés mais également un boulodrome). Cette zone laisse place au calme étant donné que les espaces de parkings sont situés au-devant de la parcelle ce qui garantit des mobilités douces au sein même du projet. Enfin, ce qui caractérise d’autant plus ce projet de béguinage, c’est cette unité située en face du parking et qui représente l’entrée à la parcelle. Disposée au centre de l’ensemble des unités d’habitation, cet espace est en réalité une salle polyvalente et offre la possibilité aux résidents du béguinage de pouvoir se retrouver dans le cadre de soirées/ dîners ou bien pour des activités partagées.
STATIONNEMENT
PLAN DE PRINCIPE DU BÉGUINAGE
Auteure
ESPACES COMMUNS
VIDE EXTÈRIEUR COMMUN
On peut voir que l’ensemble des parties du projet sont disposées de sorte à favoriser les interactions et à apporter un sentiment de sécurité et de solidarité entre toutes les personnes âgées. Que ce soit dans l’utilisation des espaces, l’implantation des volumes ou l’organisation des extérieurs, tout est mis en place pour palier au sentiment d’isolement qui touche les résidents. Si l’on devait dès lors dégager des caractéristiques précises du béguinage contemporain on trouve :
Logements de petite typologie
10 à 15 unités d’habitation maximum
Une répartition des unités d’habitation favorisant les échanges
Un vide central extérieur et aménagé
Des espaces partagés
Des accès aux extrémités pour garantir le calme et la sécurité des résidents
Bien que cette manière d’aborder la notion du “Chez Soi” du point de vue d’une personne âgée soit une réelle avancée, le béguinage tel qu’il est présenté et mis en avant dans ces projets dispose tout de même de certaines limites. Le béguinage dans sa configuration actuelle propose de pallier le sentiment de solitude dans le simple fait de partager son quotidien avec des individus qui ont le même rythme de vie et qui font donc preuve de compréhension.
C’est un bon point car on regroupe des individus qui ont vécu au même moment, qui peuvent partager des choses qui leurs permettent de rester dans leur confort tout en trouvant du réconfort et de la compagnie. Seulement, ce que le système de béguinage semble mettre de côté, c’est le besoin de ces personnes âgées de se sentir utiles. En effet, le béguinage reste une alternative à la maison individuelle et donc se restreint uniquement à la notion d’habiter.
Ainsi, ce qu’il manque dans cette solution proposée pour nos ainés, c’est l’aspect responsabilisant. Nécessairement, le béguinage ne représente pas cette idée de prolongement ou du moins de mutation de la vie active. C’est là que le terme confort cité plus tôt peut devenir négatif. Ces personnes indépendantes et toujours autonomes ne sont pas confrontées à l’extérieur et donc ne sont pas plus stimulées dans ce sens que lorsqu’elles habitent seules. Je parle notamment du manque de lien avec les générations plus jeunes, ce qui fait qu’elles sont cantonnées dans leurs tranches d’âge et donc évoluent ENSEMBLE mais toujours un peu en marge de la société.
3) L’Habitat intergénérationnel : le Co-Living
Le début du siècle, marqué par la reconnaissance d’une solitude grandissante pour les personnes âgées, voit apparaître un nouveau format de cohabitation entre les individus. Face à l’écart qui se creuse entre les générations (notamment dû aux diverses évolutions de notre société) sont mis en place des programmes qui consistent à mélanger et favoriser les interactions entre les générations.
Au début des années 2000 et d’abord aux Etats-Unis, le Co-living se met en place. C’est un principe d’habitat partagé qui a avant tout une vocation économique dans la mesure où le principe est de mutualiser des revenus afin de pouvoir habiter dans un espace plus spacieux. Aujourd’hui, ce principe de Co-living (qui s’apparente pour l’époque à de la colocation) se détache de son usage premier qui était économique et tente à atteindre plus justement la dimension sociale.
Aujourd’hui, le Co-living s’adresse non pas à des individus solitaires et jeunes mais à plusieurs formes de configurations sociales. Il peut s’agir toujours de jeunes mais également de familles, de familles monoparentales, et aussi de personnes âgées, qu’elles soient seules ou toujours en couple. C’est dans cette vision du Co-living que se dégage la notion d’architecture intergénérationnelle.
Le lien intergénérationnel consiste à favoriser le contact et l’échange entre des personnes de générations différentes.
ESPACES DE NUIT DIAMETRALEMENT OPPOSÉS
L’objectif est ici de développer le lien social et de favoriser la transmission de savoirs et de savoirsfaire. Cet enrichissement mutuel se fait au bénéfice de la famille et de la société dans son ensemble.
Du point de vue de ces personnes âgées, c’est le moyen de pouvoir vivre en communauté, de partager des espaces mais également de garder une part d’intimité dans les espaces qui sont dédiés. On parle même de pouvoir se constituer une “famille informelle”. Contrairement au béguinage, le Co-living permet de bénéficier de compagnie constante et journalière mais tout en transcendant les générations. De ce fait, il me semble que dans ce sens-là il est plus simple d’être stimulé et de garder la main sur un monde qui évolue constamment.
Comme on peut le voir sur ce plan type de Co-living, chaque individu ou groupe d’individus bénéficie d’un espace privatif et d’un espace commun qui permet de vivre pleinement l’expérience du Co-living pour tout ce qui concerne les tâches du jour (cuisine, séjour).
SEQUENCES D’ENTRÉE SEPARÉES
PLAN DE PRINCIPE DU CO-LIVING
Auteure
ESPACES DE JOUR COMMUNS
EXTÈRIEUR COMMUN MAIS PARTITIONNÉ
Seulement, et comme c’est le cas également pour le système du Béguinage, on ne retrouve pas la dimension responsabilisante et “active” que certaines personnes âgées recherchent. Le Co-living, tout comme le Béguinage, se restreint à l’habitat comme moyen de sortir de l’isolement les personnes âgées. Pourtant, comme nous l’avons constaté, une grande part de ces personnes ne sortent pas ou très peu de chez elles car n’ont aucune raison de le faire. Il me semble que l’ensemble de ces programmes ne permet pas de répondre à cet enjeu, responsable de l’isolement de nos séniors.
4) Programmes intergénérationnels
Devant la revalorisation des liens entre les générations mais également devant la prise en compte des problématiques d’isolement de nos séniors, de nouveaux programmes plus expérimentaux se sont mis en place. En effet, il ne s’agit pas ici d’Habitat mais de programmes imbriqués qui permettent d’une certaine manière d’entretenir un lien intergénérationnel.
Il s’agit de structures qui mettent en lien des EHPADs avec des crèches ou jardins d’enfants. Cette configuration permet, grâce à une proximité spatiale, de pouvoir construire des liens durables entre les personnes âgées et les enfants. En effet, de nombreux espaces sont mis à disposition dans la conception du projet pour organiser des échanges intergénérationnels qui sont une plus-value pour chacune des générations. Les personnes âgées travaillent ainsi leurs réflexes et leur vigilance tandis
que les enfants peuvent partager leur vitalité et également trouver une figure plus ancienne qu’ils n’ont pas l’habitude de côtoyer. Seulement, ces quelques programmes qui existent de manière éparse sur le territoire ne mettent en lien au sein de l’architecture que les personnes âgées dépendantes et non autonomes. Dans un sens c’est une bonne chose car ne pouvant se déplacer, on facilite leur accès à l’extérieur grâce à ces programmes intergénérationnels. Cependant, qu’en est-il des personnes âgées qui sont toujours autonomes mais qui pourtant possèdent tout de même des besoins identiques d’interactions sociales ?
Ces ateliers existent également hors du cadre d’un programme intergénérationnel. Ce sont les personnes âgées qui se déplacent dans l’école afin de pouvoir passer du temps avec des enfants, pendant une durée moyenne de 2H00. Cependant, ce sont des activités assez ponctuelles et peu récurrentes ce qui ne permet pas aux deux générations de tisser des liens dans le temps. Autrement dit, bien que dans une logique d’amélioration de la situation actuelle, ces activités n’ont aucun effet pérenne dans le temps.
En guise de synthèse, les programmes intergénérationnels actuels sont bénéfiques en leur état pour les personnes âgées dépendantes car ils mêlent à la fois un habitat commun et partagé (EHPAD) avec une ouverture immédiate sur le monde (Crèche). Seulement, cette disposition architecturale des programmes n’est pas encore adaptée aux personnes âgées autonomes qui ont pourtant encore les capacités d’agir de manière active dans la société.
I.C L’École de la Vie, un programme expérimental en phase avec les enjeux liés aux personnes âgées _INTENTIONS DE PROJET
1) Le Constat d’enjeux mal cernés
Cette analyse des divers moyens architecturaux mis en place pour lutter contre l’isolement de nos aînés montre les limites de chacun d’entre eux. D’une manière générale, bien que l’Habitat (lieu de vie principal des personnes âgées) reste une donnée primordiale à prendre en compte, encore une fois on semble mettre de côté la notion d’activité et de stimulation. Bien qu’à la retraite, ces personnes peuvent encore effectuer des tâches et être utiles dans notre société.
L’ensemble des programmes évoqués ne semblent pas pousser les personnes âgées à s’ancrer de nouveau dans la société mais simplement à se contenter de présence occasionnelle ou alors peu responsabilisante (comme c’est le cas pour le Béguinage et le CoLiving). Ce phénomène “d’infantilisation” de la personne âgée peut éventuellement s’expliquer par une méconnaissance de la vieillesse mais également par un manque de sensibilisation à celle-ci. C’est pour cette raison qu’il paraît plutôt clair que pour arriver à élaborer des programmes adaptés à ces personnes, il faut d’abord en amont être sensibilisé, concerné directement par cette situation.
2) Un programme intergénérationnel comme moyen éducatif de sensibilisation
L’enfance et plus particulièrement les premières années de vie sont primordiales dans la construction sociale de l’individu. C’est à partir de ce moment-là qu’il va sortir de son cercle premier de sociabilité (famille) afin d’expérimenter le second cercle avec les relations amicales et plus généralement les relations avec l’extérieur. C’est un âge malléable où tous les principes de fonctionnement dans la société sont inculqués de sorte à construire de bons citoyens. Cette période de la vie pourrait aisément être mise à profit pour justement familiariser dès le plus jeune âge l’individu aux problématiques de la vieillesse afin que la gestion de celle-ci plus tard soit menée dans une optique plus qualitative et inclusive.
C’est pour cette raison que dans l’intention de répondre aux enjeux dégagés, ce projet de fin d’études sera construit sur la base d’un système intergénérationnel.
Au-delà de penser le projet dans le moment présent, cette conception du programme a également pour but d’avoir un impact positif dans le futur. Plus exactement, la qualité intergénérationnelle du projet a comme objectif direct de répondre spatialement à une problématique actuelle sur l’isolement des séniors mais a également une vocation éducative qui pourra amener à des évolutions sociales plus tard.
Sans pour autant encore parler du projet en lui-même dans sa volumétrie ou sa programmation exacte, on parle plutôt d’un idéal, d’une manière de rendre l’architecture utile que ce soit à court ET long terme.
Enjeux Temporels : Introduire les repères sociaux, consolider la notion de chronologie et sensibiliser à la notion de durée
Enjeux d'Espaces : Représenter l'espace et faire découvrir différents milieux
Concevoir une architecture pédagogique et responsabilisante à l'échelle de l'enfant et de ses besoins
Éric Cassar, architecte, dit : “L’architecture intergénérationnelle implique de remettre à plat nos habitudes.”10 Cette notion d’habitude à réinventer qu’il met en avant exprime sensiblement l’âme du projet. Un projet intergénérationnel est tout simplement une manière de reconstruire des schémas de vie, de lier des générations dès lors séparées et catégorisées en architecture afin de créer une symbiose entre tous.
3) L’École de la Vie : définition du programme
ECOLE MATERNELLE - PRIMAIRE
BEGUINAGE
Dans le cadre de mon PFE, le programme a été pensé volontairement en amont et en premier afin de ne pas dépendre d’un territoire ou bien des problématiques de ce territoire. Ce choix a également été fait pour ne pas dépendre d’une volumétrie ou bien d’une influence en termes de forme architecturale. Ce fût, à mon sens, le meilleur moyen de pouvoir mettre en place un programme de ce type (expérimental) et d’aller jusqu’au bout des principes évoqués.
Faire en sorte que les besoins sociaux des personnes âgées puissent être encouragés par l'organisation architecturale du lieu
Assurer une continuité sociale après la vie active tout en conservant une notion de chez-soi
Le béguinage doit être une manière de prolonger sa vie passée tout en prenant en compte les besoins actuels de la personne
ENJEUX DES ACTEURS DU PROGRAMME
Auteure
Le projet s’intitule L’École de la Vie, Grandir et Vieillir ensemble, et se compose dans sa programmation d’une école maternelle de quelques classes avec un système de béguinage relié. De cette manière, on conjugue à la fois une problématique du logement et de l’habitat avec celle de l’éducation des plus jeunes (ce qui inclut la conservation en plus d’une activité pour les plus anciens). Le but étant de constituer un maillage entre ces deux programmes de sorte à influencer les échanges entre les individus.
10 Extrait de l’article du même titre publié dans Le Monde par HENNEBELLE Isabelle, 23 Mai 2020
COMPRENDRE LES NOUVEAUX BESOINS DES POPULATIONS ÂGÉES
JARDINS PERSONNES ÂGEES
Potager
SALLE POLYVALENTE
Venelle
UNITES
D'HABITATION PERSONNES ÂGEES
UNITES D'HABITATION PERSONNES ÂGEES
ESPACE DE RENCONTRE APPRENTISSAGE
ESPACES EXTERIEURS COMMUNS
ESPACES EXTERIEURS COMMUNS
Aire de jeux
BIBLIOTHEQUE
Venelle
Venelle
UNITES D'HABITATION PERSONNES ÂGEES
LIEU DE VIE BEGUINAGE
LIEU DE VIE BEGUINAGE
SALLES D'APPRENTISSAGE MATERNELLE/PRIMAIRE
Préau
COUR DE RECREATION ENFANTS
ORGANIGRAMME DU PROJET INTERGÉNÉRATIONNEL
Auteure
SALLES D'APPRENTISSAGE MATERNELLE/PRIMAIRE
ADMINISTRATION
LOCAUX TECHNIQUES
DEMI NIVEAU
PROGRAMME SCOLAIRE
PROGRAMME BEGUINAGE
ESPACES
SEMI-PARTAGES
ESPACES PARTAGES
ECOLIERS
PERSONNES ÂGEES
PROFESSEUR(E)S
ATSEM
INFIRMIERE
1 PERS.
2 PERS.
4 PERS.
RÉPARTITION DES SURFACES DU PROGRAMME EFFECTIFS DU PROGRAMME
Dans la mesure où c’est un programme assez expérimental qui nécessite un investissement social différent mais surtout sur une longue durée, le projet se voudra à échelle humaine. De cette manière, chaque personne âgée et chaque enfant pourra y trouver sa place en tant qu’individu et créer des liens plus forts.
De plus, en termes de gestion des flux et des différents espaces, envisager ce programme à petite échelle permet de l’ancrer dans une conception plus pragmatique et donc de donner de la cohérence à l’ensemble. Ce choix d’échelle du programme instaure aussi une continuité entre les enjeux dégagés et le résultat projeté.
4) Un enrichissement et apport mutuel
Le caractère expérimental du projet donne lieu à une réflexion autour de l’usage des espaces. En effet, un programme scolaire induit une utilisation
60 PERS.
12 PERS.
des locaux ponctuelle avec une inutilisation assez longue de ceux-ci pendant les vacances scolaires et plus courte pendant les week-ends. Il faut donc dans ce contexte pouvoir définir les attentes, les besoins mais également les limites de chaque groupe d’individus. Et d’une autre manière, comprendre le rôle et l’apport spécifique de chacun dans ce programme.
Nous avons déjà pu analyser les attentes des personnes âgées. Celles-ci pourraient choisir d’investir leur retraite dans ce type de programme afin de s’échapper d’un isolement dû à l’inactivité et justement, retrouver une forme d’activité dans le lien qu’elles entretiendraient avec les enfants (mais également le personnel éducatif). Le béguinage jumelé avec l’aide/ assistance scolaire permettrait ainsi aux personnes âgées de vivre dans un endroit partagé avec des individus de situation similaire mais également de développer leurs relations sociales avec d’autres générations.
Du point de vue des enfants, on ne peut pas vraiment parler d’attentes mais plutôt de besoins jusqu’à maintenant inconsidérés. Plus précisément, on pourrait plutôt prendre en compte ce que cela leur apporterait de pouvoir réaliser leurs premières années d’école dans ce genre de structure. Côtoyer continuellement des personnes âgées lors d’activités qui sont un peu différentes de celles réalisées dans une école conventionnelle pourrait permettre à l’enfant d’élargir son cercle de connaissances, de pouvoir expérimenter et apprendre la vie d’une autre manière, à travers l’œil sage d’une personne d’expérience. On peut parler il me semble d’apprentissage de la vie. Que ce soit à travers des cours de cuisine, de jardinage, des balades naturelles, des séances de parole ou n’importe quelle autre activité commune, le lien tissé entre deux individus de génération différente ne peut qu’être un apport mutuel.
Liste Non exhaustive des différents rôles que peuvent avoir ces personnes âgées :
Transmission du savoir-faire et des valeurs
Raconter des souvenirs et des anecdotes
Prodiguer des conseils
Faire connaître des activités aux plus jeunes
Recréer une ambiance familiale au sein d’un contexte scolaire
Cet enrichissement mutuel peut être envisageable dans la mesure où la tranche d’âge des écoliers (3 à 6 ans) ne nécessite pas encore de recevoir un enseignement trop complexe. Nécessairement, il me semble que ce que les enfants vivent à cet âgelà s’apparente d’une certaine manière à ce que les personnes âgées vivent également mais dans une autre dimension. Alors que les enfants apprennent tout simplement à trouver leur place au sein d’un groupe, d’une société complexe, les personnes âgées réitèrent ce schéma pour passer de leur vie active à leur vie de retraité. D’un point de vue général, il me semble que les intérêts sont les mêmes, seulement pour les personnes âgées ce sont des intérêts conscientisés. Dans ce sens, rapprocher deux générations de ce type, complémentaires dans leurs besoins, ne peut être que l’objet d’un enrichissement mutuel.
Liste Non exhaustive de ce que ce projet intergénérationnel apporte aux séniors :
Sortir de l’isolement en développant des relations sociales
Recréer une attache avec une génération plus jeune
Prendre goût à des nouvelles activités
Se sentir utile, responsabilisé et considéré
Être continuellement en lien avec plusieurs types d’individus
Ralentir les effets du vieillissement grâce aux stimulations physiques et sociales/ mentales
5) Représenter la symbiose intergénérationnelle en architecture
L’ensemble des bienfaits que nous venons d’évoquer que ce soit pour les personnes âgées mais également pour les enfants nécessite d’être traité correctement dans le projet afin que le tissu social puisse se convertir en tissu architectural.
Seulement, il ne faut pas oublier que la complexité de ce programme résulte en la temporalité de chaque espace mais également en l’usage de ceux-ci. Tandis qu’une personne âgée y habitera et donc y restera à priori tout le temps, L’École de la Vie ne sera qu’une phase de 8H00 pour les enfants. Aussi, faut-il pouvoir trouver un équilibre entre ces points de divergence afin de pouvoir déconstruire dans un premier temps l’architecture scolaire mais également l’architecture de type pavillonnaire (cf. Le projet de béguinage, p17). L’enjeu architectural devient ainsi de recréer un modèle d’architecture que l’on pourrait qualifier de “polyvalent”.
CROQUIS - ILLUSTRATION DU PROGRAMME
Auteure
Pour cela, il est indéniable de penser le programme en trois temporalités, qui s’accordent avec les besoins et habitudes de chacun. On trouve ainsi, pour répondre à ces trois temps, trois types d’espaces :
ESPACES DEDIÉS OU PRIVATIFS:
Ces espaces correspondent aux éléments du programme que l’on ne peut modifier dans le cadre de ce projet expérimental. Ils sont là pour garantir le bon fonctionnement du projet mais également de garantir la crédibilité de celui-ci. Nécessairement, il s’agit entre autres des unités d’habitation des personnes âgées. Le but de ces espaces est avant tout de pouvoir conserver l’identité même du projet mais également le bon fonctionnement de celui-ci. En ce qui concerne le programme un peu plus scolaire, il s’agit par exemple des salles de classe qui sont l’endroit fondamental d’apprentissage des enfants ou bien encore les locaux liés à tout ce qui est administratif.
ESPACES SEMI-PARTAGÉS:
Ces éléments de programme fonctionnent un peu comme une évolution progressive des espaces privés aux espaces partagés. Ce seront des éléments de programme avant tout réservés pour les personnes âgées afin d’établir une véritable gradation entre l’intimité et le partage total. Plus précisément, c’est une manière pour les personnes âgées de passer du temps entre elles et de ne pas réduire la notion de partage uniquement aux relations intergénérationnelles. Ces espaces permettent également d’enrichir le programme d’Habitat pour les séniors afin de garantir une qualité de vie optimale dans le projet.
ESPACES PARTAGÉS:
Cette dernière variante dans le projet représente finalement la concrétisation de toutes les intentions programmatiques évoquées jusqu’à présent. Ce sont les lieux où la notion de symbiose se matérialise. Garantir un maximum d’espaces partagés est aussi une manière de faire fonctionner cette intention de maillage intergénérationnel tout en répondant à une problématique architecturale : Comment organiser la gestion des espaces en lien avec la temporalité d’usage. Dans leur usage et configuration, ces éléments de programme sont imaginés comme des salles polyvalentes qui permettent la flexibilité et donc peuvent remplir plusieurs fonctions en des temps différents et pour des populations différentes. De ce fait, cette troisième partie du programme sera mis à disposition des enfants, des personnes âgées, ou bien des deux en même temps.
L’intérêt de catégoriser les espaces en fonction de leur degré de partage est de pouvoir conserver une certaine rigueur dans la construction du programme tout en pouvant se permettre de mélanger les générations dans un espace donné.
Cette frise présente la chronologie journalière d’une personne âgée mais également d’un écolier. L’interêt de ce travail a été de pouvoir matérialiser de quelle manière chaque individu occupe l’espace dans sa journée. On peut sensiblement projeter la façon dont pourront s’organiser les différents espaces partagés. En outre, cela permet d’étudier comment renforcer au mieux les liens intergénérationnels et par le biais de quelle activité, quel usage de l’espace.
Espace d'accueil
10h30
Salle de classe
COURS + ACTIVITES
7h30 - 8h30
Salle de Garderie 8h30
Salle de jeux
9h30
7h30 - 9h30
10h50
COURS + ACTIVITES
Unité d'habitation personnelle
Activités externes
Jardins d'hiver semi-communs
Bibliothèque
ACTIVITES PERSONNELLES OU ACTIVITES INTERGENERATIONNELLES
Potager
Unité d'habitation personnelle
Salle de motricité
Espace extérieur partagé
Jardins privatifs
Cour extérieure
Salle de motricité
Cour extérieure
Sanitaires
Préau
Salle de classe
Salle de motricité
Sanitaires
Potager
Salle de jeux
Bibliothèque
Salle à manger
Cour extérieure
Espace extérieur partagé
13h30
Dortoir
Salle de classe
COURS + REPOS
Bibliothèque
Préau
Cour extérieure
Sanitaires
Espace d'accueil
Cour extérieure
16h30- 18h
15h20
Salle de classe
Salle de garderie
Salle périscolaire
INTERGENERATIONNELLES
16h30
16h30- 18h 12h
Jardins privatifs
Potager
Bibliothèque
Salle à manger
Cuisine personnelle
Activités externes
Bibliothèque
COURS + ACTIVITES 13h30 16h30
Salle de jeux
Espace extérieur partagé
ACTIVITES PERSONNELLES OU ACTIVITES INTERGENERATIONNELLES
Unité d'habitation personnelle
Jardins d'hiver semi-communs
Salle de garderie
Salle périscolaire
Ce mélange volontaire de ces espaces dans le projet est ce qui pourra donner lieu à la symbiose entre les générations. En effet, étant donné que la notion de lien et de sociabilité régit le projet, il semble cohérant de construire le programme sur cette base.
L’École de la Vie n’est donc pas un programme scolaire ni un programme de logement mais véritablement un programme de partage, autant pédagogique que responsabilisant. Véritablement, l’usage du terme École dans l’appellation du projet renvoie plutôt à la définition qu’en donne le domaine philosophique. Nécessairement, il s’agit de désigner l’acte de transmission du savoir tout en prenant en compte l’individu comme sujet dans son entièreté, avec tous les besoins qu’il possède.
6) Importance du lien avec l’extérieur
Que ce soit pour les enfants ou bien pour les personnes âgées, l’extérieur ou bien appelons ça “la nature” a une importance notable. Il s’agit d’un lieu d’expression et de liberté pour les enfants, une manière de créer des liens entre eux. Je pense bien évidemment à la cour de récréation qui rythme la journée d’un écolier et qui lui permet, à son échelle, d’exister de manière individuelle avec son libre arbitre tout en conservant le cadre scolaire avec la délimitation physique d’un espace extérieur. Cela fait partie intégrante des temps de stimulation sociale des enfants. Pour les personnes âgées, il s’agit également d’un espace d’évasion dans lequel toute interaction est la bienvenue. C’est une manière pour eux
d’échapper à leur solitude, à l’isolement parfois induit par le fait de rester chez eux. Dans les deux cas, c’est une notion importante à considérer dans le projet.
Instaurer une continuité visuelle ou bien spatiale entre un espace clos et un espace ouvert peut engager l’individu à aller vers l’autre et donc renforcer le maillage, le tissage intergénérationnel envisagé.
Ainsi, l’organisation des espaces extérieurs dans ce projet semble avoir autant d’importance que les éléments programmatiques dont nous avons parlé, dans le sens où c’est ce qui va permettre à l’ensemble de ne former qu’une entité. Pour autant, cet espace extérieur doit-il également se diviser selon un degré de partage au même titre que le programme ?
Il me semble que pour un grand nombre de raisons (calme, qualité de vie, organisation, gestion des flux), il soit impératif de réfléchir également à l’appropriation des espaces extérieurs et plus précisément l’attribution de ces espaces.
Ainsi, de la même manière que pour les éléments du programme, l’ensemble de la surface extérieure sera traitée et divisée de sorte à garantir à la fois gestion et calme tout en conservant l’idée de partage et de liberté pour tous les individus. Le tout est de pouvoir préserver le bien-être des personnes âgées tout en défendant la liberté et la libre appropriation de l’espace pour les enfants.
7) L’École de la Vie : Une solution OUI, mais à contraintes ?
Elaborer un projet expérimental de la sorte, invoquant deux programmes fonctionnant de manière totalement différente présente un bon nombre de contraintes qu’il est nécessaire de garder en mémoire pour la phase de conception architecturale.
LES BESOINS:
Chaque groupe d’individus qui pourrait investir ce programme ne vient pas dans le but d’y vivre une expérience similaire. Entre personnes âgées et enfants, la qualification de ces besoins est totalement opposée. De cette manière, comment faire en sorte de ne pas impacter l’expérience et les besoins de chacun au sein de ce projet ?
LA TEMPORALITÉ:
Comme évoqué, le projet sera un lieu de vie pour certains et un lieu de passage pour d’autres. Aussi, le contraste entre ces deux modes d’occupation de l’espace est une donnée à prendre en considération afin de ne pas créer d’espaces fantômes. (Par espaces fantômes, j’entends de valoriser à tort la création d’espaces définis pour l’école qui deviendraient inutilisés pendant une durée trop longue et qui pourrait être quelque chose de négatif pour les personnes âgées).
LA GESTION DES FLUX ET D’ACCESSIBILITÉ:
CROQUIS - ILLUSTRATION DU PROGRAMME
Auteure
Bien que se voulant une école basée sur un système de fonctionnement différent, il faut garder à l’esprit que le personnel enseignant détient la responsabilité d’individus encore dépendants de l’autorité. De ce fait, il convient de prendre en compte au sein de projet l’ensemble des règles de sécurité dans une optique de conserver la cohérence du projet. Seulement, cette nécessité de sécurité pour les enfants ne doit pas devenir un obstacle pour les personnes âgées qui partagent le même espace de vie. De cette manière, comment garantir la sécurité des enfants tout en préservant la liberté de mouvement des personnes âgées ? De plus, cet impératif de sécurité ne doit pas devenir une contrainte à l’entretien fluide de liens intergénérationnels.
L’ACCUEIL DES VISITIEURS
La définition du programme offre la possibilité aux personnes âgées en situation de solitude de pouvoir retrouver un cadre social actif. Cependant, même si
cela reste relativement ponctuel, il peut arriver que ces personnes puissent recevoir de la visite pendant une période plus ou moins longue. Il peut s’agir aussi bien de la famille que d’amis ne faisant pas partie du projet. Il faut donc pouvoir garantir un espace d’accueil de ces visiteurs sans pour autant perturber la vie des autres individus, que ce soit celle des personnes âgées ou bien des écoliers. Cependant, cette contrainte est également valable pour le programme scolaire. En effet, il peut s’agir également de fêtes scolaires dans lesquelles les familles de ces enfants sont conviées dans l’espace d’apprentissage des enfants.
BEGUINAGE
NOTION DE COMMUNAUTE, EXEMPLE DE VIVRE ENSEMBLE
CO-EXISTENCE DE L'INTIMITE ET DU PARTAGE
Il faut, à ce moment-là, pouvoir assurer une possibilité de tranquillité et d’intimité pour les personnes âgées.
En résumé, bien que l’École de la Vie puisse répondre à l’ensemble des enjeux concernant le bien vieillir, elle implique également un grand nombre de contraintes, représentant bien la complexité du programme. Seulement, si l’ensemble de ces contraintes peuvent être résolues, alors le projet peut lui, devenir un idéal pour nos séniors touchés par les maux de la vieillesse et une base d’apprentissage solide et riche pour nos plus jeunes.
ECOLE
APPROPRIATION DES LIEUX PAR L'ENFANT
PREMIER LIEU DE SOCIABILITE DE L'INDIVIDU HORS FAMILLE
ROMPRE L'ISOLEMENT EN TISSANT DES LIENS INTERGENERATIONNELS
STIMULATION DE L'INDIVIDU TRANSITION DE LA VIE ACTIVE A LA RETRAITE
GESTION DES TRANSITIONS ET DES FLUX
VERS UNE ARCHITECTURE :
PEDAGOGIQUE
FLEXIBLE
RESPONSABILISANTE
RECONFORTANTE
SYNTHESE DU PROGRAMME - INTENTIONS ARCHITECTURALES
Auteure
RESPONSABILISATION DE L'INDIVIDU - ARCHITECTURE A ECHELLE HUMAINE
II. VALORISER
L’IDENTITÉ D’UN
PROGRAMME
AU SEIN D’UN
TERRITOIRE REMARQUABLE
II.A L’École de la Vie devient Skol Ar Vuhez. La Bretagne, région vieillissante en quête de dynamisme _CONSTAT
Dès lors que le programme se dessine, il s’impose de déterminer dans quel contexte, quel territoire celui-ci pourrait être mis en avant. Plus précisément, il s’agit de déterminer où peut-on combler un besoin face à une demande trop importante et parfois non satisfaite.
1) La situation de la Vieillesse sur le territoire français.
Dans la mesure où l’enjeu principal du projet concerne l’isolement des personnes âgées, il a été primordial de s’intéresser aux comportements géographiques de ceux-ci. Par “comportement géographique”, j’entends de pouvoir déceler quels territoires spécifiques sont marqués par la vieillesse et les effets négatifs de ceux-ci.
D’un point de vue intuitif, sans même commencer cette étude, il paraissait plutôt évident que les zones rurales étaient plus sujettes à ces problématiques d’isolement. En effet, ces villes plutôt à l’écart des grandes métropoles résonnent comme l’antonyme d’un certain dynamise. La “Diagonale du Vide”11 en est l’exemple le plus connu. Pour rappel, il s’agit d’une grande bande du territoire français qui s’étend de la Meuse aux Landes où la densité de population est très faible. Seulement, d’autres régions sont également concernées.
De ce point de vue, le programme qui s’est esquissé dans un premier temps pourrait trouver sa place en un bon nombre d’endroits.
Cette carte présentant la répartition de la vieillesse sur le territoire nous permet d’avoir une vue d’ensemble sur la concentration démographique des personnes âgées en France. Naturellement, celles-ci se trouvent bien majoritairement dans la zone dite “Diagonale du Vide” où plus de 30% des habitants sont des individus
27 à 41
23 à 27
19 à 23
8 à 19
PROJETS ADAPTÉS AUX SENIORS
PART DES PERSONNES DE 65 ET PLUS (en % par département)
11 Notion apparue pour la première fois en 1986 dans le livre Les Ruraux Français du géographe CHAPUIS Robert
âgés de 65 ans ou plus. Cette situation s’étend également dans le sud de la France. Cela peut être fortement dû à l’envie des personnes âgées, une fois à la retraite, de s’éloigner des grandes métropoles pour retrouver une vie plus calme et loin des tourments de la ville. Dans ces cas-là, le Sud est plutôt choisi comme lieu de retraite en raison d’un climat plus qualitatif et d’une qualité de vie certainement meilleure. Seulement, quelques régions semblent se détacher de cette diagonale et semblent
de ce fait enclavé par des régions plus “jeunes”. C’est le cas de la Bretagne ou même la Corse, où la population se trouve aussi vieillissante que dans cette diagonale du vide.
Peu importe la région concernée, ce constat du vieillissement de la population ne va cesser de toucher de plus en plus de régions en raison des effets tardifs du baby-boom et de l’augmentation de l’espérance de vie.
6 ou plus de 4.5 à moins de 6 de 3.0 à moins de 4.5 moins de 3.0
PART DES PERSONNES DE 75 ET PLUS VIVANT SEULES (en %)
INDICATEUR DE PREDISPOSITIONS TERRITORIALE AUX SITUATIONS D’ISOLEMENT DES PERSONNES ÂGÉES
2) Des territoires en quête de dynamisme
En se basant uniquement sur le facteur de la vieillesse, le programme intergénérationnel pourrait s’adapter à un grand nombre de zones rurales où la vieillesse y occupe une place importante. Seulement, il y a d’autres facteurs à prendre en considération. En effet, le fait d’inclure un programme scolaire dans le projet signifie également que le territoire sélectionné exige d’être en quête de dynamise. En outre, celui-ci doit pouvoir à la fois satisfaire un besoin d’accueillir le “bien-vieillir” mais également prévoir une future urbanisation et un rajeunissement de cette population actuelle.
C’est pour cette raison que l’étude de la situation éducative/scolaire mais également l’étude des tendances futures de migration a été importante dans la réflexion. Je me suis intéressée à la part des enfants qui étaient scolarisés dès le plus jeune âge (important dans le contexte de mon programme) tout en comparant cette donnée ave la propension d’infrastructures scolaires dans un cadre donné.
Si l’on se réfère aux régions touchées également par la vieillesse, on peut voir que la Bretagne fait face encore une fois à un contraste dans l’éducation. En effet, tandis que la scolarité commence relativement tôt pour une grande partie des bretons, la concentration des infrastructures n’est malgré tout pas plus développée que dans une autre région. D’autant plus, ces lieux d’éducation sont la plupart du temps concentrés dans des grandes villes comme Rennes ou Brest.
Ce constat pose comme problématique un manque d’infrastructures scolaires ce qui peut être en principe une des causes de la migration de jeunes familles vers des grandes villes (et qui favorise malheureusement l’expansion de zones rurales).
42 et plus
36 à 42
25 à 36
20 à 25
Concentration des Écoles
PART DES ENFANTS SCOLARISÉS DES DEUX ANS (en % par département)
La dernière carte étudiée nous permet de constater que le Sud et également l’Ouest de la France sont enclins à voir leur densité démographique augmenter dans les années à venir. Cela paraît alors contradictoire de constater un manque d’infrastructures scolaires mais également un manque d’infrastructures pour les personnes âgées alors que la population est amenée
à évoluer, d’autant plus que cette population future peut tout aussi bien être des personnes âgées que des jeunes foyers actifs.
Ces études cartographiques établissent un portrait plein de paradoxes pour la région Bretagne. En effet, bien que nombre d’entre elles soient concernées par l’augmentation de la population âgée, la Bretagne fait également partie des régions dans lesquelles l’éducation commence tôt. Pourtant, en raison de l’importance des zones rurales, peu d’infrastructures ou de plans de redynamisation de ces zones ne semblent être mis en place. Toutefois, face à la projection de croissance démographique, cette région semblera nécessiter très rapidement une réactivation de ce dynamisme au sein du territoire pour faire face à tous ces enjeux croissants ou naissants.
3) La Bretagne, un choix du cœur
L’ensemble de cette étude met donc en avant plusieurs territoires qui seraient susceptibles de voir accueillir un programme comme celui de l’ École de la Vie. Pourtant, un choix se dessine parmi l’ensemble de ces possibles. Il s’agit de la Bretagne. En plus d’être un choix pertinent en raison des observations qui ont été faites, il s’avère que c’est également un choix motivé par mon sentiment d’appartenance à cette région. Possédant des origines bretonnes, j’ai une expérience de la Bretagne assez solide qui fait que je sais à quel point c’est un choix pertinent. En plus des arguments qui sont de l’ordre de pures statistiques qui consolident ce choix, il y a d’autres EVOLUTION DEMOGRAPHIQUE PROJETÉE (en % par département)
0.7 à 3.1
0.4 à 0.7
0.3 à 0.4
0 à 0.3
-0.4 à 0
En milliers d’habitants par département
facteurs, de l’ordre du sensible, qui méritent d’être pris en considération.
Un peu comme la Corse, la Bretagne et plus précisément les bretons sont réputés pour détenir un fort sentiment d’appartenance régionale. Pour exemple, dans de nombreuses écoles, l’apprentissage du breton est toujours pratiqué au même titre que l’anglais peut l’être pour nous. Ce sentiment d’appartenance et les valeurs régionales que revendiquent les bretons en tant que communauté me paraissent intéressants à prendre en compte dans le cadre de mon projet. En effet, à travers un programme avec une portée sociale aussi importante, il paraît évident que la population bretonne puisse répondre à ce genre d’intentions programmatiques de manière positive. C’est le cas d’autant plus pour les personnes âgées qui pourraient justement exprimer ce sentiment de groupe et le transmettre aux plus jeunes. De plus, ayant passé beaucoup de temps en Bretagne, et particulièrement dans des zones rurales, je ne peux qu’être le témoin ET d’un besoin de revitalisation dans les communes les plus enclavées ET d’un besoin de redynamisation de la population.
D’un point de vue personnel, c’est un peu une manière pour moi également de nourrir mon projet d’expériences passées et de souvenirs afin de pouvoir donner une réelle âme au projet. Connaissant en plus de ça la richesse culturelle de la Bretagne ou bien même la forte identité architecturale de celle-ci, choisir la Bretagne est apparu comme une évidence, comme le territoire qui pourrait donner une vraie valeur à mes intentions de projet.
Âge moyen - 49.4 ans
Âge moyen - 44.4
Âge moyen - 41.3
Âge moyen - 38.6
Âge moyen - 35.2
Villes principales
REPARTITION DEMOGRAPHIQUE EN BRETAGNE (par moyenne d’âge)
REPARTITION DES ÂGES EN BRETAGNE (en %)
ET PLUS
4) La situation démographique en Bretagne
D’après l’INSEE, la moyenne d’âge actuelle de la population en Bretagne s’élève à 41.3 ans, ce qui signifie que la population bretonne vieillit plus rapidement que la population française. C’est pour cette raison que plus d’1/3 de la population bretonne a 65 ans et plus. Cependant, lorsque l’on regarde la répartition de l’ensemble des EHPADS et des maisons de retraite sur le territoire, l’ensemble des régions touchées par la vieillesse (y compris la Bretagne) ne sont pas plus structurées que d’autres grandes métropoles où la population est plus jeune (bien que plus nombreuse également).
Solde négatif de la population
Solde positif de la population
Enez Vriad - L’île de Bréhat
TENDANCES D’EVOLUTION DE LA BRETAGNE PAR ZONE (par analyse du différent naissances/ décès)
Selon l’INSEE toujours, ce vieillissement croissant de la population bretonne peut être en partie dû à un déficit migratoire des populations jeunes (entre 20 et 30 ans) qui se dirigent vers de grandes métropoles (comme Rennes ou Brest) ou vers la capitale. Par opposition, on observe un littoral prisé par les retraités en provenance d’autres régions françaises. En effet, il est dit qu’il fait “Bon vivre” en Bretagne, notamment en raison d’un environnement naturel très riche et une diversité de paysages attrayants. C’est pour cette raison d’ailleurs que les littoraux sont les plus concernés par cette densité de population vieillissante. Pourtant, encore une fois, peu d’établissements à destination des personnes âgées sont présents ce qui indique que la majorité d’entre eux vivent dans des maisons individuelles et sont donc susceptibles d’être touchés par le phénomène d’isolement (d’autant plus si leur famille se trouve dans d’autres régions de France).
C‘est ainsi qu’on observe un déficit de population le long des côtes bretonnes. Cela ne sous-entend pas nécessairement qu’il n’existe pas d’activité, mais cela révèle plutôt une population à tendance âgée. Ajoutons à cela le fait que les côtes restent des territoires soumis au tourisme de masse, on peut deviner que pendant les périodes creuses, les personnes âgées résidants sur le littoral n’ont que très peu d’interactions sociales cumulées en une année. Autrement dit, inscrire un projet intergénérationnel le long des côtes bretonnes pourrait avoir plusieurs intérêts. Tout d’abord, celui d’offrir la possibilité aux personnes âgées de former une communauté pour palier à l’isolement. Seulement, grâce au programme intergénérationnel, cela pourrait également permettre aux côtes de retrouver une attractivité qui sort du cadre saisonnier en proposant des services éducatifs.
Je parle ici de retrouver une attractivité car comme précisé lors de la définition du programme, ce projet de fin d’études a pour objectif de pouvoir transcender les décennies et être utile dans le contexte actuel mais également dans un contexte futur. Pour cette raison, je me suis intéressée aux projections démographiques et climatiques de la Bretagne dans un futur lointain (2050). Pour de nombreuses raisons, la Bretagne s’impose de plus en plus comme une destination prisée (et qui le sera davantage dans les années à venir). Il est prévu en effet d’ici 2050 une forte croissance démographique avec la migration dans la région d’une population jeune et dynamique mais également toujours plus de personnes âgées. Cette prédiction de croissance résulte de plusieurs facteurs divers :
CONFORT CLIMATIQUE
Le dérèglement climatique, provoquant la hausse générale des températures sur l’ensemble du territoire pousserait une grande partie des populations du sud à migrer dans des régions offrant un climat plus tempéré. Aujourd’hui souvent moquée pour un climat peu attrayant, la Bretagne deviendrait en 2050 un espace de vie qualitatif avec des hausses de température et un climat plus sec.
ATTRACTIVITÉ ÉCONOMIQUE
Le développement économique de la région, notamment dans les secteurs de la technologie, de l’agriculture rurale ou bien au niveau de l’énergie renouvelable pourrait contribuer à la venue d’une population plus jeune et plus active. Bien entendu, ce développement de ces secteurs d’activité pourrait engager par la suite le développement des zones rurales avec la création d’une demande de services supplémentaires. De plus, la faible densité démographique actuelle (notamment dans les zones périurbaines et rurales), donne accès à une offre de logement plus compétitive que dans des régions actuellement plus dynamiques.
ATTRACTIVITÉ DU CADRE DE VIE
Le climat tempéré ainsi que la richesse culturelle, patrimoniale et naturelle de la Bretagne pourrait dans les années à venir être l’argument de migration de nombreux individus, allant des plus jeunes au retraités.
DÉVELOPPEMENT DES STRUCTURES
DE SANTÉ
Enfin, la prévision d’une forte augmentation de la population âgée dans les terres bretonnes engage actuellement la réflexion sur l’amélioration des structures de santé ou même destinées à nos séniors. En ce sens, d’ici 2050, la Bretagne serait une région adaptée à sa population en proposant de nombreux services à destination des plus âgés.
5) S’implanter en zone rurale
La définition des enjeux du programme nous a permis de constater que pour que celui-ci fonctionne et soit en cohérence avec les problématiques soulevées, il fallait qu’il soit à échelle humaine. En ce sens, la zone rurale semble être un contexte urbain favorable. En effet, il se trouve que c’est dans ces villes ou villages peu développés et attractifs que se trouvent une grande propension de personnes âgées. En outre, c’est dans ce contexte que celles-ci peuvent développer un sentiment d’isolement car peu porté sur le développement des interactions sociales.
Du point de vue des écoles, les infrastructures, si elles existent, ne sont composées que de quelques classes avec peu d’élèves. C’est une échelle qui me semble alors adaptée à programme intergénérationnel comme l’École de la Vie. En effet, cela peut être le moyen de recréer une cohésion entre les membres du village.
St
LES GRANDES ET MOYENNES VILLES DE BRETAGNE
Seulement, la Bretagne est dans son ensemble une forte zone de ruralité à l’exception de quelques grandes villes déjà citées. C’est pour cette raison qu’il me semble falloir voir plus loin que la zone de ruralité en elle-même. Il faut que celle-ci puisse avoir des qualités qui puissent être un facteur d’attractivité futur. C’est pour cette raison que s’il l’on reste pragmatique, on se doute bien évidemment que les littoraux sont plus souvent privilégiés que les plaines en raison de leur cadre paysager remarquable. Ainsi, bien qu’actuelle zone rurale, un village du littoral pourrait devenir rapidement attractif en raison d’activités économiques comme le tourisme.
6) L’île : Une zone rurale à enjeux multiples
La Bretagne, région réputée pour sa richesse paysagère, est également connue pour la multitude d’îles habitées qui l’entourent (70% des entités insulaires de France Métropolitaine). De plus ou moins grande superficie, ces îles qui habitent en général une seule ville se développent autour d’activités communes comme le tourisme ou l’agriculture. Certaines plus éloignées que d’autres du continent restent néanmoins des territoires peu habités à l’année en raison de l’éloignement avec la vie continentale. Nécessairement, cela en fait pour la plupart des zones rurales qu’il pourrait être intéressant de prendre en considération dans le cadre de mon projet.
En quelques chiffres, environ 10 000 Bretons et Bretonnes vivent à l’année sur une douzaine d’îles (la Bretagne comptant plus d’une centaine d’îles en tout).
En termes de fréquentation et de sédentarisation des habitants, les îles bretonnes nourrissent une pression touristique forte avec environ 62% des logements qui sont des résidences secondaires. Sur les années 2014 et 2015, on comptabiliserait alors plus d’1.7 millions de visiteurs sur l’ensemble de ces îles.¹2
En effet, leur situation insulaire en font des territoires remarquables mais également attractifs et à potentiel. C’est le cas encore plus pour ces îles qui sont relativement proches du littoral et qui permettent une
accessibilité aisée et rapide au continent. L’idée de l’île, séduisante, fait nécessairement écho au programme expérimental de l’École de la Vie. En effet, il y a au sein même de ce territoire la symbolique (presque poétique) d’un territoire enclavé par la mer tout comme les personnes âgées peuvent être à l’écart des autres. Il me semble que choisir une île comme territoire d’implantation pour le projet qui devient ainsi “Skol Ar Vuhez” (en breton) permet de répondre à la fois aux enjeux du programme mais pas seulement :
En choisissant une île, le programme permet également de répondre à des enjeux de territoire. L’aspect expérimental du programme devient aussi pertinent dans un contexte insulaire dans la mesure où le caractère remarquable du territoire et la vie en autarcie qui s’y développe peut aisément laisser place à l’essor de ce genre de projet. S’installe alors une cohérence entre site et programme, se créé finalement une unité et complémentarité entre les deux.
CROQUIS - Les Côtes bretonnes
Auteure
12 Données récoltées et traitées par LE PAGE Geoffrey en collaboration avec l’Asociation des îles du Ponant, Novembre 2018
BATZ 489 hab.
OUESSANT 864 hab.
MOLENE 144 hab.
SEIN 242 hab.
BREST
DOUARNENEZ
St Pol de Léon
KASTEL PÄOL MONTROULEZ
St Pol de Léon
LANNUON
BREHAT 385 hab.
GWEBGAMP
LANDERNE
Landerneau
KASTELIN
Chateaulin
KEMPER
Quimper
KONK - KARNEV
KARAEZ
Carhaix
ST BRIEG
GROIX
2 322 hab.
AN ORIENT
LES GLENAN
PONDIVI
ÎLE AUX MOINES 616 hab. ÎLE D’ARZ 241 hab.
GWENED
BELLE-ÎLE-EN-MER
5 524 hab.
HOUAT 251 hab.
HOËDIC 113 hab.
ST NAZER
KASTELL
NAONED
SITUATION GÉOGRAPHIQUE DES ÎLES BRETONNES
Auteure
ROAZHON
ST MALO
Concarneau
Lorient
Guinguamp
Lannion
Saint Brieuc
Saint Malo
Vannes
Rennes
Chateaubriand
Saint Nazaire
Nantes
Ploërmel
CARTE DE L’ÏLE DE BRÉHAT Auteure
ENEZ VRIAD ÎLE DE BREHAT
II.B Enez Vriad, l’île de Bréhat. Un territoire remarquable pour un projet expérimental
_ANALYSE DU TERRITOIRE
“Le voyageur qui, au bout de la longue route partant de Paimpol, atteint la pointe de l’Arcouest, jouit soudain du plus imposant et du plus curieux spectacle. Du haut des falaises sombres et déchiquetées, contre lesquelles le flot brise avec fureur, l’œil aperçoit, jusque bien loin au large du continent, d’innombrables îles, îlots et récifs de toutes taille qui pointent entre des vagues violettes, ourlées d’écume.”¹3
1) Présentation de l’île de Bréhat
Bréhat, de son nom breton “Enez Vriad”, est un archipel qui se compose de 80 îles et îlots, repartis dans l’Atlantique. Cet archipel de Bréhat tient son nom de l’île principale qui est donc l’île de Bréhat. Bréhat est d’un point de vue administratif une commune qui dépend du département des Côtes d’Armor.
Située à 3.5 km du continent, Bréhat est accessible en bateau uniquement depuis un embarcadère situé à la pointe de l’Arcouest (commune de Ploubazlanec).
Il faut compter 15 minutes de navigation afin de pouvoir rejoindre la pointe sud de l’île de Bréhat, seul point d’accroche avec le continent. Comme on peut ainsi le suggérer, Enez Vriad est une île facilement accessible et assez proche du continent ce qui en fait une destination de choix. De plus, cela lui permet de
conserver sa qualité de territoire remarquable tout en gardant un lien rapproché avec le continent. En outre, le système de transport une fois sur le continent pour rejoindre les centres-villes les plus proches est assez bien développé avec de nombreux bus qui permettent de desservir une multitude de destinations (gares, centre-ville). Un vaste parking est également présent à proximité de l’embarcadère (pour les toursites mais aussi pour les habitants de l’île travaillant sur le continent).
Seule contrainte notable : les horaires des navettes qui permettent de desservir l’île sont fixes et beaucoup moins nombreux en période hivernale ce qui peut être un frein pour les habitants (dernier trajet pour aller sur le continent à 18H30 à partir du mois d’Octobre jusqu’au printemps).
Dans le lien que l’île entretient avec le continent, Bréhat se situe à 8.2 km de distance de la grande ville la plus proche qui est Paimpol (7199 habitants en 2021 selon l’INSEE). Cette distance relativement correcte rend tout de suite l’idée de l’île moins inaccessible et moins enclavée même si la majorité des habitants de l’île ne possèdent pas leur propre voiture.
En termes de superficie, l’île mesure 3.09 km² avec une longueur de 3.5 km et une largeur d’1.5 km. La superficie du territoire bréhatin permet avec aisance de pouvoir se déplacer à pied ou à vélo aux quatre coins de l’île. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles l’île est entièrement piétonne ou à mobilité douce comme le vélo. Seule la mairie détient une voiture pour répondre à d’éventuelles urgences sur place. Aussi, vous trouverez sur l’île uniquement des tracteurs qui sont utilisés par les agriculteurs ou bien utilisés pour acheminer des visiteurs (comme un système de bus). C’est d’ailleurs ce qui assure actuellement le ramassage scolaire sur l’île.
Cependant, la limite de vitesse est plafonnée à 13 km/h pour correspondre à l’échelle de l’île et donc aux divers flux (piétons, cyclistes).
Une île de cette dimension produit en ce sens davantage de proximité entre les habitants mais également entre les différents services. Le train de vie, grâce à la mobilité douce, se veut également plus calme que sur le continent.
L’ÎLE DE BRÉHAT - L’ÎLE DES MOBILITÉS DOUCES
Bien qu’elle puisse se parcourir aisément à pied, l’île de Bréhat n’en reste pas moins un territoire à fort relief avec un écart d’altimétrie de 30 m entre le point le plus bas et le plus haut de l’île. Cela en fait une commune vallonnée où chaque ouvrage bâti s’adapte aux différents niveaux du site et apporte plusieurs points de vue de qualité.
Ces 3.09 km² de terre sont habités de manière sédentaire par 402 habitants (en 2021 selon l’INSEE). Malgré une faible population, celle-ci est pourtant en croissance depuis quelques années avec une augmentation de 6.35% par rapport à 2015 où la commune de Bréhat accueillait un total de 378 habitants à l’année.
Cependant, cette valeur semble dérisoire par rapport au nombre d’individus qui foulent l’île pendant la période estivale. En effet, pendant les mois de juin à août, la population journalière de l’île peut atteindre entre 5000 et 6000 habitants en raison de l’attrait pour le patrimoine culturel et naturel de Bréhat. Cette valeur se voit également justifiée par le fait que parmi l’ensemble du foncier de l’île, 75% sont des résidences secondaires. Ces écarts de fréquentation sont actuellement un problème pour la mairie de Bréhat qui aimerait que la population se sédentarise un peu plus et que le tourisme de masse puisse diminuer. Seulement, c’est aujourd’hui leur principale activité économique en raison du contexte de zone rurale dans lequel il se trouve pendant 9 mois de l’année. (Cependant, le tourisme de masse est mal vécu par les habitants de l’île qui bien souvent ne peuvent pas profiter comme ils le veulent de leur commune et de la nature environnante)
Ces informations sommaires concernant l’île de Bréhat nous indiquent que bien qu’en situation insulaire, l’île n’en demeure pas inaccessible. Jouissant d’une réputation certaine au niveau du tourisme, cette île a pu développer son système d’accessibilité ce qui permet également d’améliorer la qualité de vie des bréhatins. Cependant, il est à déplorer une situation irrégulière au niveau de la fréquentation du territoire, ce qui influence également l’économie de l’île. On peut dégager de cette manière un premier enjeu concernant l’occupation du sol avec une volonté pour la commune de faire croître la population bréhatine.
ÎLE BENIGUET
CITADELLE
MAISON DE PLAISANCE
PLAGE DU GUERZIDO
CENTRE BOURG
ÎLE LOGODEC
2) Un patrimoine culturel remarquable : L’île aux corsaires
L’île de Bréhat, en raison de sa situation insulaire, jouit d’un héritage historique et d’un patrimoine culturel extrêmement riche.
Les premières marques d’occupation humaine sur l’île datent de 23 000 avant J.C où les traces d’une hutte de 4.5m de diamètre ont été retrouvées adossées à un rocher. Cette trouvaille archéologique est d’ailleurs toujours présente et mise en valeur sur l’île. (A cette époque, Bréhat n’était pas encore une île, seulement une des vallées reliées à l’actuelle côte bretonne.) Des traces d’occupation pendant la période Gallo-romaine ont également été retrouvées ce qui donne l’idée que Bréhat est depuis toujours, un territoire appréhendé par l’Homme.
Cependant, le passé historique de l’archipel de Bréhat s’enrichit pendant la période du Moyen-Âge et ce, jusqu’à la Renaissance. Etant située entre la Bretagne et la Grande Bretagne, Bréhat fût pendant de nombreux siècles un territoire fortement disputé et qui fût l’objet de nombreux conflits géopolitiques. (Point militaire stratégique)
Le premier homme de l’époque à fouler le territoire de Bréhat fût Fragan en 418. À son retour de l’actuelle Grande Bretagne qu’il fuit, il découvre cette île vierge où il est seulement de passage avec sa famille. C’est près d’un siècle plus tard que Saint Budoc aurait investi l’île afin d’y installer de manière pérenne sa communauté religieuse. Il y construit un monastère et
ainsi, jusqu’au VIe siècle, l’île de Bréhat fût le lieu de formation d’un grand nombre de prêtres.
C’est à partir du XVe siècle que l’île de Bréhat devient un territoire stratégique et convoité. Elle fût à de nombreuses reprises le terrain de batailles entre le Royaume de France et celui de la Grande Bretagne, provoquant de nombreux pillages et massacres d’innocents. Malgré tous ces conflits, l’île de Bréhat n’a cessé de voir sa population croître bien que le territoire hostile et éloigné de la civilisation puisse paraître incompatible au développement urbain. Un fort (qui fût reconverti en citadelle militaire lors du Second Empire) avait d’ailleurs été construit afin de pouvoir défendre le territoire et également protéger les habitants. Malgré un climat venteux et un relief peu avantageux, l’île regorgeait déjà d’une multitude de ressources. La situation spécifique a fait de Bréhat un endroit de vie autonome en plusieurs points :
AUTONOMIE ADMINISTRATIVE
L’île de Bréhat, souvent au centre des conflits maritimes entre la France et la Grande Bretagne ne fût sous aucune autorité administrative pendant un long temps. Il s’agissait nécessairement d’un microcosme où les règles imposées n’étaient pas les mêmes que sur le continent. Cette situation a bien entendu attiré un grand nombre de personnes qui étaient en quête d’exil ou de renouveau (Ce qui par ailleurs déplu aux bréhatins originaires de l’île à ce moment-là).
AUTONOMIE ALIMENTAIRE
Au Moyen-Âge les connections ne sont pas encore fluides entre l’archipel et le continent. De cette manière, la population bréhatine devait vivre en quasi-autosuffisance grâce aux ressources présentes sur l’île. Foyer d’immigration de nombreux agriculteurs en situation misérable, Bréhat était l’opportunité pour eux de pouvoir développer leur patrimoine et donc d’accéder à un niveau de vie supérieur. En ce sens, la grande majorité des habitants de l’île était en partie agriculteurs. Sur les 300 hectares de territoire, 200 sont cultivables et 150 peuvent être consacrés au labour. Seulement, dans les prémices de cette vie agricole, les terres n’étaient pas de si bonne qualité et le rendement de celles-ci peut satisfaisant. L’élevage et la pêche étaient donc à ce moment-là des manières de compenser les produits de la terre.
Le patrimoine historique de l’île concernant cette période réside notamment dans l’héritage des corsaires et des marins. En effet, la majorité des bréhatins sont à cette période d’habiles marins, de bons pilotes et pêcheurs, doublés de bons soldats prêts à défendre une île sensible en ce temps. Sous Louis XIV, Bréhat devient un site d’escale stratégique pour les navires du Roi. L’île disposait d’une garnison permanente d’environ 240 soldats.
Pour créer un système défensif, de nombreuses fortifications fûrent mises en place sur l’île et les îlots, comprenant des corps de garde, des poudrières et des bouches à feu. À cette époque, la course, comme on l’appelle, se développe fortement. Bréhat fournit grand nombre de corsaires au service du roi, et des marins pour ses navires.
Au XVIIe siècle Bréhat est devenu le premier port de commerce de la baie de Saint-Brieuc, bien devant cette dernière, mais aussi devant Paimpol et Binic. L’activité ne cesse de se développer. Les maîtres de barque bréhatins, propriétaires de leurs bateaux, cabotent, allant chercher du vin en Aunis, du sel à Guérande, livrant une partie de leur cargaison en Hollande et en Bretagne. Ils exportent aussi des céréales et des toiles de lin et de chanvre, dont la région est alors grande productrice. La Corderie et le Port Clos sont les deux principaux ports de l’île. La Corderie, asséchant peu en mortes eaux, devient un excellent port d’armement.
Cet héritage marin se prolonge jusqu’aux temps modernes. Une pétition de la fin du XVIIIe siècle visant la demande d’une exonération d’impôts nous indique que Bréhat fournirait entre 400 et 500 marins dans le cadre d’activités militaires ou commerciales. Cela n’inclut pas les corsaires qui devaient être au moins aussi nombreux.Ces corsaires, encore commémorés aujourd’hui à Bréhat, ont fortement contribué à l’élimination de la menace anglaise en détournant et pillant de nombreux navires anglais. Nécessairement, de nombreuses traces de cet héritage culturel sont encore visibles à Bréhat.
Pour preuve, l’Eglise Notre Dame de Bonne Nouvelle à Bréhat expose dans ses bas-côtés de nombreuses maquettes de frégates et navires de corsaire. De plus, le plafond édifié dans la Nef semble s’apparenter à la coque d’un bateau. C’est d’ailleurs entre le XVIIIe et XIXe siècle que l’île de Bréhat va connaître une période de surpeuplement avec un nombre d’habitants à hauteur de 1500 personnes. (Ce qui signifie donc 500 hab./km2)
Le siècle des lumières et les multiples innovations industrielles et technologiques vont cependant sonner la fin de la puissance maritime bréhatine. En effet, avec l’avènement entre autres du navire à vapeur, la population de marins et pêcheurs va peu à peu décroitre jusqu’à pratiquement disparaître (21 marins comptabilisés sur l’île au début du XXe siècle). En outre, la situation insulaire de l’île, bien qu’autrefois un avantage, va devenir un handicap à son développement dans cette époque nouvelle. Cette transition va avoir de nombreuses conséquences comme notamment le déclin progressif de la population bréhatine (entre le XIXe et XXe siècle). Celle-ci, démunie de toutes les richesses autrefois apportées par l’île, retourne dans les grandes villes afin de jouir des nouvelles avancées de l’époque.
Le déclin de cette population entraîner en contrepartie une nouvelle manière de percevoir l’archipel de Bréhat. Bien que certaines familles restent sur l’île tout en continuant leur profession agricole, une nouvelle forme d’activité s’installe peu à peu : Le tourisme. Les premiers continentaux à fouler le sol de Bréhat dans un cadre touristique ou temporaire sont des artistes
qui viennent puiser dans la richesse du paysage bréhatin afin de nourrir leur œuvre. En effet, par la beauté de sa nature, le contraste de ses couleurs et la qualité de sa lumière, Bréhat devient un endroit où séjournent de nombreux peintres, illustrateurs ou poètes. Le silence sur l’île est une source d’inspiration pour bon nombre d’écrivains. Nécessairement, Bréhat devient une destination balnéaire prisée par la bourgeoisie. Certaines familles y font même construire un pied-à terre. Bréhat devient un lieu de villégiature, dont l’accessibilité se fait de manière plus aisée grâce au développement des moyens de transport (chemins de fer, réseau ferroviaire).
Ce patrimoine culturel est aujourd’hui extrêmement valorisé et mis en avant, notamment par les nombreux chemins de randonnée qui permettent de découvrir et retracer l’histoire de l’île. On le retrouve aussi bien
CROQUIS - Le Centre-Bourg, la Croix de Kérano Auteure
dans les vestiges de grandes infrastructures militaires comme la citadelle mais également au sein même du tissu urbain avec de nombreuses maisons de corsaires (reconnaissables avec leur hauteur mais aussi grâce aux murs imposants qui délimitent la propriété). Construites en pierre de granite, toutes ces traces d’un passé maritime glorieux sont encore en parfait état de conservation, et encore habitées.
L’Histoire de l’archipel de Bréhat mériterait d’être encore approfondie mais ces points de repère historiques concernant l’île permettent de rendre compte de la richesse contenue dans un si petit territoire, ce qui en fait il me semble, un territoire remarquable. Etant donné que depuis maintenant un siècle la population diminue, on assiste à un développement interne de l’île au ralentit et par conséquent, à une conservation précieuse d’un paysage naturel et urbain d’époque.
CROQUIS - Maisons de plaisance sur les côtes bréhatines
Auteure
3) Un patrimoine naturel remarquable : L’île aux fleurs
Au-delà d’un patrimoine culturel riche, l’île de Bréhat peut également être qualifiée de territoire remarquable en raison de son patrimoine naturel. Il me semble même que l’un ne va pas sans l’autre.
L’archipel de Bréhat bénéficie du Gulf Stream¹4 ce qui lui vaut un microclimat plutôt doux en hiver, mais également en été. La température moyenne en hiver varie entre 5 et 6°C tandis que celle en été atteint en moyenne 18 à 19°C. Cette situation climatique permet donc au territoire bréhatin d’éviter les périodes de gels et les épisodes neigeux en hiver mais également d’éviter les fortes canicules en été. De plus, en raison des vents forts, les épisodes pluvieux se font plus rares avec 750 millimètres d’eau relevés en une année pour l’île de Bréhat contre plus de 800 pour les villes situées à proximité mais sur le continent (information basée sur les relevés de la ville de Saint Brieuc).
Ce microclimat est donc favorable à l’ensemble des cultures de la terre dans le cadre de l’agriculture et au même titre favorable pour la croissance d’espèces florales plutôt exotiques.
Au premier regard, les roches de granit rose dominent le paysage. Les îles et îlots se composent de landes côtières, d’estrans et de boisements principalement composés de conifères. Ces espaces présentent une diversité écologique remarquable, notamment par la présence d’une importante avifaune.
L’île de Bréhat est également appelée “L’île aux fleurs” en raison de ses nombreuses espèces de plantes exotiques que l’on ne trouve à l’état naturel nulle part ailleurs en Bretagne. Ces espèces ne poussent pas naturellement sur l’île car elles ont été ramenées d’expédition par les corsaires à l’époque de la puissance maritime bréhatine. Pour autant, le climat est favorable à leur développement et croissance sur l’île ce qui confère de nos jours au territoire une
COUPE DE SITE - ÎLE DE BRÉHAT
Auteure
GRANITE
précieuse végétation luxuriante. On peut trouver sur l’îles diverses espèces florales comme :
L’AGAVE
LE MIMOSA
L’ECHUM VULGARE
L’HORTENSIA
L’EUCALYPTUS
L’ALOES
LE CAMÉLIA
Enfin, l’agapanthe, énième variété florale qui pousse sur l’île de Bréhat, a même obtenu une reconnaissance nationale. Ramenée du Cap Vert jusqu’à Bréhat, celle-ci s’est propagée de jardins en jardins et est aujourd’hui devenue la fleur emblématique de l’île.
Pour cause, Bréhat abrite désormais la collection et le Conservatoire national des agapanthes qui comprend plus de 300 variétés. Comme on peut le comprendre, l’île de Bréhat est un territoire fortement protégé et tenu à l’écart d’un quelconque dérèglement au niveau de sa biodiversité.
CROQUIS - Biodiversité florale de Bréhat Auteure
14 Le Gulf Stream est un courant océanique chaud, de surface, prenant sa source le long de la côte est des ÉtatsUnis et qui se disperse dans l’océan Atlantique
EUCALYPTUS
CAMÉLIA
ECHUM VULGARE
HORTENSIA AGAVE
ALOES
MIMOSA
La majorité de ces espèces se trouvent actuellement dans la partie Sud de l’île tandis que, comme dit précédemment, la partie Nord a conservé un héritage plus agricole avec beaucoup de terres destinées à la culture (terre plus fertile dans la partie Nord). La végétation y étant rase et les constructions rares, chaque élément vertical constitue un repère dans le paysage. On observe donc une différence de paysage notable entre ces deux pôles étant donné que la partie Sud se caractérise plutôt par l’expansion de grandes zones boisées, sauvages et d’une densification urbaine plus conséquente.
“L’île Nord, sauvage et peu habitée, l’île Sud, plus abritée des vents du large, plus accueillante, plus peuplée ; l’une impose sa rude et sévère beauté, l’autre son charme délicat et prenant.”¹5
Ce qu’exprime Geneviève Vergez-Tricom dans son ouvrage sur Bréhat démontre que l’archipel est caractérisé par une forte diversité d’espaces naturels. On dénote cinq grandes entités paysagères qui possèdent des qualités paysagères et naturelles différentes :
La présence de zones Natura 2000, de Zones Naturelles d’Intérêt Faunistique et Floristique (ZNIEFF) de type 1 et 2, de zones humides ainsi que l’application de la loi “littoral” traduisent l’existence de très forts enjeux environnementaux. Ces ensembles paysagers, supports d’une biodiversité riche, participent à la qualité de vie notable des insulaires.
Dans une dimension plus géologique, rappelons que l’île de Bréhat fait partie de la côte de granite rose. Le massif rocheux qu’est Bréhat se compose en son sol d’une majorité de granite rose, bien que subsiste du granite porphyrique (roche claire) mais également de la pierre cornéenne (roche sombre marquée de bandes claires). De plus, une bonne partie de l’île est également recouverte de Lœss, un limon calcaire très fin déposé par les forts vents.
LA
CÔTE NORD
LE BOURG
LE PORT CLOS
L’ANSE DE LA CORDERIE
LES ESTRANS
L’ÎLE DE BRÉHAT - TRAME VERTE
Actuellement, plus de 50% du territoire de l’archipel est classé en espaces remarquables. Plus remarquable encore, à la demande du territoire et face à l’extraction abusive du granite pour des constructions continentales (port de Paimpol), l’archipel de Bréhat a été classé site naturel le 13 juillet 1907. Il s’agit de ce fait du premier site naturel classé en France, ce qui rend compte du caractère exceptionnel du territoire.
C’est pour cette raison que depuis maintenant plus d’un siècle, la commune de Bréhat s’attache à réguler au maximum l’impact humain sur le territoire avec un contrôle de l’urbanisation, du tourisme mais également des flux de personnes (interdiction de la voiture sur l’île et mobilités douces). La préservation du territoire semble détenir une place importante, de premier plan même, dans la gestion du développement de l’île.
4) Analyse Urbaine : Phasage urbain
Comme évoqué précédemment, L’archipel de Bréhat comporte une multitude d’îles et d’îlot mais seule l’île principale, l’île de Bréhat, présente un tissu urbain développé. Seulement, c’est avant tout dans la partie sud de celle-ci que s’organise la majorité de la densification urbaine. Cette configuration se justifie notamment par l’accès au port et à l’embarcadère, à l’extrême sud. C’est donc naturellement au plus proche de l’accès au continent que s’est densifié le tissu urbain (que ce soit pour des raisons de mobilités, d’attractivité touristique ou même pour l’acheminement des marchandises extérieures).
Le Centre Bourg, situé à 850 m de l’embarcadère (soit 12 minutes à pied), constitue le centre névralgique de cette densification. Situé dans un creux, le centre du Centre Bourg s’est édifié et construit à l’abri du vent tout en restant proche de la mer (du côté Est de l’île), ce qui à l’époque devait permettre au bourg de pouvoir à la fois acheminer des marchandises facilement depuis le port mais également de pouvoir se trouver à proximité de l’ensemble des embarcations.
C’est au sein de ce Centre Bourg que se concentre la majorité des habitations mais également l’ensemble des services de la commune. On y trouve les commerces de première utilité avec l’alimentation mais également les services administratifs comme la poste ou bien la mairie. Historiquement, la construction du Centre-Bourg s’est développée autour de l’Eglise et de son cimetière, centrale dans la disposition urbaine.
Bien qu’à petite échelle, une place centrale arborée permet de centrer toutes les interactions et donc d’organiser le maillage urbain. Cela devient le lieu de rencontre de la commune, là où les interactions sociales peuvent se créer et au-delà, devient un point de repère pour l’habitant au sein de cette île.
Ce qui est frappant lorsque l’on se retrouve à parcourir les diverses venelles du Centre Bourg, c’est cette proximité immédiate entre tout. Que ce soit de l’embarcadère au Centre Bourg, ou bien de la place centrale aux commerces de proximité, tout se relie rapidement et étant donné la faible densité urbaine, tout semble relié de manière directe.J’entends par là que chaque venelle empruntée menait quoi qu’il advienne à la place centrale et que même sans
connaître l’endroit et sans s’aider d’un plan, il était très aisé de retrouver le chemin du Centre Bourg. Cette facilité de mobilité et d’accès fût vraiment agréable et met en valeur l’existence de ce Bourg.
L’échelle de ce tissu urbain aussi était très intéressante à expérimenter. En effet, que ce soit de l’embarcadère jusqu’au Centre Bourg, on observe qu’il n’y a pas de route ou des rues mais seulement des venelles, des passages entre de grands murs de granite qui nous mènent aux quatre coins de l’île et qui débouchent à chaque fois sur un paysage remarquable. Nécessairement, tout semble à échelle humaine et cette construction de l’espace public génère une qualité de circulation et de déambulation très plaisante pour le piéton.
TOURISME COMMERCES
RESTAURANTS
SUPERETTE
ECOLE-PLACE : 3min
ECOLE-PARCELLE : 1min
PARCELLE-CANTINE : 2min
PARCELLE-PLAGE : 5min
EGLISE COMMUNALE
SERVICES SCOLAIRES
SERVICES MÉDICAUX
SERVICES SPORTIFS
CONSTITUTION DU TISSU URBAIN, CENTRE-BOURG DE BRÉHAT Auteure
Autrement dit, il me semble que pour un lieu de retraite ou bien d’apprentissage pour les enfants, la configuration urbaine de Bréhat et plus précisément de son Centre-Bourg, est idéale. On a vraiment cette impression de liberté de déplacement sans risques étant donné que le rythme de vie devient beaucoup plus doux sans cette idée de surpopulation ou de vitesse avec les véhicules motorisés.
La hauteur des bâtiments également renforce cette idée de petit centre calme. Notamment à cause des temps fortement venteux, les constructions sont assez basses, maximum R+1 avec les combles ,ce qui renforce le caractère rural du site. Cette impression est d’autant plus forte que l’identité architecturale de l’île est très marquée avec une majorité de constructions
anciennes (Parc de logement ancien avec 43.5% des constructions réalisées avant 1946). L’harmonie architecturale du Centre Bourg lui donne une qualité non négligeable d’autant plus dans la mesure où l’on parle là d’une architecture typiquement bretonne. Pourtant, bien que la hauteur du bâti soit relativement basse, la déclivité positive du site vers le nord du Centre Bourg permet à chaque bâtiment de se montrer et donc construit de manière plus forte le paysage.
Malgré une densification plus importante que sur le reste de l’île, le Centre Bourg accueille tout de même un grand nombre d’espaces vides, de dents creuses non construites et donc pour l’instant inexploitées. La nature fait donc encore don de sa présence dans cette zone de l’île pourtant densifiée par l’Homme.
PARCELLES À URBANISER, conseillées dans le PLU
PARCELLES NON CONSTRUITES
PARCELLES VIDES DISPONIBLES, CENTRE-BOURG DE BRÉHAT
Auteure
Ces espaces vides sont actuellement une piste recommandée par le PLU afin de densifier le tissu urbain existant sans briser les grandes étendues de nature qui sont dans un premier temps protégées mais qui au-delà permettent également à l’île de conserver un équilibre au niveau de sa biodiversité.
Si l’on s’éloigne du Centre Bourg, on trouve également des habitations mais dans un tissu urbain plus éparse. Il s’agit pour la plupart du temps des maisons secondaires construites lors de l’essor du tourisme bréhatin car celles-ci étaient implantées dans l’optique d’avoir des vues qualitatives et de s’éloigner du tissu dense du Centre-Bourg. Il s’agit pour la plupart du temps de maisons qui se trouvent dans les hauteurs maximales de Bréhat ou bien à
proximité immédiate des côtes de sorte à bénéficier d’une vue directe sur la mer.
Seulement, la commune de Bréhat souffre de ces maisons secondaires. Elles représentent actuellement plus de 70% du parc de logement disponibles sur l’île et ne sont habitées que ponctuellement. Cela exerce une forte influence sur la démographie de l’île mais également sur la sédentarisation de ses habitants puisque cela signifie que le marché locatif est presque inaccessible pour des ménages n’ayant pas les moyens de devenir propriétaires et voulant une location sur une durée indéterminée. Autrement dit, la commune de Bréhat fait actuellement face à une offre locative insuffisante en comparaison à la possible demande venue du continent.
CROQUIS - Vue depuis la place du Centre-Bourg
De plus, le prix au m² pour un terrain non construit sur Bréhat est plus cher que sur les villes présentes aux alentours sur le continent, pouvant atteindre 350€ /m². Cette valeur du terrain, en raison très certainement du caractère exceptionnel du territoire, influence également la construction neuve. Sur une période de 10 ans, seulement 7 constructions neuves ont vu le jour, ce qui signifie moins d’une construction par an. Si l’on ajoute à ça les contraintes liées à la préservation du territoire, cela pourrait expliquer pourquoi la commune peine à accueillir de nouveaux habitants.
Enfin, afin d’avoir une vision plus globale sur la situation du parc de logements à Bréhat, la part du parc locatif social de la commune est estimée à 7.6% ce qui représente concrètement 15 logements HLM (sous forme de maisons individuelles) et 3 logements communaux. Ce résultat, en cohérence avec la situation démographique de l’île, résulte d’un effort fait par la mairie depuis ces dernières années.
Pourtant, d’après le PLU, de nombreuses possibilités de création de logements existent, notamment la réhabilitation de certains édifices anciens. En clair, la construction neuve n’est pas l’unique moyen de pouvoir influencer de manière positive la croissance démographique désirée par la mairie. Le tissu urbain de la commune de Bréhat se concentre majoritairement dans la partie Sud de l’île avec le Centre Bourg qui permet un accès de proximité à l’ensemble des services de première nécessité. C’est donc un endroit dense mais qui pourrait être à l’avenir davantage densifié afin d’éviter l’étalement urbain.
Cependant, cette envie de densification de l’île par la mairie de Bréhat rentre en contradiction avec la situation actuelle du parc de logements qui est assujettie par les résidences secondaires, étouffée par une offre locative presque entièrement saisonnière et limitée par une incapacité budgétaire pour d’éventuels jeunes ménages à faire construire sur l’île.
CROQUIS - Vue depuis la place du Centre-Bourg
Auteure
II.C Densifier le Centre-Bourg _ INTENTIONS DE PROJET
1) Mise en cohérence des enjeux de site et de programme
La présentation succincte du programme puis du site révèle une complémentarité entre ces deux entités. Tout comme le site, le programme tend à s’adapter à une échelle humaine et en cohérence avec le projet. Tout comme le programme, le site tend lui à redévelopper une forme de dynamisme et ce, au sein de la communauté bréhatine.
En ce sens, l’île de Bréhat semble être le moyen de répondre aux enjeux du programme, de même que le programme pourra constituer un élément de réponse aux enjeux du site. Afin de correspondre au mieux aux recommandations du PLU, mais également aux enjeux du programme, il est apparu évident que le projet devait s’implanter au plus proche du cœur urbanisé de l’île : le Centre Bourg. La disponibilité de nombreuses parcelles vides permet de pouvoir avoir le choix et donc de déterminer quel terrain serait le plus adapté à l’implantation de “Skol Ar Vuhez”. En ce sens, le programme peut contribuer à la densification urbaine du Bourg tout en apportant à la fois un service éducatif mais également une solution de logements pour une catégorie de population majoritaire sur l’île: les personnes âgées.
DÉAMBULATION PIETONNE
EMPRISE URBAINE PROJET
ÉCOLE EXISTANTE
ACCÈS PIETON PARCELLE
LIMITE PARCELLAIRE
PLACE COMMUNALE
CONSTITUTION DU TISSU URBAIN, CENTRE-BOURG DE BRÉHAT
Auteure
L’objectif est à travers ce choix d’implantation de garantir une accessibilité facilitée et une ouverture sur le reste de la communauté. De plus, concernant les personnes âgées, le fait d’avoir l’ensemble des commerces nécessaires autour pour leur vie quotidienne est un critère non négligeable (et gage de qualité de vie). Enfin, concernant le programme scolaire, l’école faisant partie du projet doit être assez centrale afin de faciliter les déplacements pour les parents lorsqu’ils amènent leur enfant à l’école. En outre, concernant l’école, une cantine scolaire est déjà présente dans le Centre-Bourg. S’implanter dans cette zone permet donc de réutiliser un espace déjà aménagé. Il me semble important de préciser à ce stade de l’analyse qu’une école, assez ancienne, existe déjà sur l’île, non loin du Centre-Bourg
également. Seulement, le PLU stipule que ce bâtiment fait partie de ceux qui nécessiteraient d’être réhabilités et restaurés, notamment pour l’étage. Cette ancienne bâtisse de corsaire se trouve à 3 minutes à pied de la cantine scolaire existante ce qui n’est pas un problème étant donné le contexte urbain.
2) Présentation de la parcelle et du PLU
Le projet prend place au centre du CentreBourg, à proximité immédiate de la place principale et de l’Eglise communale. La parcelle concernée mesure 1928 m². Il s’agit plus spécifiquement d’un regroupement de plusieurs parcelles, 6 au total. Dans leur état actuel, toutes ces parcelles sont non construites (mais constructibles d’après le plan de
COUPE DE TERRAIN SUR LE CENTRE-BOURG, étude sur la topographie du site
Auteure
Parcelle Projet
Rues Habitées
Rues Commercantes
VERS DEBARCADERE
VERS BREHAT NORD
Eglise Communale
Place Principale
Parcelle: 571m²
Surface Construite: 295 m²
Parcelle: 1928 m²
PREAU"MODERNE"-STOCKAGEETSANITAIRES
Surface Constructible: 1568 m²
zonage du PLU). Ce sont pour l’instant plutôt des jardins et vergers privés, chacun séparés par d’épais murs en granite, de 2m de haut en moyenne, qui doivent exister depuis des dizaines, centaines d’années. Ces murs, présents en plusieurs endroits de l’île, étaient créés jadis pour les jardins afin de contrer les effets négatifs des vents forts. Cette installation architecturale permettait ainsi à l’époque d’avoir un microclimat dans son jardin et donc de conserver une nature luxuriante.
Quelques arbres sont donc présents mais aucun ne paraît remarquable. Le reste de la végétation présente est relativement basse. Certaines de ces parcelles ne sont d’ailleurs plus entretenues (ou du moins pas régulièrement). Un abri, certainement utilisé pour le stockage des outils est construit, adossé au mur en granite. Il fait environ 10 à 15m² et semble se fondre totalement avec le mur qui le soutient, comme si cet abri devenait simplement un endroit plus épais de ce mur. Tout comme la majorité des terres bréhatines, la parcelle présente une déclivité du terrain sur sa longueur. De manière concrète, sur environ 50m de longueur, on observe un dénivelé positif d’environ deux mètres selon les repères altimétriques. Même si à l’échelle de la parcelle cela pourrait sembler peu, il faut cependant le prendre en compte lors du projet, notamment pour les questions d’accès à la parcelle. (Surtout s’il y en a plusieurs). Concernant ces accès, la parcelle est à mon sens bien positionnée car elle est traversante. Autrement dit, elle est accessible en limite de propriété en long et en large par différentes voies à échelles différentes chacune. L’accès le plus évident et déjà existant se situe directement
depuis la place du Centre-Bourg. C’est un accès large aménagé pour le passage d’un petit tracteur. Etant donné que la parcelle du projet regroupe plusieurs terrains, on trouve donc différents points d’accès repartis tout autour des nouvelles limites parcellaires. En raison de leur usage actuel, la majeure partie de ces accès sont étroits et aménagés comme des portillons en bois. Tous ces portillons sont accessibles par le biais d’une petite venelle qui ne dépasse pas les 2m de large et qui est bordée de part et d’autre de murs en granite comme ceux de la parcelle. Cela nous indique une grande liberté d’implantation pour la suite du projet, d’autant plus que celui-ci nécessite le traitement de deux programmes différents. De plus, seule une petite partie, au nord, est adjacente à un élément bâti existant ce qui réduit les contraintes d’implantation et les enjeux de gestion du voisinage.
L’enjeu majeur de cette parcelle réside dans son emplacement central. Cette position impose donc de devoir s’adapter au site (très délimité) mais également à la forme architecturale existante alentour afin de ne pas créer de nuisance visuelle, préjudiciable surtout pour l’île de Bréhat.
Concernant le PLU, et contrairement à ce que l’on pourrait penser, celui-ci n’est pas plus exigeant qu’un autre. D’un point de vue général, la mairie exige de pouvoir établir une implantation qui soit en cohérence avec l’orientation, la topographie mais également avec les constructions avoisinantes afin de créer la continuité et une homogénéité dans ce maillage urbain peu dense.
Règles d’implantation à respecter :
PAS DE LIMITE D’EMPRISE AU SOL
JONCTION ENTRE DEUX BÂTIS
AUTORISÉE (Et 2m si aucune jonction n’est projetée)
AXE LONGITUDINAL DU BÂTI ORIENTÉ
Est-Ouest (30% de décalage autorisé)
HAUTEUR MAXIMALE: 5.50m à l’égout
LARGEUR MAXIMALE : 7m
TOITURE À DEUX PANS
SYMETRIQUE (45°)Toiture terrasse proscrite
Règles de traitement des façades en vigueur :
MURS EN PIERRE DU PAYS (granite)
SI PAS DE PIERRE, ENDUIT NATUREL AU MORTIER DE CHAUX
COUVERTURE EN ARDOISE DE SCHISTE
(couverture traditionnelle bretonne)
COUVERTURES EN ZINC PRÉ-PATINE
MENUISERIES BOIS PRECONISÉES
Pour autant, le PLU mentionne en fin de paragraphe que toutes ces règles peuvent être proscrites si elles vont à l’encontre du projet architectural. Autrement dit, la construction d’un projet neuf reste en théorie assez libre tant qu’elle respecte et n’altère pas d’un point de vue général le paysage bréhatin. Cependant, dans le cadre d’un projet en plein Centre-Bourg, il me semble qu’il soit préférable de répondre à un maximum des règles énoncées.
D’un point de vue urbain, réinvestir ces parcelles dans le but d’y introduire un véritable espace de vie va permettre de redonner une réelle centralité à la place qui deviendra un lieu de passage traversant et par conséquent plus animé. C’est également un morceau de l’espace public bréhatin qui pourra être sollicité pour des occasions comme des fêtes scolaires ou bien des évènements qui résultent de la vie de village. En ceinturant cette place, celle-ci retrouve une force et une valeur.
PROSPECT PLU
Auteure
Faîtage Egoût
3) Gestion du projet : Traiter l’existant
Un autre point à aborder et qui est important à prendre en compte dans la recherche de cohérence du projet : l’existence d’une école à proximité directe du Centre-Bourg. Dans une zone rurale comme celleci où vivent moins de 420 habitants, la question se pose de l’utilité de vouloir reconstruire une école, surtout si celle-ci se situe littéralement à moins de deux minutes à pied. Cependant, lors de la lecture de PLU celui-ci mentionne un besoin de réhabiliter le bâti qui accueille actuellement le programme scolaire. De plus, il est également mentionné qu’il serait envisagé d’y aménager des logements. Si l’on prend en considération la volonté de la mairie à vouloir sédentariser les habitants et densifier le tissu urbain de Bréhat, il me semble que cela peut-être un avantage de proposer une solution d’aménagement
de logements de petite et moyenne taille dans cette actuelle école. Aussi, le projet conserve sa pertinence dans la mesure où on offre un environnement scolaire plus stimulant pour les enfants tout en créant des logements, qu’ils soient des logements de fonction pour les professeurs des écoles ou bien des logements locatifs pour des jeunes ménages. De cette manière, l’école est recentrée par rapport à l’activité du Centre-Bourg et l’ancienne devient un ensemble de logements à proximité du centre actif de la commune de Bréhat.
On répond ainsi aux problématiques soulevées par le PLU tout en conservant une cohérence au niveau de la proposition programmatique. Le projet de fin d’études devient non plus un projet de création neuve uniquement mais également aborde les questions de réhabilitation d’un existant.
CROQUIS DE SITE- Parcelle du Projet Intergénérationnel
Auteure
III. SKOL AR VUHEZ, MICROCOSME INTERGÉNÉRA
TIONNEL AU MILIEU DE L’ATLANTIQUE
III.A La Réhabilitation de l’Ecole Existante _ PHASE DE PROJET 1
Comme la plupart des communes en France et bien que considérée comme zone rurale, l’île de Bréhat dispose déjà d’une infrastructure scolaire (localisée à deux pas du Centre-Bourg). Celle-ci est de taille nécessairement petite ce qui correspond à la propension d’écoliers habitant de manière quotidienne sur l’île à l’heure actuelle.
1) L’Ecole de Kérano : Présentation de l’école présente sur l’Île de Bréhat
L’école de Kérano est une école primaire qui accueille un total de trente élèves, répartis en deux classes et assurant les niveaux de la maternelle au CM2. La particularité de cette école, comme toute école rurale, est que les enfants ne sont pas uniquement avec d’autres enfants de mêmes niveaux. Ainsi, une professeure des écoles accompagnée d’une ATSEM (Agent Territorial Spécialisé des Ecoles Maternelles) s’occupent des enfants en maternelle tandis que la directrice s’occupe des autres écoliers se trouvant entre le CP et le CM2.
ÉTAT INTERIEUR DU BÂTIMENT
L’ensemble des leçons et activités sont dispensées dans une bâtisse d’ancien corsaire réaménagée dans le cadre d’un programme scolaire. On trouve
deux niveaux accessibles (bien que seul le niveau RDC soit accessible pour les enfants). Comme on peut le voir sur les plans, les deux salles de classe sont reparties dans la partie droite du bâtiment ce qui permet de rendre non accessible physiquement le niveau supérieur pour les enfants. La qualité majeure de ces classes réside dans la présence d’une lumière traversante ce qui rend l’espace d’apprentissage plus qualitatif. De plus, la petite taille de l’école et du programme confère à l’ensemble de ces espaces une proximité très bénéfique dans le cadre d’une école (gestion des flux, sécurité, communication). La salle de classe des maternelles est-elle, en communication directe avec une seconde salle qui permet de réaliser différentes activités manuelles. Enfin, un seul sanitaire est mis à disposition pour tous les élèves, se situant au milieu des deux classes.
au niveau supérieur se trouvent des espaces dédiés au personnel avec notamment une cuisine et une salle de réunion/ de pause. Cet aménagement de cet ancien corps de bâtiment permet actuellement à la commune d’assurer avec aisance et facilité l’éducation scolaire des plus jeunes. Seulement en vue de la taille de celui-ci, il serait inenvisageable de pouvoir accueillir davantage d’écoliers. Comme on peut également le notifier sur les plans d’étages, le niveau du rez-de-chaussée n’est desservi que part deux escaliers d’époque en pierre de granite. Seulement, une déclaration préalable a été réalisée en 2020 afin d’installer à côté de l’entrée des classes un élévateur PMR. Ainsi, bien qu’avec un niveau surélevé, l’école est accessible PMR.
ETAT EXTÈRIEUR DU BÂTIMENT:
L’héritage d’une excellente construction d’époque en granite permet aujourd’hui de profiter d’un bâtiment en parfait état de conservation. L’ensemble des éléments de la façade sont d’origine, hormis les menuiseries intérieures et extérieures, ainsi que la serrurerie des escaliers et très certainement la toiture. C’est un bâtiment qui fait partie intégrante du patrimoine culturel et architectural de l’archipel de Bréhat et qui reste à l’heure actuelle très bien conservé et mis en valeur.
Ce corps de bâtiment a été construit sur un terrain à fort dénivelé ce qui signifie que l’amplitude de
celui-ci diffère selon la rue que l’on emprunte. Cette caractéristique topographique a également pour conséquence une moins bonne conservation des pierres de façade du côté de la rue (et non de la cour d’école). On observe également plusieurs traces d’humidité et de moisissure sur les linteaux en brique ce qui indique un manque d’entretien du bâtiment. Certaines menuiseries sont également endommagées.
Bien qu’entretenue compte tenu de son époque de construction, l’école de Kérano gagnerait à bénéficier de plusieurs interventions sur l’ensemble de sa façade afin de recouvrer une esthétique idéale.
CROQUIS DE SITE - École de Kérano
Auteure
FACADE NORD EXISTANTE, École de Kérano
FACADE SUD EXISTANTE, École de Kérano
COUPE LONGITUDINALE EXISTANTE, École de Kérano
ENVIRONNEMENT ET ESPACES EXTÈRIEURS:
L’environnement extérieur de l’école est bien entendu composé d’un large espace extérieur qui constitue la cour de récréation pour les écoliers. La cour de récréation se compose d’un espace goudronné où se trouve également un préau (d’époque moderne) où l’on peut avoir accès à des sanitaires non isolés et un espace de stockage. Autrement dit, l’ensemble de l’espace libre de la parcelle est aménagé et pensé pour un programme scolaire. Cependant, un accès à la parcelle voisine en fond de cour donne la possibilité aux écoliers de pouvoir jouer dans un espace secondaire totalement arboré et laissé à l’état naturel. Cette deuxième cour de récréation qui entre en contraste total avec la première vision de l’espace extérieur goudronné vient rééquilibrer la qualité des espaces extérieurs. L’ensemble de la parcelle est ceinturé par des murs en granite d’1m80 en moyenne.
La première cour de récréation qui fait face au bâtiment permet également d’accéder à un petit local situé sur le côté de l’école ,et est potentiellement occupé soit pour du stockage ou bien des équipements techniques. Enfin, l’école est accessible à l’est de la parcelle avec deux portails, un pour les piétons et un second pour les véhicules. Un accès à la cour est donc nécessaire pour rentrer dans les locaux.
Enfin, la taille de l’édifice ne permet pas d’accueillir un espace de restauration. C’est pour cette raison que la cantine scolaire si situe dans un
autre bâtiment, à deux minutes à pied de l’école. La petite échelle du tissu urbain fait que cela n’est pas une contrainte, notamment pour l’acheminement des élèves jusqu’à cet espace de restauration.
2) Gestion du programme et du site. Traitement de l’école de Kérano
Comme dit précédemment, bien que fonctionnelle, l’école n’est pas assez grande pour prévoir un éventuel afflux de nouveaux écoliers. Dans le cadre de mon projet de fin d’études et du programme envisagé, la question s’est posée de savoir comment traiter cet existant, d’autant que la parcelle voisine semble également appartenir à l’école.
Il a été envisagé dans un premier temps d’entreprendre dans le cadre du projet, la réhabilitation de ce bâtiment et d’y construire une ou plusieurs extensions afin de pouvoir l’adapter au programme. Cependant, la taille de la parcelle ainsi que le caractère remarquable du bâtiment existant ont motivé l’idée de s’implanter à un endroit totalement différent pour le projet principal.
Seulement, étant située à quelques pas du CentreBourg, tout comme mes intentions de projet, il a été important dans un souci de cohérence de déterminer ce que pourrait devenir cette école. Reste-t-elle une école et dans ce cas-là deux écoles sont implantées au même endroit ? Ou bien pouvons-nous imaginer réhabiliter et réaménager cette bâtisse avec un autre programme plus cohérent avec l’échelle de celui-ci et tout autant cohérent avec les aspirations de la commune ?
En consultant le PLU et le dossier de présentation de l’île de Bréhat (réalisé par la mairie), on peut voir un paragraphe mentionnant les stratégies à envisager dans le cadre d’une volonté de densification urbaine. La volonté de la Mairie bréhatine est actuellement de densifier le territoire plutôt que de promouvoir l’étalement urbain. Pour cette raison, ils mentionnent de nombreuses dents-creuses et parcelles non construites présentes dans le bourg MAIS également des parcelles construites qu’il est possible de réhabiliter (Avec en plus des indications programmatiques pour ces lieux à réhabiliter). Il s’avère que le bâtiment de l’école fait partie de cette liste, en raison notamment du niveau supérieur qu’il faudrait pouvoir réhabiliter.
Cette indication officielle nous permet de pouvoir penser l’ancienne école de Kérano comme un tout nouveau projet avec un nouveau programme. Cela implique dans un premier temps de penser le projet de Skol Ar Vuhez comme une manière de répondre au PLU mais également de penser le projet comme le moyen de recentrer l’école dans le centre du CentreBourg. La relocalisation de l’école est également pour la commune une opportunité de pouvoir réinvestir les murs de l’ancienne bâtisse de corsaire pour y inclure un programme répondant aux stratégies d’urbanisation et de sédentarisation mises en avant dans le PLU.
C’est pour cette raison qu’en guise d’annexe ou de projet secondaire, mon PFE met en avant une solution pour réinvestir ces locaux en plus du projet de Skol Ar Vuhez. Afin de répondre aux desseins de la mairie, je me propose de concevoir dans l’enceinte du bâtiment existant trois logements allant du T2 au
T3 familial sans intervenir sur la forme de celuici. Ce pourront-être dans l’idée des logements de fonction ou bien des logements sociaux destinés à la location et correspondant à la demande de logements de jeunes couples ou bien d’une famille modeste.
Ces nouveaux logements seront idéalement situés, à proximité de toutes les commodités de première nécessité mais également situés du côté du Centre-Bourg où le tissu urbain commence à se composer majoritairement de maisons habitées et de pavillons privés.
La réhabilitation de l’ancienne école de Kérano devient un intérêt pour la commune car elle représente une offre de logements supplémentaire sur l’île sans pour autant créer de l’étalement urbain. De plus, en réhabilitant un ancien bâtiment, on prône la conservation du patrimoine architectural du Centre-Bourg et donc la conservation globale du paysage de l’île.
3) Réhabilitation de l’école de Kérano en trois nouveaux logements
L’ancienne disposition des espaces dans l’école de Kérano ainsi que la trame structurelle du bâtiment ont permis la répartition de la surface habitable en trois logements de taille classique (selon la conception des logements aujourd’hui).
Concernant la réhabilitation et le traitement, de l’existant, peu d’éléments vont être démolis. Seulement des cloisons légères mises en place pour les besoins de l’école vont être enlevées.
Aucune intervention n’est à prévoir sur les murs de structure (que ce soit sur le mur lui-même ou bien au niveau des ouvertures, conservées à l’état actuel afin de garantir des logements traversants et non monoorientés). Le mur porteur représentant le mur d’appui pour la structure de la toiture au R+1 sera lui, comblé afin de prévoir la création de deux logements bien séparés. Enfin, les arrivées d’eau seront conservées au maximum afin de ne pas intervenir trop lourdement sur l’ensemble des réseaux techniques du bâtiment. En conservant au maximum ce qui est déjà existant, nous garantissons ainsi une intervention moins lourde sur l’existant mais également des coûts moins élevés lors des différentes phases de chantier.
Les deux entrées existantes seront également conservées et l’installation récente d’un élévateur mécanique garantira la qualité PMR des logements situés en partie droite du bâtiment. Le logement situé en partie gauche sera lui de toutes évidences non-PMR étant donné qu’il y a un escalier menant au premier niveau au sein même du bâtiment.
La surface disponible permet donc de créer un T3 familial non-PMR réparti sur deux niveaux d’une surface de 80m², ainsi que deux T2 PMR de 40m², desservis par un espace d’entrée qui correspond à l’ancienne entrée de l’école. Les sanitaires présents dans l’existants (au niveau de l’entrée) seront retirés afin de proposer un espace de stockage commun aux deux T2. Cette répartition et séparation de l’espace produit des typologies rationnelles et faciles à aménager tout en garantissant une qualité d’espace certaine.
Comme on peut le constater sur les plans projetés, les deux T2 fonctionnent en miroir avec un regroupement des espaces sanitaires mais aussi des cuisines au milieu afin d’être au plus proche de l’arrivée d’eau prétendue existante. De cette manière, le reste de la surface est aménageable pour les espaces de séjour et de détente. Concernant l’orientation, les chambres sont orientées au Nord ce qui assure un confort d’été tandis que les séjours sont orientés au Sud, avec une vue dégagée sur le Centre-Bourg (situé plus bas car terrain en dénivelé), mais surtout avec une vue remarquable sur la baie de Bréhat. Le T3 familial, en raison de sa morphologie plus proche des pavillons, est répartie selon les niveaux avec un espace jour au rez-de-chaussée et un espace nuit au premier étage. La répartition des chambres et de la salle de bain permet la création d’un espace supplémentaire de bureau qui peut aussi être transformé en buanderie.
L’ensemble des portes du projet sont des portes coulissantes ce qui permet en grande partie de ne pas encombrer l’espace déjà optimisé par le dégagement des portes, notamment au niveau du premier étage du T3 mais également pour les salles d’eau dans les T2 PMR.
RDC Projeté, École de Kérano
R+1 Projeté, École de Kérano
+0.00
FACADE NORD PROJETÉE, École de Kérano
FACADE SUD PROJETÉE, École de Kérano
COUPE LONGITUDINALE PROJETÉE, École de Kérano
MAISON EXISTANTE NIV RDC+COMBLES
Conservation Espace de Stockage / Local Technique
ACCES EXISTANT 1UP
7,12
ACCES EXISTANT 2UP
ACCES LOGEMENTS
Reconstruction du Mur NIVEAU R+1+COMBLES NIVEAU RDC+COMBLES
Conservation des Accès
Conservation des Accès
COUR EXISTANTE S = 365m² 27,13
Démoltion du préau existant
23,59 23,79
Conservation des arbres plantés en limite de bâti
Traitement du sol existant (bitume) Opération de perméabilisation
Conservation du mur en pierre de granite
Reconstruction du Mur
Conservation du Mur de clos en pierre de granite
PLAN MASSE DE DÉMOLITION - École de Kérano
Auteure
ACCES CONSERVE NIVEAU R+1+COMBLES NIVEAU RDC+COMBLES
PLAN MASSE PROJETÉ - École de Kérano
Auteure
En termes d’interventions lourdes, la grande partie de la transformation de l’existant se situe pour les espaces extérieurs. Dans un premier temps, la parcelle voisine accessible actuellement sera rétrocédée à la ville car inutile dans le cadre du nouveau projet des logements. Dans un second temps, le préau construit bien après la bâtisse de corsaire sera lui également démoli afin de d’offrir davantage de surface pour les jardins privatifs. L’intérêt de créer des logements pour cet espace libre est de pouvoir réintroduire de la nature dans un extérieur qui est pour l’instant goudronné et donc totalement imperméable.
Comme on peut le voir sur le plan de masse projeté, une coursive pavée sera construite afin de garantir un accès fluide aux logements. Cet espace qui sera commun pourra être ponctuellement aménagé ou fleuri suivant les locataires. Le reste de la parcelle sera divisée en trois jardins privés et attitrés à chaque logement. Ces espaces arborés et semés permettront de redonner de la valeur à la façade principale et de garantir un espace extérieur pour chacun des trois logements. De cette manière, l’allure générale de cette parcelle deviendra semblable aux autres maisons habitées de l’île, avec une architecture typique et des extérieurs verdoyants.
COLLAGE - École de Kérano réamménagée en logements
Auteure
III.B SKOL AR VUHEZ : Habiter le Mur _ PHASE DE PROJET 2
Ayant désormais trouvé une complémentarité entre le programme choisi et le site adéquat à ce programme, l’objectif est à présent de pouvoir créer et retranscrire cette symbiose au sein du projet et plus précisément à travers une implantation qui correspond au programme mais également au site et à la parcelle. Gardons à l’esprit que l’objectif du projet et du programme est de pouvoir palier à l’isolement des personnes âgées tout en servant l’apprentissage et la sensibilisation des plus jeunes.
1) Conserver l’identité bretonne du projet à travers le site
Comme nous l’avons vu lors de l’analyse du site, la parcelle concernée pour le projet se trouve à proximité immédiate de l’unique place publique du
Centre Bourg et plus généralement de la commune de Bréhat. C’est une parcelle avec une forme particulière dont les extrémités sont clôturées par de grands et épais murs de granite. Ces murs, très présents dans le paysage depuis la place, ont été construits pour protéger les vergers (qui y étaient à l’époque) du vent parfois fort sur l’île. En effet, le Centre-Bourg se situant dans une “cuvette” et proche de la mer, il peut être la cible de grands couloirs venteux qui sont donc un des aléas naturels à prendre en compte. C’est pour cette raison que de nombreuses parcelles sont clôturées de cette manière dans les alentours. En ce sens, cet existant en très bon état (en raison de l’usage du granite) est porteur d’une histoire et d’une utilité que l’on peut considérer remarquable et à prendre en compte pour l’implantation et la morphologie du projet.
En partant de ce point de vue et donc aussi bien pour des raisons de conservation du paysage urbain et patrimonial que pour des raisons naturelles, il fût évident qu’il fallait conserver ce mur de pierre sans pour autant savoir comment l’exploiter. En effet, cela
ELEVATION- Parcelle du projet depuis la place du Centre-Bourg
Auteure
peut devenir une contrainte dans la mesure où l’opacité du complexe de clôture ne permet pas de pouvoir dégager des vues directes sur la ville et sur l’environnement proche. Cependant, cela m’a semblé cohérent afin de pouvoir opérer une implantation douce dans le tissu urbain et à l’échelle du Centre-Bourg.
En prenant la décision de conserver cet existant, on conserve une particularité bréhatine qui permet d’asseoir le projet dans son contexte et donc de respecter d’une certaine manière les volontés du PLU quant à la conservation de l’image que peut renvoyer la commune et plus généralement l’île.
Le caractère distordu de la parcelle, en plus de celle du mur opaque, s’avère également être en quelques sortes une contrainte dans la mesure où le piège serait de s’implanter tout en suivant les limites parcellaires et donc de subir cette forme de parcelle. En résumé et en amont de la conception même du projet intergénérationnel, il se trouve que la parcelle présente un bon nombre
de contraintes pour l’implantation de la volumétrie. Pourtant, un second existant présent sur la parcelle mais démoli dans le cadre du projet va nécessairement conduire à une solution envisageable pour outrepasser ces contraintes de site. Il s’agit d’une cabane de jardin comme on peut en voir dans tous les jardins privés de l’île. La particularité de ces cabanes sont qu’elles s’appuient et se greffent sur les murs de pierre (donc une des façades devient le mur de clôt). Cette implantation permet à la fois d’économiser des matériaux de construction mais également de libérer un maximum d’espace libre pour les plantations et le jardin en lui-même. Dans ce cas, le mur, en plus d’être une séparation entre la parcelle et la ville devient également un moyen de créer de l’espace, un support à la construction
2) Le Mur : Entre-deux habité entre le projet et le monde
Bien que détruit, le premier parti pris de ce projet est de reprendre la morphologie et la logique d’implantation du local de jardin afin de pouvoir redonner une valeur au mur dans le cadre du projet et donc de pouvoir le placer au centre de la conception architecturale. En effet, il aurait semblé plus handicapant qu’autre chose de conserver un mur pour sa valeur dans le contexte bréhatin sans pour autant le traiter.
Ceinturant l’ensemble de la parcelle, le mur va être amené à se dilater par endroits ponctuels sur l’ensemble des limites afin de générer des petits pavillons qui viendront être habités et exploités. Cette manière de traiter le mur de clôt nous permet donc de déformer dans un premier temps les contours très marqués de la parcelle mais également de pouvoir contrôler l’échelle de la volumétrie afin qu’elle corresponde aux attendus du programme mais aussi aux enjeux du site.
Deux morphologies architecturales ont permis de pouvoir donner un tel usage au mur. Il s’agit dans un premier temps (concernant l’implantation), du cloître et la qualité d’espace qu’il génère, avec un espace vide au centre et des parois opaques autour. Cette manière de répartir les pleins et les vides se retranscrit d’une certaine manière dans le projet avec ce mur habité. Enfin, la forme des pavillons et la réflexion engagée pour arriver à une telle implantation fait écho aux habitations troglodytiques dans leur aspect et leur spécificité formelle. La forme envisagée dans le projet tient ses inspirations de ces deux morphologies
de projet mais surtout, tiennent de l’usage de la roche brute. Les pavillons seront donc nécessairement construits en pierre de granite afin de garantir une continuité visuelle et structurelle entre eux et le mur.
De plus, le granite est un excellent matériau de construction en raison de sa résistance, sa dureté mais également de son entretien et de sa pérennité. Au-delà de sa qualité structurelle, c’est également une roche très utilisée en construction car possédant des qualités thermiques notables. En effet, c’est une roche qui conduit extrêmement bien la chaleur ce qui garantit une certaine passivité (bien que le climat de Bréhat soit relativement doux sans grosses chaleurs ni grands froids). De plus, le site sélectionné (situé dans la côte de granite rose), implique que cette matière première pour la construction soit locale et donc fortement à envisager pour cette partie du projet.
CROQUIS DE PROJET - Première esquisse du projet
Auteure
3) Une implantation périphérique du programme à petite échelle dans le CentreBourg
Habiter le mur, voilà qui définit dans un premier instant le projet et qui permet de relier le programme au site. Seulement, nous parlons de pavillons mais n’avons pas encore définit par quels éléments du programme ceux-ci allaient être investis.
La qualité périphérique de ces entités du point de vue de la parcelle en fait des espaces éloignés les uns des autres. Il faut donc les parcourir et se déplacer au sein de la parcelle pour pouvoir y accéder. C’est pour cette raison que l’ensemble du mur sera habité par des éléments de programme qui ont pour but d’être partagés ou semi-partagés. (Pour rappel, le programme se dégrade en plusieurs notions d’occupation des espaces avec les espaces privés, semi-partagés et partagés). De cette manière et dans le cadre d’un programme intergénérationnel, cette disposition dans la parcelle des espaces partagés pourra influencer le déplacement des individus et donc favoriser les interactions sociales.
De plus, situés à proximité des voiries et donc de la ville, ces espaces pourront plus aisément accueillir des visiteurs ce qui en fait en quelques sortes des espaces de seuil entre le programme et la ville.
Ces pavillons accueillent notamment des salles polyvalentes en ce qui concerne les espaces partagés. On utilise le terme de polyvalent en raison du caractère flexible de ces espaces. La nature intergénérationnelle du programme implique que PLANS- Flexibilité des espaces partagés (Rendu Esquisse) Auteure
pour répondre aux enjeux de celui-ci, l’espace est conçu de sorte qu’il puisse être utilisé de manières différentes suivant la fréquentation des individus et l’usage recherché. Ainsi, une salle polyvalente présente dans le projet peut-être une salle de sieste ou d’activités manuelles pour les enfants en journée comme peut être une salle de réception pour les personnes âgées le soir. Etant donné que c’est un petit programme, le fait de rendre flexible un grand nombre de pavillons permet donc d’offrir une possibilité plus importante aux individus de s’approprier l’espace et donc de pouvoir y réaliser tout ce qu’ils veulent. C’est en outre une manière de pouvoir prévoir l’imprévisible en partant du principe que l’on ne peut définir à l’avance les activités ou les manières d’investir l’espace que les personnes âgées ou même les enfants pourront avoir. C’est également le moyen d’offrir des espaces qui pourront être partagés et par les personnes âgées et par les enfants de manière simultanée en raison de leur implantation sur la parcelle.
Ces blocs de roche habités accueillent au même titre des espaces semi-partagés. Il y a deux typologies d’espaces semi-partagés avec ceux destinés aux personnes âgées et ceux destinés au programme scolaire.
Espaces semi-partagés/ BEGUINAGE :
Ces espaces sont constitués de tous les usages de jour. Plus précisément, il s’agit de salons, d’espaces de restauration avec des salles à manger et des cuisines. Le parti pris assez fort du programme (et en raison de la proximité avec tous les éléments bâtis et la taille de la parcelle) est que tous les espaces de jour
PLANS- Flexibilité des espaces semi-partagés (Rendu Esquisse) Auteure
sont considérés comme espaces privés. Etant donné que nous sommes dans un programme et un projet assez expérimental, j’ai cru bon de pousser le concept communautaire à son maximum en mettant en commun une majorité d’usages afin de favoriser le plus possible le partage et par conséquent éloigner les risques d’isolement. On trouve également dans ces espaces des salles de dortoir ou bien des chambres d’amis afin de rendre possible la visite de personnes extérieures qui auraient besoin de pouvoir dormir sur place. Une salle d’eau et des sanitaires sont donc mis à la disposition des personnes âgées mais également de leurs visiteurs au sein de ces pavillons
Bien que semi-partagés, ces éléments de programme n’en restent pas moins flexibles. En effet, il est possible de pouvoir momentanément agrandir l’espace de séjour lorsque les visiteurs ne sont pas là en transformant une chambre en espace de salon supplémentaire ou bien en bureau (comme on peut le voir sur le plan). Cela permet donc de donner plus de place aux habitants ce qui est toujours gage de qualité.
Espaces semi-partagés /ECOLE:
L’école en elle-même est un lieu de partage et d’interactions. Ainsi, cela peut être ambigu de parler d’espaces semi-partagés dès lors que l’on aborde la question du programme scolaire. Seulement ici, on entend par espaces semi-partagés l’ensemble des éléments du programme scolaire qui ne sont pas des salles de classe. Autrement dit, on parle des autres entités du programme qui gravitent autour des salles de classe et qui répondent plutôt à un usage de gestion et de fonctionnement plutôt que d’apprentissage.
Nous parlons ici de l’administration mais aussi des sanitaires pour les enfants (accessibles depuis la cour de récréation) et enfin de l’infirmerie (qui pourrait également être accessible aux personnes âgées). Il m’a semblé cohérent d’inscrire l’ensemble de ces éléments en tant qu’espaces semi-partagés car ils sont par conséquent ponctuellement occupés et peuvent servir dans un souci de réaménagement futur à d’autres usages.
Ceinturer l’espace avec des espaces partagés et semi-partagés favorise les déplacements au sein de la parcelle et mélange les populations afin de stimuler les échanges et les rencontres, même imprévues. Cependant, pour conserver une certaine hiérarchisation des espaces, les espaces partagés sont regroupés le long du mur Ouest de la parcelle (séparant celle-ci de la place), tandis que les espaces semi-partagés se greffent au mur Est de la parcelle (orienté vers les vergers et vers la mer). De cette manière, les espaces totalement communs restent à proximité de la place et donc de la vie de la commune. (Pendant une fête des voisins ou une fête d’école, cela semble plus logique d’accéder à la parcelle et de profiter des salles polyvalentes).
III.C SKOL AR VUHEZ : La symbiose se trouve dans la dualité
_ PHASE DE PROJET 2
1) Au-delà du Mur Habité : Le Jardin Habité
Habiter le mur existant afin de lui redonner une place centrale dans le projet était la première intervention architecturale dans l’objectif de produire la symbiose entre le programme et le site. A travers cela, le projet s’inscrit dans son environnement urbain et naturel tout en générant des espaces en phase avec la notion de partage et d’intergénérationnalité.
Seulement, le noyau du programme que l’on ne peut négliger à savoir les espaces d’apprentissage ainsi que les espaces privés des personnes âgées ne figurent pas dans les espaces dilatés du mur.
Le jardin, entouré de ses murs habités, devient lui aussi habité, mais en suivant une logique architecturale diamétralement opposée aux pavillons périphériques. Cette liberté de pouvoir proposer une implantation et une architecture différente au sein même de la parcelle est entièrement le résultat de la conservation du mur de pierre. La barrière visuelle formée par le Mur Habité donne la possibilité de pouvoir se détacher d’une architecture typique bretonne afin de concevoir quelque chose de différent sans pour autant que cela devienne une nuisance visuelle et une atteinte à l’homogénéité du paysage bréhatin.
La notion du Jardin Habité est importante car elle traduit une envie de pouvoir développer une manière de vivre et d’apprendre, davantage en lien avec l’extérieur. C’est une notion d’autant plus remarquable si l’on prend en compte le contexte du site où justement une grande attention est portée à la nature sur l’île de Bréhat. Les espaces servants sont extérieurs tandis que les espaces servis intérieurs. Autrement dit, la gestion et l’usage de l’espace extérieur devient tout aussi notable dans ce projet que ce qui est bâti car c’est ce qui permet de relier tous les éléments du programme entre eux (et donc de former l’unité).
2) Implantation radicale au sein du Jardin Habité : Dualité morphologique
D’un point de vue programmatique, la stratégie d’implantation consiste à positionner au centre de la parcelle (et démunie de toute accroche au mur habité) toutes les fonctions qui sont la base de ce programme intergénérationnel et qui ne peuvent être modifiées. J’entends par là les salles de classe ou bien les espaces de nuit des personnes âgées. Ce sont des espaces qui se doivent d’être bien dimensionnés et bien aménagés car ils remplissent des fonctions importantes. Toutes ces fonctions sont positionnées au centre de la parcelle pour pouvoir accéder à l’ensemble des espaces semi-partagés et partagés du projet mais également de pouvoir être accessibles en retour. Ce choix d’implantation conduit à la démultiplication des interactions et au-delà, produit la symbiose entre les deux programmes (Le but étant de ne faire qu’un).
Bien que privés, ces espaces sont également flexibles ce qui permet de pouvoir s’adapter au mieux aux différents usages des habitants. C’est le cas non seulement pour les salles de classe mais également pour les unités d’habitation individuelles.
La morphologie de cette partie du programme se veut très rationnelle, en contradiction avec l’irrégularité du mur habité ce qui génère un dialogue radical entre le mur habité et le jardin habité. L’architecture au sein de la parcelle se veut beaucoup plus légère afin de créer un contraste avec l’opacité et le poids visuel que représente le mur de pierre. C’est pour cette raison que sera favorisée la construction en bois qui dénote de la pierre et permet d’envisager une architecture plus légère et en transparence. L’intention finalement est de pouvoir faire dialoguer ces deux formes d’architecture bien qu’elles soient en rupture totale d’un point de vue formel. Les locaux sont orientés Est-Ouest (préconisé dans le PLU) avec une lumière traversante ce qui permet de conserver une qualité lumineuse au sein des espaces pendant la journée.
Tout comme le mur habité, cet élément bâti central sera uniquement accessible en rez-de chaussée afin de garantir une fluidité dans les flux mais également l’accessibilité pour les personnes âgées et les enfants. Au-delà, cela correspond également à l’échelle du projet et du tissu urbain (bien qu’il soit à l’abri du regard extérieur). On pourra seulement en deviner la hauteur des toitures depuis la place.
PLAN CONCEPTUEL- Répartition du programme Auteure
En outre, la planitude que peut produire un projet uniquement en rez-de chaussée se voit écartée grâce au dénivelé du terrain qui permet la création d’un demi-niveau et qui contribue à l’organisation du programme de manière cohérente sans instaurer de limites physiques. Au sein de ce microcosme, le terrain ainsi que les espaces extérieurs permettent d’orienter les flux et de hiérarchiser les espaces afin de regrouper certains éléments de programme. (Comme les espaces de béguinage)
3) Dualité architecturale et dualité programmatique MAIS unité du projet
Comme vous avez donc pu le constater d’après ces quelques informations sur mon projet de fin d’études, l’intégralité du processus de conception s’est effectuée dans une logique de jouer avec les dualités et le contraste afin d’exprimer au mieux les particularités du
programme intergénérationnel (qui est donc également en dualité). L’expérimentation de programme permet l’expérimentation architecturale et le projet de Skol Ar Vuhez tente de tirer parti de cette spécificité pour proposer une manière de vivre et d’apprendre un peu différente mais adaptée aux enjeux évoqués. (Permis par le contexte urbain et géographique).
La répartition réfléchie du programme dans les deux typologies architecturales (Mur et Jardin Habités) favorise nécessairement l’institution d’une dépendance réciproque entre les deux entités afin que la dualité du programme et la dualité architecturale ne forment plus qu’un seul et même projet. La symbiose devient alors possible et la frontière entre le programme de béguinage et le programme scolaire s’efface au profit d’une architecture communautaire faite de partage et d’interactions.
AXONOMÉTRIE DE VOLUME- Skol Ar Vuhez
Auteure
KLOZADUR
Dans le cadre de ce Projet de Fin d’Etudes, il m’était évident d’aborder un sujet qui me touche et qui représente un point sensible de notre société actuelle. C’est le cas avec l’isolement et la mise à l’écart sociale des personnes âgées, conséquences d’un âgisme général et d’un mépris de la vieillesse dans notre société. Le paradoxe à ce problème : c’est un sujet qui touche tout le monde que ce soit simplement dans le cadre familial mais plus paradoxal encore : c’est un sujet qui nous concernera tous dans nos futures années de vie. Pourtant, personne ne semble y prêter attention.
Ce n’est pas un sujet qui me passionne en soit mais j’estime que c’est un sujet d’utilité publique et trop peu souvent mis en avant, même dans le milieu de l’architecture. Pourtant, l’architecte a ce pouvoir de redéfinir les usages par la manière d’occuper l’espace. Autrement dit, il aurait en théorie le pouvoir d’apporter une solution à ce qui semble être un fléau social. Cependant, en raison certainement du manque d’études ou bien du manque de rentabilité, ce sujet reste mis de côté, laissé sans solution. Il représente donc plutôt ce pourquoi j’ai entrepris des études d’architecture : pouvoir apporter mon aide aux gens et pouvoir solutionner des maux par le biais de mes compétences, par le biais de l’architecture.
Bien que mon projet de fin d’études puisse être inscrit dans un registre plutôt utopique pour notre époque actuelle, il permet cependant d’ouvrir ou d’alimenter les réflexions et les discussions en raison de son caractère expérimental. Autrement dit, même si cela ne reste qu’un projet fictif, se nourrissand’idées certainement trop éloignées de la réalité et qui n’existera qu’à travers le papier et le dessin,
il contribuera cependant à mettre en lumière des problématiques qui sont-elles bien concrètes et en ce sens j’ai l’impression de proposer et concevoir quelque chose d’utile. Le caractère expérimental du programme intergénérationnel que j’ai sélectionné (projet de béguinage et d’école primaire) s’est révélé
être une vraie contrainte dans mon processus de conception car aucun programme de ce type n’a été réalisé, du moins dans la dimension que j’espérais. Seulement, c’est le propre de l’architecte de pouvoir réinventer les usages de demain. De ce fait, cela fût un vrai défi pour moi de réfléchir à de nouvelles manières d’habiter, de cohabiter, d’apprendre. Plus précisément, il s’agît de déconstruire des schémas classiques afin de se détacher de ce qui ne fonctionne pas dans le cadre de ma problématique pour mettre en place des solutions nouvelles en adéquation avec le sujet traité.
J’ai souhaité ainsi mettre en cohérence ce programme assez spécifique avec un site remarquable dont les enjeux du territoire étaient en adéquation avec mes intentions architecturales. L’île de Bréhat comme territoire d’expérimentation, mystique et aussi utopique que le projet, fît écho au caractère chimérique du programme. Son patrimoine historique et naturel, ainsi que la situation urbaine de l’île ont favorisé l’implantation du programme et la création d’un microcosme intergénérationnel. La symbiose entre le site et le programme inscrit un peu plus le projet dans une réalité et lui donne plus de légitimité et de sens
Le processus de conception, allant de la définition du sujet et du programme jusqu’à la conception architecturale s’est nourri d’une envie de générer des interactions sociales.
Il s’agit plus précisément d’une envie de proposer un projet qui fonctionne par le biais de cette quête du partage mais qui le génère aussi. Un ensemble bâti rassemblant une dualité de programmes repartis dans des espaces similaires et flexibles devient le point central de la conception et par conséquent point central de la symbiose recherchée.
Ce sujet de société, révélateur d’un besoin personnel de produire des choses utiles pour les autres, m’a convaincu dans la nécessité de prendre davantage en considération les programmes intergénérationnels. C’est sensiblement à travers ce projet que j’ai envie de montrer comment à travers l’architecture, le mélange de deux programmes différents et mêlant des populations différentes peut avoir des effets bénéfiques sur les individus, de manière pérenne et réciproque.
Je vous remercie pour votre lecture attentive de mon travail de fin d’études qui constitue le résultat d’un an de réflexion et d’investissement sur un sujet qui me semble, parlera à tous.
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
HA Kyungok, Integrated Senior Housing: A Living Prototype for Promoting the Interaction of all generations. Travail Universitaire, Juillet 2014. 321p
LEBEC Éric, L’Archipel de Bréhat, éditions de l’Ancre d’Or ; Kéranroux ; 2012, 192p
FILMOGRAPHIE
« Fraichement retraités ils sont tombés en dépression», Ça commence aujourd’hui, Faustine Bollaert diffusé le 03 Avril 2024, 55.35 min sur France Télévision
« Une vie d’écart», Série documentaire , diffusée le 07 Octobre 2023 sur Canal +
SITOGRAPHIE
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“Béguinages pour séniors : un habitat participatif et solidaire”, BELIN-FRANCOIS Estelle publié le 05 Février 2021 Le béguinage pour personnes âgées - CetteFamille
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“La résidence intergénérationnelle, l’avenir du logement”, HOH Sipane sur Architectatwork, publié le 11 Mai 2021 La résidence intergénérationnelle, l’avenir du logement ? (architectatwork.lu)
“Le béguinage aujourd’hui”, publié sur Vivre en Béguinage Le béguinage aujourd’hui | Vivre en Béguinage (vivre-enbeguinage.fr)
“Le béguinage, un habitat inclusif pour les séniors”, A. Yaël, publié en 2023 Le béguinage — un habitat inclusif pour les seniors - Cap Retraite
“Les béguinages”, publié le 07 Juillet 2022 sur le site du gouvernement Les béguinages | Pour les personnes âgées (pour-les-personnes-agees.gouv.fr)
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“ Limites les résidences secondaires : le sujet qui divise la Bretagne”, VAUGOUDE Martin, publié le 20 Novembre 2021 sur le Télégramme Limiter les résidences secondaires : le sujet qui divise la Bretagne.
“Passé Historique et culturel de Bréhat”, Mairie de Bréhat Histoire de l’île du paléolithique à nos jours - ÎLE-DEBRÉHAT (iledebrehat.fr)
“Plan Local d’Urbanisme : Île de Bréhat”, Mairie de Bréhat, publié le 17 Mai 2021 Plan Local d’Urbanisme - ÎLE-DEBRÉHAT (iledebrehat.fr)
“Vivre en Béguinage : une alternative pour l’hébergement des séniors”, Auteur non renseigné, publié le 03 Novembre 2023 Vivre en béguinage : une alternative pour l’hébergement des seniors (generali.fr)
ANNEXES
Séjour - Cuisine
Chambre PMR
Salle de Bain PMR
Séjour - Cuisine
Chambre PMR
Salle de Bain PMR
Entrée
Séjour - Cuisine
WC séparé
DGT
Chambre 1
Chambre 2
TABLEAU DES SURFACES: Logements dans l’école de Kérano
TABLEAU DES SURFACES: Projet intergénérationnel de Skol Ar Vuhez
T2 TYPE 1
T2 TYPE 2
LOCAUX D'ENSEIGNEMENT GENERAL
2 Salles de classe mi-niveau (10 élèves par classe) Salle de classe (25 élèves)
LOCAUX COLLECTIFS
LOCAUX ADMINISTRATIFS
Sanitaires Collectifs FILLE
Sanitaires Collectifs GARCONS SAS Entrée Sanitaires
ESPACES EXTERIEURS
ESPACES DE RENCONTRE / D'APPRENTISSAGE
Salle des professeurs Réserve Infirmerie Sanitaires collectifs du personnel
ESPACES TECHNIQUES
Cour de récréation (2,6 m² par élève) Préau couvert
Bibliothèque
Salle Polyvalente TYPE 1
Salle Polyvalente TYPE 2 Salle Polyvalente TYPE 3
Locaux Techniques Local OM Local Vélos Buanderie
Stockage 1
Stockage 2
Stockage 3
ESPACES EXTERIEURS
Jardin intergénérationnel
ESPACES / LIEUX DE VIE
Unité d'Habitation
Espace commun Béguinage TYPE 1
Espace commun Béguinage TYPE 2
Espace Visiteurs (3 Chambres)
ESPACES EXTERIEURS
Espaces Extérieurs Béguinage
PLAN ESQUISSE 1 PROJET : Lieu de Vie des Personnes âgées. Béguinage
COUPE ESQUISSE 1 PROJET : Coupe Transversale sur Espace de Béguinage
VOLUMETRIE ESQUISSE 1 PROJET: L’emprise du projet se remarque par la couleur plus foncée des volumes sur cette axonométrie. On peut voir l’emprise du projet intergénérationnel mais également l’école existante
VOLUMÉTRIE ESQUISSE 2 PROJET: Proposition volumétrique à l’esquisse de projet. Mise en pratique du Mur Habité et du Jardin Habité
PLAN ESQUISSE 2 PROJET : Croquis d’esquisse, Vue sur le «Jardin Habité»
PLAN ESQUISSE 2 PROJET: Lieu de Vie des Personnes âgées. Béguinage
PLAN ANALYSE PROGRAMME : Organisation classique d’une salle de classe
TESTS D’IMPLANTATION DU PROGRAMME, PROJET: Proposition volumétrique après la dernière esquisse de projet. Idée principale abordée : le cloître
Rapport de Projet de Fin d’Etudes Master II
Maëlle CHAUSSEC
École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Val de Seine 2023 - 2024
L’isolement des personnes âgées est dans notre societé actuelle un fléau qui ne cesse de croître en raison de l’augmentation de l’espérance de vie. Il est nécessaire de pouvoir se sensibiliser à ce sujet dans la mesure où nous sommes tout(e)s concerné(e) s. Skol Ar Vuhez, qui se traduit comme étant l’École de la Vie en breton est un projet intergénérationnel qui favorise l’entretien des liens par le moyen architectural. Situé en Bretagne et plus précisement sur l’île de Bréhat, ce projet tend à mettre en avant une manière d’habiter et d’apprendre s’effectuant au travers des relations entre les générations et d’une manière générale, dans un esprit communautaire. Il s’agit plus précisement de pouvoir faire co-habiter et co-exister deux différents afin de générer une symbiose pour enfin, répondre aux enjeux de la vieillesse tout en responsabilisant et sensibilisant les plus jeunes par le moyen de l’apprentissage et l’éducation.