16 | 25.4.2022 | VENTE D’ALCOOL
«Je souhaite que ce soit dix fois oui» Déléguée Migros, Renata Georg est l’une des initiatrices de la prochaine votation sur l’alcool. Elle explique ses motivations et pourquoi ce ne serait pas grave si au final des coopératives vendaient de l’alcool et d’autres non. Texte: Kian Ramezani Photo: Nik Faim
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enata Georg, vous êtes considérée comme l’initiatrice de cette votation sur la vente d’alcool à Migros. Comment l’idée vous est-elle venue? Tout d’abord, la question de l’alcool se pose depuis très longtemps. Mais jusqu’à présent, on n’a pas osé l’aborder. Sans doute aussi en raison de la difficulté, car il faut passer par trente-deux comités différents et y obtenir à chaque fois une majorité des deux tiers. Ce sont des obstacles importants. Pourquoi avez-vous pris la décision d’essayer quand même? Après le changement de nom de leshop.ch en Migros Online, l’assemblée des délégués de Migros a voté en mars 2020 pour le maintien de l’offre d’alcool. J’ai pensé que nous mettions ainsi à mal les statuts, car les activités en ligne et hors ligne se confondent de plus en plus. Les partisans ont argumenté que cela répondait à un besoin de la clientèle. Et j’ai pensé: «Qu’à cela ne tienne, demandons-lui et lançons ce processus démocratique.»
Renata Georg en est convaincue: l’interdiction de la vente d’alcool appartient à une autre époque.
Mais pour faire la demande, il vous fallait encore quatre co-initiateurs partageant les mêmes idées. A-t-il été difficile de les trouver? J’ai compris que je ne pouvais m’adresser qu’à des personnes dont le soutien m’était assuré. Pourquoi? Jusqu’à ce que la demande soit prête à être déposée, elle devait rester secrète. Le sujet était trop délicat pour cela. J’ai trouvé mes quatre soutiens du premier coup. Nous tenions à ce que l’impulsion pour cette question importante
vienne de nous, les coopératrices et coopérateurs. Et non pas du management de Migros, comme on a pu le lire partiellement – et de manière erronée – dans les médias. Quelles ont été les réactions à votre demande? Elles ont été très diverses. Certains nous ont remerciés d’avoir pointé du doigt ce problème patent et de l’avoir abordé. D’autres ont trouvé le moment mal choisi. Après tout, nous étions en pleine pandémie et Migros avait d’autres chats
à fouetter. Mais y a-t-il un bon moment pour poser cette question? Et quelques-uns ont sans doute été un peu effrayés que cinq personnes puissent déclencher une telle action. Bien sûr, on nous a dit que ce serait compliqué... ... ce qui est vrai. Vous l’avez mentionné, il faut passer par trente-deux comités différents. C’est juste. Et c’est peut-être précisément la preuve que le processus est trop compliqué. Il faudrait peut-être l’alléger.