3 minute read

Exposition

Humour de chats

Des chats comme s’il en pleuvait. Le château de Saint-Maurice accueille jusqu’au 13 novembre l’exposition Drôles de chats. Elle rassemble des dessins réalisés par une quarantaine d’artistes sur le thème du chat, croqué ici à toutes les sauces. Avec un éclairage particulier sur la Lausannoise Haydé et son chat Milton, le légendaire créateur des Schtroumpfs Peyo, l’impertinent dessinateur de presse Siné, ou encore, pour remonter plus loin, Théophile Alexandre Steinlen, Lausannois lui aussi, mais devenu à Montmartre l’illustrateur du cabaret Le Chat-Noir. Et bien sûr le Belge Philippe Geluck et son célèbre Chat, qui se prête au petit jeu de l’abécédaire.

Informations: www.chateau-stmaurice.ch/site/ exposition-droles-de-chats

A comme aphorismes

«Les aphorismes du Chat sont de différentes tonalités. Beaucoup, je ne sais pas pourquoi, concernent les poissons. Par exemple, le poisson qui pète se signale aux pêcheurs. Là, c’est carrément du Confucius. À un type qui lui dit: ‹Moi ce que je n’aime pas, ce sont les endives›, le Chat répond: ‹Moi, c’est le nazisme›. Voilà sans doute la première fois que les nazis et les endives sont associés dans une blague, ça dit plein de choses, par exemple qu’on peut placer les discours à des niveaux différents et donc ne pas se comprendre. Après, on peut bien sûr développer, se demander si les nazis aimaient les endives.»

C comme chats

«Les chats sont entrés dans le cœur et la tête des humains depuis très longtemps. En Égypte ancienne, des milliers de momies de chats étaient déposées au pied de la déesse Bastet. Mais le chat n’a pas toujours été vénéré. Au Moyen Âge, il s’est même retrouvé diabolisé: on ne voit pas de chats qui s’accouplent, contrairement aux chiens, mais on entend les cris de la femelle, et le clergé avait considéré que c’était inacceptable d’entendre des femelles crier de plaisir. On les brûlait. Puis ils sont revenus en grâce à la Renaissance, jusqu’à nos jours, où le chat est devenu une icône très utilisée dans la publicité, la bande dessinée et le dessin animé. Cela n’a rien d’étonnant. C’est un animal admirable, rapide, souple et fort, capable de relaxation et de vigilance, mystérieux aussi. On ne sait pas ce qu’il pense. Moi, je pense qu’il ne pense rien.»

Une exposition rassemble à Saint-Maurice (VS) les productions d’une quarantaine d’artistes et illustrateurs consacrées au petit félin. Dont celui, qu’on ne présente plus, du dessinateur belge PhilippeGeluck.

Texte: Laurent Nicolet

D comme début

«C’est le 3 mars 1983 que j’ai inventé le Chat pour le quotidien Le Soir. Trois ans plus tôt, après mon mariage, j’avais dessiné un carton de remerciements. On y voyait une madame Chat, les yeux papillonnants et avec un grand sourire, et quand on ouvrait le carton, on découvrait un monsieur Chat en train de l’honorer. C’était moi évidemment, un chat avec juste des lunettes rondes. J’avais d’abord dessiné des lapins, mais c’était trop explicite, puis deux chiens mais ça n’était pas très joli. Avec les chats, il y avait un côté poétique qui nous ressemblait davantage. En fait, tout est parti de là.»

H comme Hara-Kiri

«Le Chat, c’est un bon gros pépère, les enfants l’aiment bien, mais parfois je lui fais aborder des sujets qui peuvent faire grincer des dents. Tout à coup, on peut se retrouver dans le style Hara- Kiri ou Charlie Hebdo. Pourquoi pas? Le Chat peut servir aussi à ça: ouvrir un peu les esprits, repousser toujours un peu la fameuse ligne blanche que l’on ne doit pas dépasser.»

Philippe Geluck a inventé son célèbre Chat en 1983 pour le quotidien belge «Le Soir».

S comme Suisse

«On me dit que la Suisse est l’autre pays du chocolat et que le chocolat suisse n’est pas mauvais non plus. Je ne veux pas me faire allumer ici, mais juste rappeler que le chocolat belge a une tradition magnifique. Hormis cette question, entre la Suisse et la Belgique, c’est l’entente cordiale. Il ne vous manque en fait qu’un truc: être dans l’Europe.»

U comme Ukraine

«Le Chat est un instrument qui me permet d’aborder tous les sujets – légers, graves, grinçants. Je ne suis pas un dessinateur d’actualité, je l’ai fait ponctuellement, comme pour le 11-Septembre ou les attentats contre Charlie Hebdo. Pas encore sur la guerre en Ukraine. Mais j’ai réalisé un dessin pour Siné Mensuel où on voit un type qui dit: ‹Moi je suis prêt à manger ma soupe froide pour ne pas devoir la réchauffer avec du gaz russe›, et sa femme, devant tant d’héroïsme, qui lui répond: ‹Sors de ce corps, Jean Moulin!› ». MM

This article is from: