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Engagement
MARS
Chez Lucie Theurillat, il n’y a pas de copeaux dans le salon. On vous le dit, parce que pendant la pandémie, la Fédération vaudoise des Jeunesses campagnardes avait détourné avec drôlerie les conseils sanitaires édictés par la Confédération: elle en avait fait des idées pour patienter jusqu’à la reprise des girons. Élue en janvier à la présidence de la «Fédé», la jeune femme de 25 ans, établie à Champagne (VD), est pourtant impatiente de passer des moments festifs et sportifs lors des girons prévus cette année. «Ce sera émotionnellement quelque chose de très fort.»
Ce monde des Jeunesses, cela fait onze ans qu’elle l’aime, et réciproquement, avec une ascension régulière jusqu’au comité central. Lucie Theurillat est la deuxième présidente à la tête de cette fédération née en 1919 et la Vaudoise arrive avec des projets forts. «Tout d’abord, avec mon équipe, on a réfléchi à un programme de prévention contre le sexisme, le harcèlement. Nous avons tous des orientations sexuelles différentes, des nationalités différentes. Nous l’avons aussi constaté avec le Covid, des jeunes se sont repliés sur eux, sont touchés par la dépression. Il s’agit d’ouvrir une sorte de ‹parloir› pour que les jeunes qui ont besoin d’aide puissent être orientés vers les structures ou associations adéquates.»
Des espaces d’apprentissage Architecte indépendante et illustratrice, Lucie Theurillat est une créative, pas une rêveuse: «Mes idées naissent comme ça, dit-elle en claquant des doigts. Et alors, on se lance dans la combine et quelques semaines plus tard, le résultat est là. Mon prédécesseur, Cédric Destraz, avait cette même énergie. Lors de mon élection, il m’a dit qu’il avait totalement confiance en moi, du coup, j’ai moins de pression.» Avec les années, les girons et les événements cantonaux de la «Fédé» prennent toujours plus d’ampleur. Au risque de basculer dans l’excès: «C’est autant un avantage qu’un inconvénient, les Jeunesses du canton sont parfois en compétition pour faire toujours mieux, et cela prouve que nous sommes capables de tout pour cinq jours de manifestations. Mais c’est ce qui nous démarque et ce qui attire les visiteurs en nombre. Et c’est aussi comme cela que les jeunes apprennent à développer des projets, à construire. On le voit sur les places de fête, nous avons beaucoup de normes de sécurité à mettre en place, cela devient compliqué, il faut penser à la protection des sols. En vingt ans, l’organisation d’un giron a complètement changé. Maintenant, il y a presque 50% de travail administratif.»
Grâce à cet engagement, la jeune présidente a appris à servir au bar, à pratiquer différents sports, à rester zen dans des moments délicats, mais lorsqu’elle s’est retrouvée à 22 ans à gérer un budget de 600000 francs pour le Giron de Champagne en 2018, c’est là qu’elle a compris qu’avant de faire la fête, il fallait de la rigueur. «J’ai appris à prendre des décisions rapidement dans des situations inédites. Au niveau des événements, la Fédération m’a permis de vivre des choses incroyables, comme intégrer la Confrérie des Vignerons, ou rencontrer des personnalités politiques vaudoises. Cela permet d’avoir un bon carnet d’adresses.»
Les valeurs qu’elle défend sont l’entraide, le bénévolat, la promotion du terroir, le recours aux entreprises locales pour organiser les manifestations. Les traditions perdurent, notamment dans les épreuves sportives: «Il n’y a pas de tir à la corde féminin dans les girons, mais c’est vrai qu’il n’y a pas non plus de demandes. Tout comme il n’y a pas de demande pour du volley exclusivement masculin», précise Lucie Theurillat. À ce propos, devenir présidente, est-ce une chose que les jeunes fédérées envisagent de plus en plus grâce à elle? «J’espère et j’ai quand même cette fierté de représenter les femmes, même si ce n’était pas mon objectif premier. Peut-être que les jeunes filles dans d’autres Jeunesses vont se dire qu’elles en sont capables tout autant que les hommes qu’elles ont toujours vus dans des postes importants.» Lucie Theurillat, comment faites-vous pour afficher une telle sérénité? «La Fédération, c’est une grande famille où tout le monde s’implique. Nous sommes 8000, alors je n’ai pas peur.» MM
Un toit pour tout regrouper
Lucie Theurillat et son équipe sont en train de finaliser un projet pour une maison de la «Fédé», dans une commune du canton. «Il s’agit d’avoir un lieu pour stocker les archives, de créer un musée aussi pour mettre en valeur tous les objets que nous avons, d’organiser des événements, des conférences, des salles pour des assemblées.»
Les girons de l’année
Du 29 juin au 3 juillet: Giron du centre, à Daillens
Du 13 au 17 juillet: Giron de la Broye, à Corcelles-prèsPayerne
Du 27 au 31 juillet: Giron du Nord, à Chavornay
Du 10 au 14 août: Giron du pied, à Cuarnens-L’Isle