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De quoi parle-t-on?
Raphaël Niederhauser, 47 ans, est membre volontaire depuis 1999 du Corps suisse d’aide humanitaire (CSA), l’un des maillons de la Chaîne suisse de sauvetage, qui comprend aussi la Rega et Redog, la Société suisse des chiens de recherche et de sauvetage. Avec 87 autres secouristes suisses, il est parti récemment en Turquie pour retrouver des survivants des séismes du 6 février, dont le plus fort a atteint une magnitude de 7,8.
Quand il n’est pas en mission, Raphaël Niederhauser est technicien de maintenance à Migros Neuchâtel-Fribourg.
À la centrale d’exploitation de La Tène (NE), il s’occupe de réparer et d’entretenir les installations électriques, les chauffages et les systèmes de ventilation. Originaire de La Neuveville (BE), Raphaël Niederhauser vit à Anet (BE) avec sa compagne.
Ces scènes vous hantent-elles?
Certaines images resteront effectivement gravées en moi à jamais. Je me dis cependant que nous avons travaillé le plus vite possible et au mieux. Sur place, nous disposons d’une cellule psychologique et, ici en Suisse, j’en parle avec ma copine et mes proches, ce qui m’aide beaucoup. Ces catastrophes me font aussi relativiser mes problèmes et, paradoxalement, me permettent de mieux avancer dans ma vie.
Sur place, avez-vous eu peur?
Nous avons ressenti des centaines de répliques durant notre semaine de sauvetage. Les ingénieurs présents nous indiquent les maisons trop instables où l’on ne peut pas intervenir. Mais dans les autres, quand on est à plat ventre dans un boyau de 30 à 40 centimètres de diamètre, on pense à chaque instant au risque que l’on prend. Si un séisme d’une magnitude de 5,5 frappe à nouveau, ce que personne ne peut bien sûr prévoir, nos chances de survie sont infimes.
Redog travaille simultanément avec des chiens, des caméras et des sondes acoustiques pour repérer les survivants.
Vous considérez-vous comme un héros?
Non, j’aime simplement faire le bien autour de moi. Si je peux apporter aux survivants un peu de bonheur dans leur malheur, alors je suis le plus heureux du monde. J’ai d’ailleurs toujours aimé venir en aide à autrui. J’ai été pompier à La Neuveville (BE) et, quand j’ai fait mon école de recrues, j’ai pu intégrer les troupes de sauvetage, ce qui m’a beaucoup plu. Ensuite, il y a eu les cours de répétition et des cours de perfectionnement annuels au sein de villages d’exercices en Suisse où l’on se forme aux nouvelles techniques de sauvetage et où l’on teste les nouveaux outils. Bien évidemment, rien ne vous prépare au choc du terrain…
Vous travaillez à Migros et avez quitté votre poste d’un jour à l’autre. Comment a réagi votre hiérarchie?
Au moment de mon engagement, mon activité de sauveteur a été abordée, et Migros NeuchâtelFribourg n’y a vu aucun inconvénient. Mon collègue direct a pu me remplacer au pied levé, car, à la suite de l’appel du Corps suisse d’aide humanitaire, je suis parti dans l’heure. Mon matériel est toujours prêt. J’ai juste pris une douche et me suis rasé. Car ce sont deux choses que vous pouvez difficilement faire sur place. MM