24 | 28.2.2022 | ÉNERGIE
La nouvelle chance de la géothermie Cette technique de production d’électricité à partir d’une eau réchauffée à 3000 mètres de profondeur a déjà connu deux échecs, à Bâle et à Saint-Gall. Une troisième tentative a débuté à Lavey-les-Bains (VD). Texte: Laurent Nicolet
Levée des oppositions Il faut remonter à 2004 pour en
trouver l’origine: «Le but, explique Jean-François Pilet, directeur
Si tout va bien, de l’électricité pourrait être produite à Lavey dès fin 2023, début 2024.
d’AGEPP, était d’abord de fournir de l’eau aux Bains de Lavey en complément du puits existant. De fil en aiguille, c’est devenu un projet visant à produire de l’électricité.» Quelques oppositions ont fait traîner les choses, d’abord de la part de la société des Bains elle-même qui craignait que l’eau qui lui est fournie soit troublée. «Aujourd’hui toutes les dispositions ont été prises. La probabilité que de la boue arrive jusque dans les Bains est à peu près aussi grande que d’avoir un avion décollant de Bex (VD) qui s’écrase sur la tour de forage.» Opposition également de la part du canton voisin du Valais pour des questions de pérennité
de la ressource géothermique intercantonale, aujourd’hui réglées par une convention. À noter qu’il n’y a eu en revanche aucune opposition de la part des organisations environnementales: «Nous avons discuté assez tôt avec elles, explique Jean-Marc Lavanchy, du bureau CSD Ingénieurs, l’hydro géologue qui conseille le projet, nous avons dû faire des travaux d’aménagement, déplacer les reptiles en reconstituant des habitats. Nous avons dû compenser aussi le défrichement.» Risques écartés
L’hydrogéologue écarte d’emblée les scénarios catastrophes de Bâle et
Photos: Keystone-ATS, agepp.ch/DR
C’
était une sorte de «no man’s land» le long du Rhône, entre les Bains de Lavey et la cascade vertigineuse de la Pissechèvre, où l’on ne risquait guère jusqu’ici de croiser que quelques reptiles et batraciens. Mais les lieux sont désormais plus agités, avec des baraquements et une tour de forage, active depuis janvier dernier, pour le troisième projet de géothermie profonde que connaît la Suisse, après les deux échecs retentissants de Bâle et Saint-Gall, en raison de mini-tremblements de terre (lire entretien p. 27). Le projet de Lavey est piloté par la société anonyme AGEPP SA (Alpine Geothermal Power Production) sous forme de partenariat privé-public, comptant parmi ses actionnaires Cesla, SI-REN, EOS Holding, Holdigaz, Romande Énergie et les communes de LaveyMorcles (VD) et Saint-Maurice (VS).