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Mon univers

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Deux flics dans le Haut-Valais

Entre trafic de sauce tomate et de chanvre, «Tschugger» renouvelle la série policière. Une production à l’atmosphère loufoque et à l’humour insolent. Dès le 15 février sur RTS 2.

Texte: Patricia Brambilla

Le pitch

Ça ressemble à une série policière, mais façon pieds nickelés. On y suit les péripéties d’un petit commissariat du Haut-Valais, avec l’habituel tandem de flics (signification de «Tschugger» en patois), mais remplacez Starsky et Hutch par Bax et Pirmin. Le premier se croit dans un film hollywoodien, mais il vit dans le garage de sa tante et son principal fait d’armes est d’avoir coffré le chanvrier Bernard Rappaz. Le second est un grimpion appliqué, qui tourne des vidéos de promotion pour la police cantonale sur TikTok. Le ton est donné: entre parodie et dérision, rien n’est pris au sérieux dans Tschugger, si ce n’est les paysages sublimes et neigeux du col du Simplon.

Style vintage

De la grosse moustache, genre Magnum, aux uniformes beige pisseux, tout transpire les années 1980. Tschugger cultive le style rétro, l’ambiance nostalgie, jusqu’au générique qui rappelle les grandes heures des séries américaines: écran partagé et couleurs pastel, images soigneusement délavées. C’est comme si vous mettiez Always sunny in Philadelphia, Alerte à Malibu, Fargo des frères Cohen et un peu de Tarantino dans un shaker, vous secouez et vous obtenez Tschugger. «J’ai vu toutes ces séries, mais on a essayé de trouver notre propre style. On peut faire une série low-budget, mais pleine d’humour», explique David Constantin, co-réalisateur et acteur principal.

Un air de «Fargo» en Valais.

Carton plein

Les cinq épisodes de la première saison de Tschugger ont été diffusés entre novembre et décembre 2021 sur SRF 1. Carton d’entrée: 446 000 personnes en moyenne sont restées scotchées devant l’écran, soit une part de marché de 33,9%. «C’est presque le double de ce qui est réalisé par ailleurs sur ce créneau de diffusion», souligne Urs Fitze, responsable de la fiction sur la chaîne alémanique. Succès également sur la plateforme Play Suisse, où le nombre d’utilisateurs hebdomadaires a doublé dès la première semaine de la mise en ligne de la série. Les téléspectateurs romands pourront la découvrir dès le mardi 15 février sur RTS 2 à 20 h 45 (en V. O. sous-titrée).

Mais qui est Constantin?

Acteur, co-scénariste et réalisateur de Tschugger, David Constantin, 37 ans, est un enfant du Valais. Né à Salquenen «sur le Röstigraben», dans une famille de vignerons comme il se doit. Joyeux bidasse, il fait ses premières vidéos pendant son service militaire. «Lors d’une visite d’Ueli Maurer, j’ai tourné un petit film avec lui, j’ai fait une postsynchronisation, changé quelques mots. Après, j’ai été invité par la police militaire…», sourit David Constantin. Il travaille ensuite dans la publicité pour Swisscom et l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), entre autres. Mais il rêve de tourner une fiction, d’avoir la liberté de raconter une histoire. Premiers pas: il réalise Tschutter, une série sur les footballeurs, neuf épisodes de dix minutes,

Dans «Tschugger», les interventions peuvent être explosives.

Pirmin et Bax (Dragan Vujic et David Constantin), deux flics loufoques sur la piste du crime au col du Simplon. Avec un casier long comme le bras, Valmira (Annalena Miano) rêve de devenir une star du hip-hop.

sorti en 2012 sur le site de 20 Minuten. On y voit déjà certains personnages – Pirmin, Papillon, Bax – qui seront mieux développés dans Tschugger.

Son nom est Bax… Was isch?

D’où vient ce prénom? Comme l’annonce le générique, toute ressemblance avec des personnes existantes n’est pas toujours fortuite. Bax est le surnom qui colle aux dents de David Constantin: «Depuis l’école primaire, on m’appelle Bax, diminutif de Bugs Bunny, parce que j’avais les incisives en avant.»

Des comédiens amateurs

La fine équipe est essentiellement composée de comédiens amateurs. «On a fait beaucoup d’essais avec eux pour leur apprendre à se tenir devant la caméra. Ce sont des copains, des collègues et des gens qui sont motivés pour jouer avec nous.» Le personnage de Fricker, entrepreneur ruiné par la loi sur l’aménagement du territoire, est joué par un député valaisan (Olivier Imboden). Il n’y a que deux acteurs professionnels dans la série: la professeure de yoga (Giannina Masüger) et Mirko, le tueur du Simplon, joué par un acteur belge (Stefan Perceval) dont le jeu sans aucune réplique tient au faciès.

Et la suite?

La saison 2 est déjà en boîte. Cinq nouveaux épisodes seront diffusés cet hiver sur SRF. «Avec l’équipe, on est devenus une grande famille. On a du plaisir à raconter ces histoires et à tourner ensemble. On verra si les spectateurs restent motivés et continuent à nous suivre. En tout cas, je suis partant pour plusieurs saisons!», lance David Constantin. MM

«Le Valais, c’est le Texas de la Suisse»

David Constantin, co-réalisateur et acteur principal de Tschugger

David Constantin, pourquoi avoir choisi le Valais comme toile de fond? Je suis né là, j’y ai vécu plein d’histoires. Et j’aime le contraste entre les montagnes, les petits villages pittoresques, les grandes villes modernes et aussi la proximité avec l’Italie. On a tourné entre le col du Simplon et Dorénaz. On a cherché des lieux pas trop rénovés, dans le style des années 1980-1990. On voulait une ambiance spéciale, qui rappelle un peu les séries américaines, mais aussi montrer ce canton sous un autre jour. Le Valais c’est un peu le Texas de la Suisse.

Aviez-vous envie de régler des comptes? Non, pas du tout. Je vis encore entre le Valais, Berne et Zurich. J’y ai ma famille, je vais y passer les vacances. Mais c’est de l’amour-haine peut-être, parce qu’il y a aussi certains inconvénients quand on vit dans un village, tout le monde se connaît, il y a de la jalousie… Le Valais est-il le dernier canton dont on peut se moquer? Je crois que les Valaisans savent rigoler d’eux-mêmes. La série n’est peut-être pas au goût de tout le monde, mais la plupart des gens ont beaucoup d’autodérision. Encore une fois, c’est une comédie, ce n’est pas un film promotionnel. Certaines choses sont réalistes, mais souvent on force le trait.

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