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«Nous retrouvons la joie d’entendre des rires dans la salle»

Le comédien Kad Merad passe par la Suisse avec la pièce «Amis», qu’il a luimême mise en scène. Après une longue pause due à la pandémie, il a hâte de communier à nouveau avec le public.

Texte: Catherine Hurschler

Au bout du fil, l’acteur Kad Merad s’excuse d’avoir déplacé l’entretien de deux heures. C’était le temps qu’il lui fallait pour terminer sa séance de sport. «Une remise en forme professionnelle», dit-il, à propos de la tournée de la pièce de théâtre Amis qu’il jouera à Châtel-Saint-Denis le 23 février, à Conthey le 24 février et à Morges les 1er et 2 mars 2022. Kad Merad, après avoir présenté votre pièce à la télévision, vous pouvez finalement la jouer sur scène. Comment abordez-vous ces retrouvailles avec le public? Je voulais absolument que l’on joue la pièce, mais comme les théâtres étaient fermés, il a fallu avoir des idées. J’ai donc proposé une captation à Canal+ mais j’attendais avec impatience de retrouver le public. Quand cela a été possible, de nouvelles restrictions sont arrivées. J’ai cru qu’on aurait du mal à la jouer, mais en fait les gens viennent. On affiche complet presque partout. Il y a un vrai rendez-vous avec le public, qui a envie de rigoler, et de voir des êtres humains en chair et en os. On retrouve la joie d’entendre des rires en direct, on a le résultat de notre travail. Moi, j’ai mis en scène cette pièce pour faire rire les gens, là je me rends compte que cela fonctionne. À la fin, il y a une vraie cohésion avec le public et c’est très agréable. Avez-vous choisi vos partenaires? Oui, j’avais envie de retravailler avec Lionel Abelanski qui est un ami, on a fait des films ensemble. J’aime bien cet acteur sans ego, qui est au service de la pièce, on peut tenter des trucs, il n’a pas peur de se remettre en

«À la fin de la pièce, il y a une vraie cohésion avec le public»

question. C’est la même chose avec Claudia Tagbo. J’ai appris qu’elle avait envie de jouer davantage au théâtre et j’ai saisi cette occasion. Elle joue ma femme, bourgeoise dans le style Jacqueline Maillan. Je cherchais une actrice qui donne tout de suite envie de rire, et qui apporte quelque chose de personnel au personnage. Je suis dans la comédie pure avec cette histoire.

Deux rôles masculins seulement. Avez-vous choisi le plus facile pour vous? Peut-être, je ne sais pas. En tout cas, c’est une répartition très équilibrée, il n’y a pas de rôle principal. Lionel est tellement bon dans son rôle de boulet, de caillou dans la chaussure qui nous «emmerde» avec son histoire d’amitié, que tout fonctionne bien ainsi.

Kad Merad campe un banquier snob dans la pièce «Amis». La pièce en résumé

C’est l’histoire de Serge Marron qui cherche à se faire des amis via l’application Amitic, équivalent de Meetic mais pour l’amitié. Il trouve son ami parfait en la personne de Pierre, banquier parisien et snob qui, contrairement à lui, n’a ni le besoin ni le temps de se faire des amis et surtout qui ne se trouve aucun point commun avec ce boulet qui s’ennuie dans la Creuse! Par tous les moyens, Serge, qui croit dur comme fer à cette amitié, va s’introduire dans la vie de Pierre et son épouse et va faire de leur vie un enfer. Représentations: 23 février à Châtel-St-Denis, 24 février à Conthey (contheyshow.ch) et les 1er et 2 mars à Morges (beausobre.ch). Kad Merad, Claudia Tagbo et Lionel Abelanski seront sur scène bientôt en Suisse romande.

La pièce «Amis» parle des réseaux sociaux, mais à voir l’état de votre compte Instagram, plutôt inactif, ce n’est pas une priorité pour vous… C’est vrai, mais moi, je préfère parler avec les gens, avec les journalistes. Je préfère parler de mon métier plutôt que de poster des images. Je n’ai pas de community manager, mais peutêtre que je devrais, parce que c’est quelque chose qui prend du temps, il faut faire attention à ce que l’on dit. Moi, je suis d’une génération où l’on n’avait pas besoin de tout cela pour faire venir le public. J’ai encore l’espoir que l’on retrouve des relations plus humaines, mais je rêve certainement. Votre personnage, Pierre, dit qu’il n’a pas besoin d’amis. C’est pareil pour vous, hors scène? On le dit dans la pièce, «l’amitié, cela ne se décrète pas». C’est lié au sentiment d’être bien avec quelqu’un. Dans la vie, j’ai tendance à avoir les mêmes amis depuis très longtemps, comme Olivier Baroux. L’amitié, c’est rare, fragile, précieux. J’ai connu des amitiés fulgurantes, moins construites, et cela ne dure pas longtemps. Personnellement, j’ai en tout peut-être dix amis, que ce soit dans le travail ou dans la vie privée. Quel genre d’ami êtes-vous? Je pense que je suis à l’écoute, disponible pour eux. S’ils ont besoin de moi, je ne traîne pas. Comme défauts, je ne sais pas si j’en ai. Peutêtre que je suis exigeant, j’attends d’un ami qu’il soit comme moi je suis comme ami.

Et a contrario, avez-vous des ennemis? Oh oui, sûrement, parce qu’il y a des gens dont j’aime moins le comportement. Mais en fait, cela m’est égal. Je n’ai pas le temps pour eux. Il y a trop de choses à faire avec les gens qu’on aime pour s’attarder sur les gens qu’on n’aime pas. Vous allez rester quelques jours en Suisse, entre les représentations de Châtel-Saint-Denis, de Conthey et de Morges. Qu’avez-vous envie de découvrir? Je suis déjà venu à Lausanne et à Genève par le passé. J’aime bien les paysages, le lac Léman. Et surtout les manufactures de montres, comme Patek Philippe. Je n’ai pas beaucoup de montres, mais j’ai une Patek Philippe et j’en suis très fier. Et comme je suis un épicurien, je vais certainement profiter de découvrir les vins de la région. Le film de Dany Boon «Bienvenue chez les Ch’tis» est sorti en 2008 et il a eu un succès colossal. Les gens viennent toujours vous en parler? En ce moment, dans la rue, on me demande surtout mes codes Canal, en lien avec une pub que j’ai faite. Les Ch’tis, on m’en parle toujours, car c’est un film qui passe toujours à la télévision. C’est une histoire qui a beaucoup de charme et qui a transformé le regard des gens sur le Nord. Ce film a surtout été une belle aventure humaine avec Dany Boon, qui est d’ailleurs l’un de mes amis. On a des projets ensemble, on en reparlera le moment venu.

L’année 2022 sera-t-elle une année de travail chargée pour vous? Normalement, à partir de mai, il va y avoir beaucoup de projets à concrétiser. Et j’ai un projet de série avec Olivier Badoux, pour Canal+ sur Pamela Rose, qui était notre premier film. Je suis déjà en train d’écrire. Au niveau de l’apprentissage de vos textes, comment fonctionne votre mémoire? Pour Amis, cela a été compliqué, car nous avons dû apprendre pour désapprendre et ensuite réapprendre pour désapprendre et réapprendre encore une fois. C’était l’enfer. Je ne pouvais pas garder le texte dans la tête, parce que j’avais d’autres projets qui arrivaient. Mais j’ai toujours des répliques qui me reviennent du Misanthrope, une pièce que je jouais quand j’avais 20 ans. Elles ne veulent pas partir et c’est tant mieux. Je joue sans oreillette, je me jette sur scène et si j’ai un trou de mémoire, j’invente, je crée avec. Les gens ont besoin de sentir que tout peut arriver. MM

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