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8 | 31.1.2022 | JEUX OLYMPIQUES

De l’autre côté de la piste Didier Défago et Bernhard Russi ont conçu la descente des

JO d’hiver de Pékin. Le médaillé de Vancouver 2010 est aussi à l’aise dans ce nouveau métier que lorsqu’il skiait à pleine vitesse. Texte: Catherine Hurschler

«

Je me souviens que dans l’aire d’arrivée, je m’étais dit que je ne pouvais pas faire mieux.» Son ­intuition s’est transformée en or, en ce mémorable 15 février 2010: le Valaisan Didier Défago triomphait en descente lors des Jeux olympiques de Vancouver. Dans quelques jours, de nouvelles sensations l’attendent, cette fois en bord de piste à Xiaohaituo, domaine qui accueillera les épreuves de ski ­alpin des Jeux olympiques de Pékin. Depuis 2015, Didier Défago, 44 ans, travaille avec l’ancien champion suisse B ­ ernhard Russi, 73 ans, sur le tracé de cette descente olympique, un tournant professionnel presque logique pour cet ­ancien ­dessinateur en bâtiment. «À la base, Bernhard Russi et moi avons la même formation, les bases étaient là pour tout ce qui touche aux plans, à la vision en 3D. Pour la descente des JO de ­Pékin, Russi m’a surtout demandé de me mettre à la place de l’athlète.» Les athlètes devraient apprécier

Résultat: 3 km de descente que Didier Défago connaît bien sûr par cœur: «C’est une piste qui sera très complète. Sur la partie du haut, on commence avec une pente moyenne, en dévers. Puis, une longue courbe amène à la partie la plus raide de la course, entre 65 et 70%, avant d’arriver sur des mouvements de t­ errain. Cela va bouger un peu. S’ensuivent deux grands sauts avant d’entrer dans une très belle partie Super-G, dans une sorte de combe. Je pense que les athlètes se feront plaisir sur ce passage. Puis on parvient sur la partie la plus rapide, dans un petit canyon et enfin, le saut final.» La compétition est agendée au 6 février. Sur place, D ­ idier Défago et

Photo: Sedrik Nemeth

Bernhard ­Russi ont pour mission de faire le traçage et les derniers ­réglages. «Et comme Bernhard le ­disait souvent aux Chinois qui voulaient savoir si on avait la version ­finale: tant que le premier athlète n’est pas parti, la descente n’est pas terminée.» Et qui brillera sur ce ­parcours? «Ce qui est certain, c’est que lorsqu’on a commencé nos travaux, il y a six ans, on ne ­savait pas quels skieurs suisses seraient au top aujourd’hui.» L’ancien médaillé olympique se lance quand même: «Je pense que Beat Feuz et Marco ­Odermatt seront à l’aise sur ce genre de terrain. Niels ­Hintermann pourrait aussi t­ irer son épingle du jeu. La descente peut aussi convenir à des a­ thlètes comme le Norvégien Aleksander Aamodt Kilde ou aux ­Autrichiens Matthias Mayer et Vincent Kriechmayr. L’objectif, c’est d’avoir une descente a­ ttractive, le meilleur gagnera!» Retraité des lattes depuis 2015, ­Didier Défago confie que contrairement aux JO de ­PyeongChang, il ne sera pas ouvreur sur «sa» piste. «En 2018, j’avais fait beaucoup de tests pour mon autre employeur, la marque Rossignol, j’étais encore frais, en bonne condition physique. ­Maintenant, ce n’est plus le cas.

«Pour l’athlète, sa première émotion, c’est l’adrénaline, la performance»

Ce n’est donc pas prévu que je skie sur cette piste. J’ai fait le pas, je dessine et je regarde skier. Je rentre en Suisse dès que j’ai fini mon job», dit-il sans regret dans la voix. Un site durable

Comme à Tokyo l’été dernier, les JO de Pékin se dérouleront sans public. Dans ces conditions, comment croire encore à l’esprit des Jeux olympiques? «Bien sûr que l’ambiance ne sera pas au rendez-vous, mais pour les sportifs, cela reste un événement très important, ils s’entraînent dur pour y arriver. Pour l’athlète, sa ­première émotion, c’est l’adrénaline, la performance. S’il peut le faire avec un p ­ ublic, c’est la cerise sur le gâteau. Sur la Coupe du monde de ski, le ­public est de retour, c’est super, mais les organisateurs le disent, avec les normes Covid imposées, c’était plus ­facile à gérer l’an dernier», ­relève ­Didier Défago. Bonne nouvelle pour les amateurs de ski, cette descente olympique ­deviendra ensuite une piste noire ­ouverte au p ­ ublic. «La Chine compte plus de trois cents stations de ski, ils ont vite appris. Le site est à 180 km de l’aéroport de Pékin. À Yanqing, qui est déjà une destination touristique, il y a des bains thermaux, un golf. Il suffit de rouler 15-20 minutes pour être au pied des pistes. Celle qui servira aux épreuves parallèles deviendra un ­secteur pour les débutants», précise Didier ­Défago. Comment dit-on bonne chance en chinois? «Je ne sais pas, je n’ai pas appris le chinois», ­rigole-t-il. On a cherché à sa place: zhù nĭ hăo yùn. En 2026, cela sera plus facile à dire, car les Jeux d’hiver se ­dérouleront en Italie. MM


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