18 | 31.1.2022 | INCLUSION
Des jalons pour l’avenir Florent Rashiti souffre d’une forte déficience auditive
qui lui rend souvent les conversations difficiles. Ce qui ne l’empêche pas de faire ses preuves en tant qu’apprenti dans un magasin Migros de Berne. Texte: Michael West
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ne cliente âgée demande à Florent Rashiti où se trouvent les filtres à café dans le magasin. Elle parle un peu bas et porte en outre un masque épais sur la bouche. Le jeune homme de Migros écoute très attentivement, puis acquiesce en souriant et guide la dame avec détermination vers le bon rayon. Une scène ordinaire et banale? C’est peut-être vrai pour la cliente, mais pour l’apprenti de 23 ans, de telles discussions avec des personnes inconnues relèvent du défi. Certes, il connaît par cœur son supermarché Migros de Bubenberg, situé juste à côté de la gare centrale de Berne, et sait exactement où se trouve chaque produit. Mais Florent Rashiti souffre d’importants troubles de l’audition depuis sa naissance. Deux aides auditives puissantes, intégrées dans ses oreillettes, lui facilitent la vie quotidienne. En cas de besoin, il pourrait aussi lire des phrases sur les lèvres de la personne qui s’adresse à lui. Sauf que cette solution ne marche plus maintenant, puisque tout le monde dans le magasin porte un masque. Bruissements et tintements
Les nombreux bruits parasites dans le magasin Migros peuvent également être pénibles pour lui. Lorsque la monnaie tinte, que les aérations bruissent ou que les haut-parleurs annoncent des promotions, le jeune homme comprend encore moins
Photo: Monika Flückiger
bien un client qui parle déjà de manière indistincte. «Les bruits extrêmement forts sont automatiquement atténués par mes appareils auditifs, explique Florent Rashiti. C’est un avantage lorsque, par exemple, je réceptionne la livraison d’un camion derrière le magasin, sur le quai, et que soudain une palette s’écrase sur le sol. D’un autre côté, il m’est arrivé d’entendre une alarme incendie de manière atténuée lors d’un exercice et de ne pas pouvoir l’interpréter correctement.» Malgré de telles difficultés, le futur assistant du commerce de détail se sent vraiment chez lui à Migros. Il s’intéresse aux différents assortiments et veut comprendre exactement comment fonctionne le magasin. Au sein de l’équipe de trente-cinq personnes, Räschu, comme on l’appelle ici en toute camaraderie, est très bien intégré. «Tout le monde l’apprécie, annonce le directeur du magasin, Shaip Avdullahi. Il est extrêmement motivé et sa nature joyeuse est une source d’inspiration jour après jour.» Florent Rashiti n’a pas connu une telle estime dans toutes les entreprises où il a travaillé. Son évolution professionnelle a en effet connu quelques revers. Il a d’abord suivi un apprentissage de mécanicien dans un atelier qui fabriquait des éléments de voies ferrées pour les CFF. «J’étais encore particulièrement peu sûr de moi à l’époque, se souvient le Bernois. J’avais sans cesse peur de me