LYONPEOPLE JUIN 2010 / Boulevard des Belges

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DARE D’ART

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Photos © Jean-Luc Mège

Isabelle et Jean-Patrice Bernard

Le couple bressan cherchait un pied-à-terre à louer, il a eu le coup de foudre pour un palais de la Belle au Bois Dormant délabré. Chez les Bernard tout roule dare d’art !

O

n a du mal à croire qu’à la fin des années 90 la maison menaçait ruine, seulement le style épuré trahit un remaniement de belle facture. Ici tout est beau, inclus Isabelle, la dame des lieux aux immenses yeux vert bronze. Propriété dans les années 80 de Jean-Charles Lignel qui y garait sa Rolls, cet hôtel particulier à l’abandon et placé sous syndic pendant 15 ans, a été construit par la famille Valayer-Andrié à destination de deux enfants d’où l’architecture doublement identique facilitant la division en maisons mitoyennes (lire page 48). De leur côté, Jean-Patrice et Isabelle Bernard, lassés des allers et retours entre Lyon et Bourg-en Bresse étaient à l’affût d’un pied-à-terre. «Nous n’avions pas prévu d’acheter, pas tout de suite. Seulement nous avons eu le coup de foudre pour cette belle endormie. Quel choc en passant le portail : tout était sauvage, à l’abandon, alors que nous étions en plein boulevard des Belges. On se serait cru dans la Belle au Bois dormant. En plus il y avait un accès direct au parc.» Ils gardent trois murs et une partie du toit. Consulté, l’architecte d’intérieur Rémi Tessier préconise d’habiller les larges passages de boiseries lisses. Priorité aux volumes, un salon en L accédant directement sur le jardin dont le bow-window correspond exactement à l’emplacement du bureau de leur voisin. Dans l’entrée, les Bernard

qui ne manquent pas d’humour ont numéroté les poignées du vestiaire, 57 pour l’adresse et 2003 remémorant l’année de leur installation. Pour le reste, la passion dévorante de Monsieur a envahi les lieux, sa mère a fait les Beauxarts, lui-même est trésorier de l’Institut d’Art contemporain de Villeurbanne… Et quelle passion ?

L’art contemporain de manière jouissive, exultante, provocante. Un tube de rouge à lèvres en céramique format XXL, un homme en smoking, la tête quasi invisible, il y a du leurre dans l’autoportrait de Giorda qui toise des potiches chinoises, des statues africaines mêlées à des œuvres contemporaines comme celles de Moris Gontard ou de Gérard Puvis. Des toiles encore, des toiles grimpent à l’assaut des escaliers, tel autrefois le lierre. Mouvement d’humour, Isabelle retourne une sculpture, zoomant au passage sur l’hommage d’un homme à genoux enlaçant un nu féminin. À l’étage, seul le bureau d’Isabelle respire une forme de classicisme. Au second, on entre dans la couleur joyeuse immodérée, vert pomme le trépied, jaune vif le buste de Socrate, rouge carmin la commode, nous sommes dans la salle de jeux acquise désormais aux petitsenfants. Sous les combles, un loft héberge les soirées entre amis. «Nous n’avons pas une vie

classique, souvent en déplacement Jean-Patrice travaille beaucoup et nos agendas sont bien remplis.» explique Isabelle. Il est spécialisé dans la distribution de poids lourds, véhicules électriques et voitures. La nouvelle marotte d’Isabelle, le triporteur électrique Piaggio dont elle étrenne le premier exemplaire. Les enfants partis ou en partance, Isabelle s’occupe de sa maison tunisienne - un nouveau coup de cœur où elle accueille ses enfants et petits-enfants pour de belles vacances - mais encore de l’OL section féminine qui offre au club sa finale de Ligue des champions à Madrid cette année. « Une femme dans l’encadrement d’une équipe féminine, c’est nécessaire ». Jean-Michel Aulas écoute toujours cette femme d’harmonie d’autant que durant sa vie bressane, la grenobloise s’est frottée à tout, créatrice d’entreprise devenue directrice de la communication de la CCI de l’Ain, présidente de la Prévention routière de l’Ain, de la PEEP sur le bassin de formation de Bourg en Bresse, elle a aussi goûté à la chose politique en se présentant aux élections de son village, « il y avait trois listes et on a été la seule commune du département à garder 3 listes au deuxième tour. On s’est battu comme des chiens ». Moins lisse qu’il n’y paraît, Isabelle, sportive de 53 ans, pratique la peinture sur bois dans sa maison du boulevard, elle-même copie d’un palais toscan. O Nadine Fageol JUIN 2010

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